Coronavirus: Fortes inquiétudes parmi les commerçants chinois de Namibie

Un avis imprimé sur une feuille blanche, en chinois et en anglais, collé sur un volet roulant en aluminium d’une boutique dans le quartier Chinatown de Windhoek est sans équivoque.

Si un commerçant revient de Chine en Namibie, il « doit observer une quarantaine pendant 14 jours et garder le magasin fermé pendant cette période ». Un avis, non officiel, apposé par des commerçants de Chinatown.

Bien qu’aucun cas confirmé de ce nouveau coronavirus n’ait été recensé en Namibie, les inquiétudes concernant le virus qui a tué près de 1.700 personnes et en a contaminé plus de 68.000 en Chine, sont nombreuses dans ce vaste pays d’Afrique australe peu peuplé.

Les signes de ces craintes sont les plus évidents dans Chinatown, un ensemble de près de 200 magasins de détail, de gros, d’alimentation et d’électronique, dans le quartier industriel du nord de la capitale.

Dans un bloc de 90 magasins, 20 boutiques n’ont pas rouvert depuis que leurs propriétaires sont partis en Chine pour le Nouvel an et ne sont pas revenus depuis.

La communauté chinoise, son ambassade et la chambre de commerce chinoise font de leur mieux pour « empêcher les gens de revenir de Chine en Namibie … en ce moment », explique Brian Lee, l’un des hommes d’affaires du quartier chinois.

– « Tout le monde panique » –

Pour ceux qui doivent à tout prix rentrer en Namibie, « nous avons déjà mis en place un lieu de quarantaine en dehors de Windhoek » où ils seront gardés jusqu’à ce qu’ils soient déclarés non porteurs du virus. Mais pour l’instant, personne n’est en quarantaine.

« Je pense que tout le monde panique ici, pas seulement les Namibiens, mais aussi la communauté chinoise », constate Lee.

Les mois de janvier et février sont généralement une période de basse saison des achats à Chinatown, mais la peur de la contamination a encore réduit le nombre de clients.

Miang Li, propriétaire d’un magasin, attribue le faible taux de fréquentation au blues financier du milieu du mois mais aussi à la peur de contracter le virus de la part des Chinois.

« Les gens qui viennent ici crient ‘coronavirus, coronavirus' », raconte-t-il à l’AFP, assis derrière le comptoir de son magasin de vêtements. Mais les personnes portant des masques de protection sont rares.

Seuls quelques vendeurs namibiens et quelques propriétaires de magasins portent des masques.

Selon Li, les commerçants n’ont pas réussi à reconstituer leurs stocks parce qu’ils ne veulent pas retourner en Chine pour se réapprovisionner. Aussi sont-ils en train de liquider leurs stocks de l’année dernière à des prix réduits.

« Beaucoup d’entre nous ne retournent qu’en février ou mars pour se réapprovisionner mais il est maintenant dangereux d’aller et de revenir », explique Li. « Si vous partez maintenant, vous ne savez pas si ce pays vous laissera revenir ».

Les commerçants de Chinatown vendent quotidiennement au détail, mais aussi en gros à des boutiques en ligne et à des magasins situés dans d’autres régions de Namibie.

« Les clients de Walvis Bay, Swakopmund et Oshakati ne viennent pas pour l’instant car nous n’avons que de vieux stocks », explique ce commerçant de 52 ans, en activité en Namibie depuis neuf ans.

– Stocks en chute libre –

Lee confirme que le niveau des stocks est en chute libre.

« Pour le moment, personne ne veut retourner en Chine, alors, oui, ça nous affecte », constate-il, assis dans son bureau.

Non seulement la rotation du personnel en souffre, mais certains employés locaux sont réticents à continuer à travailler pour les Chinois.

Matilda Ndinoshisho, une vendeuse de 28 ans, dit que sa collègue a récemment cessé de venir travailler.

« Son oncle et sa tante lui ont dit que les patrons chinois lui transmettront le virus qui tue tous les Chinois et qu’un salaire de 800 dollars namibiens (54 dollars US) ne vaut pas la peine de perdre sa vie ou de contaminer les autres personnes de la famille, alors elle a démissionné », raconte cette mère de deux enfants.

Pourtant, la Namibie n’a eu qu’un seul cas suspect, qui a été déclaré sain a semaine dernière.

Selon le ministre de la santé, Kalumbi Shangula, le gouvernement a mis en place un contrôle médical des visiteurs à tous les points d’entrée dans le pays. « Chaque passager qui entre en Namibie, qu’il vienne de Chine ou de tout autre pays, est soumis à un contrôle approfondi », a déclaré le ministre à l’AFP.

« Si quelqu’un présente des symptômes d’infection par le virus, cette personne est immédiatement isolée et placée sous surveillance ».

Vendredi, l’Égypte a signalé le premier cas confirmé du nouveau coronavirus en Afrique.

Il y a un an, une contestation inattendue submerge l’Algérie

Le vendredi 22 février 2019, soudain et inattendu dans une Algérie réputée résignée, surgissait le « Hirak », mouvement de contestation inédit, toujours vivant et désormais incontournable, mais confronté à de nombreux défis au moment de souffler sa 1ère bougie.

Moins de six semaines après, les manifestants, chaque vendredi plus nombreux, ont obtenu le départ du président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans, et la chute de son clan. Mais un an après, le « système » politique rejeté par les protestataires est toujours là.

L’armée a repris la main et un ancien fidèle de M. Bouteflika lui a succédé à la présidence en décembre, après une élection boudée par la majorité des électeurs mais que la contestation n’a pas réussi à empêcher.

« Avec l’élection présidentielle, on est passé à l’Acte II, avec tout le spectre d’improbabilité, d’incertitude et d’instabilité » que cela comporte, explique à l’AFP l’historienne Karima Dirèche, spécialiste du Maghreb contemporain. « Ca rejoint ce que les Algériens disent depuis un an: +Tout bouge et rien ne change+ ».

Mais si un an de manifestations hebdomadaires n’ont pas eu raison du « système », le « Hirak » a profondément modifié la donne politique.

– « Prise de conscience » –

Départ de Bouteflika, incarcération d’apparatchiks et hommes d’affaires corrompus, « il y a eu quelques résultats tangibles même si la demande principale de changement du régime et du système est loin d’être accomplie », admet Dalia Ghanem, chercheuse au Carnegie Middle East Center de Beyrouth.

Mais la plus grande réussite du « Hirak », argue-t-elle, « c’est vraiment la prise de conscience des Algériens et leur désir de renouer avec le politique sans (…) avoir peur du scénario de la guerre civile » entre l’armée et les maquis islamistes qui fit 200.000 morts dans les années 1990.

Un traumatisme exploité à l’envi sous la présidence Bouteflika pour décourager toute contestation et qui rendait hautement improbable le scénario du 22 février.

Quelques semaines auparavant, sûr de son fait, l’appareil politico-militaire se mettait en ordre de bataille pour une présidentielle prévue en avril et censée n’être qu’une formalité pour le chef de l’Etat sortant, pourtant paralysé, aphasique et quasi-invisible depuis un AVC en 2013.

Coupé des citoyens, le régime sent qu’une colère couve, mais la sous-estime.

Touchée par un chômage massif, la jeunesse (54% de la population a moins de 30 ans) ne supporte pourtant plus d’être représentée aux yeux du monde par un octogénaire immobile sur un fauteuil roulant, dont les rares apparitions suscitent la risée des réseaux sociaux.

Le sentiment d’humiliation a débordé quand, lors d’un meeting en l’absence du chef de l’Etat, les apparatchiks du parti présidentiel s’adressent par défaut à son portrait encadré.

Les appels à manifester le 22 février se multiplient sur les réseaux sociaux. Mais ils sont peu à croire que le mouvement va prendre, jusqu’à ce vendredi quand, notamment à Alger — où tout rassemblement est interdit depuis 2001 –, des policiers débordés laissent des manifestants pacifiques emplir les rues.

– Et maintenant? –

Désormais, « la rue citoyenne apparaît comme force contestataire, ce qui n’existait pas avant » dans un pays sans véritable parti ou syndicat d’opposition, rappelle Karima Dirèche.

Selon Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences-Po Paris, « le Hirak a mené depuis un an un double processus de réappropriation à la fois de l’histoire nationale et de l’espace public. En prenant le contrôle de la rue sur la durée et dans le pacifisme, la contestation a redéfini les règles du jeu politique en Algérie, jusque là marqué par l’opacité et la violence ».

Le « Hirak » a aussi montré la profonde transformation de la société algérienne, portée par sa jeunesse — en particulier les femmes — diplômée et hyperconnectée, et désormais déterminée à se faire entendre.

Le nouveau président Abdelmadjid Tebboune, 74 ans, « aura fort à faire avec ça. Dans sa gouvernance, il ne pourra pas faire comme les autres faisaient avant. Ca n’est pas possible », estime Karima Dirèche.

Un an après, les foules sont certes moins denses qu’au printemps 2019, mais la mobilisation reste forte. Le mouvement veut peser sur les changements promis par le nouveau président, mais peine à se structurer et à se mettre d’accord sur la marche à suivre.

« Le mouvement va fêter sa 1e année le 22 février et j’ai envie de dire « What’s next? » (« Et maintenant »?), souligne Dalia Ghanem, « qu’est-ce qu’on veut? qu’est-ce qu’on demande et comment on essaie d’avoir des résultats tangibles? ».

Il y a un an, une contestation inattendue submerge l’Algérie

Le vendredi 22 février 2019, soudain et inattendu dans une Algérie réputée résignée, surgissait le « Hirak », mouvement de contestation inédit, toujours vivant et désormais incontournable, mais confronté à de nombreux défis au moment de souffler sa 1ère bougie.

Moins de six semaines après, les manifestants, chaque vendredi plus nombreux, ont obtenu le départ du président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans, et la chute de son clan. Mais un an après, le « système » politique rejeté par les protestataires est toujours là.

L’armée a repris la main et un ancien fidèle de M. Bouteflika lui a succédé à la présidence en décembre, après une élection boudée par la majorité des électeurs mais que la contestation n’a pas réussi à empêcher.

« Avec l’élection présidentielle, on est passé à l’Acte II, avec tout le spectre d’improbabilité, d’incertitude et d’instabilité » que cela comporte, explique à l’AFP l’historienne Karima Dirèche, spécialiste du Maghreb contemporain. « Ca rejoint ce que les Algériens disent depuis un an: +Tout bouge et rien ne change+ ».

Mais si un an de manifestations hebdomadaires n’ont pas eu raison du « système », le « Hirak » a profondément modifié la donne politique.

– « Prise de conscience » –

Départ de Bouteflika, incarcération d’apparatchiks et hommes d’affaires corrompus, « il y a eu quelques résultats tangibles même si la demande principale de changement du régime et du système est loin d’être accomplie », admet Dalia Ghanem, chercheuse au Carnegie Middle East Center de Beyrouth.

Mais la plus grande réussite du « Hirak », argue-t-elle, « c’est vraiment la prise de conscience des Algériens et leur désir de renouer avec le politique sans (…) avoir peur du scénario de la guerre civile » entre l’armée et les maquis islamistes qui fit 200.000 morts dans les années 1990.

Un traumatisme exploité à l’envi sous la présidence Bouteflika pour décourager toute contestation et qui rendait hautement improbable le scénario du 22 février.

Quelques semaines auparavant, sûr de son fait, l’appareil politico-militaire se mettait en ordre de bataille pour une présidentielle prévue en avril et censée n’être qu’une formalité pour le chef de l’Etat sortant, pourtant paralysé, aphasique et quasi-invisible depuis un AVC en 2013.

Coupé des citoyens, le régime sent qu’une colère couve, mais la sous-estime.

Touchée par un chômage massif, la jeunesse (54% de la population a moins de 30 ans) ne supporte pourtant plus d’être représentée aux yeux du monde par un octogénaire immobile sur un fauteuil roulant, dont les rares apparitions suscitent la risée des réseaux sociaux.

Le sentiment d’humiliation a débordé quand, lors d’un meeting en l’absence du chef de l’Etat, les apparatchiks du parti présidentiel s’adressent par défaut à son portrait encadré.

Les appels à manifester le 22 février se multiplient sur les réseaux sociaux. Mais ils sont peu à croire que le mouvement va prendre, jusqu’à ce vendredi quand, notamment à Alger — où tout rassemblement est interdit depuis 2001 –, des policiers débordés laissent des manifestants pacifiques emplir les rues.

– Et maintenant? –

Désormais, « la rue citoyenne apparaît comme force contestataire, ce qui n’existait pas avant » dans un pays sans véritable parti ou syndicat d’opposition, rappelle Karima Dirèche.

Selon Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences-Po Paris, « le Hirak a mené depuis un an un double processus de réappropriation à la fois de l’histoire nationale et de l’espace public. En prenant le contrôle de la rue sur la durée et dans le pacifisme, la contestation a redéfini les règles du jeu politique en Algérie, jusque là marqué par l’opacité et la violence ».

Le « Hirak » a aussi montré la profonde transformation de la société algérienne, portée par sa jeunesse — en particulier les femmes — diplômée et hyperconnectée, et désormais déterminée à se faire entendre.

Le nouveau président Abdelmadjid Tebboune, 74 ans, « aura fort à faire avec ça. Dans sa gouvernance, il ne pourra pas faire comme les autres faisaient avant. Ca n’est pas possible », estime Karima Dirèche.

Un an après, les foules sont certes moins denses qu’au printemps 2019, mais la mobilisation reste forte. Le mouvement veut peser sur les changements promis par le nouveau président, mais peine à se structurer et à se mettre d’accord sur la marche à suivre.

