Politique




La Ve République togolaise sous le feu des critiques citoyennes

À Lomé, la Ve République togolaise, présentée comme une refondation institutionnelle, suscite une vague d’indignation populaire. Accusé de verrouiller le…

À Lomé, la Ve République togolaise est critiquée pour sa concentration du pouvoir et ses dérives autoritaires. Le régime de Faure Gnassingbé fait face à une contestation citoyenne croissante, sur fond de précarité et de verrouillage politique. Google

À Lomé, la Ve République togolaise, présentée comme une refondation institutionnelle, suscite une vague d’indignation populaire. Accusé de verrouiller le pouvoir autour d’un cercle restreint, le régime de Faure Gnassingbé fait face à une contestation croissante, entre cumul de mandats, dérives autoritaires et précarité sociale. Tandis que les autorités vantent une modernisation du système, la société civile et les observateurs internationaux dénoncent une démocratie en trompe-l’œil.

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Lomé, 4 novembre 2025 – Dans les rues animées de Lomé, un vent de contestation souffle sur le régime de Faure Gnassingbé. Amplifiées par les réseaux sociaux et des rassemblements sporadiques, les voix citoyennes dénoncent un verrouillage du pouvoir orchestré par une élite politique jugée intouchable. Sous la bannière de la Ve République, présentée comme une refondation institutionnelle, beaucoup voient se consolider un système dans lequel les mêmes figures monopolisent les leviers de l’État, au mépris des aspirations populaires.

Depuis son accession au pouvoir en 2005, Faure Gnassingbé, fils du général Eyadéma, a vu son entourage se resserrer en une caste accusée de confisquer les postes clés. Des analystes pointent une gouvernance circulaire où les mandats se cumulent : des ministres siégeant à l’Assemblée, des élus locaux occupant des portefeuilles stratégiques, des sénateurs promus à des fonctions exécutives. Des cas emblématiques, comme Kodjo Adedze ou Sélom Klassou, illustrent cette rotation endogame qui, pour les critiques, frôle le scandale.

« Ce n’est pas de la gouvernance, c’est un jeu de chaises musicales pendant que le bas peuple trime pour un bol de riz », lâche un jeune commerçant de Lomé, dans un café bondé d’Adidogomé.

 

 Concentration des pouvoirs et paralysie institutionnelle

 

Cette accumulation de fonctions, théoriquement proscrite par les standards démocratiques, engendre des conflits d’intérêts flagrants et bloque toute émergence de nouveaux profils, y compris au sein du parti au pouvoir, l’Union pour la République (UNIR). Résultat : une paralysie administrative dénoncée par le World Justice Project, qui classe le Togo au 111ᵉ rang mondial en matière d’État de droit. Par ailleurs, les indicateurs sur la limitation du pouvoir exécutif et la lutte contre la corruption s’effondrent, révélant une érosion autoritaire des contre-pouvoirs.

 

 

Une réforme institutionnelle contestée

 

Face aux critiques, les autorités togolaises défendent la Ve République, entrée en vigueur en avril 2025, comme une modernisation salutaire. Le nouveau régime parlementaire, avec un président du Conseil des ministres élu par ses pairs – poste désormais occupé par Faure Gnassingbé sans limite de mandat –, est présenté comme garant de stabilité. En plus, des campagnes de sensibilisation vantent les mérites d’un système inspiré de modèles européens, censé favoriser une gouvernance plus fluide et inclusive.

Mais ces arguments peinent à convaincre. Les manifestations de juin, réprimées dans le sang, et les interdictions répétées de rassemblements civils dressent un tableau plus sombre. Une opposition fragmentée, souvent en exil, continue de dénoncer ce qu’elle qualifie de « coup d’État constitutionnel ».

 

Une dynastie sous surveillance internationale

 

La concentration du pouvoir autour de la famille Gnassingbé, au sommet depuis 1967, n’échappe pas aux observateurs internationaux. Des médias comme l’AP ou la BBC évoquent les signes d’un autoritarisme déguisé, où les proches du président – souvent issus de l’armée ou de cercles diplomatiques bienveillants – verrouillent l’accès aux ressources. D’ailleurs, le pillage présumé des fonds publics et une dette extérieure croissante maintiennent le pays en bas du classement régional en matière de développement humain.

« Les Togolais sont livrés sans défense à une répression qui ne dit pas son nom », alerte un rapport récent, dénonçant une justice instrumentalisée au profit de l’exécutif.

 

 Une société civile en résistance

 

Face à ce mur institutionnel, la société civile togolaise ne baisse pas les bras. Entre harcèlement judiciaire et exils forcés, des coalitions comme le Front « Touche pas à ma Constitution » appellent à une refondation par le bas. Des voix anonymes, relayées par les ondes pirates, insistent : le changement ne viendra pas d’un recyclage au sommet, mais d’une mobilisation populaire.

Alors que Faure Gnassingbé consolide son pouvoir sous un nouveau titre, une question hante Lomé : combien de temps encore cette minorité intouchable pourra-t-elle défier les aspirations d’un peuple épuisé ? Les élections législatives de 2026 pourraient bien être le baromètre d’un tournant… ou le signal d’une nouvelle boucle infernale.

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