Confinée à Wuhan: un journal intime fait hurler les nationalistes

« Traîtresse »: une écrivaine chinoise qui a tenu un journal de confinée à Wuhan, à l’épicentre du Covid-19, est accusée de donner du grain à moudre aux critiques de la Chine en publiant son récit à l’étranger.

Âgée de 64 ans, issue d’une famille aisée d’intellectuels, Fang Fang est une romancière connue dans son pays. Intégrée au système, elle a remporté le plus prestigieux prix littéraire chinois en 2010.

Wuhanaise, elle entame un journal peu après le confinement de la métropole le 23 janvier, qu’elle publie en ligne. Achevé fin mars après 60 entrées, il raconte la peur, la colère et l’espoir des 11 millions d’habitants.

Son contenu? Récit d’hôpitaux saturés qui refusent les malades, de son quotidien de confinée, du décès de proches, de l’entraide entre habitants, ou encore du plaisir simple de voir le soleil illuminer sa chambre.

« Un ami docteur m’a dit: nous les médecins savons tous depuis un moment qu’il y a une transmission interhumaine de la maladie, nous avons rapporté ça à nos supérieurs, mais pourtant personne n’a averti les gens », écrit-elle au 38e jour de confinement.

Sa chronique subjective d’écrivaine, présentée comme non-journalistique, a été suivie par des millions de Chinois intéressés par un point de vue différent sur l’actualité, face à des médias très contrôlés.

Mais Fang Fang est devenue controversée.

Car son journal sera publié dans les prochains mois dans plusieurs langues étrangères, dont l’anglais, l’allemand et le français. En France, il sortira le 9 septembre chez Stock sous le titre « Wuhan, ville close ».

– Prétexte –

Principal reproche: offrir avec cette traduction un prétexte aux étrangers pour critiquer le gouvernement chinois. Notamment aux Etats-Unis, qui accusent Pékin de réaction tardive face à l’épidémie.

« Un média américain dit déjà vouloir se servir du livre pour demander des comptes à la Chine. Bravo Fang Fang, tu donnes aux pays occidentaux des armes pour tirer sur la Chine », ironise un internaute sur le réseau social Weibo.

« Tu révèles ainsi ta nature de traîtresse », conclut-il.

« Pour combien as-tu vendu ton journal? », s’interroge un autre commentateur, qui l’accuse de s’enrichir sur les quelque 3.900 morts de Wuhan.

Autre élément qui a enflammé le web: la présentation politisée de l’ouvrage faite par son éditeur américain HarperCollins.

Saluant un récit « mélangeant l’étrange et le dystopique », il vante une écrivaine qui s’élève contre les « problèmes politiques systémiques » d’un « pays autoritaire ».

La traduction du livre en pleine confrontation avec Washington « n’est pas vraiment de très bon goût », a déploré Hu Xijin, influent rédacteur en chef du tabloïd nationaliste Global Times.

« Au final, ce seront les Chinois, y compris ceux qui soutenaient Fang Fang au départ, qui devront payer le prix de sa renommée en Occident », souligne-t-il sur Weibo, s’attirant plus de 190.000 « j’aime ».

– « Partial » –

Le Global Times évoque un récit « partial » qui « n’expose que le côté sombre de Wuhan ».

Critiquée voire insultée, Fang Fang se dit victime de la « cyberviolence » de nationalistes – même si un certain nombre d’internautes lambda la critiquent également.

Conséquence: plusieurs éditeurs chinois intéressés à l’origine par la publication du texte de Fang Fang hésitent devant la polémique, affirme l’écrivaine.

« Pourquoi on ne sortirait pas ce livre? Juste parce que certains risquent de nous utiliser? (…) Si les gens lisent vraiment mon journal, ils découvriront toutes les mesures efficaces que la Chine a prises contre l’épidémie », argumente-t-elle dans une réponse publiée sur le site internet du magazine Caixin.

Elle promet par ailleurs de verser toutes ses royalties « aux familles des soignants décédés ».

Interrogé par l’AFP, son éditeur français Stock a justifié mardi la publication du journal par son « intérêt documentaire » à propos d’un événement « qui s’annonce comme peut-être une page de l’histoire de l’humanité ».

Face à cette lapidation en ligne, beaucoup d’internautes ont volé au secours de l’autrice sur Weibo, jugeant les attaques « disproportionnées ».

« Fang Fang ne doit rien à personne », souligne une commentatrice. « Libre à vous d’écrire un journal qui va à l’encontre de ce qu’elle raconte, de le traduire et de le publier à l’étranger! »

L’Iran annonce le lancement d’un satellite militaire en pleines tensions avec Washington

L’Iran a annoncé le lancement « avec succès » mercredi d’un premier satellite militaire, deux mois après l’échec de la mise en orbite d’un satellite scientifique et dans un contexte de tensions avec Washington qui perdurent malgré la pandémie de coronavirus.

L’annonce a été faite par les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique qui a salué sur son site internet « une grande réussite et un nouveau développement dans le domaine de l’espace pour l’Iran islamique ».

Le satellite, baptisé Nour, a été « lancé avec succès ce matin, mercredi 22 mai, à partir du lanceur à deux étages Qassed depuis le désert de Markazi (centre) en Iran », a indiqué le site Sepahnews, organe des Gardiens.

Le satellite Nour (Lumière en persan) a « orbité autour de la Terre à 425 km », selon la même source.

Ce lancement survient plus de deux mois après l’échec le 9 février de la mise en orbite d’un satellite d’observation scientifique, baptisé Zafar (Victoire en persan).

Le lancement du Zafar avait été condamné par la France et les Etats-Unis qui ont accusé Téhéran de vouloir renforcer ses compétences dans le domaine des missiles balistiques par le biais du lancement de satellites.

Téhéran maintient que son programme spatial est « pacifique » et réfute les affirmations selon lesquelles il a une dimension militaire.

Les Etats-Unis avaient déjà mis en garde contre le programme spatial iranien, qualifiant notamment le tir par Téhéran d’une fusée chargée du lancement d’un satellite en janvier 2019 de « provocation » et de violation de la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies.

Cette résolution appelle l’Iran à « ne mener aucune activité liée aux missiles balistiques conçus pour pouvoir emporter des charges nucléaires, y compris les tirs recourant à la technologie des missiles balistiques ».

Affirmant n’avoir aucun projet de se doter de l’arme atomique, Téhéran assure que ses programmes balistique et spatial sont licites et ne violent pas la résolution.

– En pleine pandémie –

L’hostilité de longue date entre Téhéran et Washington a été exacerbée depuis que Washington a décidé en mai 2018 de dénoncer unilatéralement l’accord international sur le nucléaire iranien (conclu en 2015) et de rétablir des sanctions économiques punitives contre Téhéran.

Les tensions ont atteint un nouveau pic après l’élimination du puissant général iranien Qassem Soleimani, tué dans une frappe de drone américaine à Bagdad le 3 janvier.

L’annonce du lancement du satellite militaire mercredi intervient sur fond de grave crise sanitaire en Iran, pays parmi les plus touchés par la pandémie du nouveau coronavirus.

La République islamique accuse les États-Unis de « terrorisme économique », Téhéran devant faire face à la fois à l’épidémie et aux sanctions américaines qui étouffent son économie depuis leur retour en 2018.

Depuis plusieurs semaines, l’Iran estime que les sanctions américaines contre Téhéran affaiblissent sa capacité à lutter contre la pandémie.

Celles-ci asphyxient financièrement le pays et restreignent ses capacités à emprunter sur le marché international.

Sur le papier, les biens humanitaires (médicaments, équipements médicaux notamment) échappent aux sanctions, mais en réalité, les banques internationales préfèrent généralement refuser une transaction impliquant l’Iran, quel que soit le produit concerné, plutôt que de courir le risque de s’exposer à des représailles des Etats-Unis.

Téhéan a annoncé en mars avoir demandé au Fonds monétaire international (FMI) une ligne de crédit d’urgence pour un montant pouvant s’élever à environ 5 milliards de dollars.

Mais Washington, qui dispose d’un droit de veto au sein de cette institution et mène une campagne de « pression maximale » contre l’Iran, a jusqu’à présent indiqué n’avoir aucune intention d’autoriser un tel prêt, accusant Téhéran d’utiliser ses ressources pour financer « le terrorisme à l’étranger ».

L’Iran a enregistré officiellement près de 5.300 morts du nouveau coronavirus et environ 85.000 cas de contamination, soit le bilan le plus lourd du Moyen-Orient.

Certains, à l’étranger comme à l’intérieur du pays, estiment que ces chiffres sont sous-estimés, évoquant quatre à cinq fois plus de morts.

Covid-19: gare à une pénurie d’oxygène dans les pays les plus pauvres

Dans les pays pauvres d’Afrique ou d’Asie du Sud, les médecins manquent de l’élément le plus crucial pour sauver les malades les plus graves du Covid-19: l’oxygène lui-même, alertent les experts.

La crise sanitaire actuelle a mis sous tension même les systèmes hospitaliers les plus avancés, qui peinent notamment à s’approvisionner en respirateurs artificiels.

Mais les experts craignent que cette attention portée au maillon high-tech de l’assistance respiratoire ne masque un besoin encore plus criant et prioritaire, pour les systèmes de santé les plus vulnérables: l’oxygène médical, composante clé des soins intensifs.

« La réalité c’est que l’oxygène est la seule thérapie qui va sauver des vies en Afrique et en Asie-Pacifique à ce stade », commente Hamish Graham, pédiatre et chercheur à l’hôpital universitaire de Melbourne.

« J’ai peur que la focalisation excessive sur les respirateurs ne tue, si on ne résout pas les problèmes d’oxygène », explique-t-il à l’AFP.

Selon un rapport publié en février sur plusieurs milliers de cas en Chine, près de 20% des malades du Covid-19 ont eu besoin d’oxygène.

Le nouveau coronavirus attaque les poumons, causant des formes aiguës de détresse respiratoire et entraînant une baisse dangereuse du niveau d’oxygène dans le sang.

« Dans les hôpitaux des pays riches, l’oxygène va de soi », explique le Dr Graham. Mais ailleurs, « les soignants sont parfaitement conscients du problème: ils se battent chaque jour pour pouvoir fournir de l’oxygène à leurs patients ».

De nombreux gros hôpitaux de pays en développement disposent de bouteilles d’oxygène dans les blocs opératoires et les services, ainsi que de « concentrateurs », des équipements portatifs qui permettent de filtrer et de purifier l’air ambiant.

Mais des études montrent que moins de la moitié des établissements hospitaliers d’Afrique et d’Asie-Pacifique disposent d’oxygène à tout moment, insiste le Dr Graham. Et ils sont bien moins nombreux à être équipés d’oxymètres de pouls, ce petit appareil qu’on met au bout du doigt du patient pour mesurer son taux d’oxygène dans le sang.

Cette inquiétude n’est pas nouvelle parmi ceux qui soignent les patients atteints de pneumonie, maladie infectieuse la plus meurtrière chez les enfants de moins de 5 ans.

Malgré des politiques nationales en place, au Nigeria, un des pays les plus touchés, la situation dans certaines régions est « très très inquiétante », estime Adamu Isah, de l’ONG Save the Children.

Il est courant de voir des enfants « souffrir et suffoquer », raconte l’ancien médecin à l’AFP. « On se sent inutile. Il n’y a pas grand chose à faire sans oxygène ».

– « A l’aveuglette » –

« Les systèmes de santé en Afrique et en Asie du Sud ne pouvaient pas être plus exposés à une telle pandémie, ils n’ont pas investi dans les thérapies respiratoires », constate de son côté Leith Greenslade, coordinatrice de la coalition Every Breath Counts.

« C’est terrifiant », ajoute-t-elle.

Malgré la mort de 800.000 enfants victimes de pneumonie chaque année, la maladie ne reçoit pas la même attention que le sida, le paludisme ou la tuberculose.

Et les autorités sanitaires mondiales ont « complètement négligé » la question de l’oxygène, estime Leith Greenslade.

« L’absence de données mondiales (sur les approvisionnements en oxygène) va être un problème majeur pour répondre au Covid-19 parce qu’on navigue à l’aveuglette, on ne sait pas quels pays en ont le plus besoin », ajoute-t-elle.

L’épidémie étant encore relativement peu développée en Afrique et dans certaines parties de l’Asie, il reste malgré tout « probablement une fenêtre de deux mois » pour agir, insiste-t-elle.

Même s’il est difficile de prédire comment le nouveau virus se répandra dans cette partie du monde, les experts appellent à renforcer les systèmes de soins en urgence.

« Comme partout, il faut aplatir la courbe, mais si les établissements n’ont pas de lits de soins intensifs – ou peu comme au Malawi où il y en a 25 pour 17 millions d’habitants -, ça ne marchera pas », souligne Gwen Hines, de Save the Children.

Son organisation travaille justement au Malawi, où quelques cas ont été confirmés, pour alimenter des concentrateurs d’oxygène en énergie solaire, alors que le réseau électrique est intermittent et qu’il n’y a pas de site de production d’oxygène.

Mais en pleine crise mondiale, les experts craignent que la communauté internationale ne puisse pas agir suffisamment rapidement pour pallier ce manque d’oxygène et d’autres équipements de base dans les pays les plus pauvres.

Au Nigeria, l’aide devrait commencer par l’envoi d’oxymètres de pouls, puis de concentrateurs utilisables dans des dispensaires modestes, et après seulement des respirateurs, plaide Adamu Isah.

