Ali Bongo et Cyril Ramaphosa félicitent Faure pour sa réélection

Après la validation des résultats de l’élection présidentielle du 22 février 2020 par la Cour constitutionnelle, C’est le tour des chefs d’Etat étrangers de féliciter le président togolais  pour sa réélection.

Les présidents de l’Afrique du sud et du Gabon ont félicité leur homologue togolais,  hier jeudi. Mais avant eux, le roi Mohamed VI du Maroc et le président Paul Biya du Cameroun ont félicité le chef de l’Etat réélu.

Pour M. Ramaphosa, « cette élection représente une nouvelle étape positive vers l’approfondissement de la démocratie sur le continent africain ».

C’est donc une reconnaissance de taille pour le président togolais. Il ne faut pas oublier que Cyril Ramaphosa est actuellement le président en exercice de l’UA.

8mars: la Mauritanienne Dioully Oumar Diallo veut rendre les femmes « actrices de leur sécurité »

Dioully Oumar Diallo entend que les femmes soient « actrices de leur propre sécurité ». Après avoir lancé une application pour rendre sûres les courses en taxi, elle a développé des formations d’autodéfense pour les femmes, malgré les pesanteurs de la très conservatrice société mauritanienne.

Après avoir décroché à Dakar un diplôme d’ingénieur en télécommunications, Dioully Oumar Diallo est rentrée en Mauritanie en 2013. Son pays connaît alors un climat particulièrement lourd, après une série d’enlèvements suivis de viols, de tortures et de meurtres, se souvient cette femme de 38 ans.

« J’avais des petites sœurs qui allaient à l’école, je m’inquiétais, ma mère s’inquiétait… Il fallait que je réagisse », dit-elle à l’AFP, à quelques jours de la Journée internationale des droits des femmes.

En 2015, elle crée Taxi Secure. Cette application gratuite pour smartphone permet d’identifier le taxi grâce à sa plaque d’immatriculation, « d’envoyer un message d’alerte si jamais on sent que le taximan veut nous amener à une autre destination » et de géolocaliser le véhicule, explique-t-elle.

Mais elle se rend compte des limites de Taxi Secure: tout le monde ne dispose pas d’un smartphone connecté.

– « Les griffes des prédateurs » –

Elle se lance alors dans un nouveau projet, « Rim Self Défense ». L’idée est de dispenser aux femmes et jeunes filles des formations pour faire face à des agresseurs sexuels. « Il fallait donner aux femmes la possibilité d’être actrices de leur propre sécurité, de s’extraire elles-mêmes des griffes des prédateurs et non d’attendre, souvent en vain, le sauvetage d’un passant », résume-t-elle.

Elle se rapproche donc des salles où sont enseignés le karaté, le judo, le kungfu ou le jujitsu. Mais l’idée que des hommes apprennent les arts martiaux à des femmes passe difficilement dans cette république islamique. L’association se tourne alors vers les rares pratiquantes d’un sport de combat et les forme à transmettre leurs techniques à d’autres femmes.

Les salles d’entraînement sont devenues des espaces d’échange et de sensibilisation sur les questions du mariage précoce et des mutilations génitales, explique Dioully Oumar Diallo, qui milite pour que « cesse l’impunité dont bénéficient les agresseurs sexuels » en Mauritanie.

Un projet de loi sur les violences basées sur le genre, aggravant les peines pour viol et pénalisant le harcèlement sexuel, a été rejeté en 2017 et 2018 par le Parlement.

Les députés ont renâclé sur le concept de « genre », valeur étrangère à la Mauritanie selon eux, sur le droit de voyager sans autorisation du mari ou sur la faculté des organisations d’aide aux victimes à se constituer parties civiles.

Dioully Oumar Diallo a été invitée à présenter son expérience le 6 mars aux « Arabofolies », un festival organisé par l’Institut du Monde Arabe à Paris.

Embarrassée, l’Ethiopie ne sait comment honorer les morts du vol ET302

Gebru Ketema était dehors, affairé avec son bétail, quand le vol ET302 d’Ethiopian Airlines s’est abattu dans un champ proche de son village. Les 157 personnes à bord sont mortes dans le crash.

Les jours suivants ont été frénétiques, les sauveteurs affluant sur place. Gebru et ses voisins les ont accueillis dans leur maison, partageant avec eux leur repas mais aussi leur « peine », se rappelle-t-il.

