Togo : la révolution numérique des marchés publics prend son envol avec le projet e-GP(75 millions de dollars de l’IDA)
Lomé, 13 mai 2025 – Dans les arcanes de l’administration togolaise, un vent de modernité souffle avec vigueur. En effet, le ministère de la Réforme du Service public, du Travail et du Dialogue social a lancé un appel à manifestation d’intérêt pour recruter un chef de projet chargé de piloter la mise en œuvre d’un système de passation électronique des marchés publics (e-GP). Par ailleurs , cette initiative, portée par le Programme de Modernisation de l’Administration Publique pour la Délivrance des Services (PMADS) et financée à hauteur de 75 millions de dollars par l’Association Internationale de Développement (IDA), marque une étape décisive vers une gouvernance plus transparente et efficace. À l’horizon, un Togo où les marchés publics se concluent en quelques clics, libérés des pesanteurs bureaucratiques et des zones d’ombre.
Révolution numérique : comment l’e-GP promet transparence et efficacité
En outre , l’appel, publié récemment, vise à recruter un chef de projet d’envergure pour orchestrer cette transition numérique. Sa mission sera aussi stratégique qu’exigeante : élaborer une feuille de route précise, coordonner les acteurs – de l’Autorité de Régulation de la Commande Publique (ARCOP) aux prestataires techniques –, superviser le développement du système e-GP et en assurer le déploiement à l’échelle nationale. Les candidatures, attendues avant le 22 mai 2025 à 10 h, devront répondre à des critères rigoureux, reflétant l’enjeu de ce projet structurant.
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Le système e-GP, inspiré de modèles comme celui du Sénégal ou de la Corée du Sud, promet de révolutionner la passation des marchés publics. En digitalisant les procédures, il ambitionne de réduire les délais, souvent plombés par des formalités complexes, et de garantir une traçabilité totale des transactions. « Chaque sou dépensé par l’État doit être justifié et accessible à tous », souligne un responsable de l’ARCOP, interrogé sur place. Cette transparence accrue vise à limiter les risques de corruption, un défi persistant dans la gestion des 700 milliards de FCFA de marchés publics annuels au Togo, selon les estimations de 2024.
Le PMADS, moteur de la réforme : investir pour une administration digitale et performante
Lancé en juillet 2024 dans le cadre du Cadre de Partenariat Pays (CPP) 2025-2029 avec la Banque mondiale, le PMADS s’inscrit dans la feuille de route Togo 2025, qui place ainsi la digitalisation au cœur du développement. Doté de 45 milliards de FCFA, ce programme cherche à simplifier les procédures administratives et à renforcer les capacités des institutions publiques. La formation, début 2025, de 60 agents de l’ARCOP et des ministères sur les procédures de passation des marchés, à Davié, a déjà jeté les bases d’une gestion plus performante.
Le projet e-GP s’aligne sur cette dynamique. En s’appuyant sur des outils comme l’Outil de Suivi des Marchés Publics du Togo (OSMAPT), introduit en 2023 pour centraliser les données des contrats, il vise à créer une plateforme unifiée où entreprises, PME et autorités contractantes pourront interagir en temps réel. Cette digitalisation répond à un constat sévère : selon une étude du PNUD de 2022, la lourdeur des procédures et le manque de transparence freinent l’accès des petites entreprises aux marchés publics, limitant leur contribution à l’économie.
Au-delà de la technologie : les défis techniques et humains pour réussir la transition
Le futur chef de projet, véritable chef d’orchestre, devra naviguer entre impératifs techniques et enjeux humains. La plateforme e-GP nécessitera une infrastructure robuste – serveurs sécurisés, interfaces intuitives – et une cybersécurité à toute épreuve, dans un pays où les cyberattaques ont visé des institutions publiques en 2024. Mais au-delà de la technologie, c’est l’adhésion des acteurs qui sera cruciale. « Il faudra former des centaines d’agents et sensibiliser les entreprises, surtout dans les régions », confie une source proche du ministère, évoquant des disparités d’accès au numérique entre Lomé et des villes comme Dapaong.
Le Togo peut s’inspirer de succès régionaux. Le Sénégal, avec son système e-Procurement lancé en 2019, a réduit de 30 % les délais de passation et accru la participation des PME de 25 %, selon la Banque mondiale. Le Togo, qui a déjà digitalisé des services comme la délivrance des casiers judiciaires via le portail service-public.gouv.tg en 2022, dispose d’une base solide pour relever ce défi.
Vers une gouvernance exemplaire : L’e-GP, fondement d’un Togo plus juste et prospère
À Lomé, où les ambitions de Togo 2025 résonnent dans chaque ministère, le projet e-GP est plus qu’une réforme technique : c’est une promesse de justice. En rendant les marchés publics plus accessibles, il pourrait dynamiser le secteur privé, qui représente 60 % des emplois selon le CPP 2025-2029. En réduisant les risques de favoritisme, il renforce la confiance des citoyens dans leurs institutions. « Une administration moderne, c’est une administration au service de tous », martèle un fonctionnaire, les yeux rivés sur l’avenir.
Alors que les candidatures affluent, le compte à rebours est lancé. Dans les rues animées de Lomé, où les motos zigzaguent sous les flamboyants, une révolution silencieuse se prépare. Avec e-GP, le Togo ne se contente pas de moderniser ses marchés publics : il pose les fondations d’une gouvernance dans laquelle chaque contrat signé est un pas vers la prospérité partagée.