L’Assemblée nationale et Diary Sow en vedette dans la presse sénégalaise

Les quotidiens sénégalais parvenus mardi à APA traitent principalement de l’adoption de la loi modifiant l’état d’urgence et l’état de siège et des nouvelles de Diary Sow, l’étudiante sénégalaise disparue en France.Le Quotidien indique que « le Oui clôt le débat » sur l’adoption de la loi sur l’état d’urgence et l’état de siège. Venu défendre le projet de modification de cette loi au parlement, le ministre de l’Intérieur, Antoine Diome, soutient que « la constitutionnalité ne se pose pas ».

Poursuivant dans EnQuête, qui titre par ailleurs que « Macky tient ses pouvoirs », M. Diome estime que le nouveau régime « assouplit » les pouvoirs de l’Exécutif et des Forces de défense et de sécurité.

Arborant la photo du ministre de l’Intérieur en Une, le quotidien national Le Soleil constate que le champ d’application de ladite loi est « étendu ».

Cependant, Sud Quotidien note que « l’Assemblée capitule » là où Walf Quotidien voit que « Macky muscle ses pouvoirs », la modification de cette loi ayant passé « au forceps » vu que le pouvoir détient la majorité des députés. « Macky plus puissant que jamais », indique de ce fait Vox Populi.

Le député de l’opposition, Bara Doly Mbacké, prévient que « lorsque Macky Sall voudra se représenter pour un 3e mandat, il pourra déclarer l’état d’urgence à sa guise ».

De son côté, l’ex-Premier ministre Abdoul Mbaye, devenu opposant, note que « le recul démocratique organisé par Macky Sall achemine vers une dictature ».

Sur un autre sujet, Libération s’interroge à propos de Diary Sow, la meilleure élève du Sénégal en 2018 et 2019, disparue il y a huit jours en France : « Où es-tu ? ».

L’Observateur tente de donner une réponse en avançant la piste de la ville de Toulouse, au sud de la France, même si c’est « une information non encore authentifiée ». Vox Populi la précise toutefois en retenant « la piste des vacances à Toulouse », l’étudiante du lycée Louis le Grand ayant été « vue la dernière fois dans la ville Rose ».

Le consul du Sénégal à Paris, Amadou Diallo, rassure dans le journal : « Il n’y a pas encore de danger sur sa vie au stade où nous parlons ».

En football, David Guion, entraîneur de Boulaye Dia à Reims, déclare à la Une de Record que son équipe « est beaucoup plus forte » avec l’attaquant international sénégalais, co-meilleur buteur de la Ligue 1 française avec douze buts après 19 journées.

« Imaginez ce qu’il peut faire pour la suite », a entrouvert le technicien, visiblement sous le charme de Dia, convoité en ce début de mercato hivernal par des clubs plus huppés tels que West Ham, en Premier League anglaise.

Cependant, Boulaye Dia n’est pas le seul Lion à « cracher du feu » en ce moment d’après Stades. « Hors de leurs bases », Sadio Mané, Mbaye Diagne, Habib Diallo et Krépin Diatta aussi s’illustrent avec leurs clubs, fait remarquer le quotidien sportif.

Intempéries, santé et sécurité au menu des quotidiens marocains

Les quotidiens marocains parus ce mardi se focalisent sur nombre de sujets notamment les inondations qu’a connues la ville de Casablanca, le retard de la campagne de vaccination anti-Covid et la saisie d’une importante quantité de drogue à Kénitra.+Assabah+ rapporte que les dernières intempéries, à Casablanca, ont fait plus de dégâts chez les morts que chez les vivants. Le cimetière d’Al Ghofrane a été tellement submergé par les eaux que les tombes se sont affaissées et que plusieurs linceuls sont remontés à la surface. Une scène chaotique.

Selon le quotidien, les Casablancais se sont rendus en masse, dimanche, dans les cimetières de la ville, non pas pour visiter les tombes de leurs proches et y lire des invocations mais aussi pour rechercher les corps des défunts dans les mares d’eau, après la destruction des sépultures suite aux dernières intempéries. Une scène chaotique qui a sidéré les femmes en pleurs qui voyaient réapparaître les linceuls des défunts récemment enterrés.

