Genève, 23 octobre 2025 – Dans les couloirs du Palais des Nations à Genève, ce jeudi, l’histoire s’est invitée au présent. En effet, des représentants de nations africaines et caribéennes, épaulés par des experts onusiens, ont convergé pour poser les jalons d’une réparation collective face aux séquelles de l’esclavage transatlantique, des déportations forcées et de la domination coloniale. Une initiative inédite, portée par le Togo sous l’impulsion du président Faure Essozimna Gnassingbé, et soutenue par le Ghana, l’Afrique du Sud, la CARICOM et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH).
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Un manifeste juridique pour les survivants de l’histoire à Genève
Ainsi, Diplomates, juristes et militants ont planché sur un objectif clair : bâtir un arsenal juridique international capable de transformer les promesses en actes. Le thème de la rencontre – « Renforcer les fondations légales pour défendre les droits des survivants de l’esclavage, des exils forcés et des occupations coloniales » – sonne comme un appel à l’action. L’ambition : faire du droit global et des outils onusiens les piliers d’une compensation équitable et durable.
Des normes pour réparer, des actions pour prévenir à Genève
Sous l’égide des délégations sud-africaine, ghanéenne, togolaise et caribéenne, les discussions ont esquissé les contours d’un cadre normatif robuste. Interdiction de la servitude moderne, protocoles judiciaires pour protéger les rescapés, stratégies pour démanteler les chaînes économiques héritées de la traite humaine : le chantier est vaste. En plus, une attention particulière a été portée aux femmes et aux enfants, souvent en première ligne des violences invisibles.
Mais au-delà des textes, l’humain reste au cœur des préoccupations : campagnes de sensibilisation, formations des acteurs de terrain, soutien psychosocial pour panser les traumas intergénérationnels. La coopération transfrontalière est apparue comme un levier essentiel pour contrer les formes contemporaines d’exploitation.
Le Togo en éclaireur : une réconciliation sans rancune
Le ministre togolais des Affaires étrangères, le professeur Robert Dussey, a ouvert les débats avec une allocution captivante . Aux côtés de Yackouley Kokou Johnson, il a rappelé les racines profondes de cette quête de justice, saluant ainsi les avancées récentes : la Déclaration d’Accra (2023), la résolution de l’Union africaine (février 2025), et le sommet caribéen d’Addis-Abeba (septembre).
« Ce processus n’est pas une accusation, mais une invitation à une mémoire partagée », a-t-il affirmé, soulignant aussi l’engagement du Togo dans une démarche inclusive. En témoignent les préparatifs du neuvième congrès panafricain, prévu à Lomé du 8 au 12 décembre, conçu comme un catalyseur d’actions concrètes.
Des panels pour passer de l’indignation à l’impact
Dans la foulée, les tables rondes ont exploré les instruments juridiques existants : compensations financières, restitution des biens culturels, thérapies collectives. Par ailleurs, la Déclaration de Durban, référence historique contre le racisme, a été invoquée comme un rappel des engagements non tenus.
Les intervenants ont été clairs : il est temps de quitter les discours pour les réalisations. États, organisations régionales et société civile doivent unir leurs forces. « Passons de l’indignation à l’impact », a lancé un paneliste, appelant à une mobilisation globale pour que les réparations ne restent pas lettre morte.
Une étape vers la dignité restaurée
À l’issue de cette journée intense, Genève a vibré entre gravité et espoir. Si les obstacles demeurent – divergences sur les modalités, résistances politiques – mais l’événement marque un tournant. Il dessine les contours d’un droit international plus juste, où les cicatrices de l’esclavage ne dictent plus l’avenir des diasporas africaines.
En définitive, pour le Togo et ses partenaires, c’est une étape dans une odyssée plus vaste : celle d’une Afrique et d’une Caraïbe debout, fières et réconciliées. Reste à voir si les Nations Unies sauront transformer ces aspirations en victoires durables. Le monde observe. Et l’histoire, elle, n’oublie pas.