Syrie: effervescence diplomatique autour d’Idleb, Ankara sur le qui-vive

L’arrêt des combats dans la province rebelle syrienne d’Idleb, en proie à une violente offensive du régime et de Moscou, était vendredi au coeur d’une intense activité diplomatique qui devait culminer avec un entretien téléphonique entre les présidents turc et russe, acteurs clefs du conflit.

Avant cet entretien, annoncé pour 15H00 GMT par Ankara et Moscou, M. Erdogan a discuté au téléphone de la situation à Idleb avec les dirigeants français Emmanuel Macron et allemande Angela Merkel qu’il a appelés à « des actions concrètes pour empêcher une catastrophe humanitaire », selon la présidence turque.

Jeudi, la chancellerie allemande avait annoncé que Mme Merkel et M. Macron avaient exprimé leur « inquiétude » concernant la « situation humanitaire catastrophique » à Idleb lors d’un entretien téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine, dont le pays est le principal soutien du régime de Damas.

La chancelière allemande et le président français « ont exprimé leur volonté de rencontrer le président Poutine et le président turc Erdogan pour trouver une solution politique à la crise », a ajouté la chancellerie.

A Moscou, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a indiqué vendredi que « la possibilité de la tenue d’un sommet est en discussion ». « Il n’y a pas encore de décision claire à ce sujet ».

M. Erdogan a indiqué devant la presse que la date du 5 mars avait été évoquée pour ce sommet, à Istanbul, mais que sa tenue était suspendue à une réponse favorable de M. Poutine.

– « Déterminant » –

« L’entretien d’aujourd’hui (avec Poutine) déterminera notre attitude pour la suite », a-t-il ajouté. « Aussi longtemps que le régime poursuivra sa cruauté, il est hors de question pour nous de nous retirer de là-bas ».

Aux termes d’un accord avec la Russie, la Turquie, qui soutient des groupes rebelles, dispose de douze postes d’observation militaires dans la province d’Idleb, dont plusieurs se retrouvent désormais dans des zones que le régime du président syrien Bachar al-Assad a reconquis à la faveur de son offensive lancée en décembre avec l’appui de l’aviation russe pour reconquérir ce dernier bastion rebelle en Syrie.

La Turquie a annoncé jeudi que deux de ses soldats avaient été tués par une frappe aérienne attribuée au régime syrien, portant à 16 le nombre de militaires turcs tués dans le nord-ouest de la Syrie depuis début février.

La région d’Idleb fait l’objet d’un accord de « désescalade » russo-turc, qui a volé en éclats ces dernières semaines.

Et le ton ne cesse de montrer entre Ankara et Moscou, qui semble déterminé à aider le régime syrien à reconquérir Idleb à tout prix, ce qui fait craindre un affrontement sur le terrain entre les deux pays qui collaborent étroitement depuis 2016 sur le dossier syrien malgré leurs intérêts divergents.

Environ 900.000 personnes, en vaste majorité des femmes et des enfants, ont fui depuis décembre, selon l’ONU. Jamais la Syrie, en guerre depuis 2011, n’a connu un tel exode sur une période aussi courte.

– « Enormes souffrances » –

Si la Turquie se préoccupe autant de la situation dans cette région frontalière, c’est parce qu’elle redoute l’arrivée sur son sol d’une nouvelle vague de réfugiés. Le pays accueille déjà plus de 3,6 millions de Syriens.

Les dirigeants de l’Union européenne, réunis vendredi à Bruxelles ont appelé à la cessation de l’offensive militaire « inacceptable » à Idleb et qui « provoque d’énormes souffrances humaines ».

Jeudi, l’armée russe a indiqué avoir mené des frappes pour stopper une attaque de factions armées soutenues par Ankara contre des positions du régime, appelant la Turquie à « cesser de soutenir les actions des groupes terroristes et de leur donner des armes ».

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG, a rapporté que des groupes appuyés par la Turquie avaient lancé une offensive dans la région d’Al-Nayrab, au sud d’Idleb, faisant état de 25 combattants tués dans les deux camps.

Selon Moscou et l’OSDH, l’artillerie turque a bombardé des positions du régime pour soutenir cette attaque.

M. Erdogan a sommé à plusieurs reprises les forces d’Assad de se retirer de certains secteurs à Idleb avant fin février, menaçant sinon de recourir à la force.

Alors que la Turquie continue d’envoyer des renforts militaires dans le nord-ouest de la Syrie, son ministre de la Défense Hulusi Akar, le chef d’état-major Yasar Guler et le chef de l’armée de terre Umit Dundar ont rendu vendredi visite aux troupes stationnées à la frontière syro-turque.

Le Togo mise sur le solaire pour éclairer ses habitants

Qu’il s’agisse de charger son portable ou de regarder un match de foot, Ousmane Kantcho devait il n’y a encore pas si longtemps aller « en ville »: 15 km de mauvaises pistes parcourues en bicyclette au beau milieu de la savane togolaise.

A plus de 600 km de la capitale Lomé, lorsque la nuit tombait sur son village, Tababou, non raccordé à l’électricité, Ousmane et sa famille se retrouvaient plongés dans l’obscurité.

La vie tournait au ralenti, à la lueur des torches.

« Après la prière de 18H00, chacun restait chez soi, on n’avait rien à faire », explique l’agriculteur de 35 ans en allumant sa télé. « Tout est différent maintenant, on se rassemble pour suivre le match à la maison, et les enfants peuvent étudier jusque tard dans la soirée! ».

Lampes de plafond, télé, radio, prises… Ce confort qui paraîtrait bien banal à tant d’autres lui est aujourd’hui permis grâce à un petit panneau solaire de 50 watts perché sur le toit de sa maison en torchis.

Le gouvernement togolais a lancé en 2018 un ambitieux plan d’électrification pour le pays, en partenariat avec le secteur privé: l’objectif est d’atteindre 100% de couverture d’ici à 2030, pour un coût total de 952 milliards de francs CFA (1,4 milliard d’euros).

« Il n’y a pas si longtemps on était très en retard sur le reste de la sous-région mais depuis deux ans nous avons mis le paquet », confie le directeur général de l’Energie du Togo, Abbas Abdoulaye.

Seuls 30% du territoire – un chiffre qui chutait à 2% en zone rurale – était raccordé à l’électricité en 2016-2017, contre près de 50% aujourd’hui, assure-t-il.

Le Togo, qui importe plus la moitié de l’énergie dont il a besoin du Nigeria et du Ghana, mise notamment sur le solaire pour développer avec des start-up l’accès à l’électricité de ses huit millions d’habitants jusque dans les zones les plus reculées du pays.

– ‘Micro-crédit’ –

Selon M. Abdoulaye, l’extension du réseau existant demande des investissements importants et serait « trop coûteux pour des populations à faibles revenus », dans un pays où la moitié de la population vit avec moins d’1,90 dollar par jour, le seuil de l’extrême pauvreté, selon le dernier rapport de la Banque Mondiale.

Alors à Tababou et dans plus de 2.000 autres villages, on a opté pour le Solar Home System (SHS), des kits solaires individuels développés par des start-up comme la société anglaise Bboxx, aujourd’hui présente dans une dizaine de pays africains, après une première expérience réussie au Rwanda.

Le président Faure Gnassingbé, qui briguera un quatrième mandat lors de la présidentielle de samedi, ne cache d’ailleurs pas son admiration pour ce pays des grands lacs dirigé d’une main de fer par Paul Kagame, mais souvent qualifié de « miracle économique » sur le continent.

« C’est incontestablement un modèle de réussite », a confirmé cette semaine à l’AFP le chef de l’Etat togolais, en pleine campagne électorale.

Au total, 550.000 ménages devraient être équipés de kits solaires individuels d’ici 10 ans.

« Cela fonctionne un peu comme du microcrédit », explique le directeur commercial de Bboxx Togo, Alexandre Kouigan.

Une fois le kit installé contre environ 10.000 francs CFA (15 euros), les abonnés remboursent chaque mois 4.800 francs, dont 2.000 sont pris en charge par une aide de l’Etat, le « chèque Cizo ».

D’autres localités ont été équipées par un autre système innovant, également en vogue sur le continent: des « mini-grid », c’est-à-dire de petites centrales solaires qui permettent non seulement d’électrifier les foyers, mais aussi les dispensaires et les tours téléphoniques situées à proximité.

Danièle Daoula participe avec son mari aux dépenses et cultive un champ pour pouvoir recharger son compteur individuel à Takpapieni, dans la région des Savanes (extrême-nord), où l’un des premiers « mini-grid » a été inauguré en mai 2018.

« On est content mais ça bouffe l’argent! Quand on met 2.500 francs CFA de crédit (3,80 euros), ça ne fait même pas un mois », se plaint-elle en rigolant. « Alors quand on ne peut plus payer, on reste dans le noir jusqu’à ce qu’on ait l’argent ».

Libye: si les pourparlers échouent, Haftar s’opposera à « l’envahisseur turc »

L’homme fort de l’Est de la Libye, le maréchal Haftar, a assuré vendredi qu’il s’opposerait militairement « aux envahisseurs turcs », Ankara soutenant le gouvernement de Tripoli, si les pourparlers inter-libyens visant à établir un cessez-le-feu durable échouent.

« Si les négociations à Genève ne débouchent pas sur la paix et la sécurité dans notre pays, que les mercenaires ne repartent pas d’où ils viennent, alors les forces armées (de Khalifa Haftar) rempliront leur devoir constitutionnel (…) de défense face aux envahisseurs turco-ottomans », a-t-il dit à l’agence de presse russe Ria Novosti.

Le maréchal était en visite à Moscou selon l’agence, la Russie étant largement considérée, malgré ses dénégations, comme l’un des principaux soutiens de M. Haftar dans son conflit armé avec les troupes du gouvernement libyen d’union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj.

La Turquie du président Recep Tayyip Erdogan soutient, elle, M. Sarraj, avec lequel elle a signé en novembre 2019 des accords de coopération militaire, sécuritaire et maritime. Les deux hommes se sont vus à Istanbul jeudi.

M. Haftar a accusé les deux hommes de ne pas respecter les engagements issus d’une conférence internationale en début d’année à Berlin, lors de laquelle la communauté internationale s’est engagée à ne pas s’ingérer dans le conflit libyen.

« Notre patience atteint ses limites », a-t-il dit.

Pour lui, les pourparlers de Genève ne pourront aboutir qu’en cas de « retrait des mercenaires syriens et turcs, la fin des livraisons d’armes de la Turquie à Tripoli, et la liquidation des groupes terroristes ».

L’émissaire de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé a jugé que la mise en place d’un cessez-le-feu durable était une mission « très difficile » mais « pas impossible ».

Burkina: les violences déplacent 4.000 personnes par jour en 2020(ONU)

Quelque 4.000 personnes sont déplacées chaque jour depuis le début de l’année par les violences au Burkina Faso, confronté à une intensification des attaques jihadistes, a alerté vendredi le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

« En 2019, la moyenne était de 1.400 déplacés par jour », à la suite d’attaques commises contre les civils et les autorités locales, a déclaré à l’AFP un porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), Babar Baloch.

Dans un communiqué, le HCR a indiqué avoir comptabilisé 765.000 déplacés internes au Burkina Faso, dont plus de 700.000 le sont devenus ces douze derniers mois. Environ 150.000 personnes ont été déplacées durant les trois dernières semaines.

La plupart des déplacés séjournent dans des communautés d’accueil. Le HCR peine toutefois à leur venir en aide car dans de nombreuses régions « l’accès est problématique en raison de l’insécurité », a expliqué un porte-parole du HCR, Andrej Mahecic, lors d’un point de presse à Genève.

Pays pauvre d’Afrique de l’ouest, le Burkina fait face à des attaques jihadistes fréquentes, comme ses voisins sahéliens le Mali et le Niger, une spirale de violences qu’il ne parvient pas à enrayer.

Les personnes qui fuient les violences font état d’attaques contre leurs villages menées par des groupes de combattants, de meurtres, de viols et de pillages, selon le HCR.

Parties du nord du Mali en 2012, les violences jihadistes, souvent entremêlées à des confits intercommunautaires, se sont propagées au Burkina Faso et au Niger, faisant 4.000 morts dans ces trois pays voisins en 2019, selon les Nations unies.

Selon le HCR, plus de 4.400 réfugiés du Niger sont arrivés au Mali, après avoir fui une récente série d’attaques dans les régions de Tillaberi et de Tahoua (ouest du Niger), dont une attaque commise le 9 janvier contre la ville de Chinégodar.

Ces réfugiés se sont dirigés vers les villes d’Andéramboukane et de Ménaka (nord-est du Mali) en quête de sécurité, rejoignant quelque 7.700 déplacés maliens qui se trouvaient déjà dans cette région. Davantage de civils continuent de traverser la frontière entre le Niger et le Mali, selon le HCR.

Alarmée par la hausse dramatique du nombre de déplacés et de réfugiés au Sahel, l’agence de l’ONU réitère son appel à protéger les populations civiles et les personnes qui fuient les violences, et réclame un « accès sûr » pour que l’aide humanitaire leur soit délivrée.

Lesotho: sur le point d’être inculpé de meurtre, le Premier ministre part en Afrique du Sud

Le Premier ministre du Lesotho Thomas Thabane, sur le point d’être inculpé du meurtre de sa précédente épouse vendredi, est « parti » pour l’Afrique du Sud voisine, officiellement pour « raisons médicales », nouveau coup de théâtre dans ce feuilleton politico-judiciaire.

Lipolelo Thabane, âgée de 58 ans, a été assassinée le 14 juin 2017 alors qu’elle rentrait chez elle en voiture dans la capitale Maseru. Ce crime est intervenu deux jours seulement avant la prestation de serment de Thomas Thabane au poste de Premier ministre. Le couple était alors en instance de divorce.

Après avoir piétiné pendant plus de deux ans, l’enquête s’est accélérée ces dernières semaines.

