SociétéEducation




Prénam Houzou-Mouzou : une femme à la tête de l’Université de Kara

Première femme présidente d’université au Togo, Prénam Houzou-Mouzou incarne une révolution académique et militaire. Une nomination historique qui redéfinit les…

Prénam Houzou-Mouzou

Première femme présidente d’université au Togo, Prénam Houzou-Mouzou incarne une révolution académique et militaire. Une nomination historique qui redéfinit les codes du leadership.

 

LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ



Lomé, 21 septembre 2025 – Imaginez une salle de conférence bondée, des applaudissements qui fusent comme des feux d’artifice, et au centre de tout, une femme en uniforme militaire qui ajuste son micro avec un sourire conquérant. Hier, 20 septembre, ce n’était pas un film hollywoodien, mais une page d’histoire togolaise qui s’écrivait en direct à l’Université de Kara. Pour la première fois, une femme prend les rênes d’une université publique dans le pays : la Professeure Prénam Houzou-Mouzou, rhumatologue de renom et lieutenant-colonel des Forces armées togolaises, a officiellement succédé au Professeur Kokou Tcharie à la présidence de cette institution emblématique du Nord du Togo.

En effet, cette nomination, scellée par décret présidentiel le 19 septembre dernier par Son Excellence Faure Essozimna Gnassingbé, n’est pas qu’un simple changement de garde. Elle représente, en réalité, un séisme discret mais puissant dans le paysage académique togolais, où les postes de direction ont longtemps été l’apanage des hommes. À seulement 21 ans du bicentenaire de l’indépendance togolaise, cette avancée résonne comme un appel à l’inclusion : les femmes, si souvent en coulisses de la science et de la médecine, passent enfin sous les feux de la rampe.

 

De la blouse blanche à l’uniforme militaire : le parcours hors du commun de la nouvelle présidente

 

Qui est cette « Madré » – surnom affectueux donné par ses étudiants pour son rôle de guide bienveillante – qui fait déjà vibrer les couloirs de l’Université de Kara ? Née pour briser les plafonds de verre, Prénam Houzou-Mouzou est une pile électrique de compétences et de détermination. Diplômée des prestigieuses universités de Lomé, Abidjan et Lille, elle a gravi les échelons avec une précision chirurgicale. Ancienne interne des hôpitaux togolais, elle a fondé et dirigé, depuis 2012, le service de rhumatologie du CHU de Kara – le tout premier centre spécialisé décentralisé en dehors de la capitale. Sous sa houlette, la Commission Médicale Consultative de l’hôpital a vu naître des réformes qui sauvent des vies et structurent un système de santé plus juste pour les régions oubliées.

 

Prénam Houzou-Mouzou : un parcours d’exception

 

Par ailleurs, son ascension à l’université s’apparente à un roman d’aventures en soi. Assistante chef de clinique en 2012, elle devient Maître-Assistante du CAMES en 2015, puis Maître de Conférences Agrégée en 2018 – et major de sa promotion ! En 2022, elle accède au rang de Professeure Titulaire. L’année dernière, elle endosse le rôle de Vice-Doyenne de la Faculté des Sciences de la Santé (de 2021 à 2024), avant de devenir Doyenne en septembre 2024. Et comme si cela ne suffisait pas, elle a présidé des commissions clés sur la recherche et l’innovation, tout en orchestrant les festivités du 20ᵉ anniversaire de l’université. Une femme multitâche ? Plutôt une stratège née.

Sa double casquette – d’académicienne et de militaire – n’est d’ailleurs pas un hasard. Elle est la première femme militaire interne des hôpitaux togolais, la première femme militaire professeure d’université, la première doyenne de faculté à Kara… et maintenant, la première présidente d’université au Togo. Ses décorations parlent d’elles-mêmes : Chevalier, puis Officier de l’Ordre National du Mérite, sans oublier les honneurs de la Mission des Nations Unies au Darfour pour son courage sur le terrain.

 

Prénam Houzou-Mouzou : un symbole fort pour la jeunesse et l’avenir de la science togolaise

 

Dans un pays où les défis éducatifs et sanitaires se multiplient – de l’accès à l’enseignement supérieur aux pénuries médicales en régions – la nomination de la Professeure Houzou-Mouzou arrive comme une bouffée d’air frais. « C’est un message fort pour la jeunesse togolaise », confie-t-on dans les cercles universitaires. Pour les femmes qui rêvent de carrières scientifiques ou militaires, c’est une preuve tangible : le mérite paie, et les barrières tombent. De plus, pour l’Université de Kara, qui rayonne déjà comme un pôle d’excellence dans le Nord, cette nouvelle ère promet une gouvernance plus inclusive, des innovations en pagaille, et un rayonnement international boosté.

À peine 24 heures après sa prise de fonction, les réseaux sociaux s’enflamment déjà. Des étudiantes de Kara postent des selfies avec le hashtag #MadréPrésidente, tandis que des voix à Lomé saluent un « tournant historique ». Faure Gnassingbé, en signant ce décret, n’a pas seulement promu une experte ; il a allumé une étincelle qui pourrait embraser d’autres universités publiques.

 

Fin d’une attente, début d’une ère nouvelle ?

Cette « révolution en blouse blanche et uniforme » est plus qu’une simple nomination ; elle est un symbole puissant. Elle ouvre la voie à d’autres femmes et rappelle que le leadership n’a pas de genre. L’histoire de Prénam Houzou-Mouzou est une source d’inspiration pour le Togo et au-delà.

Le véritable enjeu consiste désormais à savoir si d’autres institutions emboîteront le pas et si cette avancée se traduira par une plus grande parité dans les sphères du pouvoir togolais. La question est désormais posée : qui sera la prochaine ?

 

Suivez l'information en direct sur notre chaîne WHATSAPP