Le journal fait savoir que plusieurs familles se sont précipitées vers le cimetière Al Ghofrane pour s’enquérir de l’état des tombes de leurs proches. Certains recherchaient les sépultures des leurs, d’autres remettaient les stèles à leur place, et d’autres encore s’assuraient que les corps étaient toujours enterrés, de peur qu’ils ne tombent entre les mains de charlatans. Quant aux femmes, elles étaient tout aussi choquées et en colère contre les responsables de la ville qui, disent-elles, ne respectent même pas les morts.

+Al Alam+ se fait l’écho d’une déclaration de Azeddine Ibrahimi, membre de la commission scientifique et technique sur la pandémie de Covid-19, qui a souligné que l’achat de millions de doses de vaccin anti-Covid ne signifie pas forcément la réception de ces doses et le lancement de l’opération de vaccination.

Il expliqué que l’acheminement des vaccins et la mise en place d’un plan de vaccination massive reste tributaire de la situation sur le plan international et les spéculations sur ces produits.

Si le Maroc n’a pas encore reçu les vaccins, c’est notamment en raison de la capacité de production limitée au niveau mondial car toutes les entreprises impliquées dans ce domaine ne pourront produire les 10 milliards de doses nécessaires pour assurer une immunité collective, a-t-il ajouté, notant que les pays ayant développé les vaccins ont acheté toutes les doses, à l’image des USA et des pays européens.

D’autres part, ces vaccins et toutes les matières premières nécessaires à leur fabrication sont produits en Inde et en Chine, a noté M. Ibrahimi, faisant observer qu’il est, de facto, difficile de recevoir un quelconque vaccin avant que ces deux pays ne vaccinent leurs populations.

+Rissalat Al Oumma+ rapporte que le service préfectoral de la police judiciaire de Kénitra a mis en échec, lundi, sur la base d’informations précises fournies par les services de la Direction générale de la surveillance du territoire, une opération de trafic de 1,120 tonne de résine de cannabis à bord d’un camion de transport international routier de marchandises.

La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a indiqué, dans un communiqué, cité par la publication, que le véhicule, en provenance d’une ville du nord du Royaume, a été intercepté à l’entrée de la ville de Kénitra, faisant savoir que les fouilles effectuées à bord du camion ont permis la saisie de 36 colis d’un poids total d’une tonne et 120 kg de drogue, soigneusement emballés dans des fûts en plastique vides, ainsi que l’interpellation du conducteur du camion.

Le Raja de Casablanca qualifié pour la finale de la Coupe arabe

Le club marocain du Raja Casablanca a battu, lundi soir à Marrakech, le club égyptien d’Al Ismaily sur le score de 3 à 0, en match comptant pour les demi-finales de la Coupe arabe Mohammed VI.Les Marocains ont attendu jusqu’à la 61ème pour inscrire leur premier but sur penalty marquée par Mohcine Moulouali. Cinq plus tard, l’attaquant congolais du Raja de Casablanca, Ben Malango (66e) loge le cuire dans les cages après un tête majestueuse. La troisième réalisation a été l’œuvre de Mahmoud Benhalib à la 86ème minute du jeu.

Grâce à cette victoire, le Raja de Casablanca se qualifie pour la finale de cette prestigieuse compétition pour affronter l’équipe saoudienne d’Al Ittihad.

Cette finale se déroulera au Complexe de Rabat.

Côte d’Ivoire: le dialogue, « seule arme de combat » politique de Bédié

Le diplomate ivoirien, Gnamien Yao, vice-président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci, opposition), a dit lundi que le dialogue reste pour Henri Konan Bédié, chef de cette formation, la « seule arme de combat » politique pour sortir le pays du « bourbier lié à la démocratie ».

« Bédié dit de vous dire qu’il n’a pas d’autres armes que le dialogue politique », a déclaré le vice-président du Pdci, Gnamien Yao, chargé des Grandes conférences publiques, face à des militants, au siège du Pdci à Abidjan.

Il a soutenu, au cours de cette conférence publique dédiée à la remobilisation des militants, que « le dialogue politique engagé par Henri Konan Bédié est la voie pour sortir de cet énième bourbier lié à la démocratie (en Côte d’Ivoire et), il n’y en a pas d’autres ».

« Tout ce qui reste à faire, c’est de nous mobiliser pour soutenir le président Henri Konan Bédié qui a pour seule arme de combat, le dialogue et enfin et toujours le dialogue », a-t-il lancé, souhaitant plein succès au dialogue politique en cours entre l’opposition et le pouvoir.

