Algérie/corruption: peines sévères requises en appel contre d’ex- dirigeants

La justice algérienne a requis jeudi de lourdes peines de prison à l’encontre d’anciens hauts dirigeants politiques, dont deux ex-Premiers ministres, et d’hommes d’affaires jugés pour corruption par la cour d’appel d’Alger.

Au coeur de ce procès figurent un scandale majeur dans l’industrie du montage automobile et, au delà, le financement illégal de la campagne électorale pour le cinquième mandat présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika, poussé en avril 2019 à la démission sous la pression d’un mouvement de contestation inédit dans le pays.

C’est la première fois depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962 que sont jugés des dirigeants de ce rang. Il s’agit en outre du premier procès consécutif aux enquêtes lancées après la démission d’Abdelaziz Bouteflika.

Comme au procès en première instance en décembre, le procureur a réclamé 20 ans de prison ferme contre les deux principaux inculpés, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ex-chefs de gouvernement de M. Bouteflika, ainsi qu’une peine de 15 ans de prison ferme contre deux ex-ministres de l’Industrie, Mahdjoub Bedda et Youcef Yousfi, selon un journaliste de l’AFP sur place.

Il a en outre requis 10 ans de prison ferme contre Ali Haddad, ex-président de la principale organisation patronale algérienne FCE et PDG du n°1 privé du BTP, considéré comme l’un des principaux financiers des dernières campagnes électorales de M. Bouteflika.

Et 10 ans contre deux autres hommes d’affaires, Ahmed Mazouz et l’ex-vice-président du FCE, Mohamed Baïri, tous deux propriétaires d’usines de montage de véhicules.

Le procureur a réclamé la confiscation de l’ensemble des biens des accusés, qui étaient présents au tribunal.

Depuis dimanche, au total une vingtaine de personnalités -ex-responsables politiques, puissants patrons et hauts fonctionnaires- sont jugées en appel.

Ces personnalités sont poursuivies pour le financement « occulte » de la dernière campagne électorale de M. Bouteflika, début 2019, et pour favoritisme dans l’industrie automobile via des partenariats entre marques étrangères et grands groupes algériens, souvent propriétés d’hommes d’affaires liés à l’entourage de l’ex-président.

Les groupes agréés par les autorités ont bénéficié d’importantes subventions et de substantiels avantages fiscaux, malgré un cahier des charges rarement respecté.

« Les usines de montage sont des ateliers de gonflage de pneus tandis que de simples commerçants sont devenus des industriels », a accusé le représentant du ministère public dans son réquisitoire.

En première instance, M. Ouyahia, 67 ans avait écopé de 15 ans de prison, et M. Sellal, 71 ans, de 12 ans. Mahdjoub Bedda et Youcef Yousfi avaient été condamnés à 10 ans d’emprisonnement et l’industriel Ali Haddad à sept ans.

Les principaux accusés ont rejeté les charge retenues contre eux.

Cinq accusés en fuite ont été condamnés par contumace et ne sont pas rejugés.

Nouveau coronavirus: trois morts en Irak, école à distance et prière du vendredi annulée

Au lendemain de l’annonce des trois premiers morts du nouveau coronavirus en Irak, Bagdad a annoncé le lancement de l’école en ligne et la suspension du commerce avec l’Iran voisin, son deuxième exportateur où l’épidémie a officiellement fait plus de 100 morts.

Le ministère de la Santé irakien affirme avoir recensé 35 cas de contamination, quasiment tous des Irakiens de retour d’Iran, un des plus importants foyers de la maladie après la Chine.

En Irak, écoles, universités, salles de cinéma et autres lieux publics sont officiellement fermés depuis une semaine, même si de nombreux restaurants, centres commerciaux et cafés sont toujours bondés.

Alors que le retour sur les bancs de l’école –prévu normalement dimanche, premier jour de la semaine en Irak– semble de plus en plus compromis, le ministère de l’Education a appelé instituteurs et enseignants du secondaire à dispenser les cours en ligne.

Au même moment, l’autorité en charge des postes-frontières annonçait que le commerce avec l’Iran –qui exporte vers l’Irak chaque année pour neuf milliards de dollars de biens, allant des voitures aux tomates en passant par l’électroménager– était interrompu pour une semaine au moins.

Les deux voisins entretiennent des liens économiques, commerciaux, politiques et religieux très étroits. Mais l’Irak n’autorise plus depuis le mois dernier le passage des personnes –à l’exception des Irakiens rentrant au pays– via la frontière avec l’Iran, ainsi qu’avec le Koweït.

– Lieux saints chiites –

L’Irak redoute particulièrement une épidémie dans les lieux saints chiites, où des pèlerinages réunissent des millions de fidèles venus notamment d’Iran.

