Lomé : L’opposition togolaise, ou la complainte tardive d’une muse aphone
Togo, 12 juin 2025 — Dans les ruelles poussiéreuses de Lomé, où les klaxons des motos-taxis rivalisent avec les murmures d’un peuple las, l’opposition togolaise s’est réveillée d’un sommeil olympien. Elle brandit des pancartes et des slogans éculés pour exiger la démission de Faure Gnassingbé. Oh, quelle audace soudaine ! Quelle bravoure inopinée ! Ces preux chevaliers de la contestation, naguère tapis dans l’ombre d’un mutisme complice, osent aujourd’hui clamer leur indignation face à un régime parlementaire qu’ils ont laissé s’ériger sans broncher. Ironie du sort, c’est maintenant, alors que le rideau de la démocratie directe s’est refermé, qu’ils jouent les vierges effarouchées, pleurant un pouvoir populaire qu’ils n’ont jamais su défendre. Faure, impassible dans son palais, doit bien ricaner : l’opposition togolaise, tel un acteur médiocre, rate son entrée en scène et improvise une tirade bien trop tardive.
Le piège du régime parlementaire : comment Faure Gnassingbé a consolidé son pouvoir ?
Mais, chers lecteurs, éclaircissons d’abord ce mystère qui semble avoir échappé à nos valeureux opposants : qu’est-ce donc qu’un régime parlementaire ? Dans cette mécanique institutionnelle, le pouvoir exécutif s’efface partiellement au profit d’un Parlement omnipotent, chargé d’élire le chef du gouvernement – ici, un président du Conseil des ministres, rôle taillé sur mesure pour Faure Gnassingbé. Par conséquent, exit les élections présidentielles où le peuple, dans un élan candide, croit peser sur son destin. Le Parlement, bastion de la majorité fidèle à l’Union pour la République (UNIR), devient l’arbitre suprême, reconduisant ad vitam aeternam celui qui, par un heureux hasard, incarne la dynastie Gnassingbé depuis 2005. Ce système, adopté en mai 2024 sous les applaudissements d’une Assemblée nationale monocolore, a relégué la présidence à une fonction ornementale, confiée à l’octogénaire Jean-Lucien Savi de Tové, figure aussi symbolique qu’un bibelot sur une cheminée.
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L’opposition, hélas, n’a vu venir ni le vent ni la tempête. Lorsque les débats constitutionnels s’échauffaient, où étaient-ils, ces hérauts de la démocratie ? Pelotonnés dans leur confort, tétanisés par la crainte des représailles, ils ont laissé le régime parlementaire s’installer, tel un décor de théâtre monté sous leurs yeux distraits. Aujourd’hui, ils crient au « coup d’État constitutionnel », oubliant que leur silence d’antan fut un complice zélé de cette métamorphose politique.
L’Opposition Togolaise : Une Révolte Tardive et un Manque de Clairvoyance
Qu’on se le dise : l’opposition togolaise excelle dans l’art de la lamentation rétrospective. Les leaders des Forces Démocratiques pour la République (FDR) et de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), tels des oracles frappés d’amnésie, dénoncent désormais un Faure Gnassingbé qui, en endossant le costume de président du Conseil des ministres, s’est offert un bail indéfini sur le pouvoir. Mais où étaient leurs barricades lorsque la Constitution fut réécrite, en avril 2024, dans une Assemblée où l’UNIR, avec 108 des 113 sièges, jouait une partition sans fausse note ? Où étaient leurs voix lorsque les manifestations furent interdites, les journalistes muselés, et les observateurs de l’Église catholique écartés des urnes ?
Non, mesdames et messieurs, l’opposition togolaise n’a pas manqué de courage ; elle a manqué de clairvoyance. Elle a préféré le confort de la prudence à l’audace de la résistance, se contentant de murmures dans les salons plutôt que de clameurs dans les rues. Et maintenant, alors que 80 manifestants croupissent dans les geôles après des échauffourées à Lomé, elle s’indigne, elle tempête, elle appelle à la rescousse des organisations internationales comme on implore un deus ex machina. Pathétique ! Le slogan « Faure doit partir » résonne comme une rengaine usée, entonné par une chorale qui a oublié d’apprendre sa partition.
Le silence international : pourquoi les grandes instances tournent-elles le dos au Togo ?
Mais pourquoi, demanderez-vous, les Nations Unies, l’Union Africaine (UA) ou la CEDEAO restent-elles si étrangement aphones face à ce mélodrame togolais ? La réponse est d’une cruelle simplicité : la realpolitik. Ces institutions, malgré leurs grands discours sur la démocratie, sont paralysées par des impératifs géopolitiques et des contraintes juridiques. Le Togo, sous Faure, maintient une façade de stabilité dans une région secouée par les coups d’État et l’insécurité. Lomé, carrefour diplomatique, accueille des sommets et des conférences, offrant à Gnassingbé une respectabilité que peu osent contester.
De surcroît, les organisations internationales ne peuvent intervenir sans une violation flagrante des traités, comme un génocide ou une guerre civile, scénarios absents au Togo. La CEDEAO, présidée par le Nigeria, préfère ménager un allié fiable plutôt que de s’embourber dans une crise interne où l’opposition, désunie et boycottant les élections depuis 2018, peine à offrir une alternative crédible. L’UA, quant à elle, est un club de chefs d’État où la solidarité entre dirigeants prime sur les idéaux démocratiques. Quant à l’ONU, ses résolutions, souvent bloquées par des veto au Conseil de Sécurité, s’enlisent dans des débats byzantins. Ainsi, l’opposition togolaise, orpheline de soutiens internationaux, gesticule dans un vide sidéral, abandonnée à son sort par ceux qu’elle implore.
Togo : l’échec de l’opposition face au pouvoir inébranlable de Faure Gnassingbé
Oh, opposition togolaise, votre réveil tardif est presque touchant, mais il frise le ridicule. Vous reprochez à Faure son génie machiavélique, mais n’est-ce pas votre apathie qui lui a pavé la voie ? Vous pleurez la perte d’un suffrage universel que vous n’avez jamais su conquérir, boycottant les urnes pour mieux crier à la fraude. Et maintenant, vous rêvez d’une intervention divine des Nations Unies, comme si le monde entier n’avait que Lomé à l’esprit. Quelle candeur ! Le régime parlementaire, ce corset constitutionnel, vous enferme dans une danse dont Faure tire les ficelles, et vous, au lieu de trancher les cordes, vous vous contentez de valser en gémissant.
En somme, Lomé résonne des échos d’une opposition qui, faute d’avoir agi à temps, se complaît dans une indignation stérile. Faure Gnassingbé, maître incontesté de ce théâtre politique, savoure sa victoire, tandis que ses adversaires, tels des comédiens mal préparés, improvisent une révolte sans lendemain. Dans ce Togo où le Parlement dicte le destin, l’opposition n’est qu’une ombre, condamnée à hanter les marges d’une scène qu’elle a elle-même désertée.