Cameroun : Paul Biya entame un 8ᵉ mandat sous tension

Paul Biya a prêté serment pour un huitième mandat consécutif à la tête du Cameroun. Si la cérémonie d’investiture s’est déroulée dans une solennité maîtrisée, les tensions post-électorales, les contestations de l’opposition et les violences dans les rues rappellent toutefois que ce nouveau septennat s’ouvre dans un climat de crispation politique.

 

Yaoundé, 6 novembre 2025 – À 92 ans, Paul Biya a réaffirmé son emprise sur le Cameroun en prêtant serment pour un nouveau septennat, son huitième consécutif. Au pouvoir depuis 1982, le chef de l’État a été officiellement investi lors d’une cérémonie solennelle au Palais de Verre, siège de l’Assemblée nationale. Proclamé vainqueur de l’élection du 12 octobre avec 53,66 % des suffrages, selon le Conseil constitutionnel, son triomphe suscite néanmoins de vives contestations. En effet, l’opposition dénonce un scrutin biaisé et appelle à la mobilisation populaire.

Paul Biya investi pour un huitième mandat, réaffirmant la stabilité institutionnelle et les priorités nationales du Cameroun.

Paul Biya : une investiture chargée de symboles

 

La scène s’est déroulée dans un hémicycle comble, où élus et dignitaires ont assisté à l’acte protocolaire. Après avoir juré fidélité à la Constitution, Paul Biya s’est adressé à la nation dans un discours mesuré mais ferme. Il a notamment invoqué à deux reprises la confiance du peuple camerounais, doublée d’une « volonté divine », pour légitimer la continuité de son pouvoir. L’assemblée lui a réservé une ovation nourrie, saluant ainsi le doyen des chefs d’État africains, dont les 43 années au sommet font figure de longévité inégalée – ce qui engendre une forte polarisation.

 

Tensions post-électorales : un appel à l’ordre musclé

 

Toutefois, le scrutin d’octobre a laissé des traces. Issa Tchiroma Bakary, arrivé en deuxième position, conteste vigoureusement les résultats et se proclame « véritable élu ». C’est pourquoi son appel à trois journées de « villes mortes », du 3 au 5 novembre, a embrasé plusieurs localités, provoquant ainsi des affrontements violents. Sans jamais nommer son rival, Paul Biya a dénoncé les « comportements irresponsables » de certains leaders politiques, accusés d’attiser les braises de l’instabilité. Face à ces violences, qui auraient fait au moins 39 morts selon des ONG – un chiffre non confirmé officiellement –, le président a exprimé ses condoléances. Il est resté silencieux, en revanche, sur les centaines d’arrestations évoquées par le ministre de la Communication, un silence qui alimente les critiques sur la gestion sécuritaire.

 

Paul Biya,« L’ordre règnera » : hommage aux forces et avertissement.

 

Dans un passage salué par des applaudissements nourris, Paul Biya a rendu hommage au « professionnalisme exemplaire » des Forces de défense et de sécurité, les érigeant en rempart contre le chaos. « Le Cameroun ne saurait tolérer une crise post-électorale aux retombées funestes », a-t-il averti, avant de marteler : « Je vous le garantis, l’ordre prévaudra. » Cette promesse sonne comme une mise en garde à peine voilée à l’encontre de toute contestation, d’autant plus que la stabilité est souvent invoquée dans ce pays pour justifier une gouvernance autoritaire.

Un programme annoncé sous le signe de l’inclusion

 

Conscient des tensions sociales, le président a esquissé les grandes lignes de son programme. D’abord, il a promis des initiatives ciblées en faveur des jeunes et des femmes, afin de canaliser les énergies et de renforcer l’inclusion. En outre, il a renouvelé son appel à la reddition des groupes armés dans les régions en crise : le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, en proie à un conflit séparatiste, ainsi que l’Extrême-Nord, confronté aux incursions djihadistes. Présentées comme des leviers de cohésion, ces priorités suffiront-elles à convaincre les sceptiques ? L’avenir dira si les promesses présidentielles se traduiront en actes.

 

Une nation sur le fil

 

En conclusion, alors que le Cameroun oscille entre héritage autoritaire et aspirations démocratiques, cette investiture cristallise les paradoxes d’un pays en quête d’équilibre. Tandis que les applaudissements résonnent encore dans les travées du pouvoir, les murmures de la rue rappellent que la légitimité ne se décrète pas : elle se conquiert. Le septennat de Paul Biya s’ouvre sur un fil tendu, entre unité sacrée proclamée et défis persistants.

L’histoire retiendra que Paul Biya aura traversé les décennies comme un roc au sommet du pouvoir. Mais même les rocs finissent par fissurer sous la pression du temps et des peuples.

Le Soudan : Un conflit dévastateur au cœur de l’Afrique

Malgré des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et une famine imminente, la crise humanitaire au Soudan reste largement ignorée par la communauté internationale. Un drame silencieux, nourri par des rivalités internes, des ingérences étrangères et une économie de guerre.

 

Soudan, 31 octobre 2025 Dans les vastes étendues du Soudan, deuxième plus grand pays d’Afrique, une guerre fratricide oppose depuis avril 2023 l’armée régulière (SAF) aux Forces de soutien rapide (FSR), une milice paramilitaire. Ce conflit, qui a déjà coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes et fait plus de 10 millions de déplacés, s’intensifie jour après jour. La ville stratégique d’El Fasher, dans le Darfour, est désormais plongée dans le chaos, théâtre de violences extrêmes et d’un exode massif. En effet, des milliers de civils fuient les combats, exposés à des attaques indiscriminées et à une famine imminente. Pourtant, cette tragédie, l’une des plus graves de notre époque, peine à mobiliser l’attention internationale.

Les racines d’une fracture historique

 

Le Soudan n’en est pas à son premier soulèvement. En 2019, une vague de contestation populaire a renversé Omar el-Béchir, au pouvoir depuis trois décennies. Mais, en octobre 2021, le général Abdel Fattah al-Burhan a mené un coup d’État militaire qui a brisé les espoirs de transition démocratique. Ce putsch a fracturé les alliances au sein des forces armées, opposant l’armée régulière aux FSR, dirigées par le général Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemedti, ancien chef des milices janjawid, accusé de crimes au Darfour dans les années 2000.

Ce qui n’était qu’une lutte de pouvoir s’est transformé en guerre ouverte en avril 2023, après des affrontements dans la capitale Khartoum. Aujourd’hui, le conflit entre dans sa troisième année avec des avancées territoriales alternées qui redessinent la carte du pays sans perspective de résolution.  Par ailleurs, des sources locales rapportent que l’armée soudanaise s’est retirée d’El Fasher, laissant la ville aux mains des FSR, au prix d’une escalade de violences et d’un déplacement massif de population.  Des sources locales rapportent que l’armée soudanaise s’est retirée d’El Fasher, laissant la ville aux mains des FSR, au prix d’une escalade de violences et d’un déplacement massif de population.

Une rivalité militaire aux conséquences civiles

 

D’un côté, l’armée soudanaise (SAF), fidèle à al-Burhan, contrôle le nord et l’est du pays, s’appuyant sur une hiérarchie classique et des alliances étatiques.  De l’autre, les FSR, issues des milices arabes du Darfour, dominent l’ouest et le Sahel, usant de tactiques asymétriques et d’une mobilité redoutable. Les deux camps sont accusés de graves exactions : bombardements indiscriminés pour l’armée, violences ciblées contre les populations non arabes pour les FSR.

À El Fasher, bastion historique des rebelles non arabes, des exécutions sommaires, des attaques contre des hôpitaux et des enlèvements de personnel médical ont marqué la chute de la ville. Le Réseau des médecins soudanais dénombre plus de 1 500 victimes civiles en quelques semaines. L’OMS a condamné l’attaque de l’hôpital de maternité saoudien, dernier centre partiellement fonctionnel de la région. Hemedti a promis une enquête, mais les doutes sur sa crédibilité demeurent.

