Soudan du Sud: le chef rebelle Riek Machar investi vice-président

Le dirigeant rebelle du Soudan du Sud Riek Machar a été investi samedi à Juba premier vice-président de ce pays en guerre depuis six ans, conformément à un accord de paix conclu en 2018.

« Je jure d’être fidèle (…) à la République du Soudan du Sud », a déclaré M. Machar devant un parterre de diplomates et de représentants des pays voisins, dont le dirigeant du Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhan.

M. Machar a donné l’accolade et serré la main de son rival de toujours, le président Salva Kiir, avec qui il va tenter de gouverner pour la troisième fois depuis l’indépendance du Soudan du Sud en 2011.

Sous pression internationale, ils se sont mis d’accord pour former un gouvernement d’union nationale, pierre angulaire de l’accord de paix conclu en septembre 2018.

Salva Kiir a dissous vendredi son gouvernement en vue de la formation de ce nouvel exécutif d’union dont la composition doit être annoncée samedi.

M. Machar, qui a déjà été vice-président par deux fois entre 2011 et 2013, puis brièvement en 2016, devait initialement prêter serment vendredi.

Les deux précédentes échéances pour former le gouvernement d’union n’avaient pas été respectées, des désaccords persistant sur la création d’une armée nationale unifiée, le nombre d’États régionaux et les garanties portant sur la sécurité de M. Machar.

La récente proposition de M. Kiir de revenir à un système fédéral de 10 États, au lieu de 32, plus trois « zones administratives » (Ruweng, Pibor et Abyei), a contribué à débloquer la situation.

M. Machar a d’abord rejeté cette concession du président, en contestant le statut proposé de Ruweng, une région essentielle pour la production de pétrole, mais sans que cela empêche l’accord sur le gouvernement.

Les deux hommes « continueront à résoudre le problème » une fois le gouvernement formé, a précisé vendredi à l’AFP Manawa Peter Gatkuoth, l’un des porte-parole de M. Machar.

Ce dernier vivait en exil depuis l’échec d’une précédente tentative de gouvernement d’union en 2016, brutalement interrompue par d’intenses combats entre ses troupes et celles de M. Kiir à Juba.

Le président Kiir a annoncé jeudi que ses hommes seraient chargés de la sécurité de la capitale, ainsi que de celle de M. Machar.

Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013 lorsque M. Kiir, un Dinka, a accusé M. Machar, son ex-vice-président, membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’État.

Le conflit, marqué par des atrocités, dont des meurtres et des viols, a fait en six ans plus de 380.000 morts et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

Coronavirus: les Etats-Unis accusent la Russie de désinformation en ligne

Des milliers de comptes liés à la Russie sur Twitter, Facebook et Instagram propagent de la désinformation anti-américaine sur le nouveau coronavirus apparu en Chine, ont affirmé à l’AFP des responsables américains.

La campagne de désinformation et de propagation de théories du complot a démarré il y a un mois, à un moment où le nombre de morts en Chine était de trois et l’épidémie n’en était qu’à 200 cas à Wuhan, selon ces responsables. Aujourd’hui, le bilan est monté à plus de 2.200 morts et 75.000 cas en Chine, et plus d’un millier de cas dans 26 autres pays.

La campagne russe rappelle les tentatives du KGB pour faire croire, pendant la Guerre froide, que le VIH était une invention de scientifiques américains.

« Le but de la Russie est de semer la discorde et d’affaiblir de l’intérieur les institutions des Etats-Unis et leurs alliances, y compris au travers de campagnes souterraines et pernicieuses », a estimé Philip Reeker, sous-secrétaire d’Etat chargé de l’Europe et de l’Eurasie.

« En disséminant la désinformation sur le coronavirus, des acteurs russes malveillants choisissent une fois de plus de menacer la sécurité publique au détriment de la réponse globale » à l’épidémie, a-t-il ajouté.

Les responsables de la diplomatie américaine chargés de lutter contre la désinformation russe disent que des comptes aux noms de personnes fictives reproduisent des lignes d’attaques russes, non seulement en anglais mais aussi en français, en espagnol, en italien et en allemand.

