L’esport africain, au-delà des clichés

Malgré sa professionnalisation, la pratique des jeux vidéo se heurte à des préjugés tenaces sur le continent noir.« Les gamers ne sont pas sociables ». Une étiquette parmi tant d’autres qui colle à la peau des adeptes de jeux vidéo. « Etant un joueur professionnel, je m’entraîne très dur pour atteindre mes objectifs. Je passe néanmoins de bons moments avec ma famille et mes amis. C’est un équilibre de vie à trouver », affirme Papa Adama Fally Thiam dit Addexx.

Dans le monde, un certain nombre d’idées préconçues entourent le gaming. Ces stéréotypes ont un effet dissuasif sur son acceptation par la société. En Afrique, bien plus qu’en Occident, le jeu vidéo est connoté négativement.

« Certains pensent que c’est uniquement pour les enfants. On cherche toujours à voir le mauvais côté des choses, mais notre génération a appris à parler l’anglais et a acquis des connaissances historiques grâce aux jeux vidéo », rétablit Baba Dioum, président de l’Association sénégalaise des gamers (Sengames).

Ce trentenaire sait de quoi il parle. Cofondateur de Solo esport, l’unique club professionnel au Sénégal, il a grandi au milieu des consoles dans une famille où même les parents s’octroyaient des moments de détente. « Les joueurs sont monsieur et madame tout le monde. Nous avons beaucoup de cadres. Il y a aussi des profils dont la vie tourne autour de l’esport », argumente le spécialiste des Technologies numériques.

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Au siège de Sengames, niché dans un quartier résidentiel de Dakar, une panoplie d’activités vidéoludiques sont proposées aux adhérents. Pour une catégorie d’enfants, c’est un lieu de socialisation. « Ils sont peut-être nés dans des familles qui les gardent un peu trop à la maison. Avec Fortnite par exemple, ils peuvent discuter avec d’autres Sénégalais de leur âge qui jouent au même moment. Il y a des classifications par âge. Un enfant ne peut pas jouer à tout », souligne M. Dioum.

L’esport, c’est-à-dire la pratique compétitive des jeux vidéo, participe également à faire tomber les clichés : « On avait un joueur de 16 ans qui devait participer à un tournoi en Côte d’Ivoire. Sa mère n’était pas d’accord au début. Quand son fils a reçu un chèque d’un million F CFA qui récompense ses performances, elle a changé d’avis ainsi que toute la famille », se souvient-il. L’adolescent en question allie aujourd’hui sport et études.

Créée en 2010, la communauté des gamers du Sénégal se fortifie avec notamment des mariages entre membres. « Cela est formidable », commente Baba Dioum, avant de lister des vertus de sa passion.

« Scientifiquement prouvé, il permet de gérer le stress. Quand la planète était en confinement à cause de la Covid-19, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommandait le gaming pour lutter contre la dépression. Il canalise les émotions
 et développe la créativité. Pour de nombreux designers et graphistes, il offre à voir d’autres images, couleurs… », détaille le manager de Solo esport.

Athlétisme : le Meeting de Dakar fait son grand retour

L’évènement sportif se tiendra le 25 juin prochain à l’annexe du stade du Président Abdoulaye Wade de Diamniadio.Après sept ans d’absence, le Meeting de Dakar va reprendre ses droits. L’évènement regroupera plus d’une quinzaine de nations africaines ainsi que la France et les Etats-Unis. Au total, quelque 150 athlètes vont s’affronter dans 15 disciplines.

Trois objectifs majeurs sont poursuivis pour ce meeting en bronze : avoir de la visibilité à travers un événement propre à la Fédération Sénégalaise d’Athlétisme (FSA), chercher de la performance pour les athlètes locaux et permettre à l’instance faîtière d’avoir des ressources additionnelles pour financer la discipline qui « est au creux de la vague ».

À en croire le président de la Commission d’organisation, Amadou Dia Ba, « toutes les dispositions sont prises pour le bon déroulement de l’évènement ». L’unique médaillé olympique dans l’histoire du Sénégal a ajouté que la compétition gardera le label « Meeting de Dakar » malgré sa délocalisation dans la nouvelle ville de Diamniadio située à une trentaine de kilomètres de la capitale sénégalaise.

Timor Port s’équipe en portiques et remorqueurs

Les équipements réceptionnés sont dotés des dernières technologies.Le 16 mai 2022, Timor Port, filiale de Bolloré Ports, a réceptionné deux remorqueurs, deux portiques de quais et quatre portiques de parc pour la concession du port en eaux profondes de Tibar Bay. Cette livraison a été acheminée sur un navire semi-submersible spécialisé dans le transport de portiques.

Les deux nouveaux portiques de quai vont permettre au nouveau Port du Timor de décharger des navires porte-conteneurs de grande capacité avec une rapidité de manutention accrue.

Les quatre portiques de parc avec pour leur part sont des engins de manutention de 30 mètres de haut, qui assurent le chargement, le déchargement et le rangement des conteneurs sur la place portuaire.

Les remorqueurs sont des équipements conçus pour effectuer des opérations de remorquage portuaire. Ils assistent les grands navires lors de leurs entrée et sortie du port, ainsi que leur accostage. D’une longueur de 30m, ces remorqueurs acquis pour Timor Port sont dotés d’un système de propulsion qui permet de pousser et de tirer les navires.

« La mise en service de ces deux remorqueurs, ces deux portiques de quais et quatre portiques de parc va nous permettre de véritablement lancer l’activité de ce nouvel ensemble portuaire et d’accompagner nos clients. Ils participent également à notre ambition de faire de Tibar Bay un hub de transbordement et une porte d’entrée maritime non-négligeable de la zone Asie-Pacifique », a déclaré Laurent Palayer, Directeur général de Timor Port.

Les équipements réceptionnés sont dotés des dernières technologies qui intègrent un système de contrôle de pointe et un système d’alimentation électrique de nouvelle génération permettant de réduire considérablement les émissions de CO2 mais aussi la consommation d’énergie. Outre les constructions aux normes environnementales pointues du futur port, les nouveaux équipements participent au processus de labellisation Green Terminal destiné à réduire l’empreinte carbone des activités.

Olivier de Noray, Directeur général Ports et Terminaux de Bolloré Ports souligne que « ces équipements qui seront pour la première fois déployés au Timor-Leste vont permettre de traiter des navires de grande capacité, avec des cadences de chargement et de déchargement supérieures à celles observées sur le port actuel de Dili ». 

 « La réception de ces premiers équipements est une étape majeure du projet de construction de ce nouvel ensemble portuaire qui comprend un terminal à conteneurs et est ainsi doté des meilleurs équipements permettant d’en faire un hub de transbordement. Cette infrastructure vise à améliorer la desserte logistique du Timor-Leste », a-t-il poursuivi.

Confié à Bolloré Ports en 2016 au terme d’un appel d’offres international, ce projet représente un coût total de 490 millions de dollars sur une durée de 30 ans, soit le plus important jamais réalisé au Timor-Leste avec un partenaire privé.

Transition au Mali : le chérif de Nioro désavoue Imam Dicko

Vingt-quatre heures seulement après la sortie de l’Imam Mahmoud Dicko indexant « l’arrogance » des militaires, le chérif de Nioro, Bouyé Haïdara, a défendu dans son sermon du vendredi 27 mai la junte, appelant les Maliens à rester unis derrière les autorités de la transition.Dans son dernier prêche, le chérif du cercle de Nioro-du-Sahel, dans la région de Kayes (ouest), a soutenu ouvertement les autorités de la transition. Il prend le contre-pied de l’Imam Mahmoud Dicko, leader des manifestations contre le régime de l’ex-président IBK, qui avait critiqué « l’arrogance » des militaires au pouvoir.

Cette sortie de Bouyé Haïdara, l’un des hommes les plus écoutés du pays, constitue un soutien de taille pour le colonel Assimi Goïta et ses hommes. Les autorités de transition sont confrontées à des crises multiformes depuis que la Cedeao a prononcé, en janvier dernier, de lourdes sanctions contre le Mali.

« Aucun pays n’aime être humilié ou vilipendé par une autre puissance quelconque, quelle que soit la richesse ou la diplomatie de cette dernière. Moi, Bouyé, ma position reste intacte face à ces dirigeants tant qu’ils continuent à sauver l’honneur et la dignité des Maliens. Nous avons été humiliés aux yeux du monde entier à travers nos propres dirigeants », a déclaré le guide religieux, de son vrai nom Mohamed Ould Cheiknè Ahmed Hamaoulah Haïdara.

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Pour lui, le Mali doit rester debout et faire bloc malgré les difficultés. « Aujourd’hui, notre pays connaît un régime militaire qui donne un nouvel élan et une nouvelle dignité à son peuple. Raison pour laquelle je réitère, une fois de plus, mon soutien et mon accompagnement à cette transition. Et je demande à mes fidèles et sympathisants de soutenir cette transition », a martelé le fils du saint Cheiknè Hamaoulah, fondateur du Hamallisme, une branche du soufisme ouest-africain qui compte des millions d’adeptes.

Cette sortie du chérif de Nioro tranche nettement avec les dernières déclarations de l’Imam Mahmoud Dicko, considéré par certains comme le nouveau chef de l’opposition malienne. Le peuple malien est « pris en otage » et il est en train de « mourir à petits feux » sous l’effet de « la propagation jihadiste et des pénuries provoquées notamment par les sanctions internationales », avait-il déclaré, le 26 mai 2022, lors de la 22ème édition du Forum de Bamako.

L’Imam Dicko avait aussi pointé du doigt « l’arrogance » des militaires qui sont à couteaux tirés avec la Cedeao sur la durée de la transition. « Le peuple malien est pris en otage par un gouvernement arrogant, je dis bien arrogant ! Et la Communauté Internationale, par leur orgueil, pense que le peuple malien doit être maintenu dans cette situation, mourir à petit feu, assailli par la famine, par l’insécurité, par le jihadisme qu’on n’arrive pas à contrôler, qu’on ne cherche pas à solutionner… »

L’influent imam, principal artisan de la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta, n’avait pas épargné la classe politique malienne presque réduite au silence face « aux dérives de la junte ». « C’est extrêmement grave : une classe politique moribonde, qui ne bouge pas, qui n’existe plus, une société civile qui a cessé d’exister, il faut le dire, et on est trimbalé, le peuple, entre des gens qui veulent une transition indéfinie (la junte) (et) des gens qui ont des principes (Cedeao) », avait-il fustigé.

Côte d’Ivoire : Charles Blé Goudé reçoit son passeport à la Haye

L’ancien ministre Charles Blé Goudé, co-accusé de Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale (CPI), a reçu lundi à la Haye son passeport ordinaire, plus d’un an après son acquittement.Charles Blé Goudé a reçu son passeport des mains de l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire aux Pays-Bas, M. Hamza Sallah, en présence de Issiaka Konaté, le consul général de la Côte d’Ivoire en France.

