Faure Gnassingbé, l’héritier discret qui s’est imposé à la tête du Togo

Héritier d’une dynastie à la tête du Togo depuis plus d’un demi-siècle, Faure Gnassingbé s’est affirmé comme un président implacable avec ses adversaires, et a remporté un quatrième mandat au terme d’une élection à nouveau contestée par l’opposition.

« Bébé Gnass », comme le surnommaient avec une certaine condescendance ses adversaires politiques, a longtemps été en quête de légitimité vis-à-vis de son père, le général Gnassingbé Eyadéma – « le Vieux » – qui a dirigé le Togo d’une main de fer pendant 38 ans.

Faure Gnassingbé, après avoir été propulsé au pouvoir par l’armée à la mort de son père en 2005, a remporté sa première élection quelques mois plus tard, au terme d’un scrutin marqué par des violences ayant fait 400 à 500 morts, selon l’ONU.

Mais, pour cette quatrième élection, le chef de l’Etat a voulu montrer une image de réconciliateur, proche du peuple.

« La vérité vient d’éclater après l’annonce des résultats qui nous placent loin devant nos adversaires », a déclaré brievement le président sortant le soir de sa victoire, costume taillé sur mesure et casquette bleue marquée d’un F, comme « Faure », sur la tête.

Selon les chiffres officiels, le candidat d’Unir (Union pour la république), le parti au pouvoir, a remporté 72,36% des suffrages, un score inédit, avec un taux de participation de 76% bien plus élevé qu’en 2015 (61%), mais l’opposition a dénoncé de nombreuses fraudes et irrégularités.

L’opposition et la société civile n’ont cessé de dénoncer un régime autoritaire, des arrestations arbitraires et l’absence d’alternance démocratique: des critiques « exagérées », selon le chef de l’Etat.

« L’intimidation (des opposants, ndlr), c’est plus une réputation qu’une réalité (…) En tous cas je ne me sens pas l’âme d’un dictateur », a-t-il insisté lors d’un entretien accordé à l’AFP et au journal Le Monde, depuis le palais présidentiel à Lomé en amont de l’élection.

– « Sans passion » –

Pendant cette campagne, le chef de l’Etat de 53 ans s’est adonné aux bains de foule, dont il n’a jamais été très coutumier. Toutefois, sa grande réserve était encore palpable et sa voix était basse dans ses discours.

Car si l’exercice du pouvoir est bien rôdé après quinze années à la tête du petit pays d’Afrique de l’Ouest, le chef de l’Etat reste un personnage mystérieux, qui n’a jamais accordé une interview à la presse locale.

« Il est très méfiant, il parle peu », confie à l’AFP un de ses collaborateurs. « J’ai parfois l’impression qu’il n’a confiance en personne ».

« Il est indéchiffrable », ajoute un de ses proches. « Il est très difficile de savoir ce qu’il pense. C’est un homme qui gouverne sans passion (…), il ne fait jamais rien dans l’émotion ou la précipitation ».

Féru de religion, il prie beaucoup et s’est rendu au sanctuaire de la Vierge à Lourdes, dans le sud-ouest de la France, ces derniers mois, selon son entourage.

– Stabilité –

Célibataire, « Faure » est également connu pour être un homme à femmes, et aurait plusieurs enfants et petits-enfants. Il est lui-même issu d’une fratrie qui pourrait s’élever à plus de 50 frères et soeurs.

L’histoire mouvementée de la dynastie Gnassingbé a d’ailleurs fait couler beaucoup d’encre.

Un de ses demi-frères, Kpatcha, qui fut son ministre de la Défense, est toujours détenu dans une prison de Lomé après un coup d’Etat manqué en 2009. La famille reste profondément divisée et beaucoup n’ont cessé de dénoncer « un coup monté » pour évincer son rival.

Ces dernières années, le Togo n’a pas connu le sursaut de croissance attendu, stagnant aux alentours de 5% ces dernières années et la moitié de la population vit sous le seuil de l’extrême pauvreté.

Mais le chef de l’Etat peut compter sur de solides soutiens à l’intérieur, avec au premier chef l’armée, mais aussi sur la scène internationale et régionale.

La France, ex-puissance coloniale, allié traditionnel de la dynastie Gnassingbé et présente au Sahel voisin dans la lutte contre les mouvements jihadistes, est particulièrement sensible à la stabilité du Togo dans cette région volatile.

Alors qu’il visitait en campagne électorale les postes de l’armée sur la frontière avec le Burkina Faso, Faure Gnassingbé a posé en père de la nation, appelant « les populations, les leaders religieux, et les chefs traditionnels » à ne pas se soulever contre les forces de défense et de sécurité.

Lors de manifestations massives en 2017 et 2018, des dizaines, voires des centaines de milliers de personnes étaient descendues dans les rues pour demander sa démission.

Mais le pouvoir a tenu bon et le parlement a finalement voté une révision constitutionnelle en 2019 permettant au chef de l’Etat de se représenter pour deux mandats de cinq ans supplémentaires en 2020 et 2025.

Centrafrique: un procès historique ravive des blessures du conflit

Dans ces allées bordées d’arbres immenses et d’élégantes bâtisses tombées en décrépitude, le temps s’est comme arrêté. A Bangassou, petite cité somnolente du sud-est de la Centrafrique, ne subsistent que les vestiges d’un passé florissant, et les traumatismes d’un des pires massacres qu’a connu ce pays à l’histoire tourmentée.

En mai 2017, une colonne de miliciens chrétiens anti-balaka a déferlé sur cette ville, jusqu’alors relativement épargnée par la guerre civile qui ravageait le reste du pays depuis 2013, et tué au moins 72 civils musulmans et 12 Casques bleus en quelques jours, selon l’ONU.