« Le mouvement va fêter sa 1e année le 22 février et j’ai envie de dire « What’s next? » (« Et maintenant »?), souligne Dalia Ghanem, « qu’est-ce qu’on veut? qu’est-ce qu’on demande et comment on essaie d’avoir des résultats tangibles? ».

Les pays et territoires touchés par le nouveau coronavirus

Voici la liste des pays et territoires ayant annoncé des cas confirmés de maladie due au nouveau coronavirus qui a tué près de 1.700 personnes, dont quatre hors de Chine continentale, depuis sa propagation à partir de la ville chinoise de Wuhan où il est apparu en décembre.

En dehors de la Chine continentale où plus de 68.000 personnes sont contaminées, près de 600 cas de contamination par l’épidémie du coronavirus, appelée officiellement Covid-19, ont été confirmés dans une trentaine de pays avec un premier cas signalé vendredi en Afrique. Un premier décès hors d’Asie est survenu vendredi soir en France.

– CHINE –

Le bilan des décès enregistrés en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao) depuis le début de l’épidémie était dimanche de 1.665, avec un chiffre de 68.500 personnes contaminées.

La plupart des décès sont intervenus dans la province du Hubei, foyer de la contagion, dont Wuhan est la capitale.

Ce chiffre dépasse celui des décès du Sras (Syndrome respiratoire aigu sévère, une pneumonie atypique) qui a tué 774 personnes dans le monde en 2002-2003, dont 349 en Chine continentale et 299 à Hong Kong.

– Une personne est morte dans le territoire chinois semi-autonome de Hong Kong où au moins 56 cas ont été enregistrés.

– Dix cas ont été signalés à Macao.

– ASIE-PACIFIQUE –

Asie de l’Est

Corée du Sud: 28

Japon: 53 cas, dont une octogénaire décédée. Et au moins 355 à bord du paquebot Diamond Princess en quarantaine à Yokohama, auxquels s’ajoute un officier de quarantaine infecté.

Taïwan: 18

Asie du Sud-Est

Cambodge: 1

Malaisie: 22

Philippines: trois cas dont un mort à Manille, un Chinois originaire de Wuhan, qui a été le premier décès hors de Chine.

Singapour: 72

Thaïlande: 34

Vietnam: 16

Asie du Sud

Inde: 3

Népal: 1

Sri Lanka: 1

Australie

15

– AMERIQUES –

Canada

8

Etats-Unis

15

– EUROPE –

Union européenne

Allemagne: 16

Belgique: un

Espagne: 2, autorisés vendredi à quitter l’hôpital

Finlande: un

France: 12, dont un décès annoncé samedi, le premier hors d’Asie

Italie: 3

Suède: un

Royaume-Uni

9

Russie

2, désormais sortis de l’hôpital

– MOYEN-ORIENT –

Emirats arabes unis

8

– AFRIQUE –

Egypte

Un premier cas annoncé le 14 février, le premier sur le continent africain

burx-sst/elm/roc

Coronavirus: des pays rapatrient leurs citoyens confinés sur le Diamond Princess

Inquiets de la croissance rapide du nombre de cas de nouveau coronavirus recensés sur le paquebot de croisière Diamond Princess en quarantaine près de Yokohama (banlieue de Tokyo), plusieurs pays ont décidé ce week-end d’évacuer rapidement leurs ressortissants.

Quelque 355 cas ont été comptabilisés dimanche matin sur ce navire. C’est 70 de plus que samedi, jour où 67 nouveaux cas avaient été confirmés.

Mais les 3.711 personnes à bord n’ont pas encore toutes subi les examens permettant d’établir leur éventuelle contamination.

« Jusqu’à présent, nous avons effectué des tests sur un total de 1.219 personnes », a déclaré le ministre japonais de la Santé Katsunobu Kato, sur la chaîne publique nippone NHK, précisant que 73 des 355 personnes contaminées ne présentaient pas de symptôme à ce stade.

– Rapatriement en urgence –

Le Diamond Princess effectuait une croisière avec plusieurs escales en Asie quand un passager ayant débarqué à Hong Kong a été contrôlé positif au coronavirus apparu en décembre dans la ville chinoise de Wuhan (centre). Ce qui a entraîné la mise en quarantaine du navire dans le port japonais de Yokohama.

Depuis, au fil des résultats d’analyses, le nombre de cas ne cesse de grimper bien que les passagers soient confinés le plus possible dans leurs cabines et que les cas confirmés soient transférés dans des hôpitaux japonais spécialement équipés.

Face à l’aggravation de la situation et des doutes sur l’efficacité des mesures prises, plusieurs gouvernements ont décidé d’évacuer leurs ressortissants paraissant sains pour les placer quatorze jours en quarantaine dans leurs pays respectifs.

« Comme nous vous l’avons indiqué hier (samedi), le gouvernement américain recommande aux citoyens américains de débarquer du Diamond Princess et de rentrer aux Etats-Unis », a écrit l’ambassade américaine à Tokyo dans une lettre publiée sur internet.

« C’est une situation qui évolue rapidement et nous prenons des mesures supplémentaires pour aider les citoyens américains », a-t-elle poursuivi, assurant que « la sécurité et le bien-être de nos ressortissants est la priorité absolue du gouvernement américain ».

Il restait samedi environ 350 Américains sur le bateau.

Le gouvernement de Hong Kong a lui aussi dit vouloir rapatrier les siens –330 ressortissants– « le plus tôt possible ».

Les autorités canadiennes ont pris une initiative similaire « en raison des circonstances extraordinaires rencontrées par les passagers du Diamond Princess et pour alléger le fardeau sur le système de santé japonais », ont-elles expliqué dans un communiqué. Environ 250 Canadiens avaient embarqué pour cette croisière.

Les premiers départs en avion devraient avoir lieu dans la nuit de dimanche à lundi.

– Près de 1.700 morts dans le monde –

En plus des cas sur le navire, les autorités nippones ont indiqué que 53 personnes étaient porteuses du coronavirus dans différentes régions du pays, avec une traçabilité difficile à établir pour un nombre croissant de patients.

Les experts estiment que « des malades touchés par le coronavirus peuvent désormais apparaître n’importe où au Japon » et que les habitants doivent prendre le plus de précautions possibles comme se laver les mains très fréquemment, porter des masques, désinfecter les objets, etc.

Mais les fabricants de masques sanitaires ont du mal à répondre à la demande et les stocks dans les supérettes et les parapharmacies sont faibles, voire nuls. Une hausse de la production est prévue avec des subventions des pouvoirs publics.

Selon le dernier bilan diffusé dimanche par les autorités chinoises, la pneumonie virale Covid-19 a provoqué la mort de 1.665 personnes en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao), sur un total de 68.500 cas de contamination recensés sur le territoire. La plupart des décès ont été constatés dans la province du Hubei (centre), foyer de l’épidémie apparue en décembre dans son chef-lieu Wuhan.

Seuls quatre décès ont été enregistrés ailleurs dans le monde: un sur le territoire chinois semi-autonome de Hong Kong et les trois autres respectivement au Japon, aux Philippines et en France.

Plusieurs roquettes s’abattent près de l’ambassade américaine à Bagdad

Plusieurs roquettes se sont abattues tôt dimanche près de l’ambassade américaine à Bagdad, a indiqué à l’AFP une source militaire américaine, la 19e attaque contre des intérêts américains en Irak en près de quatre mois.

Des journalistes de l’AFP ont entendu de fortes explosions dans le centre de Bagdad où se trouve l’ultra-sécurisée Zone verte de Bagdad, siège des institutions irakiennes et de plusieurs ambassades.

Ces explosions survenues vers 00H30 GMT ont déclenché les sirènes d’alarme de l’ambassade américaine, selon une source diplomatique. Elles ont été suivies d’un survol aérien de la zone, a constaté un journaliste de l’AFP.

Aucun dégât matériel ni victime n’avait été signalé aux premières heures du jour dimanche.

Les attaques à la roquettes contre des soldats, des diplomates ou des installations des Etats-Unis en Irak se sont multipliées depuis la fin octobre. Elles ont tué un sous-traitant américain et un soldat irakien.

Aucune des 19 attaques recensées depuis le 28 octobre n’a été revendiquée mais Washington accuse les factions armées pro-Iran d’être derrière ces hostilités.

Les tensions entre Washington et Téhéran, tous deux alliés de Bagdad, ont dégénéré fin 2019 sur le sol irakien, menant à l’assassinat à Bagdad du général iranien Qassem Soleimani sur ordre du président américain Donald Trump.

Les Iraniens ont riposté avec une pluie de missiles sur une base irakienne où sont postés des soldats américains, en blessant une centaine.

Les factions armées irakiennes pro-Iran, qui ont perdu leur leader de facto dans le raid contre Soleimani, Abou Mehdi al-Mouhandis, promettent elles aussi depuis une « vengeance » contre les Etats-Unis.

Le Parlement irakien –où elles tiennent le deuxième bloc de députés– a déjà réclamé l’expulsion des 5.200 soldats américains du pays.

Et régulièrement des factions menacent ces troupes. Samedi, l’une des factions pro-Iran les plus radicales d’Irak, Noujaba, a affirmé sur Twitter avoir « décidé de commencer le compte à rebours pour la souveraineté (de l’Irak) et la réponse aux forces d’occupation américaines ».

« Nous sommes plus près que vous ne l’imaginez », a encore menacé le groupe, au-dessus de la photo d’un blindé américain.

Chili: manifestations pro et contre une nouvelle Constitution

Deux manifestations ont été organisées samedi à Santiago l’une favorable à l’adoption d’une nouvelle Constitution et l’autre réclamant le maintien de celle en vigueur au Chili, confronté à une grave crise sociale.

Sur la Plaza Italia, épicentre des manifestations à Santiago depuis le début de la crise le 18 octobre, des milliers de protestataires ont de nouveau réclamé des réformes sociales y compris l’adoption d’une nouvelle Constitution, lors d’une manifestation émaillée d’affrontements avec les forces de l’ordre.

Quelques kilomètres plus loin, ils étaient plus d’un millier à se rassembler devant l’Ecole militaire pour défendre le maintien de l’actuelle Constitution qui remonte à la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990).

Les participants ont manifesté pacifiquement en portant des banderoles frappés du mot « rejet », en brandissant des drapeaux chiliens et en scandant des slogans hostiles à la gauche.

Ce genre de manifestations se sont multipliés ces trois dernières semaines dans la capitale chilienne.

Le président chilien, Sebastian Piñera, a promulgué en décembre une loi permettant l’organisation d’un référendum le 26 avril 2020 sur un changement de la Constitution.

Un changement de l’actuelle Constitution, approuvée le 11 septembre 1980 lors d’un référendum controversé pendant la dictature militaire, est une des principales revendications exprimées lors des manifestations sociales qui secouent le pays depuis plus de deux mois.

La consultation comportera deux questions: l’une sur le remplacement ou non de la Constitution et l’autre, le cas échéant, sur la méthode pour la rédiger.

Cette seconde question devra déterminer quel organe rédigera la future Constitution, soit un « Congrès mixte » — idée soutenue par la coalition gouvernementale — composé à parts égales de citoyens élus à cette fin et de parlementaires en exercice, soit une Assemblée constituante intégralement composée de citoyens spécifiquement élus à cette fin — proposition soutenue par l’opposition et réclamée par de nombreux manifestants.

Si le principe d’une nouvelle Constitution est approuvé le 26 avril, l’élection du Congrès mixte ou de l’Assemblée constituante aura lieu en octobre 2020. L’organe chargé de la rédaction aura neuf mois pour élaborer un nouveau texte, une période qui pourra être prolongée de trois mois.

Tunisie: un gouvernement annoncé mais son sort incertain

Le Premier ministre tunisien désigné Elyes Fakhfakh a annoncé samedi soir la composition de son futur gouvernement, mais le retrait de l’un de ses principaux partenaires, le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, rend son sort incertain.

M. Fakhfakh, ancien ministre des Finances, a été désigné après l’échec d’un premier cabinet formé sous la houlette d’Ennahdha après les législatives du 6 octobre, et largement rejeté par le Parlement.

Parmi la liste de ministres annoncée samedi soir, plusieurs sont issus d’Ennahdha, bien que ce parti ait annoncé un peu plus tôt dans la journée qu’il se retirait du gouvernement.

« La décision d’Ennahdha nous met dans une situation difficile qui nous oblige à étudier les possibilités juridiques et constitutionnelles », a déclaré le Premier ministre désigné.

« Nous avons décidé avec le président de la République de profiter de ce qui reste de durée constitutionnelle » pour continuer à chercher une issue, a-t-il ajouté, laissant entendre que la liste pourrait notamment être modifiée.

M. Fakhfakh a été nommé le 20 janvier par le président Kais Saied pour former dans un délai d’un mois un cabinet susceptible de convaincre la majorité des députés.

Ennahdha réclame la formation d’un gouvernement d’unité nationale incluant le deuxième parti au Parlement, Qalb Tounès, formation libérale dirigée par le magnat des médias Nabil Karoui, poursuivi pour fraude fiscale, mais celui-ci avait été écarté des négociations.

« Ennahdha a décidé de ne pas participer ni voter la confiance à un gouvernement qui aurait été trop faible » (sans la participation de Qalb Tounès, ndlr), a indiqué à l’AFP Abdelkarim Harouni, le président du conseil de la choura d’Ennahdha, organe consultatif du parti.

« M. Fakfakh peut encore négocier, mais il ne lui reste plus beaucoup de jours », a souligné M. Harouni, envisageant la possibilité, si M. Fakhfakh renonce à présenter un cabinet, que le président Saied désigne un nouveau chef de gouvernement.