Si plusieurs mausolées ont ainsi fermé leurs portes, les dignitaires religieux s’invectivent mutuellement sur le droit ou pas de fermer des lieux de culte.

Le leader chiite Moqtada Sadr a ainsi personnellement poussé à rouvrir le mausolée de l’imam Ali à Najaf, alors que les autorités religieuses de Kerbala ont annoncé une mesure inédite: l’annulation de la prière collective du vendredi dans ce haut lieu saint du chiisme mondial, pour éviter un rassemblement trop important et le risque de contagion.

Les voyages en Iran sont déjà interdits, de même que désormais vers huit autres Etats –dont la Chine, le Koweït, le Bahreïn ou l’Italie par exemple.

Chaque année, des millions d’Irakiens se rendent en Iran pour du tourisme ou se faire soigner, tant le système de santé irakien est indigent –le pays compte, selon l’OMS, moins de 10 médecins pour 10.000 habitants.

Bagdad a annoncé jusqu’ici trois morts, toutes survenues mercredi. Deux décès dans la capitale: une personne qui souffrait de « déficiences immunitaires » et une autre, « âgée de 65 ans et souffrant de diverses pathologies ». Et un troisième à Souleimaniyeh, au Kurdistan autonome.

Un imam de 70 ans qui souffrait de problèmes cardiaques et respiratoires y est mort en quarantaine, selon des sources médicales.

– Prime aux soignants –

Les autorités religieuses de Souleimaniyeh ont interdit jusqu’à nouvel ordre les prières collectives, dont celle du vendredi. Le gouverneur de la ville, Haval Abou Bakr, a annoncé l’interdiction de tout rassemblement dans la province.

Le Salon du livre de Bagdad, très fréquenté chaque année, a été reporté sine die, tandis que les visites aux détenus ne sont plus autorisées à leurs familles.

En outre, de nombreuses administrations –comme celle en charge des permis de conduire ou des titres de séjour– sont quasiment totalement fermées au public et les tribunaux ont annulé de nombreuses audiences, selon l’agence officielle irakienne.

Et la Banque centrale a appelé la population à utiliser des moyens de paiement électroniques plutôt que les billets pouvant être vecteurs d’infection, une consigne qui risque d’être très peu suivi dans un pays où seuls 10% de la population possèdent un compte bancaire.

Dans ce pays de 40 millions d’habitants en pénurie chronique de médecins, de médicaments et d’hôpitaux, la polémique enfle avec de nombreux Irakiens partageant des récits d’hôpitaux ayant refusé des patients disant présenter des symptômes similaires à ceux du nouveau coronavirus.

Jeudi, le ministère de la Santé a annoncé des primes mensuelles de 500.000 dinars irakiens, soient 375 euros, pour le personnel s’occupant de personnes ayant contracté le Covid-19.

Coronavirus: le monde sportif de plus en plus inquiet

Le monde du sport dans l’incertitude. Plusieurs nouvelles annulations, reports et autres forfaits par précaution, causés par l’épidémie de nouveau coronavirus, sont à nouveau venus perturber jeudi le calendrier sportif, faisant craindre pour la tenue des prochains grands rendez-vous internationaux.

Jeudi en début d’après-midi, le match du Tournoi des six nations Italie-Angleterre, prévu à Rome le 14 mars, a été reporté à une date indéterminée.

C’est la deuxième rencontre du Tournoi reportée, après celle prévue initialement samedi 7 mars à Dublin entre l’Irlande et l’Italie, où se trouve le premier foyer européen de l’épidémie de Covid-19, qui a fait dans ce pays 107 morts pour plus de 3.000 cas.

Cette annonce a été faite au lendemain des mesures décidées par le gouvernement italien pour lutter contre l’extension de l’épidémie dans la péninsule. Afin d’éviter au maximum rassemblements et foules, les autorités ont publié mercredi un décret selon lequel toutes les compétitions sportives, notamment les matches de Serie A de football, devront se tenir à huis clos jusqu’au 3 avril.

– Principe de précaution –

Mais plusieurs organisateurs d’évènements sportifs ont pris l’initiative d’aller encore plus loin, au nom du principe de précaution.

La course cycliste des Strade Bianche, prévue samedi à Sienne, a ainsi été purement et simplement annulée après une réunion entre les organisateurs et les autorités locales.

Cette décision intervient également après le forfait ces deux derniers jours de plusieurs équipes, comme Mitchelton, EF, Jumbo, et Groupama-FDJ, souhaitant protéger leurs cyclistes de possibles risques de contamination.

Jeudi, d’autres formations cyclistes ont elles étendu ces retrait à l’ensemble des courses italiennes.