La nouvelle épouse de Thomas Thabane, Maesaiah, âgée de 43 ans, a été inculpée début février du meurtre de sa rivale. Elle est actuellement en liberté sous caution, une mesure qui a choqué dans le petit royaume d’Afrique australe.

Vendredi, le Premier ministre lui-même était convoqué devant un tribunal de Maseru pour se voir notifier formellement son inculpation pour meurtre dans cette même affaire. Mais il ne s’est pas présenté.

« Il ne vient pas au tribunal, il est parti pour un contrôle médical en Afrique du Sud », a déclaré à l’AFP son secrétaire, Thabo Thakalekoala, précisant que Thomas Thabane, âgé de 80 ans, était arrivé jeudi en Afrique du Sud voisine.

« C’est un contrôle de routine. Il va régulièrement en Afrique du Sud », a ajouté Thabo Thakalekoala. « Quand les médecins estimeront qu’il va bien, ils le laisseront partir », a-t-il encore dit.

Jeudi, le numéro deux de la police Paseka Mokete avait annoncé qu’en accord avec l’avocat du Premier ministre, Thomas Thabane devrait « comparaître devant la justice » vendredi pour être « formellement inculpé » du « meurtre » de Lipolelo Thabane.

Mais vendredi, la police, les journalistes et les curieux qui se pressaient au tribunal de Maseru sont restés sur leur faim.

« Nous avons été informés qu’il est parti pour un contrôle médical de routine », a déclaré à la presse Paseka Mokete. « Selon des sources, il est en Afrique du Sud. On attend de parler avec son avocat qui doit nous dire où il se trouve exactement », a-t-il ajouté.

« Nous avons beaucoup d’éléments contre le Premier ministre. Son téléphone n’est pas la seule preuve que vous avons. Il y a plein d’autres preuves », a-t-il affirmé sans plus de détails.

Un appel téléphonique suspect, passé depuis le téléphone portable du Premier ministre, a été localisé à l’endroit du meurtre le jour du crime, selon la police.

– Démission –

Empêtré dans ce scandale à la tête de l’Etat, le parti de Thomas Thabane, la Convention de tous les Basotho (ABC), fait pression depuis des semaines sur le Premier ministre pour qu’il démissionne.

En début de semaine, il lui a donné un ultimatum lui ordonnant de quitter son poste d’ici à jeudi.

Jeudi précisément, Thomas Thabane a fait une allocution à la nation pour annoncer qu’il démissionnerait d’ici « fin juillet », invoquant son âge avancé.

« La réalité est qu’à mon âge, j’ai perdu l’essentiel de mon énergie », a-t-il expliqué.

Le Lesotho, petit pays d’Afrique australe enclavé dans l’Afrique du Sud, est coutumier des épisodes d’instabilité politique.

Au cours de la dernière décennie, aucun Premier ministre n’a fini son mandat de cinq ans.

Avant de prendre ses fonctions de chef de gouvernement en juin 2017, Thomas Thabane avait déjà occupé ce poste de 2012 à 2015. Il avait été contraint momentanément à l’exil en Afrique du Sud après une tentative de coup d’Etat militaire en 2014.

Lors de sa dernière investiture, le 16 juin 2017, organisée deux jours seulement après le meurtre de Lipolelo Thabane, Thomas Thabane avait prêté serment aux côtés de celle qui allait devenir sa nouvelle épouse, Maesaiah.

Le couple a ensuite assisté aux obsèques de Lipolelo Thabane, avant de convoler en justes noces deux mois plus tard.

Les Etats-Unis se préparent à signer un accord avec les talibans le 29 février (Pompeo)

Les Etats-Unis se préparent à signer un accord avec les talibans, à la condition d’une période de réduction des violences en Afghanistan, a annoncé vendredi le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo.

« Une fois (la réduction de la violence) mise en œuvre avec succès, la signature de l’accord entre les États-Unis et les talibans devrait aller de l’avant », a déclaré M. Pompeo dans un communiqué publié après sa visite en Arabie saoudite.

« Nous nous préparons à ce que la signature ait lieu le 29 février », a-t-il ajouté.

Cette date avait été avancée peu auparavant par un haut responsable afghan qui avait indiqué que la signature de l’accord aurait lieu dans la capitale qatarie, si la « réduction de la violence » annoncée par les Américains et les talibans est respectée.

Cette trêve partielle, qui doit durer une semaine mais ne semble pas avoir démarré –une attaque talibane contre l’armée afghane ayant été recensée dimanche dans le Nord–, a été conclue en vue de mener à la signature d’un accord entre Etats-Unis et talibans.

Elle marquera une étape importante dans le conflit en Afghanistan qui dure depuis 18 ans, dans le sillage des attentats du 11-Septembre.

Dans son communiqué, M. Pompeo a indiqué que des négociations interafghanes commenceraient peu après la signature de l’accord le 29 février.

Elles « s’appuieront sur cette étape fondamentale pour aboutir à un cessez-le-feu complet et permanent et à une future feuille de route politique pour l’Afghanistan », a-t-il dit.

Il a ajouté que des défis subsistaient, mais que les progrès réalisés jusqu’à présent donnaient « de l’espoir » et représentaient « une réelle opportunité » pour la paix.

« Les États-Unis appellent tous les Afghans à saisir l’occasion », a-t-il poursuivi.

L’Allemagne renforce les mesures de sécurité après l’attentat raciste de Hanau

Sous le choc de l’attentat raciste de Hanau et pressé de toutes parts de réagir, le gouvernement allemand a annoncé vendredi un renforcement de la surveillance policière, notamment autour des mosquées, face à une menace d’extrême droite « très élevée ».

Les rassemblements en mémoire des neuf victimes de la double fusillade de Hanau, organisés jeudi soir dans une cinquantaine de villes allemandes, ont laissé place à des débuts de polémique sur les armes, la protection des minorités et le rôle incendiaire du parti d’extrême droite AfD.

Le pays a été confronté à trois attentats racistes et antisémites en neuf mois, de l’assassinat d’un élu pro-migrants à la tuerie de Hanau, en passant par l’attaque visant la synagogue de Halle en plein Yom Kippour.

Dans ce contexte, marqué aussi par le démantèlement de groupes prêts à passer à l’acte, « on ne peut plus parler d’actes individuels (…) mais d’un problème politique. Il est temps de le réaliser », résume vendredi le quotidien berlinois Tagesspiegel.

– « Bombes à retardement » –

Face à ce « danger numéro un pour la démocratie, » selon la ministre de la Justice Christine Lambrecht, le gouvernement a annoncé vendredi de nouvelles mesures.

Les « lieux sensibles », en particulier les abords des mosquées, les aéroports, ainsi que les frontières vont faire l’objet d’une surveillance renforcée, a annoncé le ministre de l’Intérieur Horst Seehofer.

Le gouvernement d’Angela Merkel avait déjà nettement durci son arsenal législatif et sécuritaire ces derniers mois, en imposant notamment de nouvelles obligations aux réseaux sociaux pour signaler les contenus haineux ou en protégeant mieux élus et militants.

Mais il peine à contrer toutes les menaces, en particulier celle incarnée par des individus solitaires, inconnus de la police et armés en toute légalité, qui passent subitement à l’acte comme le tueur présumé de Hanau.

Ces « loups solitaires » qui se radicalisent sur internet, sont « des bombes à retardement que nous devons contrer avec tous les moyens que l’État constitutionnel nous offre », fait valoir la ministre de la Justice.

« Ce qui est déjà fait dans le domaine du jihadisme » en matière de surveillance en ligne, y compris des applications cryptées, doit « aussi être mené dans celui de l’extrémisme de droite », préconise Peter Neumann, spécialiste du terrorisme au King’s College de Londres dans le quotidien Die Welt.

L’auteur présumé de l’attaque de Hanau, inconnu des services de police, avait ainsi un site personnel mêlant théories racialistes et contenus complotistes avant les fusillades. Ces « signaux » doivent à l’avenir être mieux anticipés, fait valoir M. Neumann.

– « Agressivité » –

Un autre aspect de la menace concerne un éventuel contrôle plus strict de la détention d’armes. Quelque 5,4 millions d’armes sont en circulation dans le pays, selon le quotidien Bild.

Le ministère de l’Intérieur s’inquiète en particulier du fait que l’extrême droite radicale se procure de plus en plus d’armes en tous genres.

La police a ainsi saisi 1.091 armes au total en 2018, contre 676 l’année précédente, dans le cadre d’enquêtes portant sur des délits et crimes attribués à des extrémistes de droite.

Des membres de la droite conservatrice CDU ont ainsi plaidé pour un renforcement de la législation sur les armes, une gageure dans un pays friand de chasse ou de tir sportif, une discipline que pratiquait le tueur présumé de Hanau.

« Les armes automatiques ne peuvent plus être conservées au domicile de particuliers, y compris les tireurs sportifs », a estimé dans un éditorial le Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Enfin, le drame de Hanau revêt une dimension politique dans un pays marqué par l’irruption depuis 2013 du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), représenté depuis deux ans au parlement.

Cette formation, ouvertement xénophobe et dont des dirigeants critiquent à voix haute la repentance allemande au sujet du nazisme, devrait être placée « sous la surveillance » des services de renseignements, réclame Lars Klingbeil, secrétaire général du parti social-démocrate SPD.

« Quelqu’un a tiré à Hanau, mais beaucoup lui ont fourni des munitions, et l’AfD en fait certainement partie « , a-t-il dénoncé sur la chaîne publique ARD.

« L’AfD est responsable de la polarisation (…) et de l’agressivité dans le discours politique », résume dans la presse allemande Oliver Decker, spécialiste de l’extrême droite à l’université de Leipzig.

Vaches, cochons, lait, lin, fumier: tout un Salon en chiffres

« L’agriculture vous tend les bras »: le thème du 57e Salon de l’Agriculture, qui ouvre ses portes samedi, à Paris, porte de Versailles, jusqu’au 1er mars, illustre le besoin de réconciliation du monde agricole avec le public, mais aussi le besoin de bras.

L’agriculture et l’agroalimentaire en France recrutent: selon la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, 70.000 postes sont non pourvus dans ce secteur.

« Job-dating » organisé par le syndicat pour attirer des jeunes vers les métiers de l’élevage, de l’agriculture ou de la transformation alimentaire, ferme pédagogique, cabinet de vétérinaire seront entre autre présents pour susciter des vocations parmi les quelque 620.000 à 650.000 visiteurs attendus au parc des Expositions.

Ils iront à la rencontre de quelque 4.000 animaux au total, dont 2.600 participeront au traditionnel Concours général agricole, qui fête cette année son 150e anniversaire.

Huit espèces seront en lice: bovins, ovins, porcins, caprins, équins, asins (ânes), chiens et chats.

Autres espèces présentes dans les allés, les volailles et lapins, et quelques animaux d’élevages du monde, parmi lesquels chameaux, dromadaires, et chèvres de Somalie. En tout, pas moins de 372 races seront représentées.

Quelque 40.000 litres de lait de vaches produits sur le salon seront récoltés en quatre fois par la laiterie Saint-Denis-de-l’Hôtel, de la région d’Orléans.

Parmi les autres « productions » du salon, environ 680 tonnes de fumier, dont 250 seront retraitées pour produire du biogaz.

Parmi les quelques évolutions de ce salon, le nouveau hall 6, qui accueillera les chevaux, déjà présents lors des éditions précédentes. Sur son toit sera installée une ferme urbaine dont l’ouverture est prévue pour le printemps prochain.

Autre nouveauté, un espace agrandi pour présenter les produits biosourcés, afin de montrer que « l’agriculture n’est pas seulement un secteur à vocation alimentaire, que ce soit pour les hommes ou les animaux, mais aussi un secteur qui peut produire des objets du quotidien », selon la directrice du SIA, Valérie Le Roy.

Cette « maison » du biosourcé sera découpée en plusieurs espaces: salle à manger, cuisine, coin cosméto et salon, « avec une pédagogie associée qui montre comment, de la matière première jusqu’au produit final, on utilise des produits agricoles ou des résidus de produits agricoles », selon Mme Le Roy.

Guitare en composite de lin, montures de lunettes à partir de coquilles d’huîtres et de moules seront notamment exposées dans un espace décoré avec de la peinture réalisée à base d’algues.

Au travers des cinq compétitions du Concours général agricole consacrées aux jeunes (vin, animaux, etc.), environ 11.000 étudiants et élèves ont concouru dans les différentes épreuves qualificatives à travers la France, depuis la rentrée de septembre. Les 800 meilleurs seront reçus au salon.

Dans le bagage des candidats à la Maison Blanche il y a aussi… des casseroles

Bernie Sanders a 78 ans. Comme Michael Bloomberg. Joe Biden en a 77. Ces septuagénaires surfent au sommet des intentions de vote pour l’investiture démocrate à la présidentielle de 2020. Chacun vante son expérience forgée par des décennies de vie publique, mais celle-ci compte aussi des facettes peu reluisantes.

L’un des membres du trio pourrait bien affronter le 3 novembre Donald Trump, un autre septuagénaire bien placé pour savoir que des paroles exhumées d’un lointain passé peuvent se révéler fort embarrassantes.

Mercredi soir à Las Vegas, le premier débat rassemblant MM. Sanders, Bloomberg et Biden a ainsi donné lieu à un grand déballage collectif accompagné de quelques plongées dans des éléments relevant de la sphère privée.

Ainsi, il fut fait mention de la crise cardiaque qu’a subie en octobre Bernie Sanders et des extenseurs vasculaires qu’on lui a posés en urgence. Des prothèses artérielles que porte également Michael Bloomberg, s’est empressé de dire le sénateur du Vermont, promoteur de l’accès à la santé pour tous et du « socialisme démocratique ».

Les deux hommes ont échangé d’autres piques. « Bernie », ainsi que l’appellent ses militants, s’est retrouvé accusé par le milliardaire Bloomberg de vouloir « rejeter le capitalisme » et de le remplacer par le « communisme ».