Une guerre amplifiée par les influences extérieures

 

Le conflit soudanais est un véritable nœud géopolitique. Ce conflit interne est inextricablement lié à des dynamiques régionales et mondiales. Les Émirats arabes unis (EAU) soutiennent activement les FSR, leur fournissant armes, financements et logistique, notamment par le biais de Port Soudan. Des enquêtes ont tracé des livraisons d’équipements militaires émiratis sur les théâtres d’opérations, motivées par des intérêts économiques dans l’or et les minerais.

En face, l’Égypte appuie l’armée régulière, soucieuse de préserver sa sécurité frontalière et ses intérêts sur le Nil. La Russie, par le biais du groupe Wagner (désormais Africa Corps), et la Chine apportent un soutien logistique à Khartoum, en échange d’accès à des bases navales et de contrats miniers. La Turquie et l’Arabie saoudite, quant à eux, jouent des rôles plus ambigus, oscillant entre médiation et livraisons d’armement.

 

La France n’échappe pas à cette équation. Bien qu’indirectement impliquée, des critiques visent directement Paris pour ses exportations de composants militaires vers les EAU. On a d’ailleurs retrouvé certains de ces composants dans des armes que les FSR utilisent au Darfour. Amnesty International alerte sur ces flux indirects qui alimentent le cycle de violence. Ainsi, les puissances étrangères font du Soudan le terrain d’un bras de fer géopolitique, où la stabilité locale devient une variable négligée, sacrifiée au profit d’intérêts stratégiques et d’ambitions régionales.

Les richesses maudites : ressources au service de la guerre

 

Le Soudan regorge de richesses naturelles qui attirent les convoitises : des réserves d’or parmi les plus importantes d’Afrique, des gisements pétroliers dans le sud, et une production dominante de gomme arabique, ingrédient clé pour l’industrie agroalimentaire mondiale (représentant jusqu’à 80 % de l’offre globale avant le conflit). Ces ressources, qui pourraient financer le développement, sont aujourd’hui détournées pour alimenter la guerre.

Les FSR contrôlent une grande partie des mines d’or artisanales au Darfour, exportant illégalement vers l’étranger pour se procurer munitions et drones.  De même, le commerce de bétail et de gomme arabique, vital pour des millions de nomades, est également contrôlé par les groupes armés, perturbant les chaînes d’approvisionnement et aggravant la précarité économique. Cette « économie de guerre » prolonge les hostilités et transforme les ressources en armes plutôt qu’en levier pour la paix et le développement durable.

Une crise humanitaire d’une ampleur inédite

 

Plus de 10 millions de déplacés internes, 2 millions de réfugiés dans les pays voisins : le Soudan vit la plus grande crise de déplacement au monde. En avril 2025, les acteurs humanitaires ont déclaré une famine dans dix localités, notamment dans les camps comme Zamzam, où 400 000 personnes survivent dans des conditions extrêmes.

 

Près de 30 millions de Soudanais ont besoin d’une aide d’urgence, dont 15 millions d’enfants menacés par la malnutrition aiguë. Les belligérants ciblent les infrastructures médicales, les épidémies gagnent du terrain, et les bailleurs ne financent le Plan de réponse humanitaire 2025 qu’à hauteur de 27 % sur les 4,2 milliards de dollars requis.

 

Vers une mobilisation internationale ?

 

L’Union africaine et l’ONU enchaînent les condamnations, mais peinent à traduire leurs paroles en actes. Le 28 octobre, le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a tenu une réunion d’urgence, appelant à un cessez-le-feu immédiat et à l’ouverture d’enquêtes sur les atrocités commises.

Les experts des Nations unies évoquent des violations graves du droit international et appellent à un embargo sur les armes. Mais malgré ces efforts, le silence médiatique persiste, éclipsé par d’autres crises mondiales.

Des retours spontanés sont observés dans certaines zones apaisées, signe d’un espoir fragile. Pour briser le cycle, une pression accrue sur les fournisseurs d’armes et un soutien renforcé à l’aide humanitaire s’imposent. Le Soudan ne doit pas rester le « conflit oublié » de notre temps.

 

Un silence qui tue

Alors que le Soudan s’enfonce dans une guerre sans fin, les chiffres s’accumulent, les témoignages s’effacent, et l’indifférence mondiale persiste. Derrière les lignes de front, ce sont des millions de vies suspendues à l’inaction, des enfants privés d’avenir, des familles déracinées, des hôpitaux réduits au silence. Le conflit soudanais n’est pas seulement une tragédie humanitaire : il est le miroir d’un déséquilibre global, où les logiques de puissance étouffent les appels à la paix. Briser ce silence, c’est reconnaître l’urgence d’agir. Car tant que le monde détournera le regard, le Soudan restera l’épicentre d’un drame que l’histoire jugera sévèrement.

Cameroun : Biya réélu, le pays s’enflamme

Au Cameroun , face à une réélection jugée illégitime, des milliers de jeunes descendent dans la rue pour réclamer transparence électorale, alternance politique et respect de la volonté populaire. Entre répression et colère, la contestation s’organise, portée par une jeunesse qui refuse de voir son avenir confisqué.

 

Yaoundé, 27 octobre 2025 – À peine la Cour constitutionnelle a-t-elle officialisé la réélection de Paul Biya pour un huitième mandat que les rues du Cameroun se sont embrasées. Avec 53,66 % des suffrages exprimés, le président sortant — doyen mondial des chefs d’État en exercice — prolonge son règne entamé il y a 42 ans. Mais cette annonce, attendue comme un couperet, a déclenché une vague de colère : manifestations violemment réprimées sur toute l’étendue du territoire camerounais et des accusations de fraude qui résonnent jusqu’aux chancelleries internationales.

Au Cameroun, la réélection contestée de Paul Biya pour un huitième mandat déclenche une vague de manifestations. Entre colère populaire, répression violente et appels à la grève, une jeunesse en quête d’alternance défie un pouvoir jugé hors d’âge.

Cameroun : une victoire contestée, une opposition en ébullition

 

L’annonce est tombée ce lundi matin, dans l’enceinte feutrée du Palais des Congrès de Yaoundé, contrastant avec la tension qui secoue le pays. Paul Biya, absent de la campagne pour raisons de santé, l’emporte devant Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre et principal challenger, crédité de 35,19 % des voix. D’ailleurs, ce dernier dénonce une « mascarade électorale » et affirme détenir des preuves d’un décompte qui lui aurait donné 54,8 % des suffrages. Ses recours, déposés auprès de la Cour suprême, ont été rejetés en bloc, attisant davantage la colère populaire.

Sur les réseaux sociaux, les images affluent : gaz lacrymogènes dans les rues de Douala, affrontements à Garoua, barricades improvisées, pneus en feu. Le bilan provisoire fait état de quatre civils tués par balles, selon des sources hospitalières et des ONG locales. Des dizaines d’arrestations ont été recensées.

« Nous ne tolérerons pas ce hold-up sur la volonté populaire« , martèle un porte-parole de la coalition d’opposition. Maurice Kamto, leader du MRC, appelle à une « grève générale illimitée ».

Un scrutin sous tension, dans un pays fracturé

 

Cette élection, la septième sous l’ère Biya, s’est déroulée dans un climat délétère. La crise anglophone, toujours active depuis 2016, a empêché des millions d’électeurs de voter librement. Par ailleurs, l’opposition, fragmentée en 14 candidatures, a vu plusieurs figures pro-démocratie interdites de se présenter. Les observateurs internationaux ont relevé de nombreux dysfonctionnements : bureaux de vote fermés prématurément, listes électorales gonflées, participation officielle de 52 % jugée peu crédible.