« J’ai peur que si cette pandémie dure plus de deux mois, nous devions faire face à de très graves problèmes », s’alarme-t-il.

« En Europe ou aux Etats-Unis, ils ont peut-être les capacités de faire face aux besoins, mais pas en Afrique, même en temps de paix ».

Au Chili, la traque du castor, la plaie qui met en péril les forêts de Patagonie

Armé de son fusil, Miguel Gallardo fait face à une tâche colossale: traquer le castor, introduit dans la région dans les années 1940 et devenu depuis une plaie qui menace les forêts de la Patagonie chilienne.

A partir des 10 couples introduits en 1946, on compte aujourd’hui quelque 100.000 individus dans la zone de la Terre de feu, partagée entre le Chili et l’Argentine. Marcelo, lui, ne parvient à en abattre qu’une soixantaine à chaque saison.

« Le castor est très mignon, très intelligent, mais malheureusement, les dommages qu’il est en train de causer sur la végétation indigène et la faune sont énormes », déclare à l’AFP ce chasseur qui a 15 ans d’expérience et organise aussi des visites touristiques sur l’Ile Navarino, à proximité de Puerto Williams, à l’extrême sud du Chili.

Avec leurs puissantes dents et leurs talents de bâtisseurs, le castors se sont parfaitement acclimatés à ce nouvel habitat, totalement dépourvu de prédateurs.

« Il faut les éradiquer, mais il ne s’agit pas non plus d’arriver et de leur tirer dessus dans l’eau et qu’ils y pourrissent », ajoute ce chasseur, qui récupère les spécimens abattus pour utiliser leur fourrure « de très bonne qualité et assez chaude ».

En 1946, des militaires argentins ont rapporté d’Amérique du Nord dix couples de castors du Canada (castor canadensis) dans le but de monter une affaire de peaux et de fourrures en Terre de feu. Mais cela n’a finalement pas marché et ces castors ont été relâchés dans la nature.

Les deux pays voisins effectuent depuis les années 1980 des campagnes de contrôle pour tenter de réduire les populations de ces rongeurs, par des pièges ou des abattages. En face, les ONG de protection de l’environnement, comme l’Union de défense du droit animal de Punta Arenas, dénoncent la cruauté de ces méthodes ainsi que leur manque d’efficacité.

« Les défenseurs des animaux, je les comprends; je comprends que tuer un être vivant, un petit animal intelligent, c’est douloureux. Mais malheureusement, si nous ne prenons pas de mesures concernant le castor, nous allons nous retrouver sans forêt et sans végétation », met en garde Miguel Gallardo.

– 23.000 hectares dévastés –

« Penser à éradiquer le castor n’est en rien un combat contre le castor mais un besoin de protéger le patrimoine naturel de notre pays », abonde Charif Tala Gonzalez, responsable du département de conservation des espèces au ministère de l’Environnement.

En quelques années, ces rongeurs semi-aquatiques au pelage marron qui peuvent mesurer jusqu’à un mètre et peser 32 kilos ont fini par coloniser tout l’archipel de la Terre de feu.

Outre qu’il n’a pas de prédateurs naturels dans cette partie du globe, le castor vit en général longtemps, de 10 à 12 ans, durant lesquels il peut avoir 5 à 6 petits chaque année.

Cet animal est connu pour construire des barrages à partir de la végétation existante. Il installe ensuite sa tanière au milieu de la retenue qui se forme alors.

Cette montée des eaux fait mourir la végétation indigène et le peu d’arbres qui survivent sont abattus par les castors pour renforcer leur construction. Ils raffolent particulièrement des lengas centenaires, également appelés hêtres de la Terre de feu, et des coihues, connus sous le nom de hêtres de Magellan.

« La forêt ne peut pas se défendre (…) Tout ce qui reste au milieu de l’eau meurt, car nos forêts ne sont pas préparées à l’excès d’eau », explique Miguel, le chasseur.

Les autorités chiliennes estiment que depuis leur introduction, les castors ont dévasté plus de 23.000 hectares de végétation indigène, entraînant un manque à gagner évalué à 62,7 millions de dollars à cause de la destruction du bois.

Ils ont également eu un effet sur l’ensemble de la flore et la faune de la zone, leurs barrages provoquant des inondations qui ont coupé des routes, des zones de pâturage et de culture.

« Les écosystèmes de la Patagonie sont uniques (…) Pour qu’ils redeviennent pleinement des forêts, nous parlons en centaines d’années, si les conditions sont réunies », souligne Charif Tala Gonzalez.

Virus: dans le Golfe, les travailleurs immigrés « meurent seuls », loin des leurs

« Désormais, ils meurent seuls », soupire Ishwar Kumar, responsable d’un crématorium hindou dans le sud de Dubaï, devant une ambulance où repose temporairement la dépouille d’un immigré indien mort du nouveau coronavirus, au cas où un proche souhaiterait lui rendre un dernier hommage.

Au bout d’une heure d’attente sans l’ombre d’un visiteur, quatre employés en combinaison de protection déplacent le corps enveloppé dans un sac en plastique blanc vers un des trois fours de crémation.

Dans un silence assourdissant, l’homme qui travaillait pour une agence de tourisme de Dubaï est réduit en cendres avant d’être placé dans une boîte argentée.

Aux Emirats arabes unis, fédération dont Dubaï est l’un des sept membres, hôpitaux, banques, chantiers de construction et usines tournent grâce aux millions de travailleurs étrangers venus, pour la plupart, d’Asie ou du Moyen-Orient.

Comme ailleurs dans les Etats riches du Golfe, beaucoup y sont employés depuis plusieurs décennies, ce qui leur permet de soutenir leur famille restée au pays, avec l’espoir de les rejoindre un jour pour ouvrir un commerce ou construire une maison.

La majorité des 166 décès dus au nouveau coronavirus dans ces pays du Golfe, qui ont officiellement enregistré 26.600 cas, sont des immigrés originaires d’Inde, du Pakistan, du Bangladesh, des Philippines et du Népal.

Avec la suspension des vols, l’une des mesures de précaution prises pour lutter contre la pandémie de Covid-19, les dépouilles ne peuvent pas être rapatriées. Elles sont incinérées ou enterrées au plus vite sur place.

« Le monde entier change. Plus personne ne vient, ni ne touche, ni ne dit au revoir » aux défunts, se désole M. Kumar. Avant la pandémie, « entre 200 et 250 personnes venaient ici pour faire le deuil et apporter des fleurs », se souvient-il.

– « Pas de famille » –

Quelques heures avant la crémation du travailleur indien, le corps d’une esthéticienne philippine de 40 ans a lui aussi été incinéré. Sur les certificats de décès, une même cause inscrite: « pneumonie Covid-19 ».

Les boîtes argentées, achetées dans un supermarché, sont remises à un proche, s’il en existe à Dubaï, ou à l’ambassade du pays de la personne décédée.

« Ils sont venus pour travailler, donc la plupart d’entre eux n’ont pas de famille sur place. Parfois, des collègues se déplacent », souligne Suresh Galani, un autre responsable du crématorium.

Tous ne sont pas morts du virus, certains ont été indirectement frappés par la pandémie. C’est le cas du frère de Vijay, Ram, mort d’une crise cardiaque à 45 ans, après une quarantaine imposée pour avoir été au contact d’une personne infectée.

« Ram a été testé négatif après être resté confiné pendant deux semaines. Il a souffert mentalement et est tombé en dépression du fait de la solitude », avance Vijay.

Employé dans une laverie, Ram, père de trois enfants, est mort dans l’ambulance qui le conduisait à l’hôpital. Au crématorium, quatre de ses collègues répandent des fleurs sur sa dépouille avant qu’elle soit incinérée.

« Nous reviendrons demain pour récupérer les cendres. Nous les enverrons à la maison quand les vols reprendront », dit Vijay.

– Enterrés sur place –

Certains travailleurs étrangers, frappés par la paralysie économique provoquée par la pandémie, ont pu rentrer via les rares avions de rapatriement mis en place par les autorités du Golfe.

En Arabie saoudite, « jusqu’à présent, toutes les familles ont demandé d’enterrer les corps sur place », indique une source au sein du ministère de la Santé ayant requis l’anonymat.

Parmi eux, Wazir Mohammed Saleh, un Afghan de 57 ans qui vivait et travaillait à Médine (ouest) depuis les années 1980 après avoir fui son pays. Gérant d’une boutique de fournitures de bureau, il est mort du coronavirus la semaine dernière.

Seuls ses quatre fils ont assisté à son enterrement dans la ville sainte qui abrite le tombeau du prophète Mahomet. Son neveu Amed Khan, un commercial né dans le royaume, a dû se contenter de voir les images des funérailles sur son smartphone.

« Son rêve était d’être enterré à Médine et ce rêve s’est réalisé », confie-t-il à l’AFP. « Aucune personne qui meurt à Médine ne souhaiterait être enterrée ailleurs. Cette terre est connue pour faire partie du paradis ».

Virus: en Israël, sur les rives de la mer Rouge, une station balnéaire sans touristes

A Eilat, ville israélienne ultratouristique de la mer Rouge, la musique d’un manège tourne en boucle dans un parc d’attraction fermé. La comptine « Il était un petit navire » résonne dans le vide d’une ville confinée, que le nouveau coronavirus a plombé d’un chômage accablant.

Environ 2,5 millions de touristes gagnent chaque année Eilat, dans la pointe sud d’Israël coincée entre la Jordanie et l’Egypte, pour bronzer sur ses plages, plonger dans ses eaux cristallines et se balader sur la promenade faite de magasins de tongs et de barres d’hôtels avec piscines.

Et le printemps y est d’ordinaire délicieux, entre la fraîcheur hivernale et la canicule estivale.

Mais, à l’heure de la pandémie du Covid-19, les autorités israéliennes ont ordonné le confinement de la population et la fermeture des frontières et des lieux de loisirs pour éviter toute propagation. Alors les transats prennent la poussière.

Difficile d’imaginer que dans cette ville de 67.000 habitants baignée par le soleil, les 12.000 chambres d’hôtel sont toutes occupées la majeure partie de l’année.

Dans le hall d’un immense hôtel cinq étoiles défraîchi, les meubles ont été recouverts de draps blancs et les fontaines mises à l’arrêt. Le vaste escalier en colimaçon n’est plus foulé que par quelques employés veillant à la sécurité de l’établissement, qui compte normalement 500 salariés.

Lior Mucznik, qui dirige trois hôtels dont celui-ci, estime perdre des dizaines de millions de shekels par mois -soit des millions d’euros.

Sur son téléphone, il montre des photos des dégâts causés par des vents violents ayant balayé la côte mi-mars: fleurs arrachées, sable incrusté sur les terrasses. « Après la tempête; le coronavirus! », se désole-t-il, regrettant de ne pas avoir reçu d’aide des autorités jusqu’ici.

– « Sparadrap » –

La municipalité a reçu un soutien financier du gouvernement pour répondre à la crise, mais ce n’est pour l’instant qu’un « sparadrap sur une large plaie », explique le maire Meir Yitzhak Halevi.

Trois personnes sur quatre sont désormais au chômage, dit-il à l’AFP.

Samedi, le gouvernement a annoncé l’assouplissement de certaines restrictions, dont la réouverture de certains commerces, en réaction à une baisse du nombre de nouveaux cas de malades.

Mais « l’apport à la ville d’Eilat est très minime », regrette le maire, qui considère qu’il s’agit tout de même d’un « premier pas ».

Israël a annoncé son premier cas de nouveau coronavirus le 21 février et a depuis officiellement enregistré plus de 14.300 cas dont environ 190 décès. A Eilat, une vingtaine de cas ont été recensés.

Parce que la pandémie y constitue davantage une crise économique que sanitaire, la mairie appelle le gouvernement à formuler une réponse sur mesure pour la ville, explique Nora Bitton, employée municipale.

Sans tourisme, ce « petit coin de paradis » a vu son « tuyau d’oxygène coupé », déplore-t-elle.

– Paralysie –

Pour Josef Gez, qui se balade malgré le confinement –ce qui peut en théorie lui valoir une amende–, « c’est comme si la ville était paralysée ».

« D’habitude, je déteste marcher mais je suis venu de l’autre bout de la ville histoire de prendre l’air, profiter du soleil et être en bord de mer », explique ce quinquagénaire sur le pont qui enjambe la marina. « En 32 ans de vie ici, je n’ai jamais vu ça », souffle-t-il. « On dirait qu’une bombe a été lâchée et que tout le monde a disparu ».

Un peu plus loin sur la plage, un couple de Français tente une expédition baignade. Mais à peine leurs pieds ont-ils effleuré le sable qu’une patrouille de police les interpelle.

Retour à la maison obligatoire pour les deux retraités, fâchés de devoir faire demi-tour et « attristés » de voir la ville vide à une période de l’année où il est habituellement difficile de se faire une place au soleil.

Accoudé à la barrière qui entoure l’une des trois piscines de son hôtel, Lior Mucznik explique que la saison de Pessah, la Pâque juive qui vient de se terminer, est l’une des plus importantes pour l’économie locale.

Pendant cette fête, les 375 chambres de son établissement sont d’ordinaire occupées, majoritairement par des Israéliens, et les prix en forte hausse. « Si nous ratons la deuxième haute saison haute, de juillet à septembre, alors ce sera une année catastrophique », dit-il.

Avant de se reprendre: « en fait, c’est déjà une année catastrophique ».

Covid-19: gare à une pénurie d’oxygène dans les pays les plus pauvres

Dans les pays pauvres d’Afrique ou d’Asie du Sud, les médecins manquent de l’élément le plus crucial pour sauver les malades les plus graves du Covid-19: l’oxygène lui-même, alertent les experts.