A défaut de gouvernement d’ici le 15 mars, M. Saied aura la possibilité de dissoudre le Parlement et déclencher des élections anticipées.

La Tunisie est le seul de pays touchés par les soulèvements dans le monde arabe en 2011, à poursuivre sur la voie de la démocratisation.

Un programme de quatre ans du Fonds monétaire international s’achève en avril sans que l’Etat tunisien ne soit parvenu à mener les réformes nécessaires pour relancer l’économie.

Yémen: crash d’un avion de combat saoudien, la rébellion dit l’avoir abattu

La coalition militaire sous commandement saoudien, engagée dans la guerre au Yémen, a fait état samedi du crash d’un de ses avions dans le nord de ce pays, les rebelles Houthis affirmant avoir abattu l’appareil.

Un tel crash d’un avion de la coalition est rare depuis le début en 2014 du conflit au Yémen, déclenché après une offensive des rebelles Houthis qui se sont emparés de vastes pans du territoire dont la capitale Sanaa.

Un appareil de type Tornado, appartenant aux forces saoudiennes, est tombé à 23H45 locales vendredi (20H45 GMT) dans la province de Jawf, a dit le porte-parole de la coalition, le Saoudien Turki al-Maliki, cité par l’agence saoudienne SPA.

Il n’a pas précisé les raisons du crash ni le sort de l’équipage.

L’avion menait, selon lui, une mission de soutien aérien aux forces gouvernementales yéménites.

– « Aide de l’Iran » –

La coalition, dont les piliers sont l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, intervient depuis 2015 au Yémen pour soutenir le pouvoir face aux rebelles qui contrôlent toujours de vastes régions du nord et de l’ouest du pays, outre Sanaa.

Selon la chaîne de télévision al-Massirah, organe des rebelles, ces derniers ont « abattu un avion de type Tornado à l’aide d’un missile sol-air perfectionné ».

« Le ciel du Yémen n’est pas un espace pour se promener, l’ennemi doit beaucoup réfléchir » avant de s’y aventurer, a prévenu sur cette chaîne Yehya Saree, un porte-parole des Houthis.

Après le crash, Al-Massirah a fait état de frappes de la coalition samedi dans la région de Masloub, dans la province de Jawf, où des habitants se sont « rassemblés autour des débris de l’avion abattu ».

Selon elle, il y a eu « des dizaines de morts et blessés ». Mais ce bilan n’a pu être vérifié dans l’immédiat par les travailleurs humanitaires locaux.

Sur son compte Twitter, le porte-parole des Houthis, Mohamed Abdelsalam, a affirmé que « la destruction de l’avion Tornado est un coup dur pour l’ennemi, et témoigne de l’importante amélioration des capacités de défense » des rebelles.

Si la revendication des Houthis se confirme, cela signalerait le renforcement de l’arsenal des rebelles accusés de recevoir des armes de l’Iran chiite qui affirme les soutenir politiquement et non militairement.

« Au début du conflit, les Houthis était une milice hétéroclite qui se procurait les armes » dans le pays, a affirmé à l’AFP Fatima Abo Alasrar, une experte au Middle East Institute.

« Aujourd’hui, ils ont massivement développé leur arsenal avec l’aide de l’Iran et du Hezbollah », un puissant mouvement armé libanais pro-iranien, a-t-elle dit.

– Crise humanitaire –

Selon un rapport d’experts de l’ONU chargés de contrôler l’embargo imposé en 2015 au Yémen et obtenu le 1er février par l’AFP, les Houthis disposent depuis 2019 de nouvelles armes dont certaines ont des caractéristiques similaires à de l’armement produit en Iran.

Ils n’ont néanmoins pas pu confirmer que l’armement avait été livré par Téhéran.

En avril 2017, un hélicoptère saoudien de type Black Hawk s’est écrasé dans la province de Marib, dans le centre du Yémen, tuant 12 militaires saoudiens. Un haut responsable militaire yéménite avait à l’époque évoqué l’hypothèse de « tirs amis ».

Selon diverses organisations humanitaires, la guerre au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts, essentiellement des civils.

Environ 3,3 millions de personnes sont toujours déplacées et 24,1 millions, soit plus des deux tiers de la population, ont besoin d’assistance, selon l’ONU.

La coalition et les autres parties impliquées dans le conflit ont été accusées d’avoir commis des bavures ayant coûté la vie à des civils.

La coalition a annoncé cette semaine le début de poursuites judiciaires contre ses militaires soupçonnés de bavures lors d’attaques au Yémen, où l’ONU a déploré des crimes de guerre.

Issus de l’importante minorité zaïdite concentrée dans le nord du Yémen, les Houthis sont proches de l’Iran chiite, rival régional de l’Arabie saoudite sunnite.

Afghanistan: au moins huit civils tués dans une frappe aérienne

Au moins huit civils, dont un enfant, ont été tués vendredi par une frappe aérienne dans l’Est de l’Afghanistan alors qu’ils se trouvaient dans un pick-up, ont annoncé samedi des responsables et des proches des victimes.

« Une frappe aérienne a eu lieu dans le district de Sorkhrod dans le Nangarhar », a déclaré Ataullah Khogyani, porte-parole du gouverneur de cette province, ajoutant que « l’attaque ciblait des militants talibans qui voulaient établir des checkpoints sur la route, mais malheureusement des civils ont été atteints ».

L’incident est survenu au lendemain de l’annonce par le chef du Pentagone, Mark Esper, d’une trêve partielle d’une semaine en Afghanistan, dans le cadre des négociations menées avec les talibans en vue d’un retrait des forces américaines du pays. M. Esper n’a cependant pas précisé quand cette période de « réduction de la violence » débuterait.

L’identité de l’auteur de cette attaque n’est pas encore connue, mais les forces américaines et afghanes sont les seules capables de procéder à des frappes aériennes dans le pays.

« Nous sommes au courant de l’accusation et nous renseignons sur l’incident », a dit à l’AFP un porte-parole des forces américaines. Le ministère afghan de la Défense a lancé une enquête selon l’un de ses porte-parole.

Selon Talib Khan, un proche des victimes, celles-ci rentraient chez elles après un pique-nique lorsque leur pick-up a été frappé, tuant tous ceux à bord.

« Mes trois fils ont été tués », a dit Shah Mir, 70 ans, à l’AFP. « J’ai une douzaine de petits-enfants, je ne sais pas comment les élever. »

Les civils afghans sont régulièrement victimes d’opérations armées terrestres ou aériennes entre forces gouvernementales et insurgés.

Fin décembre, la mission de l’ONU en Afghanistan (Manua) a estimé que le conflit afghan avait fait plus de 100.000 victimes civiles – tués et blessés – en 10 ans.

Au premier semestre 2019, les frappes aériennes ont, pour la première fois, tué davantage de civils que les attaques des insurgés, selon la mission onusienne.

Vol d’antiquités en Egypte: le frère d’un ex-ministre condamné à 30 ans de prison

Le frère d’un ex-ministre des Finances égyptien a été condamné samedi à 30 ans de prison ferme par un tribunal du Caire pour avoir tenté de faire sortir clandestinement d’Egypte des milliers de pièces d’antiquité, a indiqué une source judiciaire.

Raouf Ghali, frère de Youssef Ghali, ministre des Finances sous le régime de Hosni Moubarak, a été condamné à 30 ans de prison et à une amende de 6 millions de livres égyptiennes (350.800 euros), pour avoir tenté de faire sortir clandestinement des milliers d’objets anciens vers l’Italie.

M. Ghali avait trois complices, dont l’ancien consul honoraire italien Ladislav Otakar Skakal, déjà condamné à 15 ans de prison par contumace en janvier dans le même dossier, ainsi que deux Egyptiens.

Samedi, le tribunal du Caire les a tous les trois condamnés à 15 ans de prison ferme et à une amende d’un million de livres égyptiennes (58.100 euros), selon la source judiciaire.

M. Skakal risque désormais 30 ans de prison s’il est arrêté par les autorités égyptiennes.

Selon le procureur général, plus de 21.000 pièces d’or, 151 figurines miniatures, cinq masques de momies, onze poteries, trois céramiques datant de la période islamique et un sarcophage en bois faisaient partie des objets volés.

La police italienne avait trouvé le butin à bord d’un conteneur sur un bateau parti du port égyptien d’Alexandrie en direction de Salerne, dans le sud de l’Italie, en 2017.

D’après la source judiciaire, les autorités égyptiennes ont aussi découvert des objets de valeur cachés dans la demeure caïrote de M. Skakal, et dans le coffre-fort d’un compte bancaire de l’ex-consul.

L’Egypte a rapatrié en 2018 les objets volés avec la coopération des autorités italiennes et a demandé à Interpol d’émettre une notice rouge à l’encontre de M. Skakal.

MM. Ghali et Skakal peuvent faire appel de leurs condamnations.

Les tentatives de faire sortir clandestinement des antiquités se sont multipliées après la chute de Moubarak, lors de la révolte de 2011.

En octobre 2019, le sarcophage doré d’un prêtre pharaonique, volé en Egypte en 2011, avait été dévoilé au Caire.

Depuis plusieurs années, l’Egypte cherche à promouvoir son héritage archéologique afin de relancer un secteur touristique vital pour son économie.

Soudan du Sud : le président accepte une demande clé de l’opposition « dans l’intérêt de la paix »

Le président Salva Kiir a annoncé samedi sa décision de revenir à un système fédéral de dix Etats au Soudan du Sud, une demande clé de l’opposition, ouvrant la voie à la formation d’un gouvernement d’union nationale et à la fin d’une guerre civile meurtrière.

« Nous venons de faire un compromis dans l’intérêt de la paix (…) J’attends de l’opposition qu’elle fasse de même », a déclaré le président Kiir à l’issue d’une réunion de hauts responsables du gouvernement et de l’armée à Juba, la capitale.

Le Soudan du Sud va désormais être divisé en dix Etats, plus trois « zones administratives » -Ruweng, Pibor et Abyei-, a-t-il précisé.

Lorsqu’il a obtenu son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud comptait dix Etats, conformément à sa Constitution. Le président Kiir avait porté ce chiffre à 28 en 2015 puis ultérieurement à 32, une mesure largement vue comme un moyen d’augmenter le nombre de ses alliés placés à des postes à responsabilités.

L’opposition a salué l’annonce surprise de M. Kiir mais critiqué la décision de faire de Ruweng, une région essentielle pour la production de pétrole, une « zone administrative ».

Le président Kiir et son ex vice-président, le chef rebelle Riek Machar, qui vit en exil, sont sous pression pour régler leurs différends d’ici à la date-butoir du 22 février fixée pour former un gouvernement d’union dans le cadre d’un accord de paix.

– Une décision « nécessaire –

Le nombre des États régionaux ainsi que le tracé de leurs frontières étaient la principale pierre d’achoppement des négociations en vue de la formation de ce gouvernement.

« Cette décision n’est peut-être pas le meilleur choix pour notre peuple mais pour la paix et l’unité du pays, la présidence la considère comme nécessaire », a déclaré le gouvernement dans un communiqué.

A deux reprises déjà, MM. Kiir et Machar ne sont pas parvenus à respecter la date-butoir fixée pour former un gouvernement d’union afin de mettre un terme à une guerre civile qui a fait depuis 2013 plus de 380.000 morts et créé une situation humanitaire catastrophique.

Leurs entretiens la semaine dernière en Ethiopie n’avaient pas permis d’enterrer leurs différends, mais l’annonce faite samedi par le chef de l’Etat répond à l’une des principales demandes de M. Machar.

« Nous saluons cette décision, nous n’avons qu’un motif de plainte : l’établissement de la zone administrative de Ruweng », a déclaré le porte-parole du parti d’opposition, Pouk Both Baluang. « La question des Etats n’a pas été complètement réglée ».

MM. Kiir et Machar devraient bientôt se rencontrer pour aplanir ces divergences, a-t-il ajouté.

Selon le président, la question des Etats sera définitivement réglée une fois le gouvernement formé.

Le pétrole fournit au Soudan du Sud l’essentiel de ses revenus et la zone de Ruweng est revendiquée à la fois par les Dinka, l’ethnie du président Kiir, et par les Nuer, celle de M. Machar. C’est l’une des régions où se sont déroulés les combats les plus rudes pendant la guerre civile.

M. Kiir avait à plusieurs reprises refusé de modifier sa position sur le nombre des Etats mais subissait une pression internationale croissante pour arriver à un compromis.

M. Machar avait averti qu’il ne pourrait pas redevenir vice-président si le nombre des Etats était maintenu.

Les deux hommes se sont combattus puis réconciliés à de multiples reprises.

Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en 2013 lorsque M. Kiir a accusé M. Machar de fomenter un coup d’État.

La signature d’un accord de paix en septembre 2018 a permis de réduire les combats mais une commission des droits humains de l’ONU a regretté début février la multiplication des violences armées et des atteintes aux droits de l’homme à l’approche du 22 février.

Un nouveau report dans la formation d’un gouvernement d’union nationale n’est « ni désirable, ni faisable à ce stade du processus de paix », a estimé dimanche l’organisation est-africaine Igad, médiatrice dans le conflit sud-soudanais.

Le vice-président sud-soudanais Taban Deng Gai a appelé M. Machar à rentrer d’exil pour aider à former le gouvernement.

Paquebot au Japon: 67 nouveaux cas de coronavirus, évacuation prévue des Américains

Soixante-sept nouveaux cas de coronavirus ont été annoncés samedi sur le navire de croisière en quarantaine au large du Japon et les Etats-Unis prévoient d’évacuer leurs ressortissants qui se trouvent à bord.

