Espagne: bilan de morts quotidien le plus bas depuis quatre semaines

L’Espagne a enregistré 410 morts du nouveau coronavirus au cours des dernières 24 heures, contre 565 la veille, le bilan quotidien le plus bas depuis près d’un mois, a annoncé dimanche le ministère de la Santé.

« C’est la première fois que nous passons en dessous des 500 morts depuis que les décès quotidiens ont commencé à grimper », a souligné le chef du Centre d’alertes sanitaires Fernando Simon.

C’est le bilan sur 24 heures le plus bas annoncé depuis le 22 mars, soit depuis quatre semaines, dans le troisième pays le plus frappé au monde derrière les Etats-Unis et l’Italie.

Le Dr Simon a rappelé que la chute des chiffres de samedi à dimanche pouvait s’expliquer par le ralentissement des enregistrements de décès pendant le week-end et que cette baisse est généralement suivie d’un rebond le mardi.

Mais « c’est un chiffre qui nous incite à l’espoir », a-t-il déclaré.

Qu’il s’agisse des décès, des hospitalisations ou des admissions en soins intensifs, a poursuivi le médecin, « les données continuent de suivre une tendance décroissante qui indique clairement que la transmission de la maladie a diminué de façon substantielle ».

Ces chiffres confirment que l’Espagne a atteint son objectif « d’aplatir la courbe » de la transmission, a affirmé le ministre de la Santé Salvador Illa.

Seuls 4.218 nouveaux cas ont été détectés au cours des dernières 24 heures, soit une progression de 2,4%, a-t-il souligné, alors que l’Espagne multiplie les tests PCR (réaction en chaine par polymérase), les plus fiables. Elle en réalise désormais plus de 40.000 par jour, contre 20.000 en moyenne au début de la crise, a précisé le ministre.

– La morgue-patinoire va fermer –

Ce ralentissement de la contagion a permis de soulager le système de santé, un temps submergé.

A Madrid, la région la plus touchée devant la Catalogne, cela a permis de fermer vendredi soir un des deux pavillons de l’Ifema, la foire commerciale de la capitale qui avaient été transformés pour accueillir les malades.

Cet hôpital de campagne, ouvert le 22 mars, a accueilli jusqu’à 1.500 patients au plus fort de la crise. Il devrait rester ouvert jusqu’à la fin mai, a précisé la présidente de la région Isabel Diaz Ayuso.

Elle a également annoncé la fermeture mercredi prochain de la morgue improvisée dans la patinoire proche de l’Ifema, qui aura accueilli plus de 1.000 cercueils.

Seule une des trois morgues de fortune que la région avait dû monter devant l’afflux de cadavres continuera à fonctionner, a précisé Mme Diaz Ayuso.

Les autorités sanitaires estiment avoir franchi le pic de la pandémie le 2 avril quand elles avaient comptabilisé 950 morts en 24 heures. Mais elles ne sont pas prêtes pour autant à recommander la levée du confinement, un des plus stricts d’Europe.

Le chef du gouvernement Pedro Sanchez a annoncé samedi qu’il demanderait au parlement la reconduction du confinement jusqu’au 9 mai inclus. Seul allègement prévu: à partir du 27 avril, les enfants, enfermés depuis le 14 mars, seront autorisés à sortir prendre l’air, dans des conditions qui restent à préciser.

Les adultes peuvent se rendre au travail si le télétravail est impossible, faire des achats de première nécessité ou sortir brièvement le chien. Mais les promenades et l’exercice physique leur sont interdits.

Le bilan officiel de la pandémie en Espagne s’élève à 20.453 morts. Mais ce chiffre est contesté, notamment par Madrid et la Catalogne, qui relèvent que des milliers de morts dans les maisons de retraite qui présentaient des symptômes de la maladie sans avoir pu être testés n’ont pas été comptabilisés.

Coronavirus: Impatiente et craintive, l’Italie prépare son déconfinement

Son économie à l’arrêt, ses citoyens enfermés à la maison, l’Italie ne parle plus que de déconfinement, entre impatience de repartir et crainte d’une deuxième vague pandémique.

« Nous sommes de retour! ». Sur son compte Instagram, le célèbre glacier romain Giolitti annonce une reprise de ses livraisons mardi et exprime la volonté de beaucoup de retrouver un semblant de normalité, même partielle.

Premier touché en Europe, le pays déplore plus de 23.000 morts officiellement recensés. Mais il sort de la phase aiguë de la pandémie de nouveau coronavirus, après plusieurs semaines d’un confinement commencé le 9 mars.