La crise sanitaire actuelle a mis sous tension même les systèmes hospitaliers les plus avancés, qui peinent notamment à s’approvisionner en respirateurs artificiels.

Mais les experts craignent que cette attention portée au maillon high-tech de l’assistance respiratoire ne masque un besoin encore plus criant et prioritaire, pour les systèmes de santé les plus vulnérables: l’oxygène médical, composante clé des soins intensifs.

« La réalité c’est que l’oxygène est la seule thérapie qui va sauver des vies en Afrique et en Asie-Pacifique à ce stade », commente Hamish Graham, pédiatre et chercheur à l’hôpital universitaire de Melbourne.

« J’ai peur que la focalisation excessive sur les respirateurs ne tue, si on ne résout pas les problèmes d’oxygène », explique-t-il à l’AFP.

Selon un rapport publié en février sur plusieurs milliers de cas en Chine, près de 20% des malades du Covid-19 ont eu besoin d’oxygène.

Le nouveau coronavirus attaque les poumons, causant des formes aiguës de détresse respiratoire et entraînant une baisse dangereuse du niveau d’oxygène dans le sang.

« Dans les hôpitaux des pays riches, l’oxygène va de soi », explique le Dr Graham. Mais ailleurs, « les soignants sont parfaitement conscients du problème: ils se battent chaque jour pour pouvoir fournir de l’oxygène à leurs patients ».

De nombreux gros hôpitaux de pays en développement disposent de bouteilles d’oxygène dans les blocs opératoires et les services, ainsi que de « concentrateurs », des équipements portatifs qui permettent de filtrer et de purifier l’air ambiant.

Mais des études montrent que moins de la moitié des établissements hospitaliers d’Afrique et d’Asie-Pacifique disposent d’oxygène à tout moment, insiste le Dr Graham. Et ils sont bien moins nombreux à être équipés d’oxymètres de pouls, ce petit appareil qu’on met au bout du doigt du patient pour mesurer son taux d’oxygène dans le sang.

Cette inquiétude n’est pas nouvelle parmi ceux qui soignent les patients atteints de pneumonie, maladie infectieuse la plus meurtrière chez les enfants de moins de 5 ans.

Malgré des politiques nationales en place, au Nigeria, un des pays les plus touchés, la situation dans certaines régions est « très très inquiétante », estime Adamu Isah, de l’ONG Save the Children.

Il est courant de voir des enfants « souffrir et suffoquer », raconte l’ancien médecin à l’AFP. « On se sent inutile. Il n’y a pas grand chose à faire sans oxygène ».

– « A l’aveuglette » –

« Les systèmes de santé en Afrique et en Asie du Sud ne pouvaient pas être plus exposés à une telle pandémie, ils n’ont pas investi dans les thérapies respiratoires », constate de son côté Leith Greenslade, coordinatrice de la coalition Every Breath Counts.

« C’est terrifiant », ajoute-t-elle.

Malgré la mort de 800.000 enfants victimes de pneumonie chaque année, la maladie ne reçoit pas la même attention que le sida, le paludisme ou la tuberculose.

Et les autorités sanitaires mondiales ont « complètement négligé » la question de l’oxygène, estime Leith Greenslade.

« L’absence de données mondiales (sur les approvisionnements en oxygène) va être un problème majeur pour répondre au Covid-19 parce qu’on navigue à l’aveuglette, on ne sait pas quels pays en ont le plus besoin », ajoute-t-elle.

L’épidémie étant encore relativement peu développée en Afrique et dans certaines parties de l’Asie, il reste malgré tout « probablement une fenêtre de deux mois » pour agir, insiste-t-elle.

Même s’il est difficile de prédire comment le nouveau virus se répandra dans cette partie du monde, les experts appellent à renforcer les systèmes de soins en urgence.

« Comme partout, il faut aplatir la courbe, mais si les établissements n’ont pas de lits de soins intensifs – ou peu comme au Malawi où il y en a 25 pour 17 millions d’habitants -, ça ne marchera pas », souligne Gwen Hines, de Save the Children.

Son organisation travaille justement au Malawi, où quelques cas ont été confirmés, pour alimenter des concentrateurs d’oxygène en énergie solaire, alors que le réseau électrique est intermittent et qu’il n’y a pas de site de production d’oxygène.

Mais en pleine crise mondiale, les experts craignent que la communauté internationale ne puisse pas agir suffisamment rapidement pour pallier ce manque d’oxygène et d’autres équipements de base dans les pays les plus pauvres.

Au Nigeria, l’aide devrait commencer par l’envoi d’oxymètres de pouls, puis de concentrateurs utilisables dans des dispensaires modestes, et après seulement des respirateurs, plaide Adamu Isah.

« J’ai peur que si cette pandémie dure plus de deux mois, nous devions faire face à de très graves problèmes », s’alarme-t-il.

« En Europe ou aux Etats-Unis, ils ont peut-être les capacités de faire face aux besoins, mais pas en Afrique, même en temps de paix ».

Coronavirus: une mosquée d’Istanbul devient une supérette gratuite

Les étagères d’habitude réservées aux chaussures des fidèles sont garnies de pâtes, biscuits et bouteilles d’huile. Fermée aux prières pour cause de coronavirus, une mosquée d’Istanbul s’est transformée en supérette gratuite pour les plus démunis.

Des affiches collées sur les fenêtres de la mosquée invitent les mécènes potentiels à y déposer leur aide et ceux dans le besoin à s’y servir.

Située dans le district de Sariyer à Istanbul, la mosquée Dedeman, fermée aux prières collectives comme le reste des lieux de culte en Turquie pour éviter la propagation de l’épidémie de Covid-19, a été transformée en centre de distribution d’aide à l’initiative de son jeune imam, Abdulsamet Cakir, 33 ans.

« Après la suspension des prières, j’ai eu cette idée de faire revivre la mosquée en donnant aux gens aisés l’opportunité d’aider les nécessiteux », explique le religieux.

Lesté de provisions, l’imam fait la navette entre la salle de prière, dans laquelle s’empilent produits alimentaires et détergents, et le vestibule de la mosquée où il les range sur les étagères.

Abdulsamet Cakir dit que son initiative s’inspire de la « sadaka tasi », une sorte de stèle avec une cavité dans laquelle étaient déposées des aumônes destinées au plus pauvres à l’époque de l’empire ottoman.

« Nous nous sommes inspirés de la tradition de +sadaka tasi+ de nos ancêtres, cette fois en faisant remplir les étagères de notre mosquée avec les aides offertes par ceux qui en ont les moyens », dit-il.

L’épidémie de Covid-19 a fait plus de 2.200 morts en Turquie sur plus de 95.000 cas recensés, dont près de la moitié à Istanbul.

– Dons en nature –

Ceux qui souhaitent bénéficier de l’aide doivent s’inscrire sur une feuille accrochée sur le mur extérieur de la mosquée en laissant un numéro de téléphone. Si leur demande est approuvée par les autorités locales, ils reçoivent un message les invitant à aller se servir à la mosquée où chaque bénéficiaire a droit à huit produits.

Guleser Ocak, 50 ans, s’est rendue à la mosquée dès qu’elle a reçu le message sur son téléphone.

« Je suis vraiment dans le besoin. Mon mari ne travaille pas. Moi je faisais le ménage dans les maisons mais en raison du virus on ne fait plus appel à moi », confie-t-elle à l’AFP.

L’imam a déjà 900 bénéficiaires inscrits sur sa liste et il en sert 120 par jour pour éviter les attroupements dans la mosquée, distanciation sociale par temps de coronavirus oblige.

Deux personnes seulement, portant obligatoirement un masque, peuvent entrer dans le vestibule en même temps, alors que les autres attendent à l’extérieur à bonne distance les unes des autres.

« On demande à 15 personnes de venir chaque demi-heure pour éviter qu’une longue file se forme », affirme l’imam. « On fait de notre mieux pour aider nos frères et soeurs dans le respect de leur dignité ».

Seuls les dons en nature de produits qui seront ensuite distribués aux nécessiteux sont acceptés par la mosquée, qu’ils soient offerts par des particuliers ou des entreprises qui les fabriquent.

Les étagères sont ainsi garnies de produits alimentaires ou de nettoyage offerts par des donateurs de Turquie mais aussi de l’étranger. « Un frère qui habite en France a fait une commande en ligne et l’a fait livrer à la mosquée », se félicite l’imam.

Pour Duygu Kesimoglu, 29 ans, l’aide offerte par la mosquée tombe à point nommé alors que le mois de jeûne musulman du ramadan commence cette semaine.

« Malheureusement je suis sans emploi et je n’arrive pas à en trouver en raison du virus. Pas de job, pas d’argent, donc cette aide est une très très bonne chose », dit-elle.

Liban: premier cas de nouveau coronavirus dans un camp de réfugiés palestiniens (ONU)

Un premier cas de nouveau coronavirus a été enregistré dans un camp de réfugiés palestiniens de la vallée de la Bekaa, dans l’est du Liban, a annoncé l’ONU, selon qui des tests vont être menés parmi la population locale.

La patiente a été transportée à Beyrouth, à l’hôpital public Rafic Hariri, a précisé tard mardi soir l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), qui n’a pas fourni d’indications sur son âge ou son état de santé.

D’après la même source, il s’agit d’une réfugiée palestinienne installée au Liban après avoir quitté la Syrie voisine, ravagée depuis près d’une décennie par un conflit meurtrier.

Elle vivait dans le camp de Wavel –plus communément appelé en arabe « camp de Galilée »-, près de Baalbek, dans la Bekaa.

Une équipe d’experts médicaux se rendra mercredi dans le camp « pour mener des tests » de dépistage du Covid-19, selon le communiqué de l’Unrwa.

L’agence onusienne va faire le nécessaire pour « aider la famille de la malade à s’isoler dans leur domicile », souligne le texte. La patiente sera soignée aux frais de l’Unrwa.

Dès mardi soir, le camp a été bouclé par les factions palestiniennes en charge de sa sécurité qui ont « interdit les entrées et les sorties », en coordination avec les forces de l’ordre libanaises, selon l’agence officielle ANI.

Le Liban a officiellement recensé 677 personnes atteintes du nouveau coronavirus dont 21 décès.

Début avril, Unrwa avait indiqué qu’un réfugié palestinien ne vivant pas dans les camps avait été atteint de la maladie de Covid-19. Il s’était isolé à son domicile.

La propagation du virus parmi les réfugiés syriens ou palestiniens vivant au Liban est une source d’inquiétude pour les ONG, qui pointent du doigt la densité de population élevée dans les camps où les familles nombreuses s’entassent dans des espaces exigus.

Le Liban, petit pays de 4,5 millions d’habitants, accueille plus de 174.000 réfugiés palestiniens, selon un recensement officiel. Un chiffre en deçà des estimations circulant dans le pays, qui vont jusqu’à 500.000.

Le pays dit également accueillir 1,5 million de Syriens, dont près d’un million de réfugiés inscrits auprès de l’ONU.

Le coronavirus menace le monde d’une « catatrophe humanitaire », avertit l’ONU

La pandémie de coronavirus risque de provoquer, en raison de ses répercussions économiques dévastatrices, un doublement du nombre des personnes menacées par la famine dans le monde et une « catastrophe humanitaire » à l’échelle planétaire, a prévenu le Programme alimentaire mondial (PAM), une agence de l’ONU.

Alors que la maladie a fait plus de 174.000 morts à travers le monde depuis son apparition en Chine en décembre, selon un bilan établi mardi par l’AFP, le PAM a lancé un cri d’alarme sur ses conséquences en termes d’alimentation.

« Le nombre de personnes souffrant sévèrement de la faim pourrait doubler en raison de la pandémie de Covid-19, atteignant alors plus de 250 millions d’ici la fin de 2020 », a averti cette agence de l’ONU, évoquant le risque d’une « catastrophe humanitaire mondiale ».

Symbole des bouleversements économiques provoqués par la pandémie, le prix du baril de pétrole américain est passé lundi en territoire négatif, atteignant moins 38 dollars, avant de repasser au-dessus de zéro à la clôture mardi.

– Rebond du pétrole américain –

Mercredi, toutefois, le prix du baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en juin a bondi de plus de 18% dans les premiers échanges en Asie.

Le ralentissement général des économies mondiales dû à la pandémie, avec les voitures au garage et nombre d’usines à l’arrêt, a provoqué une surabondance de pétrole qui a forcé les courtiers en or noir à payer pour se débarrasser de barils qu’ils s’étaient engagés à acheter.

Aux Etats-Unis, devenus premier producteur de pétrole mais dont les coûts d’extraction sont élevés, cet effondrement historique menace l’ensemble du secteur, et a conduit le président Donald Trump à demander à son administration de mettre sur pied un plan de sauvegarde.

L’Organisation internationale du travail (OIT) a prévenu mardi: « La crise du Covid-19 a un effet dévastateur sur les travailleurs et les employeurs », à travers « des pertes massives sur la production et les emplois dans l’ensemble des secteurs ».

« Le monde du travail traverse la pire crise internationale depuis la Seconde Guerre mondiale », a affirmé Alette van Leur, directrice des politiques sectorielles de l’OIT. « L’impact économique de la pandémie sera probablement grave et durable ».

En Europe, le ralentissement économique provoqué par le virus pourrait à terme affecter les emplois de 60 millions de travailleurs, entre baisses de salaires et licenciements, a prévenu mardi le cabinet d’études McKinsey.