Cette ligne d’attaque a été récemment empruntée par Donald Trump. « Quand je pense à Bernie, je pense au communisme », a dit M. Trump dans une interview à Fox News diffusée au moment du dernier Super Bowl.

Ceci dans le sillage d’une vidéo qui a refait son apparition, montrant en 1988 M. Sanders dans un voyage de « lune de miel » en Union soviétique, avec sa femme, alors qu’il n’était que maire d’une ville du Vermont.

M. Sanders a immédiatement reproché à son rival d’avoir cédé à la facilité d’un « coup bas ».

Mais ce n’était que le début d’une exhumation de cadavres des placards.

Le passé de M. Bloomberg a été scruté à la loupe, notamment sa défense au long cours de la pratique controversée des interpellations et fouilles arbitraires (« stop-and-frisk ») à New York, la métropole qu’il a dirigée de 2002 à 2013.

– « Je me suis excusé » –

Cette pratique controversée s’est traduite par un ciblage disproportionné des Noirs et des Latinos.

« Si je regarde en arrière vers l’époque où j’étais aux commandes (à New York), ce qui me contrarie le plus est ce que le stop-and-frisk est devenu », a confié le milliardaire. « Je me suis excusé, j’ai demandé qu’on me pardonne », a-t-il ajouté à son pupitre du débat mercredi.

L’homme qui ces dernières semaines a littéralement inondé l’Amérique de ses publicités électorales s’est aussi retrouvé en difficulté à l’évocation des propos sexistes et déplacés qu’il aurait adressés à des femmes sur leur lieu de travail.

Des paroles censées restées secrètes selon des accords de confidentialité probablement grassement négociés et que M. Bloomberg a refusé de remettre en cause, comme le lui demandait pourtant sa rivale démocrate Elizabeth Warren.

« On n’arrivera pas à battre Donald Trump avec un homme qui a je ne sais combien d’accords de confidentialité et une litanie d’histoires de femmes révélant qu’elles ont été victimes de harcèlement et de discrimination », a asséné la sénatrice du Massachusetts.

Quant à M. Biden, il a été relativement épargné lors de ce débat, mais lui aussi s’est retrouvé critiqué pour des positions anciennes: Mme Warren lui a reproché d’avoir été trop accommodant avec les républicains et notamment d’avoir une fois soutenu la réélection de Mitch McConnell, devenu le leader intransigeant de la majorité républicaine du Sénat.

« Mitch a été réélu », a rappelé Mme Warren, puis il a « bloqué pratiquement tout ce que Barack Obama tentait de faire adopter ».

Selon le site RealClearPolitics.com, M. Sanders est en tête des intentions de vote au niveau national avec 27,8%, suivi par M. Biden avec 17,8% et M. Bloomberg avec 16,1%.

Face aux Irakiens en révolte, ministères « à vendre » et postes « à acheter »

Alors que les Irakiens manifestent depuis octobre contre la corruption et le népotisme des partis, la justice enquête sur des allégations d’achats de postes de ministres, une nouvelle illustration du fossé entre dirigeants et citoyens dans l’un des pays les plus corrompus au monde.

Quatre gouvernements ont été formés depuis la chute de Saddam Hussein en 2003 et, à chaque fois, de telles allégations ont couru. Mais c’est la première fois que la justice irakienne se décide à enquêter.

Le premier à avoir jeté un pavé dans la mare est le commentateur politique Ibrahim al-Soumeidi, proche du Premier ministre désigné Mohammed Allawi, qui a écrit sur Twitter qu’un parti lui avait proposé 30 millions de dollars pour obtenir un ministère.

– « Qui veut acheter? » –

Peu après, le député Kazem al-Sayadi –partisan de l’ancien Premier ministre Nouri al-Maliki, farouchement opposé à M. Allawi– a renchéri sur Twitter: « Le ministère du Pétrole est coté aujourd’hui à 10 milliards de dinars (7,7 millions d’euros). Qui veut acheter? Il y a des postes à vendre ».

Avec une diligence inédite, la justice a aussitôt interrogé M. Soumeidi et appelé à lever l’immunité parlementaire de M. Sayadi pour l’entendre également –ce dernier a depuis effacé son tweet.

Le contexte irakien du moment est loin d’être neutre: depuis le 1er octobre, le pays est secoué par une révolte sans précédent, notamment motivée par un ras le bol de la corruption.

Près de 550 personnes ont été tuées et 30.000 blessées, surtout des manifestants, et le gouvernement a dû démissionner.

Des négociations sont en cours pour former le futur gouvernement, dont l’une des principales tâches sera de reconstruire le lien entre les autorités et le peuple en colère. Mais, dans le même temps, le personnel politique continue à recourir aux us du passé, relève Hicham al-Hachémi, expert en questions sécuritaires.

Certains versent de l’argent à des politiciens afin qu’ils intercèdent en leur faveur. D’autres se tournent vers des partis pour qu’ils les nomment à la tête des ministères obtenus au titre de leur participation à une coalition, détaille-t-il.

Et la méthode peut s’avérer bien huilée: « les chefs de partis proposent deux modalités de règlement aux candidats au poste de ministre: un paiement en une fois au début du mandat de quatre ans, ou un paiement échelonné en quatre fois, pour chaque année », assure-t-il à l’AFP.

Ces importantes dépenses ont aussi un impact sur les négociations actuelles: la formation du futur gouvernement s’annonce d’autant plus compliquée que les partis ayant « acheté » un ministère fin 2018 ne veulent pas le perdre après seulement 16 mois à sa tête. Question de rentabilité.

« Le chef de notre parti a prévenu le Premier ministre désigné que nous avions déjà des intérêts dans certains ministères et que nous ne pouvions les abandonner », explique à l’AFP un politicien sous couvert de l’anonymat. « Il faut donc que quelqu’un proche de nous soit nommé dans ces ministères ».

A cause de cela, assure un responsable gouvernemental à l’AFP, la promesse de M. Allawi de ne nommer que des indépendants pourrait rester lettre morte.

Car, même si « les partis pourraient jouer le jeu en laissant des indépendants aux postes de ministres », ensuite, « ils les approcheront pour leur dire qu’ils dirigent des ministères que les partis se sont répartis entre eux », assure-t-il.

– Ni isolé, ni récent –

Et le plus important, décryptent les experts, n’est pas le poste en lui-même, mais les à-côté: distribution des emplois dans la haute fonction publique et accès aux contrats publics.

En décembre, un député avait réclamé d’auditionner le ministre de l’Industrie, l’accusant de réserver les contrats publics de son secteur à un groupe privé avec lequel il a partie liée.

Ironie de l’histoire, ce même député purge une peine de six années de prison car… il a lui-même encaissé un pot-de-vin la veille de cette audition, pour la faire annuler!

Un responsable de la Commission gouvernementale de lutte contre la corruption ajoute que la plupart des partis au pouvoir possèdent une section économique « chargée de décrocher des contrats commerciaux pour des entreprises leur appartenant ou liées à eux ».

M. Allawi a évoqué le sujet le jour de sa nomination, promettant de « dissoudre les sections économiques des factions politiques ».

Car le phénomène n’est ni isolé ni récent, assure le responsable anticorruption.

« Les ministres des grands partis réservent les contrats (publics) à des entreprises proches de leurs formations. Ce sont généralement des coquilles vides qui ne mettent jamais en oeuvre les projets », explique-t-il.

L’Irak, l’un des pays les plus riches en pétrole du monde, souffre ainsi depuis des décennies de pénuries chroniques d’eau et d’électricité tandis qu’aucun ouvrage majeur –routes, ponts, complexes hospitaliers ou universitaires– n’a vu le jour depuis des années. Malgré les nombreux contrats signés.

Depuis 2003, selon le Parlement, 410 milliards d’euros se sont évaporés dans les méandres de la corruption, des contrats fictifs et autres détournements.

Lesotho: le Premier ministre, qui devait être inculpé pour meurtre, est « parti » en Afrique du Sud (proche)

Le Premier ministre du Lesotho Thomas Thabane ne se présentera pas, comme prévu, devant la justice vendredi, où il devait être officiellement inculpé du meurtre de sa précédente épouse, car il est « parti » en Afrique du Sud pour raisons médicales, a annoncé son secrétaire personnel.

« Il ne vient pas au tribunal, il est parti pour un contrôle médical en Afrique du Sud », a déclaré à l’AFP son secrétaire, Thabo Thakalekoala, précisant que Thomas Thabane, âgé de 80 ans, était arrivé jeudi en Afrique du Sud voisine.

« C’est un contrôle de routine. Il va régulièrement en Afrique du Sud », a ajouté Thabo Thakalekoala. « Quand les médecins estimeront qu’il va bien, ils le laisseront partir », a-t-il encore dit.

Thomas Thabane est arrivé en Afrique du Sud le jour même où la police du Lesotho annonçait qu’il allait être inculpé officiellement pour le meurtre de sa précédente épouse en 2017.

Il était convoqué vendredi devant le tribunal de Maseru pour se voir notifié formellement son inculpation. Il a quitté le pays avant.

Cette affaire de meurtre au sommet de l’Etat ébranle le petit royaume du Lesotho, à l’histoire politique instable.

La précédente épouse du Premier ministre, Lipolelo Thabane, a été assassinée le 16 juin 2017 alors qu’elle rentrait chez elle en voiture dans la capitale Maseru. Le couple était en instance de divorce.

Deux mois plus tard, Thomas Thabane a convolé en justes noces avec Maesaiah Thabane, âgée aujourd’hui de 43 ans.

L’enquête sur le meurtre de Lipolelo Thabane a piétiné pendant deux ans. Mais depuis quelques semaines, c’est coup de théâtre sur coup de théâtre.

L’épouse actuelle du chef de gouvernement a été inculpée début février du meurtre de sa rivale. Elle est actuellement en liberté sous caution.

Devant ce chaos, le parti de Thomas Thabane, la Convention de tous les Basotho (ABC), fait pression depuis des semaines sur le Premier ministre pour qu’il démissionne. Jeudi, lors d’une allocution à la radio et télévision publique du Lesotho, le chef de gouvernement a annoncé qu’il quitterait son poste d’ici « fin juillet ».

A Dakar, la hausse des loyers fragilise les familles les plus pauvres

Après des mois d’allers-retours au commissariat, de menaces de son propriétaire et de vaines procédures judiciaires, Djibril Diagne a dû constater que l’eau avait été coupée dans son appartement de la banlieue de Dakar.

L’histoire de M. Diagne et de sa famille fait écho à celle de milliers de locataires précaires que les propriétaires tentent d’expulser pour ensuite augmenter leurs loyers.

Depuis le 1er janvier, cet électricien sénégalais de 64 ans, sa seconde épouse et leurs cinq enfants se servent aux robinets municipaux pour se laver et faire la cuisine. Mais ils ne veulent pas quitter cet appartement plutôt vaste, bien que sombre, situé à une quinzaine de kilomètres du centre de la capitale sénégalaise.

Les locataires d’en bas et ceux d’en haut sont déjà partis, soupire le père de famille, assis dans le salon défraichi de son logement, niché dans cette banlieue populaire où les charrettes tirées par des chevaux croisent sur des routes en sable les ouvriers d’un chantier voisin.

Implantée sur une étroite péninsule de 550 km2 (0,3% du territoire national), Dakar abrite 3,7 millions d’habitants, soit près du quart de la population sénégalaise, estimée à 16 millions d’habitants.

Sous la pression conjuguée d’une très forte croissance démographique, de l’exode rural et de la présence dans un pays réputé pour sa stabilité politique de nombreuses organisations internationales, Dakar s’est hérissée de grues et les loyers se sont envolés. Il manque 150.000 logements rien qu’à Dakar, selon le gouvernement.

Dans la grande banlieue, désormais reliée par une autoroute au centre-ville et à la ville nouvelle de Diamniadio, ainsi qu’au nouvel aéroport international Blaise Diagne, une maison qui se louait en moyenne 70.000 francs CFA (105 euros) il y a trois ans en vaut maintenant 150.000 FCFA (225 euros), selon des habitants, alors que le salaire minimum au Sénégal est d’environ 75 euros.

Entre 1994 et 2010, la hausse des loyers dans la capitale a été de 115%, selon les dernières statistiques disponibles de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie, (ANSD), qui reconnaît que les plaintes de locataires sont devenues monnaie courante.

– ‘Une loi universellement ignorée’ –

En 2014, le Parlement sénégalais a adopté une loi pour alléger les charges des locataires les pauvres, premiers touchés par cette hausse des prix. Le texte mettait en place une réduction obligatoire de 29% des loyers inférieurs à 150.000 francs CFA (227 euros).

Mais elle n’a pas été suivie de l’effet escompté.

Car pour contourner cette règle, « les propriétaires expulsent leurs locataires en affirmant qu’ils occuperont eux-mêmes leurs appartements, puis ils les remettent en location à des prix plus élevés », se désole le président de l’Association de défense des locataires du Sénégal, Elimane Sall. « La demande est supérieure à l’offre et les gens en profitent », soupire cet instituteur.

Non seulement les dispositions de la loi sont « universellement ignorées », selon des experts interrogés par l’AFP, mais elles n’ont fait qu’aggraver la situation, estime l’avocat d’affaires Bassirou Sakho, qui qualifie « d’astronomique » le nombre d’expulsions dont il a eu connaissance.

Comme dans le cas de la famille Diagne, certains propriétaires n’hésitent pas adopter des techniques abusives pour faire partir leurs locataires, comme les priver d’eau, dit l’avocat.

De novembre 2018 à octobre 2019, le tribunal de Dakar a prononcé 5.079 avis d’expulsion, contre 463 avis contraires, selon des documents obtenus par l’AFP.

– ‘Plus de logements sociaux’ –

En justice, les locataires ont peu de chances de gagner, car de nombreux baux sont informels. Et beaucoup renoncent à se présenter devant les tribunaux, comme Pape Moussa Wade, 43, qui avait reçu en janvier une convocation après avoir refusé une augmentation de 20% de son loyer.