Jour après jour, les médias évoquent ce qui sera de nouveau bientôt autorisé. Ces spéculations ont poussé le gouvernement à rappeler ce week-end « qu’aucune modification n’est prévue » dans un confinement en vigueur jusqu’au 3 mai inclus.

Mais même les ministres évoquent le sujet. « Nous devons donner aux citoyens une plus grande liberté de circulation », a déclaré le vice-ministre de la Santé Pierpaolo Sileri.

Sa collègue de la Famille Elena Bonnetti laisse entrevoir une réouverture partielle des aires de jeu: « Quelque chose doit changer dans les deux prochaines semaines pour nos enfants! Nos enfants ont le droit de jouer! »

– Une économie en souffrance –

La pression est forte pour faire redémarrer la troisième économie européenne, en grande souffrance.

La maison de luxe Gucci relance lundi son centre de recherche près de Florence, avec un nombre limité d’employés. Fincantieri rouvre lui tous ses chantiers navals, « de manière très graduelle », avec dans un premier temps, un maximum de 10% des salariés dont la température sera prise à l’entrée.

Selon une étude publiée samedi par la Confindustria, la première organisation patronale, la quasi-totalité des entreprises italiennes (97,2%) a souffert de la pandémie, près de la moitié de manière « très grave »; leur chiffre d’affaires a baissé d’un tiers par rapport à mars 2019 (32,6%).

Selon le quotidien La Repubblica, la moitié des 23 millions de salariés et travailleurs indépendants devra être aidé par l’Etat, une proportion appelée à augmenter.

« Dans le plein respect des protocoles sanitaires (…), il faut regarder vers l’avant. Le mot d’ordre est de repartir », a déclaré Marco Marsilio, gouverneur des Abruzzes (centre).

Adversaire du confinement depuis le début, l’ex-Premier ministre Matteo Renzi a même appelé à une réouverture des écoles, condition selon lui du redémarrage économique, quand le gouvernement semble privilégier septembre.

Sur Facebook, le chef du gouvernement Giuseppe Conte a insisté sur l’importance d’un programme « bien articulé, qui concilie protection de la santé et exigences de la production » pour une reprise « qui garde sous contrôle la courbe épidémiologique et la capacité de réaction de nos structures hospitalières ».

Si le gros de cette première vague pandémique semble passé, « la vraie question est le retour du virus à l’automne », met en garde Luca Zaia, gouverneur de Vénétie.

« Cohabiter avec le virus signifie repenser les journées. Non aux heures de pointe dans toutes les phases du quotidien. Il faut oublier les rues et les transports publics bondés », exhorte le patron de l’Institut supérieur de la Santé, Silvio Brusaferro.

– Divergences Nord-Sud –

Ce rythme de reprise suscite des divergences entre le Nord, moteur économique du pays très touché par la maladie, et le Sud, pauvre et relativement épargné, dont le système sanitaire apparaît mal armé pour affronter un éventuel rebond de la pandémie.

La Lombardie et la Vénétie (Nord) veulent rouvrir rapidement? « Peut-être qu’ils sont plus optimistes que nous. Ici on fera les choses par étapes, on ne peut pas prendre de risques », prévient la présidente de la Calabre (Sud) Jole Santelli.

Son homologue de Campanie (Sud), la région de Naples, Vincenzo de Luca souhaite qu’une fois le confinement levé, les déplacements d’une région à l’autre restent prohibés et que les visiteurs du Nord puissent être placés en quarantaine.

Dans sa stratégie pour prévenir tout regain pandémique, l’Italie a augmenté le rythme des tests salivaires (entre 50.000 et 60.000 par jour), et la Lombardie compte commencer cette semaine les tests sérologiques sur le personnel médical des villes les plus touchées.

L’application de traçage Immuni sera expérimentée dans certaines régions mais ne sera effective partout que durant la deuxième quinzaine de mai, selon les autorités.

Virus: permission prolongée pour des milliers de détenus iraniens

Le président iranien Hassan Rohani a annoncé dimanche la prolongation pour un mois de la permission de sortie accordée à 100.000 détenus afin de limiter la propagation du nouveau coronavirus dans les prisons iraniennes.

« La permission de sortie devait être accordée aux détenus jusqu’à (ce dimanche, dernier jour du mois iranien de Farvardin, mais) elle sera prolongée jusqu’à la fin » du mois iranien suivant, le 20 mai, a déclaré M. Rohani lors d’une rencontre retransmise à la télévision du Comité national de lutte contre le nouveau coronavirus qu’il préside.

Le président iranien a précisé qu’il reviendrait à l’Autorité judiciaire d’appliquer cette mesure.

Le porte-parole de l’Autorité, Gholamhossein Esmaïli, n’a pas directement confirmé l’annonce de M. Rohani, mais a évoqué dimanche le recours à la « clémence ».