C’est le cas de l’équipe françaises AG2R La Mondiale, qui ne concourra pas sur l’ensemble des compétitions de la péninsule jusqu’à Milan-Sanremo le 21 mars.

« En tant que chef d’entreprise, je ne peux pas engager la santé et l’intégrité de notre personnel alors que la situation sanitaire est instable en Italie et que de nombreuses interrogations, légitimes, se sont exprimées au sein de l’équipe », a déclaré Vincent Lavenu, le patron d’AG2R.

L’équipe kazakhe Astana a elle carrément décidé de renoncer à l’ensemble des courses jusqu’au 20 mars. Cela inclut donc aussi Tirreno-Adriatico (11-17 mars en Italie) et Paris-Nice (8-15 mars en France).

Ces retraits en série pourraient entraîner l’annulation pure et simple de ces épreuves, non pas en raison de l’épidémie ou des mesures prises par les autorités, mais tout simplement faute d’un nombre de concurrents suffisants.

Astana est ainsi la troisième équipe à annoncer qu’elle ne participera pas à Paris-Nice, une course dont la ministre des Sports française Roxana Maracineanu avait pourtant confirmé le maintien mardi, l’épreuve ne passant pas par des zones à risques et ne devant pas attirer plus de 3000 personnes en même temps au même endroit.

– l’Afrique en alerte –

En Afrique, zone pour le moment relativement épargnée par l’épidémie, les autorités prennent les devants.

Le Maroc a notamment restreint les rassemblements culturels et sportifs, interdisant toutes les manifestations « avec une participation de personnes venant de l’étranger » et celles rassemblant plus de 1.000 personnes. La Fédération royale marocaine de football (FRMF) a déjà imposé le huis clos pour tous les matches de football, toutes compétitions et toutes catégories, pour « la sécurité des joueurs, des entraîneurs et des supporteurs ».

Pour beaucoup d’épreuves sportives prévues dans le monde dans les prochaines semaines, c’est désormais l’incertitude qui règne.

Ainsi, le 8e de finale retour de Ligue des champions Juventus – Olympique lyonnais, programmé le 17 mars, aura-t-il lieu et dans quelles conditions ? Pour le moment, personne ne sait, pas même les principaux concernés.

Logiquement, en vertu du décret pris mercredi par les autorités italiennes, il devrait se dérouler à huis clos, mais mercredi, l’OL a annoncé que pour le moment, l’information n’avait pas été confirmée « ni par l’UEFA, ni par la Juventus ».

Les prochains matches de qualification au Mondial-2022 de la zone Asie pourraient eux se voir reportés, après une proposition faite en ce sens jeudi par la Fifa.

Et qu’en sera-t-il pour les classiques cyclistes belges qui débutent à la fin du mois ? Jeudi, 27 nouveaux cas de patients positifs au Covid-19 ont été détectés en Belgique, portant le nombre de cas à 50.

Le président ivoirien Alassane Ouattara va passer la main

Le président ivoirien Alassane Ouattara, qui entretenait depuis des mois le mystère sur son éventuelle candidature à un troisième mandat, a créé la surprise jeudi en annonçant qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle en octobre 2020.

« Je vous annonce solennellement que j’ai décidé de ne pas être candidat à la présidentielle du 31 octobre 2020 et de transférer le pouvoir à une jeune génération », a-t-il lancé devant les parlementaires du Sénat et de l’Assemblée nationale réunis en Congrès extraordinaire.

Elus et observateurs attendaient une annonce sur la révision constitutionnelle promise depuis des mois et qui générait rumeurs et fantasmes. Finalement, cette révision ne comporte que des points mineurs (nomination du vice-président après l’élection et non un ticket pour le scrutin, aménagements juridiques…).

Mais le président a profité du cadre symbolique de Yamoussoukro et de la réunion de deux chambres pour une annonce qui a pris tout le monde de court, dans un continent où de nombreux présidents s’accrochent au pouvoir le plus longtemps possible.

La Guinée, pays voisin, est ainsi secouée par des violences, autour de la volonté prêtée au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat à la fin de l’année.

La Constitution ivoirienne n’autorise que deux mandats, mais M. Ouattara, 78 ans, élu en 2010, puis réélu en 2015, estimait avoir le droit de se représenter en raison du changement de Constitution en 2016, ce que contestait l’opposition.

Le débat est désormais clos. L’annonce faite au terme d’un discours d’une trentaine de minutes a été accueillie par un tonnerre d’applaudissements de la part des élus mais aussi de centaines d’élèves et étudiants invités au Congrès.

« Prési! Prési! Merci! Merci! », ont scandé des jeunes.