Il a été acquitté de même que son mentor, l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, en mars 2021, par la CPI des charges de crimes contre l’humanité perpétrés lors la crise post-électorale de 2010 – 2011, qui avait fait plus de 3.000 morts.

Laurent Gbagbo qui avait reçu en premier son passeport, avait devancé celui que l’on surnommait dans la galaxie Gbabgo, « le Général de la rue ».

Toutefois, Charles Blé Goudé devra se départir de la justice ivoirienne qui l’avait condamné en décembre 2019 à 20 ans de prison, pour actes de torture, homicides volontaires et viol.

Laurent Gbagbo avait été aussi condamné à 20 ans de réclusion criminelle, dans l’affaire de « braquage de la BCEAO ». Avec son passeport, Charles Blé Goudé pourrait regagner son pays en dépit de cette condamnation.

Sénégal : les enseignants en grève, Macky Sall chez le khalife

Les nouvelles perturbations de l’école publique nées des incompréhensions sur le système de rémunération des enseignants et la visite du président de la République au khalife général des mourides sont les principaux sujets traités par les quotidiens sénégalais parvenus lundi à APA.Sud Quotidien titre sur le retour de la crise à l’école sénégalaise, à moins de trois semaines des examens de fin d’études primaires : « Etat et syndicats en prolongation ». Le journal note qu’une rencontre est « envisagée ce jour, lundi, entre le ministre de la Fonction publique et les syndicats pour arrondir les angles et sauver les évaluations de fin d’année ».

EnQuête constate aussi la rupture d’accord entre les enseignants et le gouvernement avant de présenter « le document du +malentendu+ ».  Soulignant qu’une réunion de comité de suivi est prévue aujourd’hui « pour lever les équivoques », le quotidien signale tout de même que « l’attitude des syndicats d’enseignants est regrettable et surprenante aux yeux du gouvernement ».

A propos de la visite du khalife général des mourides à Dakar, Le Soleil note que le président Macky Sall promet « un poste de santé et une morgue pour la mosquée » Massalikoul Jinaan. Mais avant de terminer sa visite hier dans la capitale sénégalaise, le guide religieux a « prôné le retour vers l’agriculture ».

En outre, Vox Populi titre sur « le meeting religieusement politique de Mbackiyou » Faye, le représentant du khalife à Dakar, lors de la visite du chef de l’Etat auprès de ce dernier. « Demandez-lui tout ce que vous voulez, tout ce qu’il nous dira, on le fera. S’il demande qu’on vous soutienne, il en sera ainsi », a dit Mbackiyou Faye.

Au même moment, Macky Sall a indiqué à Jeune Afrique une phrase polémique sur son éventuelle candidature pour un troisième mandat : « Mon travail de président est loin d’être achevé ». Ainsi, L’AS note que « Macky Sall charme la communauté mouride ».

Côte d’Ivoire: le Guémon abritera la Journée nationale de la paix

Le ministre ivoirien de la Réconciliation et de la cohésion nationale, Kouadio Konan Bertin « KKB » a annoncé l’organisation de la journée nationale de la paix, prévue chaque 15 novembre, dans la région du Guémon (Ouest).M. Kouadio Konan Bertin s’exprimait vendredi à l’occasion d’une rencontre avec les populations, les chefs coutumiers, les autorités politiques et administratives de la région du Guémon (Duékoué), se félicitant qu’ils soient « venus au rendez-vous de la paix, du pardon et de l’oubli ».   

L’année dernière, Yamoussoukro a accueilli la journée nationale de la paix. « Cette année, le 15 novembre, je vais proposer au président de la République qu’on vienne célébrer la fête de la paix ici dans le Guémon », a assuré le ministre de la Réconciliation et de la cohésion nationale.   

Il a rappelé que chaque 15 novembre, le pays célèbre la journée nationale de la paix et c’est même leur fils Émile Constant Bombet, alors ministre de l’Intérieur qui a institué cette journée de la paix, et cela fait « la 25e année qu’elle a été célébrée ».   

« Cette fois, ce n’est pas la journée de la paix seulement, c’est la journée nationale de la paix, du pardon et du souvenir » qui sera célébrée,  a-t-il fait savoir, disant être venu écouter les populations sur ce que l’Etat doit faire pour apaiser les coeurs de ceux qui vivent dans la région.

Dans cette optique, il a relevé que durant une semaine, ses équipes sont venues pour les écouter afin de préparer ces festivités. De plus, il a passé une semaine pour également recueillir leurs besoins relatifs à une paix définitive. 

Rassurant avoir entendu et pris bonne de ce qu’ils ont sur le coeur, le ministre de la Réconciliation et de la cohésion nationale, a indiqué qu’il ira proposer au gouvernement des actions pour que la paix ait un ancrage fort dans le Guémon.  

Après cette rencontre avec les peuples Wê dans le Guémon, il a souligné qu’il envisageait d’écouter ceux dans la région du Cavally. En outre, il se rendra en France parce qu’il y a des Wê qui y sont et qui l’ont invité le 4 juin pour les écouter en vue d' »une réconciliation définitive ». 

Ici dans la région, « je n’ai pas de position à donner, mais j’ai remarqué qu’il y a trop de manipulation ici à Duekoué, trop de manipulation, et le premier mal qui ronge le Guémon, c’est la manipulation et tout le monde fait de la manipulation: on va mettre fin à cela », a-t-il déclaré. 

« Nous allons faire rejaillir la vérité ici à Duekoué, la vérité qui rassemble, la vérité qui unit, qui nous met ensemble », a-t-il poursuivi, faisant observer que c’est le respect mutuel qui envoie la cohésion, l’entente et la paix dans une région. 

Il n’a mas manqué de mentionner que ce sont les hommes politiques qui sont pour la plupart à l’origine de leurs divisions. C’est pourquoi, aux chefs, il a sans ambages, martelé qu' »un vrai chef d’un village, c’est celui qui est capable de dire la vérité à tous ses enfants ». 

« Quand quelqu’un est dans le faux, il faut le lui dire », a-t-il conseillé,  tout en invitant les cadres de la région à se réconcilier, car « on a fait l’expérience de la guerre, la guerre sème la désolation et la guerre n’apporte rien ».

Le destin de la Côte d’Ivoire,  c’est d’être une terre d’espérance, alors les Ivoiriens, lancera-t-il,  doivent s’apprêter à emprunter le train de la paix, parce que « la guerre a fait des veuves, des orphelins et des handicapés, mais ce n’est pas une fatalité ». 

« Je suis confiant qu’on va s’en sortir (…). Dans ce qui est arrivé, il ne faut pas chercher à accuser quelqu’un parce que nous sommes tous fautifs », a soutenu le ministre ivoirien, disant avoir beaucoup d’émotions face à ces femmes aussi jeunes, veuves du fait de la guerre. 

« Si nous voulons nous réconcilier et revivre encore ensemble, que chacun de nous oublie ce que nous avons vécu. Il faut donner l’occasion à chacun de dire ce qui est dans son ventre et apporter la réparation en reconnaissant les tors des uns et des autres », a-t-il estimé. 

La guerre a fait rage dans l’Ouest ivoirien lors de la grave crise postélectorale de 2010-2011 qui a fait selon les autorités plus de 3 000 morts dans le pays. M. Bertin Kouadio Konan a appelé les autochtones et les allogènes à ne jamais se détourner de la paix.   

« Les risques liés à l’usage abusif des drones armés » (Chercheure)

Chargée de recherche au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité, basé à Bruxelles, Solène Jomier a répondu aux questions de APA sur l’utilisation des drones dans les conflits armés.Les drones armés sont devenus monnaie courante dans l’arsenal de guerre de beaucoup de pays. Qu’est ce qui explique le recours à cette arme ?

Il faut relativiser cette notion de « monnaie courante ». Les drones sont présents parmi l’arsenal de nombreux pays, mais les drones équipés d’armes létales, dits « drones armés », n’en sont qu’une infime partie. Sur 193 pays reconnus à l’ONU, environ une vingtaine, 26 selon l’observatoire « Drone Wars », possèdent un ou plusieurs drones armés. Le nombre de pays capables de les produire est encore plus réduit. Ceux capables de les exporter sont une poignée. Il s’agit d’un marché appelé à connaitre une croissance significative dans les prochaines années.

Les forces armées recourent aux drones car ceux-ci apportent un avantage comparatif sur le terrain : ils sont plus discrets que des avions de chasse, peuvent être mobilisés plus rapidement et sur des plus longues périodes, et ne nécessitent pas de mettre en danger la vie de troupes au sol ou celle du pilote. Ils viennent donc apporter une capacité d’action différente à l’éventail d’options déjà à la disposition des militaires. En d’autres termes, ils ne sont pas plus ou moins décisifs que d’autres armes, ils proposent simplement des modalités d’action différente.

En Afrique, des pays s’intéressent de plus en plus à ce genre d’équipements militaires dans la guerre contre les nouvelles menaces, notamment jihadistes. A votre avis, peuvent-ils être décisifs ?

Les drones armés impliquent une dimension létale. C’est-à-dire qu’on élimine physiquement des personnes et on détruit des infrastructures.

Mais le terrorisme et le djihadisme en particulier s’inscrivent dans des dynamiques politiques et sociétales complexes qui nécessitent des réponses multidimensionnelles et transversales. On est donc loin de mettre fin à ces phénomènes en se confinant à l’outil militaire.

Par ailleurs, l’usage dont en font les forces militaires est ambivalent. Une frappe de drone peut viser des individus qui représentent des menaces directes pour les États et leurs populations. La menace terroriste (et djihadiste) est bien réelle et ne doit pas être minimisée ici. Mais la lutte contre le terrorisme est également utilisée par certains États comme une forme de répression contre toute forme d’opposition politique.

Une telle pratique remet en cause la légitimité des États à recourir à la violence et à justifier leurs actions. Elle crée un climat de défiance au sein des populations. Celles-ci peuvent craindre d’être visées à tout moment par ces armes furtives, puissantes et qui semblent frapper sans distinction. Paradoxalement, cet écueil peut nourrir la popularité des mouvements terroristes et djihadistes dans ces pays, où ils sont perçus comme une forme de résistance à un État oppresseur.

Quels sont les risques liés à l’usage abusif des drones armés?

Sans même parler d’abus, les drones armés facilitent le recours à la puissance de feu comme réponse à un problème sécuritaire donné. Il devient plus simple pour une force armée d’éliminer les menaces, plutôt que de mobiliser d’autres outils de terrain, comme l’interpellation par exemple.