Les théories propagées incluent l’idée que le virus a été créé par les Etats-Unis pour « faire une guerre économique à la Chine », que c’est une arme biologique inventée par la CIA, ou encore qu’il fait partie d’une stratégie occidentale de « messages anti-Chine ».

Des tweets accusent aussi faussement le cofondateur de Microsoft, Bill Gates, dont la fondation a investi des milliards de dollars dans des programmes de santé internationaux.

Les milliers de comptes impliqués étaient surveillés pour s’être ingérés dans diverses crises à travers le monde, de la guerre en Syrie aux manifestations au Chili et en France avec les gilets jaunes. Ils postent des messages « quasi-identiques » sur le coronavirus, selon un rapport préparé pour le Global Engagement Center du département d’Etat, la cellule de lutte contre les campagnes de désinformation étrangères.

– Comptes coordonnés –

Contrairement à d’autres sujets où l’activité dure généralement trois jours, les comptes s’activent depuis un mois, selon les responsables américains, signe de l’importance accordée à l’affaire par les Russes.

« C’est typique de la doctrine russe de confrontation informationnelle », explique un responsable. « Le nombre mondial de cas du coronavirus n’a pas atteint son pic, donc la stratégie russe est d’exploiter l’environnement informationnel de façon très peu coûteuse mais très efficace, afin de semer la discorde entre la Chine et nous, ou pour des raisons économiques ».

Le département d’Etat fait coïncider le début de la campagne sur internet au 20 janvier, quand les médias contrôlés par l’Etat russe ont commencé à diffuser des articles et interviews anti-occidentaux sur les origines de l’épidémie, notamment RT et Sputnik. Les opérateurs des comptes ont commencé le lendemain.

« Il est peu probable que ce soit une coïncidence », dit un responsable. « Quand les médias russes ont commencé à sortir ces théories, les comptes russes ont vraiment commencé à les promouvoir mondialement ».

« Ces milliers de comptes travaillent de concert les uns avec les autres, au quotidien, avec des phrases, un ton et un rythme identiques. On peut tous les relier assez facilement à RT, Sputnik et d’autres médias liés à la Russie ».

« Ce ne sont pas des robots, ce sont de vraies personnes derrière un clavier », ajoute le responsable.

« On peut ainsi voir pleinement à l’oeuvre leur écosystème de désinformation, incluant des télévisions d’Etat, des sites internet qui leur sont proches et des milliers de fausses identités sur internet qui, tous, poussent les même thèmes », a commenté Lea Gabrielle, qui dirige le Global Engagement Center.

Washington considère que la désinformation russe nuit à la réponse sanitaire contre le virus, notamment en Afrique et en Asie.

« Ces opérateurs semblent avoir carte blanche pour semer la discorde », dit un responsable du département d’Etat, en affirmant que les trolls russes étaient autonomes et n’agissaient pas forcément sur ordre explicite.

« Il n’est pas nécessaire qu’un thème particulier soit décidé au plus haut niveau. Ils ont la capacité indépendante d’opérer dans cet espace pour infliger les dommages qu’ils souhaitent, avec des conséquences potentiellement catastrophiques ».

Soudan du Sud: un pays ravagé par la guerre civile

Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, est l’un des pays les plus pauvres malgré ses richesses pétrolières, avec une économie ruinée par six années de guerre civile qui ont généré une grave crise humanitaire.

– Plus jeune État au monde –

Le 9 janvier 2005, le Nord et le Sud du Soudan signent un accord de paix, après des décennies de guerre civile entre rebelles sudistes et Khartoum (1959-1972 et 1983-2005), qui ont provoqué des millions de morts.

Le 9 juillet 2011, le Soudan du Sud proclame son indépendance, six mois après avoir voté par référendum sa sécession.

Cet État enclavé est frontalier du Soudan, de l’Éthiopie, du Kenya, de l’Ouganda, de la République démocratique du Congo et de la Centrafrique.

Avec une superficie de 589.745 km2, le pays, dont la capitale est Juba, représente presque un quart de l’ancien Soudan. Nord et Sud se disputent toujours la province riche en pétrole d’Abyei.