Le résultat de 217 tests supplémentaires rendu public par le ministre japonais de la Santé porte à 285 le nombre de passagers et membres d’équipage sur lesquels la présence du virus a été constatée, sans compter un officier de quarantaine qui avait par ailleurs lui aussi été infecté.

Washington avait annoncé un peu plus tôt samedi, dans une lettre adressée aux passagers américains du paquebot Diamond Princess maintenu depuis début février en quarantaine au large de Yokohama (sud de Tokyo), son intention de les évacuer.

Le message évoque l’envoi d’un avion dimanche, ajoutant que les personnes rapatriées devront respecter une quarantaine supplémentaire de 14 jours à leur arrivée aux Etats-Unis.

« Le gouvernement américain recommande par mesure de prudence que les ressortissants américains débarquent et retournent aux Etats-Unis pour continuer d’y être suivis », explique la lettre affichée sur le site internet de l’ambassade des Etats-Unis au Japon.

La date de départ de cet avion pour les Etats-Unis n’est pas précisée mais la missive, affichée sur le site internet de l’ambassade des Etats-Unis au Japon, indique qu’il atterrira sur la base aérienne de Travis, en Californie.

– Quarantaine aux Etats-Unis –

La chaîne de télévision publique japonaise NHK a indiqué que quelque 400 Américains se trouvaient à bord et que l’avion spécial devrait quitter l’aéroport de Haneda à Tokyo dans les premières heures de lundi.

« Les passagers seront examinés pour détecter d’éventuels symptômes et nous travaillons avec nos partenaires japonais pour nous assurer que ceux présentant des symptômes recevront les soins nécessaires au Japon s’ils ne sont pas en état de prendre l’avion », peut-on lire.

« Si vous choisissez de ne pas monter à bord de cet appareil, il ne vous sera pas possible de retourner aux Etats-Unis pendant un certain temps », poursuit le message.

Si nombre de passagers américains réclamaient une évacuation, la quarantaine supplémentaire imposée aux Etats-Unis a immédiatement suscité des critiques de certains d’entre eux.

« Le gouvernement américain (…) veut nous faire sortir sans test, nous acheminer par avion aux Etats-Unis mélangés à un tas d’autres personnes non testées pour nous coller ensuite deux semaines supplémentaires de quarantaine? Où est la logique dans tout ça? », a lancé le croisiériste américain Matthew Smith dans un tweet.

Un peu plus de 3.700 personnes se trouvaient initialement à bord du navire lorsqu’il est arrivé au large de Yokohama près de Tokyo mais les plus de 200 personnes diagnostiquées porteuses du nouveau coronavirus ont été hospitalisées.

Les autorités japonaises ont aussi commencé vendredi à évacuer certains passagers âgés et de santé fragile, dont les tests au nouveau coronavirus se sont avérés négatifs.

La quarantaine devait durer jusqu’au 19 février, soit 14 jours après son début.

– Message du capitaine –

Mais un message diffusé samedi à bord par le capitaine a jeté le doute sur ce calendrier.

« Le gouvernement japonais nous a informés du fait qu’il pourrait commencer un nouveau processus d’analyses pour nos hôtes à partir du 18 février », pouvait-on entendre, le commandant ajoutant que cette opération prendrait plusieurs jours et que les résultats ne seraient pas obtenus avant environ trois jours.

« Ainsi les personnes testées le 18 février et présentant un résultat négatif pourraient être en mesure de quitter le navire le 21 février ».

Ceux qui ont été en contact avec toute personne aux résultats positifs devront recommencer leur quarantaine à compter de la date de ce contact, a-t-il ajouté.

Quant à l’équipage, il devra entamer une nouvelle quarantaine une fois les passagers sortis du bateau pour une durée pour l’instant indéterminée, selon le message.

En plus du navire de croisière et de l’officier de quarantaine infecté, les autorités japonaises ont dénombré au moins 40 cas.

L’épidémie de pneumonie virale a tué plus de 1.500 personnes et en a infecté au moins 66.000 en Chine. Elle s’est répandue dans une trentaine d’autres pays.

Soudan du Sud: le président Kiir accepte une demande clé de l’opposition dans l’intérêt de la paix

Le président Salva Kiir a annoncé samedi sa décision de revenir à un système fédéral de dix Etats au Soudan du Sud, une demande clé de l’opposition, ouvrant la voie à la formation d’un gouvernement d’union et à la fin d’une guerre civile meurtrière.

« Nous venons de faire un compromis dans l’intérêt de la paix (…) J’attends de l’opposition qu’elle fasse de même », a déclaré le président Kiir à l’issue d’une réunion à Juba de hauts responsables du gouvernement et de l’armée.

Le président Kiir et le chef rebelle Riek Machar sont sous pression pour résoudre leurs différends d’ici à la date-butoir du 22 février fixée pour former un gouvernement d’union dans le cadre d’un accord de paix.

Le nombre d’États régionaux ainsi que le tracé de leurs frontières étaient la principale pierre d’achoppement des négociations en vue de la formation de ce gouvernement.

A deux reprises déjà, MM. Riek et Machar ont échoué à respecter la date-butoir fixée pour former un gouvernement d’union afin de mettre un terme à une guerre civile qui a fait depuis 2013 plus de 380.000 morts et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

Lorsqu’il a obtenu son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud comptait dix Etats, conformément à sa Constitution. Le président Kiir avait porté leur nombre à 28 en 2015 puis ultérieurement à 32, une mesure largement vue comme un moyen d’augmenter le nombre de ses alliés placés à des postes à responsabilités.

Les entretiens de MM. Riek et Machar la semaine dernière en Ethiopie n’avaient pas permis de régler leurs différends, mais l’annonce faite samedi par le président Kiir répond à l’une des principales demandes de M. Machar.

Ce dernier n’a pas réagi dans l’immédiat.

– Une décision « nécessaire » –

« Cette décision n’est peut-être pas le meilleur choix pour notre peuple mais pour la paix et l’unité du pays, la présidence la considère comme nécessaire », a déclaré le gouvernement dans un communiqué.

Le président Kiir a « décidé de revenir aux dix Etats du pays et à leurs comtés », a indiqué la présidence dans un communiqué.

M. Kiir avait à plusieurs reprises dans le passé refusé de modifier sa position sur le nombre d’Etats fédéraux mais subissait une pression internationale croissante pour parvenir à un compromis.

M. Machar avait averti qu’il ne pourrait pas redevenir vice-président si le nombre d’Etats était maintenu.

La question des Etats sera finalisée une fois le gouvernement formé, selon le communiqué de la présidence.

Outre dix Etats, existeront trois « zones administratives »: Ruweng, Pibor et Abyei, une région frontalière revendiquée par le Soudan voisin.

MM. Kiir et Machar sont des rivaux de longue date qui se sont combattus puis réconciliés à de multiples reprises.

Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en 2013 lorsque M. Kiir, un Dinka, a accusé M. Machar, son ex-vice-président, membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’État.

La signature d’un accord de paix en septembre 2018 a permis de réduire les combats au Soudan du Sud mais une commission des droits humains de l’ONU a regretté début février une multiplication des violences armées et des atteintes aux droits de l’Homme à l’approche du 22 février.

Un nouveau report dans la formation d’un gouvernement d’union nationale n’est « ni désirable, ni faisable à ce stade du processus de paix », a estimé dimanche l’organisation est-africaine Igad, médiatrice dans le conflit sud-soudanais.

Irak: un manifestant assassiné sur le campement des antipouvoir à Bagdad

Un manifestant antipouvoir a été assassiné par des assaillants non identifiés près de la place Tahrir, épicentre de la contestation à Bagdad, indiquent samedi des sources médicales et policières, rapportant également l’enlèvement de trois protestataires dans la capitale.

Depuis le début, le 1er octobre, d’une révolte inédite réclamant la fin d’un système politique jugé corrompu et le renouvellement complet de la classe dirigeante, près de 550 Irakiens, quasiment tous des manifestants, ont été tués et 30.000 blessés, selon un bilan officiel.

Dans la nuit de vendredi à samedi, des assaillants non identifiés, armés de pistolets munis de silencieux ont pénétré dans une tente et ont tué un manifestant qui s’y trouvait, a indiqué une source médicale à l’AFP.

En outre, vendredi et samedi, trois protestataires ont été enlevés dans différents quartiers de Bagdad où chacun résidait, a rapporté à l’AFP une source policière.

L’ONU a déjà à plusieurs reprises accusé des « milices » d’être derrière la vaste campagne d’assassinats, d’enlèvements et de menaces contre des militants antipouvoir depuis le début du mouvement de contestation sans précédent qui agite l’Irak, seizième pays le plus corrompu au monde.

Une vingtaine de militants ont ainsi été assassinés et, selon la Commission gouvernementale des droits humains, des dizaines d’autres sont portés disparus, probablement toujours aux mains de leurs ravisseurs.

En outre, après plus de 2.700 arrestations, environ 300 Irakiens demeurent en détention, selon la même source.

Les plaies toujours ouvertes de la mine d’or de la forêt hondurienne

Plus de soixante ans après l’exploitation de ses riches gisements d’or et d’argent, la forêt de La Tigra, à une quinzaine de kilomètres de la capitale du Honduras, exhibe encore ses plaies.

Déclarée réserve forestière en 1980, La Tigra a été livrée de 1880 à 1954 au groupe minier américain The New York and Rosario Mining Company. Les 24.000 hectares de la réserve sont habités par des félins, des cervidés, des singes, des reptiles et une multitude d’oiseaux, dont le très rare et farouche quetzal.

Mais aujourd’hui encore, malgré leur reconquête par la végétation, les effondrements de galeries et de tunnels entre les roches ouvertes à la dynamite témoignent de la violence infligée à la terre.

La forêt « a regagné la zone centrale (de l’exploitation) ainsi que celle du campement (des travailleurs). Les vestiges de galeries se sont adaptés à l’environnement naturel, et sont même devenus des attractions touristiques, mais les eaux restent contaminées » par des métaux lourds, prévient Carlos Espinal, spécialiste de la protection de l’environnement.

« Il faudra entre 200 et 300 ans pour que les substances nocives soient éliminées de l’eau. En certains endroits, rien ne pousse, même pas les mauvaises herbes », déplore-t-il.

La restauration de l’environnement naturel est un processus « lent et de long terme », souligne la biologiste Marlenia Acosta. Les mesures prises par les spécialistes sont certes utiles, mais la régénération de la forêt « est plus du fait de la nature que de l’action humaine », reconnaît-elle.

– Un consulat américain –

C’est vers 1880 que les frères Washington et Louis Valentine, des Américains, fondèrent –avec le président hondurien de l’époque, Marco Aurelio Soto, et le général Enrique Gutierrez– leur société pour exploiter les richesses du sous-sol de La Tigra, explique à l’AFP Carlos Espinal.

Jusqu’à 15.000 hommes travaillèrent dans le labyrinthe de tunnels horizontaux et verticaux creusés pour parvenir aux filons. Mineurs et minerais étaient transportés par deux trains électriques tandis que trois petites centrales électriques alimentaient les installations. Celles-ci comptaient des ateliers, des kilomètres de tuyauteries, une usine de traitement du minerai au cyanure…

C’est aussi toute une petite ville qui fut érigée, avec son quartier pour les cadres, une école, des courts de tennis, une piscine, un hôpital… et même un consulat américain.

Une fois coulé en lingots de 54 kg, le minerai était acheminé à dos de mules jusqu’à Tegucigalpa avant d’être exporté vers les Etats-Unis. En 74 années d’exploitation, ce sont 6,5 millions de tonnes de minerai, pour une valeur de 100 millions de dollars de l’époque, qui ont été arrachés ici à la terre, selon les archives conservées sur place.

De toute cette effervescence ne reste aujourd’hui que San Juancito, devenu un quartier de la grande banlieue de Tegucigalpa d’à peine 1.500 habitants. « C’est un village fantôme. Ici il n’y a pas de travail, il n’y a rien », se lamente Marco Seaman, qui, à l’âge de 60 ans, hante les étroites rues pavées de San Juancito.

Washington rejette les critiques sur son repli national

Les Etats-Unis ont rejeté samedi les critiques sur leur repli national, n’hésitant pas à s’en prendre directement au président allemand, et ont affirmé que l’Occident était “en train de gagner” face à la Chine et la Russie.

La Conférence sur la sécurité de Munich, grand-messe annuelle internationale sur les questions de défense, a été le théâtre d’un mini-éclat diplomatique avec l’intervention du secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo.

Sans prendre de gants, il a répliqué à des propos la veille du chef de l’Etat allemand Frank-Walter Steinmeier, lors de ce même forum, qui avait critiqué le repli national et l’égoïsme propagés à ses yeux par l’administration de Donald Trump.

Ces critiques, et d’autres du même type entendues ces dernières années, « ne reflètent pas du tout la réalité », a déclaré M. Pompeo.

« J’ai le plaisir de vous annoncer que l’idée selon laquelle l’alliance transatlantique serait morte est grandement exagérée », a-t-il ironisé.

– ‘Great again’ –

Le chef de l’Etat allemand, qui ne dispose pas de pouvoir exécutif mais dont la voix porte en Allemagne, avait regretté que « notre principal allié, les Etats-Unis, refusent sous l’administration actuelle l’idée même d’une communauté internationale ».

« Les pays sont invités à placer leurs propres intérêts au-dessus de ceux de tous les autres, +Great again+ même aux dépens des voisins et des partenaires », avait-il raillé à propos du slogan électoral du président américain Donald Trump « Make America Great Again » (Rendre sa grandeur à l’Amérique).