« En ayant recours à toute la clémence que la loi autorise, nous prévoyons qu’un nombre important de prisonniers en permission ne reviennent pas en prison, et même qu’un grand nombre de ceux actuellement détenus soient libérés », a déclaré M. Esmaïli, cité par Mizan Online, agence d’information officielle de l’Autorité judiciaire.

La décision finale sera prise le 29 avril, a-t-il ajouté.

En mars, le pouvoir judiciaire avait déclaré qu’un total de 100.000 détenus avaient bénéficié d’une permission de sortie.

M. Esmaïli avait également annoncé qu’environ 10.000 détenus devaient bénéficier d’une grâce décrétée à l’occasion du Nouvel An (célébré cette année le 20 mars). Il s’agit de « diminuer le nombre de prisonniers, compte tenu de la situation sensible dans le pays », avait-il précisé, sans référence explicite au nouveau coronavirus.

L’Iran est de loin le pays du Proche et Moyen-Orient le plus touché par la pandémie.

Selon le bilan quotidien annoncé par le ministère de la Santé, les autorités on recensé 87 décès supplémentaires entre samedi et dimanche, faisant passer à 5.118 morts (sur un total de 82.211 personnes contaminées) le bilan de la maladie Covid-19 en Iran.

Certains à l’étranger comme à l’intérieur du pays estiment que les chiffres du gouvernement sont sous-estimés.

Pour lutter contre la propagation du virus, les autorités avaient ordonné mi-mars la fermeture de toutes les activités non essentielles.

Le 11 avril, elles ont autorisé les activités à « faible risque » de propagation du virus –petits commerces et petites entreprises surtout– à rouvrir dans les provinces, avant d’étendre la mesure à Téhéran samedi.

Lors de son allocution télévisée, M. Rohani a indiqué que les activités « à risque intermédiaire » de propagation du virus pourraient rouvrir à partir de lundi, sans préciser si cette mesure devait s’appliquer à l’ensemble du territoire national ou si elle entrerait en vigueur graduellement.

Le président n’a pas non plus défini précisément le type d’activités concernées.

Ecoles, universités, mosquées, sanctuaires chiites, cinémas, stades et autres lieux de regroupement restent néanmoins fermés dans tout le pays.

L’armée du Lesotho rentre dans ses casernes, inquiétude à l’étranger

L’armée du Lesotho est rentrée dimanche dans ses casernes au lendemain de l’opération ordonnée par le Premier ministre Thomas Thabane pour « restaurer l’ordre » face à ceux qui exigent sa démission, sous le regard inquiet de la communauté internationale.

Le petit royaume traverse une grave crise politique depuis la mise en cause en début d’année de M. Thabane, 80 ans, dans le meurtre de son ex-épouse en 2017.

Soupçonné par la police et la justice d’avoir ordonné l’assassinat, le chef du gouvernement s’accroche à son poste malgré la pression de son propre parti et de l’opposition qui exigent son départ.

Au pouvoir depuis 2017, il a fait intervenir samedi l’armée pour « restaurer l’ordre » en réaction à l’attitude de « certaines personnes et institutions » qui, a-t-il accusé, « s’en prennent aux principes et à l’autorité qui assurent la stabilité et la démocratie ».

Dimanche, les blindés et les soldats en armes qui patrouillaient dans les rues de la capitale Maseru, sous confinement pour cause de pandémie de coronavirus, avaient regagné leurs casernes, a constaté une journaliste de l’AFP.

Une délégation ministérielle sud-africaine s’est par ailleurs rendue dimanche dans la capitale pour prendre le pouls de la situation, a-t-on appris dans l’entourage du chef du gouvernement. « Ils sont arrivés », a déclaré à l’AFP le secrétaire de M. Thabane, Thabo Thakalekoala.

Dans un communiqué signé avec ses homologues américain, britannique et de l’Union européenne (UE), l’ambassadeur de Pretoria à Maseru a rappelé « l’importance de maintenir la stabilité et l’Etat de droit » au Lesotho.

– Le chef de la police remercié –

« Nous exhortons (les autorités locales) à favoriser une approche unitaire qui privilégie la protection des citoyens et le maintien des services essentiels » en raison de la pandémie de coronavirus, ajoutent les diplomates, « des actions déstabilisatrices seraient catastrophiques ».

La population du Lesotho est placée sous confinement jusqu’à au moins mardi pour endiguer la propagation du Covid-19, dont aucun cas n’a encore été rapporté dans le petit royaume africain.

Le commandant en chef de la police, Holomo Molibeli, a démenti dimanche avoir été arrêté, contrairement à ce qu’avait rapporté une source gouvernementale, mais a annoncé avoir été écarté de ses fonctions.