Contrairement au Nord musulman, le Sud est essentiellement chrétien et animiste.

– Guerre civile –

Le 15 décembre 2013, d’intenses combats opposent des factions rivales de l’armée à Juba. Le président Kiir, de l’ethnie dinka, accuse de tentative de coup d’État son ancien vice-président, Riek Machar, de l’ethnie nuer, limogé en juillet.

Celui-ci nie toute tentative de putsch, puis appelle l’armée à renverser Salva Kiir, l’accusant de vouloir « allumer une guerre ethnique ».

Les combats et massacres entre Dinka et Nuer s’étendent dans le pays.

Après un accord de paix signé en 2015, M. Machar redevient pour quelques semaines vice-président en 2016. Mais il doit s’exiler après des combats à Juba en juillet.

Un nouvel accord de paix intervient en septembre 2018 qui prévoit la formation d’un gouvernement d’union nationale.

La guerre civile, marquée par des atrocités et le recours au viol comme arme de guerre, a fait plus de 380.000 morts, pour moitié dus aux maladies et au manque d’accès aux soins.

– Pauvreté et crise humanitaire –

Près de 82% des 11 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté (Banque mondiale 2018), et le pays se classe au 186ème rang sur 189 de l’indicateur de développement humain du Pnud.

Chassés par la guerre civile, plus de quatre millions de personnes ont fui leur foyer, dont 2,2 millions sont réfugiés ou demandeurs d’asile dans les pays voisins, selon le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Mi-février, les essaims de criquets qui dévastent les cultures en Afrique de l’Est sont arrivés au Soudan du Sud, dont 60% de la population est déjà menacée par la faim, sous l’effet combiné de la guerre, de la sécheresse et d’inondations.

– Économie dépendante du pétrole –

Le Sud a hérité à l’indépendance des trois quarts des réserves pétrolières du Soudan, mais reste tributaire des infrastructures du Nord pour ses exportations.

Le pétrole représente la quasi-totalité de ses exportations et plus de 40% du PNB, selon la Banque mondiale.

L’économie a pâti d’une baisse des cours de l’or noir et d’infrastructures endommagées par la guerre.

La croissance du PIB est estimée à 3,2% lors de l’année budgétaire 2018/2019, après une contraction de 3,5% l’année précédente, tandis que l’inflation a été divisée par deux à environ 60%.

C’est l’un des pays les plus affectés par la corruption selon Transparency International (178ème sur 180).

– Marais et savane –

Le Soudan du sud abrite une faune variée (antilopes, éléphants, girafes, lions…), malmenée par la guerre civile et le braconnage, mais qui pourrait permettre un essor du tourisme après le conflit.

Le pays abrite le plus grand écosystème de savane d’Afrique de l’Est qui favorise une importante migration saisonnière.

Le Sud, plus grande zone marécageuse du monde, héberge d’innombrables oiseaux et d’immenses étendues de papyrus et plantes aquatiques.

Kazakhstan: 200 arrestations avant des manifestations de l’opposition

Environ 200 personnes ont été arrêtées samedi avant des manifestations organisées par deux partis d’opposition à Almaty, la plus grande ville du Kazakhstan, pays autoritaire d’Asie centrale.

Ex-République soviétique riche en hydrocarbures, le Kazakhstan est régulièrement critiqué par les organisations de défense des droits de l’homme pour sa répression des manifestations et de l’opposition.

Des policiers ont interpellé samedi une trentaine de militants du Parti démocratique, au moment où ils tentaient d’organiser un rassemblement de protestation à Almaty, selon un correspondant de l’AFP sur place.

Ce parti, non reconnu par les autorités, comptait tenir son premier congrès qui a dû être annulé après l’arrestation récente de son chef et de plusieurs militants.

Les protestataires réclamaient notamment la libération de Janbolat Mamaï, réalisateur et l’un des fers de lance du parti, arrêté et condamné vendredi à trois jours de détention pour avoir lancé cet appel à manifester. « Liberté pour Mamaï! » scandaient-ils.

Selon des témoins, les forces de l’ordre ont par ailleurs arrêté jusqu’à 70 personnes qui se dirigeaient vers le site désigné comme lieu de la manifestation.