La multiplication des appareils à la disposition des États et donc de leur recours soulève des questions majeures en termes de risques associés.

Tout d’abord, il faut souligner un risque majeur de tuer des civils et des personnes innocentes, quel que soit le contexte. Le recours aux drones armés participe à l’érosion de la protection des civils, portant atteinte à une valeur fondamentale du droit international. Dans son rapport sur l’« Utilisation de drones armés pour des assassinats ciblés » publié en 2020, Agnès Callamard, rapporteuse spéciale de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires, pointait du doigt les lacunes majeures des États en matière d’identification des cibles des frappes de drones, ce qui conduit à une multiplication des risques d’erreurs et d’exécutions arbitraires. En d’autres termes, l’usage des drones armés est associé à des victimes collatérales. Leur proportion est régulièrement sous-évaluée par les États selon les ONGs.

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Cela interroge sur la proportionnalité de ces frappes : Tuer les suspects est-il la réponse la plus adaptée ? Le coût humain, en particulier en termes de victimes collatérales, est-il acceptable au regard des bénéfices sécuritaires ?

Il faut également rappeler l’opacité autour des frappes de drones. Beaucoup ne sont pas revendiquées ouvertement par les États les conduisant, ce qui complique l’enquête, l’examen des responsabilités, l’imputabilité des personnes commettant des exactions et limite l’accès à la justice pour les victimes et leurs familles. Par ailleurs, certains États conduisent des frappes de drones armés sur des territoires étrangers sans demander l’autorisation du pays où la frappe est menée. Ces frappes ont souvent lieu en dehors d’une situation de guerre ouverte, ce qui pose problème sur le plan du respect de la souveraineté nationale.

Pour plus d’informations sur les écueils en matière des respects des droits humains et de la transparence, vous pouvez consulter ma publication https://grip.org/wp-content/uploads/2021/04/NA_2021-05-19_FR_SJ-drones-armes-RW.pdf

En Afrique, quels pays mènent la danse dans ce marché et quels sont ses points forts par rapport aux autres ?

À ce stade, les pays africains éprouvent des difficultés significatives à structurer une chaine de production complète et autonome de drones armés opérationnels. Autrement dit, personne ne produit actuellement à grande échelle ses propres drones armés en Afrique. Il faut comprendre que l’armement de drones militaires est une étape extrêmement pointue qui demande une maitrise très avancée de ce type de technologie, ainsi qu’un fort investissement pécuniaire, pour des résultats qui ne sont pas toujours au rendez-vous. Nombreux sont les pays qui développent des prototypes mais ne peuvent pas pousser plus avant leurs efforts, faute de capacités techniques et financières suffisantes. Sur le continent africain, c’est le cas de l’Afrique du Sud et de l’Algérie.

L’Afrique du Sud a testé un prototype armé en 2013, il s’agissait d’une variation du drone de surveillance « Seeker 400 » (développé par Denel Dynamics) équipée d’armes létales. Cependant, le pays ne semble pas avoir donné suite à ces efforts, se concentrant sur le développement de drones militaires de reconnaissance et de surveillance.

L’Algérie a affirmé en 2018 avoir utilisé avec succès des drones armés algériens dits « Djazair 54 » contre des caches d’armes terroristes. L’incertitude plane autour de ces appareils. L’Algérie affirme avoir produit localement ces appareils et les avoir équipés d’armes létales. Toutefois, la presse a mis en doute cette version des faits, estimant que l’Algérie n’est pas capable d’une telle production. Il s’agirait non pas d’un appareil produit entièrement par les Algériens, mais plutôt d’un appareil dérivé d’un modèle émirati, le « Yabhon 40 » qui est initialement un drone de reconnaissance et qui a été modifié pour l’occasion. Son opérabilité semble également très limitée puisque l’Algérie n’a fait que peu voire pas mention de cet appareil ces dernières années. Il s’agissait donc probablement d’un prototype utilisé pour une démonstration. À noter que l’Algérie a depuis fait acquisition de drones armés chinois (CH-3 et Ch4) ce qui soutient sa probable incapacité à produire localement.

À ce stade, les acteurs africains restent dépendants de l’offre étrangère et risquent de le rester pour les prochaines années.

Comment l’expertise locale africaine peut-elle renverser la tendance actuelle dominée par l’offre étrangère ?

Pour l’heure, le marché international des drones armés reste largement structuré autour de l’offre américaine. Les américains sont les précurseurs de ce domaine et possède la technologie la plus avancée. La Chine et la Turquie sortent également leur épingle du jeu. Israël possède des technologies reconnues en la matière mais n’a pas initié de commerce international. Les drones armés produits dans le pays vont renforcer les capacités de l’armée nationale.  

D’autres pays ambitionnent de produire voire d’exporter leurs drones armés, comme la Russie, l’Iran, l’Indonésie, la Corée du Sud, ou bien encore des pays européens (via le projet commun EuroMALE).

Étant donné les couts élevés de pénétration de ce marché, ainsi que sa très haute technicité, il y a pour l’heure peu de perspectives d’avenir pour une offre africaine.

Foot : les derniers espoirs de ballon d’or s’envolent pour Sadio Mané

Le Sénégalais ne sera probablement pas le deuxième africain à remporter le Ballon d’or européen après la défaite de Liverpool, en finale de la Ligue des champions, à Paris, contre le Real Madrid (1-0).Le bouquet final de la saison de football en Europe s’est joué ce samedi à Saint-Denis (Paris). Si les Reds de Liverpool, emmenés par  leurs Africains Sadio Mané et l’Egyptien Mohamed Salah, partaient avec la faveur des pronostics, les Espagnols du Real Madrid ont faire preuve d’un froid réalisme pour soulever leur 14e titre dans cette prestigieuse compétition du Vieux Continent.

L’unique but de cette finale a été inscrit par le Brésilien Vinicius sur un centre au cordeau de Valverde (58′). Le Real Madrid avait déjà fait trembler les filets dans les ultimes minutes de la première période, mais le but de Karim Benzema a été refusé par l’arbitre Clément Turpin pour une position de hors jeu.

KB9, auteur d’une saison aboutie, a remporté la Liga espagnole en terminant meilleur buteur du championnat (27 buts). En Ligue des champions, il a porté à bout de bras son club, surtout dans les matchs à élimination directe, terminant meilleur buteur de la compétition avec 15 réalisations. Ce cinquième C1 fait du Français le grandissime favori  pour le prochain Ballon d’or qui sera attribué en octobre prochain.

Sadio Mané, qui pouvait lui contester cette suprématie dans la plus prestigieuse des distinctions individuelles chez les footballeurs, a perdu du terrain et voit ses rêves de succéder à Georges Weah (1995) réduits à néant.

L’actuel président de la République du Libéria avait été couronné, il y a 27 ans, pour sa brillante saison entamée sous les couleurs du Paris Saint-Germain avant d’être terminée au Milan AC.

Pourtant, ils étaient nombreux les Africains à croire à l’étoile de Sadio Mané. L’attaquant des Lions de la Teranga, en plus de qualifier son pays pour une troisième participation en Coupe du monde au Qatar, avait donné au Sénégal sa toute première Coupe d’Afrique des nations de son histoire, en février dernier au Cameroun. En club, il a gagné cette année la coupe de la Ligue anglaise et la coupe d’Angleterre.

Convoité par de nombreux clubs dont le Real Madrid et le Bayern Munich, Mané pourrait se consoler avec le Ballon d’or africain. Mais il devra se défaire du gardien de Chelsea FC, son compatriote Édouard Mendy, auteur d’une grande saison également. Il égalerait ainsi Elhadji Ousseynou Diouf, l’autre star du football national qui a remporté deux fois cette distinction continentale.

Nigeria : une trentaine de morts dans une bousculade

Au Nigeria, 31 personnes ont trouvé la mort ce samedi 28 mai à l’occasion d’une distribution de nourriture, a appris APA de sources médiatiques.Le drame s’est produit dans la ville de Port Harcourt, État de Rivers, dans le sud du pays. Selon plusieurs médias, citant la police locale, de nombreux individus assistaient à une distribution de nourriture organisée par une église. Une bousculade a éclaté par la suite occasionnant ces victimes.

Plus grande économie d’Afrique de l’Ouest et la troisième en Afrique, le Nigeria se caractérise par de nombreuses inégalités au sein de sa population de près de 200 millions d’habitants. En 2021, un rapport de la Banque mondiale renseignait que l’inflation a fait basculer sept millions de personnes dans la pauvreté.

Selon le même rapport, le pays le plus peuplé du continent est entré en 2020 en récession du fait de la pandémie de la Covid-19 et de la chute des prix du pétrole, sa principale ressource, avant de renouer avec une faible croissance début 2021. « Le Nigeria fait face à des défis tels que l’inflation, le manque d’emplois et l’insécurité », notait alors le directeur-pays de la Banque mondiale pour le Nigeria, Shubham Chaudhuri.

Sénégal : Macky Sall annonce un audit après la mort de 11 bébés

Deux jours après la mort tragique de onze bébés dans un hôpital de Tivaouane, le président Macky Sall déclare avoir ordonné un audit de tous les services de néonatologie.Le chef de l’Etat sénégalais est arrivé vendredi après-midi dans la cité religieuse. Il est rentré précipitamment de Malabo, en Guinée équatoriale, où se tenait un sommet de l’Union africaine. Outre l’ouverture d’une enquête annoncée par le gouvernement, des mesures plus fortes étaient attendues de sa part après le décès dans un incendie de onze nourrissons à l’hôpital Mame Abdoul Aziz Sy.

« J’ai ordonné que l’ensemble des services de néonatologie puissent être audités » par l’Inspection générale d’Etat (IGE), a annoncé Macky Sall, s’exprimant sur la télévision publique RTS. D’après lui, cette enquête doit porter sur la construction, l’installation et les équipements des services de néonatologie des hôpitaux publics dans le but d’éviter de tels drames à l’avenir.

« J’ai le cœur meurtri », a confié le chef de l’État, qui a présenté ses condoléances aux familles des victimes ainsi qu’au khalife général des Tidianes, Serigne Babacar Sy. Dans sa déclaration d’une dizaine de minutes, il dit ne souhaiter revoir « plus jamais ça ».

« Je voudrais dire aux familles, aux parents, aux mamans en particulier, qu’elles ne seront pas seules dans le deuil. L’État restera à leur côté », a-t-il promis avant d’annoncer que l’hôpital de Tivaouane sera transformé en un établissement public de santé (EPS) de niveau 3.

Dans ce futur « hôpital à vocation nationale », les populations pourront recevoir « des soins spécialisés de haute technologie », a indiqué le chef de l’Etat, précisant que les travaux vont démarrer dans trois mois. Ainsi, les habitants de Tivaouane devraient bientôt assister à la concrétisation d’une vieille doléance puisque plusieurs notables de la ville avaient alerté sur l’état désastreux de l’hôpital, bien avant la survenue de cette tragédie.

