SANTÉ PUBLIQUE : 2000 chirurgies gratuites lancées au Togo contre la cataracte. Une campagne nationale financée par la BID pour restaurer la vue des populations vulnérables d’ici fin novembre.
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Lomé, 20 octobre 2025 – Le Togo est engagé dans une course contre la cécité évitable. En effet , le pays a lancé fin de semaine dernière une ambitieuse campagne nationale visant à réaliser 2000 chirurgies oculaires gratuites d’ici fin novembre. Financée par la Banque islamique de développement (BID) à hauteur de 50 millions de FCFA, cette opération cible la cataracte – première cause de cécité dans le pays – et d’autres affections oculaires. Concrètement, l’objectif est de restaurer la vue et l’autonomie des populations rurales et âgées, souvent sans accès aux soins spécialisés.
Un fléau statistique : près de 60 000 cas non opérés
Le défi est de taille. En effet, selon une étude récente (ARCE), près de 40,8 % des Togolais âgés de 50 ans et plus souffrent d’une déficience visuelle bilatérale, dont plus de 60 % sont attribuables à la cataracte.
« On estime aujourd’hui à environ 60 000 le nombre d’yeux atteints de cataracte non encore opérés dans notre pays, » alerte le Dr Yawo Sefofo Prempe, coordonnateur du Programme national de santé oculaire (PNSO). « Par conséquent, restaurer la vue, c’est redonner l’autonomie, permettre le travail et renforcer les liens familiaux. »
De surcroît, au Togo, comme dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, la cataracte – une opacification du cristallin due à l’âge, aux UV ou à la malnutrition – reste la première cause de cécité réversible. Sans intervention, elle mène à une dépendance totale, aggravant ainsi la pauvreté et l’isolement social.
2000 chirurgies : déploiement ciblé dans les cinq régions
L’initiative, lancée à Tsévié (à 40 km de Lomé), vise une répartition équilibrée des 2000 interventions pour garantir une couverture nationale :
- Région des Savanes (650 cas) : priorité donnée aux zones sahéliennes, très exposées.
- Régions Plateaux et Centrale (750 cas) : pour atteindre les reliefs centraux et les communautés isolées.
- Régions Maritime et Kara (600 cas) : couvrant la capitale Lomé et ses environs, ainsi que le nord du pays.
De plus, ces interventions, menées par des équipes médicales spécialisées, incluront non seulement l’ablation de la cataracte mais aussi le traitement d’autres pathologies oculaires (glaucome, rétinopathies). Les patients bénéficient d’un parcours complet et gratuit : consultations préopératoires, opérations sous anesthésie locale et suivi post-chirurgical avec distribution de lunettes adaptées.
Témoignages et vision stratégique pour 2027
Dans une perspective à long terme, cette campagne s’inscrit dans un plan stratégique actualisé pour la période 2025-2027, adopté en août dernier. Ce plan met l’accent sur la formation des soignants locaux et la sensibilisation communautaire.
« Nous visons une réduction de 30 % des cas de cécité évitable d’ici 2027, » ambitionne le PNSO, en partenariat avec des ONG internationales et la BID.
Des témoignages recueillis sur place soulignent l’urgence de cette action, comme celui de Maman Afi, 68 ans, qui attend son tour :
« Ma vue s’est voilée il y a cinq ans. Sans cette opération gratuite, je ne pourrais plus cultiver mon champ ni voir mes petits-enfants sourire. »
Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle à un droit à la vue pour tous, le Togo marque un point d’avance en Afrique de l’Ouest. En conclusion, cette campagne, complétant les efforts antérieurs du ministère de la Santé, pourrait aussi prévenir des milliers de cas et devenir un modèle régional d’investissement ciblé en santé publique.