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Le remplissage du barrage de la renaissance de façon unilatérale pourrait envenimer les tensions (ministre égyptien AE)

Par Mohamed Fayed - Le remplissage du barrage de la renaissance par l'Ethiopie de façon unilatérale est de nature à…

Par Mohamed Fayed – Le remplissage du barrage de la renaissance par l’Ethiopie de façon unilatérale est de nature à envenimer les tensions et les conflits qui pourraient menacer la stabilité dans la région, a mis en garde le ministre égyptien des affaires étrangères, Sameh Shoukri.Intervenant lundi lors d’une visioconférence publique du Conseil de sécurité de l’ONU sur le conflit entre l’Ethiopie, l’Egypte et le Soudan autour de la mise en eau du grand barrage de la renaissance (GERD) de l’Ethiopie sur le Nil, le chef de la diplomatie égyptien a souligné que la question du barrage de la renaissance est très préoccupante pour le peuple égyptien, qui nécessite d’adhérer à l’esprit de coopération et de reconnaître que les nations « ne vivent pas dans des îles isolées, mais appartiennent tous à une communauté liée par un destin commun ».

Pour lui, le barrage éthiopien de la Renaissance, construit sur le Nil bleu pourrait mettre en danger la sécurité et la survie d’une nation entière en « la mettant en danger et en menaçant sa seule source de vie ».

En appréciant l’importance de ce projet gigantesque dans la réalisation des objectifs de développement du peuple éthiopien, « objectifs que nous soutenons du fait qu’il permet la production à grande échelle de l’énergie hydroélectrique, il est à souligner que cet ouvrage menace la présence de millions d’Égyptiens et de Soudanais.

Par conséquent, le remplissage et l’exploitation du barrage unilatéralement, sans parvenir à un accord comprenant les mesures nécessaires pour protéger les communautés dans les pays en aval et pour prévenir de graves atteintes à leurs droits, augmenteront les tensions et pourraient déclencher des crises et des conflits qui menacent la stabilité dans une région déjà en difficulté.

L’exploitation unilatérale de ce barrage géant peut avoir des effets sociaux et économiques dévastateurs qui affecteront tous les aspects de la sécurité humaine des Égyptiens, a-t-il prévenu.

Par conséquent, le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent déployer tous leurs efforts et soutenir toute initiative qui pourrait contribuer à « éliminer ce danger imminent et à accroître cette menace imminente ».

« Nous lançons un appel au Conseil de sécurité pour qu’il exhorte les parties à négocier de bonne foi pour parvenir à un accord sur le barrage de la Renaissance et à s’abstenir de toute mesure unilatérale jusqu’à la conclusion de cet accord », a-t-il lancé.

Le projet éthiopien de méga-barrage sur le Nil bleu suscite des tensions régionales, notamment avec l’Égypte qui dépend à 97% du fleuve pour son approvisionnement en eau.

Avec ses 6.695 kilomètres, le Nil est, à égalité avec l’Amazone, le plus long fleuve du monde et une source d’approvisionnement en eau et énergie hydraulique vitale dans une région d’Afrique largement aride.

Le bassin du Nil couvre plus de trois millions de km2, soit 10 % de la superficie du continent africain. Il s’étend sur dix pays : Burundi, République démocratique du Congo, Égypte, Éthiopie, Kenya, Ouganda, Rwanda, Soudan du Sud, Soudan et Tanzanie. Son débit annuel est estimé à 84 milliards de m3.

Le Nil Bleu, qui prend sa source en Éthiopie, rejoint le Nil Blanc à Khartoum pour former le Nil qui traverse le Soudan et l’Égypte avant de se jeter en Méditerranée.

Lancé en 2011 par l’Éthiopie pour un montant de 4 milliards de dollars, le projet vise à construire le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique, avec une capacité de production de plus de 6.000 mégawatts.

Situé sur le Nil Bleu, à une trentaine de kilomètres de la frontière soudanaise, le Grand barrage de la Renaissance (GERD) est long de 1,8 kilomètre et haut de 145 mètres.

L’Éthiopie veut commencer la mise en service du barrage et remplir son réservoir dès juillet, avec ou sans l’accord de l’Égypte et du Soudan.

L’Égypte, pays aride de près de 100 millions d’habitants, dépend du Nil pour environ 97 % de ses besoins en eau, y compris pour son agriculture.

Le Caire évoque un « droit historique » sur le fleuve, garanti par une série de traités depuis 1929. A l’époque, l’Égypte avait obtenu un droit de veto sur la construction de projets sur le fleuve.

En 1959, après un accord avec Khartoum sur le partage des eaux, l’Égypte s’attribue un quota de 66 % du débit annuel du Nil, contre 22 % pour le Soudan.

Mais, en 2010, un nouveau traité est signé par les pays du bassin du Nil, en dépit de l’opposition de l’Égypte et du Soudan. Il supprime le droit de veto égyptien et autorise des projets d’irrigation et de barrages hydroélectriques.

L’Éthiopie, puissance régionale émergente, pour qui le projet est essentiel à son développement, affirme que le barrage ne perturbera pas le débit de l’eau.

L’Égypte s’inquiète, elle, du rythme de remplissage du réservoir géant du GERD, d’une capacité de 74 milliards de m3. Si le réservoir est rempli sur une période courte, l’écoulement de l’eau du Nil à travers l’Égypte pourrait fortement baisser.

Après neuf années de blocage dans les négociations, les États-Unis et la Banque mondiale ont parrainé à partir de novembre 2019 des discussions visant à trouver un accord, qui ont échoué.

Le 20 juin, alors que des négociations qui avaient repris se trouvaient au point mort, Le Caire a appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à intervenir. L’Égypte considère ce projet comme une menace « existentielle » et le Soudan a mis en garde contre des « grands risques » pour la vie de millions de personnes.

Tout en se disant disposée à conclure un accord, l’Éthiopie a confirmé samedi son intention de commencer à remplir le réservoir du barrage « dans les deux prochaines semaines ».

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