Panafricanisme : l’Université de Lomé mobilise la jeunesse togolaise

Lomé, 9 décembre 2025 – À l’amphithéâtre Ampah Johnson du campus nord, l’Université de Lomé a accueilli ce mardi une grande rencontre consacrée à l’avenir du panafricanisme, avec un accent marqué sur le rôle central que doit jouer la jeune génération dans la construction d’une Afrique unie, forte et souveraine.

Sous l’intitulé « L’idéal panafricain dans le contexte actuel : défis et perspectives pour les jeunes », la journée a permis à plusieurs centaines d’étudiants de dialoguer directement avec des personnalités politiques et intellectuelles de premier plan du continent.

L'Université de Lomé a accueilli un débat majeur sur le panafricanisme avec les ministres des Affaires étrangères du Mali et du Niger (AES). L'enjeu : le rôle de la jeunesse dans la souveraineté africaine.

Présence stratégique des ministres de l’AES

 

Parmi les invités figuraient, notamment, deux ministres des Affaires étrangères de pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) : Abdoulaye Diop pour le Mali et Bakary Yaou Sangaré pour le Niger. Le philosophe camerounais Franklin Nyamsi, président de l’Institut Afrique des Libertés, a prononcé la conférence principale.

Côté togolais, ses conseillers Koffi Agnide et Eyana Edjaide représentaient le ministre Robert Dussey, tandis que le professeur Komlan Batawila, premier vice-président de l’Université de Lomé, et le professeur Essohanam Batchana, directeur de la Direction des affaires académiques et de la scolarité (DAAS), assuraient la coordination et la modération des débats.

L'Université de Lomé a accueilli un débat majeur sur le panafricanisme avec les ministres des Affaires étrangères du Mali et du Niger (AES). L'enjeu : le rôle de la jeunesse dans la souveraineté africaine.

 panafricanisme : la Jeunesse au cœur des enjeux de souveraineté

 

Au-delà des discours officiels, une interaction soutenue avec les étudiants a également marqué la séance. En effet, les questions ont porté essentiellement sur la place concrète de la jeunesse dans les processus de souveraineté africaine et sur les leviers que les États peuvent actionner pour accompagner l’engagement citoyen, l’entrepreneuriat et la créativité des nouvelles générations.

« Ce genre de réunion démontre que l’université et nos dirigeants se préoccupent de notre bien-être et de notre souveraineté. Ces échanges nous donnent l’opportunité de réfléchir à l’avenir de notre continent », a résumé un étudiant en science politique à la sortie de l’amphi.

En organisant cet événement, l’Université de Lomé renforce sa position d’incubateur de réflexion panafricaine et confirme sa volonté d’associer activement les jeunes aux grands débats qui déterminent le destin de l’Afrique. Cette démarche est saluée par les participants, qui y voient le signe d’une jeunesse togolaise de plus en plus impliquée dans les questions de souveraineté et d’unité continentale.

Football : Ludovic Assémoassa s’est éteint à 45 ans

Ce mardi 9 décembre 2025, une nouvelle glaciale a traversé le Togo comme un vent froid sur la savane en harmattan : Ludovic Assémoassa n’est plus. À seulement 45 ans, celui que tout le monde appelait encore « Ludo » a fermé les yeux, laissant derrière lui un vide que rien ne pourra combler. Un fils du pays, né le 18 septembre 1980 à Lyon mais togolais jusqu’au bout des crampons, vient de nous quitter, et le silence qui s’est abattu sur les stades, les cafés, les groupes de supporters, est plus parlant que tous les cris de joie qu’il avait su provoquer.

 

2006 : le symbole de la fierté brisée

 

On revoit encore son visage concentré, en juin 2006, sous le maillot des Éperviers en Allemagne. Il était là, solide, calme, impérial en défense, lors de la première et unique Coupe du monde du Togo. Ce jour-là contre la Suisse, quand ses ligaments ont lâché dans un craquement sinistre, tout un peuple a senti son cœur se déchirer avec le sien. Bien sûr, il n’a plus jamais été le même, et pourtant il n’a jamais pleuré sur son sort. Au contraire,  Il a continué, avec cette dignité tranquille qui faisait de lui un homme à part.

Ludovic Assémoassa, un défenseur hormone : la Carrière, le Combat et l’Héritage Humain

 

Formé à l’Olympique Lyonnais, passé par Clermont Foot où il a disputé plus de 120 matchs de Ligue 2 avec une régularité de métronome, puis exilé en Espagne à Ciudad Murcia et Grenade, Assémoassa incarnait ainsi cette génération rare : des défenseurs qui savaient jouer, qui lisaient le jeu, qui ne trichaient jamais. De plus, il incarnait la fierté discrète d’un Togo qui osait rêver plus grand que lui. C’est d’ailleurs sous le maillot des Éperviers du Togo qu’il a connu ses moments de gloire les plus intenses.

Mais sous la surface de cette carrière, Ludo menait un combat acharné : l’homme de 45 ans luttait en réalité depuis huit ans contre la maladie. Aussi, ces dernières semaines, alors qu’il puisait ses dernières forces, plusieurs de ses ex-coéquipiers de formation ou de route sont venus lui rendre visite pour lui donner courage et témoigner leur soutien à son épouse et à leurs trois enfants. D’ailleurs, ces marques de fraternité incluaient notamment ses amis de la formation lyonnaise, avec qui Ludovic Assémoassa avait remporté deux fois le prestigieux titre de champion de France des réserves professionnelles, en 1998 et 2001.