« Je sais qu’ordre avait été donné à l’armée de m’arrêter (…), mais il n’a pas exécuté », a déclaré M. Molibeli à l’AFP. « Quelqu’un a affirmé avoir été nommé à ma place », a-t-il ajouté, « j’ai sollicité la justice pour être protégé ».

Depuis sa mise en cause dans le meurtre de sa femme, Thomas Thabane a été lâché par son parti, la Convention de tous les Basotho (ABC).

Il a promis de partir à la retraite « d’ici à la fin juillet » en raison de son âge mais l’ABC et l’opposition le soupçonnent de vouloir gagner du temps pour organiser son impunité judiciaire.

– « Plus apte à exercer ses fonctions » –

Ses adversaires ont formé le mois dernier une alliance politique pour le remplacer mais le chef du gouvernement a riposté en ordonnant la suspension du Parlement pendant trois mois, dans le cadre des mesures de lutte contre le coronavirus.

La Cour constitutionnelle a annulé son ordre jeudi, et précipité sa décision de faire intervenir l’armée.

« Les actes du Premier ministre montrent clairement qu’il n’est plus apte à exercer ses fonctions », a jugé vice-président de l’ABC, le Pr Nqosa Mahao, dans une déclaration cosignée par deux partis d’opposition.

« Nous conseillons au Premier ministre de quitter ses fonctions avant la date qu’il a indiquée », a-t-il ajouté, « son obstination à violer la Constitution et à mépriser les décisions de justice est devenue embarrassante ».

Enclavé au milieu de l’Afrique du Sud, le Lesotho a connu depuis son indépendance en 1966 une histoire politique instable rythmée de coups d’Etat militaires.

Frappé par le chômage, une épidémie de sida qui touche 23% de ses 2 millions d’habitants et un manque criant de services publics, il fait partie des pays les plus pauvres de la planète.

Coronavirus: la Pâque orthodoxe bouleversée malgré des réticences

Plus de 260 millions de chrétiens orthodoxes célébraient dimanche Pâques dans des conditions exceptionnelles, les autorités les ayant globalement invités à rester chez eux pour limiter la propagation du nouveau coronavirus, même si des rassemblements ont été maintenus.

Les orthodoxes ont fêté cette année la résurrection du Christ une semaine après les catholiques et les protestants, qui observent un autre calendrier. Le 12 avril, les célébrations de Pâques avaient donné lieu à des scènes ahurissantes de lieux de culte quasiment déserts.

Dans l’ensemble, les orthodoxes — qui vivent principalement en Europe orientale et en ex-URSS — ont donc vécu dimanche une Pâque confinée, même si dans certains pays les traditions sont passées avant les règles de distanciation, à l’heure où le coronavirus a fait plus de 160.000 morts dans le monde et provoqué le confinement de la moitié de l’humanité.

Le président bélarusse Alexandre Loukachenko, qui conteste activement la gravité de l’épidémie, s’est rendu dans une chapelle à la campagne. « Je n’approuve pas ceux qui ont fermé aux gens la voie vers l’église », a-t-il déclaré, cité par l’agence étatique Belta.

En Géorgie, plusieurs centaines de personnes se sont retrouvées lors d’une messe de minuit dans une cathédrale de Tbilissi. « J’aurais pu rester à la maison et regarder la messe à la télé, mais dans cette église je trouve une vraie sérénité », a confié à l’AFP Lamara Jvania, une fidèle de 58 ans.

En Ukraine, l’Eglise orthodoxe rattachée au Patriarcat de Moscou avait encouragé les fidèles à se réunir même si très peu d’entre eux l’ont fait à Kiev, a constaté un journaliste de l’AFP. Cette Eglise est pleinement touchée par l’épidémie, l’un de ses monastères dans la capitale ukrainienne étant devenu un foyer de la maladie avec près de 140 contaminations et la mort de trois moines.

– Eglises fermées –

En Russie, Kirill, le chef du Patriarcat de Moscou, qui revendique 150 millions de fidèles, a assuré une messe à huis clos dans la principale cathédrale de la capitale. « Cette terrible maladie a touché nos gens », a-t-il affirmé lors d’un prêche télévisé, mais « nous sommes ensemble: une grande famille de fidèles orthodoxes ».

Pour l’exemple, le président Vladimir Poutine a fêté Pâques dans une petite chapelle de sa résidence officielle. « Cette année les célébrations ont lieu avec des restrictions forcées », a-t-il regretté dans une vidéo, assis à une table décorée de gâteaux de Pâques. De nombreux lieux de culte sont toutefois restés ouverts dans des dizaines de régions de Russie, qui compte 42.853 cas de coronavirus, dont 361 mortels.

