Politique




Togo : municipales 2025, le renouveau local en jeu

Togo : le 10 juillet 2025, un rendez-vous pour réinventer la démocratie locale Lomé, 5 mai 2025 – Le 10…

Le Togo se prépare pour des élections municipales cruciales le 10 juillet 2025, un scrutin qui promet de redéfinir le pouvoir local

Togo : le 10 juillet 2025, un rendez-vous pour réinventer la démocratie locale

Lomé, 5 mai 2025 – Le 10 juillet 2025, les Togolais se rendront aux urnes pour un scrutin municipal qui promet de redessiner les contours du pouvoir communal. Par une salve de décrets promulgués le 28 avril, le gouvernement a fixé le cap de ces élections locales, les troisièmes depuis l’indépendance en 1960, dans un élan à la fois solennel et tactique. En effet, Sous l’égide de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), ce rendez-vous s’annonce comme un moment charnière, où les 117 communes du pays vibreront au rythme des ambitions politiques et des aspirations citoyennes. Entre soutien financier audacieux, incitations à la parité et défis logistiques, ces élections ne sont pas qu’un exercice démocratique : elles sont une promesse de renouveau pour une gouvernance de proximité.

Compte à rebours lancé : la course aux mairies est ouverte !

La campagne électorale, véritable arène des idées, s’ouvrira le 24 juin à minuit pour s’achever le 8 juillet à 23 h 59. Deux semaines intenses où les candidats, des figures locales aux outsiders audacieux, devront captiver un électorat de 4,2 millions d’inscrits, selon les chiffres de la CENI pour les scrutins de 2024. Ce sprint politique précédera un vote anticipé, le 7 juillet, réservé aux forces de l’ordre, garantissant leur disponibilité pour sécuriser les 6 585 centres de vote le jour J. Depuis avril, la CENI, dirigée par Yabré Dago, a lancé une révision minutieuse des listes électorales, mobilisant 6 424 comités locaux pour assurer un fichier fiable, fort de 53,8 % de femmes, un record salué par l’Organisation Internationale de la Francophonie. Cette mécanique bien huilée, fruit d’un audit rigoureux en 2023, vise à maximiser la participation, qui avait atteint 61 % lors des législatives et régionales de 2024.

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500 millions pour séduire les électeurs : L’État ouvre les vannes pour les municipales

Pour galvaniser cette dynamique, l’État déploie une enveloppe de 500 millions de FCFA, une manne inédite pour des élections municipales. Cette subvention, dévoilée lors du Conseil des ministres du 30 avril, se répartit avec une finesse stratégique : 65 % soutiennent équitablement tous les candidats, offrant aux novices une chance face aux ténors politiques ; les 35 % restants récompensent ceux qui obtiennent plus de 10 % des suffrages, primant ainsi l’audace électorale. Ce dispositif, inspiré des recommandations de l’Union Africaine pour des scrutins inclusifs, vise à briser les barrières financières qui freinent les candidatures indépendantes, souvent éclipsées par l’Union pour la République (UNIR), dominante avec 108 sièges à l’Assemblée.

Femmes en campagne : le coût réduit pour booster la parité

Dans un pays où la représentativité féminine progresse à pas mesurés, le scrutin municipal de 2025 envoie un signal clair. Le cautionnement, fixé à 50 000 FCFA, est réduit de moitié, pour les candidates, à 25 000 FCFA, conformément à l’article 176 du Code électoral. Ce coup de pouce, déjà appliqué lors des sénatoriales de février 2025, où 6 des 41 sénateurs élus étaient des femmes, ambitionne de rééquilibrer une scène politique historiquement masculine. Si la mesure est saluée, elle suscite aussi des attentes : les partis, tenus à la parité sur leurs listes pour les législatives, devront prouver leur engagement dans les communes, où les femmes représentaient 20 % des conseillers en 2019.

Opposition contre pouvoir : les municipales, nouveau front politique ?

Ces élections, les premières locales depuis 2019, s’inscrivent dans un contexte politique tendu. La réforme constitutionnelle de 2024, qui a instauré un régime parlementaire et relégué la présidence à un rôle symbolique, a ravivé les critiques de l’opposition. L’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) et la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP), reléguées à 5 sièges face à l’UNIR, condamnent la mainmise du pouvoir sur les institutions, y compris la CENI, dont elles contestent parfois la neutralité. Pourtant, des voix  sur X signalent un « retour en force de l’opposition », galvanisée par le mécontentement face à la cherté de la vie et aux restrictions des libertés publiques. Les municipales, avec leurs 1 527 sièges de conseillers et 117 mairies, offrent une arène dans laquelle l’opposition pourrait reconquérir du terrain, à condition de surmonter ses divisions.

Au-delà des votes : les vrais enjeux du développement local

Au-delà des luttes partisanes, ces élections sont un laboratoire pour le développement local. Les maires et conseillers, élus pour 6 ans, piloteront des budgets communaux cruciaux pour l’accès à l’eau, l’éducation et les infrastructures. Dans un pays où 45 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque Mondiale, les communes sont les premiers remparts contre la précarité. La CENI, forte de son expérience des régionales de 2024, devra garantir un scrutin transparent, malgré les critiques passées sur l’opacité des résultats par bureau de vote. L’absence d’observateurs indépendants, comme lors du scrutin présidentiel de 2020, reste un point de vigilance pour les organisations comme l’ECOWAS.

10 juillet 2025 : le Togo face à son avenir  municipales

En somme, le 10 juillet 2025, les Togolais ne voteront pas seulement pour des maires ; ils dessineront l’avenir de leurs communautés. De Lomé à Dapaong, ces élections sont une chance de réconcilier la politique avec le quotidien, de donner une voix aux femmes et aux jeunes, et de tester la résilience d’une démocratie sous tension. Sous le regard attentif de la CENI et malgré les ombres d’un système dominé par l’UNIR, ce scrutin pourrait être le creuset d’un Togo plus inclusif. Comme le murmure un proverbe éwé : « Le chemin se trace en marchant. » À Diffa comme à Lomé, chaque bulletin sera un pas vers cet horizon.

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