Politique




Lomé : La capitale en suspension, un jour de colère muette

Lomé, 26 juin 2025 — Ce jeudi, Lomé, habituellement bouillonnante de vie, s'est transformée en une ville fantôme. Les rues,…

Lomé se fige pour une journée de protestation silencieuse contre la réforme constitutionnelle et la coupure des réseaux sociaux, révélant la profonde colère d'une jeunesse togolaise en quête de changement.

Lomé, 26 juin 2025 Ce jeudi, Lomé, habituellement bouillonnante de vie, s’est transformée en une ville fantôme. Les rues, d’ordinaire animées par le brouhaha des marchands et le flux des passants, ont cédé la place à un silence pesant, brisé seulement par les échos lointains de la contestation. Les commerçantes du grand marché d’Assiganmé, âmes économiques de la capitale, ont préféré fermer leurs étals, craignant les violences. Dans les quartiers contestataires comme Bé Kpota, quelques jeunes, poussés par une rage contenue, ont bravé les interdictions pour exprimer leur ras-le-bol, défiant un impressionnant déploiement des forces de l’ordre, chargées de contenir cette marche jugée illicite.

Lomé se fige pour une journée de protestation silencieuse contre la réforme constitutionnelle et la coupure des réseaux sociaux, révélant la profonde colère d'une jeunesse togolaise en quête de changement.Réforme constitutionnelle et dynastie au pouvoir : les racines de l’indignation

Cette révolte, bien que limitée en nombre, est le reflet d’une indignation profonde, exacerbée par une réforme constitutionnelle controversée d’avril 2024 qui a consolidé le pouvoir de Faure Gnassingbé, président du Conseil des ministres. Héritier d’une dynastie au pouvoir depuis 1967, il cristallise les frustrations d’une population étouffée par des décennies de gouvernance autoritaire. La coupure des réseaux sociaux, notamment TikTok, du 26 au 28 juin, ordonnée par le régime, n’a fait qu’attiser la colère, perçue comme une tentative d’étouffer les voix dissidentes. Cependant, même sous cette censure, des figures comme Zaga Bambo et Egountchi Behanzin, exilés en Europe, continuent de galvaniser la jeunesse via des canaux numériques clandestins, insufflant un esprit de résistance.

LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ



Lomé se fige pour une journée de protestation silencieuse contre la réforme constitutionnelle et la coupure des réseaux sociaux, révélant la profonde colère d'une jeunesse togolaise en quête de changement.Entre exil et revendications : Les voix de la contestation togolaise

Mais que réclament ces figures, souvent qualifiées d’« agitateurs étrangers » par le pouvoir ? Leurs appels, relayés par des comptes anonymes, oscillent entre le désir d’un retour dans une patrie apaisée et l’exigence d’une vie digne pour les Togolais, entravés par la pauvreté et l’absence de perspectives. À Bé Kpota, où les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre alternent entre escarmouches violentes et silences tendus, une question demeure : le départ de Gnassingbé suffira-t-il à briser le carcan d’un système profondément enraciné ? Les griefs sont clairs : une gouvernance sclérosée, des inégalités flagrantes et une répression brutale, comme en témoignent les arrestations massives lors des manifestations du 6 juin 2025. L’espoir d’un avenir meilleur reste néanmoins incertain : un nouveau gouvernement parviendra-t-il à rompre avec les chaînes du passé ?

Lomé, carrefour d’un peuple : Entre peur et désir de changement

Ce 26 juin, Lomé n’était pas seulement une ville en suspens ; elle était le miroir d’un peuple à la croisée des chemins. Entre la peur des représailles et l’élan d’une jeunesse intrépide, le Togo s’interroge : la révolte, même étouffée, pourrait-elle annoncer une renaissance ? Alors que les barricades s’élèvent et que les regards s’affrontent, une certitude persiste : la soif de changement, inextinguible, continue de murmurer dans les rues désertes de la capitale.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne WHATSAPP