Abuja (Nigeria), 11 décembre 2025 – En pleine session du Conseil des ministres de la CEDEAO, le Liberia et l’organisation ouest-africaine ont franchi ce jeudi une étape symbolique et pratique : la signature officielle de l’accord de siège du Centre de Développement de la Jeunesse et des Sports de la CEDEAO (CDJS/CEDEAO), qui sera basé à Monrovia.

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Liberia -CEDEAO : accord de siège et statut international
La cérémonie, qui s’est déroulée dans la capitale nigériane, en présence de plusieurs ministres des Affaires étrangères de la région, a réuni la ministre libérienne des Affaires étrangères, Sara Beysolow Nyanti, et le président de la Commission de la CEDEAO, Dr Omar Alieu Touray.
Le document consacre juridiquement l’installation du Centre sur le territoire libérien et lui accorde le statut classique des organisations internationales : immunités diplomatiques, extraterritorialité des locaux, exonérations fiscales et douanières, ainsi que la protection des agents et des biens de l’institution.
Ce futur centre régional aura pour mission de coordonner les politiques sportives et les programmes de formation des jeunes dans les quinze pays membres, avec un accent particulier sur l’insertion professionnelle, l’éducation par le sport et la prévention de la délinquance juvénile.

Un geste fort de reconnaissance historique du Liberia
À l’issue de la signature, la ministre Sara Beysolow Nyanti a tenu à remettre deux distinctions honorifiques particulièrement émouvantes :
Premièrement, au nom du peuple et du gouvernement libériens, elle a décerné une haute distinction à la CEDEAO en tant qu’institution pour son rôle décisif dans la fin des guerres civiles (1989-2003) et la consolidation de la paix.
Ensuite, la ministre libérienne des Affaires étrangères a remis une seconde distinction au ministre béninois des Affaires étrangères, Olusegun Adjadi Bakari (qui assure la présidence tournante du Conseil des ministres), au nom de l’ensemble des États membres, pour leur soutien constant à la reconstruction démocratique du Liberia.
« Sans l’intervention déterminante de la CEDEAO et de ses États membres, notamment à travers l’ECOMOG puis l’ECOMIL, le Liberia ne serait peut-être pas debout aujourd’hui », a déclaré la cheffe de la diplomatie libérienne, visiblement émue, sous les applaudissements nourris de la salle.
Un symbole face à la crise institutionnelle
Le choix du Liberia pour accueillir ce centre dédié à la jeunesse n’est pas anodin : ancien pays en crise profonde, il incarne aujourd’hui la réussite des interventions régionales de maintien de la paix et de relèvement post-conflit portées par la CEDEAO depuis plus de trente ans.
Les travaux de construction du siège du CDJS, financés par la Commission de la CEDEAO et plusieurs partenaires, devraient débuter au premier semestre 2026 dans la banlieue de Monrovia. Le centre ambitionne de devenir, à terme, un pôle d’excellence sportif et éducatif pour toute l’Afrique de l’Ouest.
Toutefois, cette signature intervient alors que la CEDEAO traverse une crise institutionnelle sans précédent avec le retrait annoncé du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Par conséquent, le geste du Liberia, pays fondateur de l’organisation en 1975, apparaît aussi comme un rappel opportun de l’utilité historique et de la légitimité de l’institution régionale aux yeux de nombreux États membres.
