Burundi: la campagne électorale bat son plein, malgré le Covid-19

Les candidats aux élections générales burundaises du 20 mai 2020 poursuivent la campagne électorale, lancée le 27 avril dernier.Dans ce pays de la région des Grands Lacs qui a enregistré 15 cas de Covid-19, la campagne électorale pour la présidentielle, les législatives et les municipales est ponctuée par de grands rassemblements.

Pour l’élection présidentielle à laquelle le chef de l’Etat sortant, Pierre Nkurunziza, n’est pas partant, six candidats demandent le suffrage des 5 126 351 électeurs inscrits, selon la Commission électorale nationale indépendante (CENI), dirigée par Pierre Claver Kazihise.

Le parti au pouvoir, le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD)  a porté son choix sur le général, Evariste Ndayishimiye, considéré comme favori à la succession du président Nkurunziza.

Mais il devra croiser le fer avec le principal opposant, Agathon Rwasa, candidat du Conseil national pour la liberté (CNL) qui, lui aussi, draine des foules aussi bien dans la capitale, Bujumbura, que dans les provinces du pays.

En 2015, lors des dernières élections générales remportées par le CNDD-FDD, la CENI avait enregistré plus de 4 millions d’électeurs.

Côte d’Ivoire: 19 pro-Soro dont 14 militaires interpellés pour atteinte contre l’autorité de l’Etat (procureur)

Dix-neuf personnes dont 14 militaires proches de Guillaume Soro, ex-président de l’Assemblée nationale ivoirienne, ont été interpellés pour tentative de complot et atteinte contre l’autorité de l’Etat, a annoncé mardi le procureur de la République de Côte d’Ivoire, Richard Adou, face à la presse.Les infractions retenues concernent « des faits de tentative de complot et d’atteinte à la sûreté de l’Etat, et surtout pour ces personnes d’avoir tenté de dissimuler des armes pour la plupart du temps », a dit Richard Adou, lors d’une conférence de presse, au tribunal d’Abidjan-Plateau. 

Selon le procureur de la République près le tribunal de première instance d’Abidjan, le juge d’instruction, suivant une commission rogatoire datée du 27 décembre 2019, a instruit la section de recherches de la gendarmerie à l’effet de procéder à des perquisitions. 

L’enquête, en court, a abouti à la saisie de 17 véhicules dont quatre ayant servi au transport d’armes et de munitions initialement stockées au siège du mouvement citoyen Générations et peuples solidaires (GPS, présidé par M. Soro) sis à Cocody Riviera-Golf, en direction de la ville balnéaire d’Assinie pour y être précipitamment immergées dans la lagune en prévision d’éventuelle perquisition.

Cette découverte vient corroborer «l’appel à l’insurrection lancé par un groupe de personnes, dont des députés, au siège du mouvement GPS », a-t-il  soutenu, avant d’ajouter qu’ « aujourd’hui, l’enquête permet d’établir que le siège de ce mouvement politique servait à l’entreposage d’armes ». 

« Il a été également découvert à ce siège un lot de matériel militaire de communication dont un appareil permettant de capter les mouvements des forces armées, ainsi que des documents qui ne laissent aucun doute sur les actions et les objectifs de ce mouvement politique », a-t-il poursuivi. 

Les quatre véhicules ayant servi au transport d’armes et de munitions à Assinie, une banlieue d’Abidjan, appartiennent à M. Zebré Souleymane, en fuite, a précisé le procureur, soulignant que ce dernier avait déjà été cité dans le dossier de la découverte des caches d’armes à Bouaké (centre). 

M. Zèbré avait d’ailleurs nié les faits. Les premières perquisitions à l’annonce d’un complot contre l’autorité de l’Etat, avaient permis la découverte, dans le fond lagunaire d’Assinie, des armes et munitions : 50 kalachnikovs AK-47, 12 lance-roquettes RPG, 4 fusils mitrailleurs FM et un millier de munitions et d’obus. 