Pour éviter d’onéreux frais de justice, il s’est résolu à quitter son appartement sans attendre le jugement. « Les gens n’en ont rien à foutre des lois… Ils font comme ils veulent », peste M. Wade, qui en tant qu’agent immobilier peut pourtant se prévaloir d’une bonne connaissance des règles du marché.

« Nous travaillons pour faire en sorte que les gens n’aient aucun problème pour accéder à un logement décent », a déclaré en décembre devant les députés le ministre de l’Urbanisme, Abdou Karim Fofana. Sollicité par l’AFP, le ministre s’est refusé à tout commentaire supplémentaire.

Les abus vont dans les deux sens, souligne pour sa part un ex-diplomate sénégalais, Ababacar Diop. Il explique qu’un de ses anciens locataires, un mécanicien, avait signé un bail pour un loyer de 100.000 francs CFA (150 euros) mais qu’après avoir payé une caution et emménagé, il n’avait plus versé un sous.

« Que faire? Je suis allé au tribunal, j’ai gagné », explique M. Diop, pour qui la solution passe par la construction de plus de logements sociaux. Le gouvernement prévoit d’en construire 100.000 en cinq ans dans le pays, dont une partie dans la région de Dakar.

Trump remplace le patron du renseignement après un briefing lié à la Russie

Donald Trump, qui vient d’annoncer le remplacement du directeur du renseignement américain, était furieux contre lui parce que ses services ont fait état devant des élus d’une ingérence russe dans la campagne électorale pour la présidentielle de 2020, ont rapporté jeudi des médias américains.

D’après ces sources, M. Trump a laissé exploser sa colère contre Joe Maguire, directeur par intérim du renseignement national – l’agence qui chapeaute les services de renseignement – lorsqu’il a été mis au courant d’un briefing datant du 13 février devant la commission du Renseignement de la Chambre des représentants.

Il n’est pas clair dans l’immédiat si M. Trump s’est opposé à une partie en particulier de ce briefing, au cours duquel une conseillère de M. Maguire, Shelby Pierson, aurait dit aux élus que la Russie était de nouveau en train d’interférer dans les élections américaines pour promouvoir la candidature de M. Trump.

Mais selon le New York Times, le président a particulièrement été courroucé par la présence d’Adam Schiff, le démocrate qui a dirigé l’enquête parlementaire suite à laquelle le milliardaire républicain a été mis en accusation pour abus de pouvoir et entrave au travail du Congrès.

Joe Maguire était l’un des favoris pour devenir directeur permanent du renseignement mais, selon le Washington Post, M. Trump se serait retourné contre lui lorsqu’il a été informé de ce briefing classé top secret.

Le président s’en est alors pris à M. Maguire lors d’une rencontre dans le Bureau ovale la semaine dernière, en le fustigeant pour le « manque de loyauté » de son personnel, selon le Washington Post. Ce qui aurait été le « catalyseur » de la mise à l’écart de Joe Maguire, d’après le journal.

– « Ego » –

« Nous comptons sur les services de renseignement pour informer le Congrès de toute menace d’ingérence étrangère dans nos élections. Si les informations sont vraies et que le président interfère avec cela, alors il est de nouveau en train de mettre en péril nos efforts visant à arrêter toute ingérence étrangère. Exactement comme nous avions prévenu qu’il le ferait », a réagi Adam Schiff dans la soirée sur Twitter.

« Le président est dans le déni concernant l’ingérence étrangère dans les élections depuis trois ans parce que son ego ne peut pas accepter que la Russie soit intervenue en sa faveur », a de son côté dénoncé le démocrate Bennie Thompson, président de la commission sur la Sécurité intérieure à la Chambre des représentants.

« En limogeant M. Maguire parce que son personnel a présenté les conclusions franches des services de renseignement au Congrès sur l’ingérence russe dans l’élection présidentielle de 2020, le président ne refuse pas seulement de défendre (le pays) contre les ingérences étrangères, il les encourage », a-t-il ajouté dans un communiqué.

Depuis qu’il a été acquitté par le Sénat, dominé par les républicains, lors de son procès en destitution, M. Trump a limogé plusieurs personnes, notamment au département de la Justice, au Conseil de sécurité nationale ou au Pentagone, les jugeant déloyales.

Parmi elles figurent le lieutenant-colonel Alex Vindman et l’ambassadeur auprès de l’Union européenne Gordon Sondland, deux témoins-clés lors de l’enquête en destitution, et John Rood, le numéro 3 du Pentagone.

Le président a annoncé mercredi qu’il remplaçait M. Maguire par Richard Grenell, l’actuel ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne, un fidèle soutien de Donald Trump.

Depuis son arrivée à la Maison Blanche, M. Trump a fréquemment ignoré l’avis de son ancien chef des services de renseignement, Dan Coats, et l’a tenu à l’écart de certains dossiers, notamment des relations avec la Russie.

Afghanistan: une période d’une semaine de réduction des combats démarrera samedi

Une réduction des combats devant durer une semaine, prévue entre talibans, Américains et forces de sécurité afghanes, démarrera samedi, a-t-on appris vendredi auprès de plusieurs des parties, après des semaines de négociations.

« La réduction des violences démarrera le 22 février et elle durera une semaine », a annoncé Javed Faisal, le directeur du Conseil national de la sécurité d’Afghanistan.

Ce ralentissement des combats, s’il est effectif, devrait ouvrir la porte à la signature d’un accord entre Washington et talibans sur un retrait des troupes américaines d’Afghanistan en échange de garanties sécuritaires des insurgés.

« Nous espérons que cette réduction des violences mènera à un cessez-le-feu, et à une paix durable en Afghanistan », a poursuivi M. Faisal.

Les forces américaines, qui disposent de 12 à 13.000 soldats en Afghanistan, n’ont pas souhaité réagir. Mais plusieurs sources talibanes ont confirmé l’information à l’AFP.

« Nous avons reçu des ordres de nos dirigeants, nous demandant d’être prêts pour la réduction des violences qui démarrera samedi », a déclaré un taliban du district de Maiwand, dans la province de Kandahar (Sud).

A Doha, un haut responsable afghan avait déclaré mardi que la signature d’un accord américano-taliban pourrait intervenir le 29 février dans la capitale qatarie, si la « réduction des violences » intervenait.

L’information a été confirmée vendredi par un cadre taliban basé au Pakistan. « Le cessez-le-feu ou la réduction de violence démarrera samedi et les deux parties se sont mises d’accord pour signer l’accord le 29 février », a-t-il indiqué.

Une fois cet accord signé, des discussions inter-afghanes doivent s’ouvrir, alors que les talibans refusaient depuis 18 ans de négocier avec le gouvernement de Kaboul qu’ils considèrent comme une « marionnette » de Washington.

– ‘Respect sincère’ –

D’après la source talibane au Pakistan, ces pourparlers devraient démarrer « le 10 mars ».

Jeudi, le numéro 2 des insurgés Sirajuddin Haqqani avait déclaré les rebelles « pleinement engagés à travailler avec les autres parties » dans un « respect sincère afin de convenir d’un nouveau système politique inclusif ».

« Nous sommes sur le point de signer un accord avec les États-Unis et nous sommes pleinement engagés à en appliquer toutes les dispositions, dans la lettre et l’esprit », avait-il écrit dans une tribune au quotidien américain New York Times.

Le numéro 2 taliban s’était ainsi montré rassurant quant à la volonté des insurgés d’empêcher des groupes extrémistes de trouver refuge en Afghanistan pour frapper ailleurs, une autre clause du futur accord de paix.

« Il n’est dans l’intérêt d’aucun Afghan de permettre à de tels groupes de prendre notre pays en otage et d’en faire un champ de bataille », avait-il assuré.

Lundi, l’envoyé américain Zalmay Khalilzad, qui représente Washington depuis plus d’un an aux pourparlers entre les deux parties, s’était toutefois dit « prudemment optimiste » quant aux progrès réalisés en vue d’un éventuel accord.

Les États-Unis, qui souhaitent mettre un terme à leur engagement en Afghanistan, la plus longue guerre de leur histoire, ont obtenu « des engagements de la part des talibans sur les questions de sécurité », avait-il observé depuis Islamabad.

La semaine dernière, Donald Trump avait qualifié de « très proche » un accord entre Etats-Unis et talibans.

Le président américain avait toutefois annulé en septembre un telle signature, alors que celle-ci semblait imminente, après un énième attentat qui avait tué notamment un soldat américain.

Les discussions, qui avaient depuis repris au Qatar, semblaient buter sur l’exigence américaine d’une réduction significative de la violence de la part des talibans.

Diamond Princess: le cauchemar continue pour l’équipage en quarantaine

Le cauchemar d’une longue quarantaine se termine pour la plupart des passagers du navire de croisière Diamond Princess, touché par le coronavirus, mais l’isolement est loin d’être terminé pour plus de 1.000 membres d’équipage.

Alors que les voyageurs à bord étaient confinés dans leurs cabines quasiment 24h/24, la plupart des membres du personnel de bord n’a pas été soumis aux mêmes contraintes.

Ils devaient préparer et porter des repas dans les cabines, apporter des serviettes, livrer des journaux. Le fait que ces tâches soient effectuées par l’équipage d’origine a suscité de vives critiques, certains estimant qu’ils ont pu devenir malgré eux des agents de propagation du virus.

Sur 3.711 personnes se trouvant initialement dans le navire, plus de 630 ont contracté ce coronavirus apparu pour la première fois en décembre, en Chine, et qui s’est propagé ensuite dans plusieurs pays, surtout en Asie. Le Diamond Princess est devenu par son importance le 2e foyer après la Chine.

– « Très peur » –

Une fois libéré des obligations professionnelles quand le dernier passager aura quitté le navire, ce qui devait être le cas en cette fin de semaine, l’équipage devra subir une quarantaine de 14 jours.

Les employés se sont généralement abstenus de parler aux médias, de crainte de perdre leur emploi, mais certains ont rompu le silence pour décrire les conditions difficiles et l’angoisse qui les tenaille.

Sonali Thakkar, agent de patrouille de sécurité de 24 ans, a confié à l’AFP que les équipes dormaient à deux dans une cabine, partageant les toilettes et mangeant ensemble. Dans ces circonstances, « la maladie se diffuse très facilement ».

« Nous avons très peur, moi et mes collègues, plus de 1.000 membres d’équipage. Nous travaillons depuis le début de la quarantaine du navire. Au fur et à mesure que les jours passent et que le nombre de personnes infectées augmente, la peur grandit », dit-elle, même si les cas déclarés sont ensuite transférés dans un hôpital à terre.

« Nous craignons la contagion et, tout ce que nous voulons, c’est que des tests soient effectués et que les personnes négatives soient séparées de celles qui sont positives. Nous ne voulons pas rester à bord. »

Son père Dinesh abonde: « Sonali est coincée dans une petite pièce sans fenêtre et a très peur (…) Nous lui parlons tous les jours en essayant de la calmer. »

« Pourquoi le gouvernement a-t-il attendu aussi longtemps que de plus en plus de personnes soient infectées? Elle aurait dû être évacuée avec d’autres Indiens de la croisière il y a longtemps », a-t-il déclaré à l’AFP.

– « Rester heureux » –

La présidente de Princess Cruises, Jan Swartz, a écrit une lettre à l’équipage dans laquelle elle assure que l’entreprise est « profondément reconnaissante et terriblement fière de tous ».

« Vous méritez et aurez besoin d’une pause. Nous vous offrons donc deux mois de congés payés. Cela comprendra votre salaire et les gratifications moyennes que vous pourriez normalement recevoir », a-t-elle promis.

Et les passagers qui dépendaient entièrement des livraisons de nourriture de l’équipage ont publié des mots de remerciement sur les réseaux sociaux.

« Ma famille et moi tenons à exprimer notre profonde gratitude pour votre travail, vos sacrifices et vos soins au cours des dernières semaines. Nous ne pouvons pas imaginer les difficultés que vous rencontrez et allez encore endurer », dit un de ces messages.

Certains membres d’équipage ont essayé de garder le moral, les cuisiniers postant notamment une vidéo où on les voit danser. « Nous devons essayer de rester heureux dans de telles situations », écrit l’employé Binay Kumar Sarkar, en publiant une vidéo où il chante.

Mais alors que les jours passaient et que de nouveaux cas émergeaient quotidiennement, d’autres membres d’équipage ont désespérément demandé de l’aide.

Jayson Abalos, un chef philippin à bord, a publié une lettre sur les réseaux sociaux « au nom de l’équipage philippin de l’équipe Galley du Diamond Princess Cruise Ship ».

« Nous comptons les jours et il semble que cela s’allonge de plus en plus. Nous ne sommes plus en forme, ni physiquement ni moralement. Et nous sommes stressés et effrayés. »

« L’argent n’est rien si vous mourez et laissez votre famille sans beau souvenir ».

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Afghanistan: une période d’une semaine de réduction des combats démarrera samedi

Une réduction des combats devant durer une semaine, prévue entre talibans, Américains et forces de sécurité afghanes, démarrera samedi, a déclaré vendredi à l’AFP un responsable du gouvernement afghan, après des semaines de négociations.

« La réduction des violences démarrera le 22 février et elle durera une semaine », a annoncé Javed Faisal, le directeur du Conseil national de la sécurité d’Afghanistan.

Ce ralentissement des combats, s’il est effectif, devrait ouvrir la porte à la signature d’un accord entre Washington et talibans sur un retrait des troupes américaines d’Afghanistan en échange de garanties sécuritaires des insurgés.

« Nous espérons que cette réduction des violences mènera à un cessez-le-feu, et à une paix durable en Afghanistan », a poursuivi M. Faisal.

Contactés, les talibans n’ont pas répondu immédiatement à l’AFP. Les forces américaines n’ont de leur côté pas souhaité réagir.

A Doha, un haut responsable afghan avait déclaré mardi que la signature d’un accord américano-taliban pourrait intervenir le 29 février dans la capitale qatarie, si la « réduction des violences » intervient.