Sahel : les drones peuvent-ils mettre fin au jihadisme ?

Le drone armé est devenu la nouvelle convoitise pour traquer les jihadistes au Sahel.Les 20 et 21 mai, un Iliouchine IL-76, immatriculé UR-FSE affrété par une compagnie ukrainienne a atterri à l’aéroport international de Niamey. Ce gros porteur avait à son bord un chargement bien particulier destiné au Niger.

Depuis novembre 2021, le président Mohamed Bazoum, arrivé au pouvoir sept mois plut tôt au pouvoir, a décidé de doter son armée de drones Bayraktar TB2 avant d’effectuer une visite de terrain à la firme Baykar au mois de mars 2022. Le Niger devient à cet effet, l’un des rares pays africains à accéder à cette nouvelle arme.

« Un système de drone armé se compose d’une console de contrôle au sol et d’un ou plusieurs appareils sans pilote (dits Unmaned Aerial vehicle – UAVs) équipés d’armes, le plus souvent de type missile ou bombe », décrit la chercheure Solène Jomier dans sa note d’analyse intitulée : « Le Marché international des drones armés : des ventes bourgeonnantes dominées par l’offre américaine », réalisée en novembre 2021 pour le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP), basé à Bruxelles.

Destiné à « démocratiser les frappes aériennes à moindre coût », comme l’explique à Apa le fabricant d’armes, Serigne Mactar Bâ, le drone armé est néanmoins une denrée rare. « Sur 193 pays reconnus à l’Onu, environ une vingtaine, 26, selon l’observatoire « Drone Wars », possèdent un ou plusieurs drones armés », précise Solène Jomier, dans une interview avec Apa.

Dominé par les Etats-Unis, le marché des drones s’est ouvert ces dernières années aux chinois suivis des turcs qui se sont lancés dans ce créneau en ciblant une clientèle moins fortunée dont des pays africains. « L’intérêt de certains pays africains pour les drones Bayraktar TB2, c’est qu’ils sont beaucoup moins chers que les drones Reapers américains, beaucoup plus faciles à manier et ont besoin d’une infrastructure logistique moindre », argumente Wassim Nasr, journaliste à France24 et spécialiste des mouvements jihadistes.

Selon le journaliste Jean Dominique Merchet, spécialiste des questions militaires, « un lot de 16 Repears (du constructeur américain General Atomics) avec tous leurs équipements et la formation des personnels, coûterait 1,5 milliards de dollars, soit 1,5 milliards d’euros. Soit, 72 millions d’euros par appareil ».

Le Niger qui est devenu le 14e pays acquéreur de ce système turc, n’a pas communiqué sur les conditions d’achat du lot de 6 appareils reçus de Baykar mais on sait qu’en 2019, l’Ukraine a acheté six systèmes Bayraktar TB2 à 69 millions de dollars. Donc, accessibles pour des pays au portefeuille modeste et faisant face à des défis sécuritaires importants.

Depuis quelques années, cet Etat sahélien est en guerre contre des jihadistes affiliés à l’Etat islamique ou à Al Qaïda qui opèrent dans la partie sud de son territoire. Cette crise sécuritaire qui s’enlise, avec ses victimes militaires et civiles, met le président Mohamed Bazoum et son gouvernement dans une position de recherche de solutions pour inverser durablement la tendance.

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C’est dans cette logique que s’inscrit l’acquisition de drones armés qui ont la particularité d’être plus discrets que les avions de chasse en sus de leur capacité d’être mobilisés rapidement sur de longues périodes en préservant la vie de troupes au sol ou celle du pilote. Ces caractéristiques ont permis à ces nouveaux types d’armement de faire leur preuve dans beaucoup de combats récents. « C’est le cas en Ukraine, entre les ukrainiens et les russes. En Libye, le recours à ce même type de drones a permis au gouvernement de l’Ouest de contrer l’offensive du maréchal Khalifa Haftar pour prendre Tripoli », rappelle Wassim Nasr.

Dans la lutte contre les groupes jihadistes, les pays sahéliens comme le Niger peuvent-ils espérer le même résultat ? Wassim Nasr pense que les efforts visant à s’équiper en drones pour les armées locales, est un pas vers l’indépendance tactique. Cependant, il reste dubitatif quant à l’efficacité du Bakratar TB2 contre les groupes insurrectionnels de type jihadiste même s’il estime qu’ils peuvent être efficaces pour « cibler des colonnes ou déplacements de jihadistes en motos ».

Héni Nsaibia invite à moins d’engouement autour de ces aéronefs sans pilotes. « L’arrivée récente des drones et leur utilisation émergente par les forces locales dans la région du Sahel suscitent beaucoup d’attentes et de nombreuses personnes pensent qu’en acquérant ces moyens, forces de leurs pays pourront surveiller, détecter et détruire les ‘terroristes’ à tout moment et à tout lieu », tempère ce chercheur sénior à l’ONG Armed Conflict Location and Event Data Project (ACLED). « Ce qui est plus important pour un drone, c’est de savoir où l’envoyer. C’est l’équivalent d’une lampe torche, armée ou pas, qui éclaire une cible précise », schématise l’auteur de l’ouvrage : « Etat islamique : le fait accompli ».

Ce préalable est important pour réduire le risque de bavures auquel s’expose ses utilisateurs. C’est d’autant plus nécessaire que des puissances militaires, malgré les nombreux succès enregistrés sur le terrain, n’ont pas toujours été exempts de reproche dans l’utilisation des drones contre des cibles présumées jihadistes au Sahel.

A titre illustratif, le 3 janvier 2021, la force française Barkhane, présente au Sahel depuis 2014, a mené une opération au village de Bounti, dans le centre du Mali, tuant 21 personnes qui assistaient à un mariage. Pour l’État-major des armées françaises, les individus neutralisés appartiennent à un groupe jihadiste. Une thèse affaiblie par l’enquête de la Division des droits de l’homme de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) qui n’a identifié que trois jihadistes appartenant à la Katiba Serma (JNIM) sur les 21 victimes. Dans cette opération, les renseignements ont été collectés par un drone Reaper MQ-9 alors que les frappes ont été l’œuvre de Mirages 2000.

Wassim Nasr cite l’exemple d’une frappe menée par les américains dans la foulée de leur retrait de l’Afghanistan en août 2021. Un individu supposé appartenir à l’Etat islamique, soupçonné de préparer un attentat a été ciblé par une frappe de drone qui a tué au passage des civils dont un enfant.

Ces épisodes mettent en évidence ce qu’Agnès Callamard relevait dans son rapport sur « l’utilisation de drones pour les drones armés pour des assassinats ciblés ». Selon Solène Jomier, ledit rapport « pointait du doigt les lacunes majeures des Etats en matière d’identification des cibles des frappes, ce qui peut conduire à une multiplication des risques d’erreurs et d’exécutions arbitraires. À cela s’ajoute « l’opacité autour des frappes de drone ». « Beaucoup ne sont pas revendiquées ouvertement par les Etats les conduisant, ce qui complique l’enquête, l’examen des responsabilités, l’imputabilité des personnes commettant des exactions et limite d’accès pour les victimes et leurs familles », soulève la chargée de recherche au GRIP.

Souvent au banc des accusés en termes d’exactions contre les civils, les armées africaines pourront-elles relever le défi de la transparence que nécessite l’usage des drones pour des résultats efficaces sur le terrain ? Rien n’est sûr.

Quoi qu’il en soit, Héni Nsaibia recommande de ne pas se fier « aux solutions-miracles pour mettre fin aux conflits qui durent depuis une décennie ». Le chercheur sénior à ACLED est plutôt favorable à une introspection sérieuse « impliquant une combinaison d’outils comprenant des opérations de contre-insurrection, des programmes de démobilisation et d’amnistie, le dialogue et le rétablissement du contrat social avec les populations ».

Olaf Scholz en Afrique: Greenpeace dénonce « l’agression des écosystèmes » du continent

Lors de la première étape de sa tournée africaine dimanche, le chancelier allemand a proposé d’aider à développer la production de gaz offshore au Sénégal « qui détruirait un récif corallien géant » selon l’ONG.Le projet développé par British Petroleum au large des côtes et auquel Berlin apporte son soutien « dégraderait encore plus l’environnement marin de l’Afrique de l’Ouest », alertent Greenpeace Afrique et Greenpeace Allemagne dans un communiqué parvenu vendredi à APA.

« L’exploration pétrolière et gazière dans nos océans pourrait compromettre davantage les moyens de subsistance des millions de personnes qui, ici, dépendent de la pêche, et elle va aggraver certainement le réchauffement de la planète », a déclaré le responsable de la campagne sur les océans pour Greenpeace Afrique, Dr Aliou Ba.

Il a ainsi invité l’Allemagne à multiplier les investissements dans les économies d’énergie et les énergies renouvelables propres.

« Chaque euro investi dans l’énergie fossile finance la prochaine sécheresse, inondation ou canicule – et les populations d’Afrique de l’Ouest sont exposées de manière disproportionnée à ces dangers. Le nouveau gouvernement allemand a reçu un mandat clair de son peuple pour s’affranchir des combustibles fossiles : ce mandat doit être appliqué à tous ses investissements dans le pays et à l’étranger, car les gaz à effet de serre ne connaissent pas de frontières », a affirmé de son côté le chargé de campagne climat et énergie de Greenpeace Allemagne, Andree Boehling.

Ce dernier estime « anormal » d’investir dans de nouvelles infrastructures fossiles polluantes en Afrique de l’Ouest, au lieu de commencer par réduire la consommation globale de gaz. Cela, poursuit-il, même à une époque où l’Europe doit devenir le plus rapidement possible indépendante du gaz russe.

Ghana : la Bad lance un fonds fiduciaire dédié à l’économie circulaire

Ce dispositif permettra de canaliser, de financer et de dé-risquer des modèles d’affaires innovants en matière d’économie circulaire, au-delà de la gestion des déchets.L’économie circulaire est un modèle de production et de consommation qui implique le partage, la location, la réutilisation, la réparation, la remise à neuf et le recyclage des matériaux et produits existants aussi longtemps que possible.

Le fonds, lancé ce 27 mai 2022, à Accra, la capitale ghanéenne, en marge des Assemblées annuelles de la Bad qui s’y tiennent est la première Facilité africaine pour l’économie circulaire de l’institution financière régionale.

Il soutiendra l’Alliance africaine pour l’économie circulaire (ACEA), dirigée par les pays, en intégrant l’économie circulaire dans les stratégies africaines de croissance verte.