Un tête-à-tête entre MM. Bédié et le président réélu, Alassane Ouattara, en novembre 2020, après la farouche bataille autour du scrutin présidentiel, a brisé la glace de méfiance et fait chuter la tension dans le pays. 

« Pour Bédié, la victoire est certaine, pour peu que tous, nous adhérions à l’esprit du dialogue qui permet de bâtir ensemble un compromis qui est loin de signifier la victoire d’un camp sur un autre, mais bien plus, la victoire de tous et de chacun », a-t-il ajouté.

En août 2020, des heurts ont éclaté dans le pays à la suite de protestations de partisans de l’opposition qui estiment que M. Ouattara ne peut briguer un troisième mandat. Le Conseil constitutionnel a tranché insinuant qu’il s’agit de son premier mandat de la llle République.

« Le dialogue ne doit en aucune manière faire bon ménage avec les préalables. Il nous faut faire le cœur nu », a-t-il poursuivi, relevant que pour Bédié, le dialogue est difficile certes, mais est la voie la plus sûre et moins coûteuse pour régler les différends. 

M. Bédié et le chef du Front populaire ivoirien (FPI), Affi Nguessan, se sont abstenus de participer à la présidentielle du 31 octobre 2020. Par la suite l’opposition appellera à la désobéissance civile et mettra en place le Conseil national de transition (CNT).

Le CNT, plus tard va être abandonné, ainsi que la désobéissance civile. M. Gnamien Yao a fait observer que le Pdci, dans la quête du pouvoir d’Etat, « n’est pas un parti politique opportuniste », mais qui est basé sur des valeurs et le dialogue.

Il a rappelé qu’en décembre 93, au Conseil économique et social, Philippe Grégoire Yacé, a demandé qu’il soit créé un Conseil d’Etat dans lequel se trouverait Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara et M. Yacé, mais la succession de Houphouët-Boigny s’est faite sans heurts. 

Selon le Grand conférencier du Pdci, Gnamien Yao, le Conseil national de transition (CNT) est « un argument » et une « créativité intellectuelle ». Pour la justice ivoirienne, cet organe visait à se substituer aux institutions de la République. 

M. Yao a insinué tout au long de sa conférence publique que M. Bédié s’est régulièrement inscrit dans l’idéologie où on enseigne qu’en politique la paix se construit par le dialogue et dans le dialogue. 

Signature d’une convention pour digitaliser l’économie agricole en Côte d’Ivoire

Une convention dont l’un des objectifs est de digitaliser l’économie agricole en Côte d’Ivoire a été signée, lundi à Abidjan par la Fédération des sociétés coopératives du vivrier de Côte d’Ivoire ( FENASCOVICI) et une compagnie de téléphonie mobile.

« Nous avons compris très tôt la nécessité de s’engager dans la voie de l’autonomisation de la femme et ce, dans un contexte où elles constituent la cheville ouvrière et le socle des familles. Nous avons décidé de tisser des partenariats solides avec le monde agricole afin de digitaliser l’économie agricole», a expliqué Djibril Ouattara, le directeur général de MTN Côte d’Ivoire.

 Par ailleurs, il a indiqué qu’à travers ce partenariat, sa société va aider cette fédération du secteur du vivrier à automatiser les modes de paiement et permettre aux bénéficiaires de bénéficier de  «services financiers adaptés  ».

En outre, a ajouté M. Ouattara, cette convention permettra aux membres de cette fédération de bénéficier des offres téléphoniques (appels, SMS) adaptées. En retour, Colette Irié Lou, la présidente de la FENASCOVICI a dit sa gratitude à cet opérateur de téléphonie mobile.

 « C’est un mariage qui est scellé. Nous allons honorer cet engagement avec vous », a promis Mme Irié Lou, appelant à une modernisation du secteur du vivrier en Côte d’Ivoire. Créée en 1998, la FENASCOVICI qui regroupe des acteurs  du secteur vivrier en Côte d’Ivoire, revendique environ 400 000 membres.