Les manifestations, latentes depuis le 13 octobre, ont explosé après l’annonce de la victoire de Biya. À Douala, des jeunes ont brandi des pancartes « Biya dehors ! » et « Démocratie ou rien », avant d’être dispersés par des canons à eau et des grenades assourdissantes. Sur X (ex-Twitter), des vidéos amateurs montrent aussi des charges policières brutales.

« À 92 ans, il ne peut plus gouverner ; c’est un régime fantôme qui nous étouffe« , témoigne une manifestante jointe par téléphone, la voix tremblante.

Réactions internationales et inquiétudes régionales

 

La communauté internationale réagit avec prudence. L’Union africaine salue « le bon déroulement global » tout en appelant au dialogue. L’Union européenne et les États-Unis dénoncent des « irrégularités substantielles » et exigent une enquête indépendante. Paris, allié historique de Yaoundé, se contente d’un communiqué laconique : « La France respecte le choix du peuple camerounais. »

Mais sur le terrain, les tensions pourraient s’étendre. La crise anglophone, déjà responsable de plus de 6 000 morts, menace de s’embraser si les troubles gagnent également les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Le régime, lui, durcit le ton : censure des médias, ralentissement d’internet dans les zones sensibles, et discours officiel minimisant les violences.

 

Cameroun : un pays à bout de souffle

 

Ce bras de fer post-électoral dépasse la simple querelle de chiffres. Il cristallise des décennies de frustrations : pauvreté persistante, corruption endémique, et un président perçu comme un vestige de la guerre froide. Biya, au pouvoir depuis 1982, incarne une longévité politique hors norme, mais interroge la vitalité d’une nation de 28 millions d’habitants.

Alors que les fumées se dissipent à Douala, une question demeure : cette étincelle allumera-t-elle un incendie généralisé, ou le Cameroun retombera-t-il dans un silence résigné ? Les prochains jours diront si le « Lion indomptable » peut encore rugir face à une jeunesse qui refuse la cage. Pour l’heure, le pays retient son souffle — entre espoir de changement et spectre de la répression.

 

Cameroun : À 92 ans, Paul Biya réélu « pour l’éternité »

À 92 ans, Paul Biya décroche un huitième mandat dans un scrutin contesté, validé sans surprise par une Cour constitutionnelle fidèle au pouvoir. Une réélection qui illustre les dérives institutionnelles d’une démocratie verrouillée.

Yaoundé, 27 octobre 2025 – En Afrique francophone, la démocratie semble avoir adopté le principe des prolongations illimitées. Les présidents y défient les urnes, les calendriers… et parfois même la biologie. Dernier épisode en date : la Cour constitutionnelle camerounaise a validé, sans surprise, la réélection de Paul Biya pour un huitième mandat. À 92 ans, le « pharaon d’Étoudi » ne détonne plus : il incarne une forme de résilience institutionnalisée, où l’État prend des allures d’hospice géré par un conseil d’administration éternel.

 

Paul Biya : une victoire sans suspense

 

Le scénario est désormais bien rodé. Le 12 octobre, Paul Biya récolte 53,66 % des suffrages. Face à lui, une opposition fragmentée, menée par l’ancien ministre Issa Tchiroma Bakary, qui obtient 35,19 % — un score qui, dans un autre contexte, aurait pu ressembler à une percée. Mais ici, il tient lieu de lot de consolation. La Cour constitutionnelle, fidèle à sa réputation, balaie d’un revers de main les recours pour fraude, les pétitions sur l’inéligibilité liée à l’âge, et les soupçons d’irrégularités qui ont enflammé Douala et Garoua. Résultat : Biya, inchangé, inaltérable, réinvesti. La science politique camerounaise, une fois encore, défie les lois de la gravité démocratique.

 

Élections au Cameroun : une mécanique électorale sans surprise

 

Derrière l’ironie, une mécanique bien huilée. Les élections de 2025 ne sont qu’un remake des précédentes : bureaux de vote fantômes, bulletins préremplis, opposants tolérés pour la forme, puis relégués au rang de figurants. Maurice Kamto, Cabral Libii… les noms changent, le scénario reste. À la baguette, Clément Atangana, président de la Cour constitutionnelle, dont la proximité avec le pouvoir n’est plus un secret. Arbitre ? Non. Chef d’orchestre d’une symphonie où toute dissonance est soigneusement étouffée.

 

Paul Biya : Quand la longévité politique défie la démocratie

 

À 92 ans, Paul Biya pourrait prétendre au panthéon de la longévité politique, aux côtés de Fidel Castro ou de la reine Elizabeth. Mais là où d’autres démocraties fixent des limites, le Cameroun les efface. Une requête pour inéligibilité liée à l’âge ? Rejetée en août, comme un importun au bal des anciens. Le président gouverne désormais par inertie, dans un pays miné par une crise anglophone persistante, une économie en panne et une jeunesse en quête d’exil. La Constitution, devenue parchemin malléable, cède à toutes les torsions. La démocratie, elle, flirte avec le vaudeville.

 

Un syndrome francophone bien rodé

 

Le Cameroun n’est pas une exception, mais un maillon d’un système plus vaste. La Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara, le Congo-Brazzaville de Denis Sassou-Nguesso, le Togo de Faure Gnassingbé… Partout, les cours constitutionnelles ne jugent pas : elles entérinent. La fraude électorale n’est plus un scandale, mais un rituel. Une chorégraphie bien huilée où les urnes servent de décor à des successions dynastiques.

 

Une crédibilité en lambeaux

 

Cette répétition du même schéma mine la crédibilité du continent sur la scène internationale. L’Occident, prompt à prêcher les « valeurs démocratiques », détourne le regard tant que les contrats miniers tiennent et les bases militaires restent ouvertes. Résultat : l’Afrique se caricature elle-même, continent de promesses étouffées par des élites qui confondent État et patrimoine personnel. La validation de Biya n’est pas qu’un fait divers politique : c’est un message adressé à toute une génération de réformateurs. « Patience, votre tour viendra… en 2060, peut-être. »

 

Paul Biya : la normalisation de l’absurde

 

La Cour camerounaise n’a pas déclaré Biya « non aberrant » : elle a simplement confirmé que, dans certaines républiques, l’aberration est devenue la norme. Tant que les institutions judiciaires danseront au rythme des présidents à vie, l’Afrique francophone continuera d’offrir au monde des sketches dignes d’un Monty Python tropical. Reste à savoir si une nouvelle génération, lassée du spectacle, saura enfin réécrire le scénario. Sinon, rendez-vous en 2030. Ou en l’an 3000. Le monde, lui, retient son souffle… d’ennui.

 

Nana Konadu Agyeman-Rawlings, ex-Première dame : fin d’une ère au Ghana

Accra, 24 octobre 2025 – Le Ghana pleure l’une de ses grandes voix. Nana Konadu Agyeman-Rawlings, militante infatigable pour l’égalité des genres et épouse de l’ancien président Jerry Rawlings, s’est éteinte jeudi 23 octobre à Accra, à l’âge de 76 ans. Figure de proue du combat pour les droits des femmes, elle laisse derrière elle un legs politique et social qui a également  façonné l’histoire contemporaine du pays.

 

Nana Konadu Agyeman-Rawlings : une vie dédiée à l’émancipation féminine

 

Née en 1948, dans un Ghana encore marqué par l’empreinte coloniale, Nana Konadu s’est imposée dès ses débuts comme une voix singulière dans un paysage politique dominé par les hommes. Aux côtés de Jerry Rawlings, président de 1981 à 2001, elle ne s’est jamais contentée d’un rôle d’épouse effacée. En 1982, elle fonde le Mouvement des femmes du 31 décembre (DWM), qui deviendra aussi  un levier majeur d’autonomisation pour des milliers de Ghanéennes.

