Lomé, carrefour de l’avenir : Claver Gatete au port pour propulser le Togo dans la ZLECAf
Le 13 mai dernier, le Port Autonome de Lomé, joyau maritime de l’Afrique de l’Ouest, a vibré d’une énergie nouvelle. En marge de la première Conférence sur la Dette de l’Union Africaine, tenue du 12 au 14 mai à Lomé, Claver Gatete, Secrétaire exécutif de la Commission Économique pour l’Afrique des Nations Unies (CEA), a foulé les quais de ce hub logistique, accompagné d’une délégation de haut rang. Cette visite, loin d’être anodine, a incarné une ambition audacieuse : positionner le Togo comme un pilier de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) à travers des investissements stratégiques, la digitalisation et des partenariats novateurs. Dans un contexte où l’Afrique redéfinit ses priorités économiques, ce moment marque un pas décisif vers un Togo moteur de l’intégration régionale.
Immersion au cœur d’un géant maritime : la visite inspirante de la CEA
En effet, sous un soleil éclatant, Claver Gatete, figure respectée pour son rôle d’ancien ministre des Finances au Rwanda et son expertise en développement, a exploré les installations du Port de Lomé, l’un des plus dynamiques de la CEDEAO. Ce dynamisme s’explique notamment par le fait qu’il est géré par Lomé Container Terminal (LCT), une joint-venture entre MSC et le groupe Bolloré.
LA SUITE APRÈS LA PUBLICITÉ
Le port a traité 1,7 million de conteneurs en 2024, selon les données de l’Autorité Portuaire. Avec ses 18 mètres de tirant d’eau, il accueille des méga-navires, faisant de Lomé un hub de transbordement incontournable pour les marchandises destinées à l’Afrique de l’Ouest et au Sahel. Sur place, la visite, qui a débuté à 14 h 30 dans la zone du terminal conteneurisé, a permis à Gatete d’apprécier les infrastructures modernes et les systèmes automatisés, fruits d’un investissement de 350 millions d’euros par LCT depuis 2012.
Digitalisation, énergie verte : les chantiers prioritaires pour booster la ZLECAf
Au-delà de la visite des installations, les discussions, menées avec les autorités portuaires et des représentants du ministère togolais de l’Économie Maritime, ont porté sur des axes stratégiques : renforcement des capacités logistiques, digitalisation des opérations, attraction d’investissements privés, partenariats régionaux et internationaux, et transition vers l’énergie verte.
« Le Port de Lomé est un moteur essentiel de la transformation économique du Togo », a déclaré Gatete, saluant son rôle dans la mise en œuvre de la ZLECAf, qui vise à créer un marché unique de 1,5 milliard de consommateurs. Cette vision a été relayée par un post de la CEA sur X, publié à 18 h 44 le 14 mai, qui a résumé l’enthousiasme de l’événement : « Le transport maritime est crucial pour la ZLECAf, et le Togo confirme sa volonté d’être une plateforme logistique régionale. »
Pourquoi le Port de Lomé est la clé de voûte de la ZLECAf
En effet, la ZLECAf, entrée en vigueur en 2021, représente une opportunité historique pour l’Afrique, avec un potentiel de croissance du PIB continental de 7 % d’ici à 2035, selon la Banque mondiale. Le Togo, grâce à sa position géographique et à son port, est idéalement placé pour devenir un corridor commercial majeur.
Pour illustrer ce rôle, en 2024, le pays a exporté 12 milliards de dollars de marchandises via Lomé, principalement vers le Burkina Faso, le Mali et le Niger, selon le ministère du Commerce. Par ailleurs, la digitalisation, un des axes phares évoqués lors de la visite, est déjà en marche : le Guichet Unique du Commerce Extérieur, lancé en 2018, a réduit les délais de dédouanement de 48 à 12 heures, un modèle que Gatete a cité comme « une référence pour l’Afrique ».
De plus, l’énergie verte, autre priorité, répond à l’urgence climatique. Le port, qui consomme 25 MW par an, explore des solutions solaires et éoliennes, avec un projet pilote soutenu par la Banque Africaine de Développement (BAD) pour installer 10 MW de panneaux solaires d’ici à 2026.
Ces initiatives s’alignent avec les recommandations de Gatete, qui, lors de la Conférence sur la Dette, a plaidé pour des instruments comme les obligations vertes et les swaps dette-climat, capables de financer des infrastructures durables tout en allégeant le fardeau de la dette africaine, estimée à 1,86 trillion de dollars en 2024.
Coopération renforcée pour l’intégration : projets concrets au service du continent
Au-delà de l’aspect stratégique, la visite de Gatete, qui s’est prolongée avec un tour du terminal frigorifique, a également été une occasion de renforcer les partenariats. La CEA s’est engagée à fournir une assistance technique pour optimiser les chaînes logistiques et harmoniser les normes douanières dans le cadre de la ZLECAf. En outre, des discussions avec des opérateurs privés, comme MSC, ont exploré des investissements dans l’automatisation et la formation, avec un projet de centre régional de formation portuaire à Lomé, financé par la BAD à hauteur de 15 millions d’euros. Ces efforts s’inscrivent dans la vision de la « Feuille de Route Togo 2025 », qui vise à faire du pays un hub logistique et industriel, avec la Plateforme Industrielle d’Adétikopé comme fer de lance.
La Conférence sur la Dette de l’UA : un contexte crucial pour l’avenir du financement
Il est essentiel de noter que dans ce même laps de temps, le contexte de la Conférence sur la Dette de l’Union Africaine, où plus de 500 délégués, dont le président Faure Gnassingbé et le président ghanéen John Mahama, ont adopté la Déclaration de Lomé le 14 mai, a amplifié l’importance de cette visite. Ce texte capital, salué comme une « position africaine unifiée » par Gatete, appelle à réformer l’architecture financière mondiale et à promouvoir des financements innovants, des priorités qui trouvent un écho dans les ambitions portuaires du Togo.
Un horizon prometteur : le port de Lomé, symbole d’une Afrique connectée
En guise de conclusion, en quittant le Port de Lomé, Claver Gatete a laissé derrière lui un message d’optimisme. « Le Togo montre la voie d’une intégration économique africaine dynamique », a-t-il écrit. En somme, cette visite, plus qu’une étape protocolaire, est un jalon dans la transformation du Togo en pivot régional. Alors que les navires continuent d’accoster et que les grues s’animent sous le ciel de Lomé, le port incarne un rêve collectif : celui d’une Afrique connectée, prospère et souveraine. Ainsi, avec la ZLECAf comme boussole et des partenariats comme carburant, le Togo s’élance, prêt à écrire une nouvelle page de l’histoire continentale.