Le cheikh Kawtharani, un Libanais nouveau maître du jeu en Irak

Le nom de Mohammed al-Kawtharani circulait déjà en Irak. Mais depuis l’assassinat de l’Iranien Qassem Soleimani, c’est ce dirigeant du Hezbollah libanais qui a la haute main sur la politique irakienne, à tel point que Washington offre désormais 10 millions de dollars pour toute information.

Ce 3 janvier 2020, alors que le monde apprend que le véhicule du général Soleimani a été pulvérisé par un drone américain aux portes de l’aéroport de Bagdad, la rumeur court que le cheikh Kawtharani a été assassiné à ses côtés.

Cette rumeur, rapidement démentie, est la preuve que les noms des deux hommes étaient déjà étroitement associés sur le dossier irakien, dans un pays où l’Iran veille jalousement à préserver ses intérêts via ses alliés chiites, leurs partis et factions armées.

Elle témoigne aussi que le cheikh Kawtharani était appelé à gagner en prérogatives avec la disparition de l’architecte de la stratégie iranienne au Moyen-Orient.

Pour Washington, qui a placé Mohammed Kawtharani sur sa liste noire du « terrorisme » dès 2013, ce Libanais participe à « la formation, au financement et au soutien politico-logistique » de « groupes opérant hors du contrôle du gouvernement irakien pour réprimer violemment les manifestants » ou « attaquer des missions diplomatiques ».

Aussitôt après l’annonce de la juteuse récompense américaine, la semaine passée, de nouvelles rumeurs ont fleuri.

– « Copie conforme » –

Plusieurs médias irakiens ont annoncé avoir appris « en exclusivité » que le cheikh Kawtharani se trouvait à Bagdad pour des discussions avec des responsables politiques, avant que tous ceux-ci ne démentent avoir rencontré l’homme qui vaut à présent 10 millions de dollars.

L’annonce de cette présence à Bagdad est intervenue alors que l’Irak tente de se doter d’un gouvernement. Tout sauf un hasard: à chaque fois qu’il a fallu former un cabinet, ou prendre une décision politique majeure dans le pays ces dernières années, c’est le général Soleimani qui était à la manoeuvre… flanqué de son lieutenant Kawtharani.

A présent, le lieutenant est devenu « la copie conforme de Soleimani », passant d’une réunion à un conciliabule au sein du cossu complexe des bureaux du Premier ministre dans l’ultrasécurisée Zone verte de Bagdad, rapporte un haut responsable irakien à l’AFP.

« Il est en charge du dossier irakien depuis 2003 » et la chute du dictateur Saddam Hussein qui a ouvert les portes à l’influence iranienne, argue de son côté un proche du cheikh Kawtharani.

« Il rapporte directement au chef du Hezbollah Hassan Nasrallah », qui dirigeait avec Soleimani la stratégie régionale de l' »axe de la résistance », réseau des alliés de Téhéran au Moyen-Orient, poursuit ce cadre du mouvement chiite libanais.

« C’est le seul étranger –à part Soleimani– qui connaît tous les détails de la scène politique irakienne », dit un autre cadre du Hezbollah.

– Nationalité irakienne, aussi –

L’histoire irakienne de l’homme au turban blanc des docteurs en religion, père de quatre enfants, a commencé il y a bien longtemps. Passé par le séminaire chiite de Najaf, ville sainte à 200 km au sud de Bagdad, où il est né de parents libanais avant de rentrer plus tard au pays, ce quinquagénaire a épousé une Irakienne. Il parle couramment l’arabe irakien –qui diffère sensiblement du dialecte libanais– et possède même la nationalité irakienne.

D’abord important au Liban où il a été un des cadres de la première heure du Hezbollah, le cheikh Kawtharani joue désormais « plus d’un rôle » en Irak, selon le spécialiste Hicham al-Hachémi, fin connaisseur des arcanes de la politique irakienne.

« C’est lui qui tire les ficelles au sein de la scène chiite loyale à Téhéran », assure-t-il à l’AFP. Et même au-delà: « depuis 2014, il a travaillé à réconcilier le pouvoir chiite à Bagdad avec des forces sunnites qui lui étaient hostiles. »

Une fois Soleimani et son lieutenant irakien Abou Mehdi al-Mouhandis, chef des paramilitaires pro-Iran en Irak, assassinés, il n’a fait qu’élargir son champ d’action.

Fort de ces relations, le cheikh Kawtharani peut aussi demander des faveurs. Il y a quelques mois, « il a demandé plusieurs milliards de dollars en Irak » dans le cadre la crise financière au Liban, assure à l’AFP un diplomate irakien. Un responsable irakien confirme, tandis que l’entourage du cheikh libanais dément.

Jusqu’ici, Kawtharani, dont peu de clichés existent, a pu rester dans l’ombre, en Irak comme au Liban, où sa discrétion est quasi totale. Mais les millions posés sur la table par Washington pourraient changer la donne.

« Demander des informations sur lui, c’est la première étape avant un possible assassinat ou une arrestation », s’alarme un proche.

« Les Etats-Unis n’envisagent pas actuellement d’assassiner Esmaïl Qaani », le remplaçant de Soleimani à Téhéran, avance un cadre du Hezbollah. « C’est mieux pour eux de viser une figure d’un parti plutôt que le représentant d’un Etat. »

La pandémie pousse les migrants vénézuéliens sur les chemins du retour

En moins d’un an, il fuit pour la deuxième fois: d’abord, la pauvreté dans son pays, et maintenant la mort semée par la pandémie. Bien que le Venezuela soit toujours en crise, Jesus Peña a décidé de rentrer chez lui.

« Nous voulons rentrer pour ne pas mourir », explique cet homme de 49 ans lors d’une étape à Cali, en Colombie. Il y est arrivé après 12 jours de voyage, la plupart du temps à pied, depuis l’Equateur voisin, l’un des pays d’Amérique latine les plus touchés par le Covid-19.

Les ampoules au pied lui semblent un moindre mal. Il est soulagé car bientôt, avec sa femme, leur fils et sa belle-soeur, il va monter dans un des autobus affrétés par la municipalité pour emmener les migrants vénézuéliens jusqu’à la frontière, à 957 km de là.

Des dizaines d’autres attendent avec lui. Ils ont fui l’Equateur et d’autres pays de la région, franchissant clandestinement des frontières fermées, ou profitant de l’ouverture de corridors humanitaires. Parmi eux, certains ont tenté de reconstruire leur vie en Colombie, mais y renoncent.

Tous ont décidé de rentrer au pays après s’être trouvés sans ressources à cause du confinement, qui a eu raison de leur travail précaire, ou de crainte que la contagion n’aggrave la xénophobie.

Jesus Peña vivait depuis neuf mois à Loja, localité du sud de l’Equateur. Mais il a commencé à avoir peur: là-bas, « les gens meurent, ne font pas attention, ne portent pas de masque, tout le monde est dans la rue ».

– 35.000 migrants déjà rentrés –

Il craignait aussi le sort qui leur aurait été réservé si lui ou un de ses proches était tombé malade. A l’hôpital, « on n’aurait pas fait sortir un Equatorien pour y mettre un Vénézuélien », assure-t-il, estimant que « le mieux c’est de regagner notre pays ».

Plus de 35.000 Vénézuéliens, venant de Colombie ou d’ailleurs, ont déjà traversé le territoire, selon Felipe Muñoz, fonctionnaire de la frontière entre les deux pays.

La Colombie compte environ 1,8 des 4,9 millions de migrants qui ont fui ces dernières années l’effondrement de l’ancienne puissance pétrolière.

Bogota, qui suivant la ligne des Etats-Unis ne reconnaît pas Nicolas Maduro comme président du Venezuela, a appelé à l’aide internationale pour gérer la crise migratoire, aggravée par l’urgence sanitaire et financière résultant de la pandémie.

Ce pays compte déjà plus de 3.700 cas confirmés du nouveau coronavirus, contre quelque 250 répertoriés au Venezuela, alors que l’Equateur avec 10.000 cas est le pays de la région le plus affecté après le gigantesque Brésil.

Conscient que les données de son pays sont contestées par l’opposition, Jesus Peña se prépare à gérer plusieurs maux. « Il n’y a pas de nourriture, pas d’eau, ni d’essence. Mais que faire? »

La Colombie assure que ces migrants partent d’eux-mêmes et contrôle leur température à leur sortie.

Luis Plazas, 24 ans, s’estime chanceux. Ce vendeur de fruits ambulant, son épouse et leurs enfants de huit ans et de huit mois, ont pu embarquer dans un autobus allant de Cali à Cucuta, à la frontière.

– Sans toit, ni nourriture –

Après deux années d’exil, une à Bogota et l’autre à Cali, il a décidé de partir avant que la faim se fasse davantage sentir. Depuis le début du confinement, le 20 mars dans les grandes villes colombiennes, sa famille ne se permet plus qu’un seul repas quotidien.

« Si un adulte ne mange qu’une fois par jour, il le supporte. Mais comment dire à un petit qu’il n’y a rien. C’est très difficile! », a-t-il expliqué par téléphone à l’AFP pendant son voyage.

Ce migrant s’est retrouvé dans la même situation que 47% de la population active de Colombie, qui travaille de manière informelle souvent dans la rue et que le confinement laisse sans un sou.

Et sa situation a empiré lorsqu’il n’a plus eu de quoi payer le loyer. « Cela devenait très difficile et on nous avait déjà jetés à la rue », dit-il.

Le gouvernement colombien a depuis interdit de telles expulsions pendant le confinement, élargi le 25 mars à l’ensemble du pays et prolongé jusqu’au 26 avril inclus.

A la frontière, Luis Plazas a attendu quelques heures la fin du couvre-feu imposé au Venezuela. Et il espère que le petit commerce de sa mère, qui vend des arepas (galettes de maïs), éloigne au moins le spectre de la faim.

Au Malawi, la fronde des pauvres contre le confinement anticoronavirus

La colère des populations contre le confinement anticoronavirus gronde partout en Afrique. Au Malawi, elle a tonné si fort que la justice a infligé un camouflet aux autorités en suspendant leur ordre, au nom de la protection des plus pauvres.

Comme des centaines d’autres petits vendeurs informels du marché de Blantyre, la capitale économique du pays, Thom Minjala a gagné une semaine de répit.

« Si le confinement avait été appliqué, on serait certainement mort de faim plutôt que du coronavirus », estime ce chiffonnier. « Bien sûr qu’on a peur de la maladie mais notre souci, c’est la faim. On n’a pas d’argent de côté, tout ce qu’on peut gagner au quotidien sert à nous nourrir ».

Le président Peter Mutharika avait annoncé la semaine dernière à ses 17 millions d’habitants qu’ils allaient devoir rester chez eux pendant trois semaines pour freiner la pandémie de Covid-19, comme dans nombre d’autres pays du continent.

Selon le dernier bilan, seuls 17 cas d’infection, dont deux mortels, ont été jusque-là rapportés officiellement.

Mais dans ce pays considéré comme l’un des plus démunis de la planète, beaucoup redoutent une catastrophe. Dans son discours télévisé à la nation, le chef de l’Etat a lui-même avancé un bilan possible de 50.000 morts.

A la surprise générale, la Haute cour du pays, saisie par la société civile, a pourtant suspendu l’entrée en vigueur de l’ordre présidentiel, prévue samedi dernier, pendant une semaine. Une première dans le continent.

Le gouvernement a très mal accueilli cette rebuffade judiciaire, jugée dangereuse. « Le juge n’a pas interdit au virus de se propager pendant les sept jours de sursis à exécution qu’il a ordonné », a raillé le procureur général du pays, Kalekeni Kaphale, dans les médias locaux.

« Le confinement est possible s’il est accompagné de mesures sensées qui ne visent pas à entraver les libertés de la population », rétorque Gift Trapence, à la tête de la Coalition des défendeurs des droits humains (HRDC) qui a saisi la justice.

– ‘Comment survivre ?’ –

Dès l’annonce de mesures de confinement, des milliers de petits commerçants inquiets sont descendus dans les rues de plusieurs villes du pays pour crier qu’ils ne le respecteraient pas.

« Ils (le gouvernement) auraient dû (…) faire en sorte que les pauvres aient à manger et demander aux propriétaires de ne pas réclamer leurs loyers pendant plusieurs mois », estime un autre vendeur de Blantyre, George Mithengo.

« Mais ils ont juste dit +allez, on confine+ », rouspète-t-il, « comment espéraient-ils qu’on pourrait survivre ? »

La Haute Cour doit entendre cette semaine les arguments des deux parties avant de se prononcer sur le dossier.

Quelle que soit sa décision, beaucoup reprochent au gouvernement de ne s’être même pas préoccupé des conséquences de ses décisions sur une population dont, selon la Banque mondiale, plus de la moitié (51%) vit sous le seuil de pauvreté.

« L’exercice sans contrôle du pouvoir par des gens qui usent de pouvoirs d’exception pour protéger des vies peut au final causer beaucoup plus de victimes », a estimé l’ancien procureur général Ralph Kasambara, « ces pouvoirs d’exception peuvent constituer le début de la tyrannie ».

Cette inquiétude est partagée au sein de la population malawite, dont la confiance envers le gouvernement a été écornée depuis les élections de l’an dernier.

La réélection de M. Mutharika a en effet été annulée par la justice pour cause de fraudes et les tensions politiques restent vives dans le pays en vue du nouveau scrutin présidentiel, programmé le 2 juillet.

Cette défiance est le fruit « des privations, de la frustration et d’un sentiment d’injustice », juge le psychologue Limbika Maliwichi-Senganimalunje, de l’université du Malawi.

Au milieu des étals du marché de Blantyre, le vendeur George Mithengo reste préoccupé. Il le sait, le sursis inattendu que lui a offert la justice risque d’être de courte durée. « Si on est confinés », répète-t-il, « on mourra chez nous ».

Séoul minimise des informations sur l’état de santé de Kim Jong Un

La Corée du Sud a minimisé mardi des informations selon lesquelles le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un aurait été récemment opéré, alors que certains observateurs s’interrogent sur son absence lors de célébrations à Pyongyang la semaine dernière.

La Corée du Nord a marqué le 15 avril le 108e anniversaire de la naissance du fondateur du régime, Kim Il Sung, qui est le grand-père du dirigeant actuel. Cette date est de loin la plus importante du calendrier politique au Nord. Mais Kim Jong Un n’a été vu sur aucune des photographies officielles.

Daily NK, un média en ligne géré essentiellement par des Nord-Coréens ayant fait défection, a affirmé que le dirigeant nord-coréen avait été opéré en avril pour des problèmes cardio-vasculaires et qu’il était en convalescence dans une villa dans la province de Phyongan du Nord.

« La raison du traitement cardio-vasculaire urgent qu’a subi Kim était son tabagisme excessif, son obésité et sa fatigue », affirme Daily NK en citant une source nord-coréenne non identifiée.

Cette information n’a pas été confirmée. Mais elle a suscité un déluge de spéculations.

– Opéré d’un kyste en 2014 –

Citant un responsable américain, CNN rapporte que Washington « étudie des informations » selon lesquelles Kim Jong Un est « en danger grave après une opération chirurgicale », sans dire si ces « informations » sont en fait l’article de Daily NK.

« Nous n’avons rien à confirmer et aucun mouvement particulier n’a été détecté en Corée du Nord », a déclaré dans un communiqué un porte-parole de la Maison bleue, la présidence sud-coréenne.

L’agence de presse sud-coréenne Yonhap a de son côté cité un haut responsable sud-coréen affirmant, sous couvert de l’anonymat, que les informations selon lesquelles M. Kim serait gravement malade ne sont « pas vraies ».

La dernière apparition publique de M. Kim à avoir fait l’objet d’une couverture photo par les médias officiels remonte au 11 avril, lorsqu’il avait présidé une réunion du bureau politique du parti au cours de laquelle ce dernier avait appelé à des mesures plus fortes contre le nouveau coronavirus.

Pyongyang, qui a fermé ses frontières et mis en oeuvre des restrictions pour la population, continue de dire qu’aucun cas de Covid-19 n’a été recensé sur son sol.

