Togo : sans un programme commun de société, l’opposition perdra en 2020 (RCDTI)

Communiqué conjoint du 15 juillet 2019 adressé au peuple togolais. Réseau de la coordination de la diaspora togolaise indépendante (RCDTI) et collectif pour la vérité des urnes.

Le Réseau de la coordination de la diaspora togolaise indépendante (RCDTI) et CVU-TOGO-DIASPORA ont, à plusieurs reprises, rappelé au Peuple togolais que sans les réformes électorales, institutionnelles et constitutionnelles consensuelles, telles que voulues par l’ensemble du Peuple togolais et exprimées avec force par le mouvement populaire né de l’insurrection du 19 août 2017, le camp des démocrates et des progressistes ne peut aller aux élections et espérer les gagner. Les élections locales pipées en amont, au cours et en aval du scrutin viennent de donner la victoire aux partis de Faure Gnassingbé, ce sans qu’aucun observateur indépendant ait pu faire état des nombreuses irrégularités et fraudes. Il s’agit bien de partis au pluriel puisque la nouvelle approche associe le parti au pouvoir et les partis satellites.

  1. COMMENT SORTIR DU CERCLE VICIEUX DES ÉLECTIONS PERDUES D’AVANCE POUR L’OPPOSITION ?
    C’est donc tout naturellement et sans surprise que, d’après les autorités électorales togolaises, près de 3,1 millions d’électeurs togolais sans la Diaspora et de nombreux exclus, se sont engagés dans les élections locales afin d’élire des conseillers municipaux. Ces derniers à leur tour doivent, en interne, désigner en dernier ressort les maires des communes, dont le budget dépendra de l’Etat central. Il s’agit plus d’une désignation puisque les budgets de fonctionnement des futures mairies dépendent totalement du pouvoir central de Faure Gnassingbé et les partis satellites officiels et officieux ne peuvent se permettre d’aller à l’encontre des desiderata du pouvoir militaro-civilo-ésotérique du réseau du parti au pouvoir « Union pour la République » (UNIR).

Les communes togolaises sont réparties de manière inégalitaire. De nombreuses petites communes ont été créées de toutes pièces en amont par un découpage électoral inique favorisant les partis au pouvoir et leurs satellites. Le recensement unilatéral a été bâclé et a exclu de nombreux citoyens, et principalement la Diaspora togolaise. Le dépouillement du vote s’est fait sans observateurs indépendants. Il a été constaté de nombreuses invalidations de bulletins de vote et des disparitions d’urnes lors de la centralisation des résultats au niveau de la Commission électorale nationale dite « indépendante » (CENI). La Cour Constitutionnelle composée uniquement de personnalités désignées par le pouvoir en place n’ont jamais offert un semblant d’indépendance, voire parfois de clairvoyance dans leur décision systématiquement en faveur du pouvoir de Faure Gnassingbé. C’est dans cette ambiance de démocratie de façade que près de 24 partis politiques et environ 100 candidats dits « indépendants » mais financés par de l’argent public se sont présentés pour emporter le suffrage de ceux qui ont choisi d’aller voter.

En attendant les résultats des nombreuses contestations et des irrégularités flagrantes, environ 1 527 conseillers municipaux ont été élus et eux-seuls peuvent désigner les maires des 117 communes du pays. Sauf que le vote au sein des conseils municipaux sont totalement influencés par l’argent, les rapports de force et les dépendances envers le pouvoir central en termes de budget.

Rappelons tout de même que de nombreux partis politiques avaient choisi de ne pas participer aux élections sans réformes. Mais les organisations confessionnelles dans leur grande majorité ont exhorté les populations à aller aux élections locales sans réformes. Certains ont choisi de légitimer le régime de Faure Gnassingbé en allant aux élections présidentielles de 2015, puis ont choisi de ne pas aller aux élections législatives de décembre 2018, puis de rétropédaler pour aller aux élections locales de juin 2019. Chacun jugera de l’efficacité de cette stratégie.