Dans l’après-midi, la police a procédé à l’arrestation d’une centaine d’autres militants qui étaient en train de se réunir pour une manifestation séparée, organisée à l’appel du parti Choix démocratique du Kazakhstan (DCK), interdit dans le pays, selon un journaliste de l’AFP.

Le militant Erik Joumabaïev, en fauteuil roulant, était parmi les manifestants détenus par la police. Il a été embarqué dans une ambulance.

Le Choix démocratique du Kazakhstan (DCK), qui avait également annoncé son intention de manifester samedi, avait été interdit par un tribunal kazakh en 2018 car considéré comme « extrémiste ».

Le régime du Kazakhstan est critiqué depuis de longues années par les ONG de défense des droits de l’homme locales et internationales pour sa législation restrictive en matière de manifestations.

– Nouvelles restrictions –

Lors d’un entretien téléphonique avec l’AFP vendredi avant son arrestation, Janbolat Mamaï avait indiqué qu' »au moins dix » membres de sa formation avaient été condamnés dans le courant de la semaine à des peines allant jusqu’à cinq jours de détention. Une mesure destinée, selon lui, à empêcher le Parti démocratique de tenir son congrès.

Il a lui-même été arrêté plus tard vendredi.

Sa femme, la journaliste Inga Imanbaï, enceinte, figure parmi les militants interpellés samedi. Elle a ensuite été relâchée.

Le chef du DCK Moukhtar Abliazov, ancien ministre de l’Energie, banquier qui vit en exil en France et opposant de longue date au régime kazakh, a estimé que la justice cherchait un prétexte pour réprimer sa formation politique.

En juin 2019, près de 4.000 personnes avaient été interpellées selon les autorités lors de manifestations contre l’élection présidentielle qui a mené Kassym-Jomart Tokaïev à la présidence.

Le nouveau président s’était engagé à réformer la législation sur le droit de manifester peu après avoir succédé à Noursoultan Nazarbaïev, qui a dirigé sans partage le Kazakhstan depuis son indépendance en 1991 jusqu’à sa démission surprise au printemps 2019.

Mais les ONG de défense des droits de l’homme ne sont pas satisfaites du nouveau projet de loi sur les manifestations qui, selon elles, contient de nouvelles restrictions.

A l’heure actuelle, les militants risquent d’être arrêtés s’ils participent à des rassemblements n’ayant pas reçu le feu vert des autorités, un feu vert qu’elles accordent très rarement pour des manifestations politiques.

Plusieurs dizaines de personnes avaient été interpellées en décembre lors de manifestations antigouvernementales non autorisées.

Algérie: des milliers de personnes à Alger pour fêter les un an du « Hirak »

Plusieurs milliers de personnes sont rassemblées au coeur d’Alger samedi, jour anniversaire du déclenchement du « Hirak », le mouvement populaire de contestation inédit qui agite l’Algérie depuis un an, a constaté un journaliste de l’AFP.

Autour de la Grande Poste, lieu de regroupement historique des manifestations, est déployé un dispositif policier semblable a celui constaté les vendredis, jours de manifestation hebdomadaire dans la capitale depuis un an, mais inhabituel le samedi.

« Nous sommes venus vous dégager! », « le Peuple veut faire chuter le régime », scandent à l’adresse des dirigeants algériens les manifestants rassemblés devant le bâtiment, sans que la police n’intervienne.

« Non au pouvoir militaire, Etat civil et non militaire », est-il inscrit sur une grande banderole, en référence à l’autorité exercée de façon opaque par le haut commandement militaire sur le pouvoir civil depuis l’indépendance du pays en 1962.

Des appels à manifester samedi ont été lancés sur les réseaux sociaux pour célébrer le premier anniversaire de ce mouvement de contestation, qui continue semaine après semaine à réclamer le changement total du « système » au pouvoir.

Vendredi, la 53e manifestation hebdomadaire consécutive a drainé une foule immense dans les rues d’Alger et dans de nombreuses autres villes du pays, démentant de manière cinglante les récents propos du président Abdelmadjid Tebboune, élu en décembre, qui a affirmé que « les choses commencent à s’apaiser » dans la rue.