Le procureur a fait savoir que les agents enquêteurs ont procédé à diverses auditions, notamment à celles d’employés de maison et de militaires, précédemment chargés de la sécurité de l’ex-président de l’Assemblée nationale ivoirienne.

A ce stade de l’enquête, les éléments montrent, à en croire M. Richard Adou, des « traces digitales sur les armes sorties de la lagune, les données de téléphones portables et certains documents » ayant permis l’interpellation de ces 19 personnes.

Ces 19 personnes comprennent notamment 14 militaires (deux officiers supérieurs et 12 sous-officiers) et 5 civils en lien avec les faits. Quinze parmi elles ont été inculpées et placées sous mandat de dépôt le 17 avril 2020. 

M. Guillaume Soro, qui a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle ivoirienne du 31 octobre 2020, a été condamné le 28 avril dernier à 20 ans de prison ferme, 4,5 milliards Fcfa d’amende et à 7 ans de privation de droits civiques. 

Le tribunal a également prononcé la confiscation du bien immobilier incriminé au profit de l’Etat de Côte d’Ivoire. Il lui est reproché un détournement de deniers publics de 1,5 milliard Fcfa et recel de détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux. 

Covid-19 : L’interpol met en garde le Maroc contre de nouvelles menaces criminelles (média)

L’Organisation internationale de la police criminelle (Interpol) a mis en garde le Maroc contre de nouvelles menaces criminelles, en cette période de crise épidémiologique, rapporte mardi la presse marocaine.Dans son récent rapport, Interpol a exposé plusieurs méthodes novatrices pour l’utilisation de la technologie et de l’intelligence artificielle, afin de s’adapter aux défis des crimes liés au Covid-19.

Les enquêteurs ont attiré l’attention du Maroc sur les crimes les plus répandus dans le monde depuis la propagation de cette pandémie, à savoir le trafic de drogue via les réseaux sociaux, les menaces cybercriminelles, le commerce de matériel trafiqué destiné à la protection personnelle contre les virus, le ciblage des prestataires de services sanitaires, des points de vente des produits essentiels et des institutions de crédit.

Dans son rapport, Interpol révèle qu’il s’est produit de grands changements dans les formes de criminalité, ces derniers temps, à cause de la propagation du coronavirus et du confinement de la moitié de la population mondiale, ajoutant que le confinement des gens chez eux a fait baisser le nombre de cambriolages dans les maisons.

Toutefois, les malfrats ont entrepris de dévaliser les unités industrielles et autres lieux de travail désertés par les personnels au chômage technique. Le rapport d’Interpol souligne que d’autres formes de criminalité ont connu de grands changements, notamment le trafic de migrants, la traite des êtres humains et la fraude.

Maroc/Covid-19 : Mise garde contre l’utilisation non réglementaire des eaux usées

Le ministère marocain de l’intérieur a, dans une note adressée aux walis et gouverneurs des différentes régions du Royaume, met en garde contre l’utilisation non réglementaire des eaux usées et les risques de contamination qui en découlent.Dans le cadre du suivi de la pandémie du Covid-19, des études menées dans plusieurs pays ont démontré une possible présence de traces du génome de coronavirus dans les eaux usées issues des selles des personnes atteintes, lit-on dans cette note.

Ainsi, toute utilisation des eaux usées est fixée par les dispositions législatives et réglementaires en vigueur, notamment la loi sur l’eau, le décret relatif à l’utilisation des eaux usées et l’arrêté fixant les normes de qualité des eaux destinées à l’irrigation, souligne le ministère.

De ce fait, aucune eau usée ne peut être utilisée si elle n’a pas été préalablement reconnue épurée et conforme à la norme, insiste ladite note.

Pour éviter toute éventuelle propagation du coronavirus via ce canal, les gouverneurs sont invités à prendre les dispositions nécessaires pour interdire toute utilisation non réglementaire des eaux usées, conclut la note.