– L’opposition satisfaite –

« On est content qu’il laisse la place à la jeune génération. C’est un homme de parole. Je suis fier de mon président même si je ne suis pas un de ses partisans », a affirmé Daouda Bakayoko, élève-maître au Cafop (équivalent de l’Ecole Normale) de Yamoussoukro.

L’annonce d’Alassane Ouattara a été saluée dans les rangs de l’opposition.

« C’est une bonne décision qui permet au président Ouattara de sortir la tête haute de sa carrière politique. C’est un acte important qui permet d’apaiser l’environnement, de clarifier le jeu politique et d’offrir l’opportunité à la nouvelle génération de faire ses preuves », a ainsi affirmé l’opposant Pascal Affi Nguessan, ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo.

« Le message est aussi adressé à tous les hommes politiques de sa génération. Il appartient à chaque leader politique et surtout ceux de sa génération de se déterminer. C’est un défi qu’il leur a lancé et j’espère qu’ils seront à la hauteur », a poursuivi M. Nguessan, ne cachant pas « espérer être celui qui va prendre la relève ».

Depuis la mort du « père fondateur » de la Côte d’Ivoire Felix Houphouet Boigny en 1993, la vie politique était dominé par le trio de rivaux: Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié (président 1993-1999) et Laurent Gbagbo (2000-2010).

Henri Konan Bédié, qui aura 86 ans lors du scrutin n’a pas écarté l’idée de se présenter. Et le destin de Laurent Gbagbo, qui en aura 75, est lié à la décision de la Cour pénale internationale qui doit statuer sur son sort.

– « Entre tristesse et respect » –

Au Parti démocratique de Côte d’Ivoire(PDCI) de Konan Bédié on se dit aussi satisfait: « Le président a libéré toute le monde. Il faut savoir faire la passe », a affirmé la députée Véronique Aka.

Le climat politique est tendu en Côte d’Ivoire avant la présidentielle d’octobre. Elle se tiendra dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011, née du refus du président en place, Laurent Gbagbo, de reconnaître sa défaite électorale face à Alassane Ouattara, qui avait fait 3.000 morts.

Pour le moment, l’ancien Premier ministre Guillaume Soro, 47 ans, ex-chef de la rébellion pro-Ouattara, mais devenu un de ses adversaires, est le seul à s’être déclaré candidat à la présidentielle. Accusé de complot, sous le coup d’un mandat d’arrêt en Côte d’Ivoire, il vit actuellement en France.

Dans le camp du président, certains qui espéraient voir Alassane Ouattara briguer un troisième mandat pleuraient ouvertement dans l’immense hall de la Fondation Houphouet-Boigny.

Le ministre Mamadou Touré, porte-parole adjoint du gouvernement s’est dit « partagé entre tristesse et respect ».

« Alassane Ouattara c’est 25 années de notre histoire, un combat difficile avec des militants tués, des moments forts, la victoire en 2010. Ouattara, c’est des performances économiques et sociales et beaucoup avaient le sentiment qu’il devait parachever le travail », a-t-il estimé.

« C’est une décision personnelle que nous respectons », a-t-il toutefois ajouté. « C’est aussi une leçon pour l’ensemble de la classe politique ivoirienne: il faut savoir céder la place. Et c’est un message qui fera écho sur le continent africain ».

Le président ivoirien Alassane Ouattara ne briguera pas un troisième mandat

Le président ivoirien Alassane Ouattara, qui entretenait depuis des mois le mystère sur son éventuelle candidature à un troisième mandat, a annoncé jeudi à Yamoussoukro qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle en octobre 2020.

« Je vous annonce solennellement que j’ai décidé de ne pas être candidat à la présidentielle du 31 octobre 2020 et de transférer le pouvoir à une jeune génération », a-t-il lancé devant les parlementaires du Sénat et de l’Assemblée nationale réunis en Congrès extraordinaire.

Cette annonce faite au terme d’un discours d’une trentaine de minutes a été accueillie par un tonnerre d’applaudissements de la part des élus mais aussi de centaines d’élèves et étudiants invités au Congrès.

« Prési! Prési! Merci! Merci! », ont scandé des jeunes.

La Constitution ivoirienne n’autorise que deux mandats, mais M. Ouattara, 78 ans, élu en 2010, puis réélu en 2015, estimait avoir le droit de se représenter en raison du changement de Constitution en 2016, ce que contestait l’opposition.

– L’opposition satisfaite –

« On est content qu’il laisse la place à la jeune génération. C’est un homme de parole. Je suis fier de mon président même si je ne suis pas un de ses partisans. Je suis fier qu’on fasse confiance à la jeunesse », a affirmé Daouda Bakayoko, élève-maître au Cafop (équivalent de l’Ecole Normale) de Yamoussoukro.