Affi, libéré et mis sous contrôle judiciaire, se présentera aux législatives à Bongouanou (proche)

Le président du Front populaire ivoirien (FPI, opposition), Affi N’guessan, libéré par la justice et mis sous contrôle judiciaire, se présentera aux législatives de mars 2021 à Bongouanou (centre-est), selon son entourage.Joint au téléphone, Me Godé Dagbo, l’un des avocats de M. Affi Nguessan, a fait savoir qu’en dépit des poursuites à son encontre pour atteinte à l’autorité de l’Etat dans le cadre du scrutin présidentiel du 31 octobre 2020, il peut se présenter pour ces joutes électorales.Pour Me Godé Dagbo, le président du FPI, actuellement en liberté conditionnelle, est éligible parce que bénéficiant de la présomption d’innocence et n’a pas été encore été condamné.      M. Affi a remporté le siège de la circonscription de Bongouanou à l’issue des législatives de décembre 2016 avec 59,7% devant le candidat du Rassemblement des Houphouetistes pour la démocratie et la paix (Rhdp, pouvoir), Assoumou Méa (39,18%).L’ancien Premier ministre ivoirien, Affi Nguessan, fait face à une fronde au sein du FPI, parti fondé par Laurent Gbagbo. Une frange du parti avait refusé de participer aux législatives passées. Mais, pour les prochaines législatives, l’opposition a décidé d’aller en rang serré avec une « stratégie commune ».Le gouvernement a adopté la date du 6 mars 2021 pour la tenue des prochaines législatives afin de respecter les dispositions de la Constitution. L’opposition demande un report de l’élection pour une meilleure organisation du scrutin.

Sahel: 6 milliards $ de la Bad pour la Grande muraille verte

La Banque africaine de développement (Bad) va mobiliser 6,5 milliards de dollars américains pour l’Initiative de la Grande muraille verte.Les ressources permettront de mettre en œuvre une série de programmes de soutien à la Grande muraille verte, en s’appuyant sur des sources de financement internes et externes, entre autres, le Fonds des énergies durables pour l’Afrique (SEFA), le Fonds vert pour le climat (FVC) et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM).

« Au moment où nous remontons la pente face au coronavirus et à ses répercussions sur notre monde, nous devons réajuster notre modèle de croissance. Nous devons prioriser la croissance qui protège l’environnement et la biodiversité, et cesser de privilégier celle qui compromet notre bien commun », a déclaré le président de la Bad, Akinwumi A. Adesina cité dans un communiqué de presse.

Le plan de la Grande muraille verte consiste à planter une mosaïque d’arbres, de prairies, de végétation et de plantes sur 8000 kilomètres de long et 15 kilomètres de large à travers le Sahara et le Sahel.

Ce qui fait dire au président de la Bad que « la Grande muraille verte fait partie du système de défense de l’environnement en Afrique » et constitue « un bouclier contre les assauts de la désertification et de la dégradation de l’environnement ».

« L’avenir de la région du Sahel dépend de la Grande muraille verte. Sans elle, le Sahel risque de disparaître sous l’effet du changement climatique et de la désertification », a indiqué Akinwumi A. Adesina.

Il a ajouté : « La Grande muraille verte est un mur qui vaut la peine d’être construit. Un mur qui rassemble les populations, et non un mur qui les sépare. Un mur qui met à l’abri, et non un mur qui isole. Un mur qui protège notre existence collective. Un mur pour l’environnement, un mur pour la planète ».

Sénégal : Keur Massar, terre gorgée

Quatre mois après la déferlante des eaux pluviales dans cette populeuse commune de la banlieue de Dakar, les stigmates sont encore perceptibles çà et là. Plongée au cœur de l’épicentre des inondations.Keur Massar. Quartier El Hadj Pathé. Roger Mbaye, la cinquantaine dépassée, regagne sans mal sa demeure le soir. Durant le dernier été pluvieux, cette routine correspondait à un chemin de croix pour ce catholique. « Le déplacement était un casse-tête. Le danger réel. Dans les rues, on pouvait perdre pied et se noyer. On ne sortait que pour les courses essentielles », se souvient-il.

En début septembre 2020, il a plu des cordes un peu partout au Sénégal. Particulièrement à Keur Massar. « Vers 8 heures, le niveau de l’eau a commencé à monter. On a alors installé des barrages. Mais nos intenses efforts n’ont pas porté leurs fruits. J’ai donc rassemblé mes affaires. Je n’ai pu transporter un lit, une armoire, des matelas et des ustensiles.
A 13 heures, ma maison était envahie. A la tombée de la nuit, c’était le chaos », narre Cheikh Faye, habitant du quartier Sogui Bâ.