Un an plus tard, le site de l’accident est entouré par une clôture en bois inachevée et ne voit plus guère de visiteurs, en dehors de quelques proches de défunts venus apporter des fleurs.

« Cet endroit est devenu célèbre à cause de l’accident. On nous a dit qu’ils allaient installer une sorte de monument ici, mais ça n’a pas l’air d’avancer beaucoup », commente Gebru.

A quelques jours du premier anniversaire du crash mardi, Ethiopian Airlines a donné peu d’indications sur ce qu’elle entend faire du site.

En janvier, elle espérait encore utiliser cet anniversaire pour annoncer le vainqueur d’un concours d’architecture pour un monument du souvenir, selon un document préliminaire consulté par l’AFP.

Mais la compagnie semble avoir suspendu, au moins provisoirement, ce projet, des familles de victimes ayant exprimé leur incompréhension face à ce qu’elles jugeaient être une décision précipitée, explique Zekarias Asfaw, qui a perdu son frère dans la catastrophe.

Le désaccord portait sur la question de savoir si Ethiopian Airlines était déterminée à honorer les morts de manière respectueuse, ajoute Zekarias, qui fait partie d’un comité destiné à discuter de ce mémorial.

« Vous vous précipitez parce que vous n’y accordez aucune valeur », a-t-il dénoncé en évoquant la compagnie aérienne, qui n’a pas souhaité répondre aux questions de l’AFP.

« Vous avez une compagnie qui désespère de passer à autre chose, et vous avez des familles qui disent: +Non, nous n’avons même pas eu l’opportunité de nous rassembler et de commencer ce parcours du souvenir », souligne-t-il.

– « Manque de compassion » –

Les familles avaient aussi d’autres reproches à adresser à ce plan. Elles ont fait observer que le document parlait exclusivement d' »hommes et femmes », alors même que des enfants étaient aussi parmi les passagers.

Plus généralement, le document, qui en plusieurs endroits utilisait Wikipédia comme source sur des aspects connus du drame, était bâclé et absolument pas professionnel, selon Zekarias.

« En tant qu’Éthiopien, je suis embarrassé de voir comment tout cela a été géré », dit-il. « La manque de professionnalisme, le manque de compassion… ».

En l’absence d’un site officiel du souvenir, deux autres emplacements ont été aménagés à Addis Abeba depuis un an pour honorer la mémoire des victimes du vol ET302.

Au siège national de l’association des pilotes de ligne éthiopiens, un terrain de football a été rebaptisé du nom du capitaine du vol ET302 et grand amateur de ballon rond, Yared Getachew.

Une plaque en sa mémoire est accrochée sur un mur à côté du terrain.

De l’autre côté de la ville, la cathédrale de la sainte Trinité accueille un autre monument commémoratif en mémoire de Yared et de 16 autres victimes éthiopiennes – les autres victimes étaient de nombreuses nationalités, dont notamment des Kenyans et des Canadiens.

Des plaques comportent deux photos pour chaque victime avec un logo d’Ethiopian Airlines en noir et blanc.

Dans cette cathédrale reposent d’importants dignitaires éthiopiens, comme l’empereur Haïle Sélassié ou l’ancien Premier ministre Meles Zenawi.

– La tristesse ressentie –

Il était donc approprié que les victimes du vol ET302 soient aussi honorées ici, estime le père Hadis Abab Tsegazeab.

« Elles sont ici parce qu’Ethiopian Airlines est la première compagnie d’Afrique et parce que sa contribution à la Nation n’est pas négligeable », précise-t-il.

Les victimes sont aussi honorées de manière privée, y compris par des gens qui n’avaient aucun lien personnel avec elles.

Yared Getachew, un avocat d’Addis Abeba, se souvient de la tristesse qu’il a ressentie quand il a appris l’accident, suivie de sa surprise quand il a su qu’il portait le même nom que le capitaine du vol.

Bien qu’il n’ait connu aucun des passagers, il a décidé d’assister à un service commémoratif à la cathédrale de la sainte Trinité dans les jours qui ont suivi pour « transmettre (ses) condoléances ».

Depuis, lui et son fils de 12 ans, Isaac, ont instauré un petit rituel pour se remémorer les morts chaque fois qu’ils prennent l’avion.

Avant le crash, Isaac, un passionné d’aviation, passait chaque décollage à raconter à son père dans le détail tout ce qui se passait: ce que les pilotes faisaient, ou comment fonctionnaient les ailerons des ailes, par exemple.

