Togo : Quand l’obstination des marcheurs défie l’autorité, un pari risqué pour la mémoire et la justice
Lomé, 4 août 2025 – Dans un climat où l’entêtement se drape parfois d’idéaux, la détermination d’une frange de la société civile togolaise à braver l’interdit soulève une question brûlante : jusqu’où peut-on défier l’État sans se brûler les ailes ? À Lomé, les organisateurs d’une marche déclarée hors la loi, portés par l’ONG Novation Internationale, persistent à vouloir fouler le pavé le samedi 9 août 2025. Leur audace, qualifiée par certains de courage et par d’autres de témérité suicidaire, met en lumière un bras de fer dont les véritables perdants risquent d’être ceux qui suivent, et non ceux qui appellent.
LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ
Hommage aux victimes ou provocation politique ? La marche qui fait peur
Malgré deux veto clairs du ministère de l’Administration territoriale, les organisations de la société civile (OSC) restent inflexibles. Leur objectif est double : rendre un hommage vibrant aux victimes des manifestations violemment réprimées en juin dernier, tout en dénonçant l’impunité qui, selon elles, gangrène le pays. Le parcours prévu est un tracé chargé de symboles, qui partira à 11 heures de Bè Gakpoto Yéssouvito, serpentera par les artères d’Aklassou et de Bè-Hédjé, pour s’achever au Parc Lavista. Ces quartiers, marqués au fer rouge par les heurts de juin, portent encore les stigmates d’une répression qui aurait fauché sept vies, selon les OSC. Le gouvernement, pour sa part, conteste ce bilan et brandit la promesse d’une enquête, restée jusqu’ici lettre morte.
Justice à double tranchant : Qui paiera le prix de cette confrontation ?
Cette mobilisation n’est pas qu’un simple recueillement. En effet, elle se veut un étendard brandi pour éprouver la solidité des droits constitutionnels, notamment celui de manifester sans crainte. Mais derrière cet élan mémoriel, certains y voient une épreuve de force, un pari audacieux pour jauger la tolérance du pouvoir face à la dissidence. Les organisateurs, drapés dans leur quête de justice, savent-ils qu’ils jouent avec le feu ? Car pendant que les meneurs tracent les plans, ce sont souvent les marcheurs, parfois mal informés des enjeux véritables, qui paient le prix fort dans les rues.
Enquêtes évanescentes : Quand la parole de l’État s’évanouit
Au Togo, les engagements d’investigation ont un goût d’éphémère. Annoncées dans l’urgence pour apaiser les esprits, elles s’évaporent souvent sans laisser de trace. Une voix issue d’une ONG locale résume cet état de fait avec une métaphore cinglante : « Ici, les enquêtes sont comme des portes que l’on ouvre en fanfare… mais que l’on oublie de franchir. » Cette défiance envers les institutions alimente la colère des OSC, qui y voient un mépris pour les victimes et une négation des aspirations populaires.
Le 9 août, l’heure de vérité : Le Togo face à ses fractures ?
Si la cause semble noble, le refus obstiné de plier face aux interdictions interroge. L’entêtement, loin d’être un étendard de patriotisme, pourrait se muer en une danse périlleuse sur un fil tendu. Dans ce bras de fer, les instigateurs, souvent à l’abri, laissent les foules exposées aux aléas d’une répression dont l’histoire récente a montré la brutalité. Cette marche, entre hommage sincère et défi politique, risque de devenir un miroir des fractures togolaises : un peuple en quête de vérité, des autorités arc-boutées sur leur autorité, et des leaders dont les intentions pourraient coûter cher à ceux qui croient en eux. En somme, le 9 août 2025 marquera un tournant décisif : soit un élan de justice, soit un nouvel écho tragique d’un conflit inutile. Reste à savoir qui sortira vainqueur de cette épreuve, et à quel prix.