Le Patriarcat œcuménique de Constantinople, en Turquie, avait ordonné que les offices soient fermés au public et retransmis sur internet. Même situation à Chypre et en Grèce, en Serbie, en Macédoine du Nord, ou encore en Egypte pour les plus de 10 millions de Coptes orthodoxes.

La Vieille Ville de Jérusalem, généralement bondée pour les célébrations de Pâques, était quasiment déserte ce week-end, en raison des mesures de confinement.

– « Première fois de ma vie » –

Au Liban, où vivent plusieurs communautés orthodoxes, les églises étaient fermées et les rues désertes. « C’est la première fois de ma vie que je vis un dimanche pascal pareil. Ni cérémonie religieuse, ni déjeuner en famille », a déploré Afaf, 76 ans, vivant au nord de Beyrouth.

Pour certains, ces célébrations ont rappelé des heures sombres. « Ces Pâques ressemblent à celles de la dictature quand on s’enfermait chez nous. On fermait les portes et fenêtres pour allumer une cierge de peur de finir en prison », a expliqué Tatjana Jani, une femme de 72 ans vivant en Albanie, où la religion avait été interdite pendant la période communiste.

En Roumanie, les églises étaient elles aussi inaccessibles mais des volontaires et des prêtres ont fait du porte-à-porte pour distribuer du pain bénit et le feu sacré, symboles de la Pâque orthodoxe.

En Bulgarie, les lieux de culte étaient ouverts mais quasiment vides, les fidèles s’y hasardant devaient porter un masque et conserver les distances de sécurité. Comme Dimitri Goldman, 46 ans, rencontré lors de la messe de minuit à la cathédrale Alexandre Nevski de Sofia. Lui priait « pour que l’on surmonte cette crise ».

Hommages intimes, confinés ou en ligne aux héros du ghetto de Varsovie

Une multitude d’hommages intimes, sur place ou depuis les lieux de confinement, ainsi que des initiatives en ligne ont remplacé dimanche les cérémonies anniversaires habituelles aux héros du soulèvement du ghetto de Varsovie de 1943, remodelées à cause de la pandémie.

Le 19 avril 1943, quelques centaines de combattants juifs attaquèrent les nazis dans la capitale polonaise, préférant mourir l’arme à la main plutôt que prendre le chemin des chambres à gaz du camp d’extermination de Treblinka (Est de la Pologne), où l’occupant allemand avait envoyé plus de 300.000 Juifs de Varsovie enfermés dans le ghetto dans des conditions inhumaines.

A Varsovie, comme chaque année, les sirènes d’alarme ont retenti à midi, en hommage aux insurgés.

Le grand rabbin de Pologne, Michael Schudrich, masque de protection sur le visage, a récité une prière au pied du monument aux héros du ghetto, devant quelque dizaines de personnes rassemblées sur l’esplanade, qui ont observé les distances recommandées avant d’aller une à une déposer une gerbe.

Signe des temps d’épidémie, cette année dans les rues, pas de distribution traditionnelle de jonquilles, que les Varsoviens épinglent massivement à leurs vêtements, une tradition héritée du dernier commandant de l’insurrection, Marek Edelman, décédé en 2009, qui allait chaque année déposer un bouquet de jonquilles au monument aux Héros du ghetto.

Par la couleur et la forme, les jonquilles rappellent l’étoile jaune dont le port était imposée aux Juifs par les Nazis.

Faute de distribution de jonquilles, le musée Polin de l’Histoire des juifs de Pologne a publié en ligne un patron permettant de fabriquer la fleur jaune dans du carton et demandé à chacun de publier sur les réseaux sociaux son portrait à la jonquille, un appel largement suivi.

Le musée Polin, mais aussi le Mémorial de la Shoah à Paris, ont prévu de retransmettre, sur internet, conférences, documentaires, cérémonies et performances artistiques liés au 77ème anniversaire du soulèvement du ghetto.

Un an après l’invasion, en septembre 1939, de la Pologne, les Allemands créèrent dans la capitale polonaise un quartier spécial pour les Juifs. Ils y enfermèrent quelque 480.000 personnes pour les exterminer par la faim et les maladies, avant d’en déporter 300.000 vers les chambres à gaz du camp de Treblinka, à 80 kilomètres à l’Est de Varsovie.

Le révolte du ghetto de Varsovie, du 19 avril au 16 mai 1943, est le fait le plus connu de la résistance juive contre les nazis.

L’armée a quitté les rues de la capitale du Lesotho (AFP)

L’armée a quitté dimanche les rues du royaume du Lesotho, au lendemain de l’opération ordonnée par le Premier ministre Thomas Thabane pour « restaurer l’ordre » face à ses adversaires politiques qui exigent sa démission.