Désormais, après le décollage, Yared et Isaac lancent la minuterie de leur téléphone et se recueillent en silence pendant six minutes: le temps séparant le décollage du vol ET302 de l’aéroport d’Addis Abeba et son crash.

« Nous essayons très calmement d’imaginer ce qu’ils ont subi », dit Yared en parlant des victimes.

« Combien ça a dû être difficile pour ceux qui étaient à l’intérieur de l’avion (…). Même la moindre turbulence quand vous êtes dans un avion est extrêmement effrayante. Alors pendant six minutes après le décollage, nous essayons de nous souvenir de toutes ces victimes ».

Jack Dorsey, patron de Twitter, reconsidère son projet africain

Le patron et fondateur de Twitter, Jack Dorsey, que le fonds d’investissement Elliott chercherait à évincer, a annoncé jeudi qu’il reconsidérait son projet de passer une partie de l’année en Afrique, invoquant notamment l’épidémie de nouveau coronavirus.

« J’ai étudié mon projet de travailler de manière décentralisée, comme nous le faisons, avec mon équipe, lorsque nous sommes en déplacement, mais à la lumière du Covid-19 et de tout ce qui se passe par ailleurs, j’ai préféré reconsidérer cela », a-t-il écrit sur le compte Twitter des relations investisseurs de Twitter.

« Quoiqu’il en soit, nous continuerons de rechercher des opportunités en Afrique », a-t-il ajouté.

Cette annonce de Jack Dorsey intervient une semaine après que des medias américains ont rapporté l’intention du fonds d’investissement Elliott Management de démettre le patron de Twitter.

Selon la chaîne CNBC, le fonds de l’homme d’affaires américain Paul Singer lui reproche son intention de partir en Afrique, et le fait de ne pas se consacrer à 100% à Twitter, puisque Jack Dorsey dirige également Square, une autre entreprise qu’il a fondée, spécialisée dans le paiement numérique.

Jeudi toujours, lors d’une conférence dédiée aux investisseurs et organisée par Morgan Stanley, Jack Dorsey a qualifié d' »erreur » l’annonce de son départ, estimant avoir échoué à en expliquer les raisons.

Il a soutenu que le déménagement en Afrique n’était pas un plan pour « simplement se reposer ou prendre un congé sabbatique », mais pour aider à démontrer la valeur du travail à distance et à « comprendre comment ne pas être surchargé à cause des fuseaux horaires ».

Il a indiqué avoir préféré remettre son projet en question en raison de l’épidémie mondiale de coronavirus: à cause « de tout ce qui se passe dans le monde, notamment autour du coronavirus, je dois reconsidérer (…) ce que cela signifie pour moi et pour notre entreprise ».

En novembre, à l’issue d’une visite dans plusieurs pays du continent, Jack Dorsey, fondateur du réseau social Twitter et figure de la Silicon Valley, avait annoncé son intention de passer 3 à 6 mois de l’année en Afrique.

Toou, un village meurt sous le feu croisé des ennemis maliens

Il y a deux mois, les 400 habitants de Toou ont fui précipitamment devant les hostilités entre groupes ennemis, laissant leur village aux fantômes de la guerre malienne pour marcher vers un avenir inconnu.

Aujourd’hui, ils s’entassent dans l’école d’un quartier périphérique de Sévaré, près de la capitale régionale Mopti (centre), dans deux bâtiments qui se font face au bout d’un chemin en terre bordé de terrains vagues.

Dans le bâtiment de droite, les hommes; dans celui de gauche, les femmes et les enfants. « La journée, ça va, mais le soir, il y a des gens partout: ici, là, là et encore là ! On est dix à dormir dans la même pièce », récrimine Housseini Karembe, 65 ans, en agitant les bras.

Lui et les autres sont partis de Toou le 5 janvier, quand des mois de tensions entre chasseurs traditionnels dogons et jihadistes ont atteint leur point culminant pour le village. Sommés de vider la place par les jihadistes, 400 hommes, femmes et enfants s’en sont allés sans rien ou presque, et ont parcouru à pied à travers la brousse et sous un soleil de plomb les 26 kilomètres jusqu’à Sévaré.

Ils ont rejoint sans bruit la masse de plus d’un million de réfugiés et de personnes actuellement déplacées, selon l’agence spécialisée de l’ONU, par les violences dans le centre du Sahel, notamment dans le centre du Mali où se trouve Toou, et au Burkina Faso voisin.