Ce n’est pas la première fois que « l’absence » de Kim alimente toute sorte de spéculations.

En 2014, il n’avait pas été vu pendant six semaines, avant de réapparaître avec une canne. Les services de renseignements sud-coréens cités par Yonhap avaient affirmé qu’il avait subi une opération visant à lui enlever un kyste à la cheville.

– « Personne ne sait » –

« Personne ne sait ce qui se passe à l’intérieur de la Corée du Nord », a rappelé Martyn Williams, qui est affilié à l’institut 38 North.

« Kim Jong Il était mort plusieurs jours avant que cela ne soit annoncé, et cela a pris tout le monde par surprise », a-t-il observé dans un tweet.

« Kim Jong Un a déjà été porté +disparu+ mais il est toujours réapparu. Ceci dit, son absence cette semaine était plus que notable. »

Certains responsables sud-coréens ont fait part de leurs doutes quant à la crédibilité des informations de Daily NK.

La couverture de l’actualité nord-coréenne est particulièrement compliquée, surtout pour tout ce qui a trait à la vie privée de M. Kim qui est un des secrets les mieux gardés du régime.

Le ministère sud-coréen de l’Unification, qui gère les questions intercoréennes, et celui de la Défense se sont refusés à tout commentaire.

Moon Chung-in, conseiller à la sécurité du président sud-coréen Moon Jae-in, a dit à l’AFP n’avoir rien entendu de spécial concernant la santé de M. Kim.

Certains experts ont aussi appelé à la prudence.

« Il n’y a aucune confirmation à ce stade et il est trop tôt pour tirer des conclusions sur son état de santé », a estimé Ahn Chan-il, un transfuge du Nord devenu chercheur à Séoul.

Il a relevé qu’une opération du coeur impliquait du matériel médical de pointe qui ne se trouve « que dans des établissements de Pyongyang ». Il ne serait « pas raisonnable » de le transporter ailleurs pour l’opération.

Peu de test Covid-19 et défiance envers les autorités: le marché noir de la santé au Nigeria

Sur les groupes Whatsapp et dans les cliniques privées, les kits de tests de coronavirus se vendent au marché noir: au Nigeria, le nombre de tests officiels est insignifiant et peu ont confiance dans le système de santé public.

Le manque d’accès aux tests est un problème mondial, et plus particulièrement en Afrique sub-saharienne, où il y a un « énorme fossé » par rapport aux autres pays, a déclaré la semaine dernière le directeur du Centre de contrôle des maladies de l’Union Africaine, John Nkengasong.

Toutefois, au Nigeria, pays de 200 millions d’habitants – le plus peuplé du continent – ce « fossé » est encore plus criant qu’ailleurs.

La première économie d’Afrique n’a réalisé à ce jour que 7.100 tests officiels.

A titre de comparaison, le Ghana, avec une population six fois moins importante (30 millions d’habitants) en a réalisé neuf fois plus, avec plus de 68.000 (chiffres du 20/04).

L’Afrique du Sud, avec une population trois fois moins nombreuse, en a réalisé près de 114.000.

– « Demande inimaginable » –

« Nous n’avons aucune idée de l’ampleur de la propagation du Covid-19 au Nigeria », affirme un responsable d’un laboratoire médical privé.

Ce laboratoire a commandé des milliers de tests et une machine qui leur permettrait de réaliser plusieurs centaines de tests par heure, et « attend le feu vert du gouvernement », affirme cette source à l’AFP.

Mais « la demande pour ces kits hors des circuits officiels est inimaginable » et suscite un marché parallèle, rapporte ce responsable.

« Une ambassade voulait commander des milliers de tests (pour ses ressortissants), on les a renvoyés vers la NCDC », la Commission nationale de gestion des maladies, rapporte-t-il.

Certains criminels tirent néanmoins partie de cette demande, et le gouvernement a récemment mis en garde les Nigérians contre des publicités de « tests à faire à domicile frauduleux » qui « fleurissent sur la Toile ».

Comme dans de nombreux pays au monde, et pour des raisons évidentes de sécurité, les équipements spécialisés et les tests sont encadrés par les autorités officielles.

La NCDC conduit des programmes de tests en « porte à porte » à Abuja, et l’Etat de Lagos, épicentre des contaminations, tente de développer un réseau de dépistage dans tous ses quartiers.

A la mi-avril, le Nigeria comptait 12 laboratoires pour ses 36 Etats, avec une capacité de traiter entre 1.000 et 1.500 tests par jour.

– Secteur public à genoux –

Mais après des décennies de négligence, le secteur public de la santé est à genoux.

Près de 80% des institutions de santé dans le pays n’ont pas l’eau courante, rappelait Dr Francis Faduyile, le président de l’Association des médecins du Nigeria (NMA) le mois dernier.

« Mes patients ont peur que je les dénonce à la NCDC », raconte à l’AFP le médecin d’une clinique privée. « Avant de venir en consultation, ils me demandent +Si je viens, vous ne m’enverrez pas à Yaba?+ », en référence à l’un des centres d’isolation Covid-19 à Lagos.

Ce médecin, début avril, avait déjà vu une dizaine de patients suspectés d’avoir été contaminés par le coronavirus, mais un seul a accepté d’être testé: un coup d’épée dans l’eau, puisque les autorités sanitaires ont réalisé son test plus de 15 jours après s’être déclaré au NCDC, soit après la période d’incubation du virus.

Le rythme des tests officiels est « trop lent », regrette Zouera Issoufou directrice générale de la Fondation Dangote, qui porte le nom de l’homme le plus riche d’Afrique et partenaire privé du gouvernement, qui a commandé 250.000 tests.

Mais la demande mondiale explose, et « ils arrivent au compte-goutte », explique-t-elle.

Si le nombre officiel de décès liés au Covid-19 reste extrêmement faible dans un pays dans un pays si peuplé qui n’enregistre qu’une vingtaine de décès, « c’est que l’on ne teste pas les gens », assène Mme Issoufou.

– Des tests « dans son coin » –

Le Dr Richard Banda de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) au Nigeria, s’inquiète de ce marché parallèle et rappelle qu’il est « très dangereux de faire des tests dans son coin, dans des laboratoires privés, avec un risque de propagation du virus ».

Pour lui, « le manque d’informations fiables données lors des opérations de traçabilité est le problème majeur dans la lutte contre le Covid-19 au Nigeria ».

« Il y a encore beaucoup de stigmatisation autour de la maladie », conclue-t-il.

Un patient a été admis fin mars à l’hôpital universitaire de Lagos (LUTH), présentant tous les symptômes du coronavirus. Sa famille a menti, en omettant de dire qu’il avait déjà été testé positif.

« Ils avaient peur qu’on ne le prenne pas s’ils disaient la vérité », raconte un médecin à l’AFP. Le patient est finalement décédé et en plus des risques présentés pour les autres patients de l’hôpital, quatre médecins ont du être placés en quarantaine.

Dans un pays qui compte seulement 0,4 médecin pour 1.000 habitants (contre plus de 4 en France, selon les chiffres de la Banque Mondiale), « c’est très lourd pour nous », confie ce médecin du LUTH sous couvert d’anonymat.

Le personnel soignant comptait déjà 4 décès sur les 21 morts recensés officiellement au lundi 20 avril.

En télétravail, des Iraniennes luttent pour garder job et statut malgré le Covid-19

De l’effervescence électrisante des locaux de la start-up où elle exerce au télétravail isolée, Fereshteh a dû s’adapter face à la maladie Covid-19, comme nombre d’Iraniennes ayant décroché des jobs intéressants dans la high-tech et qui vont devoir se battre pour garder ce statut lors de lendemains incertains.

La voix un peu fatiguée au téléphone, contrastant avec le ton énergique qu’elle avait lorsque l’AFP l’a rencontrée dans son entreprise Alibaba il y a quelques semaines, Fereshteh Kasrai confie sur un ton malicieux être « plus efficace en télétravail… ».

« Mais émotionnellement, c’est dur, je ne suis pas habituée à rester aussi longtemps chez moi et l’interaction avec mes collègues me manque », dit cette Iranienne de 44 ans qui vit seule à Téhéran.

Cette responsable des ressources humaines ne cache pas ses « inquiétudes » pour l’entreprise, créée il y a cinq ans et dont le coeur du métier – le business du voyage – est très impacté.

Même si face au Covid-19, l’adaptation au pied levé à de nouvelles façons de travailler a été le mot d’ordre pour elle et ses collègues féminines afin de ne pas perdre ce statut souvent difficilement acquis.

Fereshteh a instauré de nouvelles routines avec ses équipes entre « vidéoconférences matinales sur Skype ou sur Zoom » et échanges « sur les projets en cours ».

A Alibaba, la majorité des employés est en ce moment en télétravail. Sans être officiellement confinés, les Iraniens – durement frappés par l’épidémie avec plus de 5.200 morts officiellement – ont été appelés à rester chez eux.

– « Iran Silicon Valley » –

En temps normal, entrer dans le grand entrepôt abritant le siège d’Alibaba à Téhéran, c’est entrer dans un autre Iran, loin des quartiers pauvres aux immeubles décrépis, des villes à l’histoire plurimillénaire ou des campagnes endormies.

Un panneau « Iran Silicon Valley » accueille le visiteur. On croise dans une ambiance branchée des food truck à cookies, des coussins géants dans les espaces de repos et des bureaux vitrés abritant des employés concentrés sur des ordinateurs Apple.

Des dizaines de jeunes femmes, en jean slim et foulard dévoilant largement leur chevelure, y travaillent avec des collègues masculins, dans une mixité qui ne va pas de soi partout en République islamique d’Iran.

Sur près de 700 employés à Alibaba, on compte 42% de femmes.

Certaines d’entre elles, comme Fereshteh – qui lors de sa rencontre avec l’AFP affichait un look travaillé, ongles vernis bleu et rouge à lèvres cerise – ont décroché des postes à responsabilité, un défi dans cette société très patriarcale.

Les plafonds de verre culturels et familiaux restent en général encore un frein dans la carrière des Iraniennes et notamment pour accéder aux postes de direction.

Plusieurs employées d’Alibaba témoignent des obstacles auxquels elles ont été confrontées dans le monde du travail, de l’avancement impossible sans réseau aux structures hiérarchiques trop lourdes.

« J’ai travaillé dans trois autres grandes entreprises, semi-privées ou liées au gouvernement, et j’ai eu le sentiment qu’il était très dur d’y évoluer, qu’il vous fallait impérativement connaître des gens influents », raconte Anis Amir Arjmandi, brune de 33 ans à l’abord chaleureux, directrice juridique à Alibaba.

Pour sa collègue Fatemeh Ashrafi, 38 ans, « dans une start-up, il y a plus d’espace pour faire entendre ses points de vue » et avoir des responsabilités. « On peut rencontrer nos managers quand on le souhaite, pas besoin d’attendre derrière leurs portes qu’ils nous accordent un peu de leur temps… »

Les « start-up sont dirigées par des générations plus jeunes, plus progressistes », souligne le journaliste spécialisé dans la high tech Khosro Kalbasi, basé à Téhéran.

Et de fait, le nombre de femmes dans les entreprises de high tech « a augmenté ces dernières années », relève-t-il, alors que selon lui l’Iran est l’un des pays les plus connectés du Moyen-Orient – avec un taux de pénétration de 87,19% pour internet et de 76,58% pour le web sur mobile (chiffres officiels).

– « Possibilité d’innover » –

Selon Azadeh Kian, professeur de sociologie à Paris et spécialiste de l’Iran, « 70% des étudiants en ingénierie et en sciences sont des étudiantes » dans ce pays.

« C’est aussi un secteur où elles savent qu’elles peuvent avoir plus de marge de progression et la possibilité d’innover ».

Fereshteh a pu constater que « les femmes imposent de plus en plus leurs voix dans le milieu du travail », se félicitant qu’à Alibaba le « vieux cliché selon lequel un programmeur doit absolument être un homme » a été brisé.

Le secteur des start-up, qui avait commencé à se développer dans les années 2000, a décollé à partir de 2013.

Mais les nouvelles technologies et l’utilisation des smartphones ont été durement touchées par le rétablissement en 2018 des sanctions américaines.

Effet inattendu des sanctions cependant: des entrepreneurs iraniens ont saisi l’occasion pour lancer leurs start-up, en s’inspirant de géants mondiaux bloqués en Iran pour créer un équivalent local, profitant d’un environnement protégé de la concurrence étrangère.

Parmi les plus réputées : Snapp (équivalent d’Uber), Digikala (pendant d’Amazon), cafe Bazaar (plateforme proposant des applications et des jeux développés par des Iraniens), Alibaba ou Tap30 (autre équivalent local d’Uber qui compte 1.400 employés à travers le pays.)

A Tap30, Mona Ahmadi, qui dirige à 33 ans 140 employés du centre d’appel, dit avoir trouvé « un bon job et un statut social ».

Au sein de cette société, « 45% de nos employés sont des femmes, la plupart ont moins de 30 ans et elles sont présentes dans tous les secteurs: marketing, technique, ressources humaines, centre d’appel », se félicite Negar Arab, 37 ans, responsable de la communication. Les équipes du juridique, des finances et de la communication y sont dirigées par des femmes.

L’une des réussites les plus marquantes dans ce secteur est aussi celle de Nazanin Daneshvar, 36 ans. Le site de vente au détail Takhfifan, co-fondé avec sa soeur il y a huit ans, est aujourd’hui la plus grosse start-up créée par une femme en Iran, employant 350 personnes.

On la remarque dans le e-commerce, où « pas assez de femmes » accèdent encore aux très hauts postes de direction, estime-t-elle.

En ce moment, ses bureaux sont fermés, le télétravail est généralisé. Certains employés ont pris des vacances, explique au téléphone d’une voix éprouvée Nazanin, le babillage de son bébé en fond sonore.

« Pour être honnête, c’est un grand choc (…) nos ventes ont considérablement chuté », confie-t-elle. « Nos employés font vraiment du bon boulot (…) mais ça prend énormément de temps et c’est épuisant » de télétravailler et gérer les équipes à distance.

– Pressions familiales –

Même avant la crise du Covid-19, le quotidien de cette entrepreneure était « encore difficile ».

Il y a quelques années, « il fallait que j’emmène mon père à tous mes rendez-vous (avec des investisseurs) car personne ne me prenait au sérieux comme manager, alors je disais que c’était lui le manager de ma société ».

Déjà en temps normal, « beaucoup n’arrivent pas à gérer la pression de leurs maris ou de leurs mères pour être moins impliquées dans leur travail; j’ai des employées qui ont démissionné parce qu’elles ne pouvaient plus assurer ce qu’on attend d’une femme traditionnelle ».

Dans cette période où nombre d’Iraniennes télétravaillent, les pressions familiales sont encore plus prégnantes, témoigne Nazanin.

Negar, la responsable de communication de Tap30, qui comme les autres entreprises accuse le coup de la crise sanitaire, a vu tout son quotidien chamboulé. Elle confie être « très occupée » entre le télétravail et s’occuper de sa fillette et de sa famille.

Et avec de probables suppressions d’emploi liées aux crises sanitaire et économique, les femmes risquent d’être plus visées que les hommes.

Notamment dans les entreprises gouvernementales et semi-gouvernementales où « la plupart des postes de direction sont occupés par des hommes et les postes moins prestigieux par des femmes », relève Anis Amir Arjmandi la directrice juridique à Alibaba.

Elle critique ainsi « la persistance d’un mode de pensée » où l’on préfère donner en priorité les emplois à des hommes parce qu’ils sont chefs de famille et doivent ramener l’argent à la maison.

« S’il y a le choix entre préserver le job d’une femme célibataire ou d’un homme marié, c’est ce dernier qui sera maintenu en poste; ce n’est pas juste mais c’est comme ça dans cette mentalité ».

ONU: les pays de l’Assemblée générale s’arrogent un droit de veto

Les 193 pays de l’Assemblée générale de l’ONU ont adopté lundi une résolution appelant à un « accès équitable » aux « futurs vaccins », lors d’une procédure singulière liée au Covid-19 qui revient à leur donner un droit de veto inédit dans cette enceinte.