Un tel accord est imminent, avait également assuré mardi un cadre taliban basé au Pakistan. « Tous les détails ont été finalisés et le conseil dirigeant (des talibans) a donné son aval à l’équipe des négociateurs talibans », avait-il déclaré à l’AFP.

Une fois cet accord signé, des discussions inter-afghanes doivent s’ouvrir, alors que les talibans refusaient depuis 18 ans de négocier avec le gouvernement de Kaboul qu’ils considèrent comme une « marionnette » de Washington.

Jeudi, le numéro 2 des insurgés Sirajuddin Haqqani a déclaré ceux-ci « pleinement engagés à travailler avec les autres parties » dans un « respect sincère afin de convenir d’un nouveau système politique inclusif ».

Dans une tribune au quotidien américain New York Times, il s’est également montré rassurant quant à la volonté des insurgés d’empêcher des groupes extrémistes de trouver refuge en Afghanistan pour frapper ailleurs, une autre clause du futur accord de paix.

« Il n’est dans l’intérêt d’aucun Afghan de permettre à de tels groupes de prendre notre pays en otage et d’en faire un champ de bataille », a-t-il assuré.

Lundi, l’envoyé américain Zalmay Khalilzad, qui représente Washington depuis plus d’un an aux pourparlers entre les deux parties, s’était toutefois dit « prudemment optimiste » quant aux progrès réalisés en vue d’un éventuel accord.

Les États-Unis ont obtenu « des engagements de la part des talibans sur les questions de sécurité », avait-il indiqué à Islamabad.

Coronavirus en Corée du Sud: le bilan bondit autour d’une secte chrétienne

La Corée du Sud a annoncé vendredi avoir enregistré 52 nouveaux cas de la maladie Covid-19, la plupart liés à une secte chrétienne dans une métropole du pays, portant à 156 le bilan de patients contaminés dans le pays.

Si l’on exclut le foyer d’infection du paquebot Diamond Princess au Japon, la Corée du Sud est désomais le deuxième pays à compter le plus grand nombre de cas au niveau national après la Chine, d’où l’épidémie s’est répandue.

Trente-neuf des nouveaux cas ont un lien avec « l’Eglise Shincheonji de Jésus » de la ville de Daegu, la quatrième plus grande de Corée du Sud, a déclaré le Centre coréen de contrôle et de prévention des maladies.

Au total, plus de 80 fidèles de cette église ont été contaminés.

Une femme de 61 ans, membre de cette secte chrétienne et qui ignorait avoir contracté la pneumonie virale, leur aurait transmis le virus, notamment en assistant à des offices religieux.

Le maire de Daegu, qui compte plus de 2,5 millions d’habitants, a invité la population à rester chez elle.

De son côté, le commandement de la garnison de l’armée américaine installée dans la ville – qui représente un total d’environ 10.000 personnes – a restreint ses accès.

– « C’est trop tard » –

Vendredi, les habitants de la ville portaient un masque tout en poursuivant leurs activités. De nombreux commerces étaient cependant fermés.

« Je n’ai pas eu un seul client cette semaine (…) je n’ai jamais vu ça », a affirmé à l’AFP And Lee Yoo-jin, 73 ans, gérante depuis 20 ans d’un magasin de vêtements.

Des employés à moto vaporisaient vendredi un produit désinfectant à l’extérieur de l’église Shincheonji.

Non loin, un passant de 24 ans, Seo Dong-min, a fait part de son inquiétude: « Avec autant de cas confirmés ici, j’ai peur que Daegu devienne un second Wuhan », en faisant référence à la ville du centre de la Chine où le premier cas du nouveau coronavirus a été enregistré et qui en est le berceau.

« Maintenant, c’est partout (…) c’est trop tard », déplorait une passante, Mme Kim.

L’Eglise de Shincheonji est une secte qui affirme que son fondateur, Lee Man-hee, a endossé les habits de Jésus Christ et emmènera au paradis 144.000 personnes le jour du Jugement dernier.

Le Centre coréen de contrôle et de prévention des maladies a indiqué qu’un autre cas a été confirmé dans un hôpital du comté de Cheongdo, non loin de Daegu, portant à 16 le nombre de personnes – des patients et des membres du personnel – contaminées dans cet établissement.

– « Enquête approfondie » –

Un patient était décédé mercredi du nouveau coronavirus.

Cheongdo est le lieu de naissance de M. Lee, le fondateur de l’Eglise de Shincheonji. Les autorités de ce comté ont indiqué qu’il y a trois semaines les funérailles du frère de M. Lee se sont tenues durant trois jours dans une salle appartenant à cet hôpital.

Le président sud-coréen Moon Jae-in a demandé une « enquête approfondie » sur chacune des personnes ayant assisté à ces obsèques et aux offices religieux de Shincheonji.

« Si vous vous fiez simplement aux informations fournies par l’église, le processus peut être lent », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité « de mesures plus rapides ».

Le maire de Daegu, Kwon Young-jin, a expliqué que le gouvernement local a passé en revue 3.700 membres de l’Eglise Shincheonji et que sur ce nombre, 409 ont dit avoir des symptômes du nouveau coronavirus.

Le gouvernement sud-coréen a déclaré vendredi que Daegu et Cheongdo devenaient des « zones à gestion spéciale ».

La Premier ministre Chung Sye-kyun a indiqué que Séoul apporterait son soutien à la région touchée en envoyant notamment du personnel médical, des lits pour les malades et du matériel.

L’Eglise Shincheonji a fermé toutes ses structures en Corée du Sud.

Coronavirus: nouveaux foyers en Chine et en Asie, l’inquiétude remonte

L’apparition de nouveaux cas de contamination au coronavirus en Corée du Sud, en Iran, ainsi que dans des hôpitaux et prisons chinoises, relance vendredi les inquiétudes sur la propagation d’une épidémie qui a déjà fait plus de 2.200 morts.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle désormais la communauté internationale à « frapper fort » sans attendre contre ce virus qui a contaminé plus de 75.000 personnes en Chine et 1.100 ailleurs dans le monde.

Car si le nombre de nouveaux cas quotidiens en Chine avait baissé durant quatre jours consécutifs, il est reparti à la hausse (à au moins 889 contre 673 la veille), a annoncé vendredi la Commission nationale (ministère) de la Santé.

Autre motif d’inquiétude: des dizaines d’infections ont été annoncées dans deux hôpitaux de Pékin, et plus de 400 dans des prisons du pays, dont au moins 200 dans un seul établissement pénitentiaire.

La Chine a pourtant placé de facto en quarantaine des dizaines de millions de personnes dans la province du Hubei (centre) et dans son chef-lieu Wuhan — épicentre de l’épidémie–, et de nombreux Chinois restent cloîtrés chez eux en raison de mesures de confinement ailleurs dans le pays.

Plusieurs Etats ont par ailleurs interdit l’entrée des voyageurs en provenance de Chine et de nombreuses compagnies aériennes ont suspendu leurs vols vers le pays.

Sans que ces restrictions n’empêchent l’émergence de nouveaux cas hors de Chine continentale (hors Hong Kong et Macao), avec 11 décès jusqu’à présent.

– Secte chrétienne –

Les autorités sud-coréennes ont ainsi annoncé vendredi 52 nouveaux cas de contamination par la maladie Covid-19, portant à 156 le total national.

Sur ce nombre, plus de 80 sont des fidèles de « l’Eglise Shincheonji de Jésus », une secte chrétienne située dans la ville de Daegu (sud-est), a déclaré le Centre coréen de contrôle et de prévention des maladies.

Une femme de 61 ans, qui ignorait avoir contracté la pneumonie virale, leur aurait transmis le virus, notamment en assistant à des offices religieux.

Le maire de Daegu (2,5 millions d’habitants) a invité la population à rester chez elle. Vendredi, un grand nombre d’habitants de la ville portaient un masque dans les rues pour se protéger de toute contamination potentielle.

Jeudi, l’Iran a de son côté confirmé trois nouveaux cas, au lendemain de l’annonce de la mort de deux hommes âgées dans la ville de Qom (150 km au sud de Téhéran).

L’Irak voisin, inquiet, interdit désormais aux Iraniens l’entrée sur son sol et à ses ressortissants de se rendre en République islamique.

– ‘Très dangereux’ –

Au Japon, la polémique enflait vendredi autour du bateau de croisière Diamond Princess, placé en quarantaine en banlieue de Tokyo depuis début février et qui reste le plus important foyer de contagion hors de Chine.

Deux ex-passagers australiens, initialement testés négatifs lors d’un dépistage par les autorités sanitaires japonaises à leur descente du navire, viennent d’être déclarées contaminés à leur retour en Australie.

Or, cette semaine, des centaines de croisiéristes ont été autorisés à quitter le paquebot après avoir été testés négatives au Covid-19. Beaucoup sont rentrés dans leurs pays pour y être de nouveau mis en quarantaine.

La contamination de ces Australiens suscite des interrogations sur les procédures des autorités japonaises à bord du Diamond Princess, toujours à quai à Yokohama (est).

Le Japon avait déjà annoncé jeudi la mort de deux ex-passagers, des octogénaires porteurs du nouveau coronavirus qui avaient été hospitalisés.

Cette recrudescence de nouveaux cas a poussé jeudi le directeur de l’OMS à lancer un appel à la mobilisation.

« C’est le moment d’attaquer le virus alors qu’il est encore gérable », a plaidé Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Si nous ne frappons pas fort maintenant en profitant de cette fenêtre de tir, nous pourrions être face à un grave problème. »

« Ce virus est très dangereux. C’est l’ennemi public numéro un et il n’est pas traité comme tel » à l’heure actuelle, s’est-il alarmé.

– Prisons touchées –

La Chine continentale a annoncé vendredi 118 morts supplémentaires durant les dernières 24 heures, une hausse stable par rapport à la veille, ce qui porte le bilan national à 2.236.

Face au risque de contamination, des Etats continuent d’évacuer leurs ressortissants.

Un troisième avion affrété par la France a ainsi décollé vendredi matin de Wuhan avec à son bord 28 Français et 36 citoyens d’autres pays de l’Union européenne (UE), a appris l’AFP de source diplomatique. Les ressortissants français seront placés en quarantaine dans un centre de vacances en Normandie.

A Pékin, où la situation semblait pourtant sous contrôle, les autorités ont fait état vendredi de 36 personnes testées positives à l’hôpital Fuxing: il s’agit de membres du personnel, de patients et de leurs familles.

A l’hôpital populaire de l’Université de Pékin, une personne hospitalisée a été contaminée par deux proches venus lui rendre visite.

Surtout, des prisons sont touchées: les autorités locales ont fait état de 200 détenus et sept gardiens contaminés à Jining dans la province du Shandong (est), et de 34 cas dans un établissement du Zhejiang (est).

Dans le Hubei, foyer de l’épidémie, 271 contaminations ont été enregistrées dans les centres pénitentiaires, ont indiqué des responsables provinciaux.

De nombreux Chinois ont repris le chemin du travail cette semaine. Mais le pays tourne toujours au ralenti: beaucoup d’habitants restent chez eux, alors que la plupart des commerces, restaurants et écoles demeurent fermés.

Coronavirus: 118 morts de plus en Chine, près de 900 nouvelles contaminations

L’épidémie de nouveau coronavirus a fait 118 morts supplémentaires en Chine continentale, pour l’essentiel dans la province du Hubei, portant à 2.236 le nombre total de décès au niveau national, ont annoncé vendredi les autorités sanitaires.

La Commission nationale de la Santé a par ailleurs fait état de 889 nouveaux cas de contamination confirmés en 24 heures en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao).

Plus de 75.000 personnes ont été infectées au Covid-19 en Chine, et des centaines ailleurs dans plus de 25 pays.

La quasi-totalité des nouveaux décès en Chine a été enregistrée dans la province centrale du Hubei, à l’épicentre de l’épidémie, et la plupart dans sa capitale, Wuhan, la métropole où est apparu le virus en décembre.

La Commission de la santé du Hubei avait fait état plus tôt vendredi, dans son décompte quotidien, de 115 morts supplémentaires sur les 24 dernières heures et de 411 nouveaux cas de contamination dans la province, dont 319 à Wuhan.

Plus de la moitié des nouvelles contaminations ont donc eu lieu dans d’autres provinces chinoises. Les craintes restent vives vis-à-vis d’une éventuelle propagation du virus dans le pays, en dépit des drastiques restrictions de circulation et des mesures de confinement adoptées dans de nombreuses villes.

La Chine a déclaré jeudi qu’elle avait à nouveau modifié la méthode de comptage des patients atteints du nouveau coronavirus et qu’elle inclura désormais uniquement ceux ayant passé un test de laboratoire.

Il s’agissait là de la deuxième révision des critères en seulement huit jours, une décision qui pourrait brouiller les statistiques et compliquer le suivi de la propagation de la maladie.

Arrêt de Fessenheim: un « événement historique » en France, pas si rare ailleurs

L’arrêt de la centrale de Fessenheim, « événement historique » selon les termes de la ministre Elisabeth Borne, annonce un long processus de démantèlement, qui a déjà connu bien des précédents à l’étranger.

Un arrêt « historique »?

Cette fermeture scelle le vaste programme d’équipement nucléaire décidé par Paris dans le contexte du choc pétrolier et lancé en 1977 avec la mise en route de Fessenheim.

« Oui c’est historique: c’est l’arrêt des deux premiers réacteurs qui ont été le départ du parc français », souligne Thierry Charles, directeur adjoint de l’Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN).

Pays le plus nucléarisé au monde, la France a décidé de réduire la part de l’atome dans sa production électrique, de 72% aujourd’hui à 50% d’ici à 2035.

Dans l’Hexagone, la dernière fermeture remontait au surgénérateur Superphénix, en 1997. Auparavant, c’est le réacteur de Chooz A (Ardennes), fonctionnant à eau sous pression comme Fessenheim mais plus « petit » (300 mégawatts électriques et non 900 MWe), qui avait été arrêté, en 1991, et dont le démontage se poursuit.

Pourquoi fermer une centrale?