Côte d’Ivoire: Lancement d’une opération de distribution gratuite de masques de protection contre le Covid-19

Le ministre d’État ivoirien chargé de la défense Hamed Bakayoko qui assure l’intérim du premier ministre, a lancé mardi à Abidjan une opération de distribution gratuite de masques de protection contre la maladie à Coronavirus.C’est au total 22 millions de masques de protection qui seront distribués dès mercredi à 1.129.516 personnes organisées en 17 catégories réparties dans le grand Abidjan ( Abidjan et banlieue). 

« Cette cérémonie est la matérialisation de l’engagement du gouvernement à poursuivre de façon acharnée la lutte contre la pandémie du Covid-19 », a expliqué M. Bakayoko lors d’une cérémonie de remise symbolique. 

Selon lui,  cette distribution gratuite de cache-nez permettra de renforcer la prévention et de freiner, voire stopper la propagation du virus dans le pays. La Côte d’Ivoire a déjà réceptionné 52 millions de masques de protection sur une première commande de 131 millions.  

Ce sont du total 200 millions de cache-nez qui ont commandés par les autorités ivoiriennes. La Côte d’Ivoire enregistre à ce jour 1464 cas confirmés de maladie à Covid-19 dont 701 guéris et 18 décès.

eSwatini/Covid-19 : le gouvernement désinfecte les maisons de presse

Le gouvernement d’eSwatini a désinfecté mardi les bureaux de trois maisons de presse dans la capitale Mbabane, dans le cadre de mesures visant à freiner la propagation du coronavirusLe gouvernement a annoncé que des équipes du ministère des Richesses naturelles, du ministère de la Santé et de l’Agence nationale de gestion des catastrophes avaient désinfecté les bureaux d’Eswatini Television, d’Eswatini Observer et de Channel YemaSwati.

La décision de désinfecter les bureaux des médias fait partie des efforts visant à protéger les journalistes contre la maladie, qui a infecté 116 personnes lundi et fait des morts dans le royaume.

 Eswatini est en confinement partiel de cinq semaines depuis le 27 mars dernier.

Covid-19 en Afrique : des pays font le choix « réaliste » du déconfinement

Plusieurs pays africains ont commencé à suivre la vague mondiale du déconfinement, réclamé par une bonne frange de leurs populations qui a « plus peur de mourir de faim que de coronavirus ».Au Gabon, le déconfinement partiel de Libreville et trois communes limitrophes, a commencé à être effectif comme l’avait annoncé le 27 avril, le Premier ministre Julien Nkoghe Békalé.

Après deux semaines de confinement total, les habitants de la capitale gabonaise ne veulent plus retourner dans cette situation qui, pourtant, est considérée par les experts comme le seul moyen pouvant casser la chaîne de transmission de la pandémie.

Au Nigéria, qui compte plus de 2000 cas et quelque 90 décès, un déconfinement progressif a été aussi autorisé hier lundi par le président Muhammadu Buhari. De Lagos à Ogun en passant par la capitale fédérale Abuja, ce sont plus de 25 millions d’habitants qui reprennent une liberté encadrée de mouvement, après cinq semaines de sévères restrictions.

Cet assouplissement est également une réalité au Ghana ou en Afrique du Sud, des pays préoccupés par l’impact de cette mesure sur les populations les plus pauvres. Toutefois, d’autres mesures sont prises pour poursuivre la lutte contre le virus.

Mais au Congo, le président Denis Sassou Nguesso a jugé bon de prolonger jusqu’au 15 mai le confinement en vue d’évaluer « l’efficacité de sa mise en œuvre ». Son pays recense déjà plus de 230 cas et 10 décès dus au nouveau coronavirus.

Pour les huit pays de l’Uemoa, le Burkina, le Mali, le Niger et le Sénégal entre autres, aucun n’a opté pour le confinement. Ils ont décidé de fermer leurs frontières et d’imposer un couvre-feu.

