Lomé, 7 juillet 2025 — Le verdict est tombé dans un climat de tension persistante. Dix-neuf personnes ont été condamnées vendredi à un an de prison, dont onze mois avec sursis, par le tribunal de grande instance de Lomé. Leur tort : avoir, selon l’accusation, participé aux manifestations non autorisées des 26, 27 et 28 juin, initiées par des artistes et influenceurs togolais de la diaspora appelant à la démission du président du Conseil, Faure Gnassingbé.
Au total, 31 prévenus ont comparu pour trouble aggravé à l’ordre public. Douze d’entre eux, dont un mineur, ont été relaxés. Mais pour la défense, le procès soulève de sérieuses inquiétudes sur le respect des droits fondamentaux.
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Des arrestations controversées
Me Paul Dodzi Apévon, doyen du collectif d’avocats, dénonce des interpellations musclées et parfois extrajudiciaires : « Les forces de sécurité ont poursuivi des manifestants jusque dans leurs domiciles et ont lancé des gaz lacrymogènes dans des maisons — une réponse largement disproportionnée face à une manifestation non autorisée. »
L’avocat pointe également l’absence de preuves tangibles : « La loi pénale exige que l’accusation démontre la participation effective à une infraction. Or ici, on inverse la charge de la preuve : on arrête, puis on demande aux citoyens de prouver leur innocence. »
Une justice sous pression
Le parquet, de son côté, s’est appuyé sur le caractère illégal des rassemblements, qualifiés de « soulèvements » par le ministre de l’Administration territoriale, Hodabalo Awadé. Selon lui, seuls deux quartiers de la capitale ont répondu aux appels à manifester, preuve que « la majorité des Togolais a refusé de s’associer à ces troubles ».
Mais les critiques fusent. Des organisations de la société civile dénoncent une répression excessive, un usage disproportionné de la force et une instrumentalisation de la justice pour dissuader toute contestation. Le bilan humain reste flou : on dénombre au moins sept décès et de nombreux blessés, mais les autorités n’ont toujours pas diligenté d’enquête indépendante, laissant le bilan humain dans l’incertitude.
Une fracture politique persistante
Ces événements s’inscrivent dans un climat de crispation politique, marqué par une méfiance croissante entre institutions et société civile. Pour de nombreux observateurs, l’affaire révèle les fragilités du système judiciaire et interroge la place du débat démocratique au Togo. Alors que les regards restent tournés vers les institutions, la quête d’un équilibre entre sécurité publique et libertés fondamentales demeure au cœur des préoccupations citoyennes.