Un agent des services d’immigration ghanéens a été tué et un autre grièvement blessé lors d’une embuscade à la frontière avec le Togo. Ce drame relance les inquiétudes sur la sécurité dans les zones frontalières et appelle à une coopération renforcée entre Accra et Lomé.
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Accra, 5 novembre 2025 — Un coup de feu fatal a brisé la nuit dominicale près de la ligne invisible qui sépare le Ghana de son voisin togolais. Dimanche 2 novembre, vers 20 heures, une embuscade tendue par des assaillants armés a coûté la vie à un agent des services d’immigration ghanéens, tandis que son collègue lutte toujours pour sa survie dans un état critique. En effet, l’attaque, survenue à Nagani, dans le district de Tempane (nord-est du pays), a transformé un banal retour de mission en cauchemar, ravivant les inquiétudes sur la porosité frontalière et les dérives sécuritaires qu’elle engendre.
Une embuscade ciblée, un bilan lourd
Les deux fonctionnaires, de retour de Pulimakom après une ronde de contrôle, ont été pris pour cible par un commando non identifié. Selon les premiers éléments de l’enquête menée par la police locale, les tireurs ont surgi de l’obscurité, semant la panique sur cette artère poussiéreuse, souvent empruntée par les patrouilleurs. L’un des agents, vétéran de 42 ans originaire de la région, a succombé sur place à ses blessures par balle. Par conséquent, les secours ont évacué d’urgence son partenaire, grièvement blessé à l’épaule et à la jambe, vers l’hôpital de Bawku, où les médecins s’efforcent de stabiliser son état.
« C’est une perte immense pour nos équipes, car elles risquent déjà leur peau au quotidien pour sécuriser nos frontières », a confié un porte-parole des services d’immigration, la voix nouée par l’émotion.
Une zone sensible, théâtre de trafics et de tensions
De plus, cette agression s’inscrit dans une série d’attaques qui frappent régulièrement le corridor frontalier entre Tempane et le Togo. Les trafiquants y acheminent bois précieux, armes légères et migrants clandestins, transformant ainsi cette zone sensible en point chaud. Des groupes armés, parfois liés à des réseaux transnationaux, y multiplient les incursions et sèment l’insécurité. Bien que des sources sécuritaires évoquent un possible mobile lié à une vendetta locale ou à un règlement de comptes douanier, elles n’excluent pas l’hypothèse d’une attaque plus structurée.
Le ministère de l’Intérieur ghanéen a réagi par un communiqué laconique : « Nous renforçons immédiatement les patrouilles mixtes avec nos homologues togolais », promettant ainsi une traque sans relâche.
Un agent abattu : une alerte régionale sur les failles de sécurité
Au-delà du deuil qui frappe les familles et les rangs des forces de l’ordre, cet événement brutal jette une lumière crue sur les failles persistantes de la vigilance aux confins ouest-africains. C’est pourquoi des experts en sécurité régionale appellent à une accélération des protocoles conjoints entre Accra et Lomé, inspirés des modèles de la CEDEAO, pour contrer l’escalade des violences.
« Les frontières ne sont pas des lignes sur une carte, mais plutôt des veines vitales de nos économies ; les laisser vulnérables, c’est inviter le chaos », alerte le Dr. Ama Serwah, analyste à l’Institut des Études Stratégiques d’Accra.
Par ailleurs, au Parlement ghanéen, des voix s’élèvent pour réclamer une session d’urgence afin de réviser les budgets alloués à la protection frontalière. Surveillance par drones, échanges d’informations en temps réel, formations croisées : les élus exigent que la coopération bilatérale passe de la rhétorique aux actes.
Un agent abattu : une riposte attendue, une paix à reconstruire
Finalement, tandis que les funérailles de la victime se préparent dans un climat de recueillement tendu, le Ghana et le Togo promettent une riposte unie. Mais dans les villages comme Nagani, où l’écho des rafales hante désormais les nuits, une question lancinante exige une réponse : combien de vies encore sacrifierons-nous pour que la paix revienne aux portes de ces terres partagées ?
L’Afrique de l’Ouest, habituée aux soubresauts, attend des réponses.