Housseini Karembe est maintenant assis, adossé au mur, dans l’ancienne salle de classe où les inscriptions à la craie sur le tableau rappellent que des enfants venaient étudier ici.

A côté de lui grésille une vieille radio. Plus loin, on a branché des portables sur une batterie de voiture. Au fond, un homme s’emploie à faire de la corde à partir d’un sac de jute.

« Il faudrait des tentes, on ne peut pas rester comme ça dans une école, c’est de la débrouille », peste le vieux Housseini Karembe, marabout du village qui enseignait aux jeunes la parole coranique.

– Plus rien que des marmites –

Ses voisins ont un sourire gêné: « On a un toit et à manger, il ne faut pas trop râler », dit l’un d’eux. Les 400 habitants reçoivent chaque mois des coupons du Programme alimentaire mondial (PAM) pour acheter de la nourriture.

Dans la cour trônent les quelques marmites qui ont pu être emportées. « C’est les seuls objets qu’on a pu emmener quand on a fui. De quoi faire la cuisine », dit Telemo Sombor Ga, 55 ans, frère du chef de village.

Il s’assied au milieu des vieux de Toou, qui opinent du chef pendant qu’il conte leur histoire.

« On est partis un dimanche, le 5 janvier », raconte-il. « On a marché, longtemps. Jusqu’à Baboye, puis Sévaré. Et depuis, nous sommes ici ».

Depuis des mois, Toou était pris « entre les jihadistes et les dozos ».

Les dozos sont des chasseurs traditionnels, appartenant à de nombreuses communautés différentes. Les dozos dogons se sont réunis depuis 2016 en une milice armée qui revendique de défendre les populations contre les attaques jihadistes, en l’absence de l’Etat.

La milice se veut un rempart contre le groupe jihadiste emmené par Amadou Koufa, imam peul qui a pris les armes en 2015 et entraîné des centaines de jeunes dans un jihad de combat sous la bannière d’Al-Qaïda. Les affrontements directs, sporadiques par le passé, sont devenus plus fréquents dernièrement.

Avant, les jihadistes passaient souvent par Toou pour prêcher, mais « ils nous laissaient tranquilles », relate Telemo Sombor Ga.

– « Toou n’existe plus » –

Tout a changé quand « les dozos sont venus s’installer le 18 septembre sur la colline non loin de Toou ». A partir de ce moment, les tensions « n’ont fait qu’augmenter ».

« On était pris entre deux feux », dit-il. « Même les femmes ne pouvaient pas aller en brousse, personne ne pouvait sortir. On était bloqués ».

Le 4, c’est l’attaque. Des jihadistes déboulent à moto dans le camp dozo, les rafales se font entendre encore et encore. A Toou, on espère rester en dehors du conflit.

Mais les jihadistes descendent au village plus tard dans la journée, disent aux habitants de partir, maintenant. D’autres habitants racontent le feu mis aux greniers et aux maisons.

« Toou n’existe plus aujourd’hui », dit un vieil homme.

Dans l’école, la vie reprend. Des dizaines d’enfants courent partout en piaillant, les femmes s’affairent autour des marmites. Tous s’interrogent sur l’avenir.

« On se sent étrangers ici », dit Aminata Karembe, 18 ans, petite-fille du marabout. Elle suivait l’enseignement coranique, rêvait de reprendre le commerce familial. « Pour l’instant, c’est gâché ».

Machistes anonymes: au Mexique, sessions de rééducation pour hommes violents

« Je m’appelle Jaime. Cette semaine, j’ai été violent verbalement et psychologiquement envers ma compagne. Je suis là pour aider et être aidé », déclare un sexagénaire dans une maison d’un quartier cossu du centre de Mexico, dont une pièce a été transformée en salle de thérapie.

« Je te soutiens », lui répondent en choeur une douzaine d’autres hommes, âgés de 20 à 70 ans, en faisant des exercices de respiration, les yeux clos. La main sur le coeur, dans un exercice de sincérité, ils réfléchissent ensuite aux violences qu’ils exercent envers les femmes et la conscience qu’ils en ont.

Au Mexique, où dix femmes sont assassinées chaque jour, de plus en plus d’hommes remettent en question le machisme dominant. L’association Gendes (Genre et développement), fondée en 2009, propose des sessions pour aider ces hommes à se départir de leurs comportements violents.