Finalement, ces dernières années, il avait rangé les crampons pour enfiler le costume d’entraîneur à Lyon-La Duchère. Là encore, il transmettait : la rigueur, le respect, l’humilité. D’ailleurs, ses joueurs parlaient de lui comme d’un grand frère. On disait qu’il ne criait presque jamais, qu’un regard suffisait.

Hommage à Ludovic Assémoassa (1980-2025). L'ancien Épervier de 2006 s'est éteint après huit ans de combat. Un portrait poignant du défenseur qui incarnait la dignité et la fierté togolaise.

L’hommage d’un peuple

 

Ce matin, l’Olympique Lyonnais, son club de cœur, a publié un message d’une sobriété déchirante : « Un homme profondément aimé nous a quittés. » Rien d’autre. C’était assez. Au Togo, les anciens coéquipiers de 2006 pleurent en silence. Les plus jeunes, qui ne l’ont connu qu’en vidéo, découvrent soudain qu’un morceau de leur histoire s’en va.

Il reste ces images, un peu jaunies : Assémoassa qui se relève toujours, qui encourage un partenaire, qui serre la main de l’arbitre même après un carton injuste. Il reste surtout cette sensation douce-amère : celle d’avoir perdu, trop tôt, l’un de ceux qui incarnaient le mieux ce que le Togo peut produire de plus beau – un homme droit dans ses bottes, fier sans arrogance, togolais jusqu’à l’âme.

Repose en paix, Ludo. Les Éperviers vont voler un peu moins haut ce soir. Car quelque part, dans le ciel d’Allemagne 2006, un défenseur élégant vient de rejoindre les étoiles qu’il avait aidées à faire briller.

Togo : Kara pourrait accueillir un parc industriel chinois

Kara, 9 décembre 2025 – Les promesses du Sommet de Beijing commencent à se concrétiser sur le terrain togolais, et  c’est la région de Kara qui pourrait en être la grande bénéficiaire, grâce à l’ambition d’un parc industriel porté par des investisseurs chinois.

 

Le FOCAC 2024, moteur de l’industrialisation

 

Quelques mois après les engagements historiques pris lors du Forum sur la Coopération Sino-Africaine (FOCAC 2024), une puissante délégation d’investisseurs et de patrons d’entreprises chinois séjourne depuis la semaine dernière au Togo pour étudier la faisabilité d’un parc industriel de nouvelle génération dans le nord du pays.

La Secrétaire générale de la Présidence du Conseil, Sandra Ablamba Johnson, a personnellement piloté vendredi 6 décembre une séance de travail décisive avec les hommes d’affaires chinois. « Au nom du Président du Conseil, j’ai reçu cette délégation venue explorer un partenariat industriel d’envergure », a-t-elle publié sur ses réseaux, confirmant que le projet est désormais entré dans sa phase opérationnelle.

Des investisseurs chinois visitent Kara pour lancer un parc industriel. Le projet, aligné sur le FOCAC 2024, vise à accélérer la décentralisation économique du Togo et créer des milliers d'emplois.

Parc industriel : des secteurs ciblés pour le Nord

 

De plus, Les partenaires du chinois ont clairement identifié les secteurs ciblés, et ils correspondent aux filières où la région de Kara dispose d’un fort potentiel de matières premières et de main-d’œuvre : agro-transformation, énergies renouvelables, assemblage de tracteurs et de machines agricoles, fabrication de câbles et de matériels électriques.

« L’objectif est simple : accélérer l’industrialisation du Togo, transformer sur place nos productions agricoles, et créer des milliers d’emplois qualifiés loin de Lomé », a martelé Sandra Johnson.

Parc industriel : une rupture stratégique et géographique

 

Si le projet aboutit, ce nouveau hub viendrait compléter la Plateforme Industrielle d’Adétikopé (PIA) et marquerait une vraie rupture : en effet, pour la première fois, le grand nord togolais accueillerait aussi  une zone industrielle moderne, portée par des capitaux chinois et alignée sur la vision de décentralisation économique du gouvernement.

Le timing est parfait : il y a quelques jours seulement, le Togo a signé avec l’ONUDI un programme-cadre 2026-2030 dédié à l’industrialisation et à la transformation locale des matières premières.

Après des décennies où l’essentiel des investissements se concentrait dans le Grand Lomé, la région de Kara se prépare également à vivre son propre décollage industriel. Les Chinois ont promis une réponse définitive avant la fin du premier trimestre 2026.

Des investisseurs chinois visitent Kara pour lancer un parc industriel. Le projet, aligné sur le FOCAC 2024, vise à accélérer la décentralisation économique du Togo et créer des milliers d'emplois. Des investisseurs chinois visitent Kara pour lancer un parc industriel. Le projet, aligné sur le FOCAC 2024, vise à accélérer la décentralisation économique du Togo et créer des milliers d'emplois.