– Effets dévastateurs sur l’emploi –

La pandémie pourrait « presque doubler le taux de chômage européen dans les prochains mois », estime le cabinet de conseil américain.

Et une agence de l’ONU basée au Chili a estimé mardi que l’Amérique latine allait connaître cette année la pire récession de son histoire, avec une chute attendue de 5,3% du PIB à cause des conséquences de la pandémie sur les économies de la région.

Face à ce qu’il a appelé « l’ennemi invisible » du coronavirus, le président Donald Trump avait annoncé lundi soir son intention de « suspendre temporairement » l’immigration aux Etats-Unis pour « protéger les emplois » des Américains.

M. Trump a précisé mardi qu’il allait signer un décret ordonnant une « pause » de 60 jours sur la délivrance de cartes vertes qui offrent le statut de résident permanent. Cette mesure ne s’appliquera pas aux visas de travail temporaires.

La première économie mondiale – pays le plus touché, qui a encore enregistré mardi l’un des pires bilans journaliers avec plus de 2.700 morts en 24 heures – compte à cause de la crise 22 millions de nouveaux inscrits au chômage.

– Nouveau plan d’aide américain –

Le Sénat américain a adopté mardi à l’unanimité un nouveau plan d’aide de 500 milliards dollars, dont 320 milliards seront destinés à soutenir les PME durement frappées par la crise. Quelque 60 milliards iront à d’autres secteurs impactés, notamment l’agriculture. La Chambre des représentants doit maintenant se prononcer sur ce texte.

Au moins 4,5 milliards de personnes dans 110 pays ou territoires vivent aujourd’hui confinées ou contraintes de limiter leur déplacement pour tenter d’endiguer la propagation du virus, soit environ 58% de la population mondiale.

En Europe, plusieurs pays – Allemagne en tête, mais aussi Autriche, Norvège, Danemark – ont commencé à assouplir les mesures de confinement, tout en conservant des mesures de « distanciation sociale ».

Berlin et dix des 16 Etats fédérés allemands ont décidé d’imposer le port du masque dans les transports publics. Bars, restaurants, lieux culturels, terrains de sports y demeurent fermés. Ecoles et lycées rouvriront progressivement.

« Aller trop vite serait une erreur », s’est alarmée la chancelière Angela Merkel.

En écho à ces inquiétudes, la célèbre fête allemande de la bière de Munich, prévue cette année du 19 septembre au 4 octobre, a été annulée mardi par les autorités locales. « Les risques étaient tout simplement trop élevés » avec plus de 6 millions de visiteurs attendus, dont un tiers venant de l’étranger et d’Asie en particulier.

En Espagne, la ville de Pampelune a annoncé mardi qu’elle annulait ses célèbres fêtes de la San Fermin, dont les lâchers de taureaux attirent habituellement début juillet des centaines de milliers de touristes. « Il n’y a pas d’autre option possible pour des fêtes aussi massives et internationales », a annoncé la mairie dans un communiqué.

Sur le continent européen, l’Italie est le pays le plus affecté (24.648 décès), suivi de l’Espagne (21.282), la France (20.796) et le Royaume-Uni (17.337), selon le bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles mardi à 19h00 GMT.

– Déconfinements lents –

L’Italie comme la France préparent un lent déconfinement, avec force précautions, respectivement à compter des 3 et 11 mai. En Espagne, les enfants, jusqu’ici interdits de sortie, peuvent à partir de lundi accompagner un adulte pour faire des courses de première nécessité.

En revanche, au Royaume-Uni, qui a enregistré mardi 828 décès supplémentaires et est toujours « en situation de danger », le confinement instauré le 23 mars a été prolongé d’au moins trois semaines.

burx/plh/roc

Virus: le Sénat américain approuve un nouveau plan de 500 milliards de dollars

Le Sénat américain a adopté mardi à l’unanimité un nouveau plan de près de 500 milliards de dollars pour soutenir les PME durement frappées par la crise liée au Covid-19, aider les hôpitaux et renforcer le dépistage du coronavirus.

Soutenu par Donald Trump, ce texte comprend une enveloppe de 320 milliards de dollars qui seront déboursés sous forme de prêts aux entreprises de moins de 500 employés.

Il inclut également 75 milliards d’aides pour les hôpitaux, 25 milliards pour le dépistage du coronavirus, ainsi que 60 milliards de prêts destinés à d’autres secteurs impactés par l’économie, notamment dans l’agriculture.

Le plan sera soumis à un vote final jeudi à la Chambre des représentants, où il devrait être approuvé avant d’être promulgué par le président américain.

« J’appelle la Chambre à adopter ce texte », a déclaré Donald Trump lors de sa conférence de presse quotidienne.

Ces nouveaux fonds destinés aux PME viendront s’ajouter à 349 milliards déjà dépensés pour les soutenir.

Cette enveloppe avait été approuvée fin mars dans le cadre d’un plan de relance de 2.200 milliards de dollars, un montant historique pour soutenir l’économie frappée par la pandémie qui a déjà tué plus de 43.000 Américains et fait quelque 22 millions de chômeurs aux Etats-Unis.

Fruit de difficiles négociations, le plan a été approuvé à l’unanimité par une poignée de sénateurs, certains portant des masques dans les couloirs du Congrès.

La Chambre des représentants ne pourra pas opter pour un vote par acclamation, qui aurait permis de n’avoir également que quelques élus dans l’hémicycle, car des républicains ont menacé de s’y opposer.

Elle devra donc rappeler ses parlementaires à Washington jeudi, à partir de 10H00 (14H00 GMT).

Le chef de la majorité démocrate, Steny Hoyer, s’est dit confiant qu’une majorité des 429 élus pourraient être présents, soit un nombre suffisant pour autoriser le vote, qui pourrait toutefois prendre plusieurs heures à cause des mesures de précaution pour éviter la propagation du virus.

La Chambre pourrait profiter de cette séance pour autoriser le vote par procuration pour de prochains votes.

– Prochain plan « plus vaste » –

« Voilà un véritable exemple d’union pour combattre ce virus », a salué le Secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, qui a mené les négociations avec le démocrates et les républicains sur le plan d’aide aux PME.

Le premier volet de l’aide aux PME a été critiqué car de grandes entreprises ont pu en bénéficier.

Pour tenter cette fois d’améliorer l’accès aux prêts des toutes petites structures, qui n’ont parfois pas de relations aussi étroites avec les grandes banques, 60 milliards de dollars seront alloués exclusivement par de plus petits créanciers.

Plus de 1,6 million d’entreprises ont déjà pu toucher des fonds, dont « plus de un million » ont moins de dix employés, a défendu Steven Mnuchin.

Les prêts sont octroyés aux PME par des banques mais l’Etat fédéral les garantit, en s’engageant à annuler la dette si l’entreprise bénéficiaire garde ses employés ou réembauche ceux qui ont été licenciés d’ici au 30 juin.

Donald Trump, en lice pour sa réélection en novembre, a fait de la préservation de l’emploi sa priorité absolue. Et la crise du Covid-19 a poussé la Maison Blanche à s’accorder avec les démocrates du Congrès pour mobiliser des sommes exponentielles.

Le 5 mars, les parlementaires avaient débloqué 8,3 milliards de dollars pour financer la lutte contre le coronavirus. Puis le 18 mars, ils avaient approuvé un plan d’aide sociale de 100 milliards de dollars, avant le troisième volet titanesque de 2.200 milliards.

Maintenant qu’un accord sur l’enveloppe de près de 500 milliards de dollars a été trouvé, des négociations ardues vont démarrer sur un quatrième grand plan de relance.

Il sera « plus vaste, plus audacieux, meilleur », a promis mardi le chef de la minorité au Sénat, Chuck Schumer.

Donald Trump a détaillé, dans un tweet, ses grandes priorités pour ce prochain volet: « des allègements budgétaires pour les Etats/collectivités locales », des investissements « dans les infrastructures », « des aides fiscales » destinées aux secteurs de la restauration, des divertissements et du sport, ainsi que des « réductions des charges salariale ».

Liban: réunion du Parlement, protestations en voiture malgré le virus

Le Parlement libanais s’est réuni mardi dans une salle de conférence pour permettre la distanciation sociale en pleine pandémie du nouveau coronavirus, et à l’extérieur des manifestants ont défilé en voiture pour crier leur colère contre le pouvoir.

Le Liban traverse depuis l’an dernier sa pire crise économique en 30 ans, amplifiée par la pandémie de Covid-19 et les mesures draconiennes de confinement ayant mis le pays à l’arrêt.

Réunis dans une salle de conférence pouvant accueillir jusqu’à 1.000 personnes à Beyrouth, les députés dont la session doit durer trois jours ont approuvé un prêt de 120 millions de dollars de la Banque mondiale pour aider le secteur de la Santé.

Au Liban, 677 cas de contamination, dont 21 décès, ont été recensés officiellement.

Les députés ont par ailleurs voté une loi pour lutter contre la corruption dans le secteur public, alors que ce fléau a été l’un des éléments déclencheurs du soulèvement populaire inédit au Liban en octobre 2019.

Parmi les 16 lois adoptées sur les 66 sous examen, les parlementaires ont également adopté la légalisation à des fins médicales de la culture de cannabis, devenue une industrie pesant plusieurs millions de dollars.

Cette mesure devrait engranger des revenus à l’Etat, surendetté et en défaut de paiement depuis mars, pour la première fois de son histoire.

Les députés devront également se pencher sur un projet de levée de l’immunité des ministres et des députés en cas de poursuites pour corruption.

A l’extérieur, des manifestants à bord de voitures ont protesté contre les députés et la classe politique en générale, accusés de corruption et d’incompétence. Ils ont également sillonné d’autres lieux de la capitale libanaise et d’autres villes, dont Tripoli (nord) et Saïda (sud).

– « Chômage, pauvreté » –

« Nous voulons récupérer l’argent volé », a lancé Jad Assaileh, un jeune manifestant, en allusion aux allégations de détournements de fonds et de transfert par des responsables libanais de milliards de dollars à l’étranger.

Au rythme des klaxons, de slogans et de chants révolutionnaires, des voitures arborant le drapeau libanais ont afflué vers la place des Martyrs, au cœur de Beyrouth.

« Je suis sortie parce que l’Etat n’a encore rien fait jusqu’à présent. Nous n’avons vu aucune réforme », a déploré Lina al-Adawi, 54 ans, debout sur le marche-pied de son 4×4.

« Le coronavirus a aggravé davantage la situation économique: le chômage, la flambée du taux de change, la pauvreté et la faim », a ajouté la quinquagénaire, portant un masque et un foulard rouge.

Le Liban croule sous une dette de 92 milliards de dollars, soit 170% du PIB, l’un des taux les plus élevés mondialement.

La monnaie nationale a désormais atteint un plus bas face au dollar depuis des décennies, alors qu’environ 45% de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté.

– Plus de dollars –

Nouveau signe de détresse financière, les banques ne donnent plus des dollars, la Banque centrale ayant publié mardi une circulaire demandant à ces établissements de verser à leur clients souhaitant retirer des billets verts de leur comptes en dollars, l’équivalent en livres libanaises au taux de change du marché parallèle.

La livre libanaise se négocie désormais à plus de 3.200 livres pour un dollar sur le marché parallèle, alors que la monnaie nationale est indexée sur le billet vert depuis 1997 au taux fixe de 1.507 livres.

Les observateurs y voient un prélude à une dévaluation officielle de la monnaie nationale.

Depuis octobre 2019, les banques ont imposé des restrictions draconiennes sur les retraits, notamment en dollars -les plafonnant parfois à 100 dollars par semaine.

Elles sont accusées par la rue de complicité avec le pouvoir politique et d’avoir contribué à l’endettement public effréné et la faillite de l’Etat.

Le gouvernement est sur le point d’annoncer un plan de sauvetage économique devant déboucher sur un début de restructuration de la dette et une éventuelle aide externe. Le plan évoque des besoins de financement de plus de 80 milliards de dollars, dont 10 à 15 milliards d’aides étrangères sur cinq ans.

Brésil: un accordéoniste défend l’Amazonie en chantant au fil de l’eau

Son accordéon est presque aussi large que son canot, mais la musique retentit jusqu’à la cime des arbres: Eder Rodrigues do Nascimento, 60 ans, pagaie des journées entières en chantant des vers sur la protection de l’Amazonie brésilienne.

« La nature dépend de vous, laissez-la vivre, le monde entier vous remercie, avec la plus grande joie », chante ce troubadour haut en couleurs, sillonnant les villages sur pilotis bâtis sur les rives du Jurua, un affluent de l’Amazone.

Pour se rendre d’un village à l’autre, il faut parfois plusieurs jours de navigation.

Seul sur sa modeste embarcation en bois, « Eder l’accordéoniste », comme il se fait appeler, est impuissant face aux fléaux comme la déforestation ou l’orpaillage illégal. Mais il symbolise la résistance de ceux qui vivent au plus près de la nature et sont mis en lumière lors de la Journée internationale de la Terre nourricière le 22 avril.

« Dans mes chansons, je parle de la préservation de la nature. Je donne des conseils pour que tout le monde fasse comme moi: ne pas brûler la forêt, ne pas polluer l’eau, ne pas couper d’arbres. Il faut laisser les arbres, c’est eux qui vont sauver le monde », déclare-t-il à l’AFP.

Ce métis au visage buriné et émacié habite à Boa Vista, localité qui fait partie de la réserve naturelle de Uacari, où les habitants vivent essentiellement de la pêche et de la cueillette.