Les blindés et les soldats en armes qui patrouillaient samedi dans les rues de la capitale Maseru, sous confinement pour cause de pandémie de coronavirus, avaient regagné leurs casernes dimanche matin, a constaté une journaliste de l’AFP.

Sollicité par l’AFP, le porte-parole de l’état-major de l’armée n’a pas répondu immédiatement.

Au pouvoir depuis 2017, M. Thabane, 80 ans, a déployé samedi les troupes dans le pays en réaction à l’attitude de « certaines personnes et institutions » qui, a-t-il accusé « s’en prennent aux principes et à l’autorité qui assurent la stabilité et la démocratie ».

Le commandant en chef de la police Holomo Molibeli, son adjoint et un autre officier supérieur ont été arrêtés par l’armée, a indiqué sous couvert d’anonymat à l’AFP une source gouvernementale.

Le Lesotho traverse une grave crise politique depuis la mise en cause, au début de l’année, de Thomas Thabane dans le meurtre de son ex-femme en 2017.

La police et la justice l’accusent d’avoir ordonné son assassinat avec son épouse actuelle, qui a été inculpée.

Lâché par son propre parti, la Convention de tous les Basotho (ABC), le chef du gouvernement est pressé depuis de démissionner mais il s’accroche bec et ongles au pouvoir.

Il a promis de partir à la retraite « d’ici à la fin juillet » en raison de son âge, mais l’ABC et l’opposition continuent d’exiger son départ immédiat.

Libye: en temps de guerre, le confinement vécu comme une nouvelle épreuve

Faisant fi des mesures ordonnées par les autorités de Tripoli pour limiter la propagation du nouveau coronavirus, Hassan a pris sa voiture pour aller remplir ses bombonnes d’eau. Au loin, dans la capitale libyenne, résonnent des tirs d’artillerie, rappelant une autre menace.

Le Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU, a annoncé cette semaine un couvre-feu pendant dix jours dans les régions sous son contrôle dans l’ouest libyen. Les habitants sont seulement autorisés à sortir, à pied, entre 07h00 et 12H00 (05H00 et 10H00 GMT), notamment pour pouvoir faire leurs courses.

« Je n’ai pas le choix. Avec mes douleurs au dos, je ne peux transporter tout cela à pied », explique Hassan, en mettant ses bombonnes dans son coffre. Le quinquagénaire explique en effet que sa maison se trouve à 500 mètres de la mosquée du quartier qui dispose d’un puits.

L’approvisionnement en eau de Tripoli, qui provient de nappes aquifères du désert dans le sud, a été coupé par un groupe armé de cette région, contrôlée par le maréchal Khalifa Haftar. Cet homme fort de l’est libyen mène depuis un an une offensive meurtrière pour s’emparer de Tripoli, siège du GNA.

Exaspérés par la guerre et les pénuries, nombreux Tripolitains sont peu enclins à respecter les mesures du confinement, en vigueur depuis vendredi, prises par le GNA qui a recensé un décès et 49 cas de contamination à la maladie Covid-19 dans tout le pays.

– Files d’attente –

Finis les embouteillages habituels dans les rues de la capitale, mais des voitures continuent de circuler, notamment dans les banlieues où les policiers sont peu nombreux, voire totalement absents, pour veiller à l’application du confinement.

« Il n’y a presque aucun commerce autour de nous. Sans voiture, nous ne pouvons pas faire les courses, surtout acheter du gaz, du lait ou des bonbonnes d’eau (…) Seule la boulangerie est à 500 mètres », explique Abdel Alim al-Abded, qui lui aussi a décidé de prendre sa voiture.

M. Abed, sa femme et leurs trois enfants vivent dans une ferme dans la banlieue sud-est.

Avec les moutons et les poules, « ça ira pour la viande et les œufs. Pour les légumes, nous avons également ce qu’il faut à la ferme et nous en faisons profiter nos voisins », se réjouit-il.

Mais beaucoup de Libyens n’ont pas sa chance. Les mesures de confinement, avec juste quelques heures autorisées pour faire les courses, ont provoqué des files d’attente devant les commerces, propices à la propagation du virus.

A Janzour, dans la banlieue-est de la capitale, plus d’une centaine de personnes, dont des enfants, attendent devant la seule boulangerie du quartier.

Le boulanger, Jamal al-Nafati, peine à faire respecter les mesures de distanciation sociale, alors que les clients ne portent pas de masques.

