Pékin célèbre avec éclat le 80ᵉ anniversaire de la victoire sur le Japon et de la fin de la Seconde Guerre mondiale
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Pékin, 3 septembre 2025 — Ce mercredi, la place Tian’anmen à Pékin s’est transformée en une scène grandiose pour commémorer le 80ᵉ anniversaire de la victoire de la Chine dans la guerre de résistance contre l’agression japonaise et de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Sous un ciel clair, un imposant défilé militaire a réuni plus de 10 000 soldats et des équipements de pointe, en présence de dirigeants mondiaux, dont le président russe Vladimir Poutine et le leader nord-coréen Kim Jong-un. Cet événement, marqué par une démonstration de force et de mémoire collective, a non seulement célébré une victoire historique, mais aussi affirmé la puissance croissante de la Chine sur la scène internationale, dans un contexte de tensions géopolitiques accrues.
80ᵉ anniversaire: un défilé militaire d’envergure mondiale au service d’un message géopolitique
Le défilé, orchestré avec une précision remarquable sur l’avenue Chang’an, a mis en lumière l’arsenal militaire chinois, notamment le missile balistique intercontinental Dongfeng-5C, capable de frapper n’importe quel point du globe, et des drones hypersoniques de nouvelle génération. Quarante-cinq unités militaires ont défilé, représentant les forces terrestres, navales et aériennes, dans une parade de 70 minutes qui a captivé plus de 50 000 spectateurs. Ce spectacle, le plus ambitieux depuis des années, a été précédé de semaines de préparations, avec Pékin ornée de compositions florales et de drapeaux pour l’occasion.
Le président chinois Xi Jinping, hôte de l’événement, a présidé la cérémonie aux côtés de figures internationales comme le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, le président congolais Denis Sassou-Nguesso et le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev. La présence de Vladimir Poutine, invité d’honneur, et de Kim Jong-un a renforcé la portée géopolitique de l’événement, perçu comme une affirmation d’un ordre mondial multipolaire face à l’Occident. En effet, aucun dirigeant occidental n’a assisté à la cérémonie, un boycott interprété comme une réponse à la présence de Poutine et à la tonalité anti-occidentale de l’événement, selon des analyses.
Une histoire réécrite au service d’un narratif nationaliste
La commémoration célèbre la reddition officielle du Japon le 2 septembre 1945, marquant la fin de la guerre de résistance chinoise (1937-1945) et de la Seconde Guerre mondiale. En Chine, cette période, connue sous le nom de « Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise », est un symbole de sacrifice et de résilience. Xi Jinping a souligné dans son discours l’importance de « se souvenir de l’histoire, d’honorer les martyrs et de chérir la paix », tout en mettant en garde contre les tentatives de réécrire le passé. Cette rhétorique critique les « nihilistes » et les pays occidentaux accusés de minimiser le rôle de la Chine dans la victoire.
Le narratif chinois met en avant la contribution décisive du Parti communiste dans la lutte contre le Japon, bien que des historiens, comme Victor Louzon, notent que les États-Unis ont joué un rôle clé dans la défaite japonaise en Asie. Cette réécriture historique sert à légitimer la puissance actuelle de la Chine face aux États-Unis, avec lesquels les tensions autour de Taïwan et de la mer de Chine méridionale restent vives. Donald Trump a d’ailleurs critiqué Xi Jinping pour avoir minimisé le soutien américain à l’époque, accusant Pékin de « comploter » contre les intérêts américains.
Le Japon sur la défensive face à une mémoire ravivée
Au-delà de la mémoire historique, le défilé a été une vitrine de la montée en puissance militaire et diplomatique de la Chine. En parallèle, cet événement a permis à Pékin de renforcer ses alliances avec des pays du « Sud global », comme la Russie et des nations africaines. La présence de Poutine, qui a rencontré Xi Jinping et d’autres dirigeants en marge des célébrations, a illustré cette volonté de construire un front uni face à l’Occident. Des discussions bilatérales, notamment avec le président congolais Denis Sassou-Nguesso, ont porté sur des projets énergétiques et économiques, renforçant l’influence chinoise en Afrique.
De son côté, le Japon a suscité la controverse en demandant aux pays européens et asiatiques de boycotter l’événement, arguant qu’il mettait trop l’accent sur le passé et portait une « connotation anti-japonaise ». Cette démarche a été critiquée comme une tentative de nier les crimes de guerre japonais, exacerbant les tensions historiques entre Tokyo et Pékin.
80ᵉ anniversaire : Un message pour l’avenir
La parade, retransmise en direct à travers le monde, a également été un message adressé à l’intérieur de la Chine. Les décorations florales et l’enthousiasme des foules ont renforcé le sentiment nationaliste. Quant aux nouvelles technologies militaires exposées, comme le char ZTZ-201, elles ont souligné les ambitions de modernisation de l’Armée populaire de libération.
Cet événement intervient dans un contexte de rivalité sino-américaine accrue, marquée par des différends commerciaux et des tensions autour de Taïwan, intégrée à la République de Chine en 1945 après 50 ans de colonisation japonaise. La Chine utilise cette commémoration pour rappeler son rôle historique et affirmer sa souveraineté, tout en critiquant les États-Unis et leurs alliés asiatiques, comme le Japon et la Corée du Sud, trop liés économiquement à Pékin pour adopter une posture hostile.
80ᵉ anniversaire de la victoire sur le Japon : Pékin fait une démonstration de force
En conclusion, le 80ᵉ anniversaire de la victoire sur le Japon à Pékin a été bien plus qu’une célébration historique. Il a servi de plateforme pour projeter la puissance militaire, économique et diplomatique de la Chine, tout en ravivant des débats sur la mémoire de la Seconde Guerre mondiale. Alors que Pékin se tourne vers l’avenir, cet événement restera dans les mémoires comme une affirmation de sa place dans un monde multipolaire.
Les détails logistiques, aussi spectaculaires soient-ils, passent au second plan face à l’ampleur politique et symbolique de cette journée. Dès lors, la question se pose : cette démonstration de force et cette réécriture de l’histoire parviendront-elles à consolider l’influence de la Chine face aux dynamiques de pouvoir mondiales, ou ne feront-elles qu’accentuer les fractures existantes ?