 L’industrialisation du Nord : condition sine qua non de la cohésion

 

L’initiative du parc industriel de Kara, portée par les capitaux chinois et l’ambition du gouvernement, est bien plus qu’un simple projet économique. Elle est la preuve que la décentralisation n’est plus un vœu pieux, mais une stratégie active visant à rééquilibrer le développement du pays. Si la Plateforme d’Adétikopé a servi de vitrine, Kara se positionne comme le futur hub d’agro-transformation capable d’ancrer durablement la richesse dans le Nord.

En somme, ce projet marquera la fin d’une époque où l’investissement se concentrait exclusivement autour de la capitale. Tous les regards sont désormais tournés vers le premier trimestre 2026, date à laquelle la délégation chinoise doit rendre son verdict. Le succès de cette industrialisation au nord est la condition sine qua non pour transformer la vision de cohésion nationale en une réalité économique tangible pour des milliers de Togolais.

Lomé : Angèle Prudence Eyou, 21 ans, élue Miss Togo 2026

Lomé, 9 décembre 2025 – Dans une atmosphère électrique et multicolore, le Palais des congrès de Lomé a couronné samedi soir une nouvelle icône de la beauté togolaise. À 21 ans, l’étudiante en troisième année de comptabilité et contrôle-audit Angèle Prudence Eyou a conquis le jury et le public, succédant ainsi à Nadiratou Afolabi pour porter la couronne nationale durant toute l’année 2026.

Angèle Prudence Eyou, étudiante en comptabilité, est Miss Togo 2026. Son sacre à Lomé récompense l'alliance de la beauté et de l'éloquence, ouvrant la voie à son projet d'autonomisation des jeunes filles.

Grâce des Plateaux et éloquence intellectuelle

 

Originaire de la région des Plateaux et mesurant 1,82 m pour 67 kg, la jeune femme a brillé par son aisance naturelle lors des épreuves phares de cette 30ᵉ édition anniversaire. Ainsi, de l’autoprésentation en tenue traditionnelle à la danse envoûtante – où elle a interprété l’Atikpè, une chorégraphie emblématique des Adja –, en passant par les échanges oraux et la redoutable « tenue de vérité », Angèle a su allier grâce physique et profondeur intellectuelle. Parmi les 19 concurrentes issues des cinq régions du pays, elle s’est imposée face à une concurrence acharnée, laissant une empreinte indélébile sur cette soirée qui célébrait trois décennies de promotion de la femme togolaise.

Le moment décisif est survenu lors d’une question piège sur les qualités humaines irremplaçables face à l’essor de l’intelligence artificielle. Alors, « L’IA excelle dans les calculs, mais l’intuition, l’empathie et la morale restent des domaines réservés à l’humain », a-t-elle répliqué avec une éloquence qui a captivé l’assemblée. Une réponse qui, selon les observateurs, a scellé son triomphe et symbolisé une génération prête à marier tradition et modernité.

Angèle Prudence Eyou, étudiante en comptabilité, est Miss Togo 2026. Son sacre à Lomé récompense l'alliance de la beauté et de l'éloquence, ouvrant la voie à son projet d'autonomisation des jeunes filles.

Des millions pour un engagement social

 

Accompagnée de ses dauphines – Birénam Généviève Epiphanie Teno en première, suivie de Mawuena Bienvenue Latré Lawson, Ilétou Fleur Assogba et Djamila Salé –, Angèle n’a pas caché son émotion au moment de recevoir sa couronne des mains de sa prédécesseure, Nadiratou Afolabi. « Ce titre n’est pas une récompense pour moi seule, mais un engagement collectif envers toutes les filles du Togo », a-t-elle lancé, sous les applaudissements d’un public conquis, où se mêlaient anciens lauréats, invités internationaux comme la Miss Sénégal et la Miss Bénin, et des milliers de spectateurs.

La soirée, rythmée par des performances endiablées de l’Orchestre Douce Mélodie de Togoville, de l’humoriste Jocelyn Dogbo, et des artistes Nikanor et Tony X, a transformé l’événement en une véritable fête culturelle.

Toutefois, au-delà du glamour, les enjeux sont concrets. La nouvelle reine repart lestée de généreux lots : une voiture Geely flambant neuve valant 15 millions de FCFA, un financement de 10 millions pour un projet social via Moov Africa Togo, une enveloppe de 5 millions de la Société des Postes du Togo, sans oublier des voyages internationaux pour porter les couleurs togolaises à l’étranger. Gaspard Kodjo Baka, président du Comité national Miss Togo, a d’ores et déjà annoncé que l’équipe examinera dès lundi le dossier de son initiative citoyenne, centrée sur l’autonomisation économique des jeunes filles par des formations et des soutiens financiers.

Angèle Prudence Eyou, étudiante en comptabilité, est Miss Togo 2026. Son sacre à Lomé récompense l'alliance de la beauté et de l'éloquence, ouvrant la voie à son projet d'autonomisation des jeunes filles.

Angèle Prudence Eyou : ambassadrice de l’entrepreneuriat féminin

 

Avec ce sacre, Angèle Prudence Eyou s’annonce comme une ambassadrice active : loin des podiums éphémères, elle promet de transformer sa notoriété en leviers pour l’éducation et l’entrepreneuriat féminin. Une mission qui, dans un Togo en pleine effervescence panafricaine, pourrait bien propulser la beauté nationale vers des horizons encore plus inspirants.