« La terre est en train de devenir sèche à cause de la déforestation. Ça nous inquiète beaucoup parce que nous vivons dans la forêt », déplore-t-il.

« Parfois, on voit arriver des maladies que personne ne connaît et parfois les gens meurent sans qu’on en sache la cause », insiste l’accordéoniste.

Les peuples vivant aux confins de l’Amazonie sont particulièrement vulnérables face au nouveau coronavirus, qui a tué près de 200 personnes dans l’Etat d’Amazonas, où vit Eder.

« Ceux qui visitent l’Amazonie se rendent au paradis, ceux qui habitent l’Amazonie y sont déjà, si tu veux connaître la biodiversité, viens avec moi », fredonne le musicien, une lueur d’espoir dans les yeux quand il voit les jeunes villageois s’identifier aux paroles de ses chansons.

Le déboisement et les incendies de forêt ont fortement augmenté depuis l’arrivée au pouvoir en janvier 2019 du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, dont la politique environnementale est vivement critiquée.

De nombreuses ONG l’accusent de vouloir livrer le « poumon de la planète » aux compagnies minières et à l’agro-négoce, tout en empiétant sur les territoires censés être réservés aux peuples autochtones.

Entre pandémie et élection, la Chine n’a jamais eu aussi mauvaise presse aux Etats-Unis

Le nouveau coronavirus a fait des dizaines de milliers de morts aux Etats-Unis et Donald Trump comme Joe Biden, son futur adversaire démocrate à la présidentielle de novembre, montrent du doigt la Chine qui n’a jamais eu aussi mauvaise presse dans l’opinion publique américaine.

Une étude du centre de recherche Pew publiée mardi affirme que 66% des Américains ont une mauvaise opinion de la Chine, un plus haut historique et le point culminant d’une situation qui n’a cessé d’empirer depuis l’arrivée au pouvoir de M. Trump.

« Nous voyons un virage spectaculaire vers le négatif depuis deux ans », explique Laura Miller, co-auteure de l’étude.

Donald Trump, très critiqué pour sa gestion initiale de la crise du Covid-19, et les faucons du parti républicain accusent la Chine d’avoir tardé à alerter le monde sur la gravité de l’épidémie née à Wuhan fin décembre, qui a déjà tué plus de 40.000 personnes aux Etats-Unis.

Illustration de la campagne négative à venir pour l’élection présidentielle, l’équipe de Donald Trump a diffusé une vidéo accusant Joe Biden d’avoir « protégé les sentiments » de Pékin quand il était vice-président de Barack Obama et suggérant – sans preuve – qu’il agissait au nom des intérêts financier de son fils Hunter, qui a fait des investissements en Chine.

Joe Biden a répliqué dans un spot de campagne, rappelant que le milliardaire avait d’abord salué les efforts de la Chine pour combattre l’épidémie et affirmant que les Etats-Unis n’étaient par sa faute « pas préparés et pas protégés ».

La pandémie arrive au milieu d’une guerre commerciale entre Pékin et Washington avec des hausses de taxes douanières, saluées même par les démocrates, sur fond d’accusations américaines de vol de propriété intellectuelle.

Les républicains, soucieux de faire oublier le rôle de la Russie dans la victoire de Donald Trump, ont à leur tour accusé la Chine d’ingérence dans les élections parlementaires de 2018 par le biais d’achats de publicités dans les journaux.

– « Souffre-douleur » –

Selon Pew, la défiance à l’égard de Pékin est largement partagée par l’ensemble de la population jusque chez les jeunes, une première.

Les sujets d’inquiétude ont toutefois changé. En 2012, c’était les pertes d’emplois et le déficit commercial. Aujourd’hui, une majorité d’Américains considèrent que l’impact de la Chine sur l’environnement, les violations des droits humains et les attaques informatiques sont des problèmes « très sérieux » pour les Etats-Unis.

« La Chine est vue comme une menace sur de nombreux aspects », estime Laura Miller.

L’enquête, réalisée sur un échantillon de 1.000 personnes du 3 au 29 mars, n’a pas détecté de changements dans les réponses alors que l’épidémie se propageait sur le territoire américain.

Mais selon Laura Miller, cela pourrait changer si le discours politique reste le même. « Pendant la période électorale américaine, on a l’habitude de se trouver un souffre-douleur à l’étranger. Si la Chine le devient, on pourrait voir augmenter les opinions négatives », dit-elle.

Mais la confrontation ne bénéficie pas seulement à Donald Trump. Son homologue chinois Xi Jinping a profité de la pandémie pour promouvoir un modèle autoritaire face aux régimes démocratiques jugés inefficaces pour lutter contre le virus.

« Cette crise est en quelque sorte du sur-mesure pour les opportunistes politiques et les va-t-en guerre des deux camps », estime Michael Swaine, de la fondation Carnegie Endowment for International Peace.

Joe Biden et Donald Trump ont pris Pékin pour cible mais les futures relations pourraient dépendre de l’identité du locataire de la Maison Blanche après le 3 novembre, selon M. Swaine.

Les conseillers du président Biden pourraient privilégier le pragmatisme et chercher des sujets de rapprochements, alors qu’un second mandat de M. Trump renforcerait les partisans d’une politique agressive face à la Chine, explique-t-il.

Les disputes fréquentes entre les deux puissances n’ont toutefois pas généré de forts sentiments anti-chinois et jusqu’à récemment, le public américain n’adhérait pas à l’opération de diabolisation lancée par les républicains et l’administration Trump, selon le chercheur.

« On dirait que ça commence à changer, même si nous n’avons aucune idée de l’intensité, du degré et de la profondeur de ce changement », admet Michael Swaine.

Bloqués en Libye, des centaines de Tunisiens sont parvenus à franchir la frontière

Plus de 600 Tunisiens, bloqués depuis des semaines en Libye du fait de la pandémie du Covid-19, ont pu rentrer lundi dans leur pays en se présentant en masse à la frontière, où la police tunisienne a dû les laisser entrer, selon des sources concordantes.

Le ministère de l’Intérieur, démentant une entrée illégale, a confirmé que 652 personnes avaient été autorisées à passer la frontière lundi. « Pour éviter d’avoir des victimes parmi ces voyageurs, il leur a été permis d’entrer du côté tunisien », a déclaré Lotfi Sghaïer, directeur général de la police des postes frontières, à la TV nationale Wataniya 1.

La police a renoncé à utiliser la force, mais les a rapidement canalisés pour faire un tri sanitaire et sécuritaire, a-t-il ajouté. « Il n’y a pas eu de vide sécuritaire », a-t-il également assuré, en écho aux craintes sur l’éventuelle arrivée parmi les travailleurs de membres d’organisations jihadistes.

Depuis la fermeture des frontières fin mars dans le cadre des mesures prises contre la propagation du nouveau coronavirus, environ 1.300 Tunisiens s’étaient regroupés non loin du poste de Ras Jédir, réclamant de pouvoir rentrer chez eux, selon le président de l’Observatoire tunisien des droits de l’Homme, Mostapha Abdelkebir.

Lundi, « près de 700 (Tunisiens) sont arrivés d’un coup, assez nerveux, en faisant du bruit, pour obliger la police à les laisser passer », a-t-il affirmé mardi.

Selon le dirigeant local du Croissant-Rouge, Abdelkarim Regaï, les autorités libyennes ont laissé passer les Tunisiens qui ont indiqué attendre du côté libyen du poste-frontière depuis plusieurs jours voire plusieurs semaines.

« Ce sont surtout de simples ouvriers, des travailleurs journaliers qui sont dans une situation humanitaire terrible », a-t-il souligné, appelant à ouvrir les frontières aux Tunisiens toujours bloqués en Libye, où les combats entre pouvoirs rivaux se sont en outre intensifiés dernièrement.

Mardi matin, des bus escortés par la police ont quitté les lieux pour les ramener vers leurs régions d’origine, a constaté un correspondant de l’AFP. Ils seront envoyés vers des centres de quarantaine, a précisé le ministère de l’Intérieur.

A l’approche du mois de jeûne musulman du ramadan, d’autres passages devraient être autorisés dans les jours à venir, a indiqué une source diplomatique tunisienne, estimant à 20.000 le nombre total des Tunisiens encore présents en Libye.

La Tunisie, qui a prolongé jusqu’au 3 mai un confinement très strict en place depuis le 22 mars, a recensé 38 morts parmi 884 cas de malades du Covid-19. Des milliers de Tunisiens sont bloqués à l’étranger, et leur sort était au menu d’une réunion gouvernementale mardi.

Maroc: plus de 60 cas de contamination au nouveau coronavirus dans une prison

Une soixantaine de cas de contamination au nouveau coronavirus ont été enregistrés dans une prison du sud du Maroc, surtout parmi les employés, a indiqué la direction des prisons du royaume, annonçant que des tests de dépistage étaient en cours au sein de l’établissement.

Soixante employés et six détenus ont été testés positifs dans la prison de Ouarzazate, a indiqué dans un communiqué la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR), annonçant des « tests de dépistage pour tous les pensionnaires de l’établissement ».

Ces cas s’ajoutent aux 11 déjà signalés dans une prison de Marrakech (sud), et à ceux de Ksar Kébir (nord), où 9 fonctionnaires et deux prisonniers ont été testés positif, selon la direction des prisons.

Les cas de contamination dans les prisons du pays, qui compte quelque 80.000 détenus, sont désormais « limités » grâce aux « mesures préventives » adoptées, d’après la même source.

La DGAPR avait déjà indiqué que les fonctionnaires des établissements pénitenciers avaient été soumis à des quarantaines de deux semaines.

Début avril, plus de 5.654 détenus ont été relâchés au Maroc, pour tenter de réduire les risques de propagation dans les prisons.

D’autres pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord –où aucun cas de contamination en prison n’avait officiellement été rapporté jusque-là– ont fait de même, alors que la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, a appelé à la libération de détenus à travers le monde.

Au Maroc, pays de 35 millions d’habitants, 3.186 cas de contamination ont été enregistrés officiellement, dont 144 décès et 359 guérisons.

Les autorités ont imposé des mesures de confinement, sous contrôle étroit des forces de l’ordre, après avoir suspendu les liaisons aériennes et verrouillé les frontières.

Le port du masque est obligatoire, sous peine de sanctions, et les autorités ont annoncé la prolongation jusqu’au 20 mai de « toutes les mesures de précaution et de restriction (…) de l’état d’urgence sanitaire ».

Dans le Dakota du Sud, le non-confinement malgré tout

Très peu densément peuplé, le Dakota du Sud a longtemps regardé de loin le coronavirus se propager dans les grandes villes américaines. Il abrite désormais le plus gros foyer d’infection des Etats-Unis sur un site unique, mais la gouverneure refuse toujours de confiner ses habitants.

Une équipe de l’AFP en sillonne cette semaine les paysages ruraux pour prendre le pouls des rares Américains à vivre encore presque normalement.

A Sioux Falls, sa plus grande ville, avec un peu moins de 200.000 habitants, les rideaux de nombreux petits commerces étaient levés mardi comme si la pandémie s’était opportunément arrêtée aux frontières de cet Etat du Midwest.

La plupart des bars sont fermés et les restaurants ne vendent plus qu’à emporter, mais les coiffeurs coiffent, les fleuristes fleurissent, les tatoueurs tatouent et les sportifs continuent de suer, en plus petits groupes, dans les salles de gym.

« Le Dakota du Sud, ce n’est pas New York », justifie la gouverneure Kristi Noem, dont l’Etat, surtout connu pour les immenses visages présidentiels taillés dans le granite du Mont Rushmore, ne compte qu’un peu plus de quatre habitants au kilomètre carré, cinq fois moins que la Creuse, l’un des départements les moins peuplés de France.

Beaucoup d’entre eux se pensent à l’abri du virus au milieu des champs de blé et de maïs, des élevages de bétail et des vastes réserves amérindiennes.

« Il faut faire attention aux endroits où on va et à l’hygiène, mais ce n’est pas vraiment un problème ici car nous vivons espacés, beaucoup plus que dans les grandes villes », avance Lane Stone, lycéen de 17 ans, en train de faire des pompes avec ses amis torses nus.

Un peu plus loin au bord des chutes d’eau de la rivière Big Sioux qui ont donné son nom à la ville, Spencer Aalsburg, pasteur de 42 ans plongé dans un recueil de poèmes, dit faire confiance aux autorités « pour prendre les bonnes décisions ».

« Je pense que nous pouvons tenir le coup si nous agissons intelligemment. Je ne suis pas certain que nous ayons besoin d’un confinement », développe-t-il, conscient d’être privilégié. « Le fait de pouvoir encore sortir est une bénédiction. »

– « Responsabilité » et « bon sens » –

Le Dakota du Sud n’avait relevé au début du mois d’avril qu’une centaine de cas positifs de Covid-19. Il en compte près de 1.700 aujourd’hui, et sept décès, la faute principalement à une usine de conditionnement de viande de porc devenue le plus gros foyer infectieux du pays, avec près de 900 personnes directement contaminées parmi les employés et leurs proches.

Malgré une lettre ouverte de professionnels de la santé, les pétitions de citoyens inquiets dans leurs déserts médicaux et les pressions d’élus locaux de son propre camp républicain, la gouverneure Noem reste intransigeante derrière son regard clair: pas question de confiner tout le monde.

La dirigeante conservatrice de 48 ans préfère en appeler à la « responsabilité personnelle » et au « bon sens » de ses concitoyens afin qu’ils n’aient pas à « renoncer à leur liberté pour juste un peu de sécurité ».

