Le couronnement de Faure Gnassingbé : une royauté masquée sous les lambris d’une république essoufflée
Ce 3 mai 2025, l’Assemblée nationale togolaise se prépare à un spectacle qui, sous d’autres cieux, passerait pour une cérémonie empreinte de gravité. Mais au Togo, où le régime et le peuple semblent vivre sur des planètes distinctes, la convocation des « élus » pour sacrer Faure Gnassingbé résonne comme une comédie aux accents amers. Couronnement, dites-vous ? Le mot est lâché, savoureux dans son audace, presque trop honnête pour un pouvoir qui préfère les euphémismes. Car ici, point de sceptre ni de couronne, mais une Assemblée docile, prête à entériner une dynastie qui, depuis 1967, règne sans partage sur une nation à bout de souffle.
3 mai 2025 : La Constitution, ultime acte de la dynastie togolaise ?
Pendant que les Togolais ploient sous un quotidien impitoyable — coût de la vie exorbitant, libertés publiques en lambeaux, détenus politiques derrière les barreaux, hôpitaux en ruine, routes défoncées, coupures d’électricité à répétition, eau potable devenue mirage, éducation en friche, corruption galopante, justice à deux vitesses —, le régime, lui, n’a qu’une obsession : parachever en fanfare l’édifice de la Ve République. Autrement dit, une république taillée sur mesure, où le suffrage universel direct, autrefois boussole d’une démocratie fragile, cède la place à un Parlement docile, entièrement soumis aux ordres. Ainsi, quelle ingénieuse pirouette pour garantir à Faure Gnassingbé, héritier d’un trône bâti par son père Gnassingbé Eyadéma, un règne sans fin !
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Sous les dorures de l’Assemblée, la souffrance d’un peuple : Togo, acte II de la monarchie déguisée
Le tableau est presque trop parfait dans son absurdité. D’un côté, un peuple qui rêve d’élire son président, de respirer librement, de voir ses enfants grandir sans la morsure de la misère. De l’autre, une élite retranchée dans ses palais, sourde aux clameurs, occupée à polir les dorures d’un système qui ne profite qu’à elle. De plus, la nouvelle Constitution, adoptée dans une précipitation suspecte et dénoncée comme un « coup d’État constitutionnel » par l’opposition, a scellé ce divorce. Désormais, le chef de l’État ne sera plus choisi par les citoyens, mais par des parlementaires dont le mandat, murmure-t-on, frôle déjà l’illégitimité. Une démocratie, vraiment ? Plutôt une monarchie déguisée, où le roi change de titre, mais jamais de visage.
Togo : Quand le palais célèbre son éternité, ignorant les rues brisées
Et pourtant, Faure Gnassingbé sait jouer les virtuoses sur la scène internationale. À l’ONU, lors du récent Sommet de l’Avenir, il discourait avec aisance sur la nécessité d’un monde plus juste, d’institutions réformées, d’un Togo en marche vers le progrès. Admirable aplomb pour un dirigeant dont le pays, vu de l’intérieur, ressemble davantage à une fresque d’espoirs brisés qu’à une vitrine de développement. Pendant ce temps, à Lomé, les citoyens scrutent l’horizon, guettant en vain l’électricité, l’eau, ou simplement un signe que leur voix compte encore.
Faure Gnassingbé : Sacre constitutionnel ou mascarade démocratique au Togo ?
Ce 3 mai, l’Assemblée nationale offrira donc son théâtre à cette étrange célébration, où le pouvoir s’autocélèbre tandis que le peuple, figurant muet, assiste à l’érosion de ses derniers rêves. Fascinant, en effet, ce ballet d’indifférence où un régime s’arroge l’éternité, laissant à ses sujets le privilège douteux d’applaudir leur propre effacement.