Aného, 27 novembre 2025 – Quatre ans après la disparition tragique de Togbé Ahuawoto Savado Zankli Lawson VIII, le trône ancestral des Akangban à Aného reste le théâtre d’une querelle familiale explosive. Dans une missive incendiaire qui circule depuis hier, le Prince Latévi Bonéro Bêtum-Lawson dénonce une « régence trafiquée » orchestrée par les frères du défunt roi et le régent en exercice. Ces allégations graves de pillage, de falsification des coutumes et de collusion politique pourraient bien enflammer la ville historique.
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Aného : un deuil suspect et une régence contestée
Tout remonte à l’été 2021. Le roi Lawson VIII, qui avait régné 19 ans sur le royaume de Lolan, s’éteint le 30 juillet. Toutefois, selon le Prince Bonéro, les circonstances de cette mort seraient loin d’être claires. « Des divergences anciennes avaient éloigné les frères du roi, pourtant ils réapparaissent soudainement, imposant des décisions médicales sans consulter le conseil du trône », écrit-il.
Pire encore, dès l’annonce du décès, le chaos s’installe. Le prince dépeint une nuit de pillage à la résidence royale de New London, où des objets sacrés – notamment le tabouret royal et l’épée (Guyi) – auraient disparu. Les clés du palais, confiées légalement, finissent entre les mains d’un neveu des frères suspects. « Ils ont monnayé la mort de leur propre sang pour s’emparer des biens du trône », accuse le Prince Bonéro.
Au cœur de la tourmente : les frères et le régent
Au centre de ces griefs se trouvent les frères du roi défunt, surnommés les « Savado ». Victor Assion Lawson Savado émerge comme le principal orchestrateur : absent du palais pendant 19 ans, il se pose en expert autoproclamé, imposant son autorité. Rigobert Lawson Savado, son allié, est décrit comme complice.
Leur coup de maître ? Réinstaller Charlemagne Têtê Bahun Willson, un ancien premier ministre du trône, pour valider une consultation expéditive nommant Prince Latévi Adondjegoun Lawson Body comme régent. Ce dernier est accusé d’être celui qui avait remis les clés aux pillards. « Une parodie en une demi-journée, où les neveux orphelins n’ont eu aucun mot à dire sur les funérailles de leur père », déplore le Prince Bonéro.
De plus, le conseil de régence serait un triumvirat fantoche, reléguant les autres princes et princesses au rang de « figurants ». Les veuves et orphelins du roi, par conséquent, sont ignorés et « méprisés ».
Projets avortés et traditions profanées à Aného.
Quatre ans plus tard, le bilan du régent est accablant pour ses détracteurs : projets phares en déshérence et absence de comptes financiers clairs. En outre, le régent, « corrompu par les Savado et des politiques véreux », achèterait des terrains avec l’argent du trône.
Le point de non-retour est atteint lors de la « mascarade » du 31 octobre dernier : le régent aurait tenté de s’arroger le droit de choisir le successeur, violant ainsi les us akangban. « Ils réécrivent l’histoire pour imposer un monarque à leur solde, avec une députée cupide dans l’ombre », alerte le texte, évoquant un « complot pour un prince bleu-blanc ».
L’appel à l’éveil de la famille Lawson
Signé par le Prince Latévi Bonéro Bêtum-Lawson, ce cri du cœur s’adresse aux « fils et filles akangban et alliés ». « Où sont les vrais princes et princesses ? La mémoire des Ahuawoto nous regarde ! » lance-t-il, rappelant que Lolan doit rester « neutre et apolitique ».
Pour l’instant, silence radio du palais. Néanmoins, à Aného, où le vaudou et les traditions guin imprègnent le quotidien, ces accusations risquent de raviver les braises. Le trône de Lolan, symbole d’unité, attend sa réponse. Et le peuple guin murmure déjà : jusqu’à quand cette « nuit tombée » durera-t-elle ?