Non contraignant, le texte du Mexique adopté par consensus demande de « renforcer la coopération scientifique internationale pour combattre le Covid-19 et d’intensifier la coordination », y compris avec le secteur privé.

En temps ordinaire, les membres de l’Assemblée générale n’ont pas de droit de veto, privilège depuis la création de l’Organisation il y a 75 ans des seuls cinq membres permanents du Conseil de sécurité: Etats-Unis, Russie, Chine, France et Royaume Uni.

En temps ordinaire, ils approuvent les textes par consensus sans scrutin ou à la majorité des voix lors de votes électroniques ou par bulletins secrets lorsqu’il s’agit d’élections.

Sans possibilité de se réunir pour cause de confinement, l’Assemblée a imaginé une nouvelle procédure applicable jusqu’à fin mai, voire fin juin si les services médicaux de l’ONU confirment leur recommandation d’éviter jusqu’à cette échéance tout rassemblement physique au siège à New York.

Lorsqu’un pays finalise un projet de texte, il le transmet au président de l’Assemblée qui lance un vote « sous silence » avec un terme quelques jours plus tard. Si aucun membre ne casse le silence, le texte est considéré comme adopté. A défaut, il est rejeté.

Autrement dit, chaque membre de l’ONU dispose d’un « droit de veto » sur le texte d’un autre, confirment des diplomates. Avec aussi le risque de se voir cloué au pilori par tous les autres s’il active seul la rupture de silence.

Pour l’Assemblée, la nouvelle procédure était indispensable pour continuer à adopter des textes ne pouvant être repoussés, comme des autorisations budgétaires. Elle pousse certes au consensus et à l’adoption de textes. Mais elle donne aussi le droit à un pays de bloquer l’ensemble de la machine onusienne…

Dans le cas de la résolution mexicaine, consensuelle, personne ne s’y est risqué. Pas plus que lors de la première adoption d’un texte portant sur le Covid-19 le 3 avril qui réclamait une « coopération » internationale pour mieux lutter contre la maladie.

En revanche, ce même 3 avril, un texte de la Russie appelant à la levée de sanctions internationales au motif de faciliter aussi le combat contre le Covid-19 a été sèchement bloqué par l’Ukraine, la Géorgie, les Etats-Unis et l’Union européenne.

– Sueurs froides –

Cette semaine, Moscou revient à la charge avec un nouveau projet de résolution qui demande encore de s’abstenir de sanctions. Son texte prévoit un engagement des Etats membres « à faire face aux défis mondiaux en bons voisins, en s’abstenant d’appliquer des mesures protectionnistes et discriminatoires en contradiction avec les règles de l’Organisation mondiale du Commerce ».

Il est soumis à un vote « sous silence » expirant mercredi à 16h00 GMT. Tout comme un projet de l’Arabie Saoudite, présidente du G20, insistant sur la nécessaire « coopération » face au Covid-19.

Selon des diplomates, le projet saoudien devrait être adopté alors que la nouvelle initiative russe est vouée à l’échec.

La nouvelle procédure d’adoption instituée par l’Assemblée générale était « nécessaire mais elle est incomplète », analyse un diplomate sous couvert d’anonymat. Les consultations avant le vote sont limitées, et sans unanimité il n’y a pas d’adoption. « C’est moins démocratique » qu’avant, estime le même diplomate.

Pour mettre de l’ordre dans les propositions de textes sur le Covid-19 afin d’éviter une « prolifération » sur un même sujet, l’Assemblée générale s’est dotée lundi de deux « coordonnateurs » (Afghanistan et Croatie).

L’Espagne et l’Egypte, qui travaillent sur des résolutions sur la protection des femmes et des filles, pourraient être contraintes de s’entendre sur un texte unique avant une mise au vote.

L’Assemblée devra aussi trancher le cas épineux de l’élection de cinq nouveaux membres non permanents au Conseil de sécurité pour la période 2021-2022, programmée le 17 juin.

A défaut d’une rencontre dans la vaste chambre de l’Assemblée au siège de l’ONU, y aura-t-il un vote électronique pour ce scrutin habituellement secret avec bulletins et urnes? Comment éviter les manipulations et garantir la transparence de la procédure?

Parmi les candidats faisant face à des rivaux – Canada, Irlande, Norvège, Djibouti, Kenya -, certains ont déjà des sueurs froides, selon des diplomates.

Séoul minimise des informations sur l’état de santé de Kim Jong Un

La Corée du Sud a minimisé mardi des informations selon lesquelles le leader nord-coréen Kim Jong Un aurait été récemment opéré, alors que certains observateurs s’interrogent sur son absence lors de célébrations à Pyongyang la semaine dernière.

La Corée du Nord a célébré le 15 avril le 108e anniversaire de la naissance du fondateur du régime, Kim Il Sung, qui est le grand-père du dirigeant actuel. Cette date est de loin la plus importante du calendrier politique au Nord. Mais Kim Jong Un n’a été vu sur aucune des photographies diffusées par la presse officielle.

Daily NK, un média en ligne géré essentiellement par des Nord-Coréens ayant fait défection, a affirmé que le leader nord-coréen avait été opéré en avril pour des problèmes cardio-vasculaires, et qu’il était en convalescence dans une villa dans la province de Phyongan du Nord.

« La raison du traitement cardio-vasculaire urgent qu’a subi Kim était son tabagisme excessif, son obésité et sa fatigue », affirme Daily NK en citant une source nord-coréenne non identifiée.

Cette information n’a pas été confirmée. Mais elle a suscité un déluge de spéculations.

Citant un responsable américain, CNN rapporte de son côté que Washington « étudie des informations » selon lesquelles Kim Jong Un est « en danger grave après une opération chirurgicale », sans dire si ces « informations » sont en fait l’article de Daily NK.

« Nous n’avons rien à confirmer et aucun mouvement particulier n’a été détecté en Corée du Nord », a déclaré dans un communiqué un porte-parole de la Maison bleue, la présidence sud-coréenne.

Certains responsables sud-coréens ont cependant fait part de leurs doutes quant à la crédibilité des informations de Daily NK.

La couverture de l’actualité nord-coréenne est particulièrement compliquée, en particulier pour tout ce qui a trait à la vie privée de M. Kim, qui est un des secrets les mieux gardés du régime.

Le ministère sud-coréen de l’Unification, qui gère les questions intercoréennes, et celui de la Défense se sont refusés à tout commentaire.

Moon Chung-in, conseiller à la sécurité du président sud-coréen Moon Jae-in, a dit à l’AFP n’avoir rien entendu de spécial concernant la santé de M. Kim.

La dernière fois que les médias nord-coréens ont fait état des activités de M. Kim remonte au 12 avril. Et ce n’est pas la première fois que son « absence » alimente toute sorte de spéculations.

Certains experts ont dès lors appelé à la plus grande prudence.

« Il n’y a aucune confirmation à ce stade et il est trop tôt pour tirer des conclusions sur son état de santé », a estimé Ahn Chan-il, un transfuge du Nord devenu chercheur à Séoul.

Il a relevé qu’une opération du coeur impliquait du matériel médical de pointe qui ne se trouve « que dans des établissements de Pyongyang ». Il ne serait « pas raisonnable » de le transporter ailleurs pour l’opération.

Coronavirus: le pétrole rebondit, l’Europe assouplit ses restrictions

Forts de signes de ralentissement de l’épidémie de coronavirus, certains pays d’Europe, dont l’Allemagne, commencent à assouplir progressivement le confinement qui a mis l’économie à l’arrêt et provoqué un effondrement historique du prix du pétrole, lequel rebondit toutefois mardi après avoir atteint un niveau négatif jamais vu dans l’histoire.

Le cours du baril, passé en-dessous de zéro pour la première fois face à une chute vertigineuse de la demande et à des réserves américaines proches de la saturation, reprend un peu de force mardi matin en Asie, pour revenir légèrement au-dessus de zéro. Le baril de 159 litres de pétrole brut coté à New York pour livraison en mai avait terminé lundi à -37,63 dollars, après un plongeon épique.

« Le problème c’est qu’en ce moment dans le monde, personne ne conduit de voiture », a observé le président américain Donald Trump. « Les usines sont fermées et les commerces sont fermés. »

Pour le Premier ministre russe Dimitri Medvedev, une entente de type cartel pourrait expliquer cette chute spectaculaire du prix de l’or noir. « Ce à quoi nous assistons en matière de contrats à terme sur le pétrole rappelle beaucoup une entente de type cartel », a écrit mardi M. Medvedev sur sa page Facebook, préconisant des mesures pour calmer le marché.

Jugeant la pandémie de coronavirus « sous contrôle », l’Allemagne – qui recense 140.000 cas et environ 4.400 décès – a commencé à assouplir les mesures de confinement, une délicate opération dans une Europe cloîtrée depuis des semaines. Le Vieux continent a aussi payé, à ce stade, le plus lourd tribut à la maladie Covid-19, comptant près des deux tiers des plus de 168.000 morts recensés dans le monde lundi.

– « Incroyablement heureuse » –

Les autorités allemandes ont autorisé la réouverture des magasins d’une surface inférieure à 800 m2 : commerces d’alimentation, librairies, garages, magasins de vêtements et autres fleuristes peuvent de nouveau accueillir des clients.

A Leipzig, Manuela Fischer, propriétaire d’une boutique de mode, se disait « incroyablement heureuse » de rouvrir son commerce, en sortant ses modèles en terrasse sous le soleil printanier.

Lieux culturels, bars, restaurants, terrains de sports demeurent néanmoins fermés. Les grands rassemblements tels que les concerts ou compétitions sportives, sont toujours interdits, au moins jusqu’à fin août. Ecoles et lycées rouvriront progressivement à partir du 4 mai. Les rassemblements de plus de deux personnes restent proscrits, une distance minimale de 1,5 mètre est censée être observée dans les lieux publics, et le port du masque « fortement recommandé ».

La situation reste « fragile », a prévenu la chancelière Angela Merkel. « Nous sommes au début de la pandémie et nous sommes encore loin d’être sortis de l’auberge », a-t-elle déclaré, jugeant qu’il serait « extrêmement dommage de connaître une rechute ».

– « Morgue fermée » –

Cette stratégie de sortie de crise, mise en œuvre par l’Allemagne, locomotive économique du vieux continent, est scrutée par une Europe qui vit sous cloche depuis près d’un mois, et dont certains pays s’apprêtent à entamer le défi du déconfinement à mesure que la maladie y apparaît contenue.

Signe de l’urgence économique, la Banque d’Espagne prévoit pour 2020 une chute vertigineuse, « sans précédent dans l’histoire récente », de 6,6% à 13,6% du PIB de la quatrième économie de la zone euro en raison de la pandémie. Au Royaume-Uni, les entreprises ont fait faillite par milliers entre début mars et mi-avril et en bien plus grand nombre qu’il y a un an, d’après une étude parue lundi.

En Serbie, certaines mesures de restriction seront assouplies à partir de mardi. Les personnes de plus de 65 ans pourront ainsi sortir se promener trois fois par semaine, si elles restent près de chez elles.

La Norvège a commencé lundi à rouvrir ses « barnehager », établissements qui englobent crèches et école maternelle, premier pas d’une levée lente et progressive des restrictions décrétées mi-mars.

« Il était si impatient qu’on a dû quitter la maison plus tôt pour venir ici et voir les autres enfants », raconte Silje Skifjell au sujet de son aîné, après avoir confié ses deux garçons, Isaak et Kasper, au personnel. « Il était tellement heureux de revoir ses copains ».

Au Danemark, les petits commerces ont reçu lundi la permission de rouvrir leurs portes, à conditions d’appliquer de strictes mesures d’hygiène et de séparation.

La France, l’Espagne et l’Italie, très touchées par l’épidémie, se préparent elles aussi à de premières mesures de déconfinement dans les jours ou les semaines à venir.

L’Italie a été le pays le plus affecté (24.114 décès), suivi de l’Espagne (20.852), la France (20.265) et du Royaume-Uni (16.509), selon un dernier bilan établi à partir de sources officielles.

Certains de ces pays enregistrent des signaux encourageants: en Italie, le nombre de malades a baissé lundi pour la première fois, ce que le chef de la protection civile Angelo Borelli a qualifié de « donnée positive ». Et au Royaume-Uni, 449 morts ont été enregistrés lundi, soit le plus faible bilan quotidien depuis le 6 avril.

La France a fait lundi un premier pas en autorisant à nouveau, sous conditions, les visites aux pensionnaires des maisons de retraite.

En Italie, les premières mesures d’allègement ne seront pas prises avant le 3 mai. Mais peu à peu les entreprises rouvrent, même si c’est de façon partielle et avec beaucoup de précautions.

En Espagne, la morgue improvisée dans une patinoire de Madrid, un moment symbole de l’hécatombe, fermera mercredi.

– « Anti-confinement » –

En revanche au Royaume-Uni, le confinement instauré le 23 mars a été prolongé d’au moins trois semaines jeudi et le gouvernement n’envisage pas encore d’en sortir.

Même son de cloche aux Etats-Unis, pays officiellement le plus endeuillé au monde par le Covid-19, qui a déploré lundi 1.433 morts en 24 heures. Si Donald Trump a dévoilé un plan pour relancer l’économie de la première puissance mondiale, la majorité du pays est encore confinée. Au grand dam des Américains « anti-confinement » qui après le Texas et une dizaine d’autres Etats ce week-end, ont manifesté lundi à Harrisburg, en Pennsylvanie.

« La nouvelle normalité » nécessitée par le virus « ne veut pas dire que nous devons sacrifier nos libertés pour la sécurité de notre pays » a lancé, depuis le haut des marches du Capitole, un parlementaire local républicain, Aaron Bernstine, alors que la foule scandait « USA! USA! USA! », comme dans les meetings électoraux du président Trump, suspendus par l’épidémie.

Le président Trump a annoncé lundi soir une « suspension temporaire » de l’immigation aux Etats-Unis pour « protéger les emplois » des Américains.

burs-cjc/dax/am/roc

Nord-est du Nigeria: un infirmier de MSF meurt du Covid-19, le Borno décrète un confinement total

Le gouverneur de l’Etat du Borno, dans le nord-est du Nigeria, une région parmi les plus pauvres du monde décimée par 10 ans de conflit avec les jihadistes de Boko Haram, a annoncé lundi la mise en place d’un confinement total, après la mort d’un infirmer de Médecins sans frontières (MSF) des suites du Covid-19.

« J’ordonne un confinement qui implique la cessation de tout mouvement dans l’Etat du Borno pour une période initiale de 14 jours à compter de mercredi 22 avril 2020 », a fait savoir le gouverneur Babagana Zulum, dans un communiqué.

Plusieurs autres Etats ont déjà pris ces mesures très strictes dans le reste du Nigeria et celles-ci ont entraîné de fortes protestations sociales dans ce pays où près de la moitié de la population vit dans une extrême pauvreté.

Cette mesure a été mise en place à la suite de l’annonce de la mort d’un infirmier nigérian de MSF, testé positif au Covid-19 au cours d’une analyse post-mortem. C’est le premier cas déclaré de coronavirus dans le Borno, mais les Nations unies ont précisé qu’il « n’avait aucun antécédent de voyage en dehors de l’État de Borno ».

Les travailleurs humanitaires et les autorités locales ont mis en garde contre une catastrophe si le virus venait à se répandre parmi les quelque deux millions de personnes déplacées dans la région du lac Tchad, qui souffrent déjà de conditions sanitaires et médicales déplorables.

Cette région, qui est l’une des plus pauvres du monde, est extrêmement vulnérable avec sept millions de personnes dépendant déjà de l’aide humanitaire pour survivre et quasiment tous les services publics ont été anéantis par le conflit.

L’ONG MSF a déclaré qu’elle apportait son soutien aux autorités pour identifier « les personnes qui ont pu être en contact avec lui (le virus, ndlr) ».