Le fonds d’affectation spéciale multi-donateurs fonctionnera sur une période de cinq ans. Il recevra un soutien initial de quatre millions d’euros du gouvernement finlandais et du Fonds nordique de développement.

Il se concentrera sur trois domaines stratégiques : le renforcement des capacités institutionnelles pour consolider l’environnement réglementaire des innovations et des pratiques de l’économie circulaire, le soutien au secteur privé par le biais d’un programme de développement des entreprises et l’assistance technique à l’Alliance africaine pour l’économie circulaire.

« La Finlande s’est engagée à soutenir l’Alliance africaine pour l’économie circulaire et l’économie circulaire dans son ensemble en tant que voie vers la croissance verte. La clé du succès de la conception d’une feuille de route sur l’économie circulaire en Finlande a été l’implication d’un large éventail de parties prenantes, telles que les ministères, les collectivités locales et le secteur privé. Nous espérons que le partage de notre expérience pourra aider les autres à réussir leur transition circulaire », a déclaré le directeur général adjoint du ministère des Affaires étrangères de Finlande – et gouverneur provisoire du Groupe de la Banque pour la Finlande M. Juha Savolainen.

De son côté, le vice-président chargé de l’Électricité, de l’Énergie, du Changement climatique et de la Croissance verte à la Banque africaine de développement, Dr Kariuki, a réitéré l’engagement de la Bad à promouvoir l’économie circulaire comme stratégie de développement.

« Les principes de l’économie circulaire s’alignent sur le programme de la Banque africaine de développement visant à assurer la transition de l’Afrique vers une croissance verte. Ils s’inscrivent également dans le thème des Assemblées annuelles de cette année, à savoir +Favoriser la résilience climatique et une transition énergétique juste pour l’Afrique+ », a-t-il dit.

A en croire Dr Kariuki, la Facilité africaine pour l’économie circulaire augmentera le portefeuille des opérations de la Banque qui sont alignées sur l’économie circulaire. Cela inclut les secteurs des énergies renouvelables, de l’agriculture adaptée au climat et de la production verte. Cela va aussi créer de nouvelles chaînes de valeur qui vont générer de nouveaux emplois verts pour la jeunesse africaine.

Les principes de l’économie circulaire jouent un rôle stratégique dans la réalisation des priorités de développement de la Bad, les « High-5 ». Ils aideront les pays africains à atteindre leurs objectifs de Contribution déterminée au niveau national. Il s’agit des engagements publics des pays sur la manière dont ils comptent jouer un rôle dans l’action collective post-2020 sur le changement climatique. 

Les principes de l’économie circulaire feront également progresser les pays vers les Objectifs de développement durable des Nations unies et contribueront à la relance économique de l’Afrique.

Mali : l’imam Dicko charge la junte et la communauté internationale

Figure emblématique de la révolution contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keita (2013 – 2020), l’imam Mahmoud Dicko ne partage pas aujourd’hui la politique des autorités de transition et des acteurs impliqués dans la résolution de la crise malienne.L’imam Dicko refait surface. Intervenant à l’ouverture du Forum de Bamako, jeudi 26 mai, il a été appelé à se prononcer sur le thème « Femmes, paix, sécurité et développement en Afrique ». Un thème qui a fait tilt dans sa mémoire puisqu’il évoque largement la situation alarmante que traverse son pays.

Outre les violences jihadistes notées sur presque deux tiers de son territoire, le Mali est sous le coup de l’embargo de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) après le refus des autorités militaires d’organiser rapidement des élections et permettre le retour d’un pouvoir civil. Au même moment, certaines voix discordantes sont pourchassées dans le pays.

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Mais cette situation ne fait pas peur outre mesure au religieux. Il a été à la tête des manifestations qui ont emporté le régime du président IBK, renversé en août 2020 par un coup d’Etat dirigé par le colonel Assimi Goïta et ses hommes. Face au public du Forum de Bamako, l’imam Mahmoud Dicko n’a pas mis de gants pour s’indigner aujourd’hui de la gestion de la crise politique malienne.

« L’arrogance de nos dirigeants, je le dis ici, je vais sortir et ils vont m’interpeller, mais je le dirai, leur arrogance, et l’orgueil de la communauté internationale, c’est le peuple malien qui est en train de payer ça. C’est extrêmement grave », a-t-il déclaré.

Mahmoud Dicko n’a pas raté aussi la classe politique locale, qu’il trouve « moribonde », et « une société civile qui a cessé d’exister, il faut le dire ». Par conséquent, « aujourd’hui, le peuple est trimbalé entre des gens qui veulent une transition indéfinie, des gens qui ont des principes tuent au nom de ces principes », a poursuivi l’imam.

Pour lui, les acteurs doivent se départir de « l’arrogance » et de « l’orgueil » pour changer le cours des choses. « Le peuple malien, l’Afrique entière doit assister à sa destruction, à son effondrement sans lever le petit doigt ? Je crois que l’histoire retiendra cela », a-t-il dit. Il promet de reprendre la parole plus souvent pour parler de la situation du pays et « défendre les populations » malmenées par les sanctions économiques des pays voisins du Mali.

En outre, les tractations vont bon train pour la levée de ces sanctions asphyxiantes. Plusieurs observateurs ont appelé à leur levée après que la junte militaire a accepté de réduire ses prétentions de se maintenir au pouvoir jusqu’à cinq ans à vingt-quatre mois pour le moment. Dans cet élan, les chefs d’Etat de la Cedeao prévoient de tenir un sommet, le 4 juin à Accra, pour discuter du Mali et d’autres sujets d’ordre régional.

La guerre en Ukraine fait vaciller l’économie africaine

La guerre en Ukraine pourrait « assombrir les perspectives économiques » de l’Afrique au regard des indicateurs macroéconomiques de l’Afrique selon la Banque africaine de développement (Bad).Dans son rapport « Perspectives économiques en Afrique en 2022 », publié mercredi à l’occasion des Assemblées annuelles de la BAD, à Accra, l’institution prévient que « le continent risque de plonger dans la stagflation, une combinaison de croissance lente et d’inflation élevée. »

La publication des Perspectives économiques en Afrique 2022 intervient dans le contexte de deux crises mondiales majeures : la pandémie persistante de Covid-19 et le conflit russo-ukrainien.

Selon le rapport, ce conflit a éclaté alors que « l’économie africaine était sur la voie de la reprise après l’impact dévastateur de la pandémie, et pourrait assombrir les perspectives économiques auparavant prometteuses du continent ».

Le Produit intérieur brut (PIB) réel devrait croître de 4,1 % en 2022, nettement inférieur aux près de 7% de croissance de 2021, souligne le rapport qui mentionne que cette décélération de la croissance montre « la gravité de l’impact du conflit russo-ukrainien sur l’économie africaine ».

Du côté de la demande, la croissance africaine sera tirée en grande partie par la consommation privée et l’investissement, et du côté de l’offre, par l’expansion continue du secteur des services, souligne le rapport.

Perturbations du commerce mondial 

La banque note que des chaînes d’approvisionnement, principalement dans les secteurs de l’agriculture, des engrais et de l’énergie, à la suite du conflit russo-ukrainien et des sanctions correspondantes sur le commerce avec la Russie ont fait pencher la balance des risques pesant sur les perspectives économiques de l’Afrique vers le bas.

L’impact est toutefois susceptible d’être asymétrique. D’un côté, les pays africains exportateurs nets de pétrole et d’autres produits de base pourraient bénéficier des cours élevés des produits de base qu’ils exportent.

D’un autre côté, l’impact sur les pays importateurs nets d’énergie, de produits alimentaires et d’autres produits de base est préoccupant car la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie exacerbera les pressions inflationnistes et limitera l’activité économique.

Les populations vulnérables, en particulier dans les zones urbaines, supporteront le plus le fardeau de la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, et en l’absence de mesures pour amortir cet impact, cette hausse pourrait attiser la grogne populaire à travers le continent.

Pour ce faire, les pays africains doivent donc organiser d’urgence une réponse politique contracyclique, par exemple des subventions pour atténuer l’impact de la hausse des coûts des denrées alimentaires et de l’énergie.

Or, dans de nombreux pays africains, la marge de manœuvre budgétaire reste limitée par les effets de la pandémie. Les revenus des gouvernements n’ont pas renoué avec les niveaux d’avant la crise, et la pression sur les dépenses reste élevée.

La BAD a réagi rapidement avec une Facilité africaine d’intervention et d’urgence en cas de crise alimentaire de 1,5 milliard de dollars en vue d’accélérer rapidement la production alimentaire et l’approvisionnement en engrais et d’alléger les contraintes de financement du secteur social dans les pays membres régionaux.

Si le conflit persiste, la croissance de l’Afrique devrait stagner aux alentours de 4 % en 2023. Le texte souligne, par ailleurs, que le déficit global du compte courant devrait se réduire à 2,0% du PIB en 2022, contre 2,4 % en 2021, avec des différences selon les régions.

29,6 millions d’Africains visés par l’extrême pauvreté en 2022 

Malgré une relance prévue de la croissance économique en Afrique, la pandémie de Covid-19 ainsi que la guerre russo-ukrainienne devraient exacerber l’extrême pauvreté sur le continent africain.

Les estimations de la Banque ont montré que 28,7 millions d’Africains supplémentaires ont plongé dans l’extrême pauvreté en 2021 par rapport aux chiffres projetés pré-Covid-19 contre environ 26 millions en 2020, ce chiffre devrait atteindre 29,6 millions en 2022 et 2023.

La révision à la baisse de l’effet de la pandémie sur la pauvreté en Afrique par rapport aux PEA 2021 (une baisse de 4,6 et 10 millions en 2020 et 2021, respectivement) reflète principalement de meilleures performances de croissance que celles prévues en 2020.

L’éclatement du conflit russo-ukrainien, qui a entraîné une hausse soudaine des prix de l’énergie et d’autres matières premières et provoqué des perturbations de l’offre mondiale, a des conséquences sur les économies africaines.

Le ralentissement prévu de la croissance et l’inflation plus élevée prévue pour 2022 auront des répercussions sur la pauvreté de l’Afrique. En particulier, la baisse des revenus réels dans un contexte de hausse des prix des denrées alimentaires et du carburant frappera de plein fouet les ménages vulnérables.

La dette souveraine, une menace pour la reprise économique 

La dette souveraine demeure une menace pour la reprise économique, malgré les récentes initiatives d’allégement de la dette. Le ratio moyen dette TPIB en Afrique a été estimé à 71,4 % en 2020, en raison de la faiblesse des systèmes de gestion des finances publiques, des dépenses de sécurité, d’une inflation élevée, des faiblesses dans la mobilisation des revenus et de l’augmentation des dépenses publiques due à la pandémie.