Alors, le Togo pourra-t-il sortir du cercle vicieux des élections sans alternance résumées en 7 phases : 1. achat des consciences ; 2. Neutralisation des manifestations en démultipliant les acteurs qui crient au changement mais sont totalement dépendants directement ou indirectement du pouvoir Gnassingbé et des forces ésotériques ; 3. participation aux élections pour légitimer le système ; 4. financement informelle de certains chefs de partis politiques, d’organisations de la société civile, de responsables de bureau de vote afin d’avaliser la contre-vérité des urnes, voire d’inverser des résultats notamment le taux de participation ; 5. approbation en catimini pour valider les résultats annoncés par la CENI et la Cour constitutionnelle en feignant de porter plainte ; 6. annonce aux populations, ce avec des grands moyens de communication que le vote n’est pas transparent et ne reflète pas la vérité des urnes ; 7. sous couvert de préserver la cohésion nationale et de la paix, un renouvellement de la mystification du Peuple à prévoir lors des prochaines élections avec au passage des financements institutionnels officiels et officieux permettant de vivre sans travailler tout en faisant la « politique du perdant systématique » afin de neutraliser la lutte du Peuple et légitimer le pouvoir des forces militaires qui contrôlent le pouvoir de Faure Gnassingbé.

A ce rythme, les forces réelles de l’opposition, incapables de s’unir et d’élargir leurs soutiens sur des bases de transparence et de démocratie, perdront les élections présidentielles de 2020.

  1. RÉALITÉ DU REJET DU PEUPLE TOGOLAIS ET CONTRE-VÉRITÉ DE LA RÉALITÉ DU VOTE
    Interpellons au passage tous ceux et celles qui ont cru aux réformes prévues dans l’accord de politique global (APG) en août 2006) et entièrement validées et exigées par la feuille de route de la CEDEAO du 31 juillet 2018, lesdites réformes n’ont jamais été réalisées de façon consensuelle par le pouvoir de Faure Gnassingbé. Mais qu’importe ! La CEDEAO ne peut condamner ceux qui lui ont donné mandat de mystifier le Peuple togolais.

La réalité de la contre-vérité des urnes est que celui qui organise des élections falsifiées en amont, au cours et en aval du scrutin électoral est bien Faure Gnassingbé, le Président de l’Union pour la République, qui a remporté non seulement la majorité en nombre de conseillers municipaux mais aussi le nombre total de maires lors des élections locales du 30 juin 2019. Unir : 895 sièges sur 1490 sièges. L’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) de Jean Pierre Fabre serait créditée de 134 sièges. La coalition de partis politiques dite « C14 » devenue la « C7 » après des départs de certains partis de l’opposition obtient 131 sièges et les autres formations politiques dont de nombreux partis satellites dits « indépendants » se partagent le reste des sièges à pourvoir.

D’après tous les observateurs sérieux, et après avoir interdit tous les observateurs indépendants d’observer la contre-vérité des urnes, le taux de participation aux élections locales ne peut avoir dépassé les 12 % – 14 %. Il y a donc bien eu un véritable boycott de la population, tant contre le pouvoir UNIR que contre les dirigeants des partis politiques dits de l’opposition englués dans leur manque d’unité et d’opportunisme électoral. Pourtant, La Commission électorale nationale « dite » indépendante (CENI) a estimé le taux de participation à 52,46 % sans pouvoir produire l’essentiel des taux de participation établis dans les bureaux de vote. La majorité togolaise est composée aujourd’hui d’un fort taux d’abstention et de nombreux bulletins nuls.

Alors, après 32 ans sans élections locales au Togo avec tous les maires désignés par le parti au pouvoir, est-ce que la situation a véritablement changé aujourd’hui ? Certainement que oui, sauf que si un maire souhaite obtenir un budget de l’Etat pour fonctionner, il ou elle doit, de manière zélée, doit montrer des signes de ralliements, de reconnaissance et de glorification du parti UNIR afin de et prouver, ainsi que ses soutiens dans les organisations de la société civile y compris dans la Diaspora non indépendante, qu’il ou elle n’a pas pour objectif, à terme, de s’opposer réellement à la conservation du pouvoir par le clan politico-militaire et ésotérique de Faure Gnassingbé.