Le commerce entre la Chine et la Togo bondit de 56 %

Lomé, 9 décembre 2025 – C’est une annonce qui fait l’effet d’une bombe dans les milieux économiques togolais : le commerce entre la Chine et le Togo a explosé pour atteindre 4 milliards de dollars sur les neuf premiers mois de 2025, soit une hausse spectaculaire de +56,4 % par rapport à la même période de 2024.

L’ambassadeur de Chine au Togo, SEM Wang Min, a dévoilé ces chiffres le 5 décembre dernier lors d’un point de presse organisé à la résidence de l’ambassade.

La Chine et la Togo : l’effet « Zéro Tarif » du FOCAC 2024

 

Le plus marquant, c’est que les exportations togolaises vers la Chine ont été multipliées par cinq en un an. Ce bond dépasse largement les traditionnels phosphate, coton ou café, grâce à l’émergence de nouvelles filières soutenues par la politique de diversification portée par le gouvernement.

En effet, « le Togo profite à plein régime de la suppression totale des droits de douane que la Chine a accordée à tous les produits africains éligibles depuis le Sommet FOCAC de 2024 », a expliqué Wang Min. Cette mesure « zéro tarif », décidée par le président Xi Jinping, commence donc à produire des effets concrets sur le terrain.

Les exportations du Togo vers la Chine ont été multipliées par cinq en 2025 grâce au "zéro tarif". Le pays attend l'homologation du soja, un marché colossal pour la filière agricole.

Soja : un marché colossal sur le point de s’ouvrir

 

L’annonce la plus importante est cependant venue sur le soja. Premier consommateur mondial de cette légumineuse, Pékin finalise actuellement les dernières vérifications sanitaires et phytosanitaires.

« Nous sommes dans le compte à rebours pour l’homologation officielle du soja togolais », a confirmé l’ambassadeur, laissant entendre qu’une décision positive pourrait intervenir dans les toutes prochaines semaines. Cette homologation ouvrirait une voie royale et des revenus colossaux pour la filière agricole togolaise – déjà en pleine structuration avec des investissements massifs en mécanisation et en unités de transformation locale. Elle permettrait au Togo de profiter de la volonté de diversification des fournisseurs de la Chine, premier importateur mondial de soja.

La Chine et la Togo : un partenariat stratégique renouvelé

 

Selon Wang Min, ce dynamisme commercial illustre parfaitement l’élévation des relations sino-togolaises au rang de « partenariat stratégique global », actée l’an dernier à Beijing entre Xi Jinping et Faure Essozimna Gnassingbé. « Nous avons franchi un cap historique, mais le potentiel reste immense et largement inexploité », a martelé Wang Min, qui voit dans le Togo un partenaire clé de la présence chinoise en Afrique de l’Ouest.

En clair, après les infrastructures et les projets phares structurants, c’est désormais le commerce des produits agricoles et transformés qui devient le nouveau fer de lance de la coopération sino-togolaise. Et le soja pourrait bien en être la prochaine star. En quelques années, le Togo s’impose ainsi comme un partenaire commercial de premier plan pour l’Empire du milieu en Afrique de l’Ouest, avec une trajectoire qui donne le vertige.

Ogou : Les maires co-construisent le budget régional

Atakpamé, 8 décembre 2025 – La salle des délibérations de la mairie d’Atakpamé a accueilli ce lundi matin une réunion peu ordinaire : pour la première fois, les maires des quatre communes de la préfecture de l’Ogou (Atakpamé, Danyi, Ogou 1 et Ogou 2) se sont assis autour de la même table avec le Conseil régional des Plateaux pour co-construire le futur budget régional.

 

Ogou : vers la mutualisation des projets préfectoraux

 

Conduite par le vice-président du Conseil régional, Kasségné Adjonou, et en présence du secrétaire général de la préfecture, Kpapou Kondo (représentant le préfet), la région est venue avec un message clair : le budget 2026 réservera une enveloppe spécifique à des projets « à vocation préfectorale » portés et parrainés par la région, mais uniquement sur proposition concertée des communes.

Kasségné Adjonou a déclaré clairement : « Nous voulons des projets qui franchissent les frontières communales et qui bénéficient à toute la préfecture. » Il a ensuite ouvert largement la porte aux idées : pistes rurales reliant plusieurs cantons, marchés régionaux modernes, forages et adductions d’eau dans les lycées et collèges, équipements collectifs… Toutes les propositions sont les bienvenues, pourvu qu’elles relèvent des compétences de la région et qu’elles servent réellement plusieurs communes à la fois.

Le maire d’Atakpamé, Dr Komlan Mensah Kassamada, qui recevait la rencontre, a salué cette approche « enfin collaborative » et insisté sur la nécessité de sortir des logiques de clocher pour penser l’Ogou comme un seul et même bassin de vie.

Une petite révolution dans la subsidiarité

 

Après deux heures d’échanges animés, plusieurs pistes concrètes ont déjà émergé : réhabilitation de l’axe Atakpamé–Kamassi–Danyi, création d’un marché de gros intercommunal, ou encore un programme d’adduction d’eau dans une dizaine d’établissements scolaires répartis sur les quatre communes.

Les travaux reprendront demain, mardi 9 décembre, à 15 heures, toujours à la mairie d’Atakpamé, pour arrêter définitivement la liste des deux projets prioritaires que la préfecture soumettra au Conseil régional. Une fois validés, ceux-ci seront officiellement parrainés par le préfet et inscrits en bonne place dans le budget 2026 de la région des Plateaux.

