Politique




Aamron : Une voix étouffée dans les murs de Zébé

Togo : le rappeur Aamron, voix de la jeunesse, interné Dans la chaleur étouffante de Lomé, où les rues résonnent…

Togo : le rappeur Aamron, voix de la jeunesse, interné

Dans la chaleur étouffante de Lomé, où les rues résonnent de la clameur populaire contre l’injustice, le sort du rappeur Aamron, Tchala Essowè Narcisse de son vrai nom, symbolise la lutte acharnée d’une jeunesse togolaise étouffée par un pouvoir inflexible. Dans la nuit du 26 mai 2025, des individus ont arbitrairement arrêté cet artiste de 38 ans, père de quatre enfants, et l’ont arraché à son foyer sous les yeux horrifiés de sa famille. Depuis, ils ont fait basculer son existence dans l’ombre inquiétante de l’hôpital psychiatrique de Zébé, le détenant loin des microphones qui portaient autrefois ses diatribes enflammées contre la mauvaise gouvernance. Une arrestation qui soulève de graves questions et amplifie la colère populaire.

Une interpellation choc d’Aamron : quand la justice bafoue les lois

C’est dans l’intimité de son domicile que la liberté d’Aamron s’est brisée, au mépris des lois togolaises qui sanctuarisent le domicile après 18 heures. En effet, cette intrusion nocturne, sans mandat, a été dénoncée comme une violation flagrante des droits fondamentaux par des voix aussi diverses que l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) ou la Diaspora Togolaise de Belgique. De fait, les accusations portées contre lui – des propos jugés « injurieux » envers une haute autorité – semblent n’être qu’un prétexte fallacieux pour museler un artiste dont les directs sur TikTok, suivis par des milliers de jeunes, égrenaient sans concession les maux profonds du Togo : la vie chère, le chômage endémique et l’emprise dynastique des Gnassingbé.

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Silence troublant et vidéo choc : la mise en scène d’une volonté brisée

Le 6 juin, une vidéo troublante est venue déchirer le silence assourdissant. Aamron, le regard éteint, y murmure des excuses aux autorités, évoquant des troubles psychologiques et un suivi médical. Cependant, pour ses proches et ses soutiens, cette déclaration, arrachée sous une pression invisible et indéniable, trahit une mise en scène cruelle et cynique. « Un homme brisé, contraint de plier », déplore un activiste sur X, tandis que la mère du rappeur, dans une vidéo émouvante, dément catégoriquement les rumeurs d’instabilité mentale. Par conséquent, l’opacité des autorités, muettes sur les raisons réelles de son internement, ne fait qu’alimenter l’indignation croissante et le sentiment d’arbitraire.

Une jeunesse assoiffée de changement : le moteur de la révolte

L’affaire Aamron n’est pas un cas isolé. Au contraire, elle s’inscrit dans une vague de répression qui frappe implacablement les voix dissonantes, des poètes aux journalistes, dans un Togo où la nouvelle Constitution, promulguée en mai 2025, a aboli l’élection présidentielle directe, consolidant ainsi le pouvoir de Faure Gnassingbé. Ce tour de vis institutionnel, perçu comme un stratagème pour pérenniser une dynastie au pouvoir depuis 1967, a attisé la colère d’une jeunesse urbaine, connectée et farouchement déterminée.

Aamron, avec ses rimes acérées et percutantes, incarnait cette révolte profonde. Son album Black Boys (2010), primé aux Togo Hip Hop Awards, avait déjà révélé un artiste engagé, revenu sur le devant de la scène après une parenthèse pour brandir le flambeau incandescent de la critique sociale. Aussi, son internement à Zébé, loin d’éteindre cette flamme, a galvanisé une mobilisation numérique et physique, portée par des figures courageuses comme Farida Nabourouma, qui dénoncent une « barbarie » d’État inacceptable.

Le silence du pouvoir : quand l’hôpital devient prison d’Aamron

L’hospitalisation forcée d’Aamron soulève des questions brûlantes sur l’usage de la psychiatrie comme un outil de répression politique, une pratique dénoncée avec véhémence dans d’autres contextes autoritaires. Alors que la société civile, de Lomé à Bruxelles, exige avec insistance sa libération aux côtés d’autres prisonniers d’opinion, le silence obstiné du pouvoir togolais résonne comme un aveu tacite de culpabilité. Dans les ruelles animées de Lomé, où les klaxons répondent aux appels à la résistance, Aamron devient bien plus qu’un rappeur : il est désormais un symbole puissant de la lutte pour la parole libre. Dès lors, combien de temps ses mots resteront-ils captifs des murs de Zébé ? La réponse, portée par une jeunesse indomptable, s’écrit déjà avec ferveur dans les rues, promettant de défier l’obscurité.

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