La décision d’Alassane Ouattara a été saluée dans les rangs de l’opposition.

« C’est une bonne décision qui permet au président Ouattara de sortir la tête haute de sa carrière politique. C’est un acte important qui permet d’apaiser l’environnement, de clarifier le jeu politique et d’offrir l’opportunité à la nouvelle génération de faire ses preuves », a ainsi affirmé l’opposant Pascal Affi Nguessan, ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo.

« Le message est aussi adressé à tous les hommes politiques de sa génération. Il appartient à chaque leader politique et surtout ceux de sa génération de se déterminer. C’est un défi qu’il leur a lancé et j’espère qu’ils seront à la hauteur », a poursuivi M. Nguessan, ne cachant pas « espérer être celui qui va prendre la relève ».

L’ancien président Henri Konan Bédié, qui aura 86 ans lors du scrutin n’a pas écarté l’idée de se présenter. Et le destin de Laurent Gbagbo, qui en aura 75, est lié à la décision de la Cour pénale internationale qui doit statuer sur son sort.

Le climat politique est tendu en Côte d’Ivoire avant la présidentielle d’octobre. Elle se tiendra dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011, née du refus du président en place, Laurent Gbagbo, de reconnaître sa défaite électorale face à Alassane Ouattara, qui avait fait 3.000 morts.

– « Entre tristesse et respect » –

Les élections municipales et régionales de 2018 ont été marquées par de nombreuses violences et des fraudes.

Pour le moment, l’ancien Premier ministre Guillaume Soro, 47 ans, ex-chef de la rébellion pro-Ouattara, mais devenu un de ses adversaires, est le seul à s’être déclaré candidat à la présidentielle. Accusé de complot, sous le coup d’un mandat d’arrêt en Côte d’Ivoire, il vit actuellement en France.

Dans le camp du président, certains qui espéraient voir Alassane Ouattara briguer un troisième mandat ont fait part d’une certaine déception, comme le ministre Mamadou Touré, porte-parole adjoint du gouvernement, « partagé entre tristesse et respect ».

« Alassane Ouattara c’est 25 années de notre histoire, un combat difficile avec des militants tués, des moments forts, la victoire en 2010. Ouattara, c’est des performances économiques et sociales et beaucoup avaient le sentiment qu’il devait parachever le travail », a-t-il ainsi estimé.

« C’est une décision personnelle que nous respectons », a-t-il toutefois ajouté. « C’est aussi une leçon pour l’ensemble de la classe politique ivoirienne: il faut savoir céder la place. Et c’est un message qui fera écho sur le continent africain », a-t-il conclu.

Egypte: la plus vieille pyramide encore debout rouvre après rénovation

La pyramide du pharaon Djoser à Saqqara, vieille de 4.700 ans et considérée comme la plus ancienne encore visible en Egypte, a rouvert au public jeudi au sud du Caire après plusieurs années de rénovation, a constaté une journaliste de l’AFP.

« Nous rouvrons aujourd’hui, après sa restauration, la plus ancienne pyramide encore debout en Egypte », a déclaré, lors d’une cérémonie jeudi au pied de la célèbre pyramide à degrés, le ministre des Antiquités et du Tourisme Khaled el-Enany.

Il s’agit également du « premier édifice entièrement construit en pierre du monde », selon le ministre.

Le projet de rénovation de ce monument avait débuté en 2006 avant d’être interrompu « pour des raisons sécuritaires » liées à la révolte populaire de 2011. Il avait repris en 2013, selon Ayman Gamal Eddine, responsable du projet au ministère des Antiquités.

Le coût total des travaux de restauration s’élève à 104 millions de livres égyptiennes, soit six millions d’euros, selon le gouvernement égyptien.

Située à 20 km au sud du Caire, la pyramide domine une vaste nécropole dans la région de Memphis, première capitale égyptienne.

Haut d’environ 60 mètres et doté de six étages, ce monument a été construit vers 2.700 avant J.-C. par le célèbre architecte Imhotep, au-dessus d’une cavité profonde de 28 mètres abritant une tombe de granit rose.

« Les premiers à s’être intéressés à la préservation la pyramide étaient les dirigeants de la 26e dynastie » au VIIe et VIe siècles avant notre ère, a indiqué à l’AFP M. Gamal Eddine, montrant aux premiers visiteurs les poutres en bois millénaires qui soutiennent, par endroits, le plafond de l’édifice.

Les travaux avaient été rendus nécessaires après qu’un séisme eut endommagé considérablement l’intérieur de la pyramide en 1992.