Réajustement et « réalisme »

Au Cameroun, le président Paul Biya a assoupli certaines mesures en décidant de l’ouverture au-delà de 18 heures, des débits de boissons, des restaurants et des lieux de loisirs, avec obligation pour les clients et usagers de respecter les mesures barrières. Cet allègement s’explique, selon le gouvernement, par le fait que les différentes mesures prises pour stopper la propagation du virus « ont entrainé des distorsions économiques et sociales, dont les effets se font ressentir dans plusieurs secteurs d’activités ».

Le président Ali Bongo du Gabon a décidé de revoir certaines mesures liées au confinement. « Nous ne pouvons pas continuer plus longtemps à confiner les populations du grand Libreville sans risque d’explosion sociale. Nous avons choisi le réalisme, parce que nos réalités socioéconomiques sont telles que la plupart de nos populations vivent dans une économie informelle et vivent au jour le jour », a déclaré son Premier ministre sur RFI, semblant porter les complaintes antérieures du Nigérian Ganiyu Ayinla, chauffeur à Lagos.

« Nous venons de traverser un mois de faim et de peine. Maintenant je peux à nouveau gagner de l’argent et nourrir ma famille », se réjouit celui-ci à l’AFP, en faisant monter les passagers dans son « Danfo », ainsi que sont surnommés les minibus jaunes dans la capitale administrative nigériane.

Par ailleurs, l’astuce des autorités pour protéger leurs populations est d’insister sur le respect des gestes barrières et de la distanciation sociale, même s’il n’est pas toujours évident. Mais presque partout sur le continent, le port du masque est rendu obligatoire.

Si certains sont convaincus que l’immunité collective pourrait sauver l’humanité contre la pandémie à défaut de trouver un vaccin, l’idée n’agrée pas outre mesure plusieurs comités scientifiques. C’est le cas du Sénégal où la position du docteur Moussa Thior, ex-coordonnateur du Programme national de lutte contre le paludisme (PNDL), sur la prise en charge de la maladie et la communication autour, a largement était discutée la semaine dernière.

Immunité collective

« Il faut laisser le virus circuler et arrêter d’ameuter les populations » avec les cas communautaires, s’est emporté l’expert sénégalais de l’OMS, invité sur Iradio. Dr Thior considère que le ministère de la Santé ajoute dans la panique des populations en rapportant quotidiennement dans ses communiqués lus en direct des « cas communautaires », ces malades du Covid-19 qui ne peuvent retracer leur chaîne de contamination.

Pourtant « dans le cadre d’une maladie comme le coronavirus, les cas communautaires, c’est une très bonne chose, je pèse mes mots. Il faut laisser le virus circuler, ça va contribuer à développer l’effet de protection de masse. Il faut arrêter de faire peur aux gens », a-t-il dit.

Cependant, le professeur Moussa Seydi, chargé de la prise en charge des malades du Covid-19 au Sénégal, se démarque de cette thèse. « On dit qu’il faut protéger les personnes âgées mais quelqu’un peut être infecté sans le savoir. De retour chez lui, il ne peut pas prendre de précautions ».

« Nous avons ici un jeune qui était malade, qui a infecté son père qui est décédé (…) Il n’y a pas d’immunité collective. Je suis absolument opposé à cela. Il y a des pays qui l’ont fait et qui l’ont regretté », a averti le chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Fann de Dakar, dans un entretien avec la chaîne de télévision publique RTS.

L’Afrique recense près de 50.000 cas de Covid-19 depuis l’apparition du premier patient en Egypte, le 14 février, et déplore quelque 1800 décès pour plus de 16.000 guéris.

AfSud : l’ANC défend son ministre au sujet de l’interdiction de tabac

Le Congrès national africain (ANC, au pouvoir) en Afrique du Sud, a défendu mardi le ministre de la Gouvernance des entreprises et des affaires traditionnelles, Nkosazana Dlamini-Zuma, pour avoir annoncé la poursuite de l’interdiction des produits du tabac pendant le confinement.Dlamini-Zuma, qui a annoncé l’interdiction la semaine dernière, à la suite d’une décision de l’organe national de supervision de la gestion de la pandémie de coronavirus, a été critiquée par l’industrie du tabac du pays pour avoir interdit le tabac.