Sous son impulsion, le Ghana devient en 1991 le premier pays au monde à ratifier la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant. « Elle n’était pas seulement la Première dame, elle était une architecte du progrès social », témoigne une ancienne collaboratrice du DWM. En effet, son action a ouvert la voie à une nouvelle génération de femmes leaders.

 

Une audace politique sans précédent

 

Femme de convictions, Nana Konadu ne s’est pas arrêtée aux sphères sociales. En 2009, elle accède à la vice-présidence du Congrès national démocratique (NDC), avant de fonder en 2011 le Parti national démocratique (NDP), avec une ambition de refondation progressiste. En 2016, elle entre dans l’histoire en devenant la première femme candidate à la présidence du Ghana, brisant  ainsi les plafonds de verre et inspirant bien au-delà des frontières nationales.

Entrepreneure accomplie, elle investit dans l’agroalimentaire et les médias, convaincue que l’autonomie économique est la clé de l’émancipation. Ses discours, souvent enflammés, portaient une conviction forte : « Le pouvoir n’est pas un privilège masculin, mais un droit partagé. »

 

Nana Konadu Agyeman-Rawlings : une disparition qui unit les hommages

 

Son décès, survenu après une longue maladie tenue secrète, a déclenché une vague d’émotion. Le président John Dramani Mahama l’a saluée comme une « matriarche de la démocratie ghanéenne ». De l’opposition aux institutions internationales, les hommages convergent pour célébrer une femme qui a redéfini le rôle de Première dame.

L’ONU Femmes salue son engagement précoce dans la ratification de traités internationaux, tandis que de nombreuses militantes africaines voient en elle une source d’inspiration durable. Jerry Rawlings, disparu en 2020, disait d’elle qu’elle était le « moteur » de ses réformes sociales. Aujourd’hui, le Ghana perd une voix puissante, le continent une figure emblématique.

 

Un appel à poursuivre son combat

 

Alors que des funérailles d’État se préparent, la disparition de Nana Konadu Agyeman-Rawlings résonne comme un appel à l’action. Dans un pays où les femmes représentent la moitié de la population mais restent sous-représentées dans les sphères décisionnelles, son parcours impose une accélération des réformes.

Pour les jeunes Ghanéennes qui voyaient en elle un modèle, le défi est lancé : transformer son audace en avancées concrètes. Accra, capitale vibrante de l’Afrique de l’Ouest, salue aussi une reine partie trop tôt, dont l’écho continuera de nourrir les luttes à venir.

 

Liban : Hannibal Kadhafi libéré sous caution

Beyrouth : Du nouveau dans l’affaire de la disparition de l’imam Moussa Sadr. Un tribunal libanais a ordonné ce vendredi la libération d’Hannibal Kadhafi, fils de l’ancien dictateur libyen. Après près de dix ans de détention arbitraire, l’exilé de 50 ans devra s’acquitter d’une caution fixée à 11 millions de dollars. Cette décision, qui intervient sur fond de tensions politiques, relance les spéculations sur les contentieux historiques entre le Liban et la Libye.

 

Beyrouth, 17 octobre 2025 – C’est un rebondissement inattendu après près d’une décennie de détention : un tribunal libanais a ordonné ce vendredi la remise en liberté d’Hannibal Kadhafi, fils cadet de l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Âgé de 50 ans, il devra verser une caution colossale de 11 millions de dollars et reste sous interdiction de voyage, selon une source judiciaire. Cette décision marque la fin — ou une pause — d’une saga judiciaire qui liait le sort de cet exilé à l’un des mystères les plus persistants du Moyen-Orient : la disparition de l’imam chiite Moussa Sadr en 1978.

Interrogé par le juge, Hannibal Kadhafi a obtenu sa libération sous des conditions strictes, après avoir passé dix ans en détention sans jugement ferme depuis son enlèvement en Syrie en 2015. Les autorités l’avaient conduit à Beyrouth pour répondre des accusations qui lui sont reprochés, après son exil dans ce pays  à la chute de son père en 2011. En 2017, la justice l’a inculpé pour « dissimulation d’informations » liées à la disparition de Sadr, un leader spirituel libanais influent. À l’époque des faits, Hannibal n’avait pourtant que trois ans.

 

Hannibal Kadhafi : le fantôme de Moussa Sadr, énigme non résolue

 

La disparition de l’imam Moussa Sadr, survenue le 31 août 1978 à Tripoli (Libye), reste l’une des énigmes non résolues du monde chiite. Sadr, fondateur du mouvement Amal, s’était évaporé avec deux de ses compagnons lors d’une visite officielle en Libye.

Les autorités libyennes de l’époque, sous Kadhafi père, avaient nié toute implication, mais les soupçons persistants pointent vers un enlèvement commandité par le régime.

Hannibal Kadhafi, accusé d’avoir détenu Sadr entre 1978 et 1982 dans une de ses propriétés, a toujours clamé son innocence. Son incarcération au Liban, qualifiée de « détention arbitraire » par Human Rights Watch en 2024, a duré près de dix ans sans procès formel. Ses avocats ont aussi invoqué son état de santé dégradé et l’absence de preuves tangibles. « Après des années d’injustice, cette libération est une victoire pour les droits humains », a réagi l’un de ses conseils, sans préciser la source des fonds pour la caution de 11 millions de dollars.

 

Répercussions : tensions au Liban et spéculations en Libye

 

Cette décision intervient dans un contexte tendu pour les deux pays. Au Liban, l’affaire Sadr ravive les plaies du passé chiite. La famille de l’imam, qui avait porté plainte contre Hannibal en 2016, n’a pas encore commenté, mais des sources proches indiquent une possible reprise des poursuites une fois la caution payée.

En Libye, l’actualité d’Hannibal – autrefois connu pour ses frasques – relance les spéculations sur le legs familial, notamment autour de son frère Saïf al-Islam. Des analystes libyens voient dans cette libération un signal diplomatique discret, alors que Beyrouth et Tripoli cherchent à normaliser leurs relations malgré les contentieux historiques.

Le juge a imposé une interdiction de quitter le territoire libanais, scellant pour l’instant le sort d’Hannibal Kadhafi dans l’ombre de Beyrouth. Reste à savoir si cette caution colossale sera rapidement versée, et si le procès pour de bon aura lieu. Une affaire qui, comme la disparition de Sadr, continue de hanter les couloirs du pouvoir.

Madagascar : Michaël Randrianirina investi président

Le Colonel Michaël Randrianirina a prêté serment ce vendredi en tant que nouveau Président de Madagascar. Devant un pays au bord de l’implosion après des mois de tensions, le militaire a promis une « rupture » radicale. Son programme : lutte sans merci contre la corruption, assainissement budgétaire et réformes immédiates pour juguler la crise de l’énergie et de la santé. La Grande Île a-t-elle enfin trouvé le leader capable de traduire ses promesses en actes ?

 

Antananarivo, 17 octobre 2025 – C’est dans une atmosphère solennelle, empreinte d’espoir et de détermination, que le Colonel Michaël Randrianirina a prêté serment ce vendredi en tant que nouveau président de la République de Madagascar. L’événement, qui s’est déroulé devant la Haute Cour Constitutionnelle (HCC), marque un tournant décisif pour l’île de l’océan Indien, secouée par des mois de tensions sociales et politiques.

Devant un parterre de dignitaires, de représentants du mouvement populaire et d’observateurs internationaux, le Colonel Randrianirina, figure montante issue des rangs militaires, a officiellement pris les rênes du pouvoir. Âgé de 48 ans et connu pour son rôle dans les opérations de maintien de l’ordre lors des récents troubles, il succède à un intérim marqué par l’instabilité.

« Je prête serment de défendre la Constitution et de servir fidèlement le peuple malgache », a-t-il déclaré d’une voix ferme, la main sur la Bible et la Constitution, sous les applaudissements contenus de l’assemblée.