C’est une petite révolution dans la gouvernance locale : pour la première fois, ce ne sont plus seulement les élus régionaux qui décident seuls, mais bien les communes qui proposent et la région qui exécute, dans un esprit de subsidiarité revendiqué. À suivre.

Kara : l’Université forme les « Citoyens-Acteurs »

Kara, le 8 décembre 2025 – Pendant dix jours, du 8 au 17 décembre 2025, le campus Nord de l’Université de Kara vibre au rythme d’une session de formation pas comme les autres. Organisée par le Programme Campus Citoyen, cette initiative cible particulièrement les étudiants en fin de cycle et vise à les préparer concrètement à l’entrée sur le marché du travail tout en cultivant chez eux un esprit citoyen et responsable.

Une boîte à outils pratique pour le marché de l’emploi

 

Au menu, une boîte à outils dense pour les futurs professionnels : rédiger une lettre de motivation qui fait mouche, maîtriser les outils informatiques indispensables, soigner sa présentation orale et écrite, rédiger un rapport professionnel, ou encore comprendre les codes administratifs du monde du travail. L’idée n’est pas seulement de leur donner des « trucs et astuces » pour décrocher un emploi, mais plutôt de les doter d’une véritable posture éthique face aux réalités professionnelles.

La séance d’ouverture a été assurée par M. Égbaou Assote, Secrétaire général de l’université, qui a insisté sur les attentes précises des employeurs en matière de rigueur administrative et de professionnalisme. Un ton franc et direct qui a immédiatement placé la barre haut concernant les exigences de cette formation.

L'Université de Kara lance le Programme Campus Citoyen (8-17 déc.) pour les étudiants de fin de cycle. L'objectif : améliorer l'employabilité et former des diplômés responsables, conscients de leur rôle.

Au-delà du diplôme : former des citoyens-acteurs

 

Par ailleurs, au-delà des compétences techniques, le Programme Campus Citoyen veut former des diplômés capables de s’engager activement dans la société. Ainsi, autonomie, initiative et sens des responsabilités sont les mots qui reviennent souvent dans les échanges entre formateurs et étudiants.

En conclusion, en lançant cette session, l’Université de Kara et ses partenaires affichent clairement leur ambition : faire en sorte que les futurs lauréats ne soient plus seulement des « diplômés sur le papier », mais des citoyens-acteurs, immédiatement opérationnels et conscients de leur rôle dans le développement du pays. Une démarche qui, à quelques mois de la remise des parchemins, tombe à point nommé.

Lomé : Ouverture sous tension du 9e Congrès panafricain

Lomé, le 8 décembre 2025 – Au Palais des congrès de Lomé, les drapeaux africains flottent fièrement ce lundi matin, tandis que des centaines de délégués affluent pour l’inauguration du 9e Congrès Panafricain, un événement historique. Prévu jusqu’au 12 décembre, ce rassemblement réunit chefs d’État, intellectuels, activistes et représentants de la diaspora autour d’une réflexion ambitieuse sur l’avenir du continent. Pourtant, dans les rues environnantes, l’ambiance est loin d’être festive : une présence policière massive encadre la capitale togolaise, car un appel à la mobilisation populaire menace de perturber les débats.

Lomé accueille le 9e Congrès Panafricain (8-12 déc.). Objectifs : Réparations, réforme de l'ONU, et la Diaspora. Analyse des débats, de l'idéal d'unité africaine et des tensions politiques internes au Togo.

 9e Congrès Panafricain : l’ambition d’un panafricanisme renouvelé

 

Organisé conjointement par le gouvernement togolais et l’Union africaine, ce sommet marque le retour d’une tradition séculaire, huit ans après l’édition d’Accra au Ghana. Lancé en 1900 à Londres pour dénoncer les ravages de la colonisation, le mouvement des congrès panafricains a depuis évolué pour embrasser des enjeux contemporains, comme l’égalité des droits et la solidarité transatlantique. Cette neuvième mouture, préparée depuis mai 2023 via six conférences régionales – de Bamako à Alger en passant par des hubs diasporiques en Europe et aux États-Unis –, vise à repositionner l’Afrique comme un acteur pivot sur la scène mondiale.

 

Au cœur des discussions, on trouve un programme thématique audacieux, intitulé « Renouveau du panafricanisme et rôle de l’Afrique dans la réforme des institutions multilatérales : mobiliser les ressources et se réinventer pour agir ». Les panels exploreront la restitution des artefacts pillés lors de l’ère coloniale, les réparations pour les crimes historiques contre les peuples noirs, et l’intégration accrue de la diaspora – reconnue comme la « sixième région » de l’Afrique par l’UA.

 

Des voix influentes, comme celle de Nathalie Yamb, militante suisso-camerounaise et conseillère diplomatique nigérienne, ou Samia Nkrumah, fille du fondateur ghanéen Kwame Nkrumah, promettent des échanges vifs sur l’autonomie économique et culturelle. Ainsi, à l’issue des travaux, une Déclaration de Lomé et un « livre blanc » devraient tracer les contours d’une feuille de route collective, alignée sur la Décennie des racines africaines et de la diaspora (2021-2031).