Les assaillants accusaient leurs victimes civiles de complicité avec la rébellion Séléka, une coalition à dominante musulmane qui avait renversé le régime du président François Bozizé en 2013 et plongé la Centrafrique dans une spirale d’affrontements intercommunautaires.

Pour ce massacre, cinq chefs de ces milices anti-balaka ont été condamnés le 7 février aux travaux forcés à perpétuité à Bangui, pour crimes contre l’humanité. Un verdict historique dans un pays rompu à l’impunité.

Depuis la signature d’accords de paix locaux en 2018, musulmans et chrétiens arpentent librement les rues.

– Crimes contre l’humanité –

Et à Tokoyo, le quartier majoritairement musulman ravagé par les pillards, la vie reprend péniblement son cours. Depuis dix mois, Baba Kété, un grand commerçant de la région, est revenu vivre dans les ruines de sa propriété détruite en 2017, à quelques pas de la mosquée ravagée et du marché désormais occupé par les étals des chrétiens.

M. Kété veut croire que la réconciliation sera plus facile qu’ailleurs dans cette région où chrétiens et musulmans sont issus des mêmes ethnies et souvent des mêmes familles. « On a confiance, les gens ont compris », assure-t-il.

Mais à ce jour, seuls 145 déplacés ont pu regagner leurs foyers. Le reste de la communauté musulmane, environ 2.000 personnes, habite toujours le « petit séminaire », en face de la cathédrale, où ils avaient trouvé refuge en 2017 sous la protection des Casques bleus de la mission de maintien de la paix de l’ONU, la Minusca, et subi un siège de plusieurs mois.

Entassés dans ce camp de fortune sur une propriété de l’église catholique, ces déplacés continuent d’alimenter les rumeurs les plus folles. “Tant qu’ils resteront là, il n’y aura pas de véritable paix”, pense l’évêque de Bangassou, monseigneur Aguirre.

Le verdict n’a pas dissipé les inquiétudes des uns et des autres.

« Ce n’était pas la justice, plutôt une salle de théâtre », siffle Ali Idriss, chef du camp, pour qui « ceux qui ont encadré et fabriqué les anti-balakas sont toujours là ».

– Impunité pour les notables –

Un rapport d’experts de l’ONU souligne la responsabilité de plusieurs notables locaux dans l’organisation des massacres. Aucun n’a encore été poursuivi.

« Si on rentre au quartier, ils vont s’organiser pour nous tuer encore », s’inquiète Ismaïl Dicky, un habitant du camp.

Parmi les personnalités citées dans le rapport de l’ONU, figure le sultan de Bangassou, Maxime Takama. « C’est toute la population qui devrait être condamnée », balaye son représentant, Antoine Zangandou, d’une voix râpeuse.

« Une majorité de la population était favorable à l’arrivée des anti-balaka », affirme le père Serge Ikaga, curé de la paroisse de Tokoyo, ajoutant: « Beaucoup de gens pensent que si les anti-balaka n’étaient pas rentrés dans la ville, alors c’étaient les Sélékas ».

Pour les experts de l’ONU, ce sont des notables chrétiens qui ont manipulé la population et soutenu les milices anti-balaka, dans le but, notamment, de s’emparer des biens des riches commerçants musulmans.

– « Désarmer les coeurs » –

Trois ans après les tueries, « il faut encore désarmer les coeurs », insiste le père Serge. « On évite de parler de ces événements ».

Car les chrétiens s’estiment tout aussi victimes des évènements de 2017, accusant notamment les déplacés du site d’avoir détruit plusieurs maisons autour du petit séminaire.

« Ils sont victimes de quoi ? C’est de la malhonnêteté ! » s’emporte Ali Idriss.

En attendant, « il y a beaucoup de mécontents » parmi les chrétiens, assure Christian Kotalimbora, coordinateur de la société civile régionale. Et s’ils approuvent les peines infligées aux cinq chefs de milice, la plupart ne comprennent pas la condamnation de 23 complices à de lourdes peines lors du procès à Bangui.

« Ces accusés sont presque tous nos parents. On était traumatisés et abandonnés par l’Etat », argue M. Kotalimbora.

Un abandon dénoncé par les deux communautés: à Bangassou, comme ailleurs en Centrafrique, l’absence des forces de l’ordre et de toute perspective pour les jeunes ont joué un rôle déterminant dans la crise.

Au Sahel, l’exception mauritanienne face au jihadisme

A des kilomètres de la première ville, au fond de la seule tente d’un campement en plein désert de Mauritanie, trône une radio VHF. Qu’un étranger passe par ici, et les habitants actionnent l’appareil pour prévenir les autorités.

C’est un modeste mais efficace maillon du dispositif sécuritaire qui, mêlé à un travail sur les esprits, préserve la Mauritanie de la menace jihadiste alors que celle-ci ne cesse de s’étendre chez ses voisins sahéliens.

Tandis que le Mali frontalier compte ses morts à intervalles réguliers, la Mauritanie, quatre millions d’habitants, n’a pas connu d’attaque sur son sol depuis 2011.

« Il faut remonter aux années 2005 pour comprendre », explique un diplomate occidental. L’expansion de groupes islamistes en Algérie, voisin du nord, touche alors de plein fouet la Mauritanie, théâtre de plusieurs attentats.

En 2008, l’ancien chef de la sécurité présidentielle, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, prend le pouvoir par la force. Un an plus tard, il est élu président.

