Togo : le Mouvement M66 appelle à une nouvelle manifestation, mais depuis l’étranger, ses leaders attisent les flammes.
Lomé, 12 août 2025 – Alors que le Togo reste sous haute tension, le Mouvement du 6 juin (M66) a lancé un nouvel appel à manifester pour le 30 août. Depuis l’étranger, ses leaders exhortent les Togolais à descendre dans la rue, malgré l’interdiction des marches publiques et un lourd bilan humain lors des précédentes mobilisations . Cette annonce, vibrante mais controversée, soulève des questions sur la responsabilité de ceux qui incitent à l’action sans en subir les dangers.
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Des revendications élargies dans un contexte explosif
Le M66 a proclamé que le 30 août serait une journée de mobilisation nationale, promettant un « rugissement unifié » du peuple togolais. Cette fois-ci, les revendications du mouvement se sont élargies. En plus de la démission du président Faure Gnassingbé, du retour à la Constitution de 1992 et de la libération des prisonniers politiques, le groupe exige désormais un accès intégral et sans entrave à Internet. Cependant, ces demandes, bien que légitimes pour beaucoup, s’inscrivent dans un climat où les manifestations sont strictement prohibées, exposant les participants à des risques majeurs.
M66 : Un passé de répression sanglante
Les mobilisations précédentes du M66, en juin dernier, ont laissé des cicatrices profondes. Selon la société civile, ces rassemblements ont causé sept morts, des vagues d’arrestations et de violences brutales. Pourtant, les enquêtes officielles traînent, laissant les familles des victimes sans réponses. Dans ces conditions, alors que les leaders du M66, installés confortablement à l’étranger, appellent à défier de nouveau les autorités, beaucoup s’interrogent : qui paiera le prix de ces affrontements ? Les citoyens ordinaires, poussés à l’action, risquent de se retrouver une fois de plus dans une situation périlleuse.
Internet : une arme à double tranchant
Depuis plusieurs semaines, le Togo ralentit délibérément l’accès à Internet, dans ce qui ressemble de plus en plus à une manœuvre de contrôle politique. De nombreux observateurs dénoncent une volonté claire d’étouffer les appels à manifester. Les premières cibles de ce ralentissement sont les plateformes comme TikTok, Facebook et YouTube, ce qui complique sérieusement la communication des activistes sur le terrain.
Face à cette censure numérique, le Mouvement du 6 juin (M66) brandit l’exigence d’un accès libre à Internet comme un pilier de son combat. Mais cette revendication soulève une contradiction flagrante : ses porte-parole, bien à l’abri à l’étranger, continuent d’utiliser ces mêmes réseaux pour mobiliser la rue, sans jamais s’exposer aux répressions qu’ils encouragent. Une stratégie à distance qui interroge sur la sincérité de leur engagement et sur le prix que paient ceux qui, eux, n’ont pas le luxe de l’exil.
Le M66 : un appel à la mobilisation entre espoir et désillusion
Le M66, dans son communiqué, martèle que « le peuple uni ne sera jamais vaincu ». Mais cette rhétorique enflammée, portée depuis l’exil, contraste avec la réalité des Togolais sur le terrain. D’ailleurs, en l’absence d’enquêtes sur les violences passées et face à l’interdiction des marches, la responsabilité des leaders du M66, qui appellent à la mobilisation sans risquer leur propre sécurité, interroge profondément. Le peuple togolais, las de la situation, suivra-t-il l’appel de ces leaders à l’abri à l’étranger, ou fera-t-il preuve de prudence pour ne pas mettre sa vie en danger ?