« Nous essayons de préparer une plus grande quantité de pain. Mais à cause des risques pour leur santé, quatre employés nous ont déjà quittés et il ne me reste que de trois personnes pour faire tout le travail », explique M. Nafati.

« C’est difficile. J’aimerais que la boulangerie puisse rester ouverte plus longtemps pour réduire les files d’attente », dit-il.

– Amendes prévues –

Si le confinement est perçu par la plupart comme une contrainte et un malheur supplémentaire en temps de guerre, c’est une aubaine pour d’autres, plus privilégiés, qui y trouvent une occasion de s’aérer, loin des embouteillages et du harcèlement des automobilistes.

Hallouma a finalement chaussé ses baskets « achetées il y a des années mais jamais portées ».

Chaperonnée par son fils « pour plus de sécurité », cette sexagénaire dit « profiter du confinement pour marcher un peu. (…) C’est une chose rare pour nous », dit-elle.

Quatre jeunes filles en survêtements colorés ont eu la même idée.

« Je ne sors jamais à pied, même pas pour acheter quelques bricoles à l’épicerie du coin », explique l’une d’elles.

« Avec le couvre-feu, nous sommes sûres de ne pas être harcelées par les hommes en voiture. Il faut en profiter », renchérit son amie, même si le klaxon d’un automobiliste leur montre que les importuns n’ont pas complètement disparu.

Constatant que les mesures de confinement n’étaient pas suffisamment bien respectées, le ministère de la Santé du GNA a rappelé samedi aux citoyens les règles à suivre, avertissant que des amendes allaient être imposées aux contrevenants.

Royaume-Uni: Boris Johnson « récupère », le gouvernement critiqué

Le Premier ministre britannique Boris Johnson « récupère » après avoir été victime du coronavirus, a indiqué un ministre d’Etat, et transmet ses instructions au gouvernement au moment où celui-ci est critiqué pour sa réponse à la pandémie.

Sorti il y a une semaine de l’hôpital, « le Premier ministre se rétablit bien, il est de bonne humeur », a déclaré dimanche Michael Gove à la chaîne de télévision Sky News. Le dirigeant conservateur de 55 ans « a eu l’occasion de parler à Dominic Raab », le ministre des Affaires étrangères qui le remplace pendant sa convalescence. Ce dernier a transmis « les instructions du Premier ministre au reste du gouvernement » lors d’une conférence téléphonique samedi matin, a précisé M. Gove.

Le Royaume-Uni est l’un des pays en Europe les plus touchés par la maladie Covid-19. Le nombre des personnes atteintes du nouveau coronavirus et mortes à l’hôpital a atteint 15.464, selon le dernier bilan communiqué par le gouvernement samedi. Mais ces bilans quotidiens du gouvernement sont critiqués car ils ne comprennent que les morts à l’hôpital de patients testés positifs, excluant les personnes ayant perdu la vie dans les maisons de retraite ou à domicile.

Des organismes représentant des maisons de retraite évoquent entre 4.000 et 7.500 décès dans ces établissements.

Le gouvernement britannique a décidé jeudi de prolonger d’au moins trois semaines le confinement instauré le 23 mars et n’envisage pas encore de sortir du confinement.

« Le nombre de décès reste très préoccupant », a expliqué Michael Gove. « Les taux d’infections et de mortalité s’aplanissent, mais nous ne sommes pas absolument certains d’être déjà sur une trajectoire descendante », condition que le gouvernement se fixe avant d’assouplir les mesures de confinement.

Depuis le début de la pandémie, le gouvernement est accusé d’avoir tardé à réagir, et le Sunday Times est revenu à la charge dimanche, accusant le gouvernement d’avoir ignoré les alertes des scientifiques et les appels à s’approvisionner en combinaisons médicales et Boris Johnson d’avoir manqué plusieurs réunions de crise consacrées au virus.

Dans une tribune au Mail on Sunday, le chef du Labour, principal parti d’opposition, Keir Starmer, a jugé le gouvernement « trop lent » à décréter le confinement, augmenter le nombre de dépistages et fournir des équipements appropriés aux soignants.

« Personne ne peut dire que le Premier ministre ne s’est pas jeté corps et âme dans la lutte contre le virus » l’a défendu Michael Gove dimanche, assurant que le gouvernement redoublait d’efforts pour s’approvisionner en combinaisons médicales.

Le Mali élit ses députés malgré les attaques jihadistes et le Covid-19

Les Maliens ont commencé à voter dimanche pour élire leurs députés, un deuxième tour de scrutin législatif maintenu malgré les violences jihadistes, le nouveau coronavirus et l’enlèvement du principal opposant au régime du président Ibrahim Boubacar Keïta.