À court et à moyen terme, la dette souveraine de l’Afrique devrait rester supérieure à ses niveaux d’avant la pandémie, car les pays ont besoin de ressources supplémentaires – estimées à environ 432 milliards d’USD en 2020–2022 (une baisse par rapport aux 484 milliards d’USD estimés dans les PEA 2021 due en partie à une situation budgétaire meilleure que prévue).

Le rapport mentionne que les pays africains devront faire face aux impacts socio-économiques de la pandémie et soutenir la reprise économique. Dans un contexte de marge de manœuvre budgétaire réduite, le soutien des politiques dont les pays ont tant besoin continuera à plomber les dettes souveraines des pays africains, qui devraient se stabiliser à environ 70 % du PIB en 2021 et 2022.

Bien que l’augmentation de la dette soit presque généralisée, les divers groupes de pays présentent des différences notables. La forte augmentation globale en 2020 (près de 10 points de pourcentage) est imputable aux économies riches en ressources non pétrolières. C’est ce groupe de pays qui a le plus contribué à l’augmentation globale de la dette, atteignant plus de 85,4 % du PIB cette année-là.

Ce groupe est suivi de celui des pays exportateurs de pétrole (dette moyenne de 66,7 % du PIB) et les pays à faible intensité en ressources (65,3 % du PIB). Les niveaux d’endettement dans les pays à faible intensité en ressources ont considérablement augmenté, passant de 57,4 % en 2019 à environ 66,1 % en 2021, et devraient rester élevés à court terme.

Enseignement au Sénégal : la Cosydep pour le respect des accords signés

La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) exprime sa profonde indignation à cause de la forte probabilité de nouvelles perturbations dans le système.Face au dialogue de sourds entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants sur l’application de l’accord conclu en février et mars dernier, la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) en appelle à la raison et à la responsabilité.

Lors d’une conférence de presse, tenue jeudi dans ses locaux, l’ONG a invité le gouvernement à tenir les engagements pris lors des dernières négociations avec les syndicalistes.

« La Cosydep lance un appel pour le respect scrupuleux des accords au risque de perturber l’espace scolaire, d’entraver le déroulement normal des évaluations ou de mettre mal à l’aise les partenaires, facilitateurs et autres bonnes volontés », a déclaré son Directeur exécutif, Cheikh Mbow.

L’année scolaire tire à sa fin et les examens approchent. Dans ce contexte, la Cosydep estime que « les appréhensions sont justifiées ». Selon l’ONG, « il est à craindre un risque de conjonction entre les tensions politiques, la recrudescence des violences physiques et verbales, la déception exprimée par les syndicats dans la matérialisation de la première échéance des accords avec le gouvernement et les premières réactions des élèves qui annoncent des manifestations qui peuvent aller dans tous les sens ».

Le Cadre unitaire des enseignants du moyen secondaire (Cusems) et le Syndicat autonome des enseignants du secondaire (Saemss) accusent le gouvernement de « non-respect des engagements financiers signés le 3 mars et devant être matérialisés à partir de la fin du mois de mai 2022 ».

Sur Facebook, ces deux structures syndicales dénoncent « la mauvaise volonté du gouvernement » qui ne concourt pas à instaurer « un climat social apaisé dans le secteur de l’éducation et de la formation ».

Par conséquent, elles promettent de dérouler leur « 11e plan d’actions » avec notamment des débrayages et des grèves totales. Hier mercredi, le ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, a fait part de sa « surprise » et de son « regret » suite à « la rupture unilatérale de l’accord par les syndicats d’enseignants représentatifs ».

A l’en croire, tous les engagements financiers contenus dans l’accord du 26 février 2022, entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants représentatifs, ont été respectés : « Jusqu’ici, aucun dysfonctionnement d’ordre financier d’un quelconque point de l’accord n’a été porté à l’attention des services du ministère des Finances et du Budget ».

Le Sénégal encore sous le choc après la mort des 11 bébés

Les quotidiens sénégalais parvenus vendredi à APA titrent principalement sur la mort de 11 bébés dans un incendie du service de néonatalogie d’un hôpital de Tivaouane, une ville située à près de 100 km de Dakar.L’AS titre sur « l’horreur à Tivaouane ». Dans cette « ville ceinte », onze nourrissons ont trouvé la mort dans un incendie à l’hôpital Abdoul Aziz Sy Dabakh, note Le Quotidien. Il s’agit de « 11 bébés partis à jamais », pleure de son côté Sud Quotidien. L’Observateur précise qu’ils étaient « huit garçons et trois filles ».

« Le corps de mon enfant était méconnaissable, car totalement calciné », confesse dans L’AS Sokhna Anta Sèye, une des mères des victimes. Pour EnQuête, c’est un « drame de trop ». Vox Populi souligne pour sa part que « la malédiction des hôpitaux frappe à Tivaouane ».

Après le drame, le président Macky Sall a décrété trois jours de deuil national et se rendra ce soir dans la cité religieuse pour s’enquérir de la situation et présenter ses condoléances, affirment plusieurs journaux. En amont, il a limogé le ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr et nommé à sa place Dr Marie Khemesse Ngom Ndiaye, « la femme aux défis », d’après EnQuête. Elle occupait jusque-là le poste de directrice générale de la Santé.

Bes Bi note que « Diouf Sarr a été emporté par les petits anges », mais s’attend à une « résurrection de la Santé avec Marie Khemesse, son successeur ». Selon Walf Quotidien, « Diouf Sarr paie pour tous les coupables ». Le journal pointe en effet des « légèretés et négligences en série ».

Après la tragédie, le procureur de Thiès « promet une justice sans pitié ». « La justice sera implacable », précise-t-il dans Vox Populi et Le Quotidien. Sous le titre « les premières lueurs de l’horreur », L’Observateur évoque « le rapport du ministère de la Santé sur le bâtiment, les installations et le personnel soignant présent au moment de l’incendie ».

Sénégal : limogeage du ministre de la Santé

Abdoulaye Diouf Sarr est remplacé par Docteure Marie Khémesse Ngom Ndiaye jusque-là Directrice Générale de la Santé publique.La nouvelle vient de tomber. Le chef de l’État sénégalais a remercié Abdoulaye Diouf Sarr, ministre de la Santé et de l’Action sociale depuis septembre 2017. Le décret a été lu au journal de 20 heures de la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise (RTS, publique).

Cette décision intervient au lendemain de l’incendie de la maternité de l’Hôpital Mame Abdou Aziz Sy Dabakh de Tivaouane (Ouest) ayant entrainé la mort de 11 nourrissons. Un drame qui a poussé Macky Sall à écourter son séjour à Malabo, en Guinée équatoriale, où se tient un Sommet extraordinaire de l’Union Africaine (UA) dont il est également le président en exercice.

Abdoulaye Diouf Sarr, le désormais ex-ministre, est lui aussi rentré au Sénégal en urgence car il se trouvait à Genève (Suisse) à l’occasion de la 75e Assemblée mondiale de la Santé.  

L’incendie de Tivaouane, dû selon les premiers éléments de l’enquête à un court-circuit électrique, est survenu un an après celui de Linguère (Nord-Est). Dans les mêmes circonstances, quatre bébés étaient décédés. Un deuil national de trois jours, à compter de ce jeudi, sera observé sur toute l’étendue du territoire national. Le président Macky Sall est attendu samedi prochain dans la cité religieuse de Tivaouane.

Le processus de restitution d’œuvres d’art à l’Afrique est irréversible (acteur)

Comme la France, les autres anciennes puissances coloniales devront un jour ou l’autre rendre les biens culturels africains pillés, a confié à APA Bénédicte Savoy, universitaire française et coauteur, avec son homologue sénégalais Felwine Sarr, du rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain.Quel sens donnez-vous à l’initiative de restitution des biens culturels africains ?

Nous sommes tournés vers l’avenir. Le terme de restitution est une capsule du temps. Il y a le temps d’avant, celui de la restitution et le temps d’après. Le temps d’avant correspond à la période coloniale pendant laquelle différents États européens ont profité de l’asymétrie de pouvoir pour extraire les richesses culturelles notamment du continent africain.

La restitution, c’est d’abord reconnaître cela, le dire haut et fort et le faire savoir aux visiteurs des musées en Europe qui souvent ne sont pas bien informés. Une fois cela fait, nous sentons qu’il y a un désir, y compris du côté européen, de réparer cette injustice et de recréer une justice patrimoniale. Cette démarche suppose de permettre à ceux qui viennent des régions, d’où ont été prises ces œuvres, d’être eux aussi en contact avec elles.

Pas seulement avec celles-là, mais au moins de les avoir pour eux, de les faire circuler comme ils veulent et que ça ne soit pas Paris, Londres ou Berlin qui en discutent. Cela est très important. En somme, la restitution est le début d’une nouvelle éthique de la relation, d’un nouveau rapport de respect entre les uns et les autres. C’est aussi redonner le pouvoir à ceux à qui appartiennent ces œuvres pour qu’ils en fassent ce qu’ils veulent.

 

En France, la restitution des œuvres culturelles africaines a débuté le 9 novembre 2021 avec le Bénin. Où en est le processus ?

Il s’est passé une chose énorme entre la fin de l’année 2017 et la nomination de Felwine Sarr et moi pour écrire le rapport intitulé « Restituer le patrimoine africain : vers une nouvelle éthique relationnelle ». C’est énorme. Nous pouvons comparer cet évènement à la chute du mur de Berlin.

Le Bénin a réussi avec beaucoup de diplomatie, d’endurance et de finesse à obtenir la restitution de biens culturels de la part d’un pays anciennement colonisateur. La République démocratique du Congo n’y est pas encore parvenue avec la Belgique. Idem pour le Nigeria avec l’Angleterre.

Depuis les indépendances, plusieurs pays africains ont essayé et n’y sont pas arrivés. Cette victoire du Bénin s’est matérialisée par le retour d’une petite partie en nombre, mais importante symboliquement, d’œuvres du patrimoine royal d’Abomey. On parle de 26 œuvres, mais il faut imaginer que ce sont 2,5 tonnes de sculptures monumentales de trônes qui sont très importantes historiquement pour le Bénin et qui, à vrai dire, étaient même importantes pour la France puisqu’elles ont toujours été montrées dans ses musées.

Quand nous parlons du retour des 26 objets, nous parlons de choses importantes que la France a finalement décidé de rendre au Bénin. Ce qui va se passer après, nous ne le savons pas encore. Nous observons. Le Bénin est un observatoire de l’avenir pour ces questions-là. Le processus ne concerne pour le moment que le Bénin, mais l’essentiel qu’il soit enclenché. Il n’y aura pas de retour en arrière.

