Lomé, capitale de l’allaitement en Afrique : 12 pays francophones s’unissent pour un avenir plus sain
Lomé, 30 juillet 2025 – Dans les couloirs animés du Centre hospitalier universitaire Sylvanus Olympio, un élan d’espoir prend forme. Du 29 juillet au 1ᵉʳ août 2025, la capitale togolaise accueille un atelier régional inédit visant à relancer l’Initiative Hôpital Ami des Bébés (IHAB). Réunissant des experts, soignants et décideurs de 12 pays francophones d’Afrique, cet événement marque un tournant dans la promotion de l’allaitement maternel, un geste simple mais vital pour offrir aux nouveau-nés un départ optimal dans la vie.
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Allaitement maternel : L’Afrique francophone se mobilise pour un départ idéal
Organisé sous l’égide de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), de l’UNICEF, de l’Irish Aid et du Fonds Français Muskoka, cet atelier régional ambitionne de transformer les pratiques dans les maternités africaines. Les 12 nations participantes – dont le Togo, le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Tchad et trois autres pays francophones – s’engagent à faire de l’allaitement maternel une priorité nationale. L’objectif est clair : promouvoir un environnement hospitalier favorable à l’allaitement, renforcer les compétences des professionnels de santé et garantir un accompagnement bienveillant aux mères.
L’IHAB, lancée en 1991 par l’OMS et l’UNICEF, repose sur les « Dix étapes pour un allaitement réussi », un cadre éprouvé qui améliore les taux d’allaitement exclusif et réduit la mortalité infantile. Selon l’UNICEF, un allaitement initié dans l’heure suivant la naissance peut réduire jusqu’à 20 % le risque de décès néonatal. Pourtant, dans la région africaine, seuls 2 des 42 pays comptent plus de 50 % de naissances dans des établissements labellisés « Amis des Bébés », un constat qui souligne l’urgence de cette initiative.
Des objectifs ambitieux pour des vies sauvées
Pendant quatre jours, les participants – sages-femmes, pédiatres, responsables politiques et représentants d’organisations internationales – échangent sur les stratégies pour intégrer les Dix étapes dans les systèmes de santé. Ces étapes incluent la formation des soignants, la mise en place de politiques écrites sur l’allaitement, l’encouragement du contact peau à peau dès la naissance et la limitation des substituts au lait maternel, sauf en cas de nécessité médicale. L’atelier met également l’accent sur la lutte contre les pratiques commerciales agressives des fabricants de lait infantile, en conformité avec le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel.
« Soutenir l’allaitement maternel, c’est investir dans la santé, l’équité et le développement durable », a déclaré le représentant de l’OMS au Togo lors de l’ouverture de l’atelier. Il a ajouté : « Chaque mère mérite un accompagnement respectueux et sans jugement pour nourrir son enfant. Cet atelier est une étape clé pour faire des maternités africaines des lieux où la vie commence dans les meilleures conditions. »
Le Togo, locomotive de l’allaitement maternel en Afrique
Le choix de Lomé comme hôte de cet atelier n’est pas anodin. Le Togo, qui a vu son taux d’allaitement exclusif progresser de 10 points en une décennie, selon le Rapport mondial sur l’allaitement 2023 de l’UNICEF, s’impose comme un modèle dans la région. Le pays a déjà labellisé plusieurs établissements, comme le CHU Sylvanus Olympio, et ambitionne d’étendre l’IHAB à toutes ses maternités d’ici 2030. Cet engagement s’inscrit dans la stratégie nationale de santé maternelle et infantile, soutenue par des partenaires comme le Fonds Muskoka, qui finance des initiatives pour réduire la mortalité maternelle et néonatale dans neuf pays francophones, dont le Togo.
L’atelier de Lomé se distingue par son approche participative. Des sessions pratiques permettent aux soignants de perfectionner leurs techniques d’accompagnement, tandis que les décideurs explorent des moyens d’intégrer l’IHAB dans les politiques nationales. De plus, des échanges d’expériences, comme ceux menés au Bénin avec la méthode des soins mère-kangourou, ou au Sénégal avec des campagnes communautaires, inspirent de nouvelles approches pour surmonter les barrières culturelles et logistiques.
Un enjeu vital : L’allaitement, pilier de la santé mondiale
L’allaitement maternel, bien plus qu’une pratique traditionnelle, est un levier de santé publique. Selon l’OMS, il pourrait sauver plus de 820 000 enfants de moins de 5 ans chaque année s’il était universellement adopté. En effet, il protège les nourrissons contre les infections, favorise leur développement cognitif et réduit les risques de maladies chroniques pour les mères, comme le cancer du sein ou les maladies cardiovasculaires. Cependant, des obstacles persistent : manque de formation des soignants, pressions commerciales des industriels du lait infantile et normes culturelles qui découragent l’allaitement exclusif.
Le soutien de partenaires comme l’Irish Aid et le Fonds Muskoka, qui finance des projets de santé maternelle et infantile depuis 2010, est crucial. En Côte d’Ivoire, par exemple, le Fonds a permis de sauver 3 888 bébés prématurés grâce aux soins mère-kangourou entre 2019 et 2023. Au Togo, des initiatives similaires, couplées à des campagnes de sensibilisation, ont permis de réduire la prévalence du retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans.
Feuille de route pour l’avenir : Une nouvelle ère pour les bébés africains
En clôture de l’atelier, le 1ᵉʳ août, les participants adopteront une feuille de route régionale pour accélérer la mise en œuvre de l’IHAB. Ce plan inclura des engagements précis : formation continue des soignants, renforcement des systèmes de suivi et mobilisation de financements pour labelliser davantage d’établissements. Le Togo, en accueillant cet événement, envoie un message fort : l’allaitement maternel est une priorité non négociable pour bâtir des sociétés plus saines et équitables.
Finalement, En regagnant leurs pays, les délégations emporteront un élan renouvelé et des outils concrets pour transformer leurs maternités. À Lomé, ces quatre jours d’échanges auront posé les bases d’un mouvement qui, en soutenant chaque mère et chaque nouveau-né, aspire à changer la vie de millions d’enfants à travers l’Afrique francophone. C’est une promesse de santé et d’espoir qui se concrétise, un pas de géant vers un avenir où chaque enfant africain aura le meilleur départ possible dans la vie.