MSF « continuera également à apporter son aide » dans cette région où le système de santé est défaillant après une décennie de guerre contre les jihadistes.

« Dans le but de protéger nos équipes et nos patients, MSF a renforcé ses mesures d’hygiène, ses contrôles et a mis en place des espaces d’isolement » pour les patients soupçonnés d’être positifs au coronavirus, selon le communiqué.

« Les acteurs humanitaires ont adapté leur façon de travailler pour empêcher la propagation du virus » dans la région, a tenu à préciser Edward Kallon, le coordinateur humanitaire des Nations unies au Nigeria, dans un communiqué.

« Une installation de traitement du Covid-19 et un laboratoire de tests ont été mis en place à Maiduguri et une deuxième installation de traitement » est en voie de création, a-t-il indiqué.

« Les acteurs humanitaires installent des stations de lavage des mains et assurent l’approvisionnement en eau potable dans les camps de déplacés et les communautés vulnérables », selon le texte.

L’infirmier qui a perdu la vie est la 21e personne à être morte du Covid-19 officiellement recensée au Nigeria, mais les professionnels de santé mettent en garde contre une propagation beaucoup plus importante du virus sur son territoire : 7.000 tests seulement ont été réalisés à ce jour dans ce pays, le plus peuplé d’Afrique avec près de 200 millions d’habitants.

Confinement levé au Ghana: la vie normale reprend, l’inquiétude reste

Le Ghana est devenu lundi le premier pays d’Afrique à lever le confinement imposé depuis trois semaines: une décision qui soulage les plus pauvres autant qu’elle inquiéte sur l’avenir de la propagation du coronavirus dans le pays.

C’était comme si Accra était aussitôt revenue à la normale: ses rues et ses marchés bourdonnaient de vie après l’annonce par le président Nana Akufo-Addo, la veille au soir, de lever le confinement dans la capitale et dans la seconde ville du pays, Kumasi.

Le chef de l’Etat a assuré que grâce à une importante augmentation des capacités de dépistage, la traçabilité des personnes en contact avec les malades et l’ouverture de nouveaux centres de quarantaine, le pays était en mesure de retrouver un semblant de vie quotidienne.

Jemima Adwoa Anim était ravie d’être de retour dans son commerce du centre d’Accra. Devant son échoppe, les piétons et les voitures ne désemplissent pas.

« C’est un énorme soulagement. Notre gouvernement nous a entendus », a-t-elle déclaré à l’AFP. « C’était comme pendant une guerre: nous n’avions pas d’argent et en même temps, nous ne pouvions pas travailler pour gagner de quoi manger. Que Dieu bénisse notre président ».

Mais dans la périphérie de la capitale, cette décision a soulevé de nombreuses critiques. Le Ghana enregistrait lundi plus de 1.000 cas officiels de coronavirus, de quoi inquiéter sur sa future propagation.

« C’est totalement ridicule. Comment est-ce possible? », interrogeait Francis Collison, un étudiant de 20 ans. « Nous venons d’enregistrer plus de 1.000 cas positifs de COVID-19 et c’est maintenant que le président décide de lever les mesures de confinement ».

La grande majorité des Ghanéens, bien qu’ils craignent cette décision, n’ont juste pas d’autre choix que de retourner travailler, dépendant bien souvent de l’économie informelle pour survivre.

– Equilibre difficile –

La décision du Ghana de lever le confinement sera surveillée de près à travers l’Afrique.

En effet, sur tout le continent, les autorités sont aux prises avec un difficile équilibre: comment freiner la propagation du virus tout en permettant à des millions de personnes vivant dans la pauvreté de gagner de l’argent et se nourrir?

Le gouvernement ghanéen insiste sur le fait qu’il est en bonne position pour contrôler la pandémie, après avoir appliqué une mise en quarantaine stricte des arrivées de l’étranger le mois dernier.

Le pays a également réalisé de nombreux tests: plus de 68.000 pour une population de près de 30 millions d’habitants.

Malgré la levée du confinement, les frontières du pays et les écoles restent fermées, les rassemblements sont interdits et le président a conseillé le port du masque.

Des mesures largement insuffisantes selon le personnel médical. « Cette décision de lever le confinement a mis à plat tous les efforts que nous avons déployé jusqu’à maintenant », explique à l’AFP, Abigail Sosu, une infirmière.

« J’ai peur. Nous n’avons pas les ressources si une deuxième vague du virus devait se propager dans le pays. »

– « Pari politique » –

Alors que l’élection présidentielle est toujours prévue pour la fin de l’année, la gestion de la crise du coronavirus, qui pour l’instant avait échappé aux querelles politiques, est désormais un argument pour l’opposition.

Peu après l’intervention du chef de l’Etat, le communiqué de l’opposition ne s’est pas fait attendre.

« La décision du président Akufo-Addo de lever le confinement à ce moment crucial de l’épidémie est un pari politique imprudent qui laisse présager un grand danger pour cette nation », a déclaré le Congrès national démocrate, principal parti d’opposition, dirigé par l’ex-président John Mahama.

Un pari que pour l’instant, la majorité la plus pauvre semble toutefois soutenir, en sortant dans les rues et en retrouvant une vie normale malgré les dangers de contamination.

Benny Gantz, le « bon soldat » face à la crise en Israël

L’ancien chef de l’armée Benny Gantz a surfé sur une image de « Monsieur Propre » face à un Benjamin Netanyahu inculpé pour corruption avant de pactiser, en « bon soldat », avec son ennemi, dans « l’intérêt » supérieur d’Israël face à la pandémie de Covid-19.

Grand, baraqué et yeux azur, cet ex-militaire à l’attitude décontractée et abordable, n’avait pourtant aucune expérience politique lorsqu’il s’est jeté dans l’arène il y a un an pour former le parti centriste Kahol Lavan (« Bleu-Blanc »), les couleurs du drapeau israélien.

A 60 ans, M. Gantz a mené trois batailles électorales en moins d’un an contre Benjamin Netanyahu, sans jamais véritablement triompher de lui.

Il a bien gagné l’une des batailles mais n’a jamais la guerre, c’est-à-dire qu’il n’a pas réussi à détrôner celui que ses partisans nomment le « Roi Bibi ». A défaut de le vaincre, il a pactisé avec lui afin de mener ensemble une autre « guerre »: contre le nouveau coronavirus.

En pleine pandémie, M. Gantz a créé la surprise en ouvrant la voie à un gouvernement « d’union et d’urgence » avec M. Netanyahu, reniant ainsi son engagement à ne pas partager le pouvoir avec le Premier ministre sortant tant qu’il n’aura pas réglé ses démêlés avec la justice.

Dans le cadre de leur accord pour un gouvernement « d’union », l’ancien chef de l’armée retournera à ses premiers amours héritant du ministère de la Défense.

Et dans 18 mois, si le gouvernement tient toujours, il gravira les marches du pouvoir pour succéder à Benjamin Netanyahu, avec lequel il partage à peu de choses près la même vision sécuritaire, à la tête du gouvernement.

– « Honnêteté » –

Pur « sabra » -terme désignant les juifs nés en Israël-, M. Gantz, fils d’immigrants rescapés de la Shoah, est né le 9 juin 1959 à Kfar Ahim, un village du sud du pays.

A 18 ans, il rejoint l’armée dont il gravit les échelons et obtient le grade de général en 2001 avant de devenir chef d’état-major de 2011 à 2015, dirigeant ainsi l’armée pendant deux guerres contre le mouvement palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

« Il n’a pas laissé de traces indélébiles dans l’armée, mais a conservé une image de stabilité et d’honnêteté », selon Amos Harel, journaliste spécialiste des affaires militaires au quotidien Haaretz.

Sa décision de tendre la main à Benjamin Netanyahu pour former un gouverner d’unité lui a valu des critiques acerbes dans son camp ayant d’ailleurs mené à la scission de son parti. Mais des commentateurs ont vu dans ce geste le caractère d’un « bon soldat » au service avant tout de son pays et non de sa personne.

S’il propose une vision plus libérale de la société que M. Netanyahu, et souhaite mettre en place un gouvernement laïc favorable au mariage civil, ce qui n’est pas d’usage en Israël, il soigne, comme le Premier ministre, son image de faucon.

Il affirme vouloir conserver le contrôle militaire israélien sur la majeure partie de la Cisjordanie occupée, annexer la vallée du Jourdain et mettre fin aux attaques à partir de Gaza.

Benny Gantz est titulaire d’une licence d’histoire de l’université de Tel-Aviv, d’un master en Sciences politiques de l’université de Haïfa (nord) et d’un master en gestion de ressources nationales de la National Defense University aux Etats-Unis.

Il est marié et père de quatre enfants.

Burkina: 31 civils tués par les forces de l’ordre, selon HRW

L’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch a accusé lundi les forces de sécurité du Burkina Faso d’avoir exécuté 31 habitants de la ville de Djibo, dans le Nord du pays, « lors d’une parodie brutale d’opération antiterroriste » le 9 avril.

« Les forces de sécurité burkinabè ont apparemment exécuté 31 hommes lors d’une parodie brutale d’opération antiterroriste susceptible de constituer un crime de guerre », selon Corinne Dufka, directrice pour l’Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch, citée dans un communiqué de l’organisation transmis à l’AFP.

L’ONG appelle les autorités burkinabè à « immédiatement ouvrir une enquête impartiale sur ces meurtres et tenir les responsables pour comptables de leurs actes, quel que soit leur rang ».

Le ministère de la Défense a indiqué lundi avoir ouvert une enquête dès le 10 avril.

« Ce type d’allégations avait été rapporté au ministre de le Défense nationale (…) qui dès le 10 avril 2020 a adressé une lettre au directeur de la Justice militaire pour l’instruire de faire ouvrir par ses services une enquête judiciaire afin d’établir la vérité des faits », a réagi le ministère dans un communiqué.

HRW et des organisations de la société civile burkinabè ont déjà plusieurs fois dénoncé des violences perpétrées par les forces de sécurité contre la population, qui ont fait selon ces ONG plusieurs centaines de morts, sous couvert de lutte contre les groupes jihadistes qui multiplient les attaques dans le pays depuis cinq ans.

Le Burkina fait face depuis 2015 – comme ses voisins le Mali et le Niger – à des violences meurtrières croissantes perpétrées par des groupes jihadistes, parfois entremêlées de conflits intercommunautaires, qui ont fait plus 800 morts et près de 860.000 déplacés.

Selon l’enquête menée par HRW à Djibo, ville située à 200 km au nord de la capitale Ouagadougou, les forces de sécurité ont ciblé exclusivement des hommes de la communauté peule, une ethnie semi-nomade sahélienne parmi laquelle les groupes islamistes recrutent particulièrement, selon les experts.

« Selon les habitants, des dizaines de membres des forces de sécurité ont été impliqués dans l’opération du 9 avril, qui a débuté vers 10 heures (locales et GMT) avec les arrestations, pour s’achever vers 13h30, lorsque plusieurs coups de feu ont été entendus », explique HRW.

« Les victimes ont été interpellées dans plusieurs quartiers, alors qu’elles étaient en train d’abreuver leur bétail, de marcher ou étaient assises devant leurs domiciles », par des militaires venant vraisemblablement du camp du Groupement des Forces antiterroristes de Djibo, petite ville d’une vingtaine de milliers d’habitants au coeur d’une région très fréquemment ciblée par les attaques jihadistes.

– « Une scène terrifiante » –

Les hommes arrêtés « ont été placés à bord d’un convoi formé d’une dizaine de véhicules militaires, dont des camionnettes, une voiture blindée et des motos ».

« Les villageois ont déclaré s’être rendus, vers 16 heures, à l’endroit où ils avaient entendu les coups de feu. Ils y ont trouvé les corps de 31 hommes qui avaient été vus pour la dernière fois sous la garde des forces de sécurité. Plusieurs d’entre eux avaient les yeux ou les mains liés. Les habitants ont déclaré qu’aucun n’était armé », détaille HRW.

« Ils avaient été tués par balle, certains déchiquetés par des rafales au point d’être méconnaissables », selon un témoin cité par HRW qui dit avoir perdu cinq membres de sa famille.

« C’était une scène terrifiante », « je n’ai pu reconnaître mon frère qu’à partir d’un fragment de ses vêtements », relate un autre témoin.

Pour son enquête, HRW précise avoir « mené des entretiens avec 17 personnes ayant connaissance des tueries du 9 avril, dont 12 témoins des arrestations puis de l’enterrement des corps », qui « ont établi une liste des victimes, toutes peules ».

Dans son communiqué, le ministère de la Défense assure que « les forces armées ayant en leur sein des fils de toutes les communautés qui composent le peuple burkinabè, elles ne sauraient opter de stigmatiser une d’entre elles. Surtout que le succès de leurs missions dépend de la confiance et de la collaboration des populations locales ».

« Si ces allégations étaient avérées, des sanctions seront prises à l’encontre des auteurs », affirme le ministère.

Sous-équipées et mal entraînées, les forces de l’ordre du Burkina, pays pauvre d’Afrique de l’Ouest, n’arrivent pas à enrayer la spirale de violences jihadistes, en dépit de certaines annonces triomphalistes, et malgré l’aide de forces étrangères, notamment de la France, présente dans le Sahel avec 5.100 hommes dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane.

Les violences jihadistes mêlées à des conflits intercommunautaires, qui touchent l’ensemble du Sahel, ont fait au total 4.000 morts au Mali, au Niger et au Burkina Faso en 2019, selon l’ONU.

Israël: Netanyahu et Gantz s’entendent enfin sur un gouvernement d’union

Fumée blanche à Jérusalem! Après seize mois d’une crise politique sans précédent dans l’histoire d’Israël, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-rival Benny Gantz se sont entendus lundi soir pour former un gouvernement d’union en pleine pandémie de Covid-19.

Le signal est venu de la résidence officielle du Premier ministre Benjamin Netanyahu au grand soulagement de nombreux Israéliens, dont beaucoup craignaient la tenue de nouvelles élections pour résoudre la crise.

Après trois scrutins législatifs en un an, des rebondissements les plus improbables et parfois les plus désespérants pour certains Israéliens, MM. Netanyahu, 70 ans, et Gantz, 60 ans, se sont retrouvés dans la soirée avant le début de Yom Hashoah, le « jour de la Shoah », qui se tient du coucher du soleil lundi à la tombée de la nuit mardi en Israël.

Ces entretiens avaient pour but de sceller l’union entre les deux anciens rivaux après de nombreuses tentatives ayant échoué. Les sceptiques ont été confondus car cette fois a finalement a été la bonne.

Des milliers d’Israéliens, respectant scrupuleusement les règles de distanciation sociale, avaient manifesté dimanche soir à Tel-Aviv dans l’espoir de barrer la route à une alliance entre MM. Netanyahu et Gantz.

« Un accord pour la formation d’un gouvernement national d’urgence a été signé » par MM. Netanyahu, chef du Likoud (droite), et Gantz, le dirigeant du parti Bleu-Blanc (centriste), ont indiqué les deux formations politiques dans un communiqué.

Leur pacte, d’une durée de trois ans, vise la formation d’un gouvernement « bipartisan » avec pour Premier ministre M. Netanyahu pour les 18 premiers mois et M. Gantz pour les 18 mois suivant. Il prévoit aussi un nombre égal de ministres pour les deux camps et la possibilité pour des partis de se joindre à eux afin de sortir le pays de la crise.

– Covid et annexion? –

Lors des élections du 2 mars – les troisièmes en moins d’un an, qui devaient enfin départager les deux hommes – Benjamin Netanyahu avait réussi son meilleur score à la tête du Likoud (36 sièges) mais n’avait pas réussi à obtenir la majorité avec ses alliés de la droite radicale et des partis ultra-orthodoxes.

Les parlementaires avaient plutôt recommandé au président de choisir Benny Gantz, un ancien chef d’état-major de l’armée à la tête de la coalition centriste Bleu-Blanc, pour tenter de former le gouvernement.