 

 Ouverture officielle du 9e Congrès Panafricain : Plaidoyer pour un « panafricanisme pragmatique »

 

Le président du Conseil togolais Faure Essozimna Gnassingbé a présidé l’ouverture officielle, soulignant un « panafricanisme pragmatique » qui unirait peuples, marchés et savoirs. Le ministre des Affaires étrangères, Robert Dussey, a ensuite enchaîné avec un plaidoyer pour une Afrique « jeune, forte et déterminée à ne plus être modelée par d’autres ». Parmi les premiers intervenants, on a salué des artistes comme ceux du collectif Belabélo pour leur rôle dans la promotion d’une identité culturelle unifiée, tandis que des juristes et économistes plaidaient pour une réforme des instances comme l’ONU ou la Banque mondiale, où le continent reste sous-représenté.

Lomé accueille le 9e Congrès Panafricain (8-12 déc.). Objectifs : Réparations, réforme de l'ONU, et la Diaspora. Analyse des débats, de l'idéal d'unité africaine et des tensions politiques internes au Togo.

La réalité du terrain : une ville sous quadrillage

 

Cependant, ce tableau idyllique cache une réalité plus âpre. Dès le week-end, des patrouilles motorisées et des barrages aux carrefours stratégiques ont quadrillé la ville, transformant Lomé en un bastion fortifié. Ces mesures, justifiées par le gouvernement comme un rempart contre les « troubles potentiels », répondent directement à un appel lancé par le Mouvement du 6 Juin (M66), un collectif citoyen né en ligne il y a six mois. Ce dernier dénonce l’organisation d’un tel sommet dans un contexte de « dérive autoritaire », pointant du doigt la pauvreté endémique, l’inflation galopante et les restrictions aux libertés publiques. « Comment célébrer l’émancipation africaine dans un pays où le pouvoir se perpétue par la force, au mépris des urnes ? », interroge un de ses soutiens sur les réseaux, évoquant la réforme constitutionnelle récente qui aurait verrouillé une longévité au sommet contestée par l’opposition.

Lomé accueille le 9e Congrès Panafricain (8-12 déc.). Objectifs : Réparations, réforme de l'ONU, et la Diaspora. Analyse des débats, de l'idéal d'unité africaine et des tensions politiques internes au Togo.

Un boycott symbolique contre la longévité au pouvoir

 

Le M66, sans hiérarchie formelle mais porté par une mobilisation numérique et des appuis diasporiques, avait fixé le 8 décembre comme date symbolique pour une « grande marche » visant à marquer les 20 ans de règne de Faure Gnassingbé. Des pétitions en ligne, comme celle de TogoDebout, appellent même au boycott total de l’événement, accusant les participants de « blanchir » un régime soupçonné de réprimer les voix dissidentes. D’ailleurs, des figures panafricanistes radicales, tel Kemi Seba, ont publiquement décliné l’invitation, qualifiant le congrès de « mascarade opportuniste ». D’autres, tel l’historien Amzat Boukari-Yabara, dénoncent un « révisionnisme historique » qui détournerait l’héritage anticolonial pour des fins diplomatiques.

 9e Congrès Panafricain : l’Afrique face à ses propres contradictions

 

Malgré ces remous, les autorités togolaises insistent sur la sérénité des lieux : « Lomé s’éveille librement et sereinement », ironise un observateur pro-gouvernemental , moquant les « clowns au nez rouge » des opposants. Jusqu’à présent, aucun incident majeur n’a été signalé, mais la vigilance reste de mise. Ce congrès, reporté d’octobre 2024 pour affiner les préparatifs, pourrait ainsi devenir un miroir des fractures internes au continent : entre un idéal d’unité et les luttes pour la démocratie locale, l’Afrique se cherche un chemin incertain. Reste à voir si la Déclaration finale portera l’élan d’une renaissance, ou les échos d’un débat avorté par les ombres de la rue.

Ouattara prête serment pour un nouveau quinquennat

Abidjan, 8 décembre 2025 – Sous un ciel clair et une brise océanique légère, le Palais présidentiel du Plateau, cœur historique d’Abidjan, a vibré d’une solennité protocolaire impeccable. À 83 ans, Alassane Ouattara, réélu triomphalement le 25 octobre dernier, a prêté serment pour un quatrième mandat à la tête de la Côte d’Ivoire. En effet, devant un parterre de chefs d’État africains, de dignitaires internationaux et de milliers de citoyens rassemblés, ce rituel constitutionnel a scellé l’entrée dans un nouveau quinquennat, marqué par des engagements renouvelés envers la stabilité et le développement. Chronologie détaillée d’une journée qui, au-delà des formalités, interroge l’avenir d’une nation en pleine mutation économique et politique.

 

Le processus électoral : une victoire confirmée dans un contexte tendu

 

L’ascension d’Alassane Ouattara vers ce nouveau quinquennat, qualifié de « quatrième mandat » par ses détracteurs, s’ancre dans un scrutin présidentiel tenu le 25 octobre 2025. L’opposition, largement réprimée, avait appelé à un boycott massif, ce qui a maintenu le taux de participation à un faible 50,10 %. Le chef de l’État sortant a ainsi récolté 89,77 % des suffrages exprimés, une domination entérinée le 4 novembre par le Conseil constitutionnel, malgré la contestation.