Le véritable problème au Togo est que l’argent distribué falsifie les comportements et promeut la contre-vérité des urnes. Ce « ruissellement » lié à des recettes budgétaires non enregistrés dans les comptes publics permettent de nombreuses dérives. Une partie importante du peuple togolais l’ignore, une autre partie s’en accommode, et une partie tente de changer la donne, sans succès pour le moment.

  1. RECOMMANDATIONS DE RCDTI ET CVU-TOGO-DIASPORA
    RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORAexhorte le Peuple togolais, tout en maintenant l’action de défiance du pouvoir, à exiger du pouvoir central des réformes consensuelles nécessaires à la vérité des urnes. Ils l’exhortent aussi à ne pas aller aux élections de 2020 sans avoir identifié les véritables neutralisateurs de la lutte du Peuple togolais. Pour ce faire, il y a lieu d’exiger les réformes électorales et prendre en compte quelques points importants :

3.1 Chaque regroupement politique souhaitant recueillir les suffrages des citoyens togolais y compris les 2,3 millions dans la Diaspora doit pouvoir présenter un Programme Commun de Société avec ses arbitrages et propositions pour l’avenir du Togo. A défaut, il sera difficile d’obtenir des adhésions, des consensus et identifier une équipe éthique pour porter ce programme commun de société et pourra rassembler et respecter le désir de mieux-être et de prospérité partagée du Peuple togolais.

3.2 Le programme commun de société devrait permettre une meilleure participation du citoyen, par une succession de conférences inclusives d’explication et d’adhésion, de prendre en considération les apports positifs des citoyens et rétablir graduellement la confiance entre le Peuple et de nouveaux et futurs dirigeants du Togo.

3.3 Le Peuple togolais doit, en âme et conscience, comprendre que les choix électoraux au Togo, reposent en d’abord sur la priorité que certains citoyens accordent à l’argent avant la vérité des urnes. Chacun se reconnaîtra ! En définitive, les élections au Togo ont un seul gagnant : la victoire de l’argent sur la vérité des urnes. Cette argent produit de la corruption et l’achat des consciences et affaiblit les luttes pour l’alternance.

3.4 Est-ce que les citoyens togolais pris individuellement et en toute indépendance et malgré les ruses et astuces du pouvoir, souhaitent offrir une chance pour l’organisation de l’unité des responsables indépendants pour une possible alternative au Togo afin que ces derniers proposent en retour un projet commun de société portant sur l’avenir du Togo et remettant le citoyen togolais au centre de la politique ?

3.5 Si la réponse est oui, alors le citoyen togolais, homme comme femme, devra apprendre à identifier les neutralisateurs de la lutte du Peuple car ces derniers, y compris ceux qui sont au pouvoir, ne lui ont jamais proposé un programme commun de société. Ce n’est donc pas étonnant que le Peuple togolais ne se retrouve pas et croupi dans les difficultés quotidiennes du fait d’investissement ne profitant qu’à ceux qui sont incapables de soutenir un audit indépendant des comptes publics.

3.6 A la lumière du projet commun de société, des personnalités éthiques pourront émerger pour porter ensemble ce programme pour l’avenir du peuple togolais et trouver les moyens humains, économiques, militaires pour inverser le rapport de force actuel qui empêche toute émergence de la vérité des urnes au Togo.

Le 15 juillet 2019.

La Direction du :

Réseau de Coordination de la Diaspora Togolaise Indépendante (RCDTI) et du

Collectif pour la Vérité des Urnes-Diaspora Togo (CVU-TOGO-DIASPORA)

Comité de Rédaction RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA :

Dr Yves Ekoué AMAÏZO

Jean Pierre Akoete BALIKPO

François FABREGAT

Apelete Félix KODJO

Antoine Koffi OKOUTA

Dr Antoine RANDOLPH

Source : info@cvu-togo-diaspora.org qui transmettra