Madagascar : Le Colonel Michaël Randrianirina prête serment et promet la rupture. Découvrez son programme de choc : lutte anti-corruption, réformes urgentes sur l'énergie et la santé, pour sortir le pays de la crise. Analyse des réactions.

Colonel Michaël Randrianirina : un discours-programme axé sur l’urgence et le changement

 

Dans son premier discours en tant que chef de l’État, le Colonel Randrianirina n’a pas mâché ses mots. Il a qualifié son investiture de « volonté claire du peuple malgache d’avancer vers le changement », soulignant une rupture nette avec « les errements du passé ». Promettant une refonte en profondeur des systèmes administratifs et socio-économiques, il a tracé les grandes lignes d’un programme ambitieux pour relancer la gouvernance du pays.

Les priorités immédiates sont sans équivoque : l’énergie, au cœur des revendications populaires des dernières années, ainsi que la santé et l’éducation. « Ces secteurs, essentiels à la survie et au développement de notre nation, seront nos chantiers de premier plan », a-t-il affirmé, évoquant des investissements urgents pour pallier les pénuries chroniques et moderniser les infrastructures.

À moyen terme, le nouveau président a annoncé l’organisation d’assises multisectorielles. Celles-ci seront ouvertes à tous les acteurs du mouvement populaire ayant pavé la voie à cette transition. L’objectif ? Élaborer une nouvelle Constitution et des textes électoraux révisés, afin de consolider les bases d’une démocratie plus inclusive et transparente. « Nous écrirons ensemble l’avenir de Madagascar, sans exclusion ni revanche », a-t-il insisté, appelant à une participation massive pour éviter les pièges des divisions passées.

Sobriété budgétaire et « ennemis de la République »

Sur le front économique, le discours a sonné comme un avertissement aux élites corrompues. Le nouveau régime s’engage à instaurer une politique de sobriété budgétaire pour éradiquer le « gaspillage des deniers publics », qui a tant alimenté les frustrations populaires. Des mesures fermes seront prises contre les « ennemis de la République », une formulation qui n’a pas manqué de faire réagir les observateurs, évoquant une possible purge administrative.

Malgré ce ton martial, le Colonel Randrianirina a tendu la main à la communauté internationale. Il invite les partenaires multilatéraux et bilatéraux – de l’Union européenne à la Chine, en passant par les États-Unis et l’Union africaine – à accompagner Madagascar dans ce « pilotage des réformes » via un « dialogue constructif et équitable ».

Rassurant les bailleurs de fonds et investisseurs, il promet aussi  un climat des affaires « apaisé, attractif et sécurisé », avec des incitations fiscales et une lutte accrue contre l’instabilité qui freine les projets.

Madagascar : Le Colonel Michaël Randrianirina prête serment et promet la rupture. Découvrez son programme de choc : lutte anti-corruption, réformes urgentes sur l'énergie et la santé, pour sortir le pays de la crise. Analyse des réactions.

Réactions contrastées et perspectives

 

L’investiture a suscité un mélange de liesse et de prudence. Dans les rues d’Antananarivo, des milliers de manifestants ont célébré l’événement, voyant en Randrianirina un sauveur capable de juguler la crise énergétique et l’inflation galopante. « Enfin un leader qui écoute le peuple ! », s’exclame une enseignante contactée par notre correspondant, qui espère des améliorations rapides dans l’éducation.

Du côté de l’opposition, les voix sont plus mesurées. Certains leaders du mouvement populaire saluent l’ouverture aux assises, mais appellent à une vigilance accrue pour que les promesses ne restent pas lettre morte.

Sur la scène internationale, l’Union africaine a déjà félicité le nouveau président, tandis que des diplomates européens évoquent une « opportunité historique » pour Madagascar.

À l’heure où le soleil se couche sur la capitale, le Colonel Michaël Randrianirina entame son mandat dans un pays assoiffé de stabilité. Reste à savoir si ce serment tiendra ses engagements face aux défis colossaux qui attendent la Grande Île.

Madagascar : Rajoelina refuse sa destitution et dénonce un arrêt « illégal » de la HCC

Antananarivo, 15 octobre 2025 Guerre ouverte des communiqués à Antananarivo. Moins de 24 heures après l’installation d’un régime militaire intérimaire, la Présidence de la République contre-attaque. En effet, elle affirme que le chef de l’État Andry Rajoelina « assure toujours ses fonctions » et qualifie l’arrêt de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) de « vice rédhibitoire ». L’escalade entre loyalistes et factions militaires fait planer l’ombre d’une instabilité inédite sur la Grande Île.

Un communiqué incendiaire : la HCC accusée de vices rédhibitoires par Rajoelina

 

Le ton est sans appel dans le document officiel, qui fustige avec virulence la décision rendue par la HCC le 14 octobre. Selon la Présidence, cet acte est entaché de « multiples vices tant sur le fond que sur la forme », portant « atteinte aux fondements de la République, à la stabilité de l’ordre constitutionnel et à l’État de droit ».

Au cœur des griefs : la saisine introductive que le Vice-Président de l’Assemblée nationale (un leader de l’opposition, NdLR) a déposé le 13 octobre. « Le requérant n’est ni habilité ni qualifié pour saisir la Haute Cour Constitutionnelle », argumente le communiqué, rappelant que cette prérogative restreint strictement les Chefs d’Institution de la République. Cette irrégularité aurait dû entraîner une irrecevabilité immédiate.

Par ailleurs, la séance de la HCC elle-même illustre un fiasco procédural : le Président de l’institution a convoqué les membres de la Cour à 9 h 00 pour une « réunion administrative », sans leur communiquer l’objet au préalable. Huit Hauts Conseillers présents physiquement et un à distance se sont retrouvés piégés dans une « Chambre d’audience » improvisée sur sa décision unilatérale. Il leur a présenté trois requêtes à la va-vite, sans leur laisser le temps d’étudier les dossiers.

 

Interruptions, menaces et évacuation forcée : un huis clos sous pression

 

Le récit des événements, tel que relaté par la Présidence, évoque un scénario de pression militaire orchestrée. Après une série de suspensions d’audience, c’est lors du débat sur la recevabilité, de 15 h 00 à 17 h 00, que la tension atteint son paroxysme. La Direction de la Sécurité de la HCC aurait alors « sommé l’ensemble des juges constitutionnels à vider les lieux » face à l’arrivée imminente de « factions militaires armées » en direction du Palais Présidentiel d’Ambohitsirohitra, adjacent à la Cour.

« Des militaires ont évacué d’urgence les Hauts Conseillers avant qu’ils n’aient clôturé le débat, procédé à la délibération et signé, par peur d’atteinte à leur intégrité physique », dénonce le texte. Ils affirment aussi que ces derniers les ont menacés, ce qui prive ainsi la décision de toute sérénité et discernement. La publication hâtive de l’arrêt, sans respect des règles procédurales, « laisse supposer l’existence d’actes de corruption ou de coercition », ajoute la Présidence, et ouvre la voie à une « rupture constitutionnelle » grave.

 

Rajoelina, « Président en exercice de la SADC » : L’appel à la jeunesse contre le chaos

 

Face à cette tempête, Andry Rajoelina utilise ses titres régionaux comme bouclier : « Il continue d’assurer ses fonctions en vertu des pouvoirs constitutionnels qui lui confèrent l’autorité de Président de la République et de Président en exercice de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe). La Présidence condamne fermement la décision infondée prise par la Haute Cour Constitutionnelle, ainsi que la prise de pouvoir par la force opérée par une faction militaire.

Le Président adresse un message solennel à la jeunesse malgache, cœur battant des récentes manifestations :

« Cette tentative de prise de pouvoir incarne l’exact contraire des valeurs qu’elle défend. Elle repose sur la violation manifeste de l’État de droit, piétine les principes démocratiques,et menace directement les efforts que nous menons pour lutter ensemble contre la corruption. » Il appelle ainsi directement les manifestants à se méfier de l’ingérence militaire.