Les partenaires occidentaux sont circonspects, mais pragmatiques: en raison du nombre substantiel de Mauritaniens dans les groupes jihadistes naissants dans le nord du Mali, « la France a très vite compris que la menace jihadiste pouvait s’étendre à la Mauritanie », selon un ancien coopérant français, tenu comme d’autres sources à cacher son identité.

Paris, et Washington dans une moindre mesure, envoient des formateurs encadrer les unités antiterroristes et renforcer le renseignement mauritanien.

Les autorités mauritaniennes investissent sur la formation et travaillent à fidéliser les soldats: budgets gonflés, nouveaux équipements, salaires versés à la banque, accompagnement social des militaires.

– Bataille des idées –

Aujourd’hui, des dizaines de checkpoints jalonnent chaque axe routier. Une immense région jouxtant le Mali a été classée « zone militaire » où les civils n’ont pas le droit de circuler. « Toute voiture qui y circulerait serait repérée et contrôlée. Cette mesure a permis le repérage de bandes armées de trafiquants de cannabis qui ont subi des bombardements de l’armée de l’air par le passé », souligne Hassane Koné, chercheur à l’Institut d’études de sécurité à Dakar.

Au même moment, Nouakchott engage la bataille des esprits. Un dialogue est organisé en 2010 entre les principaux oulémas et environ 70 jihadistes en prison. Les leaders religieux en convainquent une cinquantaine de se repentir. Parmi eux, certains sont envoyés à la télévision, dans les mosquées, pour prêcher auprès des jeunes que le jihad n’est pas la bonne voie.

Plus de 500 imams sont recrutés, et les jeunes sortis des mahadras (écoles traditionnelles islamiques) se voient offrir une formation professionnelle.

« Nous avons vu à cette époque une forte baisse des recrutements jihadistes », explique M. Koné, par ailleurs ancien directeur des renseignements de la gendarmerie mauritanienne. « Les gens sont moins sensibles aux idées radicales, les populations collaborent plus avec l’Etat », continue-t-il.

L’actuel président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, ancien chef d’état-major et ex-bras droit du président Aziz, louait en janvier cette « ouverture spirituelle » fondée sur « l’ancrage des valeurs de tolérance et d’acceptation de l’autre pour déstructurer et détruire les fondements religieux de l’action des terroristes ».

Au travail idéologique et sécuritaire s’est greffée la création de villes ex nihilo, synonymes d’activité économique et de services de proximité, quand les groupes jihadistes prospèrent dans d’autres pays sur l’absence de l’Etat.

Ainsi sont nées en plein désert Nbeiket Lahwach, Termessa, Bouratt et Chami.

– Pacte secret ? –

« Il s’agit d’occuper le terrain, de dire aux populations nomades qui n’avaient pas de sentiment d’appartenance étatique: +Votre pays s’occupe de vous, vous protège, vous soigne, éduque vos enfants+ », analyse Isselmou Ould Salihi, journaliste mauritanien spécialiste des questions jihadistes.

L’immunité mauritanienne aux attaques ainsi que des déclarations américaines ont nourri les interrogations sur l’existence d’un pacte de non-agression secret entre Nouakchott et jihadistes.

Les Etats-Unis ont affirmé avoir trouvé en 2011, dans la cache pakistanaise où a été tué l’ancien leader d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, des documents faisant état d’une tentative de rapprochement entre le groupe et Nouakchott en 2010.

« Rien n’a jamais permis de corroborer ces rumeurs, elles sont fausses », oppose une source proche du pouvoir.

Le diplomate occidental interrogé par l’AFP abonde: « Pas de deal mais des relations tribales évidentes et historiques entre habitants du nord du Mali et de la Mauritanie ».

La Mauritanie prend cette semaine la présidence tournante du G5 Sahel coordonnant la coopération de cinq pays de la sous-région sur la sécurité et le développement. « La Mauritanie est un acteur qui a pu venir à bout du terrorisme en 2011. Nous attendons beaucoup de leur présidence », explique une source française.

L’opposition appelle les Togolais à contester la rélection du président, ses électeurs se disent « résignés »

L’opposition a appelé les Togolais à « défendre la vérité des urnes », au lendemain de la victoire contestée du président sortant Faure Gnassingbé reconduit pour un quatrième mandat, mais le pays était très calme, les partisans de l’opposition se disant « résignés ».

Faure Gnassingbé, 53 ans, a été reconduit à la tête de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest lors d’un scrutin aux chiffres officiels « inédits », tant par son score (72% des voix) que par le taux de participation de 77%.

C’est la première fois que des résultats officiels sont annoncés aussi rapidement au Togo, à peine plus de 24 heures après le scrutin, et la Commission électorale indépendante (Ceni) a « pris tout le monde de court », selon un diplomate missionné dans le pays.

« Les observateurs internationaux n’avaient même pas encore fait leurs déclarations », note cette source, estimant qu’il était « impossible de compiler et centraliser physiquement -des quelque 9.000 bureaux de vote du pays- sans système électronique ».

« Il ne s’est pas embêté avec des résultats au coude à coude », analyse cet observateur, « il a voulu faire passer le message que c’est lui le patron ».

La situation commençait à se crisper quelques heures avant cette annonce: les deux camps s’étaient d’ores et déjà déclarés vainqueurs, et le candidat outsider de l’opposition, Agbéyomé Kodjo, crédité de 18% des suffrages selon les résultats officiels, dénonçait des fraudes et des irrégularités.

Dès lundi matin, un appel de l’opposant à « défendre la vérité des urnes » circulait à travers le pays, sur l’application de messagerie Whatsapp, sans guère rencontrer d’écho.

A Lomé, quelques véhicules de l’armée et des forces de l’ordre patrouillaient dans les rues, tandis que la population se rendait au travail et vaquait à ses occupations ordinaires.