Le 22 février 2019, les Algériens, perçus comme résignés et dépolitisés, descendaient en masse dans les rues des grandes villes, notamment à Alger où toute manifestation est pourtant interdite, pour s’opposer à la volonté annoncée du président Abdelaziz Bouteflika, profondément diminué par la maladie, de briguer un 5e mandat.

Six semaines de manifestations de plus en plus massives ont contraint le 2 avril le haut commandement de l’armée, pilier du régime, à exiger et obtenir la démission de M. Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans.

Mais le « Hirak », qui exige une véritable « rupture avec les institutions actuelles » et refuse que le processus soit confié au pouvoir en place, n’a pu empêcher l’organisation d’une présidentielle en décembre et l’élection de M. Tebboune, ancien fidèle de M. Bouteflika, malgré une abstention record (plus de 60%).

Kazakhstan: une centaine d’arrestations liées à un appel à manifester

Une centaine de personnes étaient détenues samedi à Almaty, plus grande ville du Kazakhstan, après l’appel à manifester lancé par deux groupes d’opposition au gouvernement de ce pays pétrolier d’Asie centrale.

Un correspondant de l’AFP a vu des policiers interpeller une trentaine de militants du Parti démocratique, non reconnu par les autorités, qui tentaient de former un rassemblement de protestation à Almaty.

« Liberté pour Mamay! » scandaient les protestataires, en référence à Zhanbolat Mamay, réalisateur et l’un des fers de lance du parti, arrêté et condamné vendredi à trois jours de détention administrative pour avoir lancé cet appel à manifester.

La femme de Zhanbolat Mamay, la journaliste Inga Imanbay, qui est enceinte, faisait partie des militants interpellés samedi mais elle a ensuite été relâchée.

Selon des témoins, les forces de l’ordre ont arrêté jusqu’à 70 personnes qui étaient en train de se rendre vers le site désigné comme lieu de la manifestation.

Le régime du Kazakhstan fait l’objet de critiques depuis de longues années de la part d’organisations de défense des droits au niveau local et international pour sa législation restrictive en matière de manifestations.

Lors d’un entretien téléphonique avec l’AFP vendredi, Zhanbolat Mamay a indiqué qu' »au moins dix » membres de sa formation avaient été condamnés jusqu’à cinq jours de détention dans le courant de la semaine. Une mesure destinée, selon lui, à empêcher le groupe de tenir une conférence.

Il a lui-même été arrêté plus tard dans la journée.

Un autre groupe, le Choix démocratique du Kazakhstan (DCK), qui a été interdit par un tribunal en 2018 car considéré comme « extrémiste », avait également annoncé son intention de manifester samedi.

Le chef du DCK Moukhtar Ablyazov, ancien ministre de l’Energie, banquier et opposant de longue date au régime kazakh qui vit en exil en France, a estimé que la justice cherchait simplement un prétexte pour réprimer sa formation politique.

Le président Kassym-Jomart Tokaïev s’était engagé à réformer la législation sur le droit de manifester peu après avoir succédé à Noursoultan Nazarbaïev, qui a dirigé sans partage le Kazakhstan depuis son indépendance en 1991 jusqu’à sa démission surprise au printemps 2019.

Mais les organisations ne sont pas satisfaites du nouveau projet de loi concernant les manifestations qui, selon elles, contient de nouvelles restrictions.

A l’heure actuelle, les militants risquent d’être arrêtés s’ils participent à des rassemblements n’ayant pas reçu le feu vert des autorités, qu’elles accordent très rarement pour des manifestations politiques.

Plusieurs dizaines de personnes avaient été interpellées en décembre lors de manifestations antigouvernementales non autorisées.

En juin, près de 4.000 personnes avaient été arrêtées selon les autorités lors de manifestations contre l’élection présidentielle qui a vu la victoire de M. Tokaïev.

Arrivée en Côte d’Ivoire du corps de l’enfant mort dans un train d’atterrissage

La dépouille de l’adolescent ivoirien découvert mort le 8 janvier dans le train d’atterrissage d’un avion à Roissy est arrivée vendredi soir à Abidjan, selon le ministre des Transports, Amadou Koné, qui l’a accueillie.