« Je n’ai jamais été violent physiquement envers une femme, mais je l’ai été sous d’autres formes : psychologiquement, verbalement et sexuellement, parce que j’ai parfois été infidèle. Je le reconnais et je veux changer », raconte Jaime, un architecte de 63 ans qui refuse de décliner son nom.

Jaime a décidé de se rendre à ces sessions sur la recommandation de sa compagne après avoir traversé une crise conjugale.

« La masculinité a toujours été associée à la violence, la domination, la force. Mais actuellement, les choses changent. De nouvelles masculinités émergent qui promeuvent l’égalité entre hommes et femmes », explique Mauro Vargas, psychothérapeute et directeur de Gendes.

A travers les 1.200 sessions que l’association organise chaque année à Mexico, le praticien veut d’abord que les hommes comprennent les différents types de violences contre les femmes : sexuelle, physique, économique, verbale voire numérique.

La question de la violence de genre et des féminicides a surgi au centre du débat au Mexique ces deux dernières années avec de nombreuses manifestations contre l’inefficacité des institutions face aux violences machistes.

Les deux meurtres récents, particulièrement odieux, d’une femme et d’une fillette, ont remobilisé les féministes, qui ont une nouvelle fois critiqué les lacunes de la police, de la justice, et d’un gouvernement complètement dépassé, malgré les espoirs suscités en 2018 par l’arrivée au pouvoir pour la première fois d’un président de gauche, Andres Manuel Lopez Obrador.

– Désapprendre –

Pour Mauro Vargas, des comportements comme le harcèlement de rue, les groupes WhatsApp où sont partagées des photos de femmes nues ou des commentaires sexistes sur les collègues de travail, perpétuent des schémas d’inégalité qui culminent dans des actes de violence machiste.

Lors des sessions de thérapie, les hommes « désapprennent ce que la société leur a appris dans un environnement machiste et misogyne », explique-t-il.

Sans qu’il soit possible de les comptabiliser, ce type de sessions ou de groupes qui explorent de nouvelles formes de masculinité se multiplient à Mexico, avec le souhait de rompre avec la culture patriarcale.

Dans des galeries d’art, des librairies, des hommes, informés le plus souvent par les réseaux sociaux, se réunissent spontanément pour débattre de leur rôle face aux revendications des féministes.

Le machisme n’est pas une maladie, sinon une « décision culturelle », rappelle Arturo Reyes, un psychologue de 29 ans qui travaille à Gendes. « Un macho en voie de rééducation est un homme en déconstruction », ajoute-t-il.

Les participants aux sessions le savent et luttent pour reconnaître et modifier leurs attitudes machistes, très enracinées, voire célébrées, dans la société mexicaine.

Dans la salle de thérapie, les hommes fixent le sol, puis lèvent la tête, reprennent leur force pour partager leur expérience.

Un homme avoue nerveusement avoir battu son fils.

Pour Arturo Reyes, la plus grande satisfaction vient quand, à la fin de la thérapie, l’un d’eux l’embrasse et lui dit : « Grâce à ces séances, ma femme et mes enfants peuvent maintenant m’approcher sans crainte ».

A l’assaut de la mairie de Londres, Rory Stewart s’invite sur le canapé des habitants

Pour conquérir la mairie de Londres en mai, l’ex-ministre conservateur Rory Stewart n’hésite pas à payer de sa personne: il arpente la capitale britannique à pied et dort sur le canapé des Londoniens pour mieux comprendre leurs problèmes.

Il y a vingt ans, cet ancien diplomate de 47 ans avait déjà adopté cette approche peu conventionnelle quand il avait traversé l’Afghanistan à pied.

« Tous les changements commencent lorsque vous posez les pieds sur terre », a-t-il confié à l’AFP en marchant dans Highgate, un quartier arboré du nord de Londres.

Son parcours est aussi original que sa campagne. Ancien soldat, Rory Stewart a été diplomate en Indonésie, dans les Balkans et en Irak. Il a dirigé une association caritative à Kaboul et est aussi un écrivain à succès, grâce à son livre sur sa traversée solitaire de l’Afghanistan.

Du fait de ses voyages à travers le monde, certains lui ont prêté une activité d’espion, comme son père. Ce que l’intéressé dit ne pas pouvoir confirmer.

De retour au Royaume-Uni, le globe-trotteur s’est lancé en politique, devenant député conservateur puis ministre, avant de défier Boris Johnson, l’été dernier, dans la course pour prendre la tête des Tories.