Les Togolais étaient descendus par dizaines de milliers dans les rues en 2017 et 2018 pour demander la démission de Faure Gnassingbé, dans des manifestations réprimées dans le sang.

Mais le pouvoir a tenu bon et en 2019, le Parlement votait une révision de la Constitution lui permettant de se présenter pour un quatrième et cinquième mandats.

– ‘Fatigués’ –

Les électeurs de l’opposition se sont dit « déçus » voire « trahis » par l’opposition historique de l’Alliance nationale pour le changement, qui a remporté un score très faible (4%), mais de manière générale beaucoup ne croient plus à l’alternance et sont résignés après plus d’un demi-siècle de la même famille au pouvoir.

Dans les quartiers de Lomé acquis à l’opposition, on échangeait, mais d’une manière générale, les gens se disent « fatigués ».

« Chaque jour, c’est toujours le même qui gagne, nous on voulait le changement mais cela ne peut pas arriver ici », explique Caleb, un commerçant partisan de « Kodjo », à l’AFP.

« Même si Kodjo appelle à descendre dans la rue je ne crois pas que j’irai. On a manifesté mais rien ne change, je vais pas mettre ma vie en danger », a-t-il ajouté.

« Les résultats sont faux mais nous sommes résignés. Qu’est-ce qu’on peut faire? Si tu sors dans la rue on te tue, on te frappe », renchérit Dodji, le client d’un restaurant de rue qui prenait son café lundi matin.

De son côté, le président sortant n’a pas fait pour l’instant de discours à la nation, mais a fêté sa victoire avec ses supporters dans un « village présidentiel », construit à Lomé à l’occasion de la campagne électorale.

Il est apparu en costume gris clair et casquette bleue estampillée d’un F pour « Faure », et a remercié « la jeunesse togolaise mobilisée pour célébrer (…) la démocratie ».

« La vérité vient d’éclater (…). Ceux qui voulaient s’agiter se sont agités, mais nous sommes restés calmes », a-t-il déclaré sous les applaudissements des partisans d’Unir (Union pour la république).

Lundi matin, sur son compte officiel Twitter, les internautes pouvaient lire un bref message: « Merci pour la confiance renouvelée. Oui, allons-y ».

M. Gnassingbé, arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui avait lui-même dirigé le Togo pendant 38 ans, a été réélu depuis lors de scrutins tous contestés par l’opposition.

Il garde d’importants alliés parmi ses pairs africains et avec la France, ex-puissance coloniale impliquée dans la lutte contre les mouvements jihadistes au Sahel voisin, qui restent particulièrement sensibles à la stabilité du Togo dans cette région volatile.

« Comme des réfugiés »: à Wuhan, la lutte des habitants confinés pour se nourrir

« On a l’impression d’être des réfugiés »: à Wuhan, la ville berceau du coronavirus coupée du monde depuis un mois, les habitants confinés luttent pour se nourrir, entre une offre raréfiée, des restrictions d’achat et une envolée du prix des légumes.

Son quartier a été verrouillé sans préavis: Guo Jing, une jeune femme de 29 ans, est désormais cloîtrée chez elle.

Elle a vu sa liberté de circulation réduite progressivement à néant: d’abord, le 23 janvier, il est devenu interdit de quitter Wuhan, coupée du monde dans l’espoir d’endiguer l’épidémie, apparue dans cette ville de 11 millions d’âmes du centre de la Chine.

Puis, les habitants n’ont plus eu le droit de quitter leur complexe résidentiel ou bloc d’habitation qu’une fois tous les trois jours.

Et désormais, même cette permission a disparu: Guo Jing ne peut plus mettre un pied dehors et dépend désormais des livraisons à domicile.

« Certes, je peux vivre ainsi encore un mois », explique-t-elle, évoquant ses stocks de légumes marinés et d’oeufs.

Tous n’ont pas cette chance: pour les millions de Chinois piégés à Wuhan, l’interdiction de quitter sa résidence suscite d’angoissantes questions pratiques.

« Quand les provisions que nous avons chez nous seront terminées, j’ignore totalement où nous pourrons faire des achats », s’inquiète Pan Hongsheng, qui vit avec son épouse et ses deux enfants.

Les habitants de cette ville bouclée depuis un mois ont été contactés par l’AFP par téléphone et par messagerie.

Certaines communautés ou résidences passent des commandes en gros après de supermarchés.

Rien de tel dans le voisinage de M. Pan: « Tout le monde s’en fiche », se désole-t-il auprès de l’AFP. « Notre petit de trois ans n’a même plus de lait en poudre! ».

Pan Hongsheng est dans l’impossibilité de transmettre des médicaments à ses beaux-parents octogénaires habitant un autre quartier. « On a l’impression d’être des réfugiés », commente-t-il, amer.

– « On ne peut pas choisir » –

Les autorités appellent à la patience: « Le contrôle étroit des communautés dérange un peu la vie des gens, c’est inévitable », a simplement constaté devant la presse Qian Yuankun, vice-secrétaire du Parti communiste dans la province.

Les achats groupés de nourriture s’envolent, organisés sur des groupes de discussion improvisés sur la messagerie mobile WeChat.

Certains commerces vendent des paniers de produits frais au poids, à condition que les commandes soient groupées à une même adresse.

Dans le quartier de Guo Jing, on peut acheter 6,5 kilos de légumes de cinq variétés, dont des patates et des choux, au prix fort de 50 yuans (6,60 euros).

« Vous ne pouvez pas choisir ce que vous aimeriez manger. Les préférences personnelles ne sont plus de saison », soupire la jeune femme.