Les quatre autres Etats américains — Arkansas, Dakota du Nord, Iowa, Nebraska — réfractaires à un ordre général de confinement sont tous gouvernés par des républicains. Et ce n’est pas un hasard.

La question revêt une dimension politique aux Etats-Unis, dont le président Donald Trump bout de « rouvrir » au plus vite le pays et son économie à l’approche de l’élection présidentielle de novembre.

Des manifestations anti-confinement ces derniers jours y ont montré une frange de la population plaçant plus haut que tout la liberté individuelle et brandissant bibliquement la Constitution.

« Nous ne serons jamais complètement libres tant qu’il y aura des règles gouvernementales pour nous dire quoi faire et comment », peste Zachary Rinder, agent d’entretien de 32 ans venu taquiner le brochet en famille dans la rivière de Sioux Falls.

« Dieu nous donne notre libre-arbitre. Je peux choisir de venir pêcher ou de me mettre en quarantaine. Mais cette décision m’appartient », poursuit-il, pas vraiment inquiet de la progression du virus. « On va tous finir par l’attraper d’une façon ou d’une autre, c’est inévitable. »

Le Dakota du Sud, remporté en 2016 par Donald Trump avec plus de 60% des suffrages, se démarque d’une autre façon dans son approche de la pandémie: c’est le premier Etat américain à avoir lancé un essai clinique à grande échelle de l’hydroxychloroquine, traitement à l’efficacité contestée contre le coronavirus.

Iran/virus: 88 nouveaux morts, plus de 1.000 détenus étrangers provisoirement libérés

Plus de 1.000 détenus étrangers ont été libérés provisoirement en Iran face à la propagation du nouveau coronavirus, a indiqué mardi la justice iranienne, après des critiques d’experts des droits humains de l’ONU sur le sujet.

Le porte-parole du ministère de la Santé Kianouche Jahanpour a annoncé 88 nouveaux décès dus au coronavirus ces dernières 24 heures ainsi que 1.297 nouvelles contaminations.

L’Iran, qui peine à contenir la propagation du virus, fait partie des pays les plus touchés au monde par la pandémie, avec 5.297 décès et 84.802 infections officiellement déclarés depuis l’annonce des premiers cas en février.

« Ce que l’Iran a fait en garantissant la bonne santé des prisonniers et en leur accordant des permissions de sortie est une démarche significative », comparé à ce qu’ont fait d’autres pays, a déclaré le porte-parole de l’Autorité judiciaire, Gholamhossein Esmaïli.

La semaine dernière, un panel d’experts des droits humains avait appelé l’Iran à élargir sa liste de détenus bénéficiant d’une permission de sortie aux « prisonniers de conscience et aux binationaux et étrangers ».

En réaction, M. Esmaïli a déclaré que les experts devraient rapporter ce que « les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont fait concernant leurs prisonniers ».

« Nous avons accordé une permission à plus de 1.000 étrangers (…) dont certains ressortissants de ces pays », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse, sans préciser les conditions de leur libération.

Selon lui, l’Iran ne devrait pas être accusé de « comportement discriminatoire ».

Depuis mars, la République islamique a accordé des permissions de sortie à 100.000 prisonniers, qui ont vu leur libération temporaire être prolongée jusqu’au 20 mai.

Certains d’entre eux doivent porter un bracelet électronique, comme l’Irano-Britannique Nazanin Zaghari-Ratcliffe, arrêtée en 2016 et condamnée à cinq ans de prison pour des appels à la « sédition ». Sa permission a également été prolongée jusqu’au 20 mai, a indiqué mardi son avocat à l’agence officielle Irna.

L’Autorité judiciaire avait également annoncé qu’environ 10.000 détenus devaient bénéficier d’une grâce décrétée à l’occasion du Nouvel An iranien (Norouz), pour « diminuer le nombre de prisonniers, compte tenu de la situation sensible dans le pays », avait alors précisé M. Esmaïli, sans référence explicite au nouveau coronavirus.

D’autres binationaux emprisonnés en Iran, comme la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah et l’homme d’affaires irano-américain Siamak Namazi et son père, Mohammad Bagher Namazi, seraient toujours détenus.

La République islamique ne reconnaît pas la double nationalité et a accusé des gouvernements étrangers d’interférer dans ce qu’elle considère des dossiers relevant de ses affaires internes.

– Réouverture des commerces –

Des autorités sanitaires et des experts de la République islamique et à l’étranger estiment que le nombre de victimes de l’épidémie en Iran pourrait être plus important que celui officiellement déclaré.

L’Iran a procédé à ce jour à plus de 365.700 tests de dépistage de la maladie, a indiqué M. Jahanpour.

Plus de 60.900 personnes admises à l’hôpital sont guéries, a-t-il ajouté, évoquant un nombre « significatif ».

L’Iran a autorisé la réouverture des commerces, fermés depuis la mi-mars, à l’exception de ceux présentant le plus de risques comme les restaurants et les salles de sport.

Les autorités ont cependant exhorté les Iraniens à éviter de prendre les transports en commun et ont levé certaines restrictions de circulation dans la capitale.

D’après l’adjoint aux transports du conseil municipal de Téhéran, Mohammad Alikhani, 19 chauffeurs de taxi sont morts de la maladie du Covid-19 et 317 ont été infectés.

147 chauffeurs de bus et « entre 40 et 50 » employés du métro ont également été contaminés, a ajouté M. Alikhani.

En Israël, un début de déconfinement vécu comme une « libération »

Dans une zone commerciale de Jérusalem, des dizaines de personnes font la queue devant une quincaillerie autorisée à rouvrir. Après des semaines à l’arrêt, Israël teste le déconfinement progressif, vécu comme une « libération » même si le gouvernement reste en « guerre » contre le coronavirus.

Dans le cadre d’un plan « responsable et progressif », le gouvernement israélien, l’un des premiers à prendre des mesures drastiques pour endiguer la propagation du nouveau coronavirus, a autorisé la reprise du travail dans certains secteurs à partir de dimanche.

En plus des pharmacies et supermarchés restés ouverts, les magasins d’outillage, d’ameublement et d’équipement sportif, les librairies et papeteries ont pu rouvrir, sauf dans les centres commerciaux et à condition de respecter certaines règles sanitaires.

Même partielle, la réouverture des commerces a provoqué un sentiment de « libération » chez les clients, déclare mardi Arié Herzog, gérant d’un magasin de bricolage de 600 m2 à Talpiot, un quartier de Jérusalem.

« J’ai vu la joie sur leur visage, c’était comme s’ils partaient en pique-nique tellement ils se sentaient soulagés de sortir de chez eux », dit-il.

Un de ses employés, posté à l’entrée du magasin, contrôle la température des clients, admis au fur et à mesure que d’autres sortent. Seule une quinzaine peuvent théoriquement se trouver en même temps dans la boutique.

Mais à l’intérieur, la distanciation est peu respectée et les clients font la queue à moins d’un mètre les uns des autres pour passer en caisse.

– Prudence –

Le début du déconfinement a été annoncé avant l’accord lundi entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ex-rival Benny Gantz pour la formation d’un gouvernement d’union et « d’urgence » afin de remporter la « guerre » contre le nouveau coronavirus, qui a plombé l’économie du pays.

Israël, qui compte environ neuf millions d’habitants, a officiellement enregistré plus de 13.880 cas de malades, dont plus de 180 décès. Selon les chiffres officiels, plus de 4.000 personnes hospitalisées sont guéries et ont pu rentrer chez elles.

Piscine gonflable dans les mains, Shmuel Brachel, 43 ans, se réjouit de cette première excursion, hors de la maison, et pour des courses non-alimentaires.

« C’est sûr que ça fait du bien, mais en même temps il faut faire attention », estime ce coordinateur de séjours scolaires en Israël et actuellement au chômage technique. « J’attends de voir si la réouverture de certains magasins ne va pas provoquer une hausse des contaminations. »

M. Netanyahu a averti samedi que les mesures de confinement seraient rétablies si le nombre de cas augmentait à nouveau. « Si dans deux semaines on voit une amélioration continue, on allègera davantage » les restrictions, mais « s’il y a un nouveau pic de cas, nous serons contraints de renoncer à un allègement ».

– Explosion du chômage –

Avant dimanche, il était interdit de sortir à plus de 100 mètres de chez soi hormis pour travailler, si nécessaire, ou se rendre au supermarché, à l’hôpital ou à la pharmacie.

Le port du masque reste obligatoire, les écoles et universités restent fermées et les transports en commun n’ont que partiellement repris.

En Israël, le chômage a explosé pour passer à 3,4% en février et à environ 26% à l’heure actuelle. Ce taux devrait toutefois « baisser progressivement en mai », selon l’Israel democracy institute (IDI), un groupe de réflexion à Jérusalem.

« Certains salariés actuellement en congés sans solde retourneront au travail, en particulier dans la haute technologie et dans l’industrie (…) et des professionnels comme les comptables, avocats et consultants », prédit le centre.

Mais certaines entreprises ne survivront pas à la pandémie et des salariés congédiés risquent de ne pas être réembauchés, avertit l’IDI. « En plus des centaines de milliers d’Israéliens qui seront au chômage dans les prochains mois, des dizaines de milliers de sociétés s’effondreront, pour la plupart des petites entreprises ou gérées par des indépendants. »

Dimanche, des entrepreneurs ont manifesté devant le Parlement et la résidence du président à Jérusalem, réclamant une aide d’urgence pour les sauver de la faillite.

Coronavirus au Niger : dix manifestants écroués dans une prison de haute sécurité

Dix personnes ont été écrouées dans une prison de haute sécurité après leur arrestation lors de violentes manifestations à Niamey contre le couvre-feu et l’interdiction des prières collectives pour lutter contre la propagation du coronavirus au Niger, a indiqué mardi la police.

« Cent-huit manifestants ont été interpellés dans la ville de Niamey entre le 17 et le 19 avril dont dix sont déposés à la prison de haute sécurité de Koutoukalé », a déclaré la police dans un communiqué transmis à l’AFP.

La prison de Koutoukalé (60 km de la capitale) est l’établissement pénitentiaire le mieux gardé du pays, où de nombreux jihadistes sont également détenus.

Dimanche soir, des échauffourées ont opposé les forces de l’ordre aux habitants de plusieurs quartiers de Niamey, qui s’étaient soulevés contre des mesures prises pour lutter contre la propagation du coronavirus, notamment un couvre-feu (de 19H00 à 6H00) et surtout l’interdiction des prières collectives dans ce pays majoritairement musulman, à quelques jours du début probable du Ramadan.

« Des individus organisés ont entrepris de brûler des pneus et de s’attaquer à des biens privés. Beaucoup de quartiers ont été embrasés », a déclaré le gouverneur de la région de Niamey, Issaka Assane Karanta, à la télévision publique mardi.

« Nous avons aperçu des motocyclistes déposer des pneus (à certains endroits), nous avons vu des motocyclistes distribuer des bidons d’essence, nous avons rencontré des véhicules munis d’autorisations de circuler (dont les occupants) étaient en train de donner des instructions (à des manifestants), ce qui veut dire que tout cela a été bien planifié, bien organisé », a-t-il affirmé.

A Lazaret, un quartier populaire de Niamey, les forces de l’ordre étaient intervenues pour disperser à l’aide de grenades lacrymogènes des habitants qui s’apprêtaient à organiser une prière collective dans une mosquée, selon des habitants.

L’opération a vite dégénéré en émeute. Aux cris de « la lutte continue! », « ne reculez pas! », les manifestants, majoritairement des jeunes, ont brûlé des pneus et érigé des barricades de pierres dans les rues, de même source.

Des manifestations similaires avaient été organisées avant celles de Lazaret dans des zones en périphérie de la capitale, a expliqué à l’AFP une source sécuritaire.

Le Niger, un des Etats les plus pauvres au monde, totalise depuis le 19 mars 655 cas de coronavirus dont 20 décès, selon un bilan du ministère de la Santé publié lundi soir.

Le 12 avril, le gouvernement a prolongé l’isolement de Niamey du reste du pays ainsi que l’état d’urgence et le couvre-feu. Les lieux de culte et les écoles sont fermés.

Le Niger doit par ailleurs faire face aux attaques de groupes jihadistes, à l’ouest du côté de ses frontières avec le Mali et le Burkina Faso, et au sud-est du côté de sa frontière avec le Nigeria.

Le Niger abrite près de 450.000 réfugiés (Nigérians, Maliens et Burkinabè) et déplacés, chassés par les violences jihadistes ou des bandes armées, selon l’ONU.

Italie/virus: le secteur du livre demande l’aide du gouvernement

Le secteur du livre très touché par la pandémie en Italie a demandé mardi l’aide du gouvernement pour surmonter « la plus grave crise du livre de l’après-guerre ».

Les fermetures de bibliothèques et librairies, et donc dans la foulée d’imprimeries, « entraînent la plus grave crise du livre de l’après-guerre », écrivent dans un appel conjoint au gouvernement les associations de bibliothèques, de libraires et d’éditeurs italiens.

Les librairies ont perdu en mars 25 millions d’euros de chiffre d’affaires et 64% des éditeurs avaient eu recours au chômage technique, ou annoncé leur intention de le faire, selon des estimations de ces associations.

Ces dernières relèvent « le risque d’une désertification culturelle, plus particulièrement dans les zones plus faibles du pays ».

La crise due à pandémie de Covid-19, qui a fait plus de 24.000 morts en Italie, « sera un coup pour la culture italienne, la diversité culturelle et le pluralisme », ajoutent les auteurs de l’appel.