L’un des principaux acteurs de l’industrie, British American Tobacco (BAT) d’Afrique du Sud, a menacé de porter plainte contre le gouvernement à moins que les autorités ne lèvent l’interdiction d’ici cette semaine.

Répondant aux critiques faites à la ministre, le porte-parole de l’ANC, Pule Mabe, a déclaré que les attaques contre Dlamini-Zuma étaient « misogynes et à motivation raciale. Cibler la ministre était donc une erreur, car la décision a été prise collectivement » 

 Mabe a ajouté : « Lorsqu’elle a prononcé la décision, elle l’a fait après avoir été habilitée par la loi (loi sur la gestion des catastrophes) et en sa qualité de ministre en exercice, chargée de l’application de cette loi ». 

 Il a indiqué que « le Conseil national de commandement du coronavirus, qui a décidé de l’interdiction, est composé de divers ministres. Par conséquent, isoler un ministre sur une décision d’un groupe est plutôt injuste ». 

 De son côté, le chef de l’ANC et de l’Etat, Cyril Ramaphosa, a déclaré que Nkosazana-Dlamini n’était pas responsable de l’interdiction du tabac.

En effet, son annonce a été une décision collective suite à de fortes recommandations d’experts médicaux, dont des médecins, a déclaré Ramaphosa.

 Ramaphosa avait initialement annoncé que le tabac serait vendu pendant le confinement de niveau quatre, qui a commencé lundi.

Mais cette décision a été annulée par l’annonce du ministre, ce qui a provoqué la colère et la frustration de l’industrie du tabac.. 

Maroc/Covid-19: Plus de 900.000 salariés en arrêt de travail en avril (ministre)

Plus de 900.000 salariés exerçant dans plus de 134.000 entreprises marocaines touchées par les répercussions du coronavirus (Covid-19) ont été déclarés en arrêt de travail temporaire au titre du mois d’avril, a indiqué, lundi à Rabat, le ministre du Travail et de l’insertion professionnelle, Mohamed Amekraz.« Cela donne une idée approximative sur l’ampleur des dommages subis par les entreprises nationales au même titre que les travailleurs eu égard aux conséquences de cette crise », a déclaré le ministre au parlement.

 Il a rappelé que pour le mois de mars, 131.955 entreprises sur un total de 216.000 entreprises affiliées à la caisse nationale de sécurité sociale, ont déclaré être impactées par les effets du Covid-19, soit environ 61% de l’ensemble des entreprises inscrites. Il s’agit de deux entreprises sur trois environ qui se sont déclarées affectées par les répercussions de la pandémie.

En parallèle, le nombre des employés déclarés en arrêt de travail a atteint 808.199, sur un total de 2,6 millions de salariés, soit un employé sur trois, a-t-il fait savoir.

Le ministère a entrepris une série de mesures pour faire face à la situation socio-économique des entreprises touchées par la crise et celles susceptibles d’être affectées, a-t-il rappelé, ajoutant que des campagnes de sensibilisation ont été organisées par les inspecteurs du travail afin de veiller sur le respect des mesures préventives.

Covid-19: la Gambie peine à faire respecter les gestes barrières

Pour certains Gambiens, le respect des précautions sanitaires contre les coronavirus, comme la distanciation sociale, semble ridicule et sans imagination.« Dire aux gens de se tenir à au moins un mètre les uns des autres, ce n’est pas possible, du moins, cela ne vas pas durer longtemps dans notre société », estime Muhammed Janneh, tout en écoutant attentivement la voix féminine à la radio qui diffuse des messages sur les précautions à prendre pour éviter de contracter le Covid-19.

Des directives et règles sanitaires recommandées par l’OMS sont diffusées toutes les heures pour rappeler au public gambien de se laver les mains régulièrement à l’aide de désinfectants, de tousser ou d’éternuer dans le creux du coude, d’éviter de toucher régulièrement les yeux et de respecter la distanciation sociale ou physique.