« C’est un de nos compatriotes qui est mort dans des conditions dramatiques. Il est normal que le gouvernement apporte son soutien », a déclaré à la presse M. Koné.

Le ministre ivoirien, en compagnie des membres de la famille, a également souligné que le gouvernement a largement contribué à l’opération en vue d’organiser « des funérailles de façon digne » à la victime de 14 ans, Laurent Barthélémy Ani Guibahi, retrouvé mort dans l’aéroport parisien à bord d’un avion en provenance d’Abidjan.

« Il fallait que j’aille prendre le corps de mon enfant. Je suis soulagé, je suis content de ramener le corps de mon enfant en famille », a dit de son côté le père de la victime, Marius Ani.

Le cercueil en bois ciré gris porté par quatre personnes a pris la direction des Pompes funèbres dans le quartier de Treichville, dans le sud d’Abidjan.

La mort du jeune garçon a ému tout le pays, mais certains se sont aussi inquiétés des failles qu’elle révélait dans les mesures de sécurité autour de l’aéroport d’Abidjan, dans un pays sous la menace jihadiste.

La Côte d’Ivoire a été touchée par un attentat le 13 mars 2016 (19 morts) sur la plage de la populaire station balnéaire de Grand-Bassam, proche de l’aéroport.

Les expulsions des riverains ont commencé à la mi-janvier pour créer un périmètre de sécurité. Encadrés par un important dispositif policier, les bulldozers ont détruit des zones à l’ouest de l’aéroport, rasant notamment le village d’Aérocanal qui comptait plusieurs centaines d’habitants.

Selon les premiers éléments de l’enquête, l’enfant de 14 ans a escaladé un mur de l’aéroport puis s’est accroché aux roues de l’avion juste avant le décollage.

Lesotho: la police ne « doute pas » de la maladie du Premier ministre soupçonné de meurtre

La police du Lesotho a indiqué samedi ne pas avoir « de doute » concernant l’authenticité de la maladie du Premier ministre Thomas Thabane qui est parti vendredi en Afrique du Sud pour « raisons médicales », le jour où il devait être inculpé du meurtre de son ex-épouse.

Admettant qu’il s’agissait d’une surprenante « coïncidence », un des responsables de la police du Lesotho, Palesa Mokete, a ajouté qu’il n’avait « pas de raison de douter » de l’authenticité de la maladie de M. Thabane, âgé de 80 ans, qui l’a poussé à partir en Afrique du Sud le jour prévu de son inculpation.

Il a précisé qu’aucun mandat d’arrêt n’avait pour l’instant été émis et que « de nouvelles dispositions » seraient prises lorsque le Premier ministre serait « en état » de se présenter devant la justice pour se voir signifier son inculpation pour meurtre.

Thomas Thabane devait être officiellement accusé vendredi du meurtre de sa précédente épouse, Lipolelo Thabane, assassinée le 14 juin 2017 alors qu’elle rentrait chez elle en voiture dans la capitale Maseru.

Ce crime est intervenu deux jours seulement avant la prestation de serment de Thomas Thabane au poste de Premier ministre. Le couple était alors en instance de divorce.

Après avoir piétiné pendant plus de deux ans, l’enquête s’est accélérée ces dernières semaines.

La nouvelle épouse de Thomas Thabane, Maesaiah, âgée de 43 ans, a été inculpée début février du meurtre de sa rivale. Elle est actuellement en liberté sous caution, une mesure qui a choqué dans le petit royaume d’Afrique australe.

Le Premier ministre était convoqué vendredi devant un tribunal de Maseru pour se voir notifier formellement son inculpation pour meurtre dans cette même affaire. Mais il ne s’est pas présenté.

Un communiqué de son bureau a informé « la nation » que M. Thabane avait quitté « le pays au petit matin aujourd’hui (vendredi) pour une urgence médicale en Afrique du Sud ».

Le Lesotho, petit pays d’Afrique australe enclavé dans l’Afrique du Sud, est coutumier des épisodes d’instabilité politique. Au cours de la dernière décennie, aucun Premier ministre n’a fini son mandat de cinq ans.

