À Lomé, la Journée nationale de la commune togolaise 2025 place l’autonomie financière locale au cœur du débat. Maires, experts et partenaires internationaux se penchent sur les stratégies de mobilisation des ressources pour des territoires plus forts et plus proches des citoyens.
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Lomé, 5 novembre 2025 – En pleine vague de réformes territoriales, le Togo propulse ses collectivités locales au cœur de l’agenda politique. Ce mercredi , le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Affaires coutumières, Hodabalo Awaté, a donné le coup d’envoi de l’édition 2025 de la Journée nationale de la commune togolaise (JNCT). En effet, ce rendez-vous est devenu incontournable, car les mairies se muent en laboratoires d’idées pour rapprocher l’État de ses citoyens.
Placée sous le slogan évocateur « Décentralisation et mobilisation des ressources pour les collectivités territoriales : enjeux, défis et stratégies », cette édition sonne comme un appel à l’action. Alors que les besoins explosent – éducation, santé, infrastructures –, une question s’impose : comment doter les communes d’une trésorerie robuste pour transformer les promesses en réalisations concrètes ? C’est ce casse-tête qui anime les couloirs du palais des congrès, où plus de 300 acteurs se sont réunis pour en débattre.
Journée nationale de la commune : une vitrine nationale à portée régionale
Portée par la Faîtière des communes du Togo (FCT), avec l’appui technique de la GIZ via son programme ProDeG IV et le parrainage diplomatique de l’Ambassade de France, la JNCT 2025 dépasse les frontières nationales. Ainsi, elle accueille des délégations venues du Bénin, du Ghana, du Sénégal, du Tchad et de la Guinée. Maires aguerris, experts techniques, militants associatifs et bailleurs de fonds convergent tous pour un échange franc, loin des discours convenus.
Au programme des ateliers, les participants étudieront des stratégies pour débloquer des financements innovants, optimiser les recettes locales, renforcer la gestion municipale et s’inspirer notamment des réussites régionales – comme les microtaxes sénégalaises qui ont dopé les budgets communaux.
Le FACT, levier de transformation territoriale
Au cœur des discussions, le Fonds d’appui aux collectivités territoriales (FACT) s’impose comme un pilier de la décentralisation. Lancé en 2020, il irrigue aujourd’hui les projets structurants : écoles dans les zones enclavées, cliniques de proximité, marchés dynamiques, pistes rurales, adductions d’eau potable.
Le ministre Awaté ne cache pas sa fierté : « Ce fonds n’est pas un gadget ; il est plutôt le moteur qui propulse les communes au rang de vrais leviers de l’État. »
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : de 2,63 milliards de FCFA à son lancement, l’enveloppe du FACT a quadruplé pour atteindre près de 9,5 milliards en 2025. Cette progression traduit une volonté politique claire : recentrer le pouvoir sur les territoires.
Des communes outillées pour des services concrets
Pour Yawa Kouigan, présidente de la FCT, l’enjeu est limpide : « Sans une mobilisation astucieuse des fonds locaux, point de salut pour le développement de base. »
Par conséquent, elle plaide pour des mairies outillées, capables de concrétiser leurs visions et de livrer des services publics qui transforment le quotidien des Togolais. D’ailleurs, cette édition s’inscrit dans les grands axes mondiaux, en résonance avec les Objectifs de développement durable (ODD), notamment le 11 pour des villes inclusives et durables, et le 17 pour des partenariats renforcés.
« Le futur se joue au niveau des quartiers, et non seulement dans les capitales », résume-t-elle, en écho à une Afrique qui mise sur ses racines pour grandir.
Journée nationale de la commune : vers une gouvernance locale agile et exportable
Au fil des interventions, un consensus se dessine : la décentralisation n’est plus une option, mais bien une urgence. Face aux disparités territoriales et aux chocs climatiques, les communes togolaises veulent s’émanciper, tout en tissant des réseaux sous-régionaux susceptibles d’inspirer tout le continent.
En conclusion, à l’issue de ces deux jours intenses, Lomé pourrait bien exporter plus que du cacao : elle pourrait exporter un modèle de gouvernance locale agile, fondé sur la proximité, la transparence et l’innovation. Les territoires togolais, longtemps relégués à l’arrière-plan, s’apprêtent ainsi à occuper le devant de la scène.