Ils préconisent deux mesures pour répondre à cette situation: des fonds destinés aux bibliothèques publiques pour l’acquisition de livres et l’extension à toute la population d’un instrument connu en Italie comme le +bonus culture+.

Ce dispositif avait été instauré en 2016 par le gouvernement de centre-gauche de Matteo Renzi et prévoyait l’octroi d’un chèque culture de 500 euros pour tous les jeunes atteignant 18 ans. Ce chèque pouvait être utilisé pour toutes les dépenses liées à la culture: livres, cinéma, théâtre, concert…

Pays-Bas: la Cour suprême donne son aval à l’euthanasie en cas de démence avancée

La Cour suprême néerlandaise a donné mardi son aval à l’euthanasie de personnes atteintes de démence avancée, même si elles ne sont plus en état de réitérer leur souhait, une clarification juridique découlant d’un procès inédit aux Pays-Bas.

La justice néerlandaise avait acquitté en septembre une médecin accusée d’avoir donné la mort en 2016 à une patiente atteinte de la maladie d’Alzheimer sans s’être suffisamment assurée de son consentement, une affaire retentissante aux Pays-Bas, qui ont été les premiers à légaliser l’euthanasie.

Le ministère public avait renvoyé l’affaire devant la Cour suprême afin d’obtenir des clarifications juridiques, une mesure inhabituelle prise « dans l’intérêt de la loi ».

Le parquet cherchait à apporter des précisions sur le droit des personnes atteintes de démence à décider de leur propre sort, une question à laquelle la loi n’offrait pas, selon lui, de réponse tranchée.

« Un médecin peut donner suite à une demande écrite d’euthanasie chez les personnes atteintes de démence avancée », a déclaré mardi la Cour suprême.

Si toutes les conditions fixées par la loi sont remplies, un médecin ne peut pas être poursuivi par la justice, même si le patient n’est plus capable de réitérer son souhait de mourir, a indiqué dans un communiqué la plus haute instance judiciaire des Pays-Bas.

La législation stipulait déjà qu’une personne était en droit de formuler par écrit une demande d’euthanasie pour le cas où elle n’aurait plus la capacité d’exprimer sa volonté par la suite.

Désormais, « cela s’applique également si l’incapacité à exprimer une volonté est causée par une démence avancée », a statué la Cour suprême.

L’euthanasie n’est autorisée par la loi néerlandaise que sous de strictes conditions. Au moins deux médecins doivent certifier qu’il n’y a pas d’autre solution raisonnable pour le patient, et que sa souffrance est insupportable et sans aucun espoir d’amélioration.

Coronavirus: « l’Afrique a pris conscience de la gravité de la situation » (Mukwege)

Les gouvernements africains ont généralement « pris conscience de la gravité de la maladie » du Covid-19 et doivent favoriser les solutions locales pour lutter contre la pandémie, a estimé mardi le Prix Nobel de la paix congolais Denis Mukwege.

« Dans son ensemble, l’Afrique a pris conscience de la gravité de la maladie. Et on n’a pas vu se reproduire la situation comme avec le sida, où certains gouvernements africains étaient dans le déni. Là, ils ont pris des mesures appropriées », a déclaré M. Mukwege lors d’une conférence en ligne organisée par la fondation Positive Planet.

« Jusqu’ici l’Afrique a eu beaucoup de chance. Si elle avait été frappée avec la même rudesse que la Chine, l’Europe ou les Etats-Unis, on connaîtrait tout simplement un désastre », a ajouté le Prix Nobel de la paix depuis Bukavu, en République démocratique du Congo (RDC).

Avec seulement 1.000 décès pour près de 20.000 cas, l’Afrique est avec l’Océanie l’un des continents les moins touchés par la pandémie, même si ces chiffres sont sans doute sous-estimés en raison du manque de tests. De nombreux gouvernements sur le continent ont pris rapidement des mesures de confinement, même si celles-ci sont difficiles à mettre en oeuvre et souvent contestées.

Certains dirigeants africains toutefois doutent encore de la dangerosité de la pandémie, à l’image du président tanzanien John Magufuli qui exhorte ses concitoyens à s’en remettre à Dieu et les encourage à continuer à travailler normalement.

Le Dr Mukwege a insisté sur la nécessité de solutions adaptées et locales pour chaque pays. « Chaque contexte est différent. Dans mon pays par exemple, presque 80% de la population vit du secteur informel. Le confinement strict est pratiquement impossible », a-t-il souligné.

Dans la province du Sud-Kivu, dont Bukavu est la capitale, « les moins de 60 ans représentent 96% de la population. Ils peuvent prendre en charge les 4% des personnes âgées » qui resteraient confinées, a-t-il dit.

« Ce que nous faisons ici sera différent de ce qui se fait à Nairobi, il faut chercher des solutions locales à des questions qui se posent localement », a-t-il insisté.

Plus globalement, « cette crise constitue une opportunité pour l’Afrique de se poser des questions existentielles. Ca m’étonnerait que nous retournions à la même façon de penser après ça. Plutôt que chercher des solutions extérieures nous chercherons des solutions endogènes », a-t-il prédit.

« L’Afrique a des capacités qui jusqu’ici n’ont pas été utilisées comme il faut. J’espère que chaque pays recourra à ses propres ressources », a-t-il ajouté.

La joie revient à Wuhan, mais la ville reste sur ses gardes

Photos de mariage, baignades, pique-niques: la vie reprend doucement à Wuhan, la ville chinoise où a explosé l’épidémie de Covid-19, même si le retour total à la normale n’est pas pour tout de suite.

Après 76 jours coupée du monde, cette métropole de 11 millions d’habitants du centre du pays a vu son bouclage levé le 8 avril. Et peu à peu, les Wuhanais remettent le nez dehors.

Au bord du lac de l’Est, une jeune femme en robe de mariée blanche pose tout sourire avec son futur mari devant l’objectif d’un photographe. Pour l’occasion, elle retire quelques instants son masque de protection.

Dans un parc à proximité, un grand-père berce son petit-fils étendu dans un hamac. A côté, des familles avec tentes et tapis de pique-nique profitent du soleil.

Au bord d’un pont enjambant le Yangtsé, un jeune homme chante et danse au rythme de la musique, bientôt rejoint par quelques passants.

En contrebas, de courageux nageurs en maillot de bain plongent dans le plus long fleuve d’Asie, malgré les températures encore fraîches.

Des scènes qui tranchent avec l’ambiance de ville fantôme qui régnait à Wuhan juste après sa mise en quarantaine fin janvier… et avec les images de lieux publics déserts un peu partout sur la planète en raison de l’épidémie de Covid-19.

Même les embouteillages ont refait leur apparition à Wuhan sur certaines artères.

« Ça prendra peut-être encore un moment, mais ça évolue dans la bonne direction », explique à l’AFP Bai Xue, une habitante de 24 ans.

Mais Wuhan ne baisse pas totalement la garde.

Car si le nombre de nouveaux cas de Covid-19 est tombé à zéro dans la ville depuis plusieurs semaines, la population s’inquiète des personnes asymptomatiques et revenant de l’étranger.

Les usagers du métro sont ainsi encouragés à scanner un code QR à l’aide de leur téléphone portable pour être localisés en cas de contact avec un malade. Les résidences continuent à vérifier les entrées et les sorties. Et des barrières en plastique bloquent encore l’accès à certaines rues.

Autre inquiétude: l’économie a du mal à repartir.

Vendeurs des marchés, propriétaires de cafés… Beaucoup affirment à l’AFP que le bouclage de Wuhan a plombé les ventes faut de consommateurs et rendu le prix des loyers insoutenable.

La mairie tente d’inverser la tendance: elle a distribué pour 65 millions d’euros de bons d’achats, que les Wuhanais peuvent utiliser dans les supermarchés, les grands magasins ou les restaurants.

Mais la plupart des commerces de bouche sont encore fermés. Et ceux ouverts sont uniquement autorisés à faire de la vente à emporter.

« On a très très peu de clients », soupire Mme Han, une femme de 27 ans propriétaire d’un petit stand de lait de soja. « Les gens ont peur des cas asymptomatiques. »

Coronavirus: un hôtel accueillant des migrants mis en quarantaine en Grèce

Les autorités grecques se sont inquiétées mardi de l’explosion du nombre de migrants testés positifs au coronavirus dans un hôtel du Péloponnèse (sud) hébergeant 470 demandeurs d’asile.

Sur l’ensemble des 470 résidents de l’hôtel de Kranidi dans le Péloponnèse, à 166 km au sud d’Athènes, 150 ont été testés positifs au coronavirus selon Iosif Mertiris, le maire adjoint de la ville d’Ermionida, dont dépend le village de Kranidi.

« La police est stationnée devant l’hôtel et personne n’est autorisé à sortir », a déclaré le maire adjoint à la télévision publique ERT.

Lundi, l’édifice avait été désinfecté et les résidents soumis à des tests après qu’une Somalienne enceinte eut été détectée atteinte du nouveau coronavirus lors d’examens effectués à l’hôpital.

L’Organisation internationale pour les Migrations (OIM) en charge de la résidence a affirmé que « des interprètes, des psychologues, des travailleurs sociaux et des conseillers juridiques sont en contact constant avec les bénéficiaires pour les aider dans cette situation difficile ».

La Somalienne de 28 ans a été placée « à l’isolement dans sa chambre » et tout l’hôtel mis en quarantaine, selon le ministère de l’immigration.

Un employé de l’hôtel avait aussi été testé positif mais n’est pas venu travailler depuis 12 jours dans l’établissement, précise également le ministère.

Selon le maire de la commune, Yannis Giorgopoulos, interrogé par la chaîne de télévision ANT1, « il existe une grande inquiétude (…) mais la structure se trouve à 4-5 km des villages de Kranidi et Porto Heli, et donc est assez isolée ».

Le ministre adjoint à la protection civile, Nikos Hardalias, s’est voulu rassurant: « Il n’y a aucune raison de paniquer, tout ce qui doit être fait sera fait en suivant les réglementations ».

Quelques 100.000 demandeurs d’asile se trouvent actuellement en Grèce.

Deux camps sur le continent, dans la région de l’Attique, ont déjà été mis en quarantaine après l’apparition de plusieurs cas de coronavirus.

Le ministère de l’immigration a décidé de prolonger jusqu’au 10 mai le confinement imposée à tous les camps en Grèce.

La Grèce compte 116 morts du coronavirus alors que 61 personnes se trouvent actuellement en soins intensifs. Mais depuis plusieurs jours, le nombre d’hospitalisations diminue.

Tunisie/virus: annulation du pèlerinage annuel juif de la Ghriba prévu en mai

Le pèlerinage annuel juif de la Ghriba, prévu du 7 au 13 mai en Tunisie, est annulé en raison de la pandémie du Covid-19, a annoncé mardi à l’AFP Perez Trabelsi, responsable de cet évènement rassemblant habituellement des milliers de pèlerins du monde entier.

La synagogue de la Ghriba, la plus ancienne en Afrique, située sur l’île de Djerba (sud), est fermée depuis la propagation du nouveau coronavirus en Tunisie, où 886 cas ont été officiellement déclarés, dont 38 décès, depuis le 2 mars.

« Nous ne rouvrirons la synagogue qu’une fois dépassé le danger du virus », et simultanément à la réouverture des mosquées et autres lieux de culte en Tunisie, a ajouté M. Trabelsi.

Pour limiter la propagation du nouveau coronavirus, le ministère tunisien des Affaires religieuses a suspendu la prière collective et décidé la fermeture des mosquées dans tout le pays.

Durant le mois de sacré de ramadan, la pratique collective de la prière musulmane de tarawih, qui draine habituellement de nombreux fidèles à la mosquée le soir, a également été suspendue, a indiqué mardi à l’AFP, le ministère des Affaires religieuses.

Le pèlerinage de la Ghriba, organisé chaque année au 33e jour de la Pâque juive, est au cœur des traditions des Tunisiens de confession juive, qui ne sont plus que 1.500, majoritairement installés à Djerba, contre 100.000 avant l’indépendance en 1956.

Des milliers de personnes, venues d’Europe mais aussi d’Amérique du Nord et d’Israël, y participent, une affluence qui était repartie à la hausse ces dernières années à la faveur d’une amélioration de la sécurité.

Les festivités avaient été annulées en 2011, alors que le pays était en pleine transition politique, mais la synagogue était restée ouverte.

A Moscou, une clinique de luxe délaisse la chirurgie esthétique pour la lutte contre le Covid-19

Une dame âgée est allongée, intubée, tandis que des médecins en tenue de protection s’activent autour d’elle: bienvenue à l’hôpital K+31 de Moscou, qui soigne les malades du coronavirus, pourvu qu’ils en aient les moyens.

Il y a encore une semaine, le K+31 était une clinique privée de luxe s’occupant notamment de chirurgie esthétique, qui ne disposait même pas d’un service traitant les maladies infectieuses. Aujourd’hui, toute une branche de cet établissement a été transformée pour soigner les patients atteints du Covid-19.

Lundi, la Russie comptait 47.121 malades du coronavirus officiellement recensés et 405 morts, dont la majorité à Moscou, épicentre d’une épidémie qui s’aggrave de jour en jour.

Dans les lits du service, un vieil homme est branché à un respirateur automatique et à une dialyse, tandis qu’une femme d’une cinquantaine d’années change de position pour tenter de mieux respirer.