C’est la dernière de ces mesures de précaution avec laquelle M. Janneh a un problème et il n’est pas le seul à son avis.

Antou Ceesay, un de ses voisins, marque son accord avec l’idée que les responsables de la santé prétendent qu’ils ne savent pas que le fait d’encourager les gens à garder leur distance physique de la personne suivante est un exercice futile. « Les gens, dit Ceesay, vont socialiser de toute façon ».

Janneh et Ceesay, environ la soixantaine, affirment n’avoir jamais assisté récemment à des scènes où il est demandé aux gens de na pas se réunir et de socialiser, comme savent si bien le faire les Africains.

S’exprimant en wolof (langue locale), les deux hommes ont désapprouvé l’idée de dire aux gens de rester à la maison et de s’abstenir d’encourager des amis et d’autres connaissances à leur rendre visite et de compromettre les mesures de sécurité mises en place pour minimiser la propagation de la maladie respiratoire qui est maintenant une pandémie.

« C’est comme si on demandait à un coq d’arrêter de chanter », ironise Ceesay, rappelant son point de vue sur la nature prétendument ridicule d’une telle précaution.

Bien que ces sentiments à l’égard de la distanciation sociale ne soient en aucun cas universels en Gambie, les marchés et les parkings constituent un moyen pour mesurer de manière fiable l’indifférence apparente, sinon le mépris absolu avec lequel les gens lancent des appels à la distanciation sociale.

Les lieux publics sont pleins à craquer alors que les gens continuent à y affluer comme si de rien n’était, dans un pays où les cas de coronavirus sont passés de 10 à 17 en trois jours.

Loin d’abandonner les vieilles habitudes, les gens, notamment les jeunes hommes et femmes non découragés par les avertissements sur les risques et les dangers inhérents à contracter le Covid-19, continuent de fréquenter les grands groupes de discussions et autres événements sociaux, malgré leur interdiction par l’Etat et dont l’application fait défaut.

Les marchés de Serrekunda et des villes périphériques n’ont jamais été aussi bondés de monde qui fait ses achats quotidiens de nourriture et d’autres articles.

La Gambie a enregistré un décès lié au Covid-19, un prêcheur musulman du Bangladesh qui était en mission dans le pays en mars et qui a rendu l’âme quelques heures après avoir été testé positif.

Cela fait longtemps depuis que le pays a enregistré son premier cas de Covid-19, et les autorités sanitaires s’efforcent d’introduire des tests de masse dans la ville de Bakau, à 13 km au sud de la capitale, Banjul, suite à une augmentation du nombre d’infections en mai.

C’est également la première transmission communautaire depuis la première confirmation du virus dans le pays.

Reconnaissant la tâche gigantesque consistant à transformer l’attitude de l’opinion publique pour la convaincre de prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter que la maladie ne prenne pied en Gambie, les journalistes de la radio sont dans la guerre de l’information avec les responsables de la santé pour être des porte-voix et reprendre des messages comme « le Covid-19 est réel », ou encore « suivez les directives de santé pour être en sécurité ».

Cependant, cette partie de la campagne contre la maladie ne semble pas convaincre certaines couches de la population qui persistent dans les vieilles habitudes fondées sur des convictions personnelles.

Les sceptiques du Covid-19 ou les Saint Thomas ne manquent pas et ils prêtent une oreille attentive aux théories du complot suggérant que la maladie a été « préparée dans un laboratoire chinois » et est maintenant utilisée comme un moyen pour dépeupler le monde.

D’autres estiment que la décision de fermer les mosquées procède également d’une conspiration contre l’islam. Cette mesure a divisé les leaders d’opinion musulmans en Gambie, avec le commun ne sachant plus à quel saint se vouer.

« C’est inévitable, les foules doivent se rassembler dans les marchés et autres endroits », soutient un homme d’âge moyen, faisant la queue devant une banque pour percevoir son salaire qu’il attend depuis pas mal de temps.