Ce scrutin a été marqué par de lourdes controverses. L’opposition a dénoncé non seulement des irrégularités, mais aussi l’exclusion de candidats clés, comme l’ancien président Laurent Gbagbo et Tidiane Tiam. Plus grave, les semaines précédant le vote ont été émaillées de manifestations et d’un boycott actif, entraînant l’emprisonnement de plusieurs leaders et militants de l’opposition. Bien que les observateurs internationaux – notamment l’Union africaine (UA) et la CEDEAO – aient salué un processus globalement pacifique, la répression des voix dissidentes alimente les accusations de « dérive autoritaire » et interroge sérieusement la maturité démocratique post-crise de la Côte d’Ivoire.

 

Cérémonie d’investiture d’Alassane Ouattara : Solennité et faste diplomatique 

 

La journée a débuté aux premières heures par un renforcement sécuritaire massif autour du Palais présidentiel, avec des barrages routiers et des hélicoptères survolant le skyline abidjanais. À 10 h précises (GMT), la cérémonie s’est ouverte dans la grande salle des actes du palais. Devant les neuf juges du Conseil constitutionnel, Alassane Ouattara, vêtu d’un costume sombre impeccable, a posé la main gauche sur la Constitution de 2016 et levé la droite pour prononcer le serment solennel :

« Devant le peuple souverain de Côte d’Ivoire, je jure solennellement et sur l’honneur de respecter et de défendre fidèlement la Constitution, d’incarner l’unité nationale et de remplir consciencieusement les devoirs de ma charge dans l’intérêt supérieur de la Nation, » a-t-il déclaré.

Par ailleurs, le Conseil constitutionnel a fait suivre ce rituel de la remise du Grand Collier de l’Ordre National, distinction suprême.

 

Une constellation de leaders africains

 

L’événement a réuni une constellation de figures continentales et mondiales, transformant l’investiture en un sommet informel sur la gouvernance ouest-africaine. Au total, une dizaine de présidents ont convergé vers Abidjan, dont Bassirou Diomaye Faye (Sénégal), Ismaïl Omar Guelleh (Djibouti), Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville), ainsi que Brice Clotaire Oligui Nguema (Gabon), Umaro Sissoco Embaló (Guinée-Bissau) et John Dramani Mahama (Ghana), l’ancien Président Issoufou Mahamadou, président de la Fondation FIM. Le vice-président nigérian Kashim Shettima et le président de la Commission de la CEDEAO, Omar Touray, étaient également présents, soulignant l’importance régionale.

Sur le plan international, la présence de Jacob Helberg, secrétaire d’État américain aux Affaires économiques, a marqué un temps fort. Représentant l’administration Trump, il a symbolisé l’engagement des États-Unis pour une « prospérité économique via les technologies clés et la sécurité partagée ». Des émissaires de l’Union européenne, de la Chine et du Japon ont complété ce tableau diplomatique. Pendant ce temps, les abords du palais ont aussi accueilli des milliers de supporters du RHDP, avec des chants traditionnels et des danses qui ont rythmé l’arrivée des invités, diffusées sur des écrans géants dans les quartiers populaires.

 

Discours et vision du quinquennat

 

Immédiatement après le serment, Alassane Ouattara s’est adressé à la nation lors d’un discours d’une quarantaine de minutes, retransmis en direct par la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI) et les chaînes privées. Prenant un ton humble et visionnaire, il a d’abord exprimé « sa profonde gratitude envers les électeurs », qualifiant ce choix de « victoire de la démocratie, de la paix et de la stabilité ».

Les axes majeurs de son intervention ont dessiné les contours d’un mandat placé sous le signe de  » l’audace, de l’innovation et de la transmission générationnelle. » Ouattara a insisté sur la nécessité de consolider les acquis précédents : modernisation des infrastructures, réforme économique (visant à diversifier les revenus au-delà du cacao, qui représente 40 % des exportations), et amélioration du cadre de vie (promettant l’accès à l’eau potable pour 90 % de la population d’ici 2030). Il a également promis une accélération des réformes sociales, avec un focus crucial sur l’emploi des jeunes, une catégorie qui représente 60 % de la population.

 

Les prochaines actions d’Alassane Ouattara : transmission, Sécurité et Avenir

 

Le passage le plus poignant a été consacré à la « transmission générationnelle », qualifiée d’acte de responsabilité et de maturité politique ». Le président a annoncé la formation d’une « élite intègre, compétente et attachée à l’intérêt général », via des programmes de mentorat et de leadership, dissipant par là les spéculations sur une retraite imminente. « Ce mandat est celui de préparer l’avenir, en élevant une génération prête à porter la Côte d’Ivoire émergente, » a-t-il martelé.

Sur le plan sécuritaire, face aux menaces jihadistes aux frontières nord et aux tensions ethniques résiduelles, Ouattara s’est engagé à renforcer la cohésion nationale : « Je resterai le président de tous les Ivoiriens, sans distinction, au service exclusif de l’intérêt général ». Il a appelé à l’unité face aux défis régionaux, évoquant la coopération avec la CEDEAO pour contrer l’instabilité sahélienne.