En 2014, une polémique avait éclaté lorsque des médias égyptiens avaient fait état d’informations selon lesquelles la pyramide de Djoser avait été détériorée par les travaux de rénovation.

Des ONG égyptiennes avaient alors critiqué ces travaux, estimant qu’ils altéraient l’aspect originel du monument.

« Jusqu’en 2015, les experts de l’Unesco ont présenté des rapports critiques du projet de restauration, nous avons depuis repris les travaux conformément aux normes de l’Unesco. En 2018, l’Unesco nous a présenté des rapports positifs », a assuré jeudi M. Enany.

– Attirer les touristes –

Le site, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979, constitue la première nécropole familiale d’Egypte, une pratique introduite par le pharaon Djoser.

Sur cette même nécropole de Saqqara, les autorités égyptiennes avaient dévoilé en avril 2019 une tombe ornée de reliefs colorés et d’inscriptions bien préservées, appartenant à un noble de la Ve dynastie (entre 2.500 et 2.300 avant J.-C.).

Ces dernières années, les autorités ont considérablement renforcé leur communication autour des découvertes archéologiques dans l’espoir d’attirer de nouveau les touristes qui ont déserté l’Egypte en raison des troubles liés à la révolte de 2011.

Les sites archéologiques constituent pour l’Egypte un argument majeur face à la concurrence d’autres destinations touristiques, et dans ce contexte, M. el-Enany, ministre des Antiquités depuis 2016, a également obtenu en décembre dernier le porte-feuille du Tourisme.

« Nous travaillons dur à construire une nouvelle Egypte (…) et la restauration de notre patrimoine figure en tête de nos priorités », a souligné le Premier ministre Mostafa Madbouli, présent jeudi à la cérémonie, en rappelant les nombreux projets gigantesques lancés par son gouvernement.

Parmi eux, se trouvent la construction de la nouvelle capitale administrative et du Grand Musée Egyptien (GEM), tous deux censés être inaugurés fin 2020.

De pestiféré à conseiller: Pékin propose son aide face au virus

Retour d’expérience, envoi de matériel: la Chine, devenue aux yeux du monde l’épicentre de l’épidémie de Covid-19, veut changer son image en proposant son aide et son expertise à des pays étrangers de plus en plus touchés.

Pointée du doigt comme étant la source du coronavirus, elle a subi comme ses ressortissants un certain ostracisme ces dernières semaines, mais offre désormais experts, conseils et tests de dépistage à la communauté internationale.

Un vice-ministre des Affaires étrangères a indiqué jeudi que la Chine avait déjà partagé son expérience en matière de traitement des malades avec « un grand nombre » de pays.

Une équipe d’experts a été dépêchée en Iran –l’un des principaux foyers à l’étranger avec la Corée du Sud et l’Italie–, acheminant 5.000 kits de dépistage et 250.000 masques.

Du matériel de test a aussi été expédié au Pakistan, au Japon et dans certains pays d’Afrique, selon un porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian.

« Tout en poursuivant notre travail de prévention en Chine (…) nous fournirons, dans la limite de nos capacités, un soutien aux pays étrangers », a-t-il déclaré cette semaine.

Au moment où le nombre de nouvelles contaminations chute en Chine et grimpe à l’international, les autorités sanitaires sont vigilantes face à l’arrivée dans le pays de personnes infectées venues de l’étranger.

Vingt d’entre elles ont été recensées jusqu’à présent, dont certaines originaires d’Italie et d’Iran.

Plusieurs villes dont Pékin imposent des quarantaines de 14 jours aux personnes venant des pays les plus touchés. Et la province du Hubei (centre), épicentre de l’épidémie, reste coupée du monde depuis fin janvier.

– Guide en persan –

Signe d’une inversion de tendance: s’il y a un mois encore, ce sont les étrangers qui se pressaient pour évacuer leurs ressortissants du Hubei, c’est la Chine qui a rapatrié cette semaine 146 de ses citoyens depuis l’Iran.

Les autorités sanitaires chinoises ont partagé leurs conseils techniques via visioconférence avec l’Union européenne (UE) et des pays comme l’Azerbaïdjan, la Biélorussie, l’Arménie ou le Turkménistan.

Un guide des bonnes pratiques a également été traduit en persan, langue officielle en Iran, et proposé en téléchargement gratuit.

Par ailleurs, la Chine, en pénurie de fournitures médicales le mois dernier, notamment de masques, a depuis massivement repris la production dans ses usines.

Selon le ministère de l’Industrie, la production de combinaisons de protection excède désormais la demande. Au point qu’il encourage les entreprises à exporter.

La Chine va continuer à « revendiquer une forme d’autorité » sur l’épidémie au nom de ses réalisations, selon la sinologue Dorothy Solinger, de l’Université de Californie.