Les autres pays comme l’Allemagne et la Belgique se sont déjà mis en ordre. En Europe, on assiste actuellement une sorte de Jeux Olympiques de la restitution. Nous n’avons pas besoin de forcer les détenteurs des objets. Ils vont finir par les rendre. Les Européens discutent beaucoup. Ils n’arrivent pas à appuyer tous ensemble sur le bouton et à le faire très vite. Mais après plus de 100 ans d’absence, de déni, les lignes bougent. Ça va moins vite que nous le voudrions, mais ça avance.

L’exposition des trésors royaux restitués par la France a attiré à Cotonou près de 200.000 visiteurs selon le gouvernement béninois. Selon vous, qu’est-ce qui explique cet engouement ?

Il y a plusieurs raisons. L’une d’elle est que ces œuvres ont été absentes pendant longtemps. Elles n’étaient pas là physiquement, mais elles étaient encore là dans les esprits. Nous savions qu’elles avaient existé et le fait de les récupérer, c’est comme de refaire connaissance avec soi-même.

Cela joue sûrement un rôle très important. Et l’autre chose est qu’elles sont mises en scène en connexion avec des œuvres d’art contemporain et même futuristes du Vodoun. C’est très excitant. Les deux, mis ensemble, créent une dynamique, une énergie qui fait plaisir à la population. C’est vraiment très beau à voir.

Comment les Africains peuvent-ils se réapproprier ces objets ? 

Ce n’est sûrement pas à moi de le dire puisque je suis du point de vue européen. Ce qui m’importe est de dire comment les musées européens doivent lâcher prise. Quand nous observons ce qui se passe en ce moment au Bénin, nous voyons que chaque nation, groupe, communauté ou village… peut avoir ses propres idées sur la question.

Au Bénin, ils ont repris des trésors royaux pour les rendre républicains. Ils sont devenus le patrimoine de tous les Béninois. C’est une bonne formule, mais il y en a sûrement d’autres.

Burkina : une cinquantaine de morts dans une attaque terroriste (officiel)

Des individus armés non identifiés ont pris pour cible, hier mercredi, des habitants de Madjoari sur la route qui devait les mener à Nadiagou dans l’Est du pays.Madjoari pleure encore ses morts. Cette commune a subi, en un mois, trois assauts terroristes qui ont fait au total près de 80 décès. Le 14 mai dernier, 17 civils ont perdu la vie. Cinq jours plus tard, 11 militaires en détachement sont tombés face aux jihadistes. En outre, une vingtaine de personnes ont été blessées dans ces deux attaques.

Une nouvelle fois, les armes ont crépité à Madjoari. Dans un communiqué, publié ce jeudi, Colonel Hubert Yaméogo, gouverneur de la Région de l’Est, a annoncé un bilan provisoire d’une cinquantaine de morts, non sans dire que « des actions de sécurisation sont en cours afin de ramener la quiétude ».

Culture : quel sort pour les œuvres africaines restituées par l’Occident ?

Pour le chorégraphe congolais, Faustin Linyekula, les objets culturels rendus par des pays comme la France doivent retourner dans leurs communautés d’origine.Fin 2021, la France a entamé le processus historique de restitution de biens culturels africains pillés durant la colonisation. Dans ce cadre, le Bénin a reçu 26 objets emportés en 1892 par les troupes tricolores lors de la prise des palais du Royaume d’Abomey.

Ces œuvres étaient conservées dans des musées de l’Hexagone. Depuis leur réception au Bénin, elles sont gardées à la présidence de la République à Cotonou en attendant d’être transférés définitivement au Musée de l’épopée des Amazones et des Rois du Danhomè à Abomey, dans le Sud du pays. Objectif : réunir toutes les conditions pour une meilleure conservation de ce patrimoine.

Une décision que ne partage pas Faustin Linyekula. « Une sculpture est une manière pour une communauté d’archiver son expérience du monde et de la transmettre. Et évidemment sa place est au cœur des communautés », a expliqué le réputé danseur, chorégraphe et metteur en scène congolais.

Il s’exprimait, mardi dernier à l’île de Gorée, au cours d’un panel organisé par l’Open Society Foundations autour du thème : « Restitution du patrimoine africain : la nouvelle vague et son importance au sein des communautés ».

Pendant longtemps, les anciennes puissances coloniales ont rechigné à restituer des artefacts à l’Afrique au prétexte que le continent noir ne dispose pas d’assez d’infrastructures répondant aux normes de conservation internationales. De l’avis de M. Linyekula, « ce n’est pas très grave » si certains biens culturels « meurent » car cela peut permettre à d’autres générations d’en inventer encore.

Dans son argumentaire, le fondateur des Studios Kabako a soutenu que les musées canalisent trop les énergies des œuvres d’art : « Aucune énergie ne peut être gardée dans un état constant tout le temps. On tue l’énergie. Pouvoir laisser l’énergie se reposer est essentiel par rapport à ces objets ».

Faustin Linyekula est de ceux qui pensent que les peuples d’Afrique doivent se réapproprier les biens culturels retrouvés afin d’en exploiter les connaissances enfouies. « Une forme est une cristallisation de connaissances. Comment y accéder et ne pas s’arrêter juste à la beauté plastique ? Voilà la question qui mérite d’être posée », a-t-il fait savoir.

Macky Sall décrète un deuil national après la mort des bébés

Le président sénégalais Macky Sall a décrété un deuil national de trois jours sur toute l’étendue du territoire après la mort de onze nouveau-nés dans un hôpital.Par décret n° 2022-1170 du 26 mai 2022, Macky Sall a fixé un deuil national de trois jours à compter de ce jeudi 26 mai 2022. Pendant ces trois jours, tous les drapeaux seront en berne sur l’ensemble du territoire.

Le Sénégal s’est réveillé dans la stupeur, après l’annonce de la mort de onze nouveau-nés dans un incendie survenu, mercredi 25 mai vers 23 heures à l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy de Tivaouane, à 92 kilomètres à l’ouest de la capitale Dakar.

Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Antoine Félix Diome, s’est rendu sur les lieux. Au terme de sa visite, il a annoncé l’ouverture d’une enquête pour situer les responsabilités dans ce drame.

Le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, se trouve présentement à Genève pour prendre part au sommet extraordinaire de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le Forum de Bamako distingue le pétrolier mauritanien Tijani Ben Al Houssein

Fin avril dernier, le pétrolier mauritanien s’était distingué au Sénégal en venant au secours de l’aéroport de Diass menacé de rupture de kérosène.La 22e édition du Forum de Bamako, qui s’est ouverte jeudi 26 mai dans la capitale malienne, a distingué l’homme d’affaires mauritanien Tijani Ben Al Houssein, PDG de la compagnie pétrolière Star Oil pour son « activisme en faveur de l’intégration économique des pays d’Afrique de l’Ouest ». 

Ancien banquier, devenu cadre à BP-Mauritanie puis directeur de Total-Mauritanie, Ben Al Houssein a fondé sa compagnie Star Oil en 2000. D’abord implantée en Mauritanie, la société s’est très vite dotée d’une filiale au Mali, puis en Guinée, au Sénégal, en Guinée-Bissau et depuis la fin de l’année dernière au Niger. 

Au départ partenaire de la compagnie française Total dans la plupart de ces pays, Star Oil y a progressivement racheté les réseaux et installations de la major tricolore. « C’est très rare. On a l’habitude de voir les grandes compagnies étrangères racheter les sociétés africaines. Pas le contraire. Star Oil et Tijani Ben Al Houssein devraient être considérés comme des exemples pour nos opérateurs économiques africains », a applaudi le Premier ministre malien, Choguel Maïga, qui a présidé la cérémonie d’ouverture du Forum de Bamako. 

Fin avril dernier, la société mauritanienne s’était distingué au Sénégal en venant au secours de l’Aéroport International Blaise Diagne de Diass (AIBD), principale plateforme aéroportuaire du pays, en lui évitant une rupture de kérosène. 

En déplacement en Europe pour des raisons professionnelles, Tidiani n’a pas pu assister à la remise, par le Premier ministre malien Choguel Maïga, de son « Prix pour l’Entreprenariat » du Forum de Bamako. Sa distinction a été réceptionnée en son nom par son amie, l’ancienne ministre mauritanienne Diyé Ba, présente à l’événement.

Sénégal: les raisons de l’incendie a l’origine de la mort de onze bébés

Un « court-circuit » serait à l’origine de l’incendie survenu mercredi soir à l’hôpital public de Tivaouane à l’ouest du pays.Encore un drame dans les hôpitaux sénégalais. Onze bébés ont perdu la vie lors d’un incendie dans un hôpital à Tivaouane, cité religieuse, située à 92 kilomètres à l’ouest de la capitale Dakar.

Après le court-circuit, le feu s’est propagé très vite selon le maire de la ville Demba Diop qui s’est déplacé sur les lieux du drame. « Trois bébés ont été sauvés, malheureusement onze y ont perdu la vie », ajoute-t-il.

Le président de la République Macky Sall a exprimé dans la soirée, son soutien aux familles des victimes. « Je viens d’apprendre avec douleur et consternation le décès de 11 nouveau-nés dans l’incendie survenu au service de néonatalogie de l’hôpital » public de Tivaouane, a tweeté le président sénégalais Macky Sall. A leurs mamans et à leurs familles, j’exprime ma profonde compassion », a-t-il réagi sur Twitter.

Ce n’est pas la première fois que le système sanitaire est confronté  à ces genres de drame. En avril 2021, quatre bébés périssaient à Linguère au nord du pays, dans les mêmes circonstances.

Plus récemment, le 7 avril dernier à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga à 200 kilomètres au nord de Dakar, Astou Sokhna, une femme en couches de 34 ans perdait la vie faute d’assistance à la maternité.

Cette dame en souffrance, réclamait en vain une césarienne, en lançant au personnel soignant,  « opérez-moi, car je ne sais pas si je serai encore là demain ».  

Agence de notation financière africaine : Macky Sall persiste et signe

Le président en exercice de l’Union Africaine (UA) appelle de ses vœux la création d’un organisme d’évaluation des risques financiers outillé pour comprendre les réalités africaines.On peut désormais affirmer, sans risque de se tromper, que l’Agence de notation financière africaine est un cheval de bataille pour le président en exercice de l’Union Africaine (UA). Il y a une semaine, Macky Sall s’était exprimé sur le sujet lors de la 54e session de la Commission économique pour l’Afrique (CoM2022) tenue dans son pays.

Ce 25 mai, marquant la célébration de la Journée mondiale de l’Afrique, le chef de l’Etat sénégalais en a remis une couche. « Les notations (actuelles) posent un problème en termes de perception du risque », selon Macky Sall.

Le successeur de Félix Tshisekedi à la présidence tournante de l’UA n’a pas manqué de déplorer l’impact négatif de ce système sur le commerce et les investissements en Afrique alors que le continent noir a besoin de financements car le conflit ukrainien menace d’aggraver une situation économique déjà compliquée par la Covid-19.