Le système des achats groupés laisse de côté certaines communautés de petite taille, puisque les supermarchés exigent un nombre minimum de commandes.

« Honnêtement, on ne peut pas faire autrement », se justifie Yang Nan, patronne d’un supermarché Laocunzhang, qui impose un minimum de 30 commandes groupées. « Nous avons seulement quatre véhicules » et un effectif réduit.

Un autre supermarché indique à l’AFP ne satisfaire que 1.000 commandes au maximum par jour.

« C’est devenu très compliqué de recruter » des coursiers, observe Wang Xiuwen, salarié du département logistique du magasin, indiquant être réticent à accepter des bras extérieurs… par crainte des contaminations.

– Légumes « déjà pourris »-

L’intensité des restrictions varie cependant selon les quartiers.

Une jeune femme de 24 ans, s’exprimant sous couvert d’anonymat, explique à l’AFP que les occupants de son immeuble peuvent sortir, une personne par foyer à la fois, et payer des livreurs directement pour leur ramener des courses.

Dans d’autres districts, les supermarchés ont interdiction de vendre directement aux particuliers, ce qui oblige à s’en remettre aux comités de quartiers ou organisations de résidents capables d’acheter en gros.

Ainsi, le complexe résidentiel de David Dai, dans les faubourgs de Wuhan, organise des commandes groupées au prix fort.

« Mais la réalité est horrible (…) On reçoit des tas de tomates et d’oignons déjà pourris », s’énerve ce père de 49 ans, selon qui le tiers des aliments livrés est bon à jeter. Sa famille en est réduite à faire sécher des épluchures de navets pour ajouter des nutriments aux futurs repas, raconte-t-il.

Le pire, c’est l’incertitude, conclut Ma Chen, un jeune trentenaire vivant seul.

Faute de savoir quand une prochaine commande sera possible et combien de temps dureront les restrictions, « je ne sais jamais quelle quantité de nourriture acheter ».

« Namaste Trump »: show bouillant pour le président américain en Inde

Dans le chaudron d’un stade de cricket flambant neuf, Donald Trump et le Premier ministre indien Narendra Modi ont tenu lundi un meeting géant devant plus de 100.000 personnes, point d’orgue d’une première journée à grand spectacle pour la visite du président américain en Inde.

Les deux dirigeants, qui mettent l’accent sur leur alchimie personnelle dans un contexte de tensions commerciales, ont loué les liens entre l’Inde et les États-Unis. Sous un accablant soleil à son zénith, ils ont partagé l’estrade du plus grand stade de cricket du monde à Ahmedabad (Gujarat, ouest), pour un meeting intitulé « Namaste Trump » (« Bonjour Trump » en hindi).

« Les relations entre l’Inde et les États-Unis ne sont plus seulement un partenariat parmi d’autres. C’est une relation bien plus profonde et plus grande », a lancé Narendra Modi à une foule équipée de casquettes blanches « Namaste Trump », aux drapeaux indien et américain imprimés sur la visière.

Le président républicain s’est félicité de l' »accueil phénoménal » reçu pour ce premier déplacement officiel en Inde.

« L’Amérique aime l’Inde. L’Amérique respecte l’Inde, et l’Amérique sera toujours une amie fidèle et loyale du peuple indien », a déclaré Donald Trump, en louant la diversité culturelle du pays de 1,3 milliard d’habitants, son cinéma de Bollywood et ses joueurs de cricket.

Il a ensuite assisté au coucher du soleil devant le Taj Mahal d’Agra. Chef-d’œuvre d’architecture indo-persane, le somptueux mausolée de marbre blanc était vidé pour l’occasion de ses foules de touristes et de ses singes chapardeurs.

« C’est incroyable, vraiment incroyable », a commenté Donald Trump, main dans la main avec son épouse Melania, devant le monument construit au XVIIe siècle par l’empereur Shah Jahan pour sa femme défunte.

Le président américain était attendu pour la dernière journée de sa visite d’Etat à New Delhi, où responsables indiens et américains aborderont mardi le fond des dossiers. À quelques heures de son arrivée, des heurts y ont éclaté entre partisans et opposants d’une loi controversée sur la citoyenneté. Un policier a été tué.

Le meeting « Namaste Trump » était le retour de faveur de Narendra Modi au président américain pour un grand meeting similaire, « Howdy Modi », organisé à Houston (Texas) en septembre dernier.

– Accord commercial « pas pressé » –

Les gradins du stade Sardar Patel d’Ahmedabad, où des files d’attente s’étaient formées dès quatre heures du matin, étaient pleins à l’arrivée des deux leaders. Par une forte chaleur, près de la moitié de l’assemblée a cependant quitté le stade avant même la fin du discours de Donald Trump.

« Nous avons vraiment aimé que (Donald Trump) fasse l’éloge de l’Inde et parle de l’importance des liens entre l’Inde et les États-Unis », a déclaré à l’AFP Harsh Kumar, un étudiant en ingénierie de 18 ans. « Il a parlé de sujets cruciaux comme le commerce, et les jeunes comme nous espérons qu’il réglera les problèmes sur des sujets comme les visas et l’innovation. »

« Nous sommes partis à la moitié du discours de Trump. Il faisait trop chaud. Les gens devant nous aussi sont partis », regrettait son camarade Manav Patel.

Lundi matin, Donald Trump s’était rendu à l’ashram de Gandhi, originaire comme Narendra Modi du Gujarat. Sa limousine blindée a suivi un parcours de plusieurs kilomètres dans les rues d’Ahmedabad, décorées d’immenses effigies et affiches lui souhaitant la bienvenue.

Des milliers d’Indiens l’ont salué sur le parcours, sans toutefois atteindre les « millions » de personnes évoquées par M. Trump avant son voyage.