En conclusion, il a lancé un appel vibrant : « Rien n’est impossible pour un peuple uni. Avec humilité et sens du devoir, nous forgerons une Côte d’Ivoire stable et ambitieuse. » Ce discours a été perçu comme un « nouveau pacte avec la nation », selon le Premier ministre sortant, Robert Beugré Mambé.

 

Un mandat sous tension : la contestation au regard des 6 % de croissance

 

Ce quatrième mandat s’inscrit dans une Côte d’Ivoire qui a connu une trajectoire économique remarquable depuis 2011. Sous Alassane Ouattara, le PIB a triplé, passant de 25 milliards de dollars à près de 80 milliards en 2025, porté par les investissements massifs dans l’énergie (barrages hydroélectriques) et les télécoms. Avec une croissance annuelle avoisinant les 6 %, Abidjan s’est clairement imposée comme un hub ouest-africain attractif pour les capitaux étrangers.

Pourtant, les ombres persistent. L’opposition conteste vivement la légalité de ce nouveau quinquennat, le qualifiant d’« anticonstitutionnel » en raison de la réforme de 2016 qui a ouvert la voie à ces mandats supplémentaires. L’exclusion de figures politiques majeures, comme Tidiane Thiam, alimente les griefs d’exclusion et de dérive. Sur les réseaux sociaux, des voix dissidentes dénoncent une « polarisation accrue », signalant des risques de tensions post-électorales qui menacent d’éroder le consensus national.

 

Le défi de l’après-2030 : Ouattara consolide son legs

 

Ce 8 décembre 2025 marque un jalon : la Côte d’Ivoire entre dans une ère de continuité, avec la formation d’un nouveau gouvernement attendue dans les prochains jours, mais aussi avec l’urgence d’une transition fluide. Comme l’a résumé un analyste local anonyme : « Ouattara consolide son legs, mais l’épreuve du feu sera la préparation d’après-2030. » Pour l’heure, Abidjan respire l’optimisme, bercée par les promesses d’un leader qui, à l’aube de ses 84 ans, mise sur l’unité pour bâtir un avenir serein.

Bassar : 600 dépistages gratuits contre les cancers grâce à l’Université de Kara

Bassar, 5 décembre 2025 – Ce n’est pas tous les jours que le Centre Hospitalier Préfectoral de Bassar voit autant de monde avant même 8 heures du matin. En effet, depuis mercredi, des centaines d’hommes et de femmes font la queue, parfois dès l’aube, pour bénéficier d’un dépistage gratuit du cancer du sein, du col de l’utérus, de la prostate et de consultations pédiatriques offertes par l’Université de Kara, l’hôpital Nurnberg (Allemagne) et l’association locale Fi-Bassar.

 

L’enseignement supérieur au service direct du peuple

 

Le lancement officiel, mercredi sous un soleil déjà ardent, a réuni le préfet de Bassar, le lieutenant-colonel Assiah Hodabalou, la présidente de l’Université de Kara, Pr Prénam Houzou-Mouzou, et le directeur du CHP, le médecin-commandant Anaté Serges Trésor.

Devant une foule compacte, le préfet n’a pas caché son émotion : « Voir une université venir jusqu’ici, au cœur de nos villages, pour sauver des vies, c’est la preuve que l’enseignement supérieur peut et doit servir directement le peuple. »

La présidente Houzou-Mouzou a pris la parole sous les applaudissements : « Nous ne formons pas seulement des médecins dans des amphithéâtres climatisés. Au contraire, nous les formons pour qu’ils reviennent ensuite là où on a le plus besoin d’eux. Cette campagne, c’est notre façon de dire merci à la population qui nous fait aussi confiance. »

 

La campagne de dépistage de l'Université de Kara et de l'hôpital de Nurnberg à Bassar a déjà permis de consulter 600 personnes. La campagne de dépistage de l'Université de Kara et de l'hôpital de Nurnberg à Bassar a déjà permis de consulter 600 personnes.

600 dépistages en trois jours : un succès palpable à Bassar

 

Dans la cour de l’hôpital, les tentes blanches alignées ressemblent à un petit village médical éphémère. Sous l’une, des urologues allemands et togolais pratiquent les touchers rectaux et les dosages PSA. Sous une autre, des gynécologues réalisent échographies mammaires et frottis. Un peu plus loin, des pédiatres auscultent les enfants amenés par des mamans parfois venues à pied de villages à plus de 10 km.

« J’ai 58 ans, je n’avais jamais fait de dépistage de la prostate », confie Koffi, cultivateur, après son examen. « Si on m’avait dit qu’un jour des professeurs d’Allemagne viendraient jusqu’à Bassar gratuitement… je n’y aurais pas cru. »

La campagne, qui court jusqu’à demain samedi 6 décembre, est déjà un succès : plus de 600 personnes dépistées en trois jours, selon les premiers chiffres du CHP. De plus, les cas suspects sont immédiatement orientés vers Lomé ou Kara pour prise en charge, souvent couverte par le programme d’accès universel aux soins cher au président du Conseil.

En partant, la présidente de l’Université de Kara a promis que ce n’était qu’un début : « L’année prochaine, nous reviendrons avec plus de spécialités et plus de jours. Parce que la santé n’attend pas. »

À Bassar, on parle déjà de “la semaine où l’université a sauvé des vies”. Et pour nombre d’habitants, ce n’est pas une image : c’est la vérité.