Le ministre américain des Affaires étrangères lui a répondu du tac au tac.

Il a fait valoir que son pays avait contribué au renforcement de l’Otan sur son flanc oriental, près de la frontière avec la Russie, ou encore avait conduit l’effort pour mettre fin au « califat » auto-proclamé de l’organisation Etat islamique en Syrie.

« Est-ce que c’est ça les Etats-Unis qui +rejettent la communauté internationale+ ? », a-t-il demandé.

« L’Occident est en train de l’emporter », a-t-il clamé en réponse à ceux qui doutent de la cohésion du lien transatlantique.

« Nous devrions avoir confiance dans l’alliance transatlantique, nous sommes en train de gagner et nous le faisons ensemble », a ajouté M. Pompeo.

Une ligne soutenue par le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg.

« Nous ne devrions pas être en compétition entre nous et mettre en avant nos différences, tout en minimisant nos forces », a-t-il dit à Munich.

« L’Europe et les Etats-Unis sont des partenaires indispensables, les deux côtés de la même pièce », a-t-il ajouté.

Mike Pompeo a lui jugé que « l’Occident a un meilleur avenir que les alternatives illibérales », dénonçant l’évolution de la Russie et de la Chine.

– Nord-Stream –

Il a annoncé que les Etats-Unis allaient financer des projets énergétiques à hauteur d’un milliard de dollars dans des pays d’Europe centrale et de l’Est pour renforcer leur indépendance énergétique face à Moscou.

Il s’agit d’un « signe de soutien à la souveraineté, la prospérité et l’indépendance énergétique de nos amis européens » qui profitera « aux pays d’Europe centrale et de l’Est membres de l’Initiative des Trois Mers », qui réunit douze Etats membres de l’Union européenne.

« Nous voulons galvaniser l’investissement du secteur privé dans leurs secteurs énergétiques afin de protéger la liberté et la démocratie dans le monde », a-t-il ajouté.

L’initiative des Trois Mers réunit douze pays de l’Union européenne bordés par les mers Baltique, Adriatique et Noire. Cet espace s’étend de l’Estonie et de la Pologne au nord à la Croatie au sud et la Roumanie et la Bulgarie à l’est.

Il a pour objectif de renforcer la coopération entre ses membres dans les domaines de l’énergie, des infrastructures et de la sécurité, notamment vis-à-vis de la Russie que nombre de ses membres considèrent comme une menace directe.

Ils contestent notamment, comme les Etats-Unis, le projet de gazoduc Nord Stream 2, fortement soutenu par l’Allemagne, qui vise à doubler les livraisons directes de gaz naturel russe vers l’Europe occidentale, en contournant l’Ukraine.

Coronavirus: le tourisme sous haute-tension en Asie du Sud-Est

Hôtels vides, plages désertées, annulations en série: l’Asie du Sud-Est, particulièrement dépendante du tourisme, paye au prix fort l’épidémie de coronavirus avec des pertes évaluées à plusieurs milliards d’euros.

L’ambiance est morose dans la station balnéaire de Pattaya, l’une des destinations favorites des Chinois en Thaïlande: le front de mer, d’habitude si animé, s’est dépeuplé, les bateaux de touristes restent à quai et les échoppes du marché flottant font grise mine.

Dans le camp d’éléphants Chang Siam Park, attraction-phare de la ville, Ma Mya, vendeuse de souvenirs, a vu ses recettes baisser de moitié. « Si cela continue, je vais devoir repartir chez moi », soupire la jeune femme de la tribue Kayan, un long collier doré à spirale autour du cou.

Le parc accueillait 1.500 à 2.000 visiteurs par jour. « Ils ne sont pas plus de 200 aujourd’hui, et j’ai déjà perdu deux millions de bahts » (près de 60.000 euros), raconte à l’AFP Nantakorn Phatnamrob, propriétaire du camp.

Au Cambodge, même les célèbres temples d’Angkor ne font plus recette: la vente de billets a chuté de 30 à 40%, d’après le ministère du Tourisme.

Le constat est le même au Vietnam: 13.000 chambres d’hôtel ont déjà été annulées à Hanoï et la fréquentation du joyau du pays, la Baie de Halong, a baissé de plus de 60%.

Pour montrer qu’elles ont tiré les leçons de l’épidémie de SRAS de 2002/2003, les autorités chinoises ont pris des mesures draconiennes contre le nouveau coronavirus qui a tué pour le moment plus de 1.500 personnes et en a contaminé des dizaines de milliers.

Pékin a placé depuis fin janvier 56 millions d’habitants en quarantaine et interdit à l’ensemble de la population les voyages organisés à l’étranger.

Résultat: la Thaïlande, qui a accueilli 11 millions de Chinois l’année dernière (27% de l’ensemble de ses touristes étrangers), a enregistré début février une chute de visiteurs de l’empire du Milieu de « plus de 86% », d’après le ministre du Tourisme, Phiphat Ratchakitprakarn.

Au Vietnam, les touristes chinois ont quasi disparu avec un effondrement de « 90 à 100% » selon les zones.

La contagion se propage aux Européens, Américains ou Australiens qui renoncent à leur voyage par crainte du coronavirus, même si ce dernier sévit pour l’instant essentiellement en Chine continentale et que peu de personnes ont été contaminées en Asie du Sud-Est.

– Des milliards d’euros de pertes –

Cette situation inédite pourrait s’avérer catastrophique pour les économies de la région, très tributaires du tourisme.

En Thaïlande, le secteur représente 20% du PIB et les pertes liées à l’épidémie devraient atteindre cette année près de 7,4 milliards d’euros (1,5% du PIB), selon Don Nakornthab, haut responsable à la Banque centrale thaïlandaise.

Le Vietnam estime de son côté qu’il va perdre entre 5,4 et 7,1 milliards d’euros dès les trois prochains mois.

Mais que va-t-il se passer si, comme le craignent certains spécialistes de l’industrie du tourisme, les effets se propagent « à long terme jusqu’en 2021 »?

Conscients du risque, la Thaïlande et le Cambodge ne refusent pas les touristes chinois, se contentant de renforcer les contrôles dans les aéroports et aux postes frontaliers.

Les autorités thaïlandaises vont même leur proposer des visas gratuits.

Et le Premier ministre cambodgien, Hun Sen, joue les VRP. Dénonçant « la maladie de la peur », il fait tout pour s’attirer les bonnes grâces de Pékin, son proche allié, et faire revenir les Chinois dans le royaume.

Les autorités vietnamiennes se veulent, elles, beaucoup plus protectionnistes: elles ont interdit les vols à destination et en provenance de Chine continentale, et les trains de voyageurs ont été stoppés.

Quant au Laos, il a fermé sa frontière terrestre avec la Chine et plusieurs vols quotidiens ont été annulés.

« Depuis, nous ne voyons plus de Chinois et la situation risque d’empirer », dit à l’AFP Ong Tau, vendeuse de jus de fruits dans l’ancienne ville coloniale de Luang Prabang.

Nombre d’agences de voyages et d’hôteliers de la région cassent les prix et ont étendu leurs politiques permettant à leurs clients de reporter sans frais leur séjour, afin d’atténuer les annulations.

Coronavirus: 1.500 morts, premier décès en Europe

Le bilan de l’épidémie du nouveau coronavirus a dépassé samedi les 1.500 morts en Chine, et le premier décès en Europe a été signalé en France.

Il s’agit d’un touriste chinois de 80 ans hospitalisé en France depuis fin janvier, a annoncé la ministre française de la Santé Agnès Buzyn. Ce décès est le « premier hors d’Asie, le premier en Europe », q-t-elle précis&.

Plus de 66.000 cas de contamination ont désormais été enregistrés en Chine, principalement dans la province du Hubei (centre), foyer de l’épidémie de pneumonie virale Covid-19.

Alors que le Hubei reste coupé du monde depuis trois semaines et que plusieurs villes de l’Est du pays ont adopté des mesures de confinement drastiques, Pékin a à son tour musclé vendredi ses restrictions pour endiguer la propagation du virus.

La capitale oblige désormais toutes les personnes arrivant de l’extérieur à s’auto-imposer une quarantaine de 14 jours à leur domicile ou leur hôtel, sous peine de sanctions, a rapporté le Beijing Daily, un quotidien officiel.

L’activité dans la ville reste largement paralysée et que de nombreuses entreprises imposent le télétravail à leurs employés.

A l’issue des vacances du Nouvel an lunaire, prolongées de quelques jours, beaucoup de Chinois retournés dans leur région d’origine pour les fêtes font désormais route pour rejoindre les villes où ils résident.

Quelque 283 millions de trajets ont ainsi été accomplis dans le pays entre le 25 janvier et le 14 février, selon le vice-ministre des Transports Liu Xiaoming.

La banque centrale a aussi annoncé samedi que les billets usagés étaient désormais désinfectés et… placés en quarantaine jusqu’à 14 jours, avant d’être remis en circulation.

– Premier cas en Afrique –

La Chine continentale (hors Hong Kong et Macao) a pour l’heure enregistré 1.523 morts dus au coronavirus, selon des chiffres diffusés samedi. Au moins six membres du personnel soignant sont décédés, et plus de 1.700 médecins et infirmiers ont été contaminés.

Outre un mort également recensé sur le territoire chinois semi-autonome de Hong Kong, le Japon, les Philippines et la France sont les seuls autres pays ayant fait état de décès (un chacun) sur leur territoire.

Pour autant, l’épidémie de Covid-19 maintient le monde en alerte, avec près de 600 cas confirmés de contamination dans plus d’une vingtaine de pays.

L’Egypte a annoncé vendredi avoir enregistré le premier cas sur le continent africain.

Mais le principal foyer d’infection hors de Chine reste le paquebot de croisière Diamond Princess, en quarantaine au Japon: 285 cas de contamination y ont été confirmés, dont 67 nouveaux cas annoncés samedi.

Quelque 3.700 passagers et membres d’équipage restent confinés dans leurs cabines. Les Etats-Unis prévoient désormais d’évacuer des Américains se trouvant à bord, a annoncé samedi l’ambassade américaine à Tokyo.

– ‘Grand test’ –

La lutte contre le virus constitue « un grand test pour le système et les capacités de gouvernance du pays », a reconnu vendredi le président chinois Xi Jinping, admettant des « lacunes » et appelant à améliorer le système de santé national.

Après avoir initialement félicité Pékin pour son « travail très professionnel », les Etats-Unis avaient déploré jeudi un « manque de transparence de la part des Chinois », regrettant que le pays n’ait pas donné suite à la proposition d’envoi d’experts américains.

Les autorités sanitaires du Hubei avaient annoncé jeudi à la surprise générale un élargissement de leur définition des personnes atteintes de la pneumonie virale Covid-19.

– L’OMS à Pékin –

Jusqu’à présent, un test de dépistage était indispensable pour déclarer un cas « confirmé ». Dorénavant, les patients « diagnostiqués cliniquement », notamment avec une simple radio pulmonaire, seront aussi comptabilisés.

La nouvelle définition a automatiquement gonflé le nombre de personnes officiellement infectées, avec l’annonce d’une envolée de plus de 15.000 nouveaux cas de contamination jeudi.

Le nombre des nouveaux cas en Chine est cependant tombé samedi à 2.641, pour l’immense majorité au Hubei, le nombre de nouveaux cas en-dehors de la province (221) continuant de chuter.

Zhong Nanshan, un expert médical chinois vétéran de la lutte contre le Sras (2002-2003), a déclaré s’attendre à un pic de l’épidémie « d’ici la mi- ou fin-février ». Plus prudente, l’OMS juge elle qu’il est « beaucoup trop tôt » pour faire des prévisions.

A la suite d’une délégation arrivée plus tôt cette semaine, une équipe internationale d’experts de l’OMS devait arriver à Pékin ce week-end pour une mission conjointe avec leurs homologues chinois.

Ils réaliseront des inspections sur le terrain, passeront en revue les mesures de prévention, visiteront des centres de recherche et formuleront des recommandations pour contenir l’épidémie, a indiqué Mi Feng, porte-parole de la Commission nationale de la santé.

Au Kazakhstan, lumière inattendue sur les Dounganes après des violences

Khousseï Daourov était presque inconscient quand il a senti l’acier froid d’un pistolet sur sa tempe, après avoir été pris dans les violences inter-ethniques le week-end dernier dans le sud du Kazakhstan.

Ces affrontements entre la majorité kazakhe et une minorité musulmane d’origine chinoise, les Dounganes, ont fait onze morts, des dizaines de blessés et provoqué la fuite de plusieurs milliers de personnes au Kirghizstan voisin. En majorité, il s’agissait de Dounganes, qui sont 150.000 à travers l’Asie centrale.

Leader communautaire local, M. Daourov essayait d’apaiser les tensions quand un Kazakh lui a braqué un pistolet sur le visage. C’est un autre Kazakh qui est intervenu, convaincant le premier de le laisser partir.

Les yeux mouillés de larmes, une écharpe soutenant son bras cassé dans les heurts, l’homme d’une soixantaine d’années est réticent à blâmer ses « frères » kazakhs pour ce déchaînement de violence. « Ce ne sont pas les Kazakhs qui ont fait cela à notre peuple », assure-t-il. « C’étaient des bandits, des tueurs à gages ».

Il ne s’attendait pas à ce que, dans la nuit du 7 février, des centaines de Kazakhs prennent d’assaut le village à majorité doungane de Massantchi, environ 130 kilomètres à l’ouest d’Almaty, capitale économique du pays. Ces affrontements sanglants mettent en lumière les tensions latentes de cette région multi-ethnique.

