Tragédie sur la Nationale N°1 : l’accident de Kpélé ravive les doutes sur la sécurité routière au Togo
Notsè, 2 juin 2025 – Dans l’obscurité des premières heures de ce lundi 2 juin, un drame a frappé la route nationale N°1, à seulement cinq kilomètres de Notsè, sur le tronçon reliant Kpélé à la ville. Un bus de la compagnie Nagodé, effectuant la liaison entre Dapaong et Lomé, s’est écrasé dans un vacarme assourdissant, semant la désolation et paralysant la circulation sur cet axe vital du Togo. Ce sinistre, survenu vers deux heures du matin, marque le troisième accident majeur impliquant la compagnie en l’espace de trois mois, jetant une lumière crue sur les failles d’un système de transport routier aux abois. Alors que les secours s’activent pour porter assistance aux victimes, les interrogations fusent : comment enrayer cette spirale funeste qui endeuille les routes togolaises ?
Chaos nocturne : L’épave du bus Nagodé paralyse la RN1
Sous un ciel d’encre, le bus, chargé de passagers en route vers la capitale, a dévié de sa trajectoire dans des circonstances encore opaques. Selon les premiers témoignages, recueillis auprès de riverains et d’usagers de la route, l’accident aurait été précédé d’un crissement strident, suivi d’un choc d’une violence inouïe. L’épave, disloquée, gît au bord de la chaussée, entravant la circulation pendant plusieurs heures. Les équipes de secours, composées de sapeurs-pompiers et de volontaires, ont œuvré sans relâche, bravant l’obscurité et la confusion pour extraire les victimes des tôles froissées. En effet, des ambulances, sirènes hurlantes, ont sillonné la route pour évacuer les blessés vers les centres hospitaliers de Notsè et d’Atakpamé, tandis que les autorités locales coordonnaient l’opération avec une gravité empreinte d’urgence.
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Si le bilan exact reste en suspens, les premières constatations font état de dégâts matériels considérables, le véhicule étant réduit à un amas de ferraille. Les récits des témoins, encore sous le choc, évoquent des scènes de panique et de désarroi, avec des passagers ensanglantés cherchant à s’extirper de l’habitacle. « C’était comme si la nuit s’était embrasée », murmure un motocycliste, témoin impuissant de la tragédie. Néanmoins, les autorités, par la voix du ministère de la Sécurité et de la Protection Civile, promettent un communiqué officiel dans les prochaines heures, mais l’absence d’un bilan précis alimente l’angoisse des familles dont les proches empruntaient cette ligne.
Série noire pour Nagodé : La sécurité routière en question
Cet accident, d’une brutalité saisissante, n’est pas un événement isolé. La compagnie Nagodé, l’une des principales flottes de transport interurbain du Togo, est sous le feu des critiques après une succession d’incidents tragiques. En février 2025, un bus de la compagnie, tentant un dépassement audacieux près de Kara, avait percuté plusieurs usagers de la route, fauchant une vie et laissant un blessé grave dans son sillage. Quelques semaines plus tard, début avril, un autre drame s’était joué près d’Atakpamé, où une collision avec un poids lourd avait endommagé un bus et blessé plusieurs passagers. Ces accidents, survenus sur des axes aussi stratégiques que la nationale N°1, jettent une ombre inquiétante sur les pratiques de l’entreprise.
Les usagers, exaspérés, pointent du doigt des défaillances structurelles. « Les chauffeurs roulent comme s’ils étaient seuls sur la route », déplore un commerçant de Dapaong, habitué de la ligne. Sur les réseaux sociaux, des voix s’élèvent pour dénoncer des conducteurs sous pression, contraints par des horaires draconiens et des impératifs commerciaux qui les poussent à prendre des risques inconsidérés. D’autres mettent en cause l’état des véhicules, souvent vétustes, et l’absence de contrôles rigoureux.
La Nationale N°1, axe à haut risque : Un bilan routier alarmant
La nationale N°1, artère vitale reliant le nord au sud du Togo, est devenue synonyme de péril. Longue de 660 kilomètres, elle est le théâtre de collisions récurrentes, souvent mortelles. En mars 2025, un bus de la compagnie LBS Transport, sur le tronçon Dapaong-Cinkassé, avait écrasé deux motos, causant des pertes humaines et des blessures graves. En septembre 2023, un autre accident impliquant un bus Nagodé sur la route Langabou-Nyamassila avait endeuillé le nord du pays. Par conséquent, ces incidents, loin d’être des anomalies, révèlent les lacunes d’un système de transport routier où la sécurité semble reléguée au second plan.
Les causes de ces drames sont multiples : routes étroites, absence de signalisation adéquate, dépassements hasardeux et fatigue des conducteurs. La transformation prochaine de la nationale N°1 en autoroute, un projet ambitieux financé par des partenaires internationaux, pourrait-elle changer la donne ? Cependant, certains en doutent, craignant que des infrastructures modernisées ne compensent pas le manque de discipline et de formation. « Si les chauffeurs continuent de conduire comme des forcenés, une autoroute ne fera qu’amplifier le danger », avertit un internaute sur X.
Urgence : vers une refonte systémique de la sécurité routière au Togo ?
Face à cette série noire, les appels à une réforme se multiplient. Le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile, interpellé après l’accident de Lomé-Vogan en novembre 2024, où un dépassement risqué avait coûté la vie à trois personnes, avait promis des mesures renforcées : contrôles techniques accrus, formation obligatoire des conducteurs et sanctions pour les compagnies défaillantes. Pourtant, l’accident de Kpélé suggère que ces engagements peinent à se concrétiser. La société civile, relayée par des figures comme l’ONG Synergie Togo, exige des audits indépendants sur l’état des flottes de transport et des enquêtes transparentes sur les accidents récents.
Nagodé, dont le nom résonne désormais comme un synonyme de tragédie, se retrouve sous pression pour revoir ses pratiques. Des sources proches de l’entreprise évoquent des discussions internes sur un renforcement de la maintenance des véhicules et une révision des protocoles de formation, mais aucun communiqué officiel n’a encore été publié. En attendant, les familles des victimes attendent des réponses et une prise en charge digne, tandis que les blessés luttent pour leur survie dans les hôpitaux.
Un sursaut collectif pour des routes plus sûres ?
En ce 2 juin 2025, alors que l’épave du bus est dégagée et que la nationale N°1 retrouve peu à peu son rythme, le Togo fait face à un défi pressant : garantir la sécurité sur ses routes. Cet accident, au-delà de son bilan humain encore incertain, est un cri d’alarme. Il appelle à une mobilisation collective, des autorités aux transporteurs, des conducteurs aux usagers, pour faire de la nationale N°1 non plus une voie de tragédies, mais un corridor de vie. Dans l’ombre de ce drame, une question persiste : combien de vies faudra-t-il encore perdre avant que la sécurité ne devienne une priorité inaliénable ?