De nombreux pays ont fermé des réacteurs, pour raisons énergétiques, politiques ou économiques.

Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique, fin 2017, 614 réacteurs de production électrique avaient été mis en service dans le monde, dont 342 à eau sous pression (REP) et 115 à eau bouillante (REB), lancés pour l’essentiel dans les années 1970 à 1990. Aujourd’hui, 50 REP et 40 REB sont fermés.

L’Allemagne, après l’accident de Fukushima en 2011, s’est donnée jusqu’à 2022 pour sortir du nucléaire.

La Suisse en a décidé de même, tout en maintenant dans l’immédiat certains sites. En décembre, après 47 ans de service, la centrale de Mühleberg a été déconnectée du réseau en raison de la cherté de son entretien.

Toujours en décembre, la Suède a fermé un réacteur, pour raisons économiques, après 43 ans, tout en prévoyant de garder l’atome.

Aux Etats-Unis, l’administration admet que des réacteurs puissent aller à 80 ans, mais certains ferment avant, en général pour des questions de rentabilité, note l’IRSN.

En France, EDF avait initialement envisagé des durées de vie de 40 ans, avant d’émettre le souhait, en 2009, qu’elles soient prolongées. Tricastin a été la première, en 2019, à subir la visite de sûreté des 40 ans.

Combien de temps prévoir pour le démontage?

A Fessenheim, une fois effectué l’arrêt, manœuvre régulièrement pratiquée pour les maintenances, EDF prévoit une phase préparatoire de cinq ans au cours de laquelle il faudra sortir les combustibles, refroidis en piscine puis évacués vers le bassin de l’usine de La Hague.

Il devra dans le même temps constituer un épais dossier pour obtenir le décret de démantèlement, à l’horizon 2025. Une étape fastidieuse car impliquant examens techniques et études de risques, recensement des matériels, etc.

« L’exploitant doit justifier l’ensemble des opérations, du début à la fin, et démontrer que des parades permettent de protéger les opérateurs et l’environnement », explique M. Charles, de l’IRSN.

Une fois approuvé, le démantèlement pourra commencer, pour environ 15 ans.

« Vu l’expérience à l’international, 20 ans au total c’est cohérent », estime M. Charles.

Restera ensuite la douloureuse question des déchets.

A Fessenheim, sur 380.000 tonnes de déchets prévus par EDF, 18.400 tonnes devraient être radioactives, dont 200 tonnes (400 m3) hautement radioactives destinées à être enfouis en couche géologique profonde (projet Cigeo prévu dans la Meuse).

Après Fessenheim, à qui le tour ?

Pour descendre à 50% de nucléaire, 12 réacteurs de plus devront fermer d’ici à 2035.

A quel rythme? Le projet de feuille de route énergétique de la France en prévoit deux en 2027-28, voire deux en 2025-26 selon la demande de courant.

« EDF aura à organiser tous les chantiers pour pouvoir les gérer. Il faut être certain que l’industrie autour pourra répondre », souligne M. Charles. « Le côté positif est que l’arrêt de Fessenheim, qui servira de tête de série, permettra au tissu industriel de s’habituer, et d’avoir une vision sur les dates d’arrêt facilitera le plan de charge ».

EDF a proposé au gouvernement d’étudier l’arrêt de « paires de réacteurs » sur les sites de Blayais, Bugey, Chinon, Cruas, Dampierre, Gravelines et Tricastin. Des sites qui en sont dotés chacun d’au moins quatre, l’idée étant d’éviter la fermeture de centrales entières.

Les Algériens bouclent dans la rue un an de contestation populaire inédite

Les Algériens bouclent vendredi, pour la 53e semaine consécutive de marches hebdomadaires, un an de contestation populaire qui aura contraint Abdelaziz Bouteflika à démissionner mais sans réussir à changer le « système » qui dirige l’Algérie depuis l’indépendance.

Le Pacte pour l’Alternance démocratique (PAD), qui regroupe des partis et associations en pointe dans le mouvement de contestation, a appelé, avec d’autres, « à faire des 21 et 22 février 2020, un moment fort de la mobilisation populaire pour disqualifier l’agenda de la régénération du +système+ et jeter les bases d’une nouvelle République ».

Il y a un an, le vendredi 22 février 2019, soudain et inattendu dans une Algérie réputée résignée, surgissait le « Hirak », mouvement de protestation populaire, massif et inédit, vent debout contre la volonté annoncée du président Bouteflika, quasi-invisible et muet depuis un AVC en 2013, de briguer un 5e mandat lors de la présidentielle prévue en avril suivant.

Après moins de six semaines de manifestations qui ne cessaient d’enfler, l’état-major de l’armée, pilier du régime, a contraint Abdelaziz Bouteflika à démissionner le 2 avril.

Assurant le pouvoir de fait, le haut commandement militaire a toutefois balayé ensuite toutes les revendications du « Hirak » sur un changement du « système », et multiplié les arrestations de responsables et manifestants.

Si la mobilisation semble marquer le pas depuis l’élection présidentielle de la mi-décembre, les manifestants restent nombreux.

– Défis –

Mais le « Hirak » est confronté à de nombreux défis, alors qu’il entame sa 2e année au moment où le régime reprend des forces.

Après avoir assumé le pouvoir de fait dès la démission de M. Bouteflika, le haut commandement militaire a organisé une présidentielle, qui a été largement boudée et remportée par Abdelmadjid Tebboune, un ex-fidèle du président déchu.

« Les militaires sont revenus dans leurs casernes, les civils sont au pouvoir, donc il y a la façade constitutionnelle et démocratique mais en fait c’est exactement ce qu’il y avait avant », souligne Dalia Ghanem, chercheuse au Carnegie Middle East Center de Beyrouth (Liban). « Tebboune n’est que la façade civile d’un régime qui reste aux mains de l’institution militaire ».

La capacité du régime « à changer sans changer et sa résilience va être testée dans les prochaines années », poursuit Mme Ghanem.

Il distribuera quelques « bienfaits politiques » sous forme de réformes limitées mais la crise économique qui s’annonce en Algérie, avec la faiblesse des cours des hydrocarbures, va l’empêcher de puiser dans la manne pétrolière pour acheter la paix sociale, comme il a eu coutume de le faire.

Largement informelle, sans structure organisée ou dirigeants identifiés, la contestation doit à son tour se repenser, à l’aube de son « An II », au risque de s’essouffler. L’ampleur des cortèges vendredi sera un test de sa vigueur.

Doit-il accepter la « main tendue » par le président Tebboune au risque d’être avalé par le régime? Doit-il se structurer pour participer au jeu institutionnel ? Au risque d’afficher au grand jour ses clivages et ses contradictions?

– Nouvelle donne –

Quoi qu’il en soit, le « Hirak » a déjà changé la donne politique, après 20 ans de présidence Bouteflika, durant laquelle toute opposition réelle a été méthodiquement découragée, entravée, bâillonnée ou « cooptée ».

Surtout, avec le mot d’ordre « pacifique », il a « réussi à faire qu’il n’y ait pas de confrontation sanglante ni de répression brutale », souligne l’historienne Karima Dirèche.

« Le fait de voir des Algériens réunis chaque vendredi depuis un an, — femmes, hommes, berbères, Chaouis, Kabyles, Frères musulmans et laïcs — dans la rue, c’est extraordinaire », remarque aussi Dalia Ghanem. « Il y a aussi le mur de la peur qui a été détruit par cette nouvelle génération très politisée et qui sait ce qu’elle veut ».

L’année qui s’ouvre va permettre « de prendre la mesure de ce que les Algériens souhaitent collectivement par rapport à leur présent et à leur avenir. Et ça prendra le temps que ça prendra », observe Karima Dirèche.

Certains « ont envie de voir les choses aller beaucoup plus vite, mais je pense que ce rythme-là convient très bien à cette contestation complètement atypique », ajoute-t-elle.

Finalement, « l’Algérie sera peut-être un cas d’école », veut croire l’historienne, directrice de recherche au CNRS (France). L’An II du « Hirak » le dira.

Législatives en Iran : les conservateurs favoris

Quelque 58 millions d’Iraniens sont appelés à élire un nouveau Parlement vendredi pour un scrutin où les conservateurs partent favoris, portés par un ressentiment populaire contre le président modéré Hassan Rohani, alimenté entre autres par la crise économique.

La onzième législature à sortir des urnes depuis la révolution islamique de 1979 commencera son travail dans un contexte de tensions exacerbées entre Téhéran et Washington, et alors que l’Iran traverse une violente récession.

Les élections se tiennent aussi près d’un mois et demi après que les forces armées iraniennes eurent abattu « par erreur » un avion de ligne ukrainien, drame qui a ajouté à la défiance de la population vis-à-vis des autorités.

Les autorités civiles ont nié toute responsabilité avant que l’état-major ne reconnaisse sa responsabilité trois jours après le drame.

Cet aveu tardif a provoqué des manifestations antipouvoir, limitées, faisant voler en éclats l’apparence d’unité nationale manifestée quelques jours plus tôt à l’occasion des funérailles du général iranien Qassem Soleimani, tué par une frappe américaine en Irak le 3 janvier.

A Téhéran, nombre d’habitants ont fait part à l’AFP de leur refus d’aller voter.

Pour Amir Mohtasham, 38 ans, au chômage depuis deux ans, « ces élections sont vaines ». « Je ne fais confiance ni aux conservateurs, ni aux réformateurs ».

– « Sans mon vote » –

Mieux loti, Mohammad, marchand de tapis âgé de 30 ans, dit avoir « voté pour Rohani avec un rêve ». « Mais on n’a rien accompli [et] il y a trop de mensonges », ajoute-t-il : « Si voter c’est légitimer, alors ce sera sans mon vote ».

Figure réformatrice, Sadeq Zibakalam, professeur à l’université de Téhéran, notait jeudi dans le journal Armân que « le changement attendu n’a pas eu lieu ».

La disqualification de milliers de candidats réformateurs et modérés réduit pratiquement le scrutin à un affrontement entre conservateurs et ultraconservateurs et pourrait alimenter l’abstention.

En fonction du poids des ultras dans la future Assemblée, la politique extérieure d’ouverture, poursuivie par M. Rohani depuis son élection en 2013, pourrait changer.

Les ultraconservateurs s’opposent à toute négociation avec l’Occident, et critiquent régulièrement ce qu’ils estiment être la passivité de M. Rohani face aux menaces du président américain Donald Trump.

Et ils sont impatients de sortir de l’accord international sur le nucléaire iranien, la grande réalisation de M. Rohani, conclu en 2015 à Vienne, mais menacé d’implosion depuis que M. Trump l’a dénoncé unilatéralement en 2018.

Dans l’esprit de M. Rohani, l’accord de Vienne devait ouvrir une ère de prospérité pour l’Iran en le sortant de son isolement international.

Au lieu de cela, le retour des sanctions américaines dans la foulée du retrait des Etats-Unis de l’accord a plongé l’Iran dans une violente récession.

Plusieurs figures réformatrices ont mis en garde contre une victoire des ultraconservateurs en cas de forte abstention.

L’ayatollah Ali Khamenei, Guide suprême de la République islamique, a appelé à une participation massive pour déjouer les « complots vicieux » des Etats-Unis et d’Israël contre l’Iran. « Voter […] est un devoir religieux », a-t-il encore affirmé mardi.

Depuis mercredi, la télévision diffuse une multitude d’appels à voter de responsables politiques ou d’ayatollahs.

– Bulletins torpilles –

Un court dessin animé diffusé plusieurs fois par jour montre les bulletins de vote se transformer comme autant de torpilles contre une flotte d’envahisseurs, envoyée par le fond.

L’abstention « augmentera la possibilité d’une agression militaire », a déclaré sur Twitter Hesameddine Achéna, proche conseiller de M. Rohani, en appelant les Iraniens à voter même s’ils ne sont pas contents du gouvernement.

Après les disqualifications massives par le Conseil des gardiens, organe aux mains des conservateurs chargé du contrôle des élections, moins de 7.200 candidats se retrouvent en lice pour briguer les 290 sièges du Parlement, selon le ministère de l’Intérieur.

Washington a annoncé jeudi des sanctions financières – essentiellement symboliques – contre cinq responsables du Conseil de gardiens, dénonçant « la manipulation des élections pour favoriser l’agenda pernicieux du régime ».

La participation aux dix dernières élections a atteint en moyenne 60,5%, selon l’Intérieur.

Le porte-parole du Conseil des gardiens, Abbas Ali Kadkhodaï, a jugé mercredi qu’une participation inférieure à 50% ne poserait « pas de problème pour la démocratie ».

Les bureaux de vote doivent ouvrir à 08h00 (04h30 GMT) et fermer à 18h00, mais la durée du scrutin est souvent prolongée, notamment à Téhéran.

Bolivie: Evo Morales interdit de se présenter au Sénat

L’ancien président bolivien Evo Morales s’est vu interdire de se présenter au Sénat par l’instance électorale suprême de son pays, une décision qui compromet son retour en politique après sa démission en novembre.

Le Tribunal suprême électoral (TSE) de Bolivie a invalidé jeudi sa candidature car l’ex-président, exilé en Argentine, ne remplit pas l’obligation de « résidence permanente » dans le pays.

Evo Morales avait quitté la Bolivie pour le Mexique après sa démission en novembre, après des semaines de manifestations à son encontre et sous la pression des forces armées, à la suite d’une élection présidentielle controversée. Il s’est ensuite réfugié en Argentine.

La décision du tribunal « est un coup contre la démocratie. Les membres (de ce tribunal) savent que je remplis les conditions pour être candidat. L’objectif final est l’élimination du MAS », a réagi M. Morales sur Twitter en évoquant son parti, le Mouvement vers le socialisme (MAS).

En revanche, son principal rival, l’ex-président Carlos Mesa (centre) a salué la décision du tribunal qui a, a-t-il dit, « correctement appliqué la loi et la Constitution ». Evo Morales « doit comprendre qu’il ne peut plus utiliser la loi selon ses intérêts », a-t-il ajouté.