Pour les Dounganes, la vie en Asie centrale s’avère pourtant calme par rapport aux répressions qui les ont fait fuir la Chine impériale au 19ème siècle. Installé à cheval sur les frontières kirghize et kazakhe, ce peuple revendique un héritage à la fois chinois et arabe et travaille principalement dans l’agriculture ou le petit commerce.

Leur dialecte, mélange de chinois et de farsi, les singularise dans une région dominée par les langues turciques, sans pour autant empêcher leur intégration.

– Conflit « impensable » –

Pour Batyrbek Toreïev, un fonctionnaire vivant dans le village de Karakemer, le raid soudain sur Massantchi était même « impensable »: « Nos familles sont amies avec leurs familles. On s’arrête les uns chez les autres », s’étonne-t-il, ajoutant que « ce qui est arrivée est arrivé, il faut continuer à vivre désormais ».

En Chine, les Dounganes sont connus sous le nom de Hui. Comme d’autres, ce groupe ethnique de dix millions de personnes est victime de la répression visant les musulmans dans l’ouest de la Chine.

Mais au Kirghizstan et au Kazakhstan aussi, certains ne cachent pas leur ressentiment, accusant les Dounganes de profiter de leur héritage culturel et linguistique commun pour commercer avantageusement avec la Chine.

En 2013, des dizaines de camionneurs dounganes auraient été passés à tabac par des chauffeurs kirghiz à un poste-frontière avec la Chine, où ils se disputaient des marchandises à ramener en Asie centrale. Et au début des années 2000, des maisons dounganes avaient été brûlées après un conflit avec des villageois kirghiz.

A l’époque, les Dounganes avaient trouvé refuge au Kazakhstan. Cette fois-ci, ce sont tous les groupes ethniques du Kirghizstan qui méritent un « énorme merci » pour avoir fourni nourriture, aide et logement aux Dounganes en fuite, affirme Khousseï Daourov.

Les traces d’affrontements n’ont pas complètement disparues à Massantchi mais l’Etat kazakh, qui a toujours vanté l’harmonie d’un pays où, selon le ministère des Affaires étrangères, « plus de 100 groupes ethniques vivent en paix », tente de rétablir un semblant de normalité.

Dans une mosquée, de vieux Dounganes partagent du riz avec des policiers d’ethnie kazakhe. Dans cette petite ville, la présence accrue des forces de l’ordre depuis les affrontements a été bien accueillie, assure-t-on.

– Colère palpable –

Ailleurs, des employés de l’administration régionale enlèvent les débris noircis de ce qu’il reste du plus grand supermarché de Massantchi. Parmi ces travailleurs, le ressentiment est palpable.

« Ils ont tabassé un de nos anciens », dit l’un d’eux, Ermek Saparov. Cet incident, deux jours avant les affrontements, aurait contribué à alimenter les appels à la violence, notamment sur les réseaux sociaux et les services de messagerie.

Son collègue Oulan Achirbek admet avoir été tenté de répondre aux appels à la vengeance mais avait du travail vendredi soir. Sa colère n’est pas retombée: « Vous voyez, c’était un magasin doungane mais ce sont les Kazakhs qui font tout le nettoyage ».

Un autre sujet alimentant le ressentiment envers les Doungane, et que l’AFP a vu circuler largement à travers les services de messagerie, est d’ordre linguistique: selon ces messages, les Dounganes privilégieraient les langues russe ou doungane à la langue kazakhe dans leur vie quotidienne.

Malik Iassyrov, un Doungane de 24 ans tué par balle, était pourtant professeur de kazakh dans un collège du village proche de Sortobe. « C’était un patriote. Il est allé à Massantchi défendre ses concitoyens », dénonce Aïche Gadir, sa mère, lors d’une cérémonie organisée à leur domicile pour les proches du jeune homme.

Toute la nuit, Malik Iassyrov était resté en contact avec sa mère. Il décrivait les scènes de meurtre et de pillage, suppliant sa mère d’emmener ses deux enfants au Kirghizstan. Vers une heure du matin, son téléphone s’est éteint. Ce n’est que le lendemain matin que Mme Gadir a appris la mort de son fils.

« Cela fait 150 ans que nous sommes ici. Pourquoi Allah nous punit ainsi? », demande-t-elle: « Comment pouvons-nous passer à autre chose? »

Législatives cruciales en Iran, la coalition gouvernementale en sursis

Les Iraniens sont appelés aux urnes le 21 février pour des élections législatives cruciales qui devraient signer le retour des conservateurs et accroître la pression sur le président Hassan Rohani déjà en difficulté.

Le scrutin intervient alors que la République islamique d’Iran est sous le coup de sanctions américaines asphyxiant son économie, et a été ces derniers mois au bord d’un affrontement militaire avec les Etats-Unis, son ennemi juré.

Le pays a aussi été secoué par des manifestations contre le gouvernement, notamment en raison d’une hausse subite du prix de l’essence.

Pas moins de 7.296 candidats aux 290 sièges du Parlement ont été disqualifiés contre 7.148 qualifiés par le Conseil des Gardiens, organe chargé de la validation des candidatures et dominé par les ultraconservateurs.

Fin janvier, M. Rohani, un conservateur modéré, a mis en garde contre les menaces pesant selon lui sur « la démocratie », après la disqualification de ces milliers de candidats, la plupart issus de la coalition gouvernementale formée par les modérés et les réformateurs.

– « Promesses » non tenues –

Ces disqualifications sont « sans précédent », estime le journaliste indépendant Farshad Ghorbanpour qui souligne la désillusion chez les électeurs.

« La principale différence avec les précédentes élections est qu’avant, la population croyait que leurs votes permettraient des réformes. Cet espoir a disparu pour une majorité d’Iraniens », dit-il.

« Le Parlement actuel est composé en majorité des réformateurs, et les gens estiment qu’ils n’ont rien accompli de sérieux. Le peuple a en conclu que son choix n’a aucune incidence », ajoute-t-il.

Selon des observateurs, les électeurs ayant soutenu M. Rohani pourraient bien rester chez eux le vendredi 21 février.

Mostafa Hamidi, 37 ans, vendeur au bazar de Téhéran, affirme à l’AFP qu’il n’ira pas voter, se disant déçu des « promesses non tenues » des politiciens et de la dégradation de la situation économique. « Notre vote ne sert à rien. »

Beaucoup d’habitants interrogés par l’AFP critiquent la mauvaise gouvernance selon eux des autorités.

« A chaque fois qu’on a voté, les choses ne se sont pas améliorées, elles ont empiré », estime Morteza Jaberi, qui a une échoppe de pièces détachées dans le quartier pauvre de Molavi (sud).

Elu en 2013 puis réélu en 2017, le président Rohani avait promis plus de libertés sociales et individuelles et assuré que les Iraniens allaient pouvoir bénéficier des fruits du rapprochement avec l’Occident.

Il a été l’instigateur, pour Téhéran, de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015. Ce pacte avait permis à l’Iran, pays pétrolier, de sortir de son isolement avec un allègement des sanctions internationales, en échange de garanties destinées à prouver que le programme nucléaire iranien n’avait aucune visée militaire.

Mais cet accord est menacé de voler en éclats depuis le retrait unilatéral américain en 2018 et le rétablissement par Washington des sanctions qui ont plongé l’économie iranienne dans une récession.

– Parlement « sur la touche » –

Par ailleurs, mi-novembre, l’Iran a connu une vague de contestation déclenchée par une hausse surprise du prix de l’essence, qui a été réprimée. Selon Amnesty International, la répression a fait au moins 304 morts.

Début janvier, les Etats-Unis ont tué dans une attaque de drone à Bagdad le puissant général iranien Qassem Soleimani, et des millions d’Iraniens lui ont rendu hommage dans un élan d’unité nationale.

Mais cette unité s’est ensuite fissurée. Après trois jours de déni, les forces armées ont reconnu avoir abattu par « erreur » un avion de ligne ukrainien (176 morts) après son décollage de Téhéran, ce qui a provoqué l’indignation de la population.

En l’absence de véritables concurrents, une grande coalition de conservateurs pourrait remporter largement les législatives, dont la campagne a débuté jeudi dans la discrétion.

Le Parlement, principal organe législatif de l’Iran, rédige les lois, ratifie les traités internationaux et approuve le budget.

Même si cette assemblée a été « de plus en plus mise sur la touche dans le processus de prise de décision », l’arrivée d’ultraconservateurs pourrait compliquer la tâche pour M. Rohani, relève Ellie Geranmayeh, analyste au Conseil européen des relations internationales.

Selon Henry Rome, analyste sur l’Iran à Eurasia group, la coalition gouvernementale de M. Rohani a même peu de chance de survie.

« Un Parlement ultraconservateur va tourmenter Rohani lors de la dernière année de son mandat, questionner ses ministres et compliquer la capacité du gouvernement à répondre aux pressions liées aux sanctions. »

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Afrique du Sud: vers la fin du quasi-monopole de l’électricité, les mines soufflent

L’Afrique du Sud, dont l’économie est handicapée par des délestages fréquents, a annoncé la fin du quasi-monopole de l’entreprise publique d’électricité Eskom, une mesure réclamée à cor et à cri depuis des années par l’industrie minière, clé pour le pays.

Depuis 2018, l’Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, a renoué, après un répit de trois ans, avec les délestages réguliers, jusqu’à plusieurs heures par jour.

La compagnie publique d’électricité Eskom, qui fournit plus de 90% de l’électricité dans le pays, n’arrive pas à répondre à la demande.

Ses centrales à charbon, principale source d’électricité en Afrique du Sud, sont vieillissantes et mal entretenues. Et le groupe – qui croule sous une dette abyssale de 26 milliards d’euros, résultat d’une mauvaise gestion et de pillage pendant la présidence de Jacob Zuma (2009-2018) – peine à les réparer.

Les coupures ont un effet « paralysant » sur l’économie, a reconnu jeudi soir le président sud-africain Ramaphosa lors de son discours annuel à la nation.

Alors pour « augmenter rapidement et de façon significative la capacité de production » d’électricité hors Eskom, il a annoncé une révolution: une série de mesures facilitant la production par les industriels de leur propre électricité. Les demandes dans ce sens seront examinées dans un délai de 120 jours.

L’annonce du chef de l’Etat a été immédiatement « saluée » par l’industrie minière, qui fait campagne depuis des années pour produire son électricité, notamment à base d’énergies renouvelables.

L’Afrique du Sud, pays très ensoleillé, dispose des conditions idéales pour l’énergie solaire et éolienne.

– « Bonne direction » –

Il y a quelques années, le géant sud-africain Sibanye-Stillwater avait obtenu l’autorisation de produire 50 mégawatts, « mais nous en avions demandé 150 », s’est plaint récemment son PDG, Neal Froneman, accusant Eskom de « protéger son monopole ».

Si tout se passe bien, ces déceptions pourraient être prochainement de l’histoire ancienne.

« Les compagnies minières seront bientôt (…) moins dépendantes d’Eskom », s’est réjouie jeudi soir la chambre des mines.

L’industrie minière a déjà en boîte « une série de projets énergétiques de 1,5 gigawatt qui peuvent être opérationnels dans les neuf à trente-six mois », a-t-elle précisé.

L’annonce du président Ramaphosa est un soulagement pour les mines – l’un des secteurs les plus gourmands en électricité – et l’industrie en général, alors que la croissance de l’Afrique du Sud est désespérément molle (0,8% en 2018).

C’est « un pas dans la bonne direction », a estimé l’analyste Raymond Parsons. « Il est impératif de réduire le risque qu’Eskom continue à faire peser sur l’économie sud-africaine. »

Les délestages d’Eskom sont « considérés comme l’une des principales menaces pesant sur l’économie sud-africaine », selon la chambre des mines. Ils « ont un effet dévastateur sur le secteur minier », a affirmé récemment son président, Roger Baxter.

En 2019, le secteur des mines, qui contribue à 8% du produit intérieur brut (PIB) sud-africain, s’est contracté de 1,3%.

En décembre, au plus fort des délestages, des mines ont fonctionné au ralenti.

Le groupe Petra Diamonds a dû fermer momentanément ses mines de Cullinan, Finsch et Koffiefontein. Ses mineurs ont dû être remontés d’urgence à la surface pour ne pas se retrouver bloqués dans les entrailles de la terre.

Le plan gouvernemental annoncé jeudi pourrait être la clé « pour éroder le monopole » d’Eksom, souligne l’agence de notation financière Fitch Ratings, mettant cependant en garde contre l’opacité entourant la délivrance des permis de production d’électricité.

Autoriser des sociétés minières « à apporter leurs propres solutions énergétiques signifie qu’on peut faire partie de la solution. C’est vraiment positif », a salué le président d’Anglo American, Mark Cutifani.

« Ce qui me rend triste, ajoute son concurrent Neal Froneman, est qu’il ait fallu attendre deux ans et une crise pour en arriver là. »

Chine-Vatican: rencontre historique entre ministres des Affaires étrangères

Un moment historique: des ministres des Affaires étrangères de Chine et du Vatican se sont rencontrés, une première en sept décennies et un nouveau signe de rapprochement depuis l’accord de 2018 sur la nomination des évêques.

Les deux Etats n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1951, en raison notamment de différends d’ordre religieux, Pékin se méfiant de toute influence religieuse étrangère sur son territoire.

Mais le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi et son homologue Mgr Paul Gallagher se sont entretenus vendredi à Munich (Allemagne), en marge de la Conférence sur la sécurité, a indiqué samedi le Quotidien du peuple, organe du Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir.