 

Une nation au bord du gouffre : vers une escalade ?

 

Ce communiqué, publié au plus fort de la confusion – avec le colonel Michael Randrianirina proclamé chef de l’État par intérim et Rajoelina toujours officiellement en fonction – ravive les flammes d’une crise qui couve depuis des mois. Tandis que des barrages militaires se multiplient à Antananarivo et que l’opposition jubile, les loyalistes de Rajoelina appellent à la mobilisation. L’Union africaine et la France, déjà alarmées, pressent pour une médiation régionale d’urgence afin d’éviter le scénario du pire.

Le colonel Randrianirina n’a pas encore réagi publiquement à ces accusations, mais les rues bruissent de rumeurs d’affrontements imminents entre factions armées. Madagascar, fragilisé par l’économie en berne, s’engage dans une confrontation ouverte entre deux légitimités contestées. La Grande Île est au bord du gouffre.

 

Madagascar : Rajoelina destitué, TANA sous contrôle militaire

Antananarivo, 15 octobre 2025 – Coup de tonnerre à Iavoloha. Le président Andry Rajoelina a été destitué par un vote écrasant de l’Assemblée nationale mardi. Après une tentative désespérée de dissoudre le Parlement, il a quitté le pays. Le colonel Michael Randrianirina a été immédiatement désigné chef d’État par intérim, suspendant ainsi la Constitution. La Grande Île s’embrase entre espoir de renouveau et craintes d’une nouvelle ère d’instabilité.

Une destitution fulgurante : 130 voix contre Rajoelina

 

L’acte décisif est survenu hier après-midi à l’Assemblée nationale. Cent trente (130) députés sur 163 – un score historique, dépassant largement les deux tiers requis – ont voté la destitution d’Andry Rajoelina. Les charges : dérives autoritaires, corruption systémique et gestion chaotique de la crise économique et sociale. Par ailleurs, cette motion, portée par une coalition hétéroclite d’opposants et de frondeurs de la majorité présidentielle (le TGV, NdLR), a été accélérée par la manœuvre de la dernière chance du président : une tentative désespérée de dissoudre le Parlement.

Rajoelina, au pouvoir depuis 2019 et réélu en 2023 dans un scrutin largement contesté, n’a pas eu le temps de réagir. Selon des sources proches du palais d’Iavoloha, il a quitté Antananarivo en urgence à bord d’un avion privé. Si sa destination reste inconnue, les rumeurs insistantes évoquent un exil en France ou en Afrique du Sud. « C’est la fin d’une ère marquée par la corruption et l’accaparement des richesses », s’est réjoui un manifestant au niveau d’Analakely, où des milliers de jeunes, notamment du mouvement « Gen Z Madagascar », ont célébré la chute du régime par des chants, danses et pancartes hostiles.

 

Destitution du Président Rajoelina par le Parlement (130 voix) et fuite. L'armée, menée par le Col. Randrianirina, prend le pouvoir à Tana

L’armée au cœur du pouvoir : Randrianirina, le nouveau visage de la transition

 

C’est l’armée qui a définitivement scellé le sort de la IVᵉ République. Dans une déclaration solennelle diffusée en direct depuis le Camp Militaire d’Andohalo (ou autre QG pertinent), le colonel Michael Randrianirina, officier supérieur reconnu, a annoncé que « les forces armées prennent le pouvoir à partir d’aujourd’hui » et suspendent immédiatement la Constitution. En plus, légitimé par le vote parlementaire – un fait inédit qui évite l’étiquette classique du putsch – il s’est auto-proclamé chef de l’État par intérim. Sa promesse : former un gouvernement de transition et organiser des élections dans un délai maximal de deux ans.

« Nous agissons pour restaurer l’ordre, la démocratie et la dignité malgache », a déclaré Randrianirina, flanqué de ses pairs en uniforme, lors de cette allocution qui a surpris par son ton ferme, mais apaisant. Cette prise de pouvoir survient après des semaines de mobilisation populaire de la jeunesse, exacerbée par l’inflation galopante, les pénuries alimentaires et la crise sociale. D’ailleurs, l’Union africaine et la France, principal partenaire de Madagascar, ont rapidement appelé à la retenue, craignant un nouveau cycle de violence à l’image des crises de 2002 et 2009.

Destitution du Président Rajoelina par le Parlement (130 voix) et fuite. L'armée, menée par le Col. Randrianirina, prend le pouvoir à Tana

Confusion institutionnelle et craintes internationales

 

La situation reste extrêmement volatile : le Premier ministre et plusieurs ministres ont démissionné en bloc, tandis que des barrages militaires quadrillent Antananarivo pour prévenir les débordements. Un analyste décrypte cette situation comme un « coup d’État institutionnel« , où l’armée prend la main en se basant sur une décision parlementaire. Pourtant, des voix s’élèvent pour alerter sur les risques : « Les militaires, je leur fais confiance pour l’instant, mais la rue doit rester vigilante. C’est la vigilance citoyenne qui garantira la transition« , confie un leader de l’opposition à notre rédaction.

Rajoelina, depuis son exil supposé, n’a pas encore réagi, mais ses partisans dénoncent un « putsch constitutionnel monté de toutes pièces ». À l’international, l’ONU et l’UA monitorent de près, tandis que la communauté économique craint pour les investissements dans les secteurs clés (vanille, litchi, textile).

En somme, Madagascar, nation fragile aux ressources abondantes, mais à la gouvernance instable, entre dans une nouvelle ère incertaine. Le colonel Randrianirina aura-t-il les reins solides pour pacifier le pays et organiser des élections crédibles ? Ou ce « sauvetage » militaire n’est-il qu’un prélude à un chaos plus grand ? La Grande Île retient son souffle.

Kenya : Raila Odinga est mort à 80 ans en Inde

Raila Odinga n’est plus. L’ancien Premier ministre kényan et figure historique de l’opposition est décédé à 80 ans ce mercredi en Inde. Sa mort soudaine met fin à une carrière politique tumultueuse.

 

Nairobi, 15 octobre 2025 – Le Kenya est en deuil.  Raila Odinga, figure emblématique de l’opposition et ancien Premier ministre du pays, est décédé ce mercredi à l’âge de 80 ans. L’icône politique, hospitalisée en Inde, a succombé à une crise cardiaque lors d’une promenade matinale, laissant derrière elle un legs de luttes pour la démocratie et une nation en pleine transition.

 

Une disparition brutale lors d’un séjour médical en Inde

 

Selon des sources proches de son bureau, Raila Odinga s’est effondré alors qu’il effectuait une marche thérapeutique dans un hôpital ayurvédique où il suivait un traitement. La nouvelle a été confirmée par des médias kenyans et internationaux, bien que sa famille et son parti, l’Orange Democratic Movement (ODM), n’aient pas encore publié de communiqué officiel.

Odinga, qui avait récemment annoncé son retrait de la course à la présidence en 2027 pour briguer un poste à l’Union africaine, était en Inde depuis plusieurs semaines pour des examens de routine.

Cette mort soudaine intervient à un moment sensible pour le Kenya, où les tensions post-électorales persistent et où Odinga restait une voix influente. À 80 ans, le « Baba » – comme l’appellent ses partisans – avait survécu à des décennies de combats, incluant aussi des arrestations, des tortures sous le régime de Daniel arap Moi et cinq tentatives infructueuses pour conquérir la présidence.

 

Raila Odinga : un parcours forgé dans la lutte pour la démocratie

 

Né en 1945 à Kisumu, Raila Odinga était le fils de Jaramogi Oginga Odinga, vice-président historique du Kenya indépendant. Ingénieur de formation, il s’est rapidement engagé en politique, fondant le Forum for the Restoration of Democracy (FORD) dans les années 1990 pour pousser vers le multipartisme.

