Une lueur d’espoir à Lomé : les facilitateurs africains se mobilisent pour la paix en RDC
Lomé, 19 mai 2025 — Sous le ciel éclatant de la capitale togolaise, une réunion d’une portée historique s’est tenue le samedi 17 mai , portée par un souffle d’espoir et une ambition audacieuse : ramener la paix dans l’est tourmenté de la République démocratique du Congo (RDC). En effet, convoqués par Faure Essozimna Gnassingbé, Président de la République togolaise et médiateur désigné par l’Union africaine, un panel inédit de personnalités africaines de haut rang s’est réuni pour la première fois sous cette forme, déterminé à tisser les fils d’une réconciliation durable entre la RDC et le Rwanda, tout en apaisant les flammes d’un conflit qui embrase la région des Grands Lacs.
Le Gotha diplomatique africain s’attable entre Kinshasa et Kigali
Autour de cette initiative cruciale, des figures emblématiques du continent ont pris place : Olusegun Obasanjo, ancien président du Nigeria, dont l’expérience diplomatique résonne comme un gage de sagesse ; Uhuru Kenyatta, ex-président du Kenya, porteur d’une vision régionale aiguisée ; Mokgweetsi Masisi, ancien président du Botswana, dont l’engagement récent dans cette mission traduit une foi inébranlable en l’unité africaine ; Catherine Samba-Panza, ancienne présidente de la République centrafricaine, et Sahle-Work Zewde, ancienne présidente éthiopienne, toutes deux incarnant une voix féminine essentielle dans un processus trop longtemps dominé par des perspectives masculines.
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Ensemble, ces cofacilitateurs, désignés par l’Union africaine et associés aux initiatives régionales (CAE, SADC), ont esquissé les contours d’une démarche concertée visant à fusionner les processus de paix de Nairobi et de Luanda pour une approche plus cohérente et inclusive.
L’Est de la RDC, plaie ouverte : urgence humanitaire et conflit persistant
Malgré cette dynamique diplomatique prometteuse, le défi demeure titanesque dans un contexte brûlant. L’est de la RDC, théâtre d’affrontements entre les forces gouvernementales et les rebelles du M23, soutenus selon Kinshasa par Kigali, demeure une plaie ouverte au cœur de l’Afrique. Depuis janvier, l’escalade des violences a jeté des centaines de milliers de personnes sur les routes, aggravant une crise humanitaire déjà dramatique. De plus, Goma et ses environs, villes stratégiques, ainsi que d’autres localités clés de l’Est, subissent de plein fouet l’impact des combats, tandis que les appels au cessez-le-feu, lancés par l’ONU, l’Union africaine et les partenaires internationaux, restent lettre morte.
Des paroles fortes pour sceller l’engagement vers la stabilité
Face à ce tableau sombre, pourtant, la réunion de Lomé incarne une volonté farouche de ne pas céder au fatalisme. « Nous sommes unis par nos objectifs, engagés dans le dialogue et animés par l’espoir d’une stabilité durable », a déclaré Mokgweetsi Masisi, dont les mots, empreints de gravité et d’optimisme, ont résonné comme un manifeste. Faure Gnassingbé, quant à lui, a insisté sur la nécessité d’« harmoniser les vues » et de bâtir une coordination « fluide et inclusive », des paroles qui traduisent une ambition claire : faire de cette initiative un modèle de solution africaine à une crise africaine.
Une stratégie inédite et inclusive pour refonder la paix
Dans cette perspective, Les facilitateurs ont conçu une approche novatrice pour instaurer une paix durable. La force de cette réunion réside dans sa capacité à transcender les clivages régionaux et linguistiques. La présence de deux femmes, Catherine Samba-Panza et Sahle-Work Zewde, marque une rupture avec les panels exclusivement masculins du passé, répondant ainsi aux critiques sur l’inclusivité. En outre, leur apport, combiné à la diversité géographique des facilitateurs – Afrique de l’Ouest, de l’Est, australe et centrale – confère au groupe une légitimité renforcée pour aborder un conflit aux ramifications complexes.
Les discussions ont porté sur la nécessité d’une collaboration étroite avec les organisations régionales, notamment la CAE et la SADC, mais aussi avec des acteurs internationaux comme le Qatar et les États-Unis, qui soutiennent des initiatives parallèles. Les facilitateurs ont également discuté d’un avant-projet d’accord de paix, en cours de négociation à Washington depuis début mai, témoignant de l’inscription des efforts dans une dynamique globale. Toutefois, ils ont fermement défendu un principe fondamental : la solution doit s’enraciner dans les réalités africaines et être portée par des voix africaines.
Les dérives du passé et les blocs majeurs : la mission périlleuse des médiateurs pour la paix
Cependant, les obstacles d’une mission périlleuse sont nombreux et demeurent colossaux. Le Rwanda, accusé de soutenir le M23, et la RDC, inflexible sur ses exigences de retrait des forces étrangères, campent sur des positions difficilement conciliables. De surcroît, les échecs répétés des précédentes négociations, notamment l’annulation d’une rencontre prévue sous l’égide de l’Angola, rappellent la fragilité du processus. À cela s’ajoute la crise humanitaire, d’une ampleur alarmante : plus de 7 000 morts cette année, selon les chiffres rapportés par la Première ministre congolaise Judith Suminwa Tuluka, et des millions de déplacés vivant dans des conditions précaires.
Une lueur fragile dans l’ombre du conflit : l’espoir porté par Lomé
Malgré ces défis considérables, Lomé a insufflé une nouvelle énergie. En harmonisant leurs approches, les facilitateurs ont posé les bases d’un dialogue direct entre Kinshasa et Kigali, avec pour horizon un cessez-le-feu inconditionnel. Leur mission, appuyée par l’Union africaine, s’annonce comme un pari audacieux : transformer la défiance en coopération, la guerre en paix.
Ainsi, en quittant Lomé, les cofacilitateurs emportent avec eux un mandat clair et une responsabilité immense. Leur succès dépendra de leur capacité à naviguer dans un écheveau de tensions géopolitiques, tout en mobilisant la communauté internationale pour soutenir, sans interférer, une solution authentiquement africaine.
Pour les populations de l’est de la RDC, lassées par des décennies de violences, cette réunion n’est pas qu’un symbole : elle est une promesse, fragile, mais tangible, d’un avenir dans lequel les armes se tairont. Certes, dans les rues de Goma, où les déplacés s’entassent dans des camps de fortune, et dans les villages ravagés du Nord-Kivu, l’espoir reste ténu. Mais, À Lomé, sous la conduite de Faure Gnassingbé et de ses illustres pairs, les facilitateurs ont allumé une étincelle. À eux, désormais, de la transformer en flambeau pour guider la région vers la paix.