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Lomé : Le CORAF forge des outils pour une agriculture résiliente

À Lomé, l'Afrique de l'Ouest affûte ses outils pour l'Agriculture Climato-Intelligente avec CORAF Lomé, 13 mai 2025 – Sous le ciel…

À Lomé, l’Afrique de l’Ouest affûte ses outils pour l’Agriculture Climato-Intelligente avec CORAF

Lomé, 13 mai 2025 – Sous le ciel vibrant de la capitale togolaise, un atelier décisif s’est ouvert le lundi 12 mai, porté par une ambition audacieuse : doter les acteurs agricoles d’Afrique de l’Ouest des clés pour évaluer et déployer des technologies climato-intelligentes. Organisé par le Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le Développement Agricoles (CORAF), cet événement de cinq jours, inscrit dans le cadre du Programme de Résilience du Système Alimentaire (FSRP), réunit des techniciens, chercheurs et coordinateurs des unités nationales de neuf pays bénéficiaires. Dans un monde dans lequel le climat bouscule les champs, cette formation-action à Lomé se veut un phare, éclairant la voie vers une agriculture productive, adaptable et respectueuse de l’environnement.

Face aux dérèglements climatiques : l’urgence d’évaluer les technologies qui sauvent les récoltes

Face à des sécheresses imprévisibles, des inondations dévastatrices et une érosion des sols galopante, l’agriculture climato-intelligente s’impose comme une réponse incontournable. « Productivité accrue, adaptation au climat, neutralité carbone : voilà les trois piliers qui définissent une technologie intelligente », a martelé le professeur Niéyidouba Lamien, coordonnateur régional du FSRP, lors de l’ouverture des travaux. Pourtant, malgré des innovations prometteuses – comme les variétés de riz résilientes ou la technique Smart-Valleys adoptée au Togo –, leur adoption reste freinée par un manque d’outils d’évaluation standardisés. C’est précisément ce verrou que l’atelier de Lomé ambitionne de faire sauter.

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Ce contexte urgent a donné naissance à des programmes ambitieux. C’est ainsi que le FSRP, lancé en juin 2022 à Lomé avec un financement de 570 millions de dollars de la Banque mondiale, couvre aujourd’hui neuf pays, dont le Togo, le Burkina Faso, le Mali et le Niger en phase 1, rejoints par le Ghana, le Tchad, la Sierra Leone et le Sénégal. Piloté par la CEDEAO, le CORAF et le CILSS, il vise à renforcer la résilience des systèmes alimentaires face à l’insécurité alimentaire, touchant 2,3 millions de bénéficiaires directs, dont 40 % de femmes. À Lomé, les participants s’attellent à une mission cruciale : analyser, technologie par technologie, leur conformité aux exigences climatiques, en s’appuyant sur des fiches techniques élaborées par les chercheurs.

Au cœur de l’action : des outils concrets et un langage commun pour les experts sur le terrain

Dans les salles de l’hôtel Sarakawa, l’effervescence est palpable. Une trentaine d’experts, armés de tableurs et de guides méthodologiques, dissèquent des innovations comme RiceAdvice ou le système intégré riz-poisson. « Nous voulons que nos experts parlent le même langage et utilisent les mêmes outils », explique le professeur Lamien. Pour ce faire, chaque technologie est passée au crible : augmente-t-elle les rendements ? Résiste-t-elle aux aléas climatiques ? Réduit-elle l’empreinte carbone ? Ces questions, simples en apparence, exigent aussi une rigueur scientifique pour garantir que les solutions déployées dans les champs soient à la hauteur des enjeux.

Par ailleurs, l’atelier, conçu comme une formation-action, alterne théorie et pratique. Les participants, venant de pays aux réalités agricoles variées, partagent leurs expériences, des plaines rizicoles du Mali aux paysages semi-arides du Niger. De même, une session pratique, prévue en fin de semaine, permettra d’évaluer des technologies sélectionnées par les unités nationales, renforçant ainsi leur appropriation. « Ces outils deviendront les bras techniques des coordinateurs sur le terrain », souligne un formateur du CORAF, les yeux brillants d’espoir.

Accélérer la transition : une dynamique régionale portée par le CORAF et des partenaires engagés

Cette initiative s’inscrit dans une dynamique plus large. Ainsi, en février 2025, un atelier à Dakar, coorganisé avec l’Alliance de Bioversity International et CIAT, avait déjà promu des technologies climato-intelligentes pour la filière riz, comme le mouillage et le séchage alternatifs (AWD), adoptées par 2,1 millions de producteurs dans la région. Le CORAF, qui coordonne la composante 2 du FSRP axée sur la durabilité de la production, a également formé 30 jeunes chercheurs en méta-analyse en 2024, renforçant les capacités scientifiques régionales. À Lomé, l’accent est mis sur l’harmonisation des approches, essentielle pour une mise à l’échelle efficace des innovations.

Le Togo, hôte de cet atelier, se positionne comme un leader dans l’agriculture climato-intelligente. Avec des projets comme la distribution de kits FSRP dans la préfecture de Kéran ou l’adoption de l’agriculture biologique à Tchamba, le pays aligne ses efforts sur la feuille de route Togo 2025, qui vise une agriculture à haute valeur ajoutée. « Cet atelier est une opportunité pour partager notre expérience et apprendre des autres », confie un technicien togolais, fier de voir Lomé au cœur de cette dynamique régionale.

Forger la résilience de demain : l’espoir d’une agriculture qui s’adapte et nourrit le futur

Alors que les travaux se poursuivent, une certitude émerge : la résilience climatique ne se décrète pas, elle se construit. À Lomé, les participants forgent non seulement des outils, mais aussi une vision commune, où les technologies deviennent des alliées des agriculteurs face aux caprices du climat. « Une technologie qui ne répond pas aux trois piliers n’est pas à la hauteur de nos ambitions », insiste le professeur Lamien, rappelant l’urgence d’une agriculture qui nourrit, protège et dure.

Dans les champs d’Afrique de l’Ouest, où chaque goutte d’eau compte, cet atelier est une lueur d’espoir. En effet, en dotant les acteurs d’outils précis et d’un langage unifié, le CORAF pose les fondations d’un futur dans lequel l’agriculture ne subit plus le climat, mais s’y adapte avec intelligence. À Lomé, cette semaine, c’est une graine de résilience qui est semée, promise à un avenir fécond.

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