À la Place des Martyrs, le Togo ravive le souvenir de l’attaque du 23 septembre 1986, transformant la mémoire en levier de souveraineté et de cohésion nationale.
Lomé, 24 septembre 2025 – Sous un ciel bas de septembre, chargé de l’humidité atlantique qui enveloppe Lomé, la Place des Martyrs s’est muée hier en un sanctuaire vivant. Au milieu des gerbes de fleurs tricolores et des regards solennels, un geste simple – mais lourd d’histoire – a ravivé la flamme d’une nation : l’hommage aux victimes de l’attaque du 23 septembre 1986. Ce jour-là, un commando armé, venu du Ghana, avait lancé une offensive audacieuse contre la capitale togolaise, visant directement le président Gnassingbé Eyadéma dans une tentative de coup d’État qui ébranla les fondations du pays. Près de quarante ans plus tard, ce souvenir n’est pas qu’un écho du passé ; il est le pilier d’un engagement contemporain pour la paix et l’indépendance, comme l’a rappelé avec force le ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Chefferie Coutumière, Awate Hodabalo.
LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ
Le sacrifice d’hier, boussole pour l’avenir
En ce 23 septembre 2025, jour de mémoire nationale, le ministre Hodabalo a déposé une gerbe au pied du monument, au nom du Président de la République, Faure Essozim Gnassingbé. Un acte protocolaire en apparence, mais qui porte en lui la voix collective d’un peuple marqué par le sacrifice. « Leur sacrifice reste gravé dans notre mémoire et guide notre engagement pour la paix et la souveraineté », a-t-il déclaré dans un message poignant qui résonne comme un appel à la vigilance. Cette cérémonie, sobre et empreinte de dignité, a réuni les autorités, les citoyens et les représentants des chefferies coutumières, soulignant par ailleurs le rôle essentiel des traditions dans la cohésion nationale.
Entre héritage et défis : le Togo à la croisée des chemins
L’événement de 1986, qualifié d’agression terroriste extérieure, n’était pas une simple escarmouche : il s’agissait d’une incursion nocturne, dans la nuit du 23 au 24 septembre, qui a mobilisé les forces togolaises et un soutien militaire français pour rétablir l’ordre. Des dizaines de vies ont été perdues, des familles ont été brisées, et un régime a affirmé sa résilience face à l’adversité. Aujourd’hui, cet anniversaire transcende la commémoration pour devenir un prisme sur les défis actuels : l’instabilité sahélienne, les tensions frontalières, et la nécessité d’une décentralisation forte pour ancrer la souveraineté locale. Le ministre Hodabalo, en incarnant ce lien entre passé et présent, rappelle que la paix n’est pas un don, mais un héritage à cultiver. Un message particulièrement poignant à l’heure où le Togo navigue entre héritage eyadémien et aspirations démocratiques.
La mémoire en action : au cœur d’un baobab résilient
Pour le grand public, loin des arcanes du pouvoir, cette journée de mémoire est une invitation à redécouvrir les racines d’une nation forgée dans l’épreuve. Elle humanise l’histoire : derrière les dates et les discours, il y a des visages, des luttes et une leçon intemporelle sur la valeur de l’unité. Dans les rues de Lomé, où les marchés bruissent encore des récits des aînés, cet hommage suscite non seulement le respect, mais aussi une fierté collective – celle d’un pays qui, tel un baobab centenaire, puise dans ses cicatrices la force de grandir. Le geste du ministre Hodabalo, humble et résolu, laisse entrevoir que le Togo réaffirme son cap vers une souveraineté inclusive.
Alors que le pays continue de faire face aux menaces extérieures et de renforcer sa cohésion interne, la question se pose : le Togo parviendra-t-il à transformer cette mémoire en véritable bouclier pour l’avenir, garantissant ainsi une paix durable pour les générations à venir ? L’histoire de la Place des Martyrs, loin d’être figée, reste à écrire.