« Le souci, c’est que la plupart des pays ne peuvent pas commander à leur population comme le gouvernement chinois. Il est donc peu vraisemblable que la Chine devienne véritablement un modèle. »

– ‘Propagande’ –

Le gouvernement a fait l’objet d’un torrent de critiques sur les réseaux sociaux après qu’un médecin du Hubei, réprimandé par la police pour avoir alerté les autorités sur le coronavirus, est décédé de la maladie en février.

Les autorités locales ont également été critiquées pour la lenteur de leur réaction.

Mais les médias profitent aujourd’hui du reflux des nouvelles contaminations dans le pays pour louer le système politique chinois.

« Il serait impossible pour les pays européens d’adopter les mesures radicales que la Chine a prises », a souligné le tabloïd nationaliste Global Times dans un récent éditorial.

Pékin cherche à montrer « que son système de gouvernance est meilleur que celui des démocraties occidentales », estime Yun Jiang, chercheuse à l’Université nationale australienne.

« La propagande s’est concentrée sur ce qu’elle présente comme un avantage compétitif du pays », avec notamment « la construction très rapide d’hôpitaux et la brusque mise sous cloche de villes », souligne Mme Yun.

Selon elle, si d’autres pays peinent à endiguer la maladie Covid-19, la Chine aura tout loisir de souligner que les critiques initiales sur sa gestion de la crise étaient peut-être injustifiées.

« Ce serait une bénédiction pour elle dans sa campagne de communication », juge Mme Yun.

Coronavirus: 107 morts en Iran, écoles et universités fermées pour un mois

Ecoles et universités vont être fermées pour un mois pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus en Iran, où le bilan officiel de l’épidémie se monte jeudi à 107 morts.

« Ecoles et universités seront fermées jusqu’à la fin de l’année » iranienne, le 19 mars, a déclaré le ministre iranien de la Santé, Saïd Namaki, lors d’un point de presse télévisé.

Le 19 mars, débutent les vacances du Nouvel An persan qui durent cette année jusqu’au 3 avril. Depuis une dizaine de jours, les universités étaient déjà fermées à l’échelle nationale, tout comme les écoles de plusieurs provinces.

Ces congés sont traditionnellement l’occasion de retrouvailles familiales qui mettent tout l’Iran sur les routes.

« Mais les gens ne doivent pas considérer (la fermeture des établissements scolaires et universitaires) comme une occasion de voyager », a averti M. Namaki.

Au contraire, « ils devraient rester chez eux et prendre nos avertissements au sérieux », a-t-il ajouté. « Ce virus est très contagieux. C’est sérieux, ne jouez pas avec ça. »

Parlant à la suite de M. Namaki, le porte-parole du ministère Kianouche Jahanpour a annoncé le décès de 15 personnes supplémentaires infectées par le nouveau coronavirus.

Cela porte le bilan officiel de l’épidémie à 107 morts dans le pays, sur un total de 3.513 cas.

Par rapport à mercredi, 591 nouveaux cas de personnes contaminées ont été confirmés, a indiqué M. Jahanpour, précisant que « jusqu’à aujourd’hui, des prélèvements ont été réalisés sur 23.327 » personnes soupçonnées d’avoir été infectées par la maladie Covid-19.

« Mais il y a une bonne nouvelle: le taux de guérison augmente », a encore déclaré le porte-parole, en annonçant qu’au total 739 personnes s’étaient débarrassées de la maladie.

Selon les dernières données du ministère, l’épidémie de pneumonie virale partie de Chine touche désormais toutes les provinces du pays. Les quatre provinces les plus touchées sont celles de Téhéran (1.352 personnes contaminées), Qom (centre, 386 cas), Gilan (nord, 333), Ispahan (centre, 238).

Coronavirus: huis clos pour tous les matches de foot au Maroc

Tous les matches de football, pour toutes les compétitions et toutes les catégories, se joueront désormais à huis clos de manière préventive en lien avec l’épidémie mondiale de nouveau coronavirus, a-t-on appris jeudi auprès de la Fédération royale marocaine (FRMF).

Cette décision vise à « veiller à la sécurité des joueurs, des entraîneurs et des supporteurs », selon un communiqué de la FRMF publié sur son site internet.

Le royaume, où le football est le sport numéro un, a fait état jeudi d’un deuxième cas confirmé de contamination.

Plusieurs manifestations publiques, comme le salon annuel de l’agriculture ou une compétition de judo, ont été annulées par précaution ces derniers jours.

De plus, les annulations liées au risque sanitaire commencent à peser sur le secteur touristique, selon la presse marocaine.