A Bamako, des bureaux de vote ont ouvert à 08H00 (locales et GMT), a constaté un journaliste de l’AFP. « J’ai voté. C’est important malgré la conjoncture. Il faut de nouveaux députés pour consolider notre démocratie », a déclaré à l’AFP Moussa Diakité, un étudiant de 23 ans.

Le vote, prévu jusqu’à 18H00 (locales et GMT), a également commencé en province, notamment à Ségou et Mopti (centre) et Gao (nord), selon des témoins joints par l’AFP depuis Bamako. Les premiers résultats provisoires sont attendus en début de semaine. Le premier tour s’était tenu le 20 mars.

« En démocratie, rien ne vaut la pleine légalité constitutionnelle ainsi que le jeu normal des institutions », a déclaré récemment le président Ibrahim Boubacar Keïta, dans un message à la nation, masque protecteur sur le visage.

La majorité de la classe politique soutient le maintien de ce scrutin plusieurs fois reporté.

L’enjeu est de taille: renouveler un parlement élu en 2013 et dont le mandat devait s’achever en 2018, et faire avancer l’application de l’accord de paix d’Alger.

Celui-ci, signé en 2015 entre les groupes armés indépendantistes et Bamako, prévoit plus de décentralisation via une réforme constitutionnelle qui doit passer par l’Assemblée. Or la légimité du parlement sortant est contestée.

Mais comment motiver des Maliens qui remettent en cause la capacité de leurs dirigeants à sortir le pays de la guerre et de la pauvreté ?

– Violences jihadistes –

D’abord concentrée dans le Nord en proie à des rébellions indépendantistes, la crise a dégénéré avec l’arrivée de groupes jihadistes dans le pays à partir de 2012.

La violence frappe quotidiennement le centre et le nord du Mali et les voisins burkinabè et nigérien.

Les attaques contre les soldats et les civils alternent avec les explosions de mines artisanales, les morts se comptent par milliers et les déplacés par centaines de milliers. Vingt-cinq militaires, selon le gouvernement, ont été tués entre les deux tours dans une opération revendiquée par un groupe affilié à al-Qaïda.

« Dans le centre et dans le nord, est-ce que les populations pourront voter librement? Dans le centre, les groupes terroristes sont en train de menacer les populations » pour les dissuader de voter, affirme Ibrahima Sangho, chef de mission de la Synergie, plateforme d’organisations qui déploient des observateurs lors d’élections.

Le premier tour du 29 mars a été marqué par des enlèvements de présidents de bureau, le vol et la destruction d’urnes. Dans les zones rurales de Tombouctou, les jihadistes ont conduit de nombreux raids d’intimidation à moto. « Ne votez pas ou vous aurez affaire à nous », disaient-ils aux habitants, selon un rapport interne de l’ONU consulté par l’AFP.

Un millier de bureaux environ, sur plus de 22.000, n’ont pas ouvert, a admis le ministre de l’Administration territoriale Boubacar Alpha Bah, selon des propos rapportés par la télévision publique.

Dans certaines régions du nord, le large taux de participation (plus de 85% à Kidal pour une moyenne nationale de 35,6%, avec des députés élus avec 91% ou 97% des suffrages) laisse envisager « une possibilité de fraude », dit un diplomate sahélien.

Dans la capitale, la participation au premier tour a été de 12,9%. Ces faibles taux de participation sont dans la norme malienne, rappelle M. Sangho.

– Coronavirus –

Sur les 147 sièges de députés, 22 ont été pourvus au premier tour.

Parmi eux: Soumaïla Cissé, le chef de file de l’opposition kidnappé le 25 mars alors qu’il était en campagne. A défaut de preuve formelle, tous les soupçons pèsent sur le groupe jihadiste d’Amadou Koufa. Des négociations sont menées pour sa libération, selon son parti.

« Soumaïla Cissé est un gros poisson qui pourra être échangé contre d’autres gros poissons emprisonnés », pense Bréma Ely Dicko, sociologue à l’Université de Bamako.

Ce rapt sans précédent n’avait pas dissuadé les autorités de s’en tenir au calendrier électoral, pas plus que la progression du coronavirus dans le pays.

Le Mali a officiellement déclaré 216 cas confirmés et 13 décès. Comme partout dans le monde, l’inquiétude est grande quant à la capacité de faire face à une prolifération. Un couvre-feu nocturne a été institué, les écoles ont été fermées, des restrictions imposées aux activités.

Mais dans la capitale d’un des pays les plus pauvres de la planète dont une grande part de la population vit au jour le jour, les marchés, les mosquées, les transports en commun n’ont pas désempli.

Le président malien a pris l’engagement que « toutes les mesures sanitaires et sécuritaires requises (seront) rigoureusement appliquées » dimanche.