Des diplomates et représentants des deux Etats s’étaient déjà rencontrés. Mais une entrevue publique à ce niveau, lors d’un événement international, est inédite.

« C’est aujourd’hui la première rencontre entre des ministres des Affaires étrangères de Chine et du Vatican », s’est félicité Wang Yi, selon le compte-rendu publié par le Quotidien du peuple sur son site internet.

« Cela ouvrira davantage d’espace pour les futurs échanges entre nos deux parties », a-t-il déclaré devant Mgr Paul Gallagher, dont le titre officiel est secrétaire chargé des rapports avec les Etats.

– « Résultats positifs » –

Le PCC se méfie de toute organisation, notamment religieuse, pouvant menacer son autorité sur la Chine. Il s’est ainsi longtemps méfié de la potentielle influence politique du pape sur la stabilité sociale dans le pays.

La Chine compte de 10 à 12 millions de catholiques, sur une population totale de 1,4 milliard d’habitants.

Ces croyants sont partagés entre une Eglise officielle (dont le clergé est soumis aux autorités) et une Eglise clandestine, tirant sa légitimité de l’obéissance au pape et dont les membres sont parfois l’objet de persécutions et d’arrestations.

Dans la pratique, cette fracture entre catholiques s’est réduite depuis la signature en 2018 d’un accord historique Pékin-Vatican sur la nomination des évêques, lequel a permis de réchauffer les relations bilatérales.

Ce texte « provisoire » donne aux deux parties un droit de regard. Le pape François a reconnu des évêques chinois qui avaient été nommés par Pékin sans son aval; le gouvernement chinois a fait de même dans l’autre sens.

L’accord a permis « d’obtenir des résultats positifs », s’est félicité vendredi Wang Yi devant son homologue du Vatican, toujours selon le Quotidien du Peuple.

– Des blocages –

« La Chine est disposée à améliorer encore la compréhension et la confiance mutuelle avec le Vatican, afin que l’élan d’interaction positive entre les deux parties continue de progresser », a-t-il souligné.

Du côté du Saint-Siège, la secrétairerie d’Etat a salué dans un communiqué une rencontre tenue « dans un climat cordial ». Les deux hommes ont réitéré « la volonté de poursuivre le dialogue institutionnel au niveau bilatéral pour favoriser la vie de l’Eglise et le bien du peuple chinois ».

Le pape François ne cache pas son désir de renforcer la relation avec Pékin. Mais le rétablissement des liens officiels entre les deux Etats reste compliqué à concrétiser.

Notamment parce que le Vatican continue d’entretenir des relations diplomatiques avec Taïwan. Une situation de blocage, car cette île peuplée de 23 millions d’habitants est considéré par Pékin comme une province chinoise en attente de réunification.

Le rapprochement Chine-Vatican divise également au sein de l’Eglise. Si certains y voient un dialogue utile pour améliorer la situation des croyants chinois, d’autres sont méfiants face à un PCC qui appelle régulièrement à « siniser » les religions.

Virus: en Chine, des billets de banque mis en quarantaine

La Chine nettoie et met en quarantaine les billets de banque usagés dans l’objectif affiché de limiter la propagation du coronavirus, a annoncé samedi la banque centrale, tout en réaffirmant son soutien aux entreprises mises en difficulté par l’épidémie.

Les banques font usage de rayons ultraviolets ou de hautes températures pour désinfecter les billets, avant de les placer sous scellés et de les isoler pendant sept ou quatorze jours, a expliqué Fan Yifei, vice-gouverneur de la Banque centrale chinoise (PBOC).

Après cette période de « quarantaine », dont la durée dépend de la sévérité de l’épidémie du coronavirus dans la région concernée, les billets de banque peuvent être remis en circulation, a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse.

« Nous devons préserver la sécurité et la santé des usagers d’argent liquide », a martelé M. Fan, précisant que les transferts de billets entre provinces avaient été suspendus.

La PBOC semble répondre à une réticence accrue des Chinois d’utiliser de l’argent liquide par peur de contamination. Et ce même si les paiements mobiles sont omniprésents depuis des années dans le pays, la plupart des consommateurs chinois recourant à leur smartphone pour régler leurs achats au quotidien.

La banque centrale a par ailleurs réalisé avant les congés du Nouvel an lunaire fin janvier « une émission d’urgence » de nouveaux billets de banque pour un montant de 4 milliards de yuans (530 millions d’euros) à l’intention du Hubei (centre), province à l’épicentre de l’épidémie.

Face à l’épidémie de pneumonie virale, qui a fait plus de 1.500 morts et contaminé plus de 66.000 personnes en Chine, les opérations de désinfection se sont multipliées dans les lieux publics et les habitants sont incités à limiter les contacts entre eux.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la pneumonie Covid-19 se transmet essentiellement par voie respiratoire (par exemple dans les gouttelettes de salive) et par contact physique, mais également en touchant des surfaces contaminées.

Alors que certains analystes s’attendent à de possibles assouplissements monétaires pour relancer une économie paralysée par l’épidémie, Fan Yifei a simplement indiqué samedi que l’institution poursuivrait une politique monétaire « prudente ».

Sans exclure des marges de manoeuvre: le ratio des créances douteuses dans le bilan des banques « reste encore relativement bas », a ainsi insisté M. Fan.

Dans ce contexte, la CBRC, le gendarme chinois du secteur bancaire, appelle les banques commerciales à accroître leurs prêts aux entreprises tout en maintenant le coût du crédit « à un niveau raisonnable », a insisté son vice-président Liang Tao lors de la même conférence de presse.

Alain Souchon, voix des foules sentimentales

Toujours là, toujours à part: Alain Souchon est cet éternel adolescent de la chanson française, tout à la fois rêveur et pourfendeur de l' »ultra moderne solitude » contemporaine.

Son dernier –et superbe– disque « Ame fifties » a décroché le titre de meilleur album de l’année aux Victoires de la musique.

Comme à son habitude, derrière l’élégance des mélodies –troussées avec ses fils Pierre et Charles– se cache une certaine gravité, comme ces jeunes hommes envoyés hier en Algérie pour y faire la guerre ou l’ascenseur social en panne aujourd’hui.

Mais qu’est-ce qui le fait encore courir les scènes à 75 ans? « Quand je vois Mick Jagger, je me dis, s’il y a été, j’y vais aussi, même si ce n’est pas comparable bien sûr (rires) », racontait-il à l’AFP à l’automne 2019.

« J’entendrai constamment +Let’s Spend the Night Together+ (et de la chanter en interview), avec l’autre (Jagger) qui arrive comme un léopard! J’en suis fou de ça, ça m’exalte! », poursuivait-il enjoué.

Qu’est-ce qui résume mieux Souchon que sa chanson phare « Foule sentimentale », sacrée aux Victoires de la musique comme la plus marquante de la période 1985-2005? On y retrouve ce chanteur complexe, son éternelle « soif d’idéal » comme son incompréhension face à une société qui parfois « nous prend, faut pas déconner, dès qu’on est né, pour des cons ».

Un succès estampillé 100% Souchon: il en a signé paroles et musique, contrairement à bien d’autres de ses tubes mis en musique par son compagnon de route Laurent Voulzy, comme « J’ai dix ans », « Allô maman bobo », « Bidon », « La ballade de Jim », « C’est déjà ça »…

Avec sa chevelure indomptée, sa distanciation amusée face au star-system, Souchon cultive depuis toujours une image de Pierrot un peu lunaire, comme pour mieux oublier une enfance perturbée.

– « Patauger dans la semoule » –

Né le 27 mai 1944 à Casablanca (Maroc), il est élevé jusqu’à sept ans par un homme qui n’était pas son père mais dont il portait le nom, Kienast.

Le jeune Alain suit ensuite sa mère pour rejoindre son père biologique, Pierre Souchon, qui lui donne son nom. Mais ce père meurt quelques années plus tard dans un accident de voiture. En souvenir, Alain Souchon baptisera son premier fils Pierre et écrira à son père l’émouvante « Dix-huit ans que je t’ai à l’oeil » (1977).

Le chanteur confiait en 2015, dans un documentaire, avoir gardé de cette enfance perturbée une « envie de stabilité », que ce soit pour sa vie conjugale, son appartement ou ses voitures.

Il écrit ses premières chansons à l’adolescence, notamment à l’occasion d’un séjour en Angleterre, puis donne ses premiers concerts dans des cabarets parisiens comme ses références, Léo Ferré ou Guy Béart.

Il enregistre ses premières chansons au début des années 1970 mais il faut attendre la rencontre avec Laurent Voulzy, orchestrée par le directeur artistique Bob Socquet, pour que naisse son premier tube, « J’ai dix ans », en 1974.

« De deux chanteurs qui pataugeaient dans la semoule, on s’est retrouvés avec une chanson qui était au hit-parade! Alors on en a fait une autre, et puis une autre », confiait à l’AFP Souchon en 2014, année où les deux complices ont sorti leur premier album chanté en duo.

Cette collaboration fructueuse va constituer le fil rouge de la carrière de Souchon mais aussi de Voulzy, pour lequel le premier écrit de nombreuses paroles (« Rockollection », « Le soleil donne », « Belle-île-en-mer, Marie-Galante », « Le pouvoir des fleurs »).

Souchon, qui incarne à ses débuts la « nouvelle chanson française », va alors développer cette plume si singulière, oscillant entre poésie mélancolique et chronique sociale parfois grinçante.

Sa silhouette dégingandée s’est aussi promenée du côté du cinéma dans une poignée de films, avec un rôle resté célèbre dans « L’été meurtrier » aux côtés d’Isabelle Adjani.

Victoires de la musique: Clara Luciani, la grenade pop

C’est la belle histoire de la chanson française: loin du cliché du démarrage météorique, Clara Luciani a dû attendre près d’un an avant que ne détone « La grenade », son hit féministe.

Le nom de son album « Sainte-Victoire » semblait évidemment prédestiné pour les Victoires de la musique qui l’ont consacrée vendredi « artiste féminine ».

Mais que la reconnaissance fut longue. L’opus sort en avril 2018 et il faut attendre près de 12 mois pour que « La grenade » éclate sur les ondes. « Qu’est-ce que tu regardes?/T’as jamais vu une femme qui se bat/Suis-moi/Dans la ville blafarde/Et je te montrerai/Comme je mords, comme j’aboie ». Des paroles fortes, sur une trame électro, façon années 1980 revisitées, qui ont fait mouche.

Le titre a trouvé un bel écho dans le contexte #MeToo né de l’affaire Harvey Weinstein, mais s’est aussi inscrit dans le courant des nouvelles porte-voix du féminisme, comme Angèle avec « Balance ton quoi » ou Suzane avec « SLT ».

Le refrain « Prends garde/Sous mon sein la grenade/Sous mon sein là regarde » a aussi été récupéré pour des campagnes vantant le dépistage du cancer du sein. « Une politicienne a écrit des paroles en Belgique pour en faire un hymne écolo », confiait même Clara Luciani dans Le Parisien. « Heureusement, c’est assez proche de mes idées, mais j’aurais bien aimé que l’on me demande l’autorisation ».

– « Le tremblement essentiel » –

La chronologie de ce succès étonne encore aujourd’hui cette fille d’une aide-soignante et d’un employé de banque. « Ça a mis un temps fou! +La Grenade+ a commencé à être vraiment diffusée à la radio en janvier 2019 », souffle encore la chanteuse. Mais tout ira ensuite très vite pour celle qui s’est longtemps cherchée, en assurant des voix pour le groupe La Femme ou pour le chanteur Raphaël.

Elle sera ainsi sacrée « révélation scène » en février 2019. Et garde un souvenir fort des journées qui avaient précédé la cérémonie. « C’est l’exercice de chanter dans cette grande soirée qui me traumatisait. Je faisais des rêves où je manquais une marche, je tombais devant tout le monde ».

« En plus, j’ai une maladie qui s’appelle le tremblement essentiel », confiait-elle encore dans Le Parisien. « C’est neurologique, héréditaire, ma mère a ça aussi. Je tremble donc toujours un peu et c’est accentué par le stress, la fatigue… Et les Victoires, c’était la première télé où je n’ai pas trop tremblé, où on ne voyait pas à quel point j’étais effrayée ».

A 27 ans, la native de Martigues profite pleinement des concerts. Et parfois en famille, puisque sa sœur aînée, Léa – Ehla de son nom de scène – est également chanteuse. C’est elle qui avait assuré la première partie de Clara à l’Olympia en avril dernier.

Sur « Sainte-Victoire » on peut ainsi entendre « Ma soeur » que Clara dédie à Léa: « Personne ne croit en toi comme j’y crois/Personne, personne/Je serai là même s’il ne devait rester/Personne, personne ».

Philippe Katerine, l’homme à la tête de Chouan

Tellement décalé qu’il finit par être à sa place partout: Philippe Katerine, césarisé au cinéma, est désormais une valeur sûre de la chanson, plus libre que jamais après avoir passé le cap de la cinquantaine.

« Confessions », album-péplum complètement fou, a valu vendredi soir la Victoire de la musique de l’artiste masculin à ce Vendéen fier de l’être – il avait soutenu en chanson le petit club des Herbiers en Coupe de France.

Une nouvelle consécration pour ce faux-naïf qui a été reconnu sur le tard.

Le Vendéen débute sa carrière en 1991 sous l’unique nom de Katerine, avec le disque « Les mariages chinois ». Mais le succès n’arrive qu’une quinzaine d’années plus tard. En 2005, l’ancien étudiant en arts plastiques à Rennes fait un carton avec son huitième opus, « Robots après tout », clin d’oeil à l’album « Human After All » des Daft Punk. Son tube « Louxor, j’adore » lui permet d’accéder à une large audience.