Il a échoué puis a été expulsé de son parti pour avoir contesté la stratégie du Premier ministre sur le Brexit. Il souhaite désormais ravir au travailliste Sadiq Khan la mairie de Londres en mai, se présentant comme candidat indépendant.

« Si vous me demandez si je préfère être Premier ministre ou maire, je préfère de loin être maire », a assuré Rory Stewart, se réchauffant avec une tasse de thé.

– « Les gens se confient » –

Compétent en matière de transports, de logement, de développement économique ou de qualité de l’air, le maire de Londres dispose d’un budget de 18 milliards de livres (20 milliards d’euros).

Il a « un énorme potentiel pour changer les choses », insiste Rory Stewart auprès d’un groupe de jeunes volontaires qui l’ont rejoint pour faire campagne.

Il se filme durant ses promenades et partage ses observations – souvent liées au manque d’arbres – dans des vidéos qui ont fait de lui une sorte de star sur les réseaux sociaux.

Mais il s’est aussi attiré des critiques avec sa campagne #ComeKipWithMe (#VenezRoupillerAvecMoi), dans laquelle il propose aux Londoniens de venir dormir chez eux pour partager leur quotidien, « sur le sol ou un canapé », « dans un logement social ou une péniche ». Certains y voient une forme de tourisme de la misère.

Pour Rory Steward, qui a vécu toute sa vie au Royaume-Uni dans la même maison du quartier londonien huppé de South Kensington, cette démarche lui procure au contraire un aperçu inestimable.

Il a récemment dormi dans un foyer pour sans-abri avec dix autres hommes qui lui ont confié leurs problèmes d’addiction ou de santé mentale.

« En rendant mon lit à six heures du matin, en parlant avec eux de la façon dont ils en étaient arrivés là, j’ai découvert des choses que je n’aurais jamais pu découvrir lors d’une réunion politique, plus formelle », a-t-il expliqué à l’AFP.

Marié et père de deux enfants, il ne compte pas s’arrêter même s’il est élu. « Vous parlez (aux gens) durant la soirée, vous vous réveillez, vous partagez une tasse de thé le matin. Et les gens se confient d’une façon très différente que si vous frappez simplement à leur porte. »

– « Pas un conservateur » –

Le prix des logements, la question des sans-abri et la criminalité endémique, avec une forte hausse des attaques au couteau, figurent parmi les principaux enjeux de la campagne.

Une jeune femme approche Rory Stewart et lui confie ne plus se sentir en sécurité lorsqu’elle sort seule. Le candidat promet de tripler le nombre de policiers locaux et de démissionner s’il ne parvient pas à réduire les crimes violents sous deux ans.

Mais son passé de conservateur pourrait lui porter préjudice: c’est en effet sous les tories, au pouvoir depuis dix ans, que les effectifs policiers ont été fortement réduits dans un contexte d’austérité.

« Je ne suis pas un conservateur », martèle désormais celui qui ne veut pas s’aliéner les habitants d’une ville majoritairement pro-européenne et multiculturelle. « Je suis un indépendant. Je ne suis pas vraiment un professionnel de la politique ».

Mais sans l’appui financier et la force de frappe d’un parti, ses chances de l’emporter sont minces. Le sondage le plus récent, réalisé en novembre, plaçaient Rory Stewart en troisième position, après Sadiq Khan et le candidat conservateur Shaun Bailey.

Coronavirus: des test effectués à bord d’un paquebot tenu à distance de San Francisco

Les autorités sanitaires américaines ont procédé jeudi à des tests à bord d’un navire de croisière tenu à distance des côtes de Californie pour déterminer si passagers et membres d’équipage avaient contracté le nouveau coronavirus.

Certaines personnes à bord du paquebot Grand Princess ont manifesté des symptômes grippaux compatibles avec le coronavirus alors qu’un homme âgé de 71 ans est mort du coronavirus Covid-19 après avoir voyagé sur ce navire durant une récente croisière au Mexique.

Quelque 62 touristes étaient demeurés à bord pour se rendre à Hawaï après cette croisière au Mexique et s’y trouvaient toujours jeudi.

Le Grand Princess devait initialement accoster mercredi à San Francisco mais les autorités s’y sont opposées et le paquebot faisait jeudi après-midi des ronds dans l’eau à une centaine de kilomètres au large de la côte.