Le parti de M. Morales, le MAS, sera toutefois bien représenté à l’élection présidentielle. La candidature de l’ex-ministre de l’Economie, Luis Arce, a été validée par le Tribunal suprême électoral, a indiqué jeudi son président Salvador Romero devant la presse.

Il avait été officiellement proclamé candidat du MAS le 9 février. Cet économiste proche de M. Morales a été son ministre de l’Economie pendant sa présidence de 2006 à 2019.

– En tête des sondages –

Selon les derniers sondages, Luis Arce est largement en tête des intentions de vote, avec 31,6%, devant l’ex-chef de l’Etat centriste Carlos Mesa (17,1%) et la présidente par intérim conservatrice Jeanine Añez (16,5%).

Le tribunal a également invalidé la candidature de l’ancien ministre des Affaires étrangères de M. Morales, Diego Pary, qui souhaitait se présenter dans la circonscription de Potosi (sud).

M. Morales, 60 ans, poursuivi dans son pays pour « sédition et terrorisme », ne pouvait pas déjà se représenter à la présidentielle.

La présidente par intérim avait en effet promulgué le 24 novembre une loi convoquant de nouvelles élections présidentielle et législatives, qui interdit à toute personne ayant exercé deux mandats électifs de suite de se présenter à un troisième. Ce qui a fermé la porte à une nouvelle candidature d’Evo Morales, 60 ans, qui a déjà exercé trois mandats.

L’ancien chef d’Etat avait alors décidé de briguer un poste de sénateur dans la région de Cochabamba (centre) où il a commencé sa carrière politique.

M. Morales s’était proclamé vainqueur du scrutin du 20 octobre pour un quatrième mandat, mais l’opposition avait crié à la fraude. Après plusieurs semaines de manifestations et son lâchage par la police et par l’armée, il avait annoncé sa démission et les élections ont été annulées.

Les élections générales du 3 mai visent à élire le président, le vice-président ainsi que 36 sénateurs et 120 députés. En cas de second tour, le scrutin aura lieu le 14 juin.

L’internationale suprémaciste, déstructurée mais liée sur internet

Ils ne sont pas structurés mais s’influencent mutuellement via internet: racistes et suprémacistes du monde entier multiplient les passages à l’acte et représentent une menace croissante qui se nourrit de ses héros et de ses martyrs.

La double fusillade qui a fait neuf morts à Hanau, en Allemagne, et semble directement liée à des « motivations xénophobes », intervient après une longue liste d’actes meurtriers commis en Occident par des individus en quête de la défense de la « race blanche », qu’ils disent menacée par les migrations, la mondialisation et l’islam.

Et de Christchurch à Pittsburgh, de Halle à El Paso, les militants qui ont décidé de passer à l’acte ces derniers mois se nourrissent d’un narratif véhiculé sur internet avec une efficacité qui inquiète experts et forces de sécurité.

Pour des sources consultées par l’AFP, le néo-nazi norvégien Anders Behring Breivik, qui avait tué 77 personnes en 2011, a comme désinhibé les militants les plus tentés par l’action.

« Breivik est devenu une figure inspirante pour certains », estime Graham Macklin, professeur assistant au Centre international de l’anti-terrorisme (ICCT) de La Haye, dans un récent article consacré au sujet.

« L’écosystème numérique alimente un élan », estime-t-il. « Une attaque encourage et en inspire une autre, créant un ensemble de +saints+ et de +martyrs+ que les autres peuvent imiter ».

L’extrémisme suprémaciste blanc est entré dans une phase de mondialisation évidente, confirme de son côté le Soufan Center, un think tank spécialisé dans les questions de sécurité créé par un ancien du FBI.

– Christchurch sur Facebook Live –

Les auteurs de ces tueries « ont été célébrés en héros, martyrs, saints, commandants et autre titres honorifiques », relevait en septembre une étude signée du centre américain.

Les sympathisants « embrassent des croyances millénaristes et apocalyptiques évoquant une guerre raciale imminente, dont certains sont convaincus de la fin des temps », selon le texte.

Comme pour le jihadisme, la Toile agit en multiplicateur. Des plateformes discrètes mais accessibles (8Chan) ou ouvertes à tous (Youtube), ainsi que les réseaux sociaux les plus classiques permettent aux militants d’exalter les passages à l’acte et de promouvoir leurs fondements idéologiques.

L’attentat de Christchurch, en Nouvelle-Zélande en mars 2019, avait ainsi été diffusé en direct sur Facebook Live. Quelques mois plus tard, le tueur de Halle, dans l’est de l’Allemagne, avait lui aussi mis en ligne en direct son attaque antisémite sur la plateforme de streaming Twitch.

« Il existe de nombreux groupuscules radicaux dans le monde et internet est un facilitateur dans leur rencontre nationale, voire internationale », constate pour l’AFP Anaïs Voy-Gillis, géographe à l’Institut français de géopolitique, spécialiste de l’extrême droite.

Selon elle, le massacre de Breivik a permis de « réenclencher » la dynamique d’un terrorisme d’extrême droite qui lui préexistait. « Au-delà des actes qui ont toujours une sorte d’effet boule de neige, le contexte actuel avec notamment la crise migratoire de 2015 a sûrement participé à la radicalisation de plusieurs personnes qui sont désormais prêtes à passer à l’acte au nom d’une cause qu’ils estiment supérieure ».

Obnubilées par le jihadisme, les autorités du monde entier doivent désormais intégrer cette menace, peut-être moins prégnante mais bien réelle.

En France, une commission d’enquête de l’Assemblée nationale évoquait en juin de timides tentatives de contacts entre « des groupuscules d’ultra-droite présents en France » et des structures européennes, notamment en Allemagne, en Grèce et en Belgique mais aussi en Italie, Grande-Bretagne, Espagne ou encore Autriche.

Auditionné, Nicolas Lerner, patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), jugeait « extrêmement limitées » les capacités de ces mouvements à se coordonner à l’échelle européenne.

Mais coordonnés ou pas, ces groupuscules sont devenus prioritaires pour les autorités américaines.

Selon un rapport du FBI daté de novembre 2019, 19% des actes de terrorisme commis par des « loups solitaires » aux Etats-Unis viennent d’idéologies « défendant la supériorité de la race blanche ». Soit exactement la même proportion que l’islamisme radical.

Conclusion sans appel tirée par Russell Travers, directeur du National Counterterrorism Center: « Pendant deux décennies, les Etats-Unis ont pointé du doigt les pays étrangers exportateurs d’idéologie islamiste extrême. Nous sommes désormais vus comme des exportateurs d’idéologie suprémaciste blanche. C’est une réalité que nous allons devoir gérer ».

Un homme poignardé dans une mosquée à Londres, un suspect arrêté

Un homme a été arrêté après une attaque jeudi à l’arme blanche dans la Mosquée centrale de Londres qui a fait un blessé, a annoncé la police, pour laquelle il ne s’agit pas d’un acte de « nature terroriste ».

« Un homme de 29 ans, dont on pense qu’il assistait à la prière, a été arrêté à la mosquée, soupçonné de tentative de meurtre », a déclaré Scotland Yard.

« L’incident n’est pas considéré à ce stade comme étant de nature terroriste », a-t-on ajouté de même source.

Un septuagénaire a été blessé dans cette attaque survenue près de Regent’s Park, dans le centre de la capitale britannique. La victime a été hospitalisée et ses jours ne sont pas en danger, a précisé la police.

Il s’agit du muezzin, l’homme chargé d’appeler à la prière, qui a été attaqué pendant la prière d’Asr, vers 15H00 heures locale et GMT, a fait savoir la Mosquée centrale de Londres dans un communiqué posté son site internet.

« L’assaillant a été appréhendé par les fidèles jusqu’à ce que la police arrive et l’arrête », a ajouté la mosquée.

« Je suis profondément attristé », a réagi sur Twitter le Premier ministre conservateur Boris Johnson. « C’est vraiment horrible que cela puisse se produire, surtout dans un lieu de culte. Mes pensées vont à la victime et à toutes les personnes touchées ».

Des photos et des vidéos montrant un jeune homme qui porte un pull à capuche rouge, pieds nus, maintenu à terre par des policiers, ont circulé sur les réseaux sociaux.

Un témoin de l’attaque a déclaré que le suspect avait été un habitué de la mosquée et qu’il avait été vu au moins six mois auparavant.

« Nous avons été choqués, nous ne savions pas ce qui était en train de se passer, on a vu le type au sol, du sang sur son épaule et le couteau au sol », a dit ce témoin, Abi Watik, 59 ans, cité par l’agence de presse britannique PA.

Il a raconté que la victime avait été blessée à l’épaule juste après le début des prières. Le suspect était « derrière lui, puis il l’a poignardé », a-t-il poursuivi, soulignant que le suspect était resté « silencieux tout le temps » de l’attaque.

Il y a eu « un coup de couteau, une frappe, au niveau du cou », a déclaré à des journalistes devant la mosquée Mustafa Fiel, le directeur du Faith Forums de Londres, une association interreligieuse.

Le maire de la capitale, Sadiq Khan, qui est musulman, s’est dit « profondément préoccupé » par l’incident. « Chaque Londonien a le droit de se sentir en sécurité dans son lieu de culte et je veux rassurer les communautés de Londres que les actes de violence dans notre ville ne seront pas tolérés », a-t-il écrit sur Twitter.

40 mois de prison pour un ami de Trump après l’intervention du président

Roger Stone, l’ancien conseiller ami de Donald Trump dont le procès a déclenché une polémique à Washington en raison des interventions du président américain dans le dossier, a finalement été condamné jeudi à 3 ans et 4 mois de prison.

Le ministère de la Justice, en se défendant d’agir sur instruction présidentielle, avait déjugé ses procureurs qui avaient initialement requis entre 7 et 9 ans contre M. Stone, reconnu coupable en novembre d’avoir menti au Congrès.

Ses recommandations d’une sentence comprise entre 3 et 4 ans ont bien été suivies par la juge fédérale Amy Jackson.

« Il n’a pas été poursuivi, comme certains l’ont dénoncé, pour avoir défendu le président. Il a été poursuivi pour avoir couvert le président », a-t-elle déclaré après le prononcé de peine, se félicitant que « la vérité existe et importe toujours ».

La semaine dernière, les procureurs fédéraux qui instruisaient l’affaire avaient requis entre 7 et 9 ans de prison contre M. Stone.

Mais Donald Trump avait dans la foulée dénoncé un « erreur judiciaire » et laissé planer le doute quant à une amnistie présidentielle pour ce consultant de 67 ans, connu pour son style flamboyant et son tatouage de Richard Nixon dans le dos.

Le lendemain, le ministère de la Justice avait à son tour jugé la recommandation « excessive » et suggéré une sentence comprise entre 3 et 4 ans de détention. Désavoués par leur hiérarchie, les quatre procureurs fédéraux s’étaient retirés de l’affaire.

La réaction du président n’avait pas tardé: « Félicitations au ministre de la Justice Bill Barr pour avoir pris en charge un dossier totalement hors de contrôle ! »

L’Attorney général des Etats-Unis a eu beau assurer que les commentaires présidentiels n’avaient eu aucun impact sur la décision de ses services, il s’est retrouvé sous le feu des critiques.

Outre l’opposition démocrate, plus de 2.200 anciens fonctionnaires du ministère de la Justice l’ont appelé à démissionner, l’accusant dans une lettre ouverte d’avoir accordé un « traitement de faveur » à Roger Stone et d’être « aux ordres du président ».

– « Impossible » –

Sur la défensive, Bill Barr a martelé que Donald Trump, dont il est l’un des plus solides défenseurs, ne lui avait pas demandé d’intervenir.

Dans une rare note dissonante, il a toutefois demandé au milliardaire new-yorkais d’éviter de tweeter sur les dossiers judiciaires, estimant que cela rendait son travail « impossible ».

Peine perdue, la Maison Blanche assure que le président a le droit « de commenter des affaires criminelles » et que cela ne relève pas de « l’ingérence ».

Et Donald Trump était reparti à la charge, en retweetant de nombreux commentaires portant sur les démêlés d’autres de ses proches avec la justice ou sur l’origine de l’enquête russe, dénonçant un procès « très injuste » pour Roger Stone.

Jeudi matin, il avait de nouveau tweeté sur l’affaire, deux heures avant que la peine soit connue, pour s’émouvoir d’un manque d' »équité ».

Mardi, le ministre avait, selon des sources anonymes citées par de nombreux médias américains, fait savoir à l’entourage du président qu’il pourrait quitter son poste si ces tweets devaient continuer.

La porte-parole du ministère a toutefois balayé des « rumeurs » infondées. « Le ministre n’a aucunement l’intention de démissionner », a précisé Kerri Kupec.

Roger Stone, expert autoproclamé des « coups fourrés », a été reconnu coupable d’avoir exercé des pressions sur des témoins et menti au Congrès sur ses contacts avec l’organisation WikiLeaks, au sujet d’e-mails démocrates piratés lors de la campagne présidentielle de 2016.

Clamant son innocence, il soutient que des membres du jury étaient « partiaux ». Il n’a pas été immédiatement incarcéré jeudi au prononcé de sa peine à Washington.

Durant son procès, il s’était notamment fait remarquer en postant sur Instagram une photo de la juge Amy Jackson à côté d’un viseur d’arme à feu. Elle lui avait interdit de commenter son dossier publiquement.

Dupond-Moretti veut demander l’asile politique pour Assange à Emmanuel Macron

Les nouveaux avocats français de Julian Assange, Eric Dupond-Moretti et Antoine Vey, souhaitent rencontrer Emmanuel Macron afin d’obtenir l’asile politique en France pour le fondateur de WikiLeaks, ont-ils annoncé jeudi lors d’une conférence de presse.

« Nous allons demander à rencontrer le président de la République dans les jours qui viennent, pour ne pas dire dans les heures qui viennent » pour lui exposer la « situation désespérée » que traverse Julian Assange, emprisonné à Londres et menacé d’extradition vers les Etats-Unis qui l’accusent d’espionnage, a détaillé Me Dupond-Moretti.

