Lomé – Shandong : un axe parlementaire en construction

Le Togo renforce son partenariat parlementaire avec la province chinoise du Shandong

Lomé, 5 août 2025 — Le siège de l’Assemblée nationale togolaise a accueilli  lundi une délégation officielle chinoise. Conduite par Fan Huaping, vice-président du comité permanent de l’Assemblée populaire de la province du Shandong, la mission a été reçue par le président du Parlement, S.E.M. Kodjo Sevon-Tépé Adédzé. Cette visite marque en effet un tournant diplomatique dans les relations législatives entre les deux nations.

Partenariat parlementaire entre le Togo et le Shandong : vers une coopération renforcée entre Assemblées, au cœur du dialogue sino-africain.

Un partenariat parlementaire prometteur s’ouvre avec la Chine

 

Cette rencontre a permis d’ouvrir un nouveau chapitre de collaboration directe entre le Parlement togolais et son homologue provincial chinois. Les deux parties ont exprimé leur volonté d’initier des échanges plus réguliers sur les processus législatifs, le contrôle de l’action publique et l’accompagnement des politiques sociales. La délégation chinoise a, par ailleurs, partagé un état des lieux détaillé de la coopération sino-togolaise. Cette collaboration se déploie notamment dans des domaines clés tels que l’énergie, la santé publique, l’agriculture, les infrastructures et l’économie, conformément aux engagements pris lors du neuvième Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC 2024).

Le Togo à l’écoute des modèles étrangers

 

Soucieuse d’enrichir ses outils d’action parlementaire, l’institution togolaise souhaite capitaliser sur les expériences de l’Assemblée populaire du Shandong. Cette province est reconnue pour ses bonnes pratiques en matière d’administration législative. En effet, cet intérêt reflète une volonté claire d’améliorer le fonctionnement de la représentation nationale au service des citoyens. En renforçant ses relations avec le Shandong, le Togo entend également assurer le suivi des engagements issus du sommet sino-africain, en privilégiant une approche parlementaire active et ouverte au benchmarking institutionnel.

Partenariat parlementaire entre le Togo et le Shandong : vers une coopération renforcée entre Assemblées, au cœur du dialogue sino-africain.

Le Shandong, un atout économique et stratégique

 

Avec un produit intérieur brut dépassant les 1 400 milliards de dollars américains en 2023, le Shandong figure parmi les trois provinces les plus riches de Chine. Son dynamisme industriel et maritime, sa puissance agricole et son patrimoine culturel millénaire en font également un partenaire stratégique pour tout pays cherchant à diversifier ses alliances économiques. Située à plus de 500 km de Pékin, elle incarne à la fois la tradition et l’innovation dans la gouvernance régionale chinoise.

Vers une coopération pragmatique et inclusive

 

Placée sous le leadership des Présidents Xi Jinping et Faure Essozimna Gnassingbé, cette initiative parlementaire confirme une volonté politique commune de tisser des partenariats solides fondés sur le dialogue institutionnel et le partage d’expertise. Le Togo réaffirme ainsi son orientation stratégique vers une coopération pragmatique, inclusive et tournée vers le développement.

Finalement, en consolidant ses échanges parlementaires avec le Shandong, le Togo investit dans une diplomatie des institutions, discrète mais stratégique, qui conforte sa place dans le dialogue sino-africain. Ce partenariat, fondé sur la mutualisation des expertises et l’écoute des modèles, esquisse une nouvelle cartographie des coopérations : celle où le législatif devient acteur du développement, et où les symboles protocolaires portent les promesses d’un avenir partagé.

Agadazi : une nomination stratégique au cœur des relations franco-togolaises

Par un décret présidentiel scellé le 13 février 2025, le chef de l’État togolais, Son Excellence Faure Essozimna Gnassingbé, a opéré une mue significative dans l’échiquier diplomatique en désignant le Colonel Ouro-Koura Agadazi comme ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire auprès de la République française. En effet, cette décision, émanant d’une proposition ministérielle et ancrée dans la Constitution du 6 mai 2024, incarne une transition calculée, mariant expérience militaire, acuité agronomique et finesse diplomatique.

Agadazi  : un agronome-stratège à la barre

En plus, l’ascension du Colonel Agadazi, haut gradé aux épaulettes chamarrées, ne relève point du hasard. Entre 2012 et 2018, cet architecte de la réforme agraire a piloté le ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de l’Hydraulique, insufflant une modernisation sans précédent au secteur rural. Son mantra : transformer le sillon en socle de souveraineté alimentaire.

Après son départ du gouvernement, il a irrigué ses compétences au Programme national d’investissement agricole (PNIASA), puis à l’Agence nationale de sécurité alimentaire (ANSAT), où il a aussi dompté les aléas des marchés céréaliers, assurant un approvisionnement stratégique et une régulation méticuleuse. Distingué par le Prix africain du développement en 2022, son parcours épouse une logique de continuum : des champs togolais aux arènes diplomatiques.

Un chassé-croisé institutionnel

Cette nomination scelle également un ballet protocolaire singulier. Le Colonel Madjoulba Batossie Calixte, dont le mandat d’ambassadeur se superposait à son portefeuille ministériel à Lomé (Sécurité et Protection civile), cède désormais son bicorne parisien. Une dualité fonctionnelle rare, révélatrice des équilibres politico-militaires du régime. Sur la plateforme X, l’intéressé a salué cette passation avec une déférence numérique, qualifiant son successeur de « pilier incontesté de l’édifice national ».

Diplomatie et gastronomie : Agadazi ,le soft power des céréales

Pourquoi Paris ? La France, historiquement pivot des relations africaines de Lomé, demeure un partenaire agroéconomique clé. En propulsant Agadazi, le Togo mise sur un ambassadeur capable de transcender les protocoles pour tisser des alliances concrètes. Par ailleurs, ses compétences en sécurité alimentaire pourraient fertiliser des coopérations innovantes, transformant les enjeux agricoles en leviers d’influence. Dans un monde où la faim côtoie les crises climatiques, un tel profil incarne une « gastronomie diplomatique » : nourrir les populations tout en cultivant l’amitié bilatérale.

Perspectives : entre Sillon et Sceau

Si les ambassades sont souvent perçues comme des théâtres d’apparat, celle d’Agadazi s’annonce comme un laboratoire d’actions tangibles. Face aux défis migratoires, sécuritaires et commerciaux, sa mission consistera à conjuguer pragmatisme militaire et nuance agronomique. Pour la France, accueillir un tel stratège pourrait réactiver des synergies endormies, notamment dans l’innovation agricole et la gestion des ressources.

En somme, cette nomination n’est pas une simple rotation de poste, mais un geste géostratégique, où le Togo parie sur l’expertise multisectorielle pour redéfinir son dialogue avec l’Hexagone. À l’heure où les diplomates se muent en artisans de résilience, Agadazi incarne cette évolution : un soldat-laboureur, semant les grâces d’une coopération renouvelée.