Dans un instinct de survie, cet enseignant résidant à Keur Massar depuis une quinzaine d’années plie bagage et laisse derrière lui un capharnaüm : « Le niveau de l’eau oscillait entre 1m10 et 1m20. C’était la panique générale. On n’avait jamais vécu pareille situation. Un sauve-qui-peut ! Ceux qui sont restés ce jour-là ont frôlé le pire durant la nuit parce que la pluie avait redoublé d’intensité ».

Père de six enfants, M. Faye a organisé en urgence le retrait de sa famille. « J’ai conduit certains d’entre eux à la maison familiale. Pour les autres, j’ai trouvé des lieux d’accueil temporaires. Mais j’ai dormi trois jours supplémentaires dans une chambre qu’on m’avait prêtée
dans le quartier », détaille-t-il.

Amadou Diallo, teint clair, y tient un commerce. Sa boutique n’a pas résisté aux flots. « Toutes les marchandises au sol ont été détruites. J’ai perdu des frigidaires. Les dégâts
sont estimés à 200.000 F CFA (300 euros) au moins », se désole-t-il.

La mosquée du coin, qui fait également office d’internat pour des enfants en apprentissage du Coran, a été submergée. « Tout le monde était sorti. Nous avons essayé de sauver ce qui pouvait l’être », souligne l’imam Serigne Abdou Karim Niang.

A proximité, Mohamed Timara tire de toutes ses forces une barque artisanale sur laquelle sont rangés des bidons d’eau. « C’est pour ma grand-mère qui se trouve dans un immeuble où il n’y a plus d’eau. Elle ne sort plus à cause des inondations. Il arrive que je fasse cette opération deux fois par jour », explique l’adolescent dégoulinant de sueur.

Pendant ce temps, trois femmes, gilets bien ajustés, embarquent dans un zodiac stationné devant le poste de commandement avancé des sapeurs-pompiers afin de rejoindre leurs foyers. Le bateau pneumatique à moteur navigue lentement dans des eaux verdâtres d’une hauteur de 83 centimètres.

Pour les moins chanceux, le système D s’imposait. « Il y avait un business de la traversée des eaux.
Le trajet était facturé à 1000 F CFA au début et à la fin le prix est tombé à 500 F CFA», informe Roger Mbaye.

Ciel déchaîné

Selon l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim), du 4 au 6 septembre, une vingtaine de localités du pays ont enregistré une pluviométrie supérieure ou égale à 150 millimètres. Ces fortes précipitations ont causé sept décès et poussé le gouvernement à activer dare-dare le plan Orsec (Organisation des secours).

Originaire de Boundou, dans le Sénégal oriental, Mamadou Bâ (63 ans) est l’un des tout premiers sinistrés à s’établir au site de recasement situé à quelques encablures du Centre de santé de Keur Massar.

Vêtu d’un kaftan bleu assorti d’un bonnet blanc, le patriarche assis sur une natte dressée sous un parasol de fortune égrène un chapelet. « Je vis dans une tente avec ma femme, mes enfants et mes petits-enfants. On ne se plaint pas mais j’avais peur à l’idée d’y loger.
Car j’avais des échos peu rassurants sur ce type d’endroit. Heureusement, il n’y a pas de problème de sécurité ou d’alimentation. On nous donne gratuitement le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner », se console-t-il.

Ce jour-là, de jeunes hommes déchargent d’un camion des bidons d’huile. Sur place, l’aide s’organise avec les interventions de la mairie et de la Croix Rouge. Même un expatrié s’associe à l’élan de solidarité. International sénégalais de basketball dans les années 90, Boubacar Richard Aw est maintenant un entraîneur aux Etats-Unis. « Son don est composé de riz, de tomate, d’huile, de café, de chocolat, de pâte, de lait, de sucre…
Il a senti la nécessité d’aider les sinistrés. Il n’oublie pas d’où il vient », rapporte Mbacké Seck, son émissaire.

Tout comme le vieux Bâ, Fatou Dioum vient du quartier Mamadou Mbengue. Cette dame élancée occupe la tente 3 du camp de relogement : « J’étais entourée par l’eau. Pour prier, j’étais obligée d’aller dans la rue. Le paiement d’un loyer n’était pas à ma portée. Et même si on m’avait prêté une chambre cela ne m’arrangerait pas
parce que je suis en compagnie de mes enfants et petits-enfants ».

Avec le soleil de plomb, les adultes se retranchent dans la trentaine d’abris aménagés sur un vaste espace. Des garçons jouent aux billes. Tandis que des filles, seaux et bassines en main, se regroupent autour d’une citerne d’eau.