Kazakhstan: des dizaines d’arrestations liées à un appel à manifester

Plusieurs dizaines de personnes étaient détenues samedi à Almaty, plus grande ville du Kazakhstan, après l’appel à manifester lancé par deux groupes d’opposition au gouvernement de ce pays pétrolier d’Asie centrale.

Un correspondant de l’AFP a constaté que la police avait placé en détention au moins dix militants du parti démocratique, non officiel, qui tentaient de former un rassemblement de protestation à Almaty.

Selon des témoins, les forces de l’ordre ont arrêté jusqu’à soixante-dix personnes qui étaient en train de se rendre vers le site désigné comme lieu de la manifestation.

Le régime du Kazakhstan fait l’objet de critiques depuis de longues années de la part d’organisations de défense des droits au niveau local et international pour sa législation restrictive en matière de manifestations.

Zhanbolat Mamay, réalisateur et l’un des fers de lance du parti démocratique, a notamment été arrêté et condamné vendredi à trois jours de détention administrative.

Lors d’un entretien téléphonique avec l’AFP vendredi, il a indiqué qu' »au moins dix » membres de sa formation avaient été condamnés jusqu’à cinq jours de détention dans le courant de la semaine. Une mesure destinée, selon lui, à empêcher le groupe de tenir une conférence.

Il a lui-même été arrêté plus tard dans la journée.

Un autre groupe, le Choix démocratique du Kazakhstan (DCK), qui a été interdit par un tribunal en 2018 car considéré comme « extrémiste », avait également annoncé son intention de manifester samedi.

Le chef du DCK Moukhtar Ablyazov, ancien ministre de l’Energie, banquier et opposant de longue date au régime kazakh qui vit en exil en France, a estimé que la justice cherchait simplement un prétexte pour réprimer sa formation politique.

Le président Kassym-Jomart Tokaïev s’était engagé à réformer la législation sur le droit de manifester peu après avoir succédé à Noursoultan Nazarbaïev, qui a dirigé sans partage le Kazakhstan depuis son indépendance en 1991 jusqu’à sa démission surprise au printemps 2019.

Mais les organisations ne sont pas satisfaites du nouveau projet de loi concernant les manifestations qui, selon elles, contient de nouvelles restrictions.

A l’heure actuelle, les militants risquent d’être arrêtés s’ils participent à des rassemblements n’ayant pas reçu le feu vert des autorités, ce qu’elles octroient rarement pour des manifestations politiques.

Plusieurs dizaines de personnes avaient été interpellées en décembre lors de manifestations antigouvernementales non autorisées.

Quelques mois plus tôt, en juin, près de 4.000 personnes avaient été arrêtées selon les autorités lors de manifestations contre l’élection présidentielle qui a vu la victoire de M. Tokaïev.

Pour les Rohingyas américains, « Citoyens de nulle part », les restrictions de Trump inquiètent

Lila Mubarak déborde de fierté en racontant le chemin qu’elle a parcouru pour obtenir la nationalité américaine. Cette réfugiée, issue de la minorité rohingya de Birmanie, a fui la persécution dans son pays natal pour refaire sa vie à Chicago, la troisième ville des Etats-Unis.

« Je suis tellement heureuse de devenir citoyenne américaine parce qu’avant, j’étais apatride », dit la jeune femme de 27 ans, qui vient d’être naturalisée.

Mais chez les quelque 8.000 Rohingyas se trouvant aux Etats-Unis, on craint d’être les derniers à avoir été accueillis.

Le président Donald Trump a en effet annoncé que la Birmanie allait être ajoutée à la liste des pays avec des restrictions d’accès aux Etats-Unis, réduisant les espoirs des Rohingyas voulant échapper à la persécution.

– Exactions et discriminations –

Le périple qui a mené Lila Mubarak jusqu’aux bords du lac Michigan est similaire à celui de nombreux Rohingyas: elle a fui la Birmanie, est passée par la Malaisie puis a mis le cap sur les Etats-Unis.