« Il a de plus en plus de mal à parler. Il est parfois prostré », a-t-il ajouté, faisant part de son inquiétude.

« Les 175 ans de prison qu’on lui promet aux Etats-Unis, c’est une peine indigne, insupportable et contraire à l’idée que l’on peut tous se faire des droits de l’Homme », a-t-il poursuivi lors de cette conférence de presse organisée avec RSF et en présence du père de Julian Assange, John Shipton.

« On travaille bien sûr sur la possibilité de demander aux autorités françaises un asile politique, notre Constitution le permet, nous avons un exemple », « l’asile politique accordé à l’ayatollah Khomeini », a ajouté l’avocat, admettant que ce n’était « pas le meilleur exemple ».

En outre, il compte saisir avec des avocats belges la Cour européenne des droits de l’Homme : « pour des raisons techniques, cette juridiction a déjà été saisie » et a estimé la requête « irrecevable mais nous allons la saisir sur un autre fondement ».

« Nous réfléchissons collectivement aux moyens juridiques qui pourraient assurer sa protection de manière concrète, nous envisageons de déposer une série de demandes devant toutes les institutions qui sont mobilisables pour permettre une protection juridique », a abondé Antoine Vey.

Les deux avocats français ont intégré il y a environ un mois l’équipe de défense internationale d’Assange, aux côtés d’avocats belges, britanniques, espagnols et américains, sous la coordination de l’ancien juge espagnol Baltasar Garzon, également présent à la conférence.

Une première demande d’asile en France faite par l’ancien conseil de Julian Assange, Juan Branco, n’avait pas aboutie. Une demande d’asile vient par ailleurs d’être faite à la Suisse par des ONG.

« On analyse les canaux juridiques qui permettent de déposer cette demande », notamment via le président de la République, a indiqué Me Vey, précisant ne pas connaître le contenu de la première demande.

Sur le choix de la France, Me Dupond-Moretti a fait valoir des critères de rattachement professionnels, une partie des structures de Wikileaks est hébergée en France, et personnels. Julian Assange a vécu dans le pays de 2007 à 2010, son deuxième enfant, toujours mineur, et la mère de cet enfant sont de nationalité française et résident dans le pays.

Fusillades en Allemagne : ce que l’on sait du suspect

L’unique suspect de la double fusillade de Hanau, qui a fait neuf morts mercredi soir dans le centre de l’Allemagne, apparaît comme un paranoïaque au discours raciste, éduqué et adepte de théories conspirationnistes.

Avant d’être retrouvé sans vie auprès du corps de sa mère, Tobias R., 43 ans, a laissé derrière lui une vidéo et un manifeste de 24 pages, que l’AFP a pu consulter.

Peter Neumann, spécialiste du terrorisme au King’s College de Londres, décrit sur Twitter, à partir des mêmes sources, une personnalité « d’extrême droite » avec « un important problème de santé mentale ».

Voilà ce que l’on sait du suspect et de son mobile.

– Qui est Tobias R. ? –

Tobias R. se présente sur son site internet comme un Allemand né en 1977 à Hanau, une ville de près de 100.000 habitants du centre de l’Allemagne. Il y a grandi et effectué sa scolarité.

Après son baccalauréat, il a suivi une formation de conseiller bancaire à Francfort puis a fait des études de gestion à Bayreuth (Bavière) entre 2000 et 2007.

Selon plusieurs témoignages recueillis par l’AFP à Hanau, l’auteur de la double fusillade habitait très près du deuxième bar visé, dans un quartier populaire.

– « Surveillé depuis toujours » –

Dans son manifeste, où apparaissent des dessins au trait minutieux censés le représenter dans différentes situations de sa vie, il assure avoir été constamment espionné depuis son enfance par une « organisation secrète » qui pouvait « lire dans ses pensées ».

Parmi les « pensées » qu’il prétend avoir vu se réaliser, il évoque pèle-mêle : les guerres en Irak et en Afghanistan déclenchées par les Etats-Unis; son souhait, « réalisé » en 2004, de voir Jürgen Klinsmann devenir sélectionneur de l’équipe allemande de football et plusieurs films hollywoodiens dont il avait imaginé le scénario (« Allô maman, ici bébé », « The Cell », « Starship Troopers », etc.).

« Rien de tout cela ne peut être une coïncidence », y estime-t-il, précisant qu’il a porté plainte à trois reprises, en vain.

Sa surveillance continuelle explique, selon lui, qu’il soit toujours resté célibataire. Il ne reprend néanmoins aucune rhétorique visant les femmes en général, à la différence de la mouvance misogyne des « incels » (« célibataires involontaires »).

– Motivations xénophobes –

Dans son manifeste, il appelle à « anéantir » la population d’au moins 24 pays, dans le Maghreb, le Moyen-Orient, notamment celle d’Israël, et d’Asie du Sud, avançant des thèses racialistes.

Dans sa vision du monde, l’existence de ces « groupes ethniques » est « en soi une erreur fondamentale ».

Sa haine des étrangers pourrait être née quand, à 22 ans, en formation bancaire, il dit avoir subi un braquage. Pendant l’identification des suspects, « 90% des personnes qui seront présentées sont étrangères », affirme-t-il.

Convaincu de la suprématie du peuple allemand et admirateur du président américain Donald Trump, il enjoint les Etats-Unis à prendre la tête du combat pour « sauvegarder l’Occident », notamment pour contrer l’influence grandissante de la Chine.

– Complotisme –

Dans une vidéo postée sur Youtube une semaine avant ses crimes, supprimée depuis, il avait appelé en anglais « tous les Américains » à « se réveiller », prétendant que leur « pays est sous le contrôle de sociétés secrètes invisibles » qui utilisent des « méthodes maléfiques inconnues comme le contrôle des esprits ».

Filmé devant un fauteuil marron, un mur de classeurs vieillots et un petit lit, il parle également de l’existence de « bases militaires souterraines » dans lesquelles certaines personnes font « l’éloge du diable », « maltraitent, torturent et tuent de petits enfants ».

Son site internet personnel comportait également des sections sur des personnes disparues, sur les recherches prétendument secrètes du gouvernement américain concernant les extraterrestres ou sur les expériences psychologiques de la CIA dans les années 1950 et 1960.

A Hanau après les fusillades, stupeur et interrogations

« J’aurais pu faire partie des victimes! »: des dizaines d’habitants sous le choc se sont recueillis jeudi près des lieux de la double fusillade raciste qui a tué neuf personnes à Hanau, près de Francfort.

« J’ai entendu des bruits et je pensais que c’était les derniers pétards du Nouvel an qui étaient utilisés… puis en allant sur mon balcon j’ai vu partout des lumières bleues! », raconte à l’AFP Inge Bank, 82 ans.

Habitante d’Hanau depuis 10 ans, elle ne comprend toujours pas comment un Allemand de 43 ans, Tobias R., a pu tirer sur un bar à chicha de la ville, le Midnight, puis gagner en voiture un deuxième établissement à deux kilomètres, l’Arena Bar.

Là, après avoir sonné à la porte, il a tué cinq personnes présentes dans la zone fumeur, dont une femme, faisant au total neuf morts et six blessés dans ces deux lieux.

– ‘Honte’ –

Les victimes, dont certaines sont d’origine ou de nationalité étrangère, avaient entre 21 et 44 ans, selon le parquet antiterroriste. Un Bosnien et un Bulgare figurent parmi elles.

« C’est une honte que de telles choses se produisent encore aujourd’hui », déplore Mme Bank, née peu avant l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale.

Un peu plus loin, Ahmed, 30 ans, a du mal à retenir ses larmes.

« C’est un bar tout à fait normal, moi-même je vais y acheter mes cigarettes! (…) Je suis choqué ! Je connais bien certaines des personnes qui étaient là », se lamente-t-il. « J’aurais pu faire partie des victimes ».

En fin de matinée, la police scientifique avait dû recouvrir d’une bâche un tag laissé par le tueur présumé faisant la publicité de son site internet personnel sur un mur blanc.

C’est sur son site que Tobias R. a publié un manifeste de 24 pages dans lequel il tient un discours raciste, appelant à l’extermination des peuples de 24 pays, tout en se disant observé depuis l’enfance par une « organisation secrète » et en développant des thèses conspirationnistes.

Au fur et à mesure de la journée, fleurs et bougies ont été déposées près des lieux du drame, toujours barrés par un important dispositif policier.

– Ville multiculturelle –

Plusieurs proches des victimes mais aussi des habitants de la ville s’y sont recueillis tout au long de la journée, se prenant parfois dans les bras, en pleurs.

« Je suis très triste parce que la Hesse et tout particulièrement Hanau est connue pour accueillir des gens de différentes religions et nationalités », gémit Sabuhr Alizadeh, un Afghan de 20 ans, habitant depuis 4 ans dans la ville.

« Bien sûr que tout cela nous inquiète. On ne pense jamais que cela puisse arriver ici, devant notre porte. Quel drame », s’exclame Baran Celik, 27 ans, né a Hanau.

Beaucoup comptent participer à la marche funèbre prévue à partir de 17H00 GMT sur la place du marché, à laquelle se joindront entre autres le chef de l’Etat allemand Frank-Walter Steinmeier et le maire d’Hanau, le social-démocrate Claus Kaminsky.

Dans toute l’Allemagne, plus de 50 rassemblements sont également prévus dans la soirée pour rendre un dernier hommage aux victimes.

Syrie: deux soldats turcs tués dans une frappe aérienne

La Turquie a annoncé jeudi que deux de ses soldats avaient été tués dans le nord-ouest de la Syrie par une frappe aérienne, une escalade qui intervient au moment où Moscou hausse le ton contre Ankara en l’accusant de « soutenir des terroristes ».

Ces derniers développements rendent la situation de plus en plus volatile dans la province d’Idleb, risquant d’aggraver une situation humanitaire déjà catastrophique, avec près d’un million de depuis décembre.

Selon le ministère turc de la Défense, deux soldats turcs ont été tués et cinq blessés par une frappe aérienne dans la région d’Idleb, qu’Ankara a imputée à l’aviation syrienne. Ces pertes portent à 16 le nombre de soldats turcs tués à Idleb en février.

Les affrontements entre Ankara et Damas, qui se sont multipliés depuis début février, suscitent en outre des frictions de plus en plus fortes entre la Turquie, qui soutient des groupes rebelles à Idleb, et la Russie, qui appuie militairement le régime syrien.

Jeudi, l’armée russe a ainsi indiqué avoir mené des frappes pour stopper une attaque de factions armées soutenues par Ankara contre des positions du régime, appelant la Turquie à « cesser de soutenir les actions des groupes terroristes et de leur donner des armes ».

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG, a rapporté que des groupes appuyés par la Turquie avaient lancé une offensive dans la région d’Al-Nayrab, au sud d’Idleb, faisant état de 25 combattants tués dans les deux camps.

Selon Moscou et l’OSDH, l’artillerie turque a bombardé des positions du régime pour soutenir cette attaque.

Cette offensive intervient au lendemain d’une mise en garde du président Recep Tayyip Erdogan qui avait sommé les forces d’Assad de se retirer de certaines positions à Idleb avant fin février, menaçant sinon de recourir à la force.

La Turquie a dit jeudi avoir riposté à la frappe ayant tué ses militaires en bombardant des positions du régime. Elle affirme avoir éliminé une cinquantaine de soldats syriens et détruit plusieurs blindés, un bilan invérifiable de manière indépendante dans l’immédiat.

– Négociations infructueuses –

La région d’Idleb fait l’objet d’un accord de « désescalade » entre Ankara et Moscou, mais celui-ci n’est plus que théorique.

Le régime, appuyé par l’aviation russe, a déclenché en décembre une offensive pour reprendre ce dernier bastion rebelle et jihadiste, y enregistrant plusieurs gains ces dernières semaines.

Et la Turquie y a dépêché ces derniers jours d’importants renforts militaires, ce qui n’a pas suffi pour l’instant à dissuader le régime de poursuivre son opération.

Des discussions entre responsables turcs et russes depuis une semaine n’ont pas permis de réduire les tensions.

« Il y a eu un petit rapprochement (des positions) lors des dernières négociations. Cependant, nous n’avons pas encore obtenu ce que nous voulons », a déclaré jeudi le chef de la diploamtie turque Mevlüt Cavusoglu.

Si la Turquie se préoccupe autant de la situation dans cette région frontalière, c’est parce qu’elle redoute l’arrivée sur son sol d’une nouvelle vague de réfugiés. Le pays accueille déjà plus de 3,6 millions de Syriens.

Depuis le début de l’offensive du régime dans le nord-ouest de la Syrie, la situation humanitaire à Idleb n’a fait qu’empirer.

– « Pires drames humanitaires » –

D’après l’OSDH, plus de 400 civils, dont 112 enfants, ont péri depuis que le régime a lancé son offensive.

Selon l’ONU, environ 900.000 personnes, en grande majorité des femmes et des enfants, ont en outre fui les violences dans le nord-ouest de la Syrie depuis décembre.

Environ 170.000 d’entre elles dorment en plein air en dépit des rudes conditions hivernales, a indiqué jeudi l’ONU.

Face à cette situation, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a exhorté jeudi la Turquie et les autres pays voisins de la Syrie à accueillir un plus grand nombre de réfugiés.

Le HCR a également réclamé « une action urgente pour permettre aux personnes prises au piège dans le conflit de rejoindre des lieux en sécurité ».

« Depuis plusieurs semaines, c’est l’un des pires drames humanitaires qui est en train de se passer » dans la région d’Idleb, a déclaré jeudi le président français Emmanuel Macron en arrivant à Bruxelles pour un sommet de l’Union européenne.

« Je veux condamner avec la plus grande fermeté les attaques militaires qui sont menées depuis plusieurs semaines par le régime de Bachar al-Assad contre les populations civiles d’Idleb », a-t-il ajouté.

burx-gkg/avz