Le navire, de retour de Hawaï, a écourté son voyage car certains parmi des touristes (2.383 au total) et membres d’équipage (1.100) ont commencé à manifester des signes d’infection.

L’une des passagères, contactée par l’AFP, a assuré qu’il n’y avait pas de signe de panique à bord.

« J’ai toujours du mal à comprendre pourquoi les médias en font toute une histoire », déclare Carolyn Wright, 63 ans, photographe professionnelle vivant dans l’Etat du Nouveau-Mexique. « Il y a eu deux cas (de coronavirus) sur la croisière précédente et ils font comme si tout le monde à bord avait la peste », s’agace-t-elle.

Jeudi midi, les passagers qui circulaient jusque-là librement, à moins d’avoir été présent sur cette précédente croisière, ont reçu pour instruction de rester dans leurs cabines.

« Je pense que ça ne sert plus à rien. Je ne suis pas vraiment inquiète. Si vous regardez les statistiques, le risque est plutôt faible », estime Mme Wright, qui communique avec l’AFP par SMS.

Pour l’instant, les passagers ne se plaignent pas « même si ça pourrait changer au cas où on reste coincés dans nos cabines pendant trop longtemps ». « La grande majorité des gens sur le navire ont plus de 60 ans, jusqu’à 90, et la plupart ont l’habitude des croisières », souligne-t-elle.

– Où et quand accoster ? –

Les autorités sanitaires n’étaient pas en mesure jeudi de dire quand et où le Grand Princess serait en mesure d’accoster.

Selon Mary Ellen Carroll, responsable des situation de crise pour la ville de San Francisco, 35 personnes ont manifesté des symptômes grippaux durant la croisière et pour certaines sont déjà rétablies.

Avec les autorités californiennes et les Centres de détection et de prévention des maladies (CDC), « nous nous employons à déterminer si le Covid-19 est présent à bord du navire », a-t-elle expliqué lors d’une conférence de presse.

Dans un communiqué mercredi, l’armateur du paquebot avait indiqué que près d’une centaine de personnes (passagers et équipage) ont été « identifiées comme devant être testées », sans plus de précision.

Le navire appartient à la compagnie Princess Cruises, qui possède également le Diamond Princess, placé en quarantaine en février au Japon et où plus de 700 contaminations ont finalement été recensées, dont six mortelles.

C’est grâce à un hélicoptère et des sauveteurs de la Garde nationale californienne que des kits de dépistage ont été acheminés jeudi sur le paquebot. Les tests seront ensuite expédiés à terre pour être analysés.

D’après Carolyn Wright, on a annoncé aux passagers que les résultats seraient communiqués vendredi matin.

Lorsque les résultats seront connus, les CDC et les autorités californiennes pourront déterminer le meilleur endroit possible pour faire accoster le Grand Princess, à San Francisco ou ailleurs, a souligné Mme Carroll.

« L’endroit doit permettre d’assurer la sécurité des populations voisines ainsi que celle des passagers et de l’équipage », a-t-elle dit.

Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a déclaré mercredi l’état d’urgence après l’annonce du décès du passager qui se trouvait à bord du paquebot, survenu près de Sacramento et le premier lié au Covid-19 en Californie.

Jeudi, le bilan du nouveau coronavirus sur le sol américain s’établissait à douze morts au total, dont onze dans l’Etat de Washington (nord-ouest), pour la plupart des personnes âgées ou dans un état de santé fragile.

La France autorise l’extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso

Le gouvernement français a autorisé l’extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso, où ce frère de l’ancien président déchu est mis en cause dans l’enquête sur l’assassinat en 1998 d’un journaliste, a appris jeudi l’AFP auprès de Matignon.

Le décret d’extradition du frère cadet de Blaise Compaoré, chassé par la rue après 27 ans au pouvoir fin octobre 2014, a été signé par le Premier ministre Edouard Philippe, selon cette source. Il doit encore être publié au Journal officiel.

Contacté par l’AFP, l’avocat de M. Compaoré, Me Pierre-Olivier Sur, a refusé de faire tout commentaire pour l’heure.

Ce décret reste susceptible d’un recours devant le Conseil d’Etat.

En juin 2019, la Cour de Cassation avait rejeté le pourvoi de M. Compaoré contre son extradition vers Ouagadougou, où le dossier Zongo, classé en 2003 après un « non-lieu » en faveur du seul inculpé, a été rouvert à la faveur de la chute de son frère, Blaise Compaoré.