« Il n’y a pas un seul lit de libre », regrette auprès de l’AFP Boris Tchouradzé, le médecin-chef de K+31 où sont soignés 73 malades. Même situation dans l’hôpital public situé à proximité, qui traite environ 500 patients.

Pour lui, il s’agit de combattre un ennemi invisible et meurtrier comme s’il se trouvait sur un « champ de bataille ». Sachant que le pic de l’épidémie ne devrait pas être atteint avant « mi-mai », avertit ce soignant de 44 ans originaire de Géorgie, et qui a étudié la médecine en Russie.

Reconnaissant qu’il s’agit d’un « défi majeur pour le système de santé et le secteur médical », il assure cependant que les dizaines de milliers de lits disponibles à Moscou et l’ouverture de plusieurs nouveaux hôpitaux destinés à traiter les patients du Covid-19 devraient permettre de « surmonter cette situation difficile ».

– Des dizaines de milliers d’euros –

Se faire soigner au K+31 n’est pourtant pas à la portée de tous les Moscovites. L’établissement ne prend que les patients prêts à payer plusieurs dizaines de milliers d’euros pour leur traitement ou ceux disposant d’une assurance santé privée.

Le fonds d’investissement qui possède l’hôpital, Medinvest, gère aussi un établissement bien plus grand destiné aux patients du coronavirus qui ne disposent que de la couverture santé publique.

L’hôpital K+31 a été divisé en zones « vertes » jugées sûres et zones « rouges » où les patients infectés sont soignés. Pour y entrer, les médecins revêtent des combinaisons de protection complètes avec l’aide d’autres membres du personnel médical.

« C’est une réalité totalement nouvelle » pour les soignants de l’établissement, relève M. Tchouradzé.

Si les docteurs sont bien protégés, mettre la main sur ce genre d’équipement par ces temps de pénurie peut s’avérer difficile, ajoute le médecin-chef, reconnaissant qu’il s’agit d’un « problème global ».

« Un marché noir du matériel de protection a même émergé et beaucoup de gens gagnent de l’argent avec ça », affirme-t-il.

– Fier de ses troupes –

Dans le service de soins intensifs où sont traités cinq patients, le docteur Sergueï Sevalkine raconte qu’après une semaine de rôdage, « c’est devenu plus facile ».

Même s’il a encore du mal à se faire à la combinaison de protection. « Après une vacation, vous avez juste envie de la déchirer », plaisante-t-il.

Une autre médecin, Kamila Touïtchieva, s’occupe de classer les patients selon la gravité de leur état.

« Toute l’équipe s’est habituée à la manière dont les choses fonctionnent maintenant et je pense qu’on a trouvé notre rythme de croisière », dit-elle.

Comme beaucoup de membres du personnel, elle dort désormais dans un hôtel pour ne pas infecter sa famille. Elle dit ne pas être une « héroïne » pour autant: « nous travaillons avec une maladie dangereuse, mais ça rester du travail ordinaire ».

Le médecin-chef, Boris Tchouradzé, dit pour sa part être satisfait de ses docteurs, qui forment « une équipe solide » dans cette situation difficile.

« Je suis fier de mes troupes, voilà la vérité », lance-t-il.

Du procès Netanyahu au conflit israélo-palestinien: impacts de l’accord d’union en Israël

Procès pour corruption de Benjamin Netanyahu, projet d’annexion de pans de la Cisjordanie, partage du pouvoir: l’accord pour un gouvernement d’union et d’urgence en Israël risque d’avoir des impacts sur un ensemble de dossiers clés, au-delà de la gestion de la pandémie de Covid-19.

Après 16 mois de crise politique et trois élections, le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu et son ex-rival, l’ancien chef de l’armée Benny Gantz, ont paraphé lundi soir un accord pour un gouvernement stable sur fond de crise du nouveau coronavirus.

Voici les principaux points et les zones d’ombre de cet accord.

– Procès Netanyahu –

Effet collatéral du virus, le procès de M. Netanyahu, inculpé en novembre pour corruption, a été repoussé en raison de la fermeture des tribunaux. Il devait s’ouvrir mi-mars et a été reporté à mai, mais cet horizon demeure incertain car il dépendra des mesures de déconfinement qui seront mises en place.

En Israël, un Premier ministre peut rester en fonction même inculpé, contrairement à un simple ministre.

L’accord entre MM. Gantz et Netanyahu prévoit que ce dernier soit chef du gouvernement pendant 18 mois, avant que ne lui succède l’ancien général pour 18 mois, au terme desquels de nouvelles élections devront être convoquées.

D’où la question centrale: que se passe-t-il pour M. Netanyahu après 18 mois ? L’accord prévoit la création d’un titre de « Premier ministre en alternance ».

Or cette fonction n’a aucun statut juridique en Israël. Il faudra donc que le Parlement crée cette fonction et y intègre un statut permettant à son titulaire de rester en poste malgré une inculpation.

Mais des analystes envisagent un autre scénario à moyen terme : en Israël, le Premier ministre ne dispose d’aucune immunité judiciaire contrairement au président dont la fonction est en grande partie symbolique. Or le septennat de l’actuel président Reuven Rivlin court à la fin juillet 2021 d’où l’hypothèse que M. Netanyahu lui succède dans une quinzaine de mois, et obtienne l’immunité.

– Partage du pouvoir –

L’accord Netanyahu/Gantz prévoit un gouvernement de 32 ministres pendant les six prochains mois, pour affronter la crise du nouveau coronavirus, et passera ensuite à 36 ministres.

Dans le nouveau gouvernement, les camps de MM. Netanyahu et Gantz auront le même nombre de ministères et pourront demander à d’autres partis de les rejoindre.

Par exemple, les partis ultra-orthodoxes devraient rejoindre le camp Netanyahu tandis que M. Gantz devrait offrir aux partis de gauche des postes de ministre pour avoir un gouvernement d’union nationale.

Des ministres de l’actuel gouvernement de transition de M. Netanyahu devront céder des portefeuilles clés comme par exemple celui de la Défense.

Le camp de Benny Gantz hérite ainsi des ministèresde la Justice et de la Défense, tandis que M. Netanyahu garde la Santé et les Finances.

Le rôle de ministre des Affaires étrangères sera quant à lui partagé en alternance (à commencer par 18 mois pour le camp de Gantz, puis 18 mois pour le camp de Netanyahu).

– Annexion de pans de la Cisjordanie –

L’accord comprend essentiellement deux énoncés politiques pour les mois à venir: gestion de la pandémie de Covid-19, qui a d’ailleurs plombé l’économie israélienne, et le projet proposé par Donald Trump pour un règlement du conflit israélo-paestinien.

Le plan Trump, que MM. Netanyahu et Gantz soutiennent, prévoit notamment l’annexion des colonies juives et de la vallée du Jourdain, vaste plaine fertile, en Cisjordanie occupée.

A droite, plusieurs exhortent M. Netanyahu d’annexer rapidement d’autant que Donald Trump pourrait avoir à quitter la Maison Blanche après la présidentielle de novembre. Mais Benny Gantz cherche à temporiser.

Au final, l’accord prévoit qu’à partir du 1er juillet, le cabinet et les députés pourront se prononcer sur le plan américain sans s’engager, du moins à ce stade, à annexer des pans de la Cisjordanie.

Un gouvernement Netanyahu/Gantz serait un « gouvernement d’annexion » menant à la « fin » de la solution à deux Etats, un Etat palestinien viable aux côtés d’Israël, dénonce le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh.

Crises alimentaires: aggravation en 2019, gare au coronavirus en 2020, avertit un rapport

La pandémie de coronavirus risque de venir aggraver en 2020 la situation des populations au bord de la famine, déjà en forte augmentation en 2019, prévient un rapport de l’ONU.

Quelque 135 millions de personnes dans le monde dans 55 pays affectés par les conflits et les problèmes climatiques, étaient en situation « d’insécurité alimentaire aiguë » en 2019, indique le rapport mondial sur les crises alimentaires 2020, publié mardi par diverses agences de l’ONU et des bailleurs de fonds internationaux.

Il s’agit du chiffre le plus élevé depuis quatre ans qu’existe cette étude, présentée mardi au Conseil de sécurité par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (Pam).

En 2019, c’est encore l’Afrique qui paye le plus lourd tribut à cette situation, avec 73 millions de personnes touchées, soit plus de la moitié.

Parmi les pays dont la population est la plus fortement affectée par ce fléau, le Soudan du Sud (61%), le Yémen (53%) ou l’Afghanistan (37%), entre autres.

« Les conflits étaient toujours le principal moteur des crises alimentaires en 2019, mais les conditions climatiques extrêmes et les chocs économiques sont devenus de plus en plus importants », indique le rapport, qui met en garde sur le facteur aggravant que pourrait constituer le coronavirus.

L’augmentation de 22 millions de personnes touchées par rapport à l’édition 2019 prend en compte l’ajout de pays ou de régions supplémentaires, mais en comparant les 50 pays qui se trouvaient dans les rapports 2019 et 2020, la population en crise « est passée de 112 à 123 millions », indiquent les auteurs du rapport.

Une aggravation de l’insécurité alimentaire notamment sensible dans des zones de conflit comme la République démocratique du Congo et le Soudan du sud, ou des pays touchés par une aggravation de la sécheresse ou de leur situation économique, comme Haïti, le Pakistan et le Zimbabwe.

Sur le plan économique, la situation pourrait très rapidement s’aggraver pour les 55 pays concernés par ces crises alimentaires et listés par le rapport, compte tenu de l’épidémie de coronavirus.

Ces derniers ont « une capacité très limitée voire inexistante à faire face aussi bien aux conséquences sanitaires qu’économiques » de cette crise, indique un propos introductif qui sonne comme une alerte.

– Coup de chaud sur le riz –

Outre les problèmes logistiques qu’engendre cette crise, qui menace l’approvisionnement des pays recensés dans le rapport, la pandémie de coronavirus « pourrait augmenter le niveau d’insécurité alimentaire d’autres pays », indique le rapport, qui cite notamment les pays exportateurs de pétrole, alors que l’or noir a subi cette semaine un plongeon historique.

Un constat à l’unisson de celui formulé par l’ONG Oxfam, ce mardi: selon elle, en Afrique de l’Ouest, l’impact de l’épidémie de Covid-19 ajoutée aux problèmes de sécheresse et à l’insécurité dans la région pourrait provoquer un quasi-triplement du nombre de personnes menacées par la faim, à 50 millions en août contre 17 millions en juin.

Parmi les pays de la Cédéao (Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest), figurent quelques-uns des plus gros importateurs de riz au monde, lesquels ont dû observer avec inquiétude les soubresauts de ce marché, ces dernières semaines.

Cette denrée alimentaire de base a connu récemment une « flambée » des prix, a souligné auprès de l’AFP Abdolreza Abbassian, économiste principal à la FAO.

Le Vietnam, 3e exportateur mondial, « avait posé pratiquement un embargo à l’exportation », a rappelé Arnaud Saulais, courtier à la société suisse SCB, qui souligne que cet embargo a coïncidé avec une paralysie des installations portuaires indiennes en raison des mesures de confinement.

Résultat, le prix du riz thaïlandais, seul restant sur le marché, est passé rapidement à 570 euros la tonne, avant de redescendre à 525 euros, après une réouverture partielle du marché vietnamien la semaine dernière, une bouffée d’air pour les pays importateurs.

« La question du prix est importante, mais il y a beaucoup d’autres problèmes à considérer », estime M. Abbassian.

« Les écoles sont fermées en occident, beaucoup de gens se plaignent, mais les repas sont toujours servis aux enfants. Dans les pays plus pauvres, lorsque les écoles sont fermées, ça veut dire pas de déjeuner », conclut-il.

Lesotho: le ministre de la Police détenu pour violation du confinement anticoronavirus

Le ministre de la Police du Lesotho Lehlohonolo Moramotse a passé la nuit de lundi à mardi en garde à vue pour avoir violé les règles de confinement anticoronavirus en vigueur dans le pays, notamment en achetant de l’alcool.

« Je peux confirmer que le ministre a été détenu au commissariat la nuit dernière », a indiqué à l’AFP un porte-parole de la police, le superintendant Mpiti Mopeli, en ajoutant qu’il avait été remis en liberté au petit matin avant d’être présenté à un juge.

Le ministre « est soupçonné d’avoir violé les règles de confinement et pour avoir branché illégalement son domicile sur le réseau de distribution d’eau », a précisé le superintendant Mopeli.

La population du Lesotho est placée sous confinement jusqu’à au moins ce mardi minuit pour endiguer la propagation de la pandémie de Covid-19, dont aucun cas n’a encore été rapporté dans le petit royaume africain.

Comme dans l’Afrique du Sud voisine, les autorités ont interdit la vente d’alcool pendant toute la durée de cette mesure.

Le ministre de la Police a été pris la main dans le sac il y a deux semaines sur une vidéo qui le montre en train d’acheter des boissons alcoolisées qui a fait le tour des réseaux sociaux locaux.

Il a été arrêté et placé en garde à vue lundi soir pour ne pas avoir répondu à une convocation de la justice pour violation de l’ordre de confinement.

Son arrestation intervient alors que le royaume du Lesotho est agité depuis des mois par une grave crise politique.

Sommé de démissionner par la coalition gouvernementale depuis sa mise en cause dans l’assassinat de son ex-femme en 2017, le Premier ministre Thomas Thabane a fait intervenir l’armée samedi pour « restaurer l’ordre ».

Un accord a été signé lundi sous médiation sud-africaine pour permettre un départ « digne » de M. Thabane a une date qui n’a pas été précisée.