Il a été Premier ministre de 2008 à 2013 sous une coalition forcée après les violences post-électorales de 2007, jouant ainsi un rôle clé dans la stabilisation du pays. Ses rivaux comme Uhuru Kenyatta et William Ruto l’ont successivement battu aux urnes en 2013, 2017 et 2022, des scrutins souvent contestés. Malgré cela, Odinga incarnait l’opposition farouche, menant des manifestations contre la corruption et les inégalités.  « Raila était un lion de la politique africaine, un homme qui n’a jamais baissé les bras », témoigne un ancien collaborateur, soulignant ainsi son charisme et sa résilience.

Réactions : un vide immense pour le Kenya et l’Afrique

 

La nouvelle a provoqué une onde de choc immédiate. L’ancien chef de la Cour suprême, David Maraga, a salué Odinga comme « un pilier de la démocratie kenyane » sur les réseaux sociaux. Des hommages affluent déjà des leaders africains : le président nigérian Bola Tinubu évoque un « frère et un combattant pour la justice », tandis que l’Union africaine, dont Odinga était candidat à la présidence de la commission, parle d’une « perte irréparable pour le continent ».

À Nairobi, des supporters de l’ODM se massent spontanément devant le siège du parti, allumant des bougies et chantant des hymnes de résistance. Le président William Ruto, autrefois allié puis rival d’Odinga, devrait s’exprimer sous peu.

 

Raila Odinga : quel héritage pour la démocratie kenyane ?

 

Les autorités organiseront sûrement des funérailles d’État dans les prochains jours pour permettre à des milliers de Kényans de rendre hommage à cet homme qui a façonné l’histoire récente du paysCependant, au-delà du rituel, la mort d’Odinga pose des questions : qui héritera de son mouvement ? Et dans un Kenya divisé par l’économie et les réformes fiscales, son absence pèsera-t-elle sur la cohésion nationale ?

En somme, Raila Odinga s’en va, emportant avec lui une partie de l’âme rebelle du Kenya. Son combat pour une « Afrique unie et juste » résonnera longtemps.

Fiscalité 2026 : le Nigéria taxe le travail du sexe

Le Nigéria franchit un cap inédit : à partir de janvier 2026, les revenus issus du travail du sexe seront soumis à l’impôt. Une réforme controversée qui élargit l’assiette fiscale aux secteurs informels, tout en soulevant des débats éthiques sur la reconnaissance économique et la criminalisation persistante.

 

Lagos, 6 octobre 2025 – Le gouvernement nigérian franchit une étape novatrice en matière de politique fiscale, en imposant la déclaration et la taxation des revenus issus du travail du sexe à compter du 1ᵉʳ janvier 2026. Taiwo Oyedele, président du Comité présidentiel sur la politique et les réformes fiscales, a annoncé cette mesure lors d’une session de sensibilisation tenue à Lagos. Celle-ci s’inscrit dans une vaste refonte des lois fiscales visant à élargir l’assiette imposable sans distinction d’activité professionnelle. Il a affirmé que l’État doit imposer tout revenu, quelle que soit la nature du service fourni, et a souligné que les nouvelles dispositions n’excluent aucun secteur informel, y compris les « runs girls » ou travailleuses du sexe.

 

Un élargissement de l’assiette imposable pour tous les secteurs

 

Cette initiative repose sur le principe fondamental d’une fiscalité inclusive, où tous les gains monétaires générés sur le territoire national sont assujettis à l’impôt, à l’instar des professions formelles comme le commerce ou les services numériques. Les autorités précisent que cette mesure ne saurait légaliser la prostitution, qui demeure illégale au Nigéria, mais cible uniquement les revenus afin qu’ils contribuent au budget de l’État.

Par ailleurs, cette taxation s’applique également à d’autres acteurs informels, tels que les influenceurs sur les réseaux sociaux ou les collecteurs de déchets (« agberos »), illustrant une volonté de rationaliser le système fiscal dans un pays où l’économie informelle représente une part substantielle du PIB.

Un rapport de 2024 met en lumière l’ampleur économique de ce secteur : à Lagos seulement, les dépenses liées aux relations sexuelles transactionnelles ont atteint environ 661 milliards de nairas, dont près de la moitié a directement bénéficié aux travailleuses du sexe. Ces fonds servent souvent à soutenir des familles, à financer l’éducation des enfants ou à couvrir des frais médicaux, dans un contexte de chômage élevé et de pauvreté touchant particulièrement les femmes. De ce fait, cette activité constitue pour de nombreuses Nigérianes un moyen de survie économique face à des opportunités limitées.

 

Implications sociales et éthiques d’une mesure controversée

 

Au-delà de son volet strictement fiscal, cette réforme soulève des débats profonds sur les plans social et moral. Des défenseurs des droits des travailleuses du sexe y voient une reconnaissance implicite de leur contribution à l’économie, ce qui pourrait potentiellement ouvrir la voie à une meilleure visibilité et à une protection accrue contre les abus et l’exclusion. Cependant, elle interroge l’hypocrisie perçue d’un État qui criminalise la prostitution tout en la taxant, comme l’illustre l’ironie soulevée par certains observateurs : « On peut aller en prison pour prostitution le matin et recevoir un avis d’imposition l’après-midi. »

Le public réagit de manière contrastée : certains saluent cette mesure comme équitable pour combler les déficits budgétaires, tandis que d’autres la dénoncent comme hypocrite ou stigmatisante, et craignent qu’elle expose davantage ces femmes à des poursuites judiciaires. À cet égard, le Nigéria se distingue comme pionnier en Afrique, où aucun pays n’a encore mis en place un système formel de taxation du travail du sexe en tant qu’activité économique.

 

Le Nigéria : Perspectives pour une fiscalité plus inclusive

 

Signées récemment par le président Bola Tinubu, ces réformes fiscales entreront en vigueur en janvier 2026 et visent à moderniser un système souvent critiqué pour son opacité. Elles pourraient générer des recettes supplémentaires substantielles, tout en posant les bases d’un dialogue national sur les droits des travailleurs informels.

Les autorités appellent à une sensibilisation accrue pour assurer une mise en œuvre fluide, tandis que les organisations de la société civile plaident pour des mesures complémentaires en matière de protection sociale. En définitive, cette décision inédite pourrait redéfinir les contours de l’économie nigériane, en intégrant ses marges les plus vulnérables au tissu fiscal national.

Africa Facts Summit 2025 à Dakar : une riposte collective contre la désinformation

 

L’Africa Facts Summit 2025 réunit plus de 200 acteurs de l’information à Dakar pour contrer la désinformation en Afrique francophone. Panels, ateliers et stratégies EMI rythment ce rendez-vous continental, où journalistes, chercheurs et fact-checkeurs posent les jalons d’une riposte collective face aux récits toxiques.

 

Dakar, 2 octobre 2025 – Ce matin, sous les baies vitrées d’un hôtel du centre-ville, des murmures animés emplissent la salle de conférence tandis que des carnets s’ouvrent et des laptops s’allument. L’Africa Facts Summit 2025, quatrième édition de ce rendez-vous continental, a ouvert ses portes hier à Dakar pour deux jours d’échanges intenses. Plus de 200 journalistes, fact-checkeurs, chercheurs et acteurs civils se pressent ici, dans la capitale sénégalaise, pour la première fois dans un pays francophone, dans le but de contrer la désinformation qui mine les sociétés africaines.

Des partenariats stratégiques pour des solutions locales

 

Organisé par Africa Check en partenariat avec des acteurs comme l’Union européenne, la GIZ et Code for Africa, ce sommet vise à partager les meilleures pratiques de vérification des faits, à renforcer la coopération entre médias du continent et à élaborer des stratégies d’éducation aux médias et à l’information (EMI) adaptées aux contextes locaux.