Journaliste d’investigation reconnu et directeur de l’hebdomadaire « L’Indépendant », Norbert Zongo avait été assassiné le 13 décembre 1998, alors qu’il enquêtait sur le meurtre du chauffeur de François Compaoré. Sa mort avait provoqué une profonde crise politique au « pays des hommes intègres ».

Le journaliste, âgé de 49 ans, auteur de plusieurs enquêtes retentissantes dénonçant une mauvaise gouvernance sous le régime Compaoré, avait été tué avec trois de ses compagnons. Les quatre dépouilles avaient été retrouvées calcinées dans le sud du Burkina Faso.

François Compaoré avait été arrêté à l’aéroport de Roissy en octobre 2017, en exécution d’un mandat d’arrêt émis par les autorités de Ouagadougou.

Mais à ce jour, il n’est pas inculpé dans son pays, à la différence de trois ex-soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’ancienne garde prétorienne de Blaise Compaoré.

« C’est un tournant décisif qui vient d’être franchi dans la quête de la justice et la manifestation de la vérité sur cette affaire qui n’a que trop durer », a réagi Guy Zongo, fils aîné de Norbert Zongo.

« C’est une autre étape importante de franchie et nous nous réjouissons que cela se passe dans le bon sens et selon les accords qui existent entre les deux pays », a-t-il dit à l’AFP.

« Même si ce n’est pas aujourd’hui qu’il sera extradé puisque le décret peut faire l’objet d’un recours, tôt ou tard justice sera rendue. Nous sommes sereins sur cette fin inéluctable. Nous espérons que les choses se fassent en respect des procédures et nous avons espoir de voir enfin cette extradition se faire », a-t-il conclu.

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Coronavirus: le système de santé américain mal préparé, s’inquiète un syndicat

Le principal syndicat infirmier des Etats-Unis a dénoncé jeudi l’état d’impréparation de nombreux hôpitaux et cliniques face à l’épidémie de coronavirus Covid-19, s’inquiétant notamment du manque d’équipement et d’information pour les professionnels de santé.

« Actuellement, dans de nombreux hôpitaux et cliniques, les infirmiers n’ont pas l’équipement de protection personnel (PPE) nécessaire ni la formation requise » pour les utiliser correctement, a déploré Bonnie Castillo, directrice du syndicat NNU, qui revendique 150.000 adhérents, lors d’une conférence de presse.

Une enquête nationale a été lancée dès le 1er février par le NNU, à laquelle plus de 6.500 infirmiers ont répondu à ce jour. « Les résultats sont vraiment troublants, ils montrent qu’une grande partie des hôpitaux dans notre pays ne sont pas prêts à gérer le Covid-19 de manière sûre », a averti Jane Thomason, spécialiste de l’hygiène pour le syndicat.

Selon elle, « seuls 29% des répondants disent qu’un plan est en place pour isoler les patients présentant une possible infection au nouveau coronavirus. 23% disent qu’ils ne savent même pas si un plan est en place ou non ».

D’après l’enquête, toujours en cours actuellement, plus d’un tiers des soignants n’auraient pas accès à des masques de protection et plus de la moitié disent ne pas avoir reçu la moindre information sur le coronavirus de la part de leur employeur, poursuit l’experte.

« A ce jour, plus de 80 de nos membres ont été placés en quarantaine. Ce n’est pas une stratégie payante de laisser les infirmiers et autres personnels soignants sans protection », a insisté Mme Castillo.

Le syndicat a en outre critiqué la gestion de l’épidémie qui s’annonce sur le sol américain par les autorités fédérales, tardive et pas assez rigoureuse à ses yeux.

« Actuellement, nous réagissons à la situation alors que nous aurions pu prendre les devants il y a des mois », a affirmé Mme Thomason.

« Nous avons entendu ce matin que les CDC (Centres de détection et de prévention des maladies) abaissaient leurs critères, en recommandant le port de masques chirurgicaux plutôt que des respirateurs pour les infirmiers soignant des patients atteints du Covid-19. Le NNU est opposé à ces modifications, nous disposons de nombreuses preuves scientifiques montrant que c’est une mauvaise décision », a ajouté l’experte, citant le retour d’expérience du coronavirus SRAS.

« Ce n’est pas le moment d’assouplir les critères », a-t-elle conclu, indiquant que le syndicat avait écrit au gouvernement, aux parlementaires et aux CDC, pour leur demander de renforcer au contraire les mesures de protection contre le coronavirus.