Les autorités s’efforcent dans le même temps de lutter contre la multiplication des « fake news » concernant l’épidémie sur les réseaux sociaux et plusieurs personnes ont été arrêtées à ce sujet ces derniers jours.

A la frontière gréco-turque, des citoyens patrouillent pour « éviter l’invasion » de migrants

A la nuit tombée, dans le village de Poros, dans le Nord-Est de la Grèce, les tracteurs sont à l’arrêt et les rues désertes. Sakis, vêtu d’un treillis militaire, se rend le long du fleuve Evros, à la frontière avec la Turquie, « pour défendre les portes de la Grèce et de l’Europe ».

Au bout de ce petit bourg agricole, le fleuve, relativement étroit, reste un point privilégié de passage des réfugiés entrant en Grèce. Depuis la décision de la Turquie d’ouvrir ses portes, le 28 février, policiers lourdement équipés, agriculteurs, éleveurs, chasseurs et pêcheurs bloquent tout accès.

Rassemblés autour d’un feu improvisé, ils veulent « éviter l’invasion », explique Sakis, un agriculteur de 38 ans. Fusil de chasse sur le dos, l’heure est venue de quadriller le secteur.

« J’ai très peu dormi depuis. Jour et nuit, je fais des rondes avec ma voiture sur le chemin longeant le fleuve pour observer si des barques tentent d’accoster sur le rivage grec », raconte-t-il, épuisé.

Dès qu’un migrant est repéré, la police ou l’armée est avertie et l’exilé est embarqué. Giokas Xanthos s’adonne à la pêche régulièrement sur l’Evros et connaît les points sensibles où les passeurs lâchent les migrants: « nous avons une connaissance parfaite du terrain qui peut être utile aux autorités ».

Encore hantée par la crise migratoire de 2015, la population locale sombre dans une rhétorique xénophobe, guerrière, et s’organise pour que les frontières grecques restent hermétiques.

« Avec un voisin comme la Turquie, nous vivons avec une menace permanente. Nous avons besoin d’une aide concrète de l’Europe et pas seulement de promesses », estime le maire de Poros, Athanassios Pemoussis, qui a appelé ses concitoyens à « soutenir les forces de l’ordre grecques dans un combat difficile ».

Depuis que le président turc Recep Tayyip Erdogan a ouvert les frontières de son pays, des dizaines de milliers de réfugiés ont afflué vers la Grèce. Au poste-frontière de Kastanies (Pazarkule côté grec), où les migrants sont massés dans la zone tampon, des échauffourées ont eu lieu ces derniers jours.

Ici, le patron du café « Jojo Wild Rose » assure qu’il n’y a pas de milice « car avec les barbelés ici les migrants ne peuvent pas passer ». Mais plus au sud, où des groupes de migrants tentent des incursions le long des 212 km de frontière souvent poreuse, les patrouilles sont constituées d' »anciens militaires à la retraite depuis plusieurs années », souligne-t-il.

– « Nous sommes en zone de guerre » –

Depuis mardi, Dimitris Kolgionis, maire adjoint de Pherès, la commune de 5.000 habitants dont dépend Poros, a organisé des rotations pour surveiller la frontière: « 500 personnes ont répondu présentes et se relayent par tranches horaires ».

De 9H à 13H, mercredi, c’était au tour de Giorgos Ioumis, retraité, de participer à la patrouille citoyenne: « Toute la région de l’Evros est mobilisée. Nous sommes en zone de guerre et il faut défendre notre territoire ».

Kizialidis Kizialis, 60 ans, agriculteur de Poros, avoue « avoir peur des migrants » mais se félicite « du bon travail du gouvernement et de la police ».

A Poros, le passage semble désormais quasi-impossible. Athènes a doublé ses patrouilles sur toutes ses frontières terrestres et maritimes et demandé le déploiement des renforts de l’agence européenne des frontières Frontex.

Selon le gouvernement grec, près de 7.000 tentatives d’entrées illégales ont été empêchées en 24 heures dans la région et 24 migrants y ont été arrêtés, surtout orginaires d’Afghanistan et du Pakistan, entre mercredi matin et jeudi matin.

Lundi, une vingtaine de tracteurs avec des spots lumineux puissants s’est rendue près du fleuve pour éclairer l’autre côté et dissuader quiconque de passer en Grèce.

« Une démonstration de force qui a été efficace puisque plusieurs personnes ont été arrêtées », constate Athanassios Pemoussis. Des médias grecs rapportent également des arrestations musclées de migrants par des groupes de citoyens armés. « Nous avons des armes par protection », précise Sakis, « nous sommes décidés à garder nos frontières. Et si un accident doit arriver, il arrivera ! ».