Dapaong, 15 décembre 2025 –Sous un soleil ardent, la ville de Dapaong a vibré au rythme des tambours et des danses traditionnelles ce samedi 13 décembre, marquant le grand retour de Tingban Paab, la fête ancestrale des moissons chez les populations du grand Tône. Interrompue depuis 2019 d’abord à cause de la pandémie de covid-19 puis ensuite par les menaces sécuritaires qui ont ensanglanté la région des Savanes, cette célébration symbolise un espoir de retour à la normale. Pourtant, au milieu des réjouissances, un cri unanime s’est élevé : celui de la soif, face à un accès à l’eau potable toujours précaire.
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Tingban Paab 2025 : le retour de la tradition sous haute surveillance
La cérémonie a attiré un parterre d’autorités, dont le général Yark Damehame, directeur de cabinet du président du Conseil, et Barry Moussa Barqué, président du Sénat, venus représenter Faure Gnassingbé. Leur présence a souligné l’importance accordée par le pouvoir central à cette reprise culturelle, dans une zone encore marquée par les stigmates de l’insécurité jihadiste. Les discours officiels ont salué la résilience des communautés et le progrès vers la paix. Néanmoins, les habitants n’ont pas manqué l’occasion de transformer cette plateforme festive en tribune pour leurs doléances quotidiennes.
Le paradoxe des maisons sans eau potable
Au-delà des offrandes aux ancêtres et des récoltes abondantes célébrées, les voix locales ont martelé un besoin vital : l’eau potable. Dans de nombreuses localités du Grand Tône, les femmes et les enfants parcourent encore des kilomètres pour puiser une eau souvent douteuse, exposant les familles à des risques sanitaires. Ce déficit chronique, malgré des promesses passées et la présence d’anciens responsables du secteur hydraulique, a volé la vedette à la joie collective. En effet, les participants ont insisté : une fête des moissons perd de son sens si les champs ne peuvent être irrigués convenablement et si les foyers manquent d’eau pour la vie quotidienne.
Le miroir des aspirations non résolues
Cette édition 2025 de Tingban Paab illustre le double visage de la région des Savanes : une richesse culturelle préservée et une fragilité infrastructurelle criante. Le retour de la fête témoigne d’un apaisement sécuritaire relatif, permettant aux traditions de renaître. Mais surtout, il met en lumière les priorités non résolues du développement rural.
Les populations attendent désormais des actes concrets : fourrages, adductions d’eau et programmes durables, afin de célébrer les prochaines moissons non seulement avec gratitude, mais dans la dignité qu’offre un accès universel à cette ressource essentielle. Tingban Paab reste plus qu’une fête – un miroir des aspirations profondes d’un peuple résilient.