Tâche ardue

Macky Sall s’est rendu le 17 septembre dans la zone pour cerner l’ampleur du mal, apporter réconfort à la population et annoncer l’érection de Keur Massar en département.

Auparavant, le chef de l’Etat a dégagé un budget d’urgence de 10 milliards F CFA : sept milliards pour l’accompagnement des sapeurs-pompiers et de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas) et 3 milliards en appui direct aux sinistrés sur la base des rapports des autorités locales. « J’ai plusieurs fois été contacté. On m’a identifié mais je n’ai rien reçu
jusqu’à présent », précise Roger Mbaye. Même son de cloche du côté de Cheikh Faye.

Plus récemment, le président de la République a reçu des mains de Moustapha Niasse, président de l’Assemblée nationale, le Rapport général (344 pages) de la Mission d’informations parlementaire sur les inondations.

Ce document contient notamment des recommandations pour consolider le Programme décennal de lutte contre les inondations (2012-2022). Son taux d’exécution financière est à ce jour de 66,7 %. Soit 506 milliards F CFA dépensés sur 766 prévus.

« Nous voulons que l’Etat construise des canalisations adéquates. Il faut des solutions durables pour que cette situation ne se reproduise plus », préconise Mamadou Bâ.

Sénégal : les inondations au cœur des politiques publiques

A un an de la fin de son exécution, le Plan décennal de lutte contre les inondations (PDLI) n’est pas encore venu à bout de ce phénomène qui nécessite des moyens additionnels.Avec la démographie galopante et les constructions parfois anarchiques, les populations de plusieurs localités du Sénégal vivent chaque hivernage le calvaire des inondations. Élu pour la première fois en 2012, le président Macky Sall a lancé, en septembre de la même année, le PDLI doté de 766,988 milliards F CFA.

Objectif, régler définitivement ce problème lancinant. Cependant, les dégâts causés par les précipitations qui se sont abattues en 2020 dans la banlieue dakaroise montrent que la bataille est loin d’être gagnée.

Pourtant, le budget prévisionnel a été exécuté à 66,7 %, soit 506 milliards F CFA jusque-là. Les investissements étaient prévus en trois phases dont deux sont bouclées. De 2012 à 2013, 66,375 milliards F CFA ont été dépensés dans la phase d’urgence.

Sur ce volet, l’Office national de l’assainissement (Onas) avait injecté 30,225 milliards F CFA pour la réhabilitation et la réalisation de stations de pompage et d’infrastructures de drainage des eaux ainsi que des bassins d’infiltration. Le travail concernait différentes zones, surtout des communes des régions de Dakar (ouest) et Diourbel (centre) où sont le plus notées les inondations.

La deuxième phase, prévue à court et moyen terme, entre 2014 et 2016, pour 250,603 milliards F CFA, touchait pratiquement plusieurs localités du pays, du sud au nord en passant par le centre et la capitale.

La phase moyen et long terme, qui a démarré en 2017, va se terminer en 2022 pour un investissement de 450,009 milliards F CFA. Un Projet de gestion des eaux pluviales et d’adaptation aux changements climatiques (Progep) est compris dans cette étape avec une enveloppe de 64,48 milliards F CFA dont le but est de « préserver 167.000 personnes ».

Mutation

Le PDLI, devenu le Programme décennal de gestion des inondations (PDGI), vise l’amélioration de la connaissance des zones d’inondation, le relogement des populations sinistrées, la planification, l’aménagement des villes et un important aspect relatif au renforcement de la résilience des villes qui consiste, entre autres, à réaliser des ouvrages de drainage des eaux de pluies.

Cependant, le travail effectué n’a pas permis d’évacuer correctement les eaux lors de la dernière saison. Ainsi, plusieurs personnes étaient obligées de quitter leurs domiciles là où d’autres, sans solution, avaient choisi de rester dans les eaux.

En octobre dernier, le président Macky Sall avait réaffirmé son ambition de poursuivre le PDLI, notamment à Keur Massar, dont les populations ont fortement subi les contrecoups des inondations. Lors de sa visite, il a promis de transformer cette grande commune en département.

« Nous allons poursuivre le Programme décennal de lutte contre les inondations (PDGI). Nous venons d’en faire l’évaluation. Nous en sommes à 506 milliards F CFA depuis 2012. Il nous faut aller au-delà des 760 milliards F CFA qui ont été programmés », disait-il en marge de la Journée nationale de la décentralisation.