Après avoir obtenu il y a cinq ans la précieuse « green card », carte de résidence permanente, elle a suivi des cours au Centre culturel rohingya de Chicago, ville qui accueille environ un quart des Rohingyas aux Etats-Unis.

À son apogée, la population rohingya comptait environ 1,3 million de personnes en Birmanie, sur une population de 54 millions d’habitants à majorité bouddhistes.

Victimes de discriminations depuis des générations, les Rohingyas de Birmanie ont vu leurs droits se réduire à peau de chagrin.

Depuis août 2017, quelque 740.000 Rohingyas se sont réfugiés au Bangladesh pour fuir les exactions de l’armée birmane et de milices bouddhistes.

Les quelque 600.000 Rohingyas qui se trouvent toujours dans des camps et des villages en Birmanie vivent dans des conditions d' »apartheid » selon Amnesty International, sans liberté de mouvement et avec un accès limité à des emplois, à l’enseignement ou à des soins.

– « Paix et harmonie » –

De nombreux Rohingyas sont donc incapables de lire et d’écrire.

Abdul Jabbar Amanullah, qui a fui la Birmanie en 2012, a été embauché au Centre rohingya, où il aide les nouveaux arrivants dans leur recherche d’un emploi.

Beaucoup d’entre eux sont embauchés comme agents de propreté à l’aéroport international O’Hare ou comme plongeurs dans un casino voisin.

« Ce sont de bons emplois pour les nouveaux arrivants rohingyas car ils ne nécessitent pas un niveau d’anglais très élevé et le salaire n’est pas mauvais », explique M. Amanullah, ajoutant que même si la plupart des Rohingyas travaillent pour 15 dollars de l’heure, quelques-uns ont pu acheter leur propre maison.

Le directeur du Centre, Nasir Zakaria, a réussi à quitter la Birmanie à 14 ans en pagayant dans un petit bateau vers le Bangladesh.

« Nous aimons particulièrement Chicago, car nous vivions dans un village en Birmanie et ici, nous sommes encore parmi des visages familiers », a affirmé M. Zakaria, le seul de sa famille à avoir atteint les Etats-Unis. « Si nous avions besoin d’aide, nous contactions quelqu’un que nous connaissions. Nous pouvons faire la même chose ici ».

M. Zakaria parle souvent en ligne aux membres de sa famille restés en Birmanie, qu’il espère revoir un jour.

« Nous voulons juste vivre comme tout le monde. Nous voulons avoir des droits, la liberté de religion et la liberté d’expression. Nous voulons vivre dans la paix et l’harmonie. C’est tout ».

– « Citoyens de nulle part » –

Les fameuses « interdictions de voyager » de Donald Trump imposent un strict contrôle à la frontière pour les ressortissants de treize pays. La Birmanie, le Nigéria, l’Erythrée, le Soudan, la Tanzanie et le Kirghizistan ont récemment été ajoutés à la liste, des restrictions entrées en vigueur vendredi.

Bien que ces restrictions ne soient pas censées concerner les réfugiés fuyant la persécution, pour Azeem Ibrahim, analyste au Center for Global Policy de Washington, leur objectif est clair: « quelqu’un dans cette administration s’est probablement rendu compte que (les Rohingyas) faisaient partie de la plus grande population réfugiée du monde », dit-il.

Et « si vous voulez arrêter les réfugiés, vous incluez l’une des populations les plus vastes », conclut-il.

Susan Chestnut, qui enseigne l’anglais et la citoyenneté au Centre rohingya de Chicago, raconte que lorsqu’elle a commencé il y a deux ans, elle a été choquée par le faible niveau d’alphabétisation de ses élèves.

« Imaginez ne pas savoir utiliser un stylo. La plupart d’entre eux n’étaient jamais allés à l’école », dit-elle.

« Je leur apprends qu’en tant que citoyens, l’une des choses les plus importantes qu’ils peuvent faire est de voter et de faire entendre leur voix », ajoute-t-elle.

« Ils n’ont jamais connu cela. Ils ne savent pas ce que c’est, d’être un citoyen. Ils sont citoyens de nulle part mais ont fait des Etats-Unis leur pays. »