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Comment le coronavirus se propage aux multinationales

Importatrice vorace de matières premières, usine du monde, grande consommatrice de luxe et de voyages.... La Chine est incontournable d'un…

Importatrice vorace de matières premières, usine du monde, grande consommatrice de luxe et de voyages…. La Chine est incontournable d’un bout à l’autre des chaînes de production des multinationales, désormais bouleversées par l’épidémie de coronavirus.

Ogre des matières premières

Une chute de 0,3 point de croissance cette année de la deuxième économie mondiale aurait un impact presque identique (-0,2 point) sur l’ensemble de la croissance mondiale, a indiqué Deutsche Bank. Autant dire que les pays exportateurs de matières premières seraient directement touchés par le ralentissement de l’activité du géant asiatique. Selon l’assureur-crédit Coface, le géant asiatique absorbe près de 14% de la production mondiale de pétrole. L’action du géant pétrolier saoudien Aramco a d’ailleurs perdu la plupart des gains réalisés depuis son introduction à la Bourse de Ryad en décembre.

La Chine engloutit aussi près de 40% de la production mondiale de métaux. Avec des usines chinoises au ralenti, les multinationales minières sont forcément exposées: l’australien BHP, plus grand producteur mondial de minerais, a prévenu que la demande de matières premières qu’il produit pourrait être affectée, à moins que l’épidémie ne soit contenue d’ici à fin mars. Certains pays, à l’image du Chili, qui extrait presque un tiers du cuivre mondial, sont exposés. Des répercussions sont aussi à craindre pour les produits agroalimentaires, ainsi le soja, dont le Brésil est premier producteur mondial.

Usine du monde

Depuis une trentaine d’années, la Chine est devenue l’usine du monde. Elle est incontournable pour la production de téléphones portables, d’écrans plats, d’ordinateurs, de pièces détachées pour les voitures et de nombreux autres objets. L’agence Fitch a revu à la baisse sa notation de « tous les fabricants de composants électroniques », directement touchés par la fermeture de nombreuses usines en Chine. Apple a fait état de difficultés d’approvisionnement en iPhones, fabriqués en Chine.

Le groupe français d’équipement et services énergétiques Schneider Electric, dont l’usine de Wuhan n’a toujours pas redémarré, a estimé à 300 millions d’euros les pertes attendues au premier trimestre.

Le géant danois du transport maritime AP Moeller—Maersk s’attend à un début d’année « faible » du fait d’une fermeture plus longue que d’habitude des usines en Chine.

Du côté de l’automobile, Fiat Chrysler a annoncé l’arrêt provisoire de son usine de Kragujevac en Serbie « à cause d’un manque de disponibilité de certains composants en provenance de Chine ». Le japonais Toyota et l’allemand Volkswagen ont dû interrompre la production dans leurs usines d’assemblage. Le sud-coréen Hyundai a, lui aussi, dû interrompre sa production.

L’épidémie provoquée par le coronavirus peut aussi entraîner des problèmes d’approvisionnement de médicaments en Europe car une « grande partie » des « principes actifs pharmaceutiques » est fabriquée en Asie, a prévenu l’Académie française de pharmacie.

Consommatrice avide

Au fil des années, avec l’émergence d’une classe moyenne, la Chine passe progressivement d’une économie de production à celle de consommation. Ce marché de plus d’un milliard d’habitants est devenu incontournable. Apple, déjà perturbé par l’épidémie au niveau de ses approvisionnements, souffre aussi en bout de chaîne puisque la demande pour ses produits, dont les Chinois sont friands, baisse.

Des chaînes comme Starbucks, pour qui la Chine est le second marché mondial, y ont fermé de nombreux points de vente. L’équipementier sportif Adidas a vu ses activités en Chine reculer de 85% sur un an depuis la fin janvier.

L’industrie du luxe est secouée. Kering (Gucci, Yves Saint Laurent, etc) a enregistré une forte baisse de ses ventes en Chine continentale et la maison d’habillement Burberry a averti d’un « impact négatif important ».

Le secteur du tourisme est directement concerné par la mise en quarantaine de douzaines de villes chinoises et l’interdiction des voyages organisés de Chinois vers l’étranger. Selon les chiffres de la Coface, les touristes chinois dépensent chaque année 130 milliards de dollars dans le monde.

Le trafic aérien a également subi les effets de l’épidémie. Plusieurs compagnies aériennes, dont Air France, British Airways, Air Canada, Lufthansa ou Delta, ont suspendu leurs vols vers la Chine continentale. Air France-KLM a d’ailleurs estimé jeudi entre 150 et 200 millions d’euros le manque à gagner dû à la suspension des vols du groupe vers la Chine de février à avril.

Dans le secteur du tourisme, le groupe hôtelier Accor a indiqué avoir fermé 200 hôtels sur les 370 que compte son réseau en Chine et à Hong Kong.

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