Ainsi, pour le chef de l’Etat, le PDGI doit être poursuivi dans d’autres localités du Sénégal pour notamment libérer les voies et exutoires des eaux pluviales. Pour ce faire, le Progep, mais aussi les ministères des Collectivités locales, de l’Assainissement et l’Onas, « va s’atteler pour qu’au moins d’ici l’hivernage prochain, quelle que soit la quantité d’eau dans la zone, Keur Massar soit sauvée », a-t-il fait savoir.

L’Afrique dans l’engrenage des inondations

En 2020, le continent noir a connu une saison des pluies particulièrement violente avec des centaines de morts et des milliers de sinistrés. Tour d’horizon.Du Sénégal au Cameroun, en passant par le Mali, le Niger ou encore le Burkina, de fortes intempéries ont affecté plus de 760.000 personnes. Rien qu’au Soudan, traversé par le Nil, les précipitations ont tué 124 personnes et blessé 54 autres. Plus d’un demi-million d’individus sont concernés par les inondations dans la quasi-totalité du pays, selon l’Organisation des nations unies (Onu).

Dans un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) daté de septembre 2020, on note que « 557.130 personnes étaient affectées par les inondations dans 17 des 18 Etats qui composent le Soudan ».

Pour sa part, le Cameroun a enregistré au moins 64 morts et plus de 160.000 sinistrés. L’Extrême-Nord, en proie à la montée des eaux, est la partie la plus touchée.

Au Sahel, les inondations ont fait au moins 112 morts et affecté plus de 700.000 personnes. Surtout au Niger et au Tchad, d’après un décompte du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Au Niger, 34.000 maisons et cases ont été détruites et 5768 hectares de cultures submergés. Près de 9000 maisons se sont également effondrées dans une dizaine de villages riverains du fleuve éponyme.

Le Burkina Faso, autre pays de la bande sahélienne, n’a pas échappé à ces catastrophes naturelles. Au pays des Hommes intègres, au moins treize personnes sont mortes et 19 ont été blessées dans des inondations depuis août. Face à l’ampleur des dégâts, Ouagadougou avait même décrété l’état de catastrophe naturelle.

Au Sénégal, Dakar et plusieurs autres régions se sont retrouvées sous les eaux après un week-end rythmé par des pluies ininterrompues. Ces dernières ont notamment causé la mort de sept personnes.

Si le changement climatique est indexé comme étant la principale cause des déluges, dans un article intitulé « Afrique : derrière les inondations, une nouvelle ère hydroclimatique » publié dans le journal Le Point Afrique, les chercheurs Thierry Lebel, Gérémy Panthou et Théo Vischel affirment que « l’attribution d’inondations hors normes au seul réchauffement climatique est un sujet plus délicat ».

A en croire les auteurs de la publication, « les précipitations ne sont pas seules en cause. (Car) les dynamiques sociodémographiques et les changements d’usage des sols jouent aussi un rôle. C’est donc une problématique de changements globaux dont le réchauffement climatique n’est qu’une composante ».

Toutefois, le changement climatique peut accroître la fréquence des pluies torrentielles. « Les inondations de 2020, pour exceptionnelles qu’elles soient, s’inscrivent par ailleurs dans un contexte de recrudescence de ces phénomènes sur toute l’Afrique de l’Ouest depuis une quinzaine d’années. Recrudescence que l’on peut attribuer à l’effet conjugué de l’intensification pluviométrique et des changements d’usage des terres », poursuivent-ils.

Cette hypothèse pousse Zeinedinne Nouaceur, chercheur au département de Géographie de l’Université de Rouen (France), à affirmer dans son article intitulé « La reprise des pluies et la recrudescence des inondations en Afrique de l’Ouest sahélienne » que « ces évènements sont imputables, d’une part, à l’intensification des pluies et, d’autre part, à un développement urbain mal maîtrisé ».

Pour prévenir d’éventuelles inondations, les universitaires de Rouen invitent les Etats à mettre en œuvre des politiques d’adaptation déjà largement identifiées. Celles-ci vont de l’agroforesterie aux petits ouvrages en zone rurale pour faciliter l’infiltration de l’eau, sans oublier la révision des schémas d’assainissement dans les villes et, de manière plus générale, l’actualisation des normes hydrologiques qui servent de base au dimensionnement des infrastructures.