Pour le président sénégalais, les pays africains doivent bénéficier des mêmes conditions d’accès aux prêts que ceux occidentaux. Cela passe par des notations plus en conformité avec les réalités africaines de la part entre autres de Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings.

Dans son discours en visioconférence, Macky Sall a rendu « hommage aux précurseurs du panafricanisme sur le continent, dans la diaspora et aux pères fondateurs dont la vision lumineuse, transcendant les barrières, a allumé la flamme incandescente de l’unité africaine ». 

Le 25 mai 1963, l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), ancêtre de l’UA, a été créée à Addis-Abeba, en Ethiopie. « Le legs des anciens a été forgé et consolidé. Nous avons décolonisé notre continent, démantelé l’odieux système d’apartheid et réglé par la voie pacifique nombre de différends frontaliers hérités de la colonisation », a souligné le chef de l’Etat sénégalais. 

Après les pionniers, la nouvelle génération de dirigeants poursuit « les efforts d’intégration à l’échelle continentale et au sein des communautés économiques régionales à travers l’agenda 2063, les initiatives du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad) et la mise en place progressive de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) », a noté Macky Sall, non sans appeler à « la mobilisation générale des énergies et des intelligences pour bâtir ensemble l’Afrique de nos rêves ».

Audiovisuel en Côte d’Ivoire : mise en garde de la Haca

La Haute autorité de la communication audiovisuelle (Haca) de Côte d’Ivoire signale des émissions qui portent atteinte à l’éthique sociale et incitent à des comportements déviants.Dans son rôle de vigie, la Haute autorité de la communication audiovisuelle (Haca) de Côte d’Ivoire rappelle à l’ordre « des services de médias audiovisuels (qui) diffusent, à des heures de grande écoute et sans signalétique, des programmes dont les contenus sont susceptibles de heurter non seulement la sensibilité du jeune public, mais également celle d’une grande partie de la population ».

L’organe de régulation audiovisuelle précise, dans un communiqué reçu à APA, que les contenus incriminés, fictions, magazines ou émissions, sont contraires aux valeurs socio-culturelles du pays et perturbent la morale publique.

Par conséquent, la Haca invite les médias audiovisuels, y compris ceux en ligne, à plus de responsabilité et au respect de l’éthique sociale dans la programmation et la diffusion de leurs contenus.

Afrique : l’heure de la souveraineté alimentaire a sonné (Bad)

Le Groupe de la Banque africaine de développement (Bad) trouve paradoxal que le continent noir ne puisse pas nourrir convenablement sa population.L’Afrique, avec ses nombreuses ressources naturelles, sa jeune population et ses importantes terres arables, ne doit pas dépendre des autres continents en matière d’alimentation.

C’est la conviction du Dr Akinwumi Adesina, président du Groupe de la Banque africaine de développement (Bad). S’exprimant à l’ouverture des Assemblées annuelles de l’institution financière à Accra (Ghana), le Nigérian a déclaré que le temps est venu pour le continent noir de tout mettre en œuvre pour atteindre l’autosuffisance alimentaire.

Pour ce faire, M. Adesina a notamment préconisé le recours aux technologies modernes dans l’agriculture. Un secteur dans lequel la Banque africaine de développement dispose d’un plan d’investissement massif. Tout récemment, son Conseil d’administration a approuvé la Facilité africaine de production alimentaire d’urgence de 1,5 milliard de dollars. 

Objectif : aider 20 millions d’agriculteurs à produire 38 millions de tonnes métriques de nourriture. « L’Afrique n’a pas besoin de bols à la main, mais de graines en terre », a soutenu le président du Groupe de la Bad.

Gambie : Yahya Jammeh dans le radar de la justice

Le gouvernement donne son feu vert à un procès de 70 personnes dont l’ancien président (1994 – 2016) conformément aux recommandations de la Commission vérité, réconciliation et réparations.C’est un début de réponse aux maux des familles de victimes. En Gambie, le régime autoritaire de Yahya Jammeh est accusé d’avoir brisé des vies. Auteur du coup d’Etat du 22 juillet 1994 contre Dawda Jawara, le père de l’indépendance du pays, le jeune lieutenant de l’armée d’alors a dirigé le plus petit État d’Afrique continentale en termes de superficie d’une main de fer.

Devenu dictateur, Yahya Jammeh réduisait au silence les voix gênantes notamment en politique, dans la presse et la société civile. Sa défaite à l’élection présidentielle de 2016, face à l’actuel président Adama Barrow, a été vécue par la population terrorisée comme une libération. En exil en Guinée équatoriale, il est maintenant rattrapé par son passé.

Yahya Jammeh et les principaux responsables de son régime doivent répondre devant la justice de crimes commis pendant une vingtaine d’années. En novembre dernier, le ministère gambien de la Justice a reçu les recommandations de la Commission vérité, réconciliation et réparations (TRRC, sigle en anglais), chargée d’enquêter sur ces faits, pour l’organisation d’un procès.

Que cherchait Olaf Scholz au Sénégal, au Niger et en Afrique du Sud ?

Le chancelier allemand a bouclé mercredi 25 mai à Pretoria, la capitale sud-africaine, une tournée africaine entamée depuis dimanche en vue de promouvoir les investissements et la coopération sur le continent.Pour son premier déplacement en Afrique, le successeur d’Angela Merkel a passé quatre jours. Mais Olaf Scholz n’était pas en villégiature quand il s’est successivement rendu au Sénégal, au Niger et en Afrique du Sud. A l’image des dirigeants occidentaux, chinois ou turcs, il veut lui-aussi renforcer l’influence de son pays sur le continent.

En poste depuis six mois, le chancelier a jeté son dévolu sur les deux premiers pays dont les modèles démocratiques sont montrés en exemple dans une région ouest-africaine qui s’est illustrée ces derniers mois par de nombreux coups d’Etat.

Le Sénégal assure actuellement la présidence de l’Union africaine (UA) et est un nouveau pays partenaire du G7. Pour sa part, le Niger constitue un partenaire militaire et un État clé pour la politique de l’Union européenne (UE) en Afrique. Ainsi, avec Macky Sall et Mohamed Bazoum, Olaf Scholz a surtout parlé de sécurité et d’hydrocarbures, dans un contexte de crise mondiale exacerbée par la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

A Dakar, le terrain était déjà balisé par la visite, il y a trois mois, du président Frank-Walter Steinmeier. Le pouvoir politique en Allemagne est détenu par le chancelier. Dimanche, ce dernier a levé ainsi devant le président Macky Sall le voile sur les partenariats que Berlin souhaite nouer avec Dakar.

« L’Allemagne veut renforcer sa coopération avec le Sénégal notamment sur la question liée à l’exploitation du gaz », a dit le chef du gouvernement allemand dont le pays dépend fortement du gaz russe, premier fournisseur mondial. Avec la guerre russo-ukrainienne, son apprivoisement est donc perturbé, surtout dans les pays de l’Union européenne (UE) qui cherchent par tous les moyens des alternatives.

Le gaz sénégalais et l’Allemagne

C’est tout naturellement qu’ils se sont tournés vers le Sénégal. Ce pays ouest-africain, qui a découvert de grandes quantités de gaz offshore, va entrer dans la phase d’exploitation à partir de 2023. « Nous avons entamé les échanges et on va poursuivre nos efforts au niveau des experts parce que c’est notre souhait d’obtenir des progrès », a indiqué Olaf Scholz, qui a fait réagir également son hôte sénégalais sur le retour de la guerre en Europe.

Dans cet élan, Macky Sall a rappelé « les positions de principe du Sénégal contre l’invasion d’un pays par un autre » et son appel à « la désescalade et à la cessation des hostilités pour une solution négociée de la crise » russo-ukrainienne. Celle-ci entre dans son quatrième mois avec son lot de conséquences sur l’inflation mondiale.

« En outre, en tant que président en exercice de l’Union africaine, j’ai exprimé au chancelier Scholz notre préoccupation quant à l’impact de la guerre sur nos pays notamment la flambée généralisée des prix et les pénuries qui sont constatées », a-t-il ajouté avant de le remercier pour son invitation au Sommet du G7 qui se tiendra en Allemagne du 26 au 28 juin prochain.

Après Dakar, Olaf Scholz a fait cap sur Tahoua, au Niger, pour rendre visite aux soldats allemands de la mission Gazelle. L’armée allemande a construit et équipé un centre à Tillia, dans ladite région, pour former les forces spéciales nigériennes. Cette mission de  formation doit prendre fin en décembre prochain, mais à la demande expresse du Niger, le Parlement allemand a accepté de la prolonger dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Sahel.

« Le Niger est un pays qui compte pour nous les Allemands », a déclaré le chancelier. Dans l’Azawak nigérien et en plein désert, il a tenu à constater de visu le succès de cette coopération militaire, non loin de la frontière malienne.

La guerre au Sahel et en Ukraine

Par ailleurs, Olaf Scholz a souligné face au président nigérien Mohamed Bazoum que son pays continuera à fournir sa contribution à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) même si, a-t-il précisé, « la situation ne s’améliorera pas avec la présence de mercenaires russes ».

Comme au Sénégal, la question de la guerre en Ukraine a été aussi au cœur de la visite d’Olaf Scholz en Afrique du Sud, mardi 24 mai. Le chancelier voulait comprendre la position sud-africaine qui s’était abstenue de voter pour condamner l’invasion russe devant les Nations unies. A l’inverse, Berlin livre des armes à l’Ukraine qui est victime d’une « guerre brutale imposée » par la Russie, explique l’Allemand.

Face à la presse, le président Cyril Ramaphosa a voulu être prudent dans son vocabulaire, sachant que son pays partage avec la Russie les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), le groupe des grandes puissances émergentes actuelles. « J’ai indiqué qu’en tant qu’Afrique du Sud, nous voudrions que le conflit entre les deux pays prenne fin et que nous appelions à la cessation des hostilités, ce qui doit se faire par la négociation et le dialogue », a dit Cyril Ramaphosa.

Cependant, le chancelier ne lui tient pas rigueur de cette position malgré que l’Allemagne soit le deuxième partenaire commercial du pays. Berlin a conclu, en effet, avec Pretoria des accords de coopération dans le domaine des énergies vertes pour réduire la dépendance en charbon du pays le plus industrialisé d’Afrique.

« Ce partenariat historique soutiendra notre transition juste vers une économie à faible émission de carbone et une société résiliente au changement climatique d’une manière qui ne laisse personne de côté », s’est réjoui le président Ramaphosa, qui annonce en outre des une coopération avec l’Allemagne en matière d’industrialisation, de développement des infrastructures et de création d’emplois.