Ce voyage ne devrait pas être l’occasion d’annonces majeures. Les deux nations sont engagées dans un bras de fer commercial depuis l’année dernière mais, faute de terrain d’entente à ce jour, aucun grand accord commercial ne devrait être conclu.

Interrogé par la presse au sujet de cet accord lors du vol d’Air Force One entre Ahmedabad et Agra, le président américain s’est dit « pas pressé » de parvenir à une signature.

Washington s’irrite du protectionnisme historique du géant d’Asie du Sud et juge que les entreprises américaines n’ont pas un accès suffisant à son marché intérieur. L’Inde représente cependant un allié stratégique pour les États-Unis en Asie, qui voient en elle un potentiel contrepoids à la montée en puissance de la Chine dans la région.

burs-amd/sg

Le chef de l’ONU s’alarme de voir les droits humains « pris d’assaut »

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est alarmé lundi de voir les droits humains « pris d’assaut » de toutes parts dans le monde, tout particulièrement pour les femmes avec notamment des « niveaux alarmants de féminicides ».

« Les droits de l’Homme font face à des défis croissants », a lancé M. Guterres à l’ouverture de la session annuelle du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU à Genève, en ajoutant « qu’aucun pays n’est à l’abri » face à cette dérive.

« Les peurs progressent » et « les droits de l’Homme sont attaqués » partout, a ajouté l’ancien Premier ministre portugais, en appelant la communauté internationale à « l’action » pour renverser cette tendance.

Dans son discours devant le Conseil, la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, a également réclamé une action urgente pour éviter de laisser « à nos jeunes et à leurs enfants un gigantesque incendie incontrôlable de crises des droits humains qui se mêlent et s’aggravent ».

Le secrétaire général de l’ONU n’a cité aucun pays en particulier dans son discours, même s’il a fait des allusions à des situations comme le conflit en Syrie ou le sort des migrants voulant se rendre en Europe.

Il a ainsi souligné le cas « des civils piégés dans des enclaves dans des régions ravagées par la guerre, affamés et bombardés en dépit du droit international », et dénoncé les « trafics d’êtres humains, qui affectent toutes les régions du monde ».

M. Guterres s’est aussi inquiété de voir des « reculs des droits des femmes, des niveaux alarmants de féminicides, des attaques contre les défenseurs des droits des femmes, et la persistance de lois et de politiques qui perpétuent la soumission et l’exclusion ».

« La violence contre les femmes et les filles est la violation des droits humains qui se répand le plus », a-t-il souligné.

– Lois répressives –

« Les lois répressives se multiplient, avec des restrictions de plus en plus grandes pour les libertés d’expression, de religion, de participation, de réunion et d’association », a ajouté M. Guterres.

Il a également fait allusion à la progression du populisme, en déplorant une « arithmétique politique perverse » consistant à « diviser les gens pour multiplier les votes » et « saper l’Etat de droit ».

« Les journalistes, les défenseurs des droits humains et les militants écologistes – tout particulièrement les femmes – font l’objet de menaces croissantes, au moment même où leur engagement est indispensable à l’exercice de la justice », a-t-il ajouté.

Il a également déploré que les nouvelles technologies permettent de « donner aux autorités des moyens inédits pour contrôler les allées et venues de chacun et restreindre les libertés ».

La crise climatique quant à elle constitue « la plus grande menace pour la survie de notre espèce » et met en danger « les droits humains aux quatre coins de la planète », a-t-il ajouté.

M. Guterres a également pris la défense des « minorités religieuses et indigènes » persécutées ainsi que des membres des communautés LGBTI victimes « d’actes de haine ».

Ces discours surviennent après de multiples critiques contre M. Guterres, accusé de ne pas être assez incisif sur les questions de droits de l’Homme, et de ménager les pays puissants comme les Etats-Unis, l’Arabie saoudite ou la Chine.

Le prédécesseur de Mme Bachelet, Zeid Raad al-Hussein, s’était demandé début février dans la revue Foreign Policy si avec le temps cette réticence à nommer des pays ne serait pas assimilée à une « faiblesse ».

Le chef de l’ONG Human Rights Watch Kenneth Roth avait fait part l’an dernier à l’AFP de son « énorme déception » de voir M. Guterres « ne parler des droits de l’Homme qu’en termes génériques ».

Le chef de l’ONU a quant à lui assuré qu’il y avait « des moments où nous parlerons fort pour identifier les violations et ceux qui les commettent. A d’autres moments nous travaillerons en coulisses ».

La but n’est pas « de faire les gros titres » mais d’obtenir « des changements significatifs pour la vie des gens », a assuré M. Guterres.

Il a ajouté dans son discours que la souveraineté des Etats, souvent invoquée par de nombreuses capitales, « ne pouvait servir de prétexte aux violations des droits de l’Homme », et a récusé « la fausse dichotomie entre droits humains et souveraineté nationale ».

L’Irak annonce un premier cas de coronavirus, un citoyen iranien (officiel)

L’Irak a annoncé lundi son premier cas de contamination au nouveau coronavirus, un étudiant en religion iranien dans la ville sainte chiite de Najaf, alors que le pays a déjà interdit les voyages entre l’Irak et son grand voisin iranien.

Cet homme, âgé d’une trentaine d’années selon une source médicale, est le premier cas officiellement annoncé en Irak, un pays au système de santé totalement délabré qui accueille sur son sol de nombreux pèlerins et étudiants en religion venus d’Iran.

L’Iran est en première ligne face au nouveau coronavirus, avec 12 cas recensés jusqu’ici, soit le plus grand nombre de cas de décès en dehors de Chine, épicentre de la maladie.

