Le Président du Conseil togolais a pris part au 10ᵉ anniversaire du Processus d’Aqaba, co-présidé par la Jordanie et l’Italie. Première édition axée sur l’Afrique de l’Ouest, le sommet a été l’occasion pour Faure Gnassingbé de plaider pour une réponse collective, respectueuse et un financement international non punitif face à l’expansion du terrorisme.
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Rome, 16 octobre 2025 – Dans un appel vibrant à la solidarité internationale, le Président du Conseil togolais, Faure Essozimna Gnassingbé, a pris part mercredi 15 octobre au sommet du Processus d’Aqaba. Co-présidé par le Roi Abdallah II de Jordanie et la Première ministre italienne Giorgia Meloni, cette 10ᵉ édition – la première axée sur l’Afrique de l’Ouest – a réuni chefs d’État et experts pour forger une réponse coordonnée à l’extrémisme violent. Gnassingbé a structuré son intervention autour de trois convictions phares : une responsabilité partagée, une solution africaine intégrée et une bataille informationnelle globale.
Sommet d’Aqaba : une plateforme pour une paix « pragmatique et inclusive »
Ouvert sous les auspices de l’ONU, le sommet a mis l’accent sur les défis sécuritaires ouest-africains, des foyers terroristes sahéliens aux routes maritimes du golfe de Guinée. Articulés autour du Plan Mattei pour l’Afrique – l’initiative italienne de partenariat – les débats ont exploré les liens indissociables entre sécurité, développement et gouvernance. « Cette dixième édition ambitionne de promouvoir une réponse coordonnée, pragmatique et inclusive aux défis transnationaux », a résumé un communiqué, soulignant ainsi le rôle central de la consolidation de la paix.
Le Togo, en première ligne des menaces, s’est imposé comme un acteur clé. D’ailleurs, Gnassingbé, qui s’est entretenu en marge avec le Roi Abdallah II, a salué l’engagement italien et jordanien, tout en plaçant l’Afrique de l’Ouest au cœur des enjeux mondiaux.
Conviction 1 : une crise qui transcende les frontières
À l’ouverture de son discours, le Président togolais a dressé un tableau alarmant : expansion du terrorisme des zones sahéliennes vers les pays côtiers, reconfiguration des réseaux criminels et cybermenaces galopantes, où la propagande pullule en ligne.
« Ce qui fragilise l’Afrique de l’Ouest aujourd’hui affectera la stabilité internationale demain, » a-t-il averti, insistant sur le caractère global de la menace.
« La sécurité de l’Afrique de l’Ouest n’est plus un dossier strictement régional : elle croise nos souverainetés, nos économies. Ce combat, nous devons nécessairement le mener ensemble, parce que les groupes armés ne s’arrêtent pas aux frontières, et la déstabilisation nourrit la migration, » a-t-il martelé, appelant à une solidarité « cohérente et respectueuse. »
Conviction 2 : des moyens adaptés, sans le piège de la dette
Ensuite, face au « manque de moyens adaptés à l’échelle de la menace » – humains, technologiques et logistiques –, Gnassingbé a dénoncé les contraintes financières qui forcent également les États de première ligne à s’endetter pour leur défense.
« La sécurité est un bien public mondial. Il est temps d’en tirer les conséquences, y compris dans les règles d’accès aux financements. Aujourd’hui, nous ne pouvons financer notre sécurité qu’en creusant notre dette. On ne peut pas continuer à pénaliser ainsi la paix, » a-t-il lancé.
Pour lui, les dépenses sécuritaires doivent être reconnues comme des « investissements », au même titre qu’un barrage ou une école, appelant ainsi à une réforme des mécanismes de financement international pour des ressources prévisibles et non punitives.
Conviction 3 : une « guerre des esprits » au-delà des armes
Enfin, le leader togolais a élargi le champ de bataille :
« L’on ne gagne pas une guerre des esprits uniquement avec des fusils. La bataille se joue d’abord sur le champ de l’information. » Les groupes terroristes exploitent les failles ; la riposte doit donc être « collective et coordonnée », intégrant éducation, développement et cohésion sociale.
« Il s’agit aussi de ne plus réagir crise par crise. Notre action doit passer de la réaction à l’anticipation », a-t-il plaidé, liant sécurité et développement comme « les deux faces d’un même problème. » Il a aussi réclamé des partenaires internationaux « cohérents et respectueux, » pour une co-construction durable.
Sommet d’Aqaba :un plaidoyer africain pour une paix anticipative
Ce sommet, qui a réuni des dirigeants d’Afrique, d’Europe et du Moyen-Orient, s’est conclu sur un consensus : passer d’une gestion réactive à une anticipation inclusive, impliquant société civile et leaders religieux. Le Togo émerge renforcé, son plaidoyer pour une « solution à l’africaine » salué comme un guide pour la sous-région.
En conclusion, à l’issue des débats, Gnassingbé a réitéré l’engagement du Togo : « Sécurité et développement sont indissociables. » Un message qui, dans un contexte de tensions sahéliennes croissantes, pourrait aussi bien influencer durablement les agendas internationaux.