Dapaong : Former pour sécuriser, le Togo renforce ses remparts contre la prolifération des armes
Dapaong, 13 mai 2025 – Sous le soleil ardent de la région des Savanes, la ville de Dapaong s’est muée en un carrefour de l’engagement sécuritaire. Du 12 au 16 mai, un atelier de renforcement des capacités réunit 50 agents des Forces de défense et de sécurité (FDS) – police, gendarmerie, douanes et garde forestière – pour affûter leurs compétences dans la gestion sûre et sécurisée des armes et munitions.
Orchestrée par le Programme d’Urgence de Renforcement de la Résilience dans la région des Savanes (PURS), avec l’appui technique du Centre Régional des Nations Unies pour la Paix et le Désarmement en Afrique (UNREC) et de la Commission Nationale de Lutte contre la Prolifération des Armes Légères et de Petits Calibres (CNLPAL), cette formation s’inscrit dans le cadre du Programme « Facilité de Prévention pour le Golfe de Guinée », porté par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Dans une région vulnérable aux menaces transfrontalières, cet atelier incarne par conséquent, la volonté du Togo de bâtir une paix durable par la maîtrise de ses arsenaux.
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Du détournement au trafic : affûter les compétences pour un rempart contre l’insécurité
Dans la salle de formation, l’atmosphère est studieuse. Les 50 participants, visages, concentrés, absorbent des savoirs cruciaux : protocoles de stockage, traçabilité des munitions, sécurisation des dépôts d’armes. Ces compétences, alignées sur les normes internationales comme les Standards Internationaux de Contrôle des Armes Légères (ISACS) et les Directives Techniques Internationales sur les munitions, visent à réduire les risques de détournement et de trafic illicite. « Chaque arme mal gérée est une menace potentielle pour nos communautés », confie un officier de gendarmerie, ainsi, soulignant l’urgence de telles initiatives dans une région des Savanes marquée par des incursions djihadistes venues du Burkina Faso voisin.
De fait, le nord du Togo, frontalier d’une zone sahélienne en proie à l’instabilité, fait face à des défis sécuritaires croissants. Depuis 2021, des attaques sporadiques, rarement médiatisées, ont entraîné des déplacements de populations, notamment dans les préfectures de Kpendjal et de Tône. Le PURS, lancé la même année avec un budget de 326 milliards de FCFA pour 2024, s’attaque à ces vulnérabilités en combinant infrastructures – comme la centrale solaire de 25 MW à Dapaong, financée par la Banque mondiale – et renforcement des capacités sécuritaires. Cet atelier, financé par le PNUD dans le cadre de la Facilité de prévention pour le Golfe de Guinée, illustre clairement, cette approche holistique visant à stabiliser une région stratégique pour la sous-région.
Une alliance stratégique pour la paix : L’UNREC et le PNUD appuient le Togo
La CNLPAL, de son côté, joue un rôle pivot en coordonnant les efforts nationaux contre la prolifération des armes légères, un fléau qui alimente la criminalité transfrontalière.
Par ailleurs, l’UNREC, basé à Lomé, apporte son expertise en désarmement et contrôle des armes, forgée par des décennies d’accompagnement des États africains. En 2019, l’organisation avait déjà soutenu le Togo dans la destruction de 2 000 armes obsolètes et 10 000 munitions à Lomé, un signal fort en faveur de la paix régionale. Aujourd’hui, elle forme les FDS à des procédures rigoureuses de gestion des stocks, s’appuyant sur des projets antérieurs comme celui de 2017, qui avait permis la réhabilitation de dépôts d’armes togolais.
En appui essentiel, le PNUD, à travers son programme régional, renforce cette dynamique en mobilisant des financements et des partenariats internationaux. « Cette formation n’est pas un simple exercice technique, c’est un investissement dans la paix », affirme un représentant du PNUD à Dapaong, saluant l’engagement des autorités togolaises. En effet, le Togo, sous l’impulsion du président Faure Gnassingbé, s’est engagé à aligner ses actions sur l’initiative « Faire taire les armes d’ici à 2030 » de l’Union africaine, un objectif que cet atelier concrétise à l’échelle locale.
Agents de première ligne : maîtriser les arsenaux pour protéger les populations locales
Les participants, issus de divers corps des FDS, incarnent la première ligne de défense contre l’insécurité. Pour Afi, une douanière basée à Cinkassé, près de la frontière burkinabè, cette formation est une révélation : « Nous apprenons à identifier les failles dans nos dépôts et à les corriger. » « C’est un pouvoir immense pour protéger nos compatriotes. » En plus, les sessions pratiques, incluant des simulations de contrôle d’armurerie, permettent aux agents de maîtriser des outils comme le marquage des armes, essentiel pour en assurer la traçabilité.
Cet atelier s’inscrit dans une série d’initiatives similaires menées par l’UNREC dans la région. En septembre 2024, un séminaire à Lomé avait réuni 21 pays d’Afrique de l’Ouest et centrale pour discuter de la gestion des munitions, soulignant l’urgence d’une approche régionale face à la menace des engins explosifs improvisés. À Dapaong, l’accent est mis sur l’appropriation locale, avec des formateurs togolais aux côtés d’experts de l’UNREC, garantissant une transmission durable des savoirs.
Une lueur d’espoir à Dapaong : bâtir la résilience, arme par arme, dans la région des Savanes
À l’ombre des manguiers de Dapaong, cet atelier dépasse le cadre technique pour devenir un symbole de résilience. Dans une région où les écoles ferment sous la menace et où les déplacés affluent, la formation des FDS est un rempart contre le chaos. « Nous ne pouvons pas tout résoudre seuls, mais chaque arme sécurisée est une vie protégée », murmure un formateur, observant les agents en plein exercice.
Alors que la semaine s’achève, les 50 participants repartiront avec des certificats, mais surtout avec une mission : faire de leurs casernes et postes des bastions de sécurité. Dans les Savanes, où chaque jour apporte son lot d’incertitudes, le Togo, avec le soutien de l’UNREC et du PNUD, trace une voie audacieuse : celle d’une paix bâtie, arme par arme, par la rigueur et la détermination.