L’homme atteint de la pneumonie virale Covid-19 était lundi en quarantaine dans un hôpital de Najaf, au sud de Bagdad. Tout membre du personnel lui fournissant des soins était ensuite passé avec ses habits sous un jet de produit désinfectant, a constaté un photographe de l’AFP.

Aussitôt cette annonce faite, la direction de l’Education de cette province a annoncé « suspendre jusqu’à nouvel ordre les examens de fin de premier semestre » dans l’ensemble des établissements scolaires et universitaires de la province.

L’Irak, inquiet des décès en Iran et de l’annonce d’une première contamination dans un autre pays voisin, le Koweït, a fermé sa frontière à l’est avec les deux pays.

Bagdad a également interdit les voyages vers et depuis l’Iran jeudi, mais la direction de la Santé de Najaf a affirmé lundi dans son communiqué que le premier malade d’Irak était entré « avant l’interdiction d’entrée sur le territoire prononcée contre les Iraniens ».

En Iran, la plupart des dernières contaminations ont eu lieu à Qom, une ville sainte à 150 km au sud de Téhéran qui revêt une importance particulière pour les chiites, une communauté très présente au Liban, en Irak et au Koweït, ce qui alimente la psychose en Irak.

Les Irakiens s’étaient déjà inquiétés de la diffusion du nouveau coronavirus en Chine: plusieurs compagnies pétrolières chinoises opèrent avec leur personnel en Irak. Alors que le bilan en Chine avoisine les 2.600 morts, l’entrée sur le territoire irakien de tout étranger en provenance de Chine a été interdite par Bagdad.

Les Irakiens sont d’autant plus préoccupés que leur pays est en pénurie chronique de médicaments et compte moins de 10 médecins pour 10.000 habitants, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Coronavirus: Téhéran promet la « transparence » après des accusations

Les autorités de Téhéran ont promis lundi la transparence sur l’épidémie de nouveau coronavirus en Iran, démentant catégoriquement que l’épidémie ait pu faire un cinquantaine de morts comme l’affirme un député accusant le gouvernement de « mentir au peuple ».

« Je nie catégoriquement cette information », a déclaré le vice-ministre de la Santé, Iraj Harirtchi, interrogé sur le chiffre avancé par Ahmad Amirabadi Farahani.

Cet élu ultraconservateur de la ville de Qom –où ont été annoncés, le 19 février, les premiers cas et décès liés au nouveau coronavirus– a assuré que le nombre de morts s’élevait dimanche soir à « environ 50 personnes » pour cette ville sainte chiite située à 150 km au sud de Téhéran et dont la province est la plus touchée par l’épidémie.

« Je demande à notre frère qui déclare ce chiffre de 50 morts de nous fournir la liste de leurs noms dans une lettre. Si le nombre de décès à Qom atteint la moitié ou le quart de ce chiffre, je démissionnerai », a rétorqué le vice-ministre de la Santé.

« Nous nous engageons à être transparents sur la publication des chiffres », a renchéri le porte-parole du gouvernement Ali Rabii. « Nous annoncerons tout chiffre concernant le nombre de morts sur l’ensemble du pays », a-t-il promis.

L’agence de presse Ilna, proche des réformateurs, a été la première à publier les accusations formulées par M. Amirabadi Farahani devant des médias iraniens, à l’issue d’une session à huis clos consacrée au coronavirus avec le ministre de la Santé, Saïd Namaki.

Le député a également accusé le gouvernement de « ne pas dire la vérité » sur l’ampleur de l’épidémie en Iran, selon l’agence semi-officielle Isna.

« Le reste des médias n’a pas publié ce chiffre, mais nous préférons ne pas censurer ce qui concerne le coronavirus car la vie du peuple est en danger », a déclaré à l’AFP Fatemeh Mahdiani, rédactrice en chef de l’agence Ilna.

– Annonce tardive –

L’agence Fars, proche des ultraconservateurs, a ensuite nuancé, rapportant que l’élu de Qom avait parlé d’un bilan « inférieur à 50 » morts dans sa ville, en réponse à une question lui demandant si le total était de 60 morts.

« Malheureusement, le coronavirus est arrivé à Qom depuis trois semaines et cela a été annoncé (trop) tard », a ajouté l’agence en citant le député.

Les autorités ont annoncé lundi la mort de quatre nouvelles personnes infectées par le virus Covid-19.

Ces décès portent à 12 le nombre de personnes tuées en Iran par l’épidémie de pneumonie virale, sur un total de 61 personnes contaminées dans le pays, selon les derniers chiffres du ministère de la Santé.

Ce bilan place l’Iran au premier rang des pays touchés par la maladie en dehors de Chine, d’où est partie le virus et où l’on recense presque 2.600 morts.

Après la province de Qom, où 34 cas de contamination ont été recensés, suivent celles de Téhéran avec 13 cas, Gilan (nord, 6 cas), Markazi (centre, 4 cas), Ispahan (centre, 2 cas), et les provinces de Hamédan (ouest) et Mazandaran (nord), avec un cas chacune, selon le ministère.

Hormis pour les deux premiers décès à Qom, les autorités ne précisent plus le lieu des nouveaux cas mortels.

– Commerçant ou clandestins? –

La confiance de la population iranienne dans les autorités est mise à rude épreuve depuis l’affaire de l’avion de ligne ukrainien dans lequel 176 personnes, majoritairement iraniennes et canadiennes, ont péri.

Les forces armées avaient reconnu leur responsabilité dans le drame trois jours après les faits et après le démenti par les autorités civiles de la thèse d’un tir de missiles avancée par le Canada dès le soir de la catastrophe.