Au menu : panels, ateliers et même les Fact-Checking Awards, pour récompenser les efforts en première ligne. Puisque les élections à venir – au Sénégal, au Burkina Faso ou ailleurs – se jouent aussi sur le terrain informationnel, ces discussions touchent au cœur des enjeux : sécurité, cohésion sociale et stabilité démocratique.

À ce titre, Fakt, initiative ouest-africaine de fact-checking, est fièrement représentée par Badal Fohmoh, venu porter la voix de son organisation et échanger sur des solutions concrètes pour sensibiliser les jeunes et défendre une presse libre.

Désinformation et santé mentale : un enjeu sous-estimé

 

Parmi les premières interventions, le Dr Hemes Nkwa de YOHEDA a mis en lumière un aspect souvent sous-estimé : l’impact de la désinformation sur la santé mentale.

« Les fake news et rumeurs alimentent la peur, la confusion, l’anxiété sociale et une perte de confiance entre communautés et institutions », a-t-elle averti.

De ce fait, à l’approche d’élections cruciales, ce « climat informationnel toxique » risque d’exacerber les tensions et de peser sur le bien-être collectif. Son appel est clair : il faut intégrer fact-checking, EMI et santé publique pour des sociétés plus résilientes.

Africa Facts Summit 2025 Dakar fact-checking Afrique francophone : journalistes, experts et institutions unissent leurs forces contre la désinformation et pour une presse libre.

Africa Facts Summit 2025 à Dakar : une réponse institutionnelle en construction

 

De son côté, Habibou Dia, directeur de la communication au ministère sénégalais de la Communication, a proposé une stratégie structurée. Il a insisté sur la fiabilité de l’information via un fact-checking renforcé, des partenariats internationaux et des cellules de vérification dans chaque rédaction. En plus,  Il a demandé d’ accorder la priorité aux jeunes et aux publics vulnérables hors circuit scolaire, tout en garantissant liberté d’expression et accès à l’information.

« Rapprochons le fact-checking et l’EMI des citoyens, sur toutes les plateformes où ils s’informent », a-t-il lancé, soulignant un défi collectif pour l’avenir.

Africa Facts Summit 2025 Dakar fact-checking Afrique francophone : journalistes, experts et institutions unissent leurs forces contre la désinformation et pour une presse libre.

Liberté de la presse : un fil rouge sous tension

 

Au fil des débats, un fil rouge émerge : la liberté de la presse sous pression en Afrique de l’Ouest. Des journalistes arrêtés ou intimidés au nom de la « sécurité nationale » ou de la « lutte contre les fake news » instillent un climat de peur, ce qui favorise l’autocensure et prive les citoyens d’un débat pluraliste.

« Défendre les journalistes, c’est protéger le droit de chacun à une information libre, laquelle est essentielle à la démocratie », résume un participant.

En somme, pour les Africains, le fact-checking n’est pas un luxe, mais une nécessité pour les jeunes, les médias et les démocraties.

Alors que le sommet entre dans sa seconde et dernière journée, ces échanges posent les bases d’actions concrètes. Un pas de plus vers un continent mieux armé contre les récits toxiques, une vérification à la fois.

 

Africa Facts Summit 2025 à Dakar : une riposte collective en marche

 

En conclusion, à Dakar, l’Africa Facts Summit 2025 trace une voie claire : celle d’un continent qui s’organise pour contrer la désinformation, protéger ses médias et renforcer la démocratie. Une vérification à la fois, les acteurs africains bâtissent un écosystème informationnel plus juste, plus fiable et plus résilient.

Gen Z 212 : la jeunesse marocaine secoue les rues

Ce qui n’était qu’un fil de discussion sur Discord est devenu un mouvement national. En effet, le collectif Gen Z 212, né en ligne le 18 septembre, mobilise des milliers de jeunes dans les rues du Maroc pour dénoncer les inégalités et les dysfonctionnements des services publics.

 

Rabat, 2 octobre 2025 – Mercredi midi, sur les places ombragées de Rabat, un groupe de jeunes, smartphones en main, scande des slogans rythmés par des tambours improvisés. Ce qui a commencé comme un fil de discussion sur Discord s’est mué en manifestations dans une dizaine de villes : Casablanca, Agadir, Marrakech.

Le collectif Gen Z 212 – un clin d’œil au code téléphonique du Maroc – rassemble des milliers de voix, dans le but de réclamer des réformes concrètes : éducation, santé, transparence. Ainsi, entre tambours improvisés et slogans viraux, une génération connectée impose sa voix dans l’espace public.

Manifestations Gen Z 212 Maroc : des milliers de jeunes réclament des réformes sur l’éducation, la santé et la gouvernance. Tensions, mobilisation et espoir.

De Discord aux rues : naissance d’un mouvement

 

Avec plus de 100 000 membres sur son serveur Discord, et des relais sur TikTok et Telegram, le mouvement a émergé d’une frustration palpable : un chômage des jeunes flirtant avec les 35-39 %, des hôpitaux sous-équipés et des écoles délaissées, tandis que des fonds massifs sont alloués aux stades de la Coupe du monde 2030.

De plus, la mort de huit femmes dans un hôpital mal approvisionné à Agadir a cristallisé la colère. Ce drame, perçu comme le symbole d’une négligence systémique, a transformé la frustration numérique en mobilisation physique. Par conséquent, les cortèges réclament des « hôpitaux, pas de stades », et une gouvernance transparente.

Gen Z 212 :  des rassemblements sous tension

 

Depuis le 27 septembre, les manifestations ont gagné Casablanca, Marrakech, Agadir et d’autres villes. Toutefois, initialement pacifiques, elles ont dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre, ce qui a conduit à des véhicules incendiés et des bâtiments publics vandalisés. Le bilan est lourd : au moins deux morts – dont un à Lqliaa près d’Agadir, où la police a ouvert le feu en invoquant la légitime défense –, plus de 400 arrestations et 280 blessés, majoritairement des agents. Néanmoins, les manifestants, âgés de 18 à 22 ans pour la plupart, insistent sur leur engagement non violent, accusant des infiltrés de semer le chaos pour discréditer le mouvement.

Réactions gouvernementales et promesses de réformes

 

Sous pression, le gouvernement promet des discussions ainsi que des réformes. Cependant, le ministère de l’Intérieur, par la voix de son porte-parole Rachid El Jalfi, évoque des « transgressions aux mesures de sécurité » pour justifier les interventions. Sur X, les voix du collectif réaffirment leur engagement non violent : « Nous ne sommes pas des fauteurs de troubles, mais une génération d’éveil et de responsabilité. »

Manifestations Gen Z 212 Maroc : des milliers de jeunes réclament des réformes sur l’éducation, la santé et la gouvernance. Tensions, mobilisation et espoir.

Une jeunesse connectée face à l’immobilisme

 

Ce soulèvement s’inscrit également dans une dynamique mondiale portée par la Gen Z. Numérique, structurée et déterminée, cette jeunesse marocaine refuse l’attentisme. À Discord, les débats continuent ; dans les rues, l’appel à un Maroc plus juste résonne, un slogan à la fois.

 

Gen Z 212 : une génération connectée, une démocratie en mouvement

 

En définitive, le soulèvement du collectif Gen Z 212 ne se résume pas à une mobilisation ponctuelle : il incarne une rupture générationnelle, portée par des jeunes qui refusent le silence face aux inégalités. En d’autres termes, en investissant les rues comme les plateformes numériques, cette jeunesse marocaine redéfinit les codes de l’engagement citoyen.

À travers leurs slogans, leurs revendications et leur organisation décentralisée, les membres du mouvement posent une question essentielle : quelle place accorder à une génération qui veut construire, et non subir, l’avenir de son pays ?