L’homme aux pantalons à pattes d’éléphant vintage et pulls cintrés n’a pas fait que passer le mur du son. Il a aussi crevé l’écran. En 2019, il est récompensé par un César du meilleur second rôle pour son personnage de Thierry, employé de piscine timide au parler lent dans « Le Grand Bain ».

Depuis, l’hurluberlu dégarni enchaîne les piges au cinéma. On l’a ainsi vu dans des seconds rôles d’impresario aux tenues improbables dans « Yves » de Benoît Forgeard – pour qui il avait été aussi président de la République dans « Gaz de France » -, ou dernièrement d’adjoint au maire dans « Notre Dame » de Valérie Donzelli et de préfet dans « Merveilles à Montfermeil » de Jeanne Balibar.

– « Je suis timide » –

« C’est vrai que je suis timide », reconnaissait-il récemment auprès de l’AFP, affirmant que le cinéma est aussi pour lui un moyen de sortir de chez lui, où il resterait volontiers toute la journée à dessiner. Et bien sûr à créer une musique qui n’a plus de limites, comme « Confessions », qui brasse thèmes sociétaux et intimes. Du Katerine tout craché. Entre langue très crue ou enfantine.

Gérard Depardieu, beau-père de ce touche-à-tout qui vit avec Julie Depardieu, mère de deux de ses enfants, vient même y poser sa voix. Dans ce titre, « Blond », Katerine parle habilement du sort réservé au fil des âges à ceux qui n’ont pas cette couleur de cheveux, de l’esclavage aux contrôles au faciès.

On y entend le monument du cinéma reprocher à Katerine sa blondeur. « Je lui ai écrit sa partie, en lui disant +là, tu vois, tu me juges, tu m’engueules+ et ça, il sait très bien faire ça, pas de problème (rires) », confie-t-il à l’AFP.

Ce fan de hip-hop – l’album « Ye » de Kanye West est « un repère très fort » pour lui – s’offre aussi des duos avec Oxmo Puccino (« La Clef ») et Lomepal (« 88% », chanson qui dénonce l’homophobie).

Ainsi qu’une belle sucrerie avec Léa Seydoux dans « Rêve heureux ». « Elle avait un peu le désir de chanter, on s’est rencontrés et j’ai tout de suite accroché avec elle, je la trouve sensible, un peu sauvage, on s’est reconnus comme des cousins éloignés ». Elle lui dit « aimer » ses chansons depuis « qu’elle est jeune ». « Alors je lui ai écrit une chanson un peu à ma gloire, histoire de me faire du bien (rires), mais que des gens pourront chanter à d’autres: c’est une chanson de service à la personne ».

Chine-Vatican: rencontre historique entre ministres des Affaires étrangères

Pour la première fois, des ministres des Affaires étrangères de la Chine et du Vatican, deux Etats sans relations diplomatiques depuis des décennies en raison de différends d’ordre religieux, se sont rencontrés, a indiqué samedi un média officiel.

Le Chinois Wang Yi et son homologue Mgr Paul Gallagher se sont vus vendredi à Munich, a indiqué le Quotidien du peuple, organe du Parti communiste chinois (PCC). La ville allemande accueille en ce moment la Conférence sur la sécurité.

Une rencontre à ce niveau diplomatique est une première depuis au moins six décennies, le Vatican et la République populaire de Chine n’ayant plus de relations diplomatiques depuis les années 1950.

Elle intervient dans un contexte de réchauffement des relations bilatérales depuis la signature d’un accord historique en 2018 sur la nomination des évêques en Chine.

« C’est aujourd’hui la première rencontre entre les ministres des Affaires étrangères de la Chine et du Vatican », a déclaré Wang Yi.

« Cela ouvrira davantage d’espace pour les futurs échanges entre nos deux parties », s’est-il félicité selon le compte-rendu publié par le Quotidien du peuple sur son site internet.

Le PCC au pouvoir se méfie de toute organisation, notamment religieuse, pouvant menacer son autorité. Il s’est longtemps méfié du Vatican en raison de son influence potentiellement politique sur les catholiques chinois.

Les quelque 10 millions de catholiques de Chine sont censés ne fréquenter que les églises homologuées par l’Etat et dont le clergé est validé par le PCC. Mais beaucoup se rendent également dans des lieux de culte dirigés par des religieux fidèles au pape.

Aux termes de l’accord « préliminaire » signé en 2018, le pape François a reconnu des évêques chinois qui avaient été nommés par Pékin sans son aval. Le texte donne toutefois aux deux parties un droit de regard sur les nominations.

Malgré le rapprochement en cours, le rétablissement des liens officiels entre les deux Etats reste compliqué à concrétiser.

Sous pression, la Grèce prend le dossier migratoire à bras le corps

Mur flottant pour bloquer les canots de migrants, centres de rétention, reconductions à la frontière: sept mois après sa prise de fonctions, le gouvernement conservateur grec durcit sa politique en matière d’asile, sous la pression des îles égéennes exaspérées et au bord de l’asphyxie.

« La décongestion de nos îles est notre priorité numéro 1 », a déclaré à l’AFP le ministre des Migrations Notis Mitarachi, dans un geste d’apaisement vers les insulaires qui multiplient les actions de protestation parfois émaillées d’incidents.

Cinq ans après la grande crise migratoire de 2015, la Grèce, à nouveau première porte d’entrée des migrants en Europe, peine à gérer les procédures de demande d’asile dont près de 90.000 sont à ce jour en souffrance, dans un pays qui compte 112.000 exilés, selon les derniers chiffres officiels.

Premières impactées, les cinq îles égéennes, où les migrants continuent d’affluer quotidiennement en provenance de la Turquie voisine.

Plus de 38.000 personnes vivent dans des camps surpeuplés et insalubres prévus pour 6.200 places. Tentes et abris de fortune aux allures de bidonville y poussent comme des champignons aux abords de ces sites, suscitant exaspération et réactions de rejet aux relents xénophobes.

« Il est essentiel de transférer dans les prochaines semaines autant de demandeurs d’asile que possible sur le continent où ils pourront poursuivre leur procédure de demande d’asile », a déclaré à l’AFP le représentant du Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR) en Grèce, Philippe Leclerc, qui réclame « des conditions supplémentaires de réception » en Grèce continentale.

Après avoir transféré 9.000 demandeurs d’asile sur le continent (au lieu des 20.000 prévus) sur fond de grogne des habitants, le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis élu en juillet se focalise désormais sur les reconductions à la frontière des déboutés du droit d’asile.

« Le processus de retour sera accéléré » vers la Turquie et vers les pays d’origine, a précisé Notis Mitarachi.

– Accélération des procédures –

Condition sine qua non: les services grecs de l’asile devront rendre plus rapidement leurs verdicts. La nouvelle législation, entrée en vigueur en janvier et vivement critiquée par les ONG, le leur permet.

« Je pense qu’il serait raisonnable de traiter les cas en trois mois », a estimé Notis Mitarachi. Priorité sera donnée aux nouveaux arrivants: 25 jours maximum pour gérer la première demande et jusqu’à 60 jours en cas d’appel, avant une reconduction sine die à la frontière pour les déboutés.

En outre, l’octroi de l’asile en Grèce sera réversible tous les trois ans, selon la situation dans le pays d’origine, a tranché le gouvernement, contraint de rétablir un ministère des Migrations supprimé à son arrivée au pouvoir.

Et pour décourager encore les exilés de traverser la mer Egée, le gouvernement prévoit d’installer un mur flottant de 2,7 kilomètres de long et d’1,10 mètre de haut.

Un projet controversé qui attire les foudres des organisations non gouvernementales. Human Rights Watch le considère comme « insensé et potentiellement dangereux » pour les frêles canots de migrants qui viendraient s’y accrocher la nuit.

Amnesty International s’est alarmé d’un plan « qui suscite de graves inquiétudes sur les capacités des sauveteurs à continuer à venir au secours de personnes tentant la périlleuse traversée maritime vers Lesbos ».

Aux termes de sa nouvelle loi, la majorité de la droite Nouvelle Démocratie s’attaque aussi aux passeurs et aux éventuelles complicités, en prévoyant un registre des organisations humanitaires autorisées à intervenir auprès des migrants.

– « Camps prisons » –

Le gouvernement espérait au moins apaiser la colère des insulaires avec la fermeture des camps sordides de Moria (Lesbos), Vathy (Samos) et Vial (Chios), remplacés, à l’été, par de nouveaux centres « fermés ».

Mais élus et habitants exigent « le désengorgement immédiat et massif des îles », d’où leur rejet sans équivoque d’un projet voué, selon eux, à héberger toujours plus de migrants dans des « camps prisons ».

« Si nous acceptons un nouveau camp pour 7.000 personnes, il pourra accueillir officieusement 20 à 25.000 personnes », a déclaré le maire de Samos, Georgios Stantzos. La capacité de cinq camps sera théoriquement prévue pour 20.000 personnes.

Le projet suscite aussi les critiques d’ONG qui y voient une « violation du droit international sur l’asile ».

« Demander l’asile n’est pas un crime même si on a franchi irrégulièrement une frontière. Nous demandons (…) que la détention soit l’exception absolue », a déclaré Philippe Leclerc du HCR.

« Toute violation du règlement intérieur (des futurs camps) affectera négativement la demande d’asile et accélérera le processus de retour du délinquant », a pourtant prévenu le ministre des Migrations.

Mobilisation en ex-RDA contre les « pactes » électoraux avec l’extrême droite

L’élection du président de Thuringe grâce à l’extrême droite a provoqué un séisme en Allemagne: des milliers de personnes manifesteront samedi à Erfurt, capitale de cette région d’ex-RDA paralysée par la recomposition politique en cours.

Quelque 10.000 personnes sont attendues samedi après-midi à cette mobilisation sous le mot d’ordre « Pas avec nous, pas de pacte avec les fascistes: jamais et nulle part! »

La manifestation est organisée par des ONG, artistes, syndicalistes et responsables politiques, unis dans l’alliance #Unteilbar (« indivisible » en français) et soutenus par de nombreux mouvements tels que Fridays for Future ou Bund.

L’élection surprise le 5 février du libéral Thomas Kemmerich, grâce aux voix coalisées de la droite conservatrice et de l’extrême droite avait déjà provoqué nombre de rassemblements spontanés dans toute l’Allemagne.

– « Fin d’un tabou » –

Face au tollé, ce candidat du petit parti libéral FDP a jeté l’éponge 24 heures après son élection à une très courte majorité. Mais pour les organisateurs de la manifestation, le mal est fait.

« Cette élection marque la fin d’un tabou », s’est ému dans la presse allemande Maximilian Becker, porte-parole de l’alliance. « Nous voulons montrer que ce qui se passe en Thuringe ne restera pas sans réponse ».

Signe de la tension dans tout le pays, plusieurs locaux du FDP sont devenus depuis plusieurs jours la cible d’attaques dans toute l’Allemagne, rapporte le Spiegel.

D’autant que l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), le parti d’extrême droite créé en 2013, compte bien continuer à dynamiter le jeu politique allemand. En Thuringe, les institutions restent ainsi paralysées depuis plus d’une semaine.

L’extrême droite, accusée par Angela Merkel de vouloir « détruire la démocratie », menace désormais de porter ses suffrages, en cas de nouvelle élection à la tête de cette région enclavée, sur Bodo Ramelow. Cette personnalité de la gauche radicale était à la tête de la région jusqu’en 2019 et refuse catégoriquement tout apport de voix de l’autre extrémité de l’échiquier politique.

Les partis hors AfD doivent se réunir lundi à Erfurt pour trouver une porte de sortie à cette crise. Nouvelles élections? Coalition minoritaire? Plusieurs options sont sur la table pour gouverner cette région, concentré des incertitudes qui traversent le paysage électoral allemand.

L’onde de choc de cette crise politique continue d’ailleurs de se propager au delà des frontières du Land, dans une Allemagne confrontée à la fin, au plus tard en 2021, de l’ère Angela Merkel, au pouvoir depuis 14 ans.

– « Marche funèbre » –

Elle a ainsi provoqué la chute de la dauphine d’Angela Merkel, Annegret Kramp-Karrenbauer, qui a renoncé à la course à la chancellerie, faute d’être obéie par des cadres de son parti.

Certains membres du parti conservateur CDU, en particulier dans les régions d’ex-Allemagne de l’Est, sont en effet tentés par un rapprochement avec l’extrême droite, particulièrement puissante dans ces régions.

La rhétorique de l’AfD passe bien dans l’ex-RDA communiste, économiquement plus pauvre. En Thuringe, le revenu moyen annuel s’élevait ainsi en 2018 à 35.701 euros, contre 42.962 euros en moyenne en Allemagne, selon l’Office des statistiques.

Si le chômage y est à peine supérieur au taux fédéral (5,3% contre 5%), la Thuringe souffre d’être délaissée par les jeunes générations et d’un grave déficit de natalité. Plus d’un habitant sur 4 (25,7%) y est âgé de plus de 65 ans (21,5% en Allemagne).

Cette mobilisation contre l’extrême droite intervient aussi en pleines commémorations de la libération des camps nazis et du bombardement de la ville de Dresde il y a 75 ans.

Près de 1.500 militants néonazis, et de nombreux contre-manifestants, sont ainsi attendus samedi, sous étroite surveillance policière, dans cette ville de Saxe samedi. Ils défileront en une « marche funèbre » cultivant le mythe d’une « ville martyre », injustement sacrifiée par les Alliés.