Lundi, le Koweït et Bahreïn ont annoncé avoir détecté leurs premiers cas de personnes infectées par le nouveau coronavirus, ajoutant qu’elles revenaient d’Iran, pays riverain situé sur la rive opposée du Golfe.

Le ministère de la Santé de Koweït a précisé que trois personnes revenant de Machhad, la deuxième ville d’Iran, avaient été testées positives au virus.

Les autorités iraniennes n’ont encore annoncé aucun cas de contamination dans cette ville sainte et très important centre de pèlerinage chiite, dans le nord-est du pays.

De son côté, l’Irak a annoncé son premier cas de contamination, un étudiant en religion iranien dans la ville sainte chiite de Najaf.

A l’issue de la session à huis clos des députés avec le ministre de la Santé, le porte-parole du bureau du Parlement iranien, Assadollah Abbassi, a déclaré que celui-ci avait pointé, comme « cause de l’infection au coronavirus en Iran », « des personnes entrées illégalement dans le pays depuis le Pakistan, l’Afghanistan et la Chine », selon Isna.

La veille, le ministre avait pourtant déclaré que l’une des personnes tuées par la maladie à Qom était « un commerçant (local) qui avait effectué plusieurs voyages en Chine ».

Le nord de l’Italie se barricade doucement face au virus

Le militaire n’a pas de masque. D’un geste automatique, il remonte son écharpe sur le nez en s’approchant des conducteurs. Petit à petit, la routine de la quarantaine s’installe à l’entrée de Casalpusterlungo, une des villes du nord de l’Italie frappées par le coronavirus.

C’est un rond-point banal, posé au milieu de la plaine lombarde. Deux de ses bretelles sont bloquées par des voitures des douanes. Au-delà, on est en « zone rouge », là où ont été identifiés des foyers d’infection au coronavirus. Là où plusieurs dizaines de milliers d’habitants sont placés depuis dimanche en stricte quarantaine. Théoriquement.

Seuls sont autorisés à entrer dans la zone rouge les camions transportant des produits de première nécessité (médicaments, nourriture), les policiers, le personnel médical ou les personnes bénéficiant de dérogations exceptionnelles.

Idem pour la sortie. Mais certains conducteurs, voire des cyclistes, franchissent le barrage et quittent la zone de quarantaine.

« Ils ne sont pas résidents dans la zone, ils l’ont juste traversée », explique un militaire, en concédant que la quarantaine est en train de se mettre en place et que les procédures sont parfois encore flexibles.

De nombreux automobilistes et camionneurs sont toutefois refoulés, dans le calme général. Même le chauffeur désespéré -« mais où je vais, moi ? qu’est ce que je vais faire ? »- et qui lance en faisant demi-tour « Pays de bouffons! » élève à peine la voix.

– Eau potable –

« La population est généralement très coopérative », reprend le militaire au barrage.

Et l’angoisse reste très contenue. « Si on devait avoir peur, qu’est-ce qui se passerait ? », sourit Gianluca Bragalini, un employé d’une société de distribution d’eau potable qui s’apprête à entrer en zone rouge avec une dizaine d’autres collègues. « On doit garantir le fonctionnement des services publics. Imaginez si l’eau potable venait à manquer ? ».

Arrive à pied Angela Grechi, responsable d’une association de protection des chats. Elle s’inquiète pour 80 félins abrités à Somaglia, une commune dans la zone rouge, qui n’auront bientôt plus à manger.

« J’espérais pouvoir livrer la nourriture ici au rond-point à notre responsable locale, mais il faut une autorisation de la préfecture », soupire-t-elle. « Je sais, ça paraît dérisoire de s’inquiéter pour des chats, mais… », lance-t-elle en tournant les talons.

Avec onze villes en quarantaine depuis dimanche, soit plus de 50.000 habitants confinés, l’Italie est devenue le premier pays européen à prendre des mesures drastiques pour contenir l’épidémie de Covid-19.

Quatre personnes sont mortes dans le nord du pays depuis vendredi, et plus de 200 cas ont été recensés. En Lombardie, la région de Milan, les autorités ont décidé la fermeture des écoles pendant une semaine et l’annulation de toutes les manifestations culturelles et sportives.

– ‘Situation absurde’ –

A quelques kilomètres de Casalpusterlengo, autre rond-point, autre barrage. Ambiance tout aussi tranquille, mais visions parfois angoissantes, comme cette ambulance qui rentre dans la zone à tombeau ouvert, conduite par un homme au visage entièrement masqué et revêtu d’une combinaison totale.

Stefano Medaglia, un menuisier de 32 ans, sa femme et leur bébé dans sa poussette arrivent à pied de la zone rouge jusqu’au rond-point.

« On est sortis faire quelques pas, on reste éloignés des autres gens, on prend nos précautions », explique le jeune homme originaire de Bertonico, une commune sous quarantaine. « Là-bas, c’est calme, il n’y a pas d’alarmisme. Mais c’est une situation étrange, absurde », soupire M. Ledaglia, qui craint pour l’activité de son entreprise familiale à Somaglia, autre ville dans la zone rouge.

« Je viens demander aux carabiniers (gendarmes, ndlr) s’il est possible de se déplacer d’une ville à l’autre à l’intérieur de la zone de quarantaine », explique-t-il. Il repart avec une réponse assez floue.

Pendant ce temps, certaines voitures entrent dans la zone, sans qu’on comprenne vraiment pourquoi. « Tant qu’elles restent sur la départementale, ca va. Il ne faut pas qu’elles prennent les petites routes et aillent dans les villages », dit un carabinier. Et comment peut-on le vérifier ? Il hausse les épaules.