Incapable de rallier une majorité au moment où de surcroît le pays affronte la crise du coronavirus, M. Gantz avait causé la surprise en ouvrant la voie à un gouvernement « d’union et d’urgence » avec Benjamin Netanyahu, inculpé pour corruption. Il était ainsi revenu sur son engagement de ne pas partager le pouvoir avec le Premier ministre sortant tant que ce dernier n’aurait pas réglé ses démêlés avec la justice.

L’espoir d’un gouvernement d’union pointait à l’horizon pour de nombreux Israéliens, mais d’autres ont toutefois reproché au général Gantz d’avoir rendu les armes face à Benjamin Netanyahu, plus pérenne des Premiers ministres de l’histoire du pays, passé maître dans l’art de la survie politique.

Mais des pourparlers entre les deux camps, jusque tard dans la nuit, avaient échoué la semaine dernière faisant craindre la tenue d’un quatrième round électoral anticipé.

Selon l’accord conclu lundi, les deux parties mettront finalement sur pied un gouvernement d’urgence qui oeuvrera à combattre le coronavirus, qui a contaminé plus de 13.000 personnes en Israël et provoqué plus de 170 décès, et ses conséquences notamment sur l’économie avec un chômage qui a explosé ce dernier mois alors que l’économie tournait à plein régime avant la crise.

Le négociateur en chef de M. Netanyahu, Yariv Levin, a lui indiqué que ce gouvernement avait aussi pour objectif d’appliquer la « souveraineté » d’Israël dans les « implantations en Judée et Samarie », expression souvent utilisée pour évoquer l’annexion des colonies et de territoires en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par l’Etat hébreu.

Benjamin Netanyahu, maître dans l’art de la survie politique

Détenteur du record de longévité au poste de Premier ministre de toute l’histoire d’Israël, Benjamin Netanyahu est un « magicien » de la survie politique, passé maître dans l’art d’être reconduit à son poste malgré les rivaux et les ennuis judiciaires.

Souvent surnommé « Roi Bibi » par ses partisans, Benjamin Netanyahu, 70 ans, s’est entendu lundi avec Benny Gantz pour former un gouvernement d’union et d’urgence qu’il dirigera en premier, pendant 18 mois, avant de laisser la place à son ex-rival.

Après 16 mois d’un gouvernement de transition, trois élections législatives et des rebondissements les plus improbables, les deux hommes ont ainsi mis fin à la plus longue crise politique de l’histoire d’Israël, en pleine pandémie de Covid-19.

Voix rauque de ténor, cheveux argentés inamovibles, souvent vêtu d’un complet-cravate bleu sur chemise blanche, le seul Premier ministre à être né après la création d’Israël en 1948 est un fin stratège habitué au louvoiement.

Né à Tel-Aviv le 21 octobre 1949, M. Netanyahu a hérité d’un bagage idéologique musclé par son père Benzion, qui était l’assistant personnel de Zeev Jabotinsky, leader de la tendance sioniste dite « révisionniste », favorable à un « Grand Israël ».

M. Netanyahu prône une vision d’Israël comme « Etat juif » avec des frontières s’étendant au nord-est jusqu’à la Jordanie. D’où sa promesse d’annexer la vallée du Jourdain située en Cisjordanie, un territoire palestinien occupé.

– Plus jeune Premier ministre –

Le jeune Netanyahu effectue son service militaire dans un commando prestigieux. Le Proche-Orient est alors dans l’après-guerre des Six Jours, qui a vu en 1967 Israël s’emparer des territoires palestiniens de Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem-Est ainsi que du Golan syrien et du Sinaï égyptien.

En 1976, le frère aîné de Benjamin, Yoni, commandant de l’unité chargée de libérer les otages d’un vol Tel-Aviv/Paris détourné par deux organisations palestinienne et allemande en Ouganda, est tué pendant l’assaut israélien.

Ce décès ébranle profondément Benjamin Netanyahu qui fera de la « lutte contre le terrorisme », qu’il associe souvent aux Palestiniens, l’un des fils conducteurs de sa carrière.

Orateur né, pugnace, il devient diplomate à Washington, puis ambassadeur à l’ONU dans les années 1980. De retour en Israël, il est élu député en 1988 sous la bannière du Likoud (droite), dont il devient, avec son style à l’américaine, l’étoile montante.

Pendant la guerre du Golfe de 1991, qui expose Israël à une pluie de missiles irakiens, il défend le point de vue israélien sur la chaîne américaine CNN. A l’aise devant la caméra, il connaît les codes médiatiques et maîtrise l’anglais, ayant fait ses études au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT).

Il continue son ascension jusqu’à une première consécration en 1996. A 47 ans, M. Netanyahu triomphe alors du doyen Shimon Peres et devient le plus jeune Premier ministre de l’histoire d’Israël.

Son règne est de courte durée: trois ans. Mais, après une brève retraite, il retourne à sa passion, la politique, et reprend la tête du Likoud. En 2009, il redevient Premier ministre.

– « Guerre personnelle » –

Depuis, Israël n’a connu que « Bibi ».

Il se présente comme le grand défenseur de l’Etat hébreu face à l’Iran, nouvel « Amalek », ennemi mortel des Hébreux dans la Bible. Ses adversaires décrivent plutôt un autocrate prêt à tout pour rester à son poste.

Marié et père de trois enfants, il a aussi décroché un autre titre, moins glorieux, en étant le premier chef de gouvernement à être inculpé dans l’exercice de ses fonctions.

Mais son procès pour corruption, abus de pouvoir et malversation, prévu initialement le 17 mars a été reporté en raison de l’épidémie du coronavirus.

Pour Gideon Rahat, professeur de sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem, Benjamin Netanyahu a droitisé son discours depuis ses ennuis judiciaires.

« Il est plus (…) enclin au populisme. Il se bat pour sa survie, pour éviter les tribunaux, c’est une guerre personnelle. »

Coronavirus au Burkina : le grand marché de Ouagadougou rouvre

Les affaires vont enfin pouvoir reprendre au marché central de Ouagadougou, considéré comme le poumon économique du Burkina Faso, rouvert lundi près d’un mois après sa fermeture pour cause de coronavirus, au grand soulagement des commerçants.

L’épidémie qui a causé 36 morts pour 576 cas dans ce pays pauvre d’Afrique de l’ouest, selon le dernier bilan officiel dimanche, avait entraîné la fermeture du grand marché et d’une quarantaine d’autres dans la capitale burkinabè de 3 millions d’habitants, le 25 mars, deux semaines après l’apparition de la maladie.

« C’est une joie de voir le marché rouvrir ses portes. La situation commençait à être difficile pour nous », réagit Boureima Compaoré, un marchand de pagnes (tissus), venu assister à la réouverture.

En pratique, les boutiques n’ouvriront effectivement que mardi, après la cérémonie officielle, pour donner le temps aux commerçants de reprendre possession de leurs étals.

« Depuis la fermeture, c’était la misère. On vivait au jour le jour, sans aucune économie », explique Souleymane Sawadogo, un vendeur de vêtements. « Maintenant nous sommes soulagés. On espère que les clients aussi ne vont pas avoir peur de venir faire des achats » dit-il, affirmant que les commerçants sont « prêts à se plier à aux mesures les plus rigoureuses pour garder le marché ouvert ».

Fruits, légumes, viandes, épices, mais aussi tissus, vêtements, quincaillerie, électroménager, informatique, pièces détachées pour deux-roues, et même oeuvres d’art… On trouve de tout dans cet marché animé sept jours sur sept, de l’aube au crépuscule.

Entre 25.000 et 30.000 personnes y travaillent, selon l’Agence de développement urbain de Ouagadougou. Organisé autour d’un énorme bâtiment de deux étages, occupant une place centrale de la capitale, le grand marché compte près de 3.000 boutiques.

L’Etat a décidé sa réouverture « pour soulager les commerçants, leur permettre de poursuivre leur activité et participer à la relance de l’économie nationale », selon le maire de Ouagadougou Armand Béouindé.

« Le grand marché, c’est le poumon économique de la capitale. Les autres marchés, même à l’intérieur du pays, se ravitaillent à partir du grand marché », souligne le président du Conseil national du secteur informel, Salifou Kaboré.

– « Changer de comportement » –

La pandémie met à rude épreuve la fragile économie du Burkina Faso, déjà éprouvée par la lutte contre les groupes jihadistes depuis cinq ans. La croissance devrait chuter à 2%, au lieu des 6,3% initialement prévus, selon le gouvernement.

Les frontières sont fermées, et les grandes villes, dont Ouagadougou, placées en quarantaine, désorganisant le commerce.

Autour du grand marché, les parkings sont à nouveau bondés de vélos et de motocyclettes. « Pour nous, les affairent reprennent », sourit Alassane Kaboré, gérant de l’un des parkings, affairé à ranger quelques engins.

« Il était temps car on ne savait plus quoi faire pour survivre. Nous n’avons pas bénéficié d’aide ou d’accompagnement pour tenir pendant la durée de la fermeture », relève-t-il.

Avant la réouverture, le marché central a été entièrement nettoyé et désinfecté, explique le ministre du Commerce Harouna Kaboré, alors que des haut-parleurs diffusent des messages sur les mesures barrières contre le coronavirus. Les mêmes opérations sont en cours pour les autres marchés.

« Des dispositifs de lavage des mains ont été installés à toutes les portes d’entrée et la prise de température est systématique. A l’intérieur, les allées ont été complètement dégagées, et un traçage fait pour respecter la distanciation sociale », assure le maire.

« Nous avons augmenté le nombre de policiers sur le site du marché pour aider les usagers et s’assurer que les gestes barrières seront respectés. Près de 500 bénévoles ont également été mobilisés pour poursuivre la sensibilisation et veiller au respect des consignes », détaille-t-il.

Commerçants et acheteurs devront porter un masque, et seulement deux clients en même temps seront autorisés par boutique, précise Halidou Sanfo, représentant des commerçants. « Nous sommes tous appelés à changer notre comportement. On ne peut plus fréquenter les marchés comme on le faisait avant et nous allons y veiller », promet-il.

Parmi les badauds, certains Ouagalais s’inquiètent de cette réouverture.

« La maladie n’est pas encore maîtrisée. Les cas ne font qu’augmenter », note Awa Zoungrana, professeur du secondaire.

« C’est sûrement pour éviter des troubles que les autorités ont rouvert le marché, sinon rien ne justifie une telle précipitation », soutient Albert Nana, fonctionnaire à la retraite, pas rassuré par les mesures de sécurité. « Je fréquente régulièrement le marché, mais je vais éviter d’y aller pendant quelques temps ».

Plus de 20.000 morts en Espagne qui prolonge le confinement

L’Espagne, qui dénombre plus de 20.000 morts dus à la pandémie de nouveau coronavirus, va prolonger le strict confinement de sa population de deux semaines, jusqu’au 9 mai inclus, a déclaré samedi son Premier ministre.

« Nous avons fait le plus dur grâce à la responsabilité et à la discipline sociales (…) nous avons laissé derrière nous les moments les plus extrêmes » mais « ces succès sont encore insuffisants et surtout fragiles », a insisté Pedro Sanchez, appelant à ne pas tout « mettre en péril » avec des décisions « précipitées ».

Le socialiste a toutefois annoncé que ce confinement allait être assoupli pour les enfants qui allaient pouvoir sortir « un peu chaque jour » à partir du 27 avril alors qu’ils n’en avaient pas le droit depuis le début du confinement le 14 mars.

Jusqu’ici, seuls les adultes pouvaient quitter leur domicile seuls pour aller travailler, acheter à manger ou des médicaments, se faire soigner ou sortir rapidement leur chien.

Les appels se sont faits de plus en plus pressants ces derniers jours pour permettre aux enfants de prendre l’air comme dans d’autres pays européens.

Cette nouvelle prolongation de l’état d’alerte, qui devra être entérinée par le Parlement, sera suivie d’autres mesures de restrictions en mai avant une levée « prudente et progressive » du confinement en fonction de l’évolution de l’épidémie et qui pourra varier selon les régions, a ajouté M. Sanchez.

« Si cela est nécessaire, nous renforcerons de nouveau les mesures de protection », a-t-il averti.

Lundi, certains Espagnols avaient déjà pu reprendre le travail après deux semaines d’arrêt quasi total de l’économie mais le télétravail reste la norme lorsque cela est possible tandis que tous les commerces non essentiels sont toujours fermés.

– Plus de 20.000 morts –

L’Espagne a dépassé samedi les 20.000 morts à 20.043 morts, le troisième bilan le plus lourd du monde, derrière ceux des Etats-Unis et de l’Italie.

En 24 heures, le nombre de morts s’est élevé à 565, une légère baisse par rapport aux 585 notifiés vendredi et loin du record de 950 morts en un jour enregistré le 2 avril.

Ce comptage -qui n’inclut que les personnes testées positives au nouveau coronavirus- est cependant de plus en plus contesté par certaines régions selon lesquelles des milliers de personnes supplémentaires sont mortes après avoir présenté des symptômes de la maladie mais sans avoir pu être testées.

La Catalogne (Nord-Est), évoque notamment le chiffre de plus de 7.800 morts alors que le bilan national pour cette région est de plus de 3.800 samedi.

Le nombre de cas confirmés s’élève au total dans le pays à 191.726, après un ralentissement de la progression ces derniers jours malgré un plus grand nombre de tests pratiqués, tandis que le nombre de personnes guéries s’élève à près de 75.000.

Grâce au confinement, « le niveau de transmission actuel (du virus) est beaucoup plus bas », a souligné Fernando Simon, le directeur du centre d’urgences sanitaires lors de son point presse quotidien.

Le très surveillé taux d’infection qui était au-dessus de 3 au début du confinement, c’est à dire qu’un malade contaminait plus de 3 personnes, est désormais inférieur à 1.

Tuerie au Canada: au moins 18 morts, toujours pas de mobile apparent

De multiples scènes de crime, un tueur au mobile inconnu: l’enquête sur la pire tuerie de l’histoire du Canada, une « tragédie » qui a fait au moins 18 morts en Nouvelle-Ecosse selon Justin Trudeau, s’annonce complexe alors qu’émergent les premières révélations sur son auteur présumé.

« Un homme armé a pris la vie à au moins 18 personnes » lors du week-end, a annoncé le Premier ministre lors de son point-presse quotidien. Le tireur a ensuite été abattu par la police.

« La tragédie n’aurait jamais dû se produire. La violence n’a jamais sa place dans notre pays », a-t-il jugé.

M. Trudeau a annoncé qu’un hommage « virtuel » aux victimes serait rendu vendredi à 19h sur un groupe Facebook: « ce sera l’occasion pour nous de célébrer la vie des victimes et d’être là pour leurs familles et leurs proches », a-t-il dit.

Pourquoi un tel carnage, se demandait lundi matin un pays encore sous le choc, où les fusillades de masse sont rares.

Les enquêteurs de la Gendarmerie royale du Canada (GRC, police fédérale) tentaient de déterminer les circonstances et les motivations de Gabriel Wortman, un prothésiste dentaire de 51 ans qui a tué au moins 18 personnes entre samedi soir et dimanche matin, pour une raison encore mystérieuse.

Il a été abattu par la police dimanche en fin de matinée près d’Halifax, la capitale, à l’issue d’une cavale meurtrière de plus de 12 heures et de 100 km.

Les victimes ont été tuées en plusieurs endroits. La presse canadienne a commencé à les identifier: outre la policière Heidi Stevenson, une infirmière, une institutrice et plusieurs couples avec enfants ont été tués.

« Un monstre a assassiné ma mère aujourd’hui. Il l’a assassinée, sans réfléchir. La douleur va et vient par vagues. J’ai l’impression d’être en dehors de mon propre corps. Ca ne peut pas être vrai », a déploré sur Facebook Darcy Dobson après la mort de Heather O’Brien, une infirmière.

Wortman les connaissait-il ? Plusieurs victimes « ne semblent pas avoir de lien avec le tireur », avait expliqué la veille un porte-parole de la GRC lors d’une conférence de presse.

Selon des témoins cités par les médias, l’homme a mis le feu à sa maison et a tué par balle plusieurs personnes qui sortaient dans la rue. Il aurait également abattu le conducteur d’une voiture lors de son périple meurtrier.

La cheffe de la GRC, Brenda Lucki, estime qu’il a sans doute eu une « motivation » initiale avant de partir dans une folle poursuite meurtrière de nature « aléatoire ».

La tuerie a commencé samedi en fin de soirée dans une maison de la paisible commune rurale et côtière de Portapique, qui compte une centaine d’âmes. Appelée par des voisins qui avaient entendu des coups de feu, la police a découvert sur place plusieurs cadavres, à l’intérieur et devant une maison. Le tueur présumé était introuvable et plusieurs incendies ont été signalés dans les parages peu après.

Commençait alors une chasse à l’homme qui allait durer toute la nuit et la matinée, sur plus d’une centaine de kilomètres.

Gabriel Wortman circule dans un premier temps à bord d’une voiture ressemblant à celles utilisées par la GRC. Ce collectionneur d’équipements de police, selon des témoignages, portait au moins une partie d’un uniforme de la GRC.

-« Un de ces gars bizarres »-

Lundi matin, des premières informations commençaient à filtrer sur l’auteur présumé du carnage.

Wortman, possédait deux belles propriétés proches de la mer à Portapique, ainsi qu’une clinique de prothèse dentaire à Dartmouth, près de la capitale Halifax.

Des voisins ont expliqué au quotidien Globe and Mail qu’il avait un problème avec l’alcool et que sa clinique avait souffert des contraintes liées à l’épidémie de coronavirus.

Mais selon le responsable des enquêtes de la GRC de Nouvelle-Ecosse, Chris Leather, il était inconnu de la police et n’avait aucun passé violent.

Wortman avait une passion pour les équipements et voitures de police, qu’il rachetait aux enchères puis restaurait, ont raconté des témoins.

L’une de ses propriétés à Portapique était un véritable « sanctuaire » dédié à la GRC, selon un homme qui le connaissait cité par le Globe and Mail.

« C’était un de ces gars bizarres, il était vraiment branché objets de collection de la police », selon Nathan Staples.

Ce drame constitue la pire tuerie de masse de l’histoire récente du Canada.

Merkel appelle l’Allemagne à ne pas crier victoire malgré le déconfinement

La chancelière Angela Merkel a appelé l’Allemagne à ne pas crier victoire trop vite face à la pandémie de nouveau coronavirus et à suivre un déconfinement par étapes, entamé lundi par la réouverture des magasins.

« Nous sommes au début de la pandémie et nous sommes encore loin d’être sortis de l’auberge », a mis en garde la chancelière, jugeant qu’il serait « extrêmement dommage de connaître une rechute ».

« Aller trop vite serait une erreur, c’est ce qui m’inquiète », a martelé Mme Merkel à l’issue d’un nouveau Conseil des ministres exceptionnel.

La dirigeante avait déjà exprimé lundi matin son mécontentement d’un éventuel relâchement des Allemands dans le respect des restrictions sociales.

– ‘Orgies de discussions’ –

Mme Merkel, dont la gestion de la crise est saluée par une écrasante majorité d’Allemands, avait notamment dénoncé, auprès de drigeants du parti conservateur CDU, les « orgies de discussions » sur une levée accélérée des précautions contre la pandémie, au détriment du dispositif progressif.

Commerces d’alimentation, librairies, concessionnaires automobiles… La plupart des magasins d’une surface inférieure à 800 mètres carrés pouvait à nouveau accueillir des clients à partir de lundi matin.

Chaque région dispose toutefois, fédéralisme oblige, d’une marge de manoeuvre et peut prendre des décisions autonomes.

La Saxe, en ex-Allemagne de l’Est, a ainsi rendu obligatoire le port de masques ou de foulards dans les espaces publics.

A Leipzig, une des principales villes de ce Land, les passants devant la gare et dans les rues portaient quasiment tous des protections, a constaté une vidéaste de l’AFP.

Les magasins ont rouvert après plus d’un mois de fermeture, limitant à deux personnes le nombre maximum de gens présents en même temps dans leur boutique. Des clients attendaient ainsi leur tour devant les magasins en respectant les distances.

Malgré ces restrictions, Manuela Ficher-Hanses s’est dit « incroyablement heureuse » de pouvoir rouvrir son magasin de vêtements. « Nous avons pris toutes les mesures de sécurité », notamment « d’hygiène », a assuré cette commerçante de 58 ans.

Avec les protections, « on se sent un peu plus en sécurité », abonde Marion, une habitante de Leipzig, âgée de 75 ans, souhaitant que le déconfinement « continue lentement, pas à pas ».

Pour Abeshek, un habitant de 25 ans, « devoir porter un masque est une bonne chose pour tous ceux qui ne veulent pas que le virus se propage ».

Le port d’une protection, « fermement conseillée » par Angela Merkel, sera également obligatoire dans tous les lieux publics à partir de la semaine prochaine en Bavière, le Land le plus touché par l’épidémie, a annoncé lundi son dirigeant, Markus Söder.

Avec plus de 140.000 cas officiellement recensés et environ 4.500 décès, la pandémie est « sous contrôle et gérable » en Allemagne, selon les termes du ministre de la Santé, Jens Spahn.

Le très surveillé taux d’infection, qui mesure le nombre de personnes en moyenne contaminées par chaque malade du Covid-19, est ainsi descendu à moins de 1 pour se limiter à 0,7.

– Succès « fragile » –

Mais ce « succès d’étape » est « fragile », met en garde depuis plusieurs jours Mme Merkel.

« Nous ne pourrons pas vivre notre ancienne vie avant longtemps. La distance et la protection resteront la règle et la mesure de notre vie quotidienne », selon Armin Laschet, dirigeant d’une des régions les plus touchées, la Rhénanie du Nord-Westphalie, et candidat à la présidence du parti conservateur CDU.

Ecoles et lycées ne rouvriront ainsi qu’à partir du 4 mai, en commençant par les élèves les plus âgés. En Bavière, la rentrée est elle prévue une semaine plus tard.

L’interdiction de se regrouper à plus de deux personnes dans l’espace public, sauf en famille, est aussi prolongée. La distance minimale de 1,5 mètre devra continuer à être observée entre chaque personne.

Quant aux salons de coiffure, ils ne rouvriront eux aussi qu’à compter du 4 mai.

Lieux culturels, bars, restaurants – sauf pour les livraisons -, aires de jeu, terrains de sports, demeurent eux aussi fermés.

Les grands rassemblements tels que les concerts ou compétitions sportives, resteront interdits au moins jusqu’au 31 août.

L’Allemagne entend accompagner ce déconfinement progressif par un ensemble de mesures destinées à endiguer l’épidémie. Elle compte ainsi multiplier les tests pour pouvoir isoler les malades. Elle en a réalisé environ 1,7 million jusqu’ici.

L’Allemagne devrait aussi produire à partir d’août 50 millions de masques par semaine.

En Algérie, le tour de vis contre les médias en ligne

Les autorités algériennes viennent de censurer plusieurs médias en ligne, actifs dans la couverture du mouvement populaire antirégime, arguant notamment de financements étrangers illégaux, un tour de vis qui inquiète les défenseurs des libertés de la presse et d’expression.

« L’Algérie est le pays qui enregistre le plus de victimes en lien avec le coronavirus en Afrique et les autorités préfèrent s’acharner contre la presse libre », a déclaré à l’AFP Souhaieb Khayati, directeur de l’association Reporters sans frontières (RSF) pour l’Afrique du Nord.

Basé à Alger, le site d’information en ligne Interlignes, un média généraliste lancé en 2018, a indiqué dimanche soir être inaccessible, censuré par les autorités, selon son fondateur et directeur de publication Bouzid Ichalalene.

Il n’a pas été possible d’obtenir un commentaire du ministère algérien de la Communication.

Il s’agit du troisième média algérien à être la cible d’une mesure de censure par les autorités depuis le 10 avril après deux sites du groupe Interface Médias: Maghreb Emergent et Radio M, une radio web.

A plusieurs reprises en 2017 et 2019, un autre site en ligne, TSA (Tout sur l’Algérie), qui se présente comme le « premier média francophone algérien sur internet », ne pouvait être consulté en Algérie.

« Le pouvoir veut pousser les médias sérieux à la fermeture et laisser la médiocrité régner sur ce noble métier », a réagi le fondateur d’Interlignes auprès de l’AFP.

Son site avait été déjà censuré en juillet 2019 en raison de sa couverture des marches du « Hirak », le mouvement populaire antirégime qui a ébranlé le pouvoir pendant plus d’un an jusqu’à sa récente suspension en raison de la pandémie de Covid-19, rappelle Interlignes.

– Publicité en ligne –

Le ministre de la Communication, Ammar Belhimer, un ancien journaliste, a récemment accusé des médias nationaux –dont Radio M– de bénéficier de financements étrangers, ce qui est interdit par la loi.

Interrogé par l’AFP à ce sujet, M. Ichalalene a assuré qu’Interlignes tirait son financement à 100% de la publicité en ligne en Algérie.

Selon Saïd Salhi, le vice-président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADDH), l’offensive contre les sites en ligne en particulier s’explique par le fait qu’ils sont « plus actifs » que les médias traditionnels et qu’ils ne sont « pas tributaires de la publicité de l’Anep (l’organisme étatique qui régit la publicité publique, NDLR) ».

M. Salhi souligne que ces médias sont « une presse qui échappe au contrôle de l’Etat avec ses relais autoritaires ». Aujourd’hui, ce dernier veut « reprendre le contrôle d’autant qu’il existe un vide juridique concernant le presse en ligne », juge-t-il.

– « Inquiétant » –

Parallèlement, dans le cadre d’une réforme du code pénal, le conseil des ministres a adopté dimanche un projet de loi qui prévoit de « criminaliser (…) notamment la diffusion de +fakenews+ » visant à « porter atteinte à l’ordre et à la sécurité publics », ainsi que « l’atteinte à la sûreté de l’Etat et à l’unité nationale ».

Mais RSF craint une « instrumentalisation » de cette nouvelle disposition « pour museler la presse ». « Les autorités rendent légal des agissements qui étaient jusque-là contraires à la Constitution algérienne », estime l’ONG.

Le projet de code pénal est « un autre tour de vis contre les libertés, avec pour dessein de légaliser la campagne de répression qui s’abat depuis des mois maintenant sur les militants du +Hirak+, les journalistes et les défenseurs des droits humains, déjà poursuivis et emprisonnés arbitrairement », abonde le vice-président de la LADDH, qui réclame le retrait du texte gouvernemental.

Au moins deux journalistes algériens sont actuellement derrière les barreaux: Khaled Drareni, journaliste indépendant et correspondant de RSF en Algérie, et Sofiane Merakchi, correspondant de la chaîne libanaise Al Mayadeen.

Pour Mahrez Bouaiche, enseignant en philosophie politique à l’université de Béjaïa (nord-est), les pratiques qui avaient cours sous le règne de l’ex-président déchu Abdelaziz Bouteflika (1999-2019) restent en vigueur.

« C’est inquiétant et cela démontre que nous ne sommes pas dans la nouvelle Algérie » promise par son successeur Abdelmadjid Tebboune, « au moment où le peuple demande plus de liberté et de respect des droits de l’Homme ».

M. Tebboune a été élu à la présidence en décembre dernier lors d’un scrutin rejeté par le « Hirak » et marqué par une abstention massive (plus de 60%).

Syrie: rencontre entre Bachar al-Assad et le chef de la diplomatie iranienne

Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, en visite à Damas, a rencontré lundi le président syrien Bachar al-Assad et d’autres hauts responsables pour discuter des développements dans la région à la lumière du nouveau coronavirus.

Il s’agit de la première rencontre officielle depuis avril 2019 entre les deux hommes, qui sont apparus avec un masque sur le visage et des gants pour M. Zarif, sur une photo publiée par la présidence syrienne.

L’Iran est, avec la Russie, un des principaux alliés de Damas dans la guerre qui déchire le pays depuis 2011 et qui a tué plus de 380.000 personnes.

M. Assad a présenté « ses condoléances à l’Iran et au peuple iranien » pour les milliers de personnes mortes des suites du Covid-19.

La République islamique affirme avoir recensé 83.505 cas, dont 5.209 décès, tandis que la Syrie a officiellement enregistré 39 cas, dont trois décès.

Le chef de l’Etat syrien a aussi dénoncé le maintien par les Etats-Unis des sanctions économiques contre la Syrie et l’Iran « malgré des conditions humanitaires exceptionnelles », selon un communiqué de la présidence publié sur les réseaux sociaux.

M. Zarif a lui fustigé les « sanctions cruelles » de Washington qui touchent les pays « luttant contre cette maladie », selon un communiqué de Téhéran.

M. Assad a enfin dénoncé les « empiètements continus de la Turquie sur la souveraineté et le territoire » syriens dans le nord du pays, où Ankara est engagé militairement depuis des années au côté de supplétifs syriens.

Plus tôt lundi, le chef de la diplomatie iranienne a rencontré son homologue syrien Walid Mouallem, selon un communiqué du ministère syrien des Affaires étrangères.

Les deux responsables ont souligné « l’importance d’une coordination continue » pour « renforcer la capacité des deux pays à faire face à l’épidémie », mais également pour « garantir les besoins nécessaires en matière de prévention, de diagnostic et de traitement », selon le communiqué.

Retrouvailles aux bacs à sable: la Norvège rouvre ses établissements pour les plus petits

Les rires remplissent de nouveau l’aire de jeux muette depuis cinq semaines. Malgré des réticences, la Norvège a commencé à rouvrir ses établissements pour les plus petits lundi, un timide semblant de retour à la normale face à l’épidémie de nouveau coronavirus.

Chaudement emmitouflés sous un soleil printanier trompeur, les bambins sont arrivés en bon ordre, et à l’horaire convenu d’avance, au portail d’Espira Grefsen Stasjon, un bâtiment moderne qui accueille quelque 150 enfants de 1 à 6 ans dans le nord d’Oslo.

Certains piaffent d’impatience, faisant de grands signes à leurs copains qui s’affairent déjà dans le bac à sable, d’autres s’agrippent un peu plus longuement à la main de leurs parents.

Dans la cour, des membres du personnel, nombreux, en chasubles jaune fluo, accueillent les enfants, l’entrée des bâtiments étant désormais interdite au public pour limiter les risques de contamination. Aucun masque à l’horizon.

« Il était si impatient qu’on a dû quitter la maison plus tôt pour venir ici et voir les autres enfants », raconte Silje Skifjell au sujet de son aîné, après avoir confié ses deux garçons, Isaak et Kasper, au personnel. « J’en ai presque pleuré. Il était tellement heureux de revoir ses copains ».

Avec l’Autriche, le Danemark et l’Allemagne, la Norvège est l’un des premiers pays européens à alléger ses restrictions, décrétées le 12 mars pour tenter d’enrayer la propagation du nouveau coronavirus.

Mission, semble-t-il, accomplie puisque l’épidémie est désormais jugée sous contrôle sur le sol norvégien. Lundi, 7.113 cas et 154 décès avaient été officiellement recensés pour une population de 5,4 millions d’habitants. Mais le nombre de nouvelles hospitalisations est nettement retombé ces derniers jours.

Sans oser crier victoire, le pays a enclenché un processus lent et progressif de normalisation. Après les « barnehager » – établissements qui englobent crèches et école maternelle en Norvège – cette semaine, ce seront les classes pour les 6-10 ans qui rouvriront leurs portes lundi prochain.

– ‘Roulette russe’ –

Cependant, malgré la confiance quasi-aveugle généralement accordée aux autorités en Scandinavie, tout le monde n’est pas convaincu.

Comme au Danemark qui a rouvert mercredi ses crèches, écoles maternelles et primaires, certains parents norvégiens ont lancé sur Facebook une campagne « Mon enfant ne doit pas être un lapin de laboratoire pour le Covid-19 », et une pétition en ligne a recueilli près de 30.000 signatures.

Selon un sondage publié par la télévision publique NRK ce week-end, 24% des parents ne souhaitent pas à ce stade renvoyer leurs enfants au « barnehage » et 13% se disent incertains.

« Roulette russe », « pari avec la vie des enfants »… Sur les réseaux sociaux, les mots sont parfois durs. « Je n’enverrai pas ma fille à la crèche avant d’être rassuré à 110% », affirme un père inquiet sur Facebook.

A Espira Grefsen Stasjon, les consignes des autorités sont soigneusement respectées. Les plus jeunes enfants, jusqu’à trois ans, sont rassemblés en groupes – des « cohortes » – de trois sous la responsabilité d’un adulte et les plus âgés, jusqu’à six ans, en groupes de six. Interdiction de se mélanger avec les autres.

Sur la gigantesque aire de jeux, un employé en gants de caoutchouc bleu désinfecte régulièrement les poignées de balançoires et toboggans.

« On a désinfecté la crèche et tout est extrêmement propre », assure la directrice, Tone Mila, elle aussi à l’accueil pour répondre, si besoin, aux questions des parents. « Maintenant, notre tâche la plus importante, c’est l’hygiène ».

Si cette réouverture est officiellement justifiée par des considérations sanitaires – les enfants paraissent largement épargnés par le nouveau Covid-19 -, elle a aussi l’avantage de faciliter le retour au travail des adultes qui, pendant plus d’un mois, ont dû plus qu’à l’ordinaire jongler entre activités professionnelles et responsabilités parentales.

« Ca a été un défi », témoigne Olav Kneppen après avoir confié son fils Oliver, 4 ans, au personnel d’Espira Grefsen Stasjon. « Ca a été plaisant de passer plus de temps que d’habitude avec lui mais, niveau boulot, ça a été un peu frustrant parce que je n’ai pas pu faire tout ce que je devais ».

Des appréhensions avant de confier de nouveau son fils à la collectivité? « A la maison, nous suivons les recommandations des autorités sanitaires. Alors, si elles recommandent ça, nous sommes confiants que c’est relativement sûr », dit-il. « Evidemment, on n’est pas en sécurité à 100% mais je suis d’accord pour dire que le moment était venu de le faire ».

Espagne: la pandémie fait moins de 400 morts en 24 heures

Le bilan quotidien du nouveau coronavirus en Espagne est passé lundi sous la barre des 400 morts, s’établissant à 399, pour la première fois en quatre semaines, a annoncé lundi le ministère de la Santé.

Au total, 20.852 personnes ont succombé à la maladie dans le troisième pays le plus endeuillé par la pandémie après les États-Unis et l’Italie.

Le nombre de cas détectés a dépassé les 200.000, à 200.210, alors que l’Espagne multiplie les tests: plus de 40.000 par jour selon le ministre de la Santé, Salvador Illa.

Autre donnée positive, le nombre de malades guéris qui s’élève à 80.587 lundi, soit 40% des cas confirmés.

– « Chiffres très encourageants » –

« Ce sont des chiffres très encourageants », a estimé le directeur du Centre d’urgences sanitaires, Fernando Simon, qui a toutefois rappelé que « les fins de semaines il y a toujours un retard de notification » qui se rattrape le mardi.

Le funeste bilan avait déjà été ramené à 410 morts dimanche et les autorités sanitaires espèrent avoir franchi le pic de la pandémie le 2 avril lorsqu’elles avaient enregistré 950 morts.

La baisse du nombre d’hospitalisations et des admissions en soins intensifs a soulagé le système de santé, débordé pendant des semaines.

Un grand hôpital temporaire installé dans les halles de la foire commerciale de Madrid a fermé en fin de semaine un des deux pavillons qu’il occupait.

Une morgue improvisée dans une patinoire toute proche doit fermer mercredi, a annoncé la région de Madrid, la plus touchée du pays avec plus de 7.000 morts.

– Recul du PIB –

Mais les inquiétudes grandissent sur le plan économique. La Banque d’Espagne a annoncé lundi tabler sur un recul de 6,6% à 13,6% du Produit intérieur brut (PIB) en 2020 dans la quatrième économie de la zone euro, en raison de la pandémie.

Cette chute sera « sans précédent dans l’histoire récente », même si son ampleur est soumise à « beaucoup d’incertitude » liée notamment à la durée finale du confinement, explique la banque centrale dans un communiqué.

Près de 3,9 millions d’Espagnols sont actuellement au chômage partiel, selon Madrid.

Les Espagnols entrent ainsi dans leur sixième semaine d’un des confinements les plus stricts d’Europe. Ils ne peuvent sortir que pour leurs achats essentiels, aller travailler ou sortir brièvement leur chien, mais pas leurs enfants.

Les enfants seront cependant autorisés à sortir pour la première fois pour prendre l’air à partir du 27 avril, dans des conditions qui restent à préciser.

Covid: la Tanzanie s’en remet à Dieu et refuse de sacrifier son économie

Le président tanzanien, John Magufuli, a appelé ses concitoyens à se tourner vers Dieu et à continuer de faire marcher la machine économique mais, à mesure que les cas de coronavirus se multiplient, les appels à prendre des mesures plus strictes se font plus pressants.

Tandis que de nombreux pays africains ont placé tout ou partie de leur territoire en confinement, ou imposé des couvre-feux, la Tanzanie n’a pas choisi cette voie. Le système scolaire est bien fermé, mais les gares routières et les marchés sont toujours noirs de de monde.

M. Magufuli, surnommé le bulldozer (« tingatinga » en swahili), fait partie d’une poignée de dirigeants dans le monde qui doutent encore de la dangerosité de la pandémie de Covid-19, à tout le moins en public.

« C’est l’heure de consolider notre foi et de continuer à prier Dieu, plutôt que de dépendre de masques sur le visage. N’arrêtez pas d’aller dans les églises et les mosquées pour prier », avait-il déclaré le mois dernier dans une église de la capitale politique tanzanienne, Dodoma.

« Je suis sûr que c’est juste le vent qui tourne et que (le virus) disparaîtra comme d’autres avant lui ont disparu », avait-il ajouté.

Lors du Vendredi Saint, le 10 avril, il a tenu des propos similaires, expliquant que Dieu protègerait les Tanzaniens du virus.

Le pays d’Afrique de l’Est de près de 60 millions d’habitants a déclaré son premier cas de coronavirus le 16 mars, et le nombre de personnes infectées est passé en une semaine de 32 à 147 cas et cinq morts lundi.

« Je suis mécontent du manque de sérieux du gouvernement, du manque de transparence sur le nombre de cas et de décès, et du déni du président par rapport à l’épidémie », a déclaré à l’AFP Zitto Kabwe, qui dirige l’un des partis d’opposition en Tanzanie, l’Alliance pour le changement et la transparence (ACT).

– ‘Dieu nous protègera’ –

M. Kabwe plaide pour la mise en place d’un confinement de la capitale économique Dar es Salaam et des villes d’Arusha (nord), Mwanza (nord-ouest) et Dodoma (centre), ainsi que pour un confinement total de l’archipel touristique de Zanzibar.

Mais le président Magufuli n’est pas de son avis, lui qui a certes appelé les Tanzaniens à éviter les « rassemblements non nécessaires » mais qui les encourage dans le même temps à continuer à travailler normalement.

« Continuons de travailler dur pour construire notre nation. Le coronavirus n’est pas et ne devrait pas être une raison pour arrêter le travail. Les agriculteurs doivent mettre à profit les pluies actuelles, le secteur industriel doit continuer à produire et je ne vois pas les projets de développement s’arrêter », a-t-il déclaré.

« En fait, le coronavirus ne devrait en aucun cas être une raison pour détruire notre économie », a-t-il martelé.

L’économie du pays a déjà durement été affectée par la pandémie, le flux de touristes venus visiter les parc nationaux ou profiter des plages s’étant complètement tari. Le secteur est le premier pourvoyeur de devises étrangères pour le pays.

Dans les rues de Dar es Salaam, les habitants disent craindre le virus et faire ce qu’ils peuvent pour l’éviter pendant qu’ils continuent de gagner leur pain quotidien.

Hemedi Masoud, conducteur de moto-taxi, s’arrange pour que ses clients « se lavent les mains avant de monter sur la moto ». « Le problème, ajoute-t-il, c’est que je n’ai qu’un casque que mes clients doivent partager ».

Lui et ses collègues attendent le chaland dans un lieu très fréquenté, au milieu des vendeurs de rue.

« J’ai vraiment peur du coronavirus et c’est risqué (d’être) ici mais je ne peux pas faire autrement que de venir. Ma famille a besoin de manger et c’est ici que je gagne ma vie ».

Le gouvernement a interdit aux bus de prendre plus de passagers que leur nombre de sièges, mais cela a entraîné plus de files d’attente aux arrêts de bus à l’heure de pointe.

Comme pour de nombreuses personnes modestes sur le continent, la perspective d’un confinement est inenvisageable.

« Je ne prie pas pour un confinement car on se retrouverait sûrement à éviter le coronavirus mais à mourir de faim à la maison. La vie doit continuer et Dieu nous protègera », confie Anna John, vendeuse de rue à Dar es Salaam.

Miriam, vendeuse de chaussures, explique, elle, que certains de ses clients ne veulent pas se laver les mains, mais elle n’a « pas le choix » car elle a « besoin de leur argent ».

Le chef de l’opposition Freeman Mbowe a vilipendé la politique du chef de l’État, l’accusant de se préoccuper uniquement « de sauver l’économie et ses projets d’infrastructures emblématiques ».

Des experts s’interrogent sur la pertinence de confinements stricts en Afrique, où des millions de citadins miséreux vivent au jour le jour, et plaident pour des politiques de tests en masse et d’aide directe aux plus vulnérables.

Le Burundi voisin a lui-aussi décidé de laisser la vie suivre son cours quasi normal. Les deux pays organisent des élections présidentielles cette année, en mai pour le Burundi et octobre pour la Tanzanie.

Les violences contre les femmes, autre urgence en temps d’épidémie en Amérique latine

En Amérique latine, comme sur d’autres continents, le confinement imposé par l’épidémie de coronavirus a fait grimper en flèche les appels au secours des victimes de violences conjugales, empêchées de prendre la fuite par les mesures de restriction.

De l’ONU au pape François, les appels à aider les femmes victimes de violences en plein confinement, se sont multipliés ces dernières semaines.

« Malheureusement, de nombreuses femmes et jeunes filles se retrouvent particulièrement exposées à la violence précisément là où elles devraient en être protégées. Dans leurs propres foyers », a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Le pape argentin François a également rappelé que les femmes « parfois courent le risque de subir des violences, à cause d’une cohabitation dont elles supportent un trop grand poids ».

« Le confinement plonge des milliers de femmes dans un enfer, enfermées avec un agresseur dont elles ont plus peur que du coronavirus », explique à l’AFP Victoria Aguirre, de l’ONG argentine MuMaLa qui lutte contre les violences machistes.

En Argentine, 18 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint pendant les vingt premiers jours du confinement débuté le 20 mars, et les appels à l’aide via des numéros d’urgence ont bondi de 39%.

La situation n’est guère plus brillante au Mexique, au Brésil, au Chili et ailleurs dans la région, où les mesures prises par les autorités et les associations semblent parfois bien insuffisantes.

L’Amérique latine a enregistré 3.800 féminicides en 2019, soit une augmentation de 8% par rapport à l’année précédente, selon des données préliminaires de l’Observatoire de l’égalité de genre au sein de la Cepalc, une agence onusienne pour l’Amérique latine et les Caraïbes.

Au Mexique, depuis le début du confinement le 24 mars, « les appels d’urgence ont augmenté », a indiqué à l’AFP Nadine Gasman, directrice de l’Institut national des femmes de Mexico (Inmujeres).

Chercheuse et créatrice d’une carte qui recence les féminicides au Mexique, Maria Salguero estime qu’environ « 200 féminicides ont été commis depuis le 24 mars ».

– « Justicières » –

Début avril, le meurtre sordide d’Ana Paola, une adolescente de 13 ans, violée et frappée à mort chez elle par un cambrioleur dans l’Etat de Sonora (nord-est) alors que sa mère était sortie faire les courses, a provoqué l’indignation.

Dans le pays, depuis le début du confinement, les appels au secours ont augmenté de 60% auprès du Réseau national de refuge, une ONG qui organise l’accueil des femmes victimes de violence. Le nombre de femmes accueillies est, lui, en hausse de 5%.

A Sao Paulo, épicentre de l’épidémie de coronavirus au Brésil, les plaintes pour violences domestiques ont également bondi de 30%.

Quelque 700 volontaires ont décidé de former un « réseau de justicières » qui apportent aux victimes une aide médicale, légale et psychologique à travers la messagerie Whatsapp.

Au Chili, qui a fait le choix d’un confinement sélectif dans les zones les plus touchées et d’un couvre-feu, les plaintes ont par exemple explosé (+500%) à Providencia, un quartier de classes haute et moyenne de la capitale Santiago.

La crise sanitaire a entraîné « une augmentation de la consommation d’alcool, des effets sur la santé mentale, plus d’anxiété, d’angoisse, de dépression et de violence à l’intérieur des familles », a reconnu la sous-secrétaire à la Santé, Paula Daza.

En Argentine, le meurtre de Cristina Iglesias et de sa fille Ada, âgée de 7 ans, par le conjoint de la mère, a secoué le pays. Les deux corps ont été retrouvés enterrés à leur domicile à Buenos Aires.

Ailleurs, la police est arrivée à temps, alertée par des voisins, pour sauver une femme que son mari attaquait à coups de marteau.

« Vous vivez dans la peur de lui tourner le dos. Ce n’est que plus tard, quand les bleus apparaissent, que vous réalisez qu’il aurait pu vous tuer », a déclaré à l’AFP Luciana, 25 ans, survivante des coups de son ex-conjoint.

« Chaque jour, une femme est abusée, violée ou battue chez elle par son partenaire ou son ex », rappelle Ada Rico, de l’ONG La Casa del Encuentro.

« En temps normal, nous travaillons pour qu’elle porte plainte. Aujourd’hui, l’urgence est de la faire sortir de chez elle », souligne-t-elle.

Coronavirus : Berlin va payer les soins des patients européens sur son sol

L’Allemagne va prendre en charge le coût des soins de patients européens atteints du Covid-19 et nécessitant une assistance respiratoire qu’elle a accueillis dans ses hôpitaux, a annoncé le gouvernement allemand lundi.

Les coûts de prise en charge de ces patients devraient atteindre près de 20 millions d’euros, a précisé le ministre de la Santé Jens Spahn, avant de se rendre à une réunion du conseil des ministres sur la crise du nouveau coronavirus.

« L’Allemagne va payer les coûts de prise en charge des patients » européens, « car il s’agit de notre conception de la solidarité européenne », a-t-il expliqué.

Berlin prend en charge à ce jour « plus de 200 malades du coronavirus » européens, et a « la capacité, si besoin, d’en accueillir plus », a ajouté le ministre.

Moins touchée que ses voisins par la pandémie, et bénéficiant de davantage de places de réanimation, l’Allemagne a accueilli ces dernières semaines, des patients européens, dont des Français et des Italiens, pour soulager les systèmes hospitaliers de ses voisins.

Cette annonce intervient alors que le pays rouvre lundi la plupart des magasins d’une surface inférieure à 800 m2, dans le cadre d’une levée progressive des mesures de confinement.

L’épidémie de Covid-19 en Allemagne est désormais « sous contrôle et gérable », s’était félicité Jens Spahn vendredi.

Le pays comptait lundi 141.672 cas officiellement recensés de coronavirus (+1.175 en 24 heures) et 4.404 morts selon le dernier décompte du Robert Koch Institut.

Record de nouveaux cas de Covid-19 à Singapour touché par une 2ème vague

Singapour a annoncé lundi un nombre record de plus de 1.400 nouveaux cas de Covid-19, détectés pour l’essentiel dans les foyers où sont hébergés les travailleurs migrants dans la cité-Etat.

Le pays avait réussi dans un premier temps à contenir la propagation du virus grâce à une stratégie de contrôle très stricte et de traçage des contacts avec les personnes infectées. Mais il fait face à une deuxième vague depuis le début du mois d’avril.

Les autorités sanitaires du centre financier d’Asie du Sud-Est ont annoncé lundi 1.426 nouveaux cas de personnes contaminées par le Covid-19, portant le total à 8.014 cas et 11 morts.

Le nombre de nouveaux cas a bondi dans le pays depuis que des campagnes de tests ont été lancées dans les foyers surpeuplés où vivent les travailleurs migrants, souvent dans des conditions insalubres.

Singapour compte quelque 200.000 ouvriers du bâtiment, venus d’Asie du Sud pour la plupart, qui construisent pour quelque 400 à 500 dollars par mois les tours et centres commerciaux géants de la riche cité-Etat.

Le Premier ministre singapourien Lee Hsien Loong avait averti ce week-end que le nombre de travailleurs migrants contaminés par le virus était susceptible d’augmenter fortement à mesure que les campagnes de tests seraient déployées.

« Heureusement la grande majorité de ces cas sont légers puisque les travailleurs sont jeunes », a noté le responsable sur Facebook.

Les foyers géants où les migrants vivent souvent à plus d’une dizaine par chambrée ne permettent pas la distanciation physique nécessaire pour éviter les contaminations.

Les autorités ont ordonné la quarantaine pour des dizaines de milliers d’ouvriers et déplacé une grande partie d’entre eux vers des logements moins denses, afin d’éviter une propagation plus grande.

Singapour, qui avait déjà fermé ses frontières aux non résidents, y compris le transit via son hub aérien, s’est résolu début avril à fermer temporairement les écoles et les entreprises non essentielles.

En pleine pandémie, le Moyen-Orient se prépare à un ramadan morose

« Nos coeurs pleurent », se désole le muezzin de la Grande Mosquée de La Mecque, la ville sainte de l’islam, désertée à l’approche du mois du jeûne du ramadan en raison de la pandémie de Covid-19 et du confinement généralisé dans les pays du Moyen-Orient.

Pas de rassemblements pour de grands repas du soir (iftar), pas de prière nocturne à la mosquée (tarawih), pas de voyage dans les villes saintes de l’islam, pas même de réunion entre amis jusque tard dans la nuit.

De l’Arabie saoudite au Maroc, en passant par l’Egypte, le Liban ou la Syrie, les musulmans du Moyen-Orient se préparent cette année à un ramadan des plus mornes.

« Nous sommes habitués à voir la Grande mosquée bondée de gens pendant le jour, la nuit, tout le temps. C’est un profond déchirement », confie le muezzin Ali al-Molla, à La Mecque.

Ces dernières semaines, au lieu d’accueillir la foule habituelle, un vide inédit entoure la Kaaba de la Grande Mosquée, une grande structure cubique noire drapée de tissu brodé d’or, en direction de laquelle les musulmans du monde entier prient.

Pour contenir la propagation du nouveau coronavirus, les autorités saoudiennes ont suspendu le petit pèlerinage, la omra, à La Mecque et Médine.

Et il est probable que l’Arabie saoudite annule aussi le grand pèlerinage annuel, le hajj, fin juillet, Ryad ayant appelé les musulmans à suspendre leur préparatifs de voyage à La Mecque.

Les autorités religieuses de plusieurs pays, comme en Arabie saoudite ou en Egypte, ont soutenu ces restrictions, insistant sur la nécessité de prier à la maison et éviter les rassemblement.

– Masques et désinfectant –

A Jérusalem, qui abrite la mosquée d’Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam, le Grand mufti, Mohammad Hussein, a annoncé des restrictions similaires concernant la prière pendant le ramadan.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a demandé aux pays « d’empêcher un grand nombre de personnes de se rassembler dans des lieux associés aux activités du ramadan, tels que les lieux de divertissement, les marchés et les magasins ».

Le mois de jeûne est généralement une période de forte consommation des ménages au Moyen-Orient, mais cette années les commerçants risquent d’être frappés de plein fouet par la frilosité des acheteurs, qui veulent avant tout se procurer masques, gants ou désinfectant.

« J’avais économisé une certaine somme pour le ramadan, mais je l’ai dépensée pour acheter des choses nécessaires pour le confinement et pour me protéger contre le virus », explique Younes, 51 ans, qui travaille dans un magasin de vêtements à Damas.

L’Iran, pays du Moyen-Orient le plus touché par la pandémie, a autorisé la semaine dernière certaines entreprises de Téhéran à rouvrir leurs portes, afin de ne pas fragiliser davantage une économie déjà plombée par les sanctions américaines.

Selon les chiffres officiels, la maladie du Covid-19 a tué plus de 5.000 personnes et infecté plus de 80.000 en Iran.

Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a appelé ses concitoyens à éviter tout rassemblement durant le ramadan sans pour autant « négliger la prière, la supplication et l’humilité dans notre solitude ».

– Charité –

En Egypte, pays le plus peuplé de la région avec plus de 100 millions d’habitants, le ramadan voit chaque année les rues des grandes villes se remplir jusqu’à l’aube, avec des mosquées et restaurants bondés, à côté de magasins illuminés de lanternes, symbole de ce mois sacré.

Mais pour Sameh al-Yamani, un traducteur âgé de 51 ans, les mesures des restrictions doivent être observées à la lettre. « Cette année, je prierai à la maison. La fermeture des mosquées est justifiée, il y a trop de promiscuité lors des prières », assure-t-il.

Si le confinement empêche les festivités, il ne dispense pas les musulmans « en bonne santé » de jeûner « comme les années précédentes », temporise l’OMS.

Les patients atteints du Covid-19 sont en revanche appelés à consulter leurs médecins concernant la pratique du jeûne « comme ils le feraient pour toute autre maladie », ajoute l’organisation.

Et les autorités religieuses continuent leurs traditionnels appels à la charité, l’un des cinq piliers de l’islam.

Bien que confinés dans des pays en guerre, comme la Libye, la Syrie ou le Yémen, des fidèles sont ainsi résolus à ne pas oublier les plus pauvres.

« Le ramadan est toujours une période de charité et cette année, les nécessiteux sont nombreux, surtout avec les personnes déplacées par la guerre », rappelle Karima Mounir, une banquière libyenne de 54 ans et mère de deux enfants.

burs-ac/aem/all

Un premier « jour de la Shoah » numérique, avant-goût d’un monde sans survivants

Enfant cachée pendant la Seconde Guerre mondiale, Berthe Badehi se claquemure chez elle pour échapper au coronavirus. Pour les rescapés confinés, le « jour de la Shoah » sera numérique cette année, avant-goût d’un futur où les survivants du nazisme ne seront plus que des hologrammes.

A 88 ans, Mme Badehi se rendait encore chaque jour à Yad Vashem, le mémorial israélien dédié aux millions de victimes du génocide des juifs par l’Allemagne nazie, pour y faire du bénévolat. Mais la pandémie l’a forcée à rester chez elle.

Confinement et distanciation sociale obligent, Yad Vashem a fermé ses portes au public et ne tiendra aucun événement in situ pour Yom Hashoah, le « jour de la Shoah », qui se tient du coucher du soleil lundi à la tombée de la nuit mardi en Israël.

Idem dans de nombreuses villes dans le monde où les rescapés du nazisme luttent pour leur survie face au virus qui fauche en premier les personnes âgées.

« On a vécu des choses difficiles dans notre vie. En France, pendant la guerre, on cachait notre identité, on vivait dans la peur et on avait perdu le contact avec nos parents », souffle Mme Badehi. « Aujourd’hui on est enfermés mais avec le téléphone, internet (…) on a le contact avec nos enfants et petits-enfants. »

« C’est pas facile, mais on le fait pour rester en vie. Ce que j’ai appris de la guerre, c’est de savoir prendre soin de moi seule », dit-elle à l’AFP.

Les enfants cachés et les survivants des camps de la mort ne s’attendaient pas à devoir se murer ainsi pour survivre, au bout de leur vie. Mais n’allez pas leur comparer le confinement anxiogène actuel à la vie sous les nazis.

« C’est indécent de comparer le ‘corona’ à la Shoah, ça n’a rien à voir », tranche Dov Landau, 91 ans, rescapé du camp d’Auschwitz, aujourd’hui situé en Pologne. « Aujourd’hui, on n’a ni faim, ni soif, on ne risque pas d’être brulés vifs, hommes, femmes et enfants. Oui, je m’ennuie, je ne peux plus ni voyager ni faire mes courses, mais ce n’est rien de grave », affirme-t-il.

– « Sentiment d’urgence » –

Dov Landau est un « homme-mémoire ». Chaque année, il se rend à Auschwitz avec des groupes scolaires pour leur transmettre son récit intérieur de la Shoah. Cette année, il s’est déjà rendu à deux reprises en Pologne pour témoigner. Mais la pandémie a mis fin à ses allers-retours.

Comme lui, Shmouel Blumenfeld, rescapé d’Auschwitz, est un habitué des excursions scolaires en Pologne, en témoigne la galerie de photos alignées dans son appartement, dans une tour vitrée en banlieue de Tel-Aviv.

Pour Yom Hashoah, cet homme de 95 ans au corps sec et nervé témoignera de son expérience personnelle par visioconférence auprès de membres d’une association israélienne.

Cette année sert de test avant le jour où les derniers survivants auront disparu et où il ne restera que leurs témoignages pour transmettre la mémoire de la Shoah aux générations futures.

Des organisations recueillent depuis des années des témoignages vidéos de survivants afin de se préparer à ce « jour 0 ». Face à la crise sanitaire, le mémorial de Yad Vashem a pré-enregistré une cérémonie, avec des témoignages et des discours de personnalités politiques, qui sera diffusée lundi soir sur les chaînes israéliennes et sur Facebook.

La crise « nous a donné un nouveau sentiment d’urgence », souligne Eli Rubenstein, un des organisateurs de la Marche des Vivants, rassemblement annuel en Pologne destiné à transmettre la mémoire de la Shoah. Là aussi, pas de rassemblement mais une soirée spéciale diffusée sur les réseaux sociaux.

– « Attaque à la mémoire » –

Eli Rubenstein travaille de pair avec la Fondation de la Shoah sur un programme permettant de recréer le parcours de survivants en utilisant des technologies de réalité virtuelle et des hologrammes.

Cette année, après la Marche des Vivants, cinq survivants devaient rester en Pologne pour permettre aux équipes de filmer leur périple à travers l’Europe et de le recréer dans une application en réalité augmentée.

Parmi ces cinq survivants: Eva Schloss, la belle-fille d’Otto Frank, le père d’Anne Frank.

« Eva est en vie, son histoire est extraordinaire, très similaire à celle d’Anne Frank, à la différence qu’elle a survécu », raconte Stephen Smith, président de la Fondation de la Shoah basée aux Etats-Unis. « Nous devions aller à Vienne, Amsterdam et Auschwitz avec elle mais nous avons dû tout abandonner » à cause du virus.

« Le Covid-19 attaque la mémoire de la Shoah car il s’en prend aux personnes âgées. Je connais de nombreux survivants qui sont décédés des complications du coronavirus », dit-il à l’AFP.

Le virus limite aussi la capacité à recueillir les témoignages des derniers survivants. « Nous avons dû annuler tous nos entretiens (avec des survivants) », regrette M. Smith. « Il y a donc des gens qui ne pourront jamais raconter leur histoire. »

Canada: un homme armé fait au moins 16 morts, pire tuerie du pays

Un homme armé a tué au moins 16 personnes, parmi lesquelles une policière, pour une raison encore inconnue dans la nuit de samedi à dimanche en Nouvelle-Ecosse (Canada), lors de la pire tuerie de ce genre qu’ait connu le Canada.

L’homme de 51 ans, un prothésiste dentaire selon les médias, a été tué dimanche en fin de matinée à l’issue d’une vaste chasse à l’homme d’une douzaine d’heures dans toute la province de l’est du Canada.

Lors de sa cavale meurtrière, Gabriel Wortman a notamment circulé au volant d’une voiture semblable à celles de la police, portant au moins une partie d’un uniforme de policier. Il a semé la mort en plusieurs endroits, dans des circonstances et pour une raison encore mystérieuses qui ont choqué le pays. Les fusillades de masse sont rares au Canada, contrairement au voisin américain.

La responsable nationale de la Gendarmerie royale du Canada (GRC, police fédérale), Brenda Lucki, a indiqué à plusieurs chaînes que le bilan était d’au moins 13 morts, avant d’annoncer en milieu de soirée un nouveau bilan d’au moins 16 morts, en plus du tueur, selon les chaînes CBC et CTV.

Les motivations de Gabriel Wortman doivent encore être éclaircies par l’enquête.

« Il est trop tôt pour parler de motivation », a expliqué lors d’un point presse le responsable des enquêtes criminelles de la police fédérale de Nouvelle-Écosse Chris Leather, qui avait dans un premier temps fait état de « plus de 10 morts ».

Plusieurs victimes « ne semblent pas avoir de lien avec le tireur », a-t-il noté. Mais « le fait que cet individu disposait d’un uniforme et d’une voiture de police laisse certainement penser que ce n’était pas un acte spontané ».

Mme Lucki a pour sa part indiqué que cet acte n’était pas considéré à ce stade comme de nature terroriste.

La tuerie a commencé samedi en fin de soirée dans la petite commune rurale de Portapique, une bourgade d’une centaine d’âmes à environ 130 kilomètre de la capitale Halifax. Plusieurs victimes ont été découvertes devant et à l’intérieur d’une maison où la police a été appelée après des signalements de coups de feu.

L’auteur présumé de ces meurtres avait pris la fuite à l’arrivée de la police, déclenchant une vaste chasse à l’homme. Les habitants de la région, déjà confinés par l’épidémie de coronavirus, ont été priés de s’enfermer chez eux par les autorités.

L’homme en fuite est « armé et dangereux' », avait prévenu la police, conseillant même aux habitants de se réfugier dans leur sous-sol si possible.

– « Violence insensée » –

Gabriel Wortman a été tué lors de son arrestation dimanche en fin de matinée.

Une agence indépendante chargée d’enquêter sur les incidents graves impliquant la police, l’Équipe d’intervention en cas d’incidents graves de la Nouvelle-Écosse, a annoncé dans un communiqué avoir ouvert une enquête après la mort du suspect, abattu par la police à Enfield, près de l’aéroport de Halifax en fin de matinée.

Une policière, Heidi Stevenson, 23 ans d’ancienneté et mère de deux enfants, a été tuée dimanche et un policier a été blessé, a précisé la police.

« C’est avec tristesse que j’ai appris l’acte de violence insensé qui a été perpétré en Nouvelle-Écosse et a coûté la vie de nombreuses personnes, y compris celle d’une membre de la Gendarmerie royale du Canada », a réagi le Premier ministre, Justin Trudeau, dans un communiqué.

Selon les médias canadiens, Wortman était propriétaire d’un cabinet d’orthodontie à Dartmouth, près de Halifax. La police a indiqué qu’elle tenterait de déterminer si ce massacre avait un lien quelconque avec l’épidémie de coronavirus, qui a entraîné la fermeture des activités non essentielles dans tout le pays.

Cette tuerie, dont le bilan pourrait encore s’alourdir selon la police, est d’ores et déjà la pire de ce genre que le Canada ait connu de toute son histoire.

Le 6 décembre 1989, un homme avait tué par balles 14 femmes à l’école Polytechnique de Montréal avant de se donner la mort, provoquant ce qui était à l’époque la pire tuerie de masse -et le premier féminicide- de l’histoire du pays.

Le 23 avril 2018 à Toronto, le conducteur d’une camionnette de location avait tué huit femmes et deux hommes qu’il avait volontairement percutés sur un trottoir d’une artère du centre-ville.

Le Premier ministre de Nouvelle-Ecosse, Stephen McNeil, a pour sa part dénoncé « un des actes violents les plus insensés de l’histoire de notre province » atlantique, qui vit surtout de l’exploitation du bois et de la pêche. C’est l’une des provinces les moins peuplées du pays -qui en compte dix- avec moins d’un million d’habitants.