Le procès du général Kadangha, figure centrale de l’affaire Madjoulba, connaît un nouveau report au février 2026. Derrière ce contretemps judiciaire, c’est toute la cohésion des Forces armées togolaises (FAT) qui vacille, entre rivalités internes et inquiétudes sécuritaires accrues. À Lomé, la justice militaire semble prise dans un engrenage aux répercussions nationales.
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Lomé, 12 novembre 2025 –Le général Félix Kadangha, figure emblématique des Forces armées togolaises (FAT), voit son audience en appel brutalement ajournée au 16 février 2026. Ce report, motivé par l’absence non justifiée de témoins et d’experts, ravive les interrogations sur les dysfonctionnements de la justice militaire et les tensions internes qui minent la cohésion des FAT.
Affaire Madjoulba : une audience expédiée, une défense accablée
Lundi matin, à la Cour d’appel militaire de Lomé, l’audience n’a duré que trente minutes. Le procureur général a annoncé le report sans débat, invoquant des absences imprévues. Pour la défense, il ne s’agit pas d’un simple contretemps mais d’un blocage institutionnel. En effet, les avocats dénoncent une procédure entachée d’irrégularités : preuves lacunaires, influences extérieures, et une détention prolongée sans fondement solide. « C’est une détention qui se perpétue par l’inaction », déplore l’un des conseils.
L’affaire Madjoulba : un meurtre qui divise l’armée
Le général Kadangha est accusé d’implication indirecte dans l’assassinat du commandant Madjoulba, survenu dans la nuit du 3 au 4 mai 2020. Ce crime, l’un des plus choquants de l’histoire récente des FAT, a révélé des luttes de clans et des allégeances opaques. Condamné à 20 ans de prison, Kadangha clame son innocence et dénonce également une purge interne visant les voix critiques.
Une justice militaire contestée
Par ailleurs, le procès de première instance est jugé biaisé par la défense, qui pointe l’absence de preuves matérielles et de contre-expertise. Sollicité, le ministère de la Défense n’a pas souhaité commenter. Des observateurs, comme l’Association togolaise des droits humains, s’inquiètent aussi d’une instrumentalisation politique de la justice militaire, au risque d’éroder la confiance des troupes et des citoyens.
Enjeux sécuritaires et incertitudes
Dans un contexte régional marqué par les insurrections, l’affaire Madjoulba expose les fragilités de l’armée togolaise : promotions contestées, budgets occultes, commandement fissuré. En plus, les familles des officiers condamnés appellent à une enquête indépendante.
Affaire Madjoulba : vers une médiation ou une impasse ?
À quinze mois de la prochaine audience, le général Kadangha reste incarcéré dans un climat d’opacité. Ce report, interprété comme une manœuvre dilatoire, fragilise la perception populaire d’une justice jugée politisée. Une médiation internationale, via la CEDEAO ou l’Union africaine, pourrait-elle débloquer ce dossier sensible ? L’affaire Madjoulba demeure le miroir des tensions sécuritaires du Togo.
