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Lomé : « L’Europe a besoin de l’Afrique autant que l’Afrique a besoin de l’Europe », l’ambassadeur Jones secoue l’auditorium de l’Université

Lomé, 5 décembre 2025 – Il n’y a pas eu de langue de bois le jeudi à l’auditorium de l’Université…

À l'Université de Lomé, l'Ambassadeur de l'UE, Gwilym Ceri Jones, prône un partenariat "d'égaux" avec l'Afrique. Un débat sans filtre sur la concurrence des puissances mondiales. Université de Lomé

Lomé, 5 décembre 2025 – Il n’y a pas eu de langue de bois le jeudi à l’auditorium de l’Université de Lomé. Devant plus de 300 étudiants en journalisme et communication de l’ISICA (Institut des Sciences de l’Information, de la Communication et des Arts), l’ambassadeur de l’Union européenne au Togo, Gwilym Ceri Jones, a posé la question sans filtre : « Dans un monde où la Chine, la Russie et la Turquie redessinent la carte des influences, que pèse encore le partenariat UE-Afrique ? »

Et il a répondu lui-même, sans détour : « Il pèse lourd, mais seulement si on arrête les discours paternalistes et qu’on passe enfin à un partenariat d’égaux. »

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Organisée à l’initiative de la Délégation de l’UE, cette conférence-débat tombait à pic : deux semaines après le sommet UE-UA de Luanda, alors que l’Afrique est courtisée comme jamais et que l’Europe cherche à ne pas devenir le grand absent du XXIᵉ siècle.

Le nouveau pacte stratégique de l’Union Européenne

 

L’ambassadeur n’a pas mâché ses mots. Sur la gouvernance : « On ne viendra plus donner de leçons. On vient proposer des outils, pas imposer des modèles. »

Sur le développement : « Vos matières premières ne doivent plus quitter le continent brut. L’usine du futur est ici, et non à Rotterdam. »

Sur la sécurité : « On ne financera plus des opérations si elles ne sont pas pilotées par des Africains. »

À l'Université de Lomé, l'Ambassadeur de l'UE, Gwilym Ceri Jones, prône un partenariat "d'égaux" avec l'Afrique. Un débat sans filtre sur la concurrence des puissances mondiales.

Le pouvoir des questions qui dérangent

 

Les étudiants, eux, n’ont pas fait de cadeau. Une jeune femme en deuxième année a lancé : « Pourquoi l’UE continue de nous imposer des normes phytosanitaires qui tuent nos exportations d’ananas et de soja ? » Réponse cash de l’ambassadeur Jones : « Parce que certains lobbies agricoles européens sont plus puissants que notre volonté politique. Mais ça change. Et vous, futurs journalistes, vous avez le pouvoir de faire bouger les lignes. »

Un autre étudiant a demandé si l’Europe n’était pas en train de paniquer face à l’arrivée massive des investissements chinois. Réponse : « Paniquer, non. Réveiller, oui. On a dormi vingt ans. Par conséquent, vous êtes notre réveil matin. »

L’Afrique, une force dont on doit respecter les choix

 

À ses côtés, l’ambassadeur du Sénégal, Mamadou Moustapha Loum, a rappelé que « l’Afrique n’a plus besoin de tuteurs. Elle a besoin de partenaires qui respectent ses choix, même quand ils ne plaisent pas. »

Le directeur de l’ISICA, le Professeur Mawusse Akue Adotevi, a conclu sous les applaudissements : « Vous sortirez d’ici non pas avec des réponses toutes faites, mais avec des questions qui dérangent. Et c’est exactement ce qu’on attend de vous. »

À la sortie, les étudiants ne parlaient plus de « coopération Nord-Sud ». Ils parlaient d’un monde multipolaire où l’Afrique a enfin les cartes en main.

En conséquence, pour une fois, personne n’a applaudi poliment. On a applaudi fort. Parce que, dans cet auditorium, on venait de comprendre que le futur ne se négocie plus à Bruxelles ou à Washington. Il se discute aussi ici, à Lomé, en français, en éwé, en kabiyè avec